Profils d'élevage Ferme Champagne et frères et Ferme Berni, Deux gros troupeaux modèles - Holstein Québec
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Mai 2017 www.holsteinquebec.com Régir un gros troupeau Profils d’élevage Les éleveurs aussi doivent s’adapter Ferme Champagne et frères et Ferme Berni, Deux gros troupeaux modèles PP40005044
Dwight Rodney et ses fils Dillon et Benton avec la vache de sa fille Leila, une 3 ans présentée à la Word Dairy Expo en 2015. 2 LA REVUE HOLSTEIN QUÉBEC I MAI 2017
SOMMAIRE Mission de La Revue Holstein Québec : La vie Holstein Tout en restant alignée sur les priorités 80 I Calendrier Génétique de Holstein Québec, la mission de La Revue est de : 7 I Éditorial 46 I À propos du CIAQ - promouvoir les services et activités 79 I Équipe, le message de la direction générale 44 I Indices et tests génomiques de Holstein Québec; 22 I La plume Holstein 47 I L'analyse des dernières épreuves - informer ses membres des activités du secteur de l’élevage et de la génétique Holstein; Bloc-notes Nouveau membre - développer l’expertise de ses membres 6 I Adjointes aux conseillers pour l'été 28 I Ferme Lanormande inc. par des dossiers et chroniques d’intérêt; - favoriser la commercialisation et mettre Commercialisation Place aux jeunes en valeur l’élevage Holstein québécois, 52 I AJRQ – Nouvelles 75 I Vente nationale, Vente classique au Québec et à l’extérieur; - être ouvert aux annonceurs et autres ventes 52 I 4-H de l’extérieur. 48 I L’expérience des Jeunes leaders Congrès national 51 I Tout-Québec jeunes ruraux 38 I « Découvrir les lumières de la ville » Profil d’élevage Dossier 15 I La ferme Champagne Équipe de production : 10 I Particularités des gros troupeaux 19 I La ferme Berni Directrice générale Valérie Tremblay Exposition 31 I L'Expo-printemps du Québec Rédacteur en chef Michel Dostie Téléphone : 418 268-3490 dostiem@globetrotter.net Conseillère en publicité et coordonnatrice de production France Lemieux 150, Morissette Princeville (Québec) G6L 3Z7 Téléphone : 819 364-3063 Couverture Télécopie : 819 364-3568 Ce carrousel de traite a été photographié à la Ferme Pellerat de francelemieux@videotron.ca Saint-Roch-des-Aulnaies. Cette entreprise est un des gros Photo : Jean-Philippe Proulx troupeaux du Québec avec 275 vaches en lactation. Comme Abonnements Cathy Duquet l'expliquait Gervais Pelletier, lors de notre visite à l’automne dernier Teléphone : 450 778-9636, poste 222 (lire le reportage dans La Revue d'octobre 2016), avec un tel Télécopieur : 450 778-9637 équipement et trois traites par jour, la vitesse de traite est très duquet@holsteinquebec.com importante. C'est pourquoi ces éleveurs veulent des vaches capables de donner leur lait en cinq minutes. M. Pelletier insistait Graphisme, préimpression, impression et expédition aussi pour souligner qu’après avoir décidé d’augmenter le troupeau Imprimerie F.L. Chicoine et de construire une stabulation libre, l’achat de vaches habituées PP40005044 dans ce genre d’étable s’avère un choix très bien justifié. Holstein Québec n’est pas responsable des délais causés par la poste. La Revue Holstein Québec Tarifications des annonces publicitaires est publiée 5 fois l’an (en mars, mai, juillet, octobre et décembre) Éleveurs 2017 Commerciales 2017 3955, boulevard Laurier Ouest Format (page) Noir et blanc 1 couleur 4 couleurs Process Noir et blanc 1 couleur 4 couleurs Process Saint-Hyacinthe (Québec) J2S 3T8 ($ CAD) ($ CAD) ($ CAD) ($ CAD) ($ CAD) ($ CAD) Téléphone : 450 778-9636 1 page** 575 $ 605 $ 725 $ 1 275 $ 1 380 $ 1 685 $ Télécopie : 450 778-9637 larevue@holsteinquebec.com 2/3 page 425 $ 475 $ 590 $ 1 020 $ 1 125 $ 1 430 $ 1/2 page 350 $ 400 $ 510 $ 765 $ 870 $ 1 175 $ 1/3 250 $ 295 $ 410 $ 535 $ 630 $ 920 $ 1/4 206 $ 245 $ 370 $ 410 $ 500 $ 785 $ 1/8 115 $ 225 $ 335 $ 205 $ 290 $ 590 $ Frais de montage en sus Rabais fidélité accordé (avec contrat de réservation) : Rabais fidélité accordé (avec contrat de réservation) : - 5 % de rabais pour 2 parutions/année - 5 % de rabais pour 2 parutions/année - 10 % de rabais pour 3 parutions/année - 10 % de rabais pour 3 parutions/année - 15 % de rabais pour 4 ou 5 parutions/année - 15 % de rabais pour 4 parutions/année - 20 % de rabais pour 5 parutions/année **D’autres tarifs s’appliquent aux positionnements avantageux. 4 LA REVUE HOLSTEIN QUÉBEC I MAI 2017
B BLOC-NOTES Alex Chabot et Valérie Bolduc passent l’été avec Holstein Québec Holstein Québec a le plaisir d’annoncer la nomination de deux adjointes aux conseillers pour l’été 2017. Détenant un DEC en marketing, Alex Chabot étudie présentement en administration à l’Université Laval. Côtoyant le milieu agricole depuis son tout jeune âge et faisant notamment partie du club 4-H de sa région, elle baigne dans le monde des expositions depuis longtemps, où elle a d’ailleurs développé des aptitudes en photographie. Alex possède une réelle passion pour la Holstein et souhaite continuer d’acquérir de l’expérience dans le domaine. Originaire d’Embrun en Ontario, son bilinguisme sera certainement bénéfique aux différents projets qui lui seront proposés. Alex Chabot Débordante d’énergie et d’enthousiasme, elle a bien hâte d’enrichir son parcours professionnel en travaillant chez Holstein Québec pour l’été 2017. Sur le point de terminer un BACC en agronomie, Valérie Bolduc détient un très bon bagage en agriculture. Au cours des dernières années, elle a d’ailleurs travaillé au sein de différentes Coops ainsi que pour diverses entreprises laitières. Elle a su diversifier son expérience et côtoyer plusieurs types d’éleveurs dans le but de moduler sa vision de la race Holstein. Ayant travaillé à plusieurs exhibits et à l’occasion de plusieurs ventes d’animaux, Valérie connaît bien le milieu et elle est enchantée de pouvoir rencontrer à nouveau les éleveurs qui y participent. Récipiendaire de plusieurs bourses, dont celle de la Fondation Audrey-Lehoux, Valérie démontre du dynamisme et un bel esprit d’équipe qui feront d’elle un excellent atout pour Holstein Québec cet été. Valérie Bolduc Vous pourrez les rencontrer, non seulement dans les différentes expositions estivales, mais aussi dans le cadre de visites à la ferme et dans quelques événements tels que la Conférence expo-juges et le Pique-nique Holstein Québec. 6 LA REVUE HOLSTEIN QUÉBEC I MAI 2017
E ÉDITORIAL HOLSTEIN QUÉBEC CONSEIL D’ADMINISTRATION Georges Sirois (1) 418 742-3424 président fermesirois@hotmail.com Bas-Saint-Laurent Mariette Gagnon (4) 418 259-7459 vice-présidente fboulet@globetrotter.net Lévis-Bellechasse et Montmagny-L'Islet-Kamouraska Stéphane Alary (8) 819 455-2289 stepido@gmail.com Notre avenir C Lanaudière, Laurentides, Papineau et Pontiac Jocelyn Côté (7) 819 858-2097 hers membres, fermejocelyncote@gmail.com Mon but dans cet éditorial est de Centre du Québec, Richmond et Sherbrooke vous faire réfléchir sur nos différentes Rolland Dubois (2) 418 728-4864 rolandale@globetrotter.net structures et sur leur avenir. Les mois de mars Beauce, Dorchester et Lotbinière et avril sont des périodes où la majorité de nos Louise Ferron (5) 819 228-2417 louisevf@outlook.com organisations tiennent leurs assemblées géné- Champlain-Laviolette, Portneuf rales annuelles. J'ai eu la chance d'assister à et Saint-Maurice-Maskinongé plusieurs d'entre elles et toutes ont une mis- Benoît Lafond (11) 819 728-2873 fermeallfond@gmail.com sion importante et valable. La plupart ont des Abitibi et Témiscamingue procédures bien établies, ce qui favorise les Pascal Martin (9) 450 772-2539 échanges et les décisions sont prises de tinberholstein@hotmail.ca Rouville, Saint-Hyacinthe et Shefford-Brome façon démocratique. Joëlle Paradis (3) 819 358-5522 kamlake@telwarwick.net On est dans une période ou tout change Bois-Francs Louis St-Aubin (10) 450 456-3667 rapidement. Les budgets sont de plus en plus boisdelaroche@xittel.ca serrés, le nombre de producteurs diminue et Huntingdon-Ormstown-Beauharnois, Montréal-Vaudreuil-Soulanges et Saint-Jean les exigences augmentent sans cesse. Plusieurs Chantale Riverin (6) 418 343-2985 organisations se retrouvent avec beaucoup fermethierry@live.ca moins de marge de manœuvre. Même que Saguenay-Lac-Saint-Jean-Charlevoix dans certains cas, faute de financement, ce * Le chiffre entre parenthèses indique le numéro du district représenté n’est pas facile pour certaines de poursuivre Ne serait-il pas temps qu'on se parle entre Holstein Québec est une association affiliée leurs activités. Les entreprises qui nous à Holstein Canada organisations et qu'on trouve des solutions à supportaient ont revu leurs participations, car tout ce dédoublement? Est-ce qu'au fil des elles sont très sollicitées et font des choix. Ce années, on ne s’est pas créé des besoins? Je n'est pas différent sur nos fermes. Le prix du me questionne de plus en plus sur l'avenir. Qui ADMINISTRATEURS NATIONAUX lait n'est plus ce qu'il était il y a quelques années, va payer pour garder tout ces conseils ÉLUS AU QUÉBEC : mais c'est quand même nous qui contribuons d'administration, surtout que bien des gens Gilles Côté, lacnor@hotmail.ca à supporter toutes ces organisations. siègent à plus d'un? Ce n'est pas demain que 418 343-2597 Isabelle Dubois, milibro@cablovision.com ça va changer. On est encore trop ancré dans 819 359-3120 Ce qui m'étonne un peu, c'est que très peu de nos habitudes et il faut se le dire, on a encore Élyse Gendron, e.gendron@xittel.ca gens sont prêts à revoir leur façon de faire. les moyens de tout garder. Mais dans l'avenir, 450 265-3147 Restructurer semble un mot tabou. Pourtant, qui va payer la facture? Angus Mackinnon, angusmackinnon3891@gmail.com 819 570-3891 changer des structures, rationaliser, se ques- tionner sur notre raison d'être, c’est, à mon Bon printemps HOLSTEIN QUÉBEC avis, juste normal. On dirait que personne ne 3955, boulevard Laurier Ouest Saint-Hyacinthe (Québec) J2S 3T8 veut concéder quoi que ce soit, on souhaite Téléphone : 450 778-9636 • Télécopie : 450 778-9637 que ça change, mais pas dans notre cour, info@holsteinquebec.com • www.holsteinquebec.com toujours dans celle des autres. Holstein Québec n'y échappe pas. On essaie de se LA MISSION DE HOLSTEIN QUÉBEC renouveler, mais nous savons que nous Georges Sirois Préambule sommes dans la même réalité. Président Holstein Québec est une association provinciale affiliée à l’Association Holstein Canada. Mission : Notre mission est de rassembler les éleveurs Holstein, représenter leurs intérêts et les aider à rentabiliser leur entreprise. Vision : Appuyée par une équipe compétente, des clubs engagés présents partout en région et des colla- borations efficaces avec des organismes partenaires, Holstein Québec est un leader en matière d’élevage et de génétique laitière. LA REVUE HOLSTEIN QUÉBEC I MAI 2017 7
D DOSSIER An English version of this article is available at www.holsteinquebec.com/english Par Michel Dostie Rédacteur Les gros troupeaux, en chef un véritable apprentissage à faire L’ idée de posséder un gros troupeau attire de plus en plus d’éleveurs. D’ailleurs, un certain nombre d’études les incitent à prendre cette direction en publiant différents résultats qui font valoir qu’une plus grande efficacité et des économies d’échelles apportent une meilleure rentabilité. Mais exploiter un troupeau de quelque 200 vaches a ses exigences et demande des aptitudes particulières autant en régie qu’en gestion, notamment celle des ressources humaines. Choisir d’avoir beaucoup plus de laitières, adoptent des comportements différents dans cette nouvelle réalité donnera beaucoup c’est aussi opter pour une étable à stabu- ces deux situations. Germain Bernier et son moins de lait et finira par perdre sa valeur, lation libre. Mais cette transition vers des fils Shany, de la Ferme Berni (2001) inc. (lire ce qui représentera une perte pour le pro- animaux en liberté ne se fera pas sans peine. le reportage en page 19), donnent l’exemple ducteur. Fred Martineau, de la Ferme Champagne et des bêtes qui ont passé leur vie attachées et frères (lire le reportage en page 15), n’a pas qui, transposées dans une logette, n’osent Par contre, il est facile d’imaginer que pour vécu cette période à la ferme dont il est pas reculer. Ce faisant, elles ne vont pas à la des éleveurs qui ont développé de bonnes actionnaire, mais se souvient très bien de mangeoire ni à l’abreuvoir, ne donnent pas familles de vaches, il est hors de question de comment les choses étaient sur la ferme de beaucoup de lait et deviennent des candi- s’en départir. La volonté de comprendre le ses parents. En plus, son expérience de dates à la réforme. comportement animal en liberté et l’intention conseiller, notamment en financement, lui de revoir ses façons de faire peuvent alors suggère quelques observations. La transition vers des animaux en liberté est aider à vivre cette transition de manière la tellement exigeante qu’autant Fred Martineau moins dramatique possible. Il insiste sur le fait qu’il s’agit de deux que Germain Bernier suggèrent que dans modèles de régie de troupeau complètement certains cas, il serait préférable pour un pro- Comprendre le comportement animal différent et que l’éleveur, pour être efficace, ducteur de vendre son troupeau et d’en Le Dr Frédéric Tremblay, du Bureau vété- doit développer de nouveaux réflexes. En fait, acquérir un nouveau, habitué à la stabulation rinaire de Sainte-Marie, qui s’intéresse au explique-t-il, «c’est comme si ce n’était pas libre. Germain Bernier souligne entre autres comportement animal et a présenté des con- les mêmes vaches» puisque ces dernières qu’une bonne vache qui s’acclimate mal à férences sur le sujet, explique bien cette Photo : iStock 10 LA REVUE HOLSTEIN QUÉBEC I MAI 2017
différence. La vache en stabulation entravée, stabulation libre ou l’achat d’un robot de traite. note-t-il, n’utilise pas ses réflexes naturels. Avec un robot, dit-il, la période de rodage est Attachée, elle n’a pas à vivre le contact direct déjà assez exigeante sans devoir la com- avec les autres bêtes et ne peut presque pas pliquer en ayant une attitude qui ne respecte réagir face à l'attitude des humains qui pas le naturel de la vache. l’entourent. La compréhension du comportement des En stabulation libre, une nouvelle dynamique bovins offre aussi des avantages écono- s’installe. Au naturel, la vache est une proie miques. En effet, des animaux moins stressés et a automatiquement le réflexe de se sauver donnent plus de lait, ont une meilleure santé face à une situation stressante. En plus, pour et se reproduisent plus facilement. En plus, elle, jusqu’à preuve du contraire, l’humain est quand ça va bien, c’est passablement moins un prédateur, ce qui éveille sa méfiance. Bien frustrant pour l’éleveur, sans compter que sûr, les exemples ne manquent pas de vaches c’est aussi plus sécuritaire autant pour lui qui ont développé de la confiance envers les que pour l’animal. humains. Si, dans certains cas, cette con- fiance est bien réelle, c’est probablement Il ne s’agit ici que de quelques exemples parce que les personnes en question ont théoriques du comportement naturel de la Fred Martineau et New Armagh Razor 6121, compris comment se comporter avec les vache. Le lecteur qui maîtrise un peu l’anglais prouvent hors de tout doute que la confiance animaux. peut s’établir entre l’être humain et la bête. pourra en découvrir davantage en visionnant Mais Fred avoue qu’il ne peut prendre un plusieurs vidéos publiées sur www.youtube.com Le Dr Tremblay donne l’exemple de la vision autoportrait avec toutes ses vaches. en écrivant «dairy stockmanship» dans le chez la vache laitière. Ses yeux placés de moteur de recherche. chaque côté de la tête lui assurent un angle d’une mouche, ce qui rend complètement de vue de quelque 330 degrés. Les seuls inutile le fait de la frapper pour se faire obéir. Une régie pour la performance endroits qui manquent à son observation sont Déposer délicatement la main sur elle serait Dans cet esprit, il est facile de comprendre un petit espace devant son museau et la largement suffisant. que ce ne seront pas nécessairement les portion derrière elle. L’éleveur qui se tient mêmes vaches qui seront les plus perfor- directement derrière la bête se trouve à On sait aussi, souligne Fred Martineau, qu’au mantes, explique Fred Martineau. La bête l’extérieur de son champ de vision, ce qui naturel, les vaches se comportent toutes de craintive, qui va probablement hésiter avant incite la bête à tourner la tête de chaque côté la même façon et si une d'entre elles a peur, de se rende à la mangeoire, produira moins, pour apercevoir ce qui se passe. Si elle toutes ses compagnes seront effrayées. et ce, même si, génétiquement, elle a plus de bouge alors vers l’avant, elle aura une Également, on a observé qu’elles aiment se potentiel. démarche en serpentine. Il ne faudra pas se tenir en troupeau et bougent en suivant les surprendre si elle change complètement de plus dominantes, mais l'éleveur doit aussi Jacques Bernier, copropriétaire de la Ferme direction pour se sortir de cette fâcheuse savoir que leur démarche est moins rapide Berni, se souvient aussi de l’adaptation à situation. Il est donc préférable de se que celle de l’humain. faire quand, avec son frère Germain, ils ont déplacer sur le côté de l’animal ou d’alterner opté, en 1998, pour la stabulation libre. Ils d’un côté à l’autre, ce qui favorisera un Il est donc utile pour l’éleveur, souligne le Dr voulaient grossir leur troupeau de 80 vaches mouvement vers l’avant d’une façon naturelle Tremblay, de développer différents réflexes gardées dans une étable conventionnelle. et efficace. qui tiennent compte de ce comportement L’idée d’agrandir le vieux bâtiment était sur la naturel avant d’envisager un transfert en table, mais ces éleveurs ont pensé que la Aussi, quand l’éleveur veut obtenir une réaction de la part d’un animal, il doit exercer Le manipulateur de vaches laitières, en plus d’aimer son travail et d’être un fin observateur, doit toujours être patient et rester calme. une certaine pression sur celui-ci. Cette pression s’obtient souvent par la position du manipulateur. Mais, insiste le Dr Tremblay, il faut aussi savoir y mettre fin quand la bête réagit bien. En s’éloignant, on envoie le mes- sage à l’animal qu’il se comporte adéquate- ment et qu’il en est récompensé. Généralement, dans ces situations, le mouvement recherché se continue tout naturellement. Avec de telles pratiques, le licou devient presque inutile. L’ouïe de la vache laitière est aussi très bonne. Il n’est donc pas nécessaire de crier Photo : iStock pour se faire entendre. Enfin, la vache a la peau assez sensible pour déceler la présence LA REVUE HOLSTEIN QUÉBEC I MAI 2017 11
D DOSSIER stabulation libre représentait une meilleure vaches ont bien appris et l’expérience a été option pour l’avenir, et ce, même si ce choix, positive. En 2014, ces éleveurs ont fait le choix qui a alors coûté quelque 450 000 $, était plus des robots. Cette transition a soulevé quelques de trois fois supérieur à l’agrandissement de difficultés, mais ça n’a duré qu’un seul mois. leur vieille étable. Ils ont aussi opté pour un Jacques Bernier avoue qu’en 1998, la carrousel de traite, un des premiers au Québec. principale erreur que lui et son frère ont faite a été de mettre de côté les possibles côtés À cette époque, se souvient Jacques Bernier, négatifs de ce changement. «On ne voyait les expériences québécoises avec ce genre que le positif, mais les inconvénients on les a d’installations étaient peu nombreuses et le découverts en travaillant.» Aujourd’hui, quand partage de connaissances était à l’avenant. un éleveur parle de ses projets, Jacques C’est donc par essais et erreurs que ces Bernier l’encourage, mais le met en garde éleveurs ont cheminé dans ce nouveau projet. contre les trop belles histoires. «Faut se méfier des places parfaites», dit-il, soulignant La première année a été difficile, se rappelle- qu’une visite chez un éleveur qui explique les t-il, notamment avec les problèmes de En planifiant de nouvelles installations, difficultés qu’il a dû surmonter sera une boiteries qui étaient presque invisibles dans il faut accorder une place importante rencontre beaucoup plus utile. l’ancienne étable. Mais les éleveurs et leurs au confort des animaux. Il insiste aussi pour dire que la régie en stabulation libre est complètement différente. Voir une vache en chaleur, c’est plus facile, souligne-t-il, mais ça se complique quand il faut l’inséminer. Les éleveurs ont donc dû apprendre à se comporter autrement. En plus, comme les premiers équipements n’étaient pas tout aussi fonctionnels que ceux d’aujourd’hui, ils ont dû apporter des amé- liorations. Maintenant, avec les barrières amovibles et automatiques, immobiliser un animal est beaucoup plus facile. C’est heu- reux, souligne Fred Martineau, car dans les grandes fermes laitières, accorder des soins individuels ne doit pas être compliqué ni exiger beaucoup de temps, sinon les pro- ducteurs ne le feront pas. La gestion des ressources humaines Quand on parle d’un gros troupeau, cela nécessite forcément la collaboration de plusieurs personnes. Si la ferme est une propriété familiale et que tous les action- naires ont des responsabilités, chacun se sent impliqué autour d’objectifs fixés en- semble et la gestion est collégiale. Il y a donc peu d’employés et souvent ceux-ci viennent de la famille. Seule embûche; ces propri- étaires peuvent avoir de la difficulté à se mettre dans la peau d’un employé, ce qui peut nuire aux bonnes relations. Par contre, s’il s’agit d’un propriétaire unique, celui-ci doit consacrer l’essentiel de son temps à la gestion, et particulièrement à celle des employés. Résultante : il doit souvent se tenir loin des travaux réguliers de la ferme et des animaux. Pour la personne qui a choisi l’agriculture et l’élevage par passion pour les bovins et le temps passé aux champs, ça peut apporter son lot de frustrations. Dans de telles circonstances, l’idée de grossir le troupeau mérite possiblement d’être repensée. 12 LA REVUE HOLSTEIN QUÉBEC I MAI 2017
De bonnes installations doivent être pensées pour les animaux, mais aussi en fonction du personnel qui appréciera ainsi davantage ses conditions de travail. Le Regroupement des grandes fermes laitières du Québec (voir l’encadré) a déjà organisé des conférences portant sur la main- d’œuvre, que ce soit des résidents du Québec, des gens venus de l’extérieur avec un permis de travail temporaire ou des immigrants qui veulent rester ici. Pour garder les bons employés, explique Mme Neault, secrétaire-trésorière du Regroupement et actionnaire de la Ferme Drapeau et Bélanger inc., il faut des installations fonctionnelles, des méthodes de travail bien adaptées qui rendent les tâches agréables et de bonnes conditions de Elle et son conjoint, Dominic Drapeau, gagnants du concours Jeunes travail, ce qui inclut le salaire, mais aussi le respect des agriculteurs élite du Canada en 2016, emploient une vingtaine de particularités de chacun. En plus, elle souligne que les personnes, dont deux originaires du Népal. Mme Neault se dit très propriétaires qui engagent beaucoup de personnel doivent pouvoir heureuse de la qualité du travail réalisé par ces immigrants et espère compter sur la complicité d’employés clefs qui peuvent prendre les garder à son service encore longtemps. En plus, souligne-t-elle, eux en charge une section de l’entreprise comme la pouponnière, la et leurs familles assurent une certaine vitalité au milieu, ce qui n’est vacherie, la machinerie, etc. pas négligeable dans bien des campagnes du Québec. Des regroupements pour ces éleveurs Il y a déjà 8 ans, Dominic Drapeau, de la Ferme Drapeau et travail, l’agriculture de précision, la gestion du temps ou celle du Bélanger inc., lançait l’idée de rassembler les propriétaires des personnel. Mme Célia Neault, qui en est secrétaire-trésorière, gros troupeaux laitiers. Ainsi, en mars 2009, le Regroupement des souligne que plusieurs intervenants de l’industrie sont souvent grandes fermes laitières du Québec a été créé. Cet organisme, invités à donner des conférences. Avec le temps, précise aussi comme il le précise sur son site Internet (www.rgflq.com) «a pour Mme Neault, les nombreux contacts que le regroupement a but de réunir les grands producteurs laitiers du Québec afin de rendus possibles entre les producteurs et les intervenants en font leur apporter de l’information répondant spécifiquement à leurs un réseau de plus en plus apprécié des membres. besoins.» Ce regroupement compte actuellement 80 membres et même si ses dirigeants considèrent comme grand troupeau, une Les Groupes conseils agricoles du Québec s’intéressent aussi aux production de 150 kg mg/jour, ils ouvrent leurs portes à tous les grandes fermes laitières. Une fois l’an, cet organisme tient un producteurs progressifs et à l’affût des nouveautés, peu importe colloque ayant pour thème les troupeaux de 100 vaches et plus. leur niveau de production. On y dévoile les résultats technico-économiques des grandes fermes qui sont membres d’un groupe conseil agricole. Des En planifiant des conférences ou des visites de fermes, le conférences et des visites de fermes sont également au regroupement aborde des questions spécifiques aux grands programme. troupeaux comme les installations physiques, les méthodes de LA REVUE HOLSTEIN QUÉBEC I MAI 2017 13
B BLOC-NOTE Le Ciaq à l’écoute de ses propriétaires Le 5 avril dernier, le Ciaq présentait pour une première fois ses états gardisme lui permettent de financiers 2016 devant plus de 70 personnes. Cette activité faisait suite maintenir ses acquis et de se à un souhait fait par ses trois propriétaires, les Producteurs de lait du positionner fortement sur le Québec, le Conseil provincial des Cab inc. et le Conseil québécois des marché québécois. races laitières. Mentionnons la présence de Les participants ont pu constater que le Ciaq est un acteur de premier M. Paul Larmer, chef de la direction chez Semex, qui est venu plan au Québec en génétique et que sa croissance et son avant- présenter les résultats de cette entreprise, une copropriété du Ciaq. M. Robert Chicoine, membre fondateur de l’Alliance Semex, était aussi présent pour souligner les 20 ans de cet organisme. L’activité a été réalisée en collaboration avec le Conseil provincial des Cab et a été suivie du souper Gala Excellence des Cab 2017. M. Mario Hébert, directeur général du Ciaq. Pour toutes sortes de vaches, Dans toutes sortes d’étables. Le choix pour un confort durable. ® ISO Dual Chamber Cow Waterbeds Lits d’eau DCC Waterbeds Nous parlons français | +1 (608) 709-2693 | www.DCCWaterbeds.com 14 LA REVUE HOLSTEIN QUÉBEC I MAI 2017
P PROFIL D’ÉLEVAGE An English version of this article is available at www.holsteinquebec.com/english Par Michel Dostie Rédacteur Ferme Champagne et frères en chef Produire beaucoup avec des vaches toutes pareilles « Dans un grand troupeau, on veut des vaches qui se ressemblent et qui sont faciles à gérer », explique Fred Martineau, responsable de la santé et de la reproduction, de même que du budget et des finances à la Ferme Champagne et frères inc., de Sainte-Agathe-de-Lotbinière. Les index (IPV, TPI, Net Merit, etc.) ne font donc pas partie des critères de sélection. Ces éleveurs ont plutôt défini Ensuite, pour chaque accouplement, quelques traits importants en fonction un reproducteur issu de ce groupe des objectifs à atteindre tout en était sélectionné afin de compenser cherchant à diminuer les faiblesses le mieux possible les points faibles du troupeau. Comme les animaux de chaque vache. sont gardés en stabulation libre, la qualité des pieds et membres, prin- Aujourd’hui, maintenant qu’ils ont cipalement l’angle du sabot et la vue développé un troupeau répondant arrière des membres arrière sont vraiment à leurs objectifs de base, la des incontournables. Du côté de la sélection devient plus exigeante. production, on s’est intéressé parti- Ainsi, le choix des mâles repose dans culièrement aux composants. Dès des proportions de 50 à 60 % sur la l’arrivée de la nouvelle génération, production, principalement les com- posants, 30 à 40 % sur les critères de Photo : Ferme Champagne en 2002 (voir encadré en page 16), la sélection pour ces critères a été très santé, notamment la durée de vie, la sévère. fertilité des filles et le nombre de cellules somatiques (CSS) et de 0 à Aussi, la stature a toujours fait partie 10 %, sur la conformation. À partir de des préoccupations des éleveurs. Les actionnaires et les employés permanents et à temps partiel de la ces outils de sélection et maintenant Leur idée est d’avoir des vaches Ferme Champagne et frères. De gauche à droite, en première rangée, que les jeunes taureaux génomiques uniformes, ni trop grandes, ni trop Vincent Champagne, Jean-Pierre Martineau et Tomy Martineau. comblent 100 % des saillies, la petites. Ainsi, pour ce caractère, ils Debout, Kathy Moores, Éric Champagne, Mathieu Champagne, Steve réserve ne compte que six ou sept choisissent des reproducteurs ayant Champagne, Alexis Champagne, Jérémy Martineau, David taureaux. Pour faire le choix final pour un indice légèrement en dessous de Martineau, Fred Martineau et Jordan Laflamme. chaque vache, ces éleveurs mettent à la moyenne de la race. Leur limite, profit les recommandations informa- selon les chiffres américains, se situe à 0.75. tisées, ce qui offre entre autres l’avantage Ces éleveurs préfèrent suivre les indices d’éviter la consanguinité. Ferme Champagne et publiés au sud de la frontière, notamment ceux établis uniquement en stabulation libre, Aussi, avec l’arrivée de la génomique, un frères en chiffre parce qu’ils sont plus conformes à leur nombre moins élevé de taureaux en réserve Nombre de vaches : réalité. Ces vaches plus petites, explique Fred permet un renouvellement accéléré de ceux 280 dont 250 en lactation Martineau, ont une consommation uniforme utilisés. Ainsi, le troupeau compte peu de filles Nombre de taures et de génisses : 290 et ont généralement un meilleur taux de con- de chacun. «Tout ça, rappelle Fred Martineau, Production actuelle : version alimentaire. En plus, ajoute l’éleveur, sans changer les critères de sélection de la 35 à 36 kg/vache/jour, pour une moyenne ces laitières ont une vie plus facile, car étant ferme.» annuelle par vache de 10 500 à plus légères, leurs membres subissent moins 11 000 kilos. de pression. Des outils adaptés Production envisagée dans Influencés par les cousins Robet et Julien la nouvelle étable : 37 à 38 kg/vache/jour Sélectionner minutieusement Chabot et par les différents représentants des Intervalle de vêlage : 275 à 280 jours un groupe de taureaux centres d’insémination artificielle, les jeunes (1,7 à 1,8 insémination par gestation) Pour parvenir à leurs fins, au début, ces éle - ont aussi procédé, dès 2003, à l’enregistre- Les cultures : 486 hectares, dont 81 loués, veurs identifiaient dix à douze taureaux qui ment de tout le troupeau. Pour sa part, le servant à la production de maïs-grain, de répondaient à leurs différents critères et service de la classification a été utilisé à soya, d’ensilage de maïs, d’ensilage de entreposaient les semences choisies à la ferme partir de 2005 pour les taures à leur premier luzerne et de foin de graminées. puisqu’ils font eux-mêmes les inséminations. vêlage dans le but de profiter des avantages LA REVUE HOLSTEIN QUÉBEC I MAI 2017 15
P PROFIL D’ÉLEVAGE aménagée en 2005. Depuis, velle étable et de garder leurs animaux de la production a régulièrement remplacement dans l’ancienne vacherie. Ce augmenté, passant de 26 kg à projet, réalisé par les propriétaires, s’éche- 35 kg/vache/jour et le taux de lonnera sur plus de deux ans. Il s’agit d’une Photo : Ferme Champagne réforme involontaire a diminué. stabulation libre sur litière de sable avec un Selon Fred Martineau, cette carrousel pour la traite. réussite s’explique par des changements à la régie, par le Le troupeau a été déménagé en décembre confort accru des bêtes, mais dernier. Les vaches, précise Fred Martineau, Une partie de la nouvelle étable en stabulation libre de la Ferme Champagne et frères. aussi beaucoup par la sélection se sont habituées relativement vite à ce génétique mise en place depuis nouvel environnement. Il y a eu une baisse de économiques reliés à l’utilisation des jeunes 2003. Aujourd’hui, le troupeau produit un production pendant les trois premières taureaux. Mais l’évaluation de la conformation quota de 355 kg mg/jour, alors qu’il était de journées, mais depuis, tout est revenu à la a quand même été à la base de la sélection 117 kilos au moment de l’achat par les cinq normale pour la majorité du troupeau. Une des reproducteurs. Ainsi, se souvient Fred actionnaires actuels. exception, les vaches qui ont vêlé depuis le Martineau, la collaboration de Donald Dubois, déménagement ont de meilleures pro- alors qu’il était conseiller pour Alta, et aussi Mais comme toutes les améliorations pos- ductions. Ces éleveurs pensent donc qu’avec juge émérite, avait permis l’évaluation de sibles avaient été faites pour les laitières, le temps toutes les bêtes produiront davan- toutes les vaches afin d’aider à la sélection mais que les taures méritaient mieux, les tage. Ainsi, le quota, qui était de 355 kg dans des reproducteurs. Fred souligne d’ailleurs éleveurs ont décidé de construire une nou- l’ancienne étable, est maintenant de 384 kg. que «Donald a été une personne exception- nelle qui nous a apporté beaucoup». Le pro- En plus de bonifier le confort des animaux, la cessus a fait son chemin de sorte que la nouvelle construction permet aussi d’amé- proportion de BP ou mieux est passée de 48 % à 70,6 % au cours des six dernières années. Une histoire liorer les conditions de travail des membres de l’équipe et de faciliter la régie du troupeau. En avril 2016, le troupeau New Armagh de famille À titre d’exemple, les laitières sont divisées comptait 2 EX, 29 TB, 179 BP et 84 B. en groupe, dont un pour les vaches à leur En 1968, Viateur Champagne invite ses premier veau, évitant à ces dernières de frères Michel et Boniface à unir leurs Une nouvelle étable trois troupeaux, à construire une nou- combattre contre les plus grosses. Il y en a Jusqu’en décembre dernier, le troupeau était aussi un pour celles venant de vêler. Leur velle étable en stabulation libre de 80 gardé dans l’étable que les trois frères enclos est muni de carcans qui rendent logettes et à travailler en équipe plutôt Champagne avaient construite à leur début. possible leur immobilisation sans aucun qu’individuellement. L’idée a fait son Il s’agissait d’une stabulation libre avec salon risque ni effort. C’est un outil important, car chemin et ainsi fut créée la Ferme de traite. Depuis 2002, la nouvelle génération les éleveurs prennent la température de Champagne et frères inc. Depuis 2002, y avait fait toutes les modifications possibles chacune de ces vaches tous les jours cinq descendants de la famille sont afin d’améliorer le confort des vaches. En pendant les 20 premiers jours de lactation, de actionnaires de cette entreprise. Il s’agit 2003, ils avaient acheté un troupeau complet même que des échantillons de sang au de Steve, Éric et Vincent Champagne, habitué aux logettes et avaient abandonné cinquième, dixième et quinzième jours dans fils de Michel, et des frères Fred et l’engraissement des bouvillons. Le bâtiment le but de dépister les cas d'acétonémie de Jean-Pierre Martineau, neveux des qui leur était réservé avait été utilisé pour les type I ou de type II. fondateurs. Trois employés à temps taures. Une pouponnière avait aussi été plein, dont deux sont de la famille, de même que d’autres enfants des action- naires et un voisin y travaillent à temps partiel. En plus, durant l’été, un sta- giaire vient mettre l’épaule à la roue. Le troupeau compte 280 vaches, dont 250 en lactation, de même que 290 bêtes de moins de 2 ans. Ce nombre élevé de taures et de génisses vise à répondre aux besoins d’expansion de Photo : Ferme Champagne la production. La nouvelle construction va aussi dans le même sens. Ces éle- Photo : Michel Dostie veurs pensent déjà à la prochaine génération et veulent s’assurer que toutes les conditions seront favorables La nouvelle construction de la Ferme Champagne pour la prise de possession par les est munie d’un carrousel de 30 places ou les jeunes de la relève. À la Ferme Champagnes et frères, le confort des vaches sont traites deux ou trois fois par jour vaches est assuré par de une litière de sable. selon le stade de lactation. 16 LA REVUE HOLSTEIN QUÉBEC I MAI 2017
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P PROFIL D’ÉLEVAGE An English version of this article is available at www.holsteinquebec.com/english Par Michel Dostie Rédacteur Ferme Berni en chef un développement ciblé sur les embryons A voir un gros troupeau et s’intéresser à la haute génétique, ce n’est pas incompatible pour Shany Bernier, de Sainte- Élisabeth-de-Warwick. Les 185 vaches de la Ferme Berni (2001) inc., gardées en stabulation libre où la traite est robotisée ne l’empêche pas de suivre l’évolution de la génétique et du marché et de vouloir y jouer un rôle. Il ne rêve donc pas d’un troupeau plus nombreux, mais bien de générer plus de revenus par la vente d’animaux à haute valeur génétique. C’est dans cet esprit que la production embryons à chaque occasion. Elle est déjà la d’embryons occupe une partie importante de La Ferme Berni (2001) inc. mère de plusieurs taures et génisses et les son temps et il a fait l’acquisition de quelques Nombre de vaches : plus vieilles ont vêlé en avril dernier. Ashley bêtes en mesure de fournir cette qualité 210, dont 185 en lactation est actuellement sous contrat avec Semex. recherchée. Ainsi, des transferts embryon- Nombre de sujets de remplacement : 175 naires sont faits toutes les deux semaines et Production moyenne par vache : Blondin Garrett Bahamas, EX-91, de la famille la majorité des embryons récoltés sont 12 346 kilos de lait à 3,92 % de gras de Barbie, fait également partie de la liste des implantés à la ferme. Comme le troupeau et 3,32 % de protéines acquisitions servant à la production d’embryons. comte plusieurs têtes, il ne manque pas de MCR : 275-265-275 Elle aussi détentrice d’une Lactation supé- receveuses. En effet, 50 % des vaches et 100 % Quota : 270 kg mg/jour rieure, ces premières filles ont vêlé récem- des taures servent à cette fin. Classification : 7 EX, 71 TB, 82 BP et 22 B ment. Chez les Holstein Rouge et Blanc, la Productions végétales : 752,7 hectares, ferme a fait l’achat de Morsan S Debonair Les donneuses acquises au cours des dont 267 en maïs-grain et ensilage, 214,5 Emma Red, TB-87 3 ans, déjà la mère de sept dernières années sont issues de familles en soya, 129,5 en blé, 97,2 en luzerne et filles, dont 2 EX, 2 TB et 3 BP. capables de performances remarquables en mil pour l’ensilage et 44,5 en boisé. production, dotées d’une excellente con- L’ensilage de maïs est gardé dans des Shany Bernier compte aussi sur Eastside formation et ayant fait la preuve d’une bonne silos-tours alors que l’ensilage d’herbe Lewisdale Miss Style, TB-87 2 ans, première longévité. RMW Facebook Ashly, TB-87, fait est entreposé dans des silos horizontaux 2 ans senior à Victoriaville en 2016. Elle est partie de ce groupe. Avec deux vêlages et couverts d’une toiture. Le foin est acheté. détenue depuis août dernier en copropriété une Lactation supérieure à son actif, Shany avec la Ferme Kamlake. Enfin, l'élevage Berni est heureux qu'Ashley soit une donneuse possède en plus, depuis quelques semaines, prolifique avec des récoltes de 20 à 25 Olistein SRC Seaver Berthe, génisse née en Une relève préparée de longue date Pour l’instant, Shany Bernier, nouvellement papa (voir La plume page 22) est l’employé de la ferme de son père, Germain, et son oncle Jacques. Mais le 31 juillet prochain, il en deviendra action- naire à 50 %. Cette transition se prépare depuis longtemps. Ainsi, Shany, en accord avec les propriétaires actuels, n’a pas attendu cette date pour s’impliquer activement au processus de décision. Après l’obtention de son DEP en production laitière, Shany a pris sa place à la ferme. La génétique qui le passionne occupe depuis lors ses réflexions. La régie aussi et c’est sous son impulsion, en Photo : Meunerie Ducharme inc. 2014, que la ferme a remplacé le carrousel par quatre robots de traite. Sa sœur, Meggie, actuellement étudiante en Technologie des productions animales, à l’ITA, campus de Saint-Hyacinthe, viendra se joindre à son frère à la fin de ses études. Elle pourrait plus tard devenir actionnaire de l’entreprise. La ferme Berni compte aussi Shany Bernier, à droite, accompagné à sa gauche, sur la collaboration de trois employés permanents. de Germain, son père, et de son oncle Jacques. LA REVUE HOLSTEIN QUÉBEC I MAI 2017 19
P PROFIL D’ÉLEVAGE mars 2015, une fille de Jacobs Sid Brita, Shany n’a donc pas connu la transition TB-88 3 ans, de la famille de Britany, EX- d’une étable conventionnelle vers la 96 2E 6*, Vache coup de coeur 2016. stabulation libre, mais est bien heureux de pouvoir aujourd’hui exploiter le Cette production importante d’embryons troupeau dans le même bâtiment. Bien repose aussi sur l’utilisation de repro- sûr, quelques transformations ont été ducteurs de mérite. Cinquante pour cent réalisées pour assurer plus de confort des saillies sont accordées à des mâles aux vaches. La plus importante date de éprouvés alors que les jeunes taureaux 2014 quand les propriétaires, à l’insti- génomiques se chargent de l’autre moitié. gation de Shany, ont fait l’acquisition de Ces derniers doivent être des descen- quatre robots de traite pour remplacer le dants d’une famille réputée et fournir une carrousel. Les travaux alors entrepris ont épreuve équilibrée. Comme pour les aussi permis de modifier les logettes afin taureaux éprouvés, les jeunes doivent d’introduire la litière de sable. présenter des cotes à +1000 en lait, +15 en conformation et de très bons résultats RMW Facebook Ashly, TB-87, est une donneuse prolifique Durant le premier mois après l’instal- en santé. En conformation, Shany insiste avec de 20 à 25 embryons à chaque récolte. Elle est lation des robots, se souvient Shany, «on notamment sur la qualité des pieds et actuellement sous contrat avec Semex. voulait mettre tout ça dehors». On a membres et des pis, deux exigences appris à être patients, ajoute-t-il, et les particulièrement bien justifiées par la L’alimentation revêt aussi une place im- choses se sont bien sûr adaptées. Les vaches stabulation libre et la traite robotisée. portante dans l’esprit de cet éleveur. Pour le y vont, en moyenne 3,2 traites par jour, mais rendement en lait, dit-il, c’est le facteur le ce sont celles en début de lactation qui en plus déterminant. Ainsi, trois coupes d’en- profitent le plus avec de 4 à 5 traites par jour. Objectif : silage sont faites chaque année. La première Aujourd’hui, les éleveurs sont bien satisfaits produire beaucoup de lait est réservée pour les taures et les vaches de leur décision puisque la production Issues de tels croisements, les taures, qui taries, alors que les deuxième et troisième moyenne par vache est passée de 10 000 kg généralement vêlent à l’âge de 21 à 22 mois sont servies aux laitières. Cet ensilage est à près de 12 500 kg et que le nombre de au poids de 700 kilos, doivent donner une mélangé à de l’ensilage de maïs dans une cellules somatiques (CSS) a baissé. Des première lactation d’environ 10 500 kilos de RTM entièrement automatisée. améliorations attribuables, explique Shany, à lait pour satisfaire Shany. Pour lui, la méthode la fois aux robots, au confort des bêtes, ainsi d’élevage revêt donc beaucoup d’importance. Aimer les belles vaches qu’à la génétique. Shany apprécie aussi Ainsi, de la naissance à 2 mois, les génisses Shany Bernier trouve le travail plus agréable beaucoup toutes les informations que sont regroupées autour d’une louve qui avec de belles vaches. Dans ce même esprit, l’ordinateur connecté aux robots peut lui assure leur alimentation. Pendant les deux il aime aussi se rendre à l’exposition pour fournir. En parlant des robots de traite, Shany mois suivants, elles reçoivent une ration assister aux jugements et il tient à y participer partage l’opinion exprimée par plusieurs complète. De quatre mois au vêlage, elles sont quand il pense qu’une de ses bêtes peut éleveurs : cette technologie est un ampli- nourries avec de l'ensilage, du foin et un gagner. Depuis 2008, le troupeau est classifié ficateur. Si les rendements sont bons avant supplément. Elles sont gardées en petits et Berni Windbbrook Fadie est la première EX l’installation, ils seront meilleurs après. Par groupes dans de grands parcs, une façon de son préfixe. Fadie a mérité un titre de contre, s’ils sont mauvais, la situation ira en facile d’en assurer une bonne régie, explique Lactation supérieure avec, à 2 ans et 2 mois, se détériorant. Shany. en 305 jours, une production de 13 113 kg de lait à des pourcentages de gras et de protéines de 3,6 et 3,1, pour des MCR de 320- 309-312. La classification lui permet de vérifier l’influence de sa sélection. Selon lui, les comptes sont bons puisque, depuis 2008, le pourcentage de BP ou mieux de son troupeau est passé de 61 à 82 %. À lui seul, celui des TB a augmenté de 8 à 36 %. Photo : Michel Dostie Photo : Michel Dostie Option : robot de traite Les frères Jacques et Germain Bernier ont fait l’acquisition de la ferme familiale en 1986. À la ferme Berni, les vaches en début de La ferme Berni possède quatre robots et les Douze ans plus tard, ils optent pour la sta- lactation forment un groupe particulier et sont vaches sont traites en moyenne 3,2 fois par jour. bulation libre et un carrousel pour la traite. Le gardées sur une litière de paille. quota était alors de 120 kg mg/jour. 20 LA REVUE HOLSTEIN QUÉBEC I MAI 2017
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