CHU - L'imagerie - magazine - CHU de Poitiers
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Juin 2019 / N° 78 / www.chu-poitiers.fr magazine CHU POITIERS L’imagerie entre (r)évolution et prise en charge plus ciblée > Cap 2023 > Centre du sommeil : > La «e-santé» pour le CHU valoriser l’expertise au service du territoire du personnel paramédical
Sommaire 5 En bref 30 La «e-san- té» au service 10 Dynamiser la publication du territoire Pour faciliter la scientifique au CHU de Poitiers coopération entre Des outils et actions ont été mis en place au sein les professionnels de de la direction de la recherche et de l’innovation santé du territoire et pour encourager et dynamiser les publications améliorer l’accessibi- en recherche médicale. lité des soins, le CHU mise notamment sur la «e-santé». 16 Dossier L’imagerie, 32 Groupe entre (r)évolution et prise hospitalier en charge plus ciblée Nord-Vienne, L’arrivée de l’IRM 7 Tesla en août mais une offre de aussi de la plateforme interventionnelle couplant un scanner et une salle bi-plan soins renfor- illustrent le souhait du CHU de Poitiers cée de se démarquer au niveau régional en Le CHU de Poitiers constituant un pôle d’excellence. et le Groupe hospi- talier Nord-Vienne (GHNV) partagent la même ambition : 26 Soigner les maladies et les maintenir un service troubles digestifs de l’enfant public hospitalier de Le service médico-chirurgical de pédiatrie proximité et répondre organise des consultations et des interventions aux besoins des habi- en gastroentérologie de l’enfant et de l’ado- tants du territoire. 12 Neurochirurgie, orthopédie lescent. et rééducation au service 34 CHU 2019- des patients vulnérables Depuis les années 2000, le CHU développe 2023 : le pa- son activité de chirurgie du handicap pour les tient au cœur patients présentant de lourds déficits moteurs. de l’hôpital L’établissement défi- 14 Pipac, une technique nit ses orientations stratégiques pour innovante pour la carcinose les cinq prochaines péritonéale années. La chimiothérapie intrapéritonéale pressurisée par aérosol (Pipac) est une technique récente qui 28 Centre du sommeil : 37 En bref stabilise la maladie et améliore la qualité de vie des patients. valoriser l’expertise du personnel paramédical Au centre des pathologies du sommeil, les compétences des soignants sont mises en avant afin d’accélérer et de diversifier les prises en charge. CHU Magazine n° 78 - Juin 2019 – 3
Editorial A u travers de son projet d’établissement insuffisants cardiaques par télémédecine, à 2019-2023, notre CHU ouvre une domicile, est un changement de paradigme nouvelle page importante de son majeur. Nous le proposons dès ce mois de histoire. Plus que jamais nous devons juin à nos patients. Puis la mise en service évoluer pour répondre à de nombreux défis. cet automne d’une IRM 7 Tesla, la première à Je pense notamment au vieillissement de la visée clinique en France, nous place également population, au développement des maladies dans un nouveau mode de fonctionnement où chroniques, aux révolutions technologiques, aux des équipes de toute la France mais aussi évolutions des pratiques et exigences de nos d’Europe viendront utiliser un équipement rare. concitoyens, à l’accès aux soins et bien sûr à la Enfin, la récupération anticipée après chirurgie maitrise des dépenses. (RAAC) devient notre objectif principal pour Notre établissement doit innover dans son cette année 2019. organisation, tant des unités de soins que des La mise en réseau de l’information médicale services administratifs et techniques. constitue également un axe majeur de L’innovation peut aussi s’appliquer au domaine l’innovation en santé. A ce titre, le CHU a déjà scientifique et médical. A ce titre, le suivi des déployé son portail Hôpitaux 86 permettant le partage des données médicales entre soignants publics et privés. Et j’invite d’ailleurs celles et ceux d’entre vous qui ne s’y sont pas encore connectés à rejoindre près de 200 de vos confrères qui font déjà vivre ce réseau. Toutefois, l’innovation est également organisationnelle et managériale : susciter la présence des patients dans les pôles cliniques pour entendre leurs remarques et corriger nos organisations selon leurs suggestions nous fera franchir un nouveau cap : nous ne sommes plus seulement dans la mesure, dans l’évolution quantitative mais dans la parole directe, moteur de nos transformations. Ouverture, décloisonnement, mobilité sont les clés de compréhension et de fonctionnement de la prochaine décennie. Jean-Pierre Dewitte, Je vous souhaite une bonne lecture de ce directeur numéro consacré à l’imagerie toujours plus général précise et personnalisée. CHU le magazine - n° 78 Centre hospitalier universitaire de Poitiers - Direction de la communication et du mécénat 2 rue de la Milétrie - CS 90577 - 86021 Poitiers Cedex - Tél. 05 49 44 47 47 - Courriel : communication@chu-poitiers.fr Directeur de la publication Jean-Pierre Dewitte - Rédacteur en chef Stéphan Maret - Assistantes Aurore Ymonnet, Vanessa Guérin, Anne-Sybille Guérineaux. Ont collaboré à la rédaction Agence de presse AV Communication (Aurélia Descamps, Luc-Olivier Dufour, Mélanie Papillaud, Philippe Quintard) Photographies Thomas Jelinek, Philippe Rigoard, Groupe hospitalier Nord-Vienne, Laboratoire Dactim-MIS, TLR architectes Photogravure et impression Imprimerie Sipap-Oudin (Poitiers) - H8000001 Publicité Sipap-Oudin (Poitiers) Dépôt légal 2e trimestre 2019 - ISSN 1165-4333 - Tirage de ce numéro : 15 000 ex. 4 – CHU Magazine n° 78 - Juin 2019
Brèves Projet d’établissement, une projection sur les cinq prochaines années Le projet d’établissement définit les grands urgences et de la biologie médicale axes de développement stratégique d’un sera construite avec, notamment, hôpital. Le CHU de Poitiers a dévoilé le sien l’intégration d’une filière géria- pour la période 2019-2023. Lancé fin 2017, trique et un accueil commun aux le travail d’écriture du projet d’établissement deux services d’urgences, adultes 2019-2023 a réuni toutes les catégories pro- et pédiatriques. L’agrandissement fessionnelles du CHU : étudiants, soignants, du pôle de cancérologie est aussi au médecins, administratifs, techniciens, etc. programme, avec, entre autres, une Les grandes thématiques reposent sur un augmentation des lits d’hôpital de travail autour du patient comme partenaire, jour et d’oncologie médicale. sur le soutien aux équipes de recherche, Autre annonce, sous réserve de l’aboutis- professions paramédicales pourraient bien la sécurisation du parcours du médica- sement des négociations avec l’université prendre place dans un nouveau bâtiment, ment et le développement durable. Côté de Poitiers et la région Nouvelle-Aquitaine, à proximité de la faculté de médecine et architecture, une extension du bâtiment des les écoles et instituts de formation aux pharmacie. 16es assises hospitalo-universitaires : CHU et universités au rapport Le territoire. C’est une notion qui est revenue très souvent dans les échanges des 16es assises hospitalo-universitaires, les 13 et 14 décembre 2018 au palais des congrès du Futuroscope. L’événement s’est déroulé ici même, fief de Jean- Pierre Dewitte, alors président de la conférence des directeurs généraux des CHU de France, qui a passé le flambeau, à l’issue de son mandat de trois ans, à Catherine Geindre, directrice géné- rale des Hospices civils de Lyon. Pour en revenir au territoire, il s’agit d’un axe de travail fort auquel Robert Debré, le père des CHU, faisait déjà référence en 1973 : «L’hôpital, centre de la santé, doit en effet recevoir tous les habitants de la ville au cours de leur existence et à maintes reprises.» La prise en charge des Jean-Pierre Dewitte, alors président de la conférence des directeurs généraux des patients, l’accès aux soins, l’enseignement et CHU, a remis le rapport Le CHU de demain à, à sa droite, Frédérique Vidal, ministre de la recherche sont autant d’autres thématiques l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, et Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, entouré des présidents des autres conférences du secteur abordées dans le rapport, Le CHU de demain, hospitalo-universitaire. remis à Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, et à Frédérique Vidal, ministre de pharmacie et d’odontologie. «Nous avons entre l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de les mains un rapport qui traduit bien le foison- l’Innovation. Ces dernières étaient présentes à la nement des idées émises par les six conférences clôture des assises qui regroupaient, pour la toute hospitalo-universitaires. Les CHU sont, plus que première fois, les six conférences du monde hos- jamais, les garants de la connaissance en santé pitalo-universitaire : les directeurs généraux de et de la formation», a insisté Agnès Buzyn qui a CHU, les présidents des commissions médicales renouvelé son soutien aux établissements de santé d’établissement de CHU, les présidents d’uni- en assurant «qu’aucune suppression de CHU versité, les doyens des facultés de médecine, de n’est envisagée». CHU Magazine n° 78 - Juin 2019 – 5
Brèves 371 237 euros au total versés par le fonds Aliénor pour la recherche Le fonds Aliénor a annoncé en mars le temps le financement d’équipes de reverser 141 545 euros au CHU de recherche sur la DMLA, en cardiologie, Poitiers. Après son premier don en en cancérologie, en neurochirurgie, sur 2018, le fonds Aliénor aura versé au les infections, les greffes, la douleur et total 371 237 euros au CHU de Poi- le mal de dos, le sommeil, l’aromathé- tiers, dans le cadre de sa mission de rapie dans les soins. promotion, de soutien et de dévelop- La recherche médicale et l’innovation pement de la recherche médicale et de en santé représentent un axe prioritaire l’innovation en santé. Ce résultat est le de développement du CHU de Poitiers. Facebook Live : les médecins et les chirurgiens fruit de la mobilisation des donateurs, La sensibilisation du public et des du CHU se prêtent au jeu du direct mais aussi de leur fidélité depuis la entreprises du territoire à cet enjeu est Le centre hospitalier universitaire de Poitiers innove création du fonds en 2016. Force est de essentiel. Le fonds Aliénor contribue dans la technicité de ses pratiques… reconnaitre que le fonds Aliénor a non à cette promotion et adresse ses plus Mais aussi dans ses contenus médiatiques ! Après seulement réussi son ancrage sur son vifs remerciements à ses donateurs, cinq années de forum info-santé où les médecins territoire mais il a su aussi convaincre particuliers, associations et entreprises et chirurgiens du CHU répondaient aux questions de la nécessité d’accompagner dans qui lui ont apporté leur soutien. des internautes sur le site Internet, le concept a été exporté sur Facebook, en live. Le principe reste le même : un sujet médical, un ou deux intervenants face caméra qui répondent aux questions des La Nuit des chercheurs internautes, en direct. Le rendez-vous est pris chaque mois, à 17h30, dans les locaux de la direction de la communication et du mécénat du CHU de Poitiers. Retrouvez tous les live du CHU de Poitiers sur notre page Facebook et les prochains rendez-vous sur notre site Internet : www.chu-poitiers.fr. Recherche : renouvellement de la labellisation par l’Inserm du centre d’investigation clinique Alain Claeys, président du conseil de surveillance du CHU, est venu féliciter l’ensemble du personnel du centre d’investigation clinique (CIC 1402) de Poitiers pour le renouvellement de sa labellisation par l’Inserm en octobre 2018. La visite du centre a permis à l’équipe, chercheurs et personnel, de présenter leurs activités. Le coordonnateur du centre, le professeur René Robert, a ensuite exposé les axes La 2e édition de la Nuit des chercheurs, organisée par le fonds Aliénor et la direc- de recherches et les objectifs pour l’avenir du centre. tion de la recherche du CHU de Poitiers, s’est déroulée le mercredi 17 octobre Alain Claeys a conclu la rencontre en précisant que, 2018 sur le site de la Milétrie. Les chercheurs se sont réunis dans le hall d’accueil pour lui, «l’avenir du CHU est dans le travail réalisé Jean-Bernard pour présenter leurs recherches au public. Installés tout le long de par les équipes de recherche Inserm et dans ce qui l’allée centrale, près de 20 ateliers scientifiques étaient proposés aux visiteurs se fait au centre d’investigation clinique». Le nombre élevé de publications dans des revues importantes sur différentes thématiques : cancérologie, radiologie, pédiatrie, maladies rares, témoigne de la qualité des recherches qui y sont neurosciences, gériatrie, sport et santé, douleurs, transplantation, recherche menées. paramédicale, santé publique… Et ils étaient nombreux, les visiteurs. Usagers, étudiants, familles et professionnels ont déambulé de stand en stand en un flux régulier et constant. Notez sur vos tablettes la date de la prochaine édition : le mercredi 16 octobre 2019 ! 6 – CHU Magazine n° 78 - Juin 2019
Groupe hospitalier Nord-Vienne : Sophie Cluzel au chevet des patients en situation de handicap Le 30 novembre dernier, Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées, s’est rendue sur le site de Châtellerault du groupe hospitalier Nord- Vienne. L’objet de cette visite était l’hôpital de jour pour personnes handicapées, structure originale qui, depuis 2011, joue le rôle de porte d’entrée pour faciliter l’accès aux soins des personnes souffrant d’un handicap mental. Accompagnée du docteur Agnès Michon, responsable de l’unité, et du docteur Pierre Fronty, président de l’association de dentistes AOSIS, Sophie Cluzel a d’abord visité la structure de soins. Elle a ensuite rencontré des patients et leurs familles afin de recueillir leurs témoignages dans leur parcours de soins, avant de participer à une table ronde Recherche : quand Aliénor se met sur son 31 réunissant les professionnels du secteur du handicap. Les échanges ont notam- Ils étaient plus de 200 à s’être mis sur leur 31 pour la ment porté sur la nécessité de disposer d’un financement adapté pour ce type de soirée caritative du fonds Aliénor, le jeudi 31 janvier structure, la mise en œuvre de la technique de l’AGSI, l’anesthésie générale sans 2019 ! «Ils», ce sont les donateurs et mécènes, intubation, ainsi que sur les actions de prévention engagées. sans lesquels il serait difficile de rassembler des fonds pour la recherche en santé et en innovation. Sophie Cluzel, secrétaire «Ils», ce sont aussi les médecins, les soignants et d’Etat chargée des personnes handicapées, les chercheurs du CHU de Poitiers qui ont choisi et Jean-Pierre Abelin, de soutenir leurs confrères dans leurs projets de président du conseil de recherche en s’apprêtant pour l’évènement. «Ils», surveillance du groupe ce sont enfin les «talents» mis en lumière lors de hospitalier Nord-Vienne. cette soirée au format plutôt inédit dans un centre hospitalier universitaire. Car tel a été le leitmotiv d’Aliénor, ce soir-là : raconter les histoires de personnages talentueux du Poitou à l’instar d’un Jean Pidoux, le médecin d’Henri IV dont Frédérick Gersal a narré la fable. Le parrain du fonds Aliénor s’est ainsi illustré au micro de Vincent Hulin. Le dossier médical partagé (DMP) pour une plus Le journaliste, tel Monsieur Loyal, a orchestré la soirée aux côtés de Jean-Pierre Dewitte, président du grande proximité entre médecins et patients fonds Aliénor. Les mets et vins ont révélé par ailleurs les talents gastronomiques de la région. Choisis par le Fin 2018, la caisse primaire d’Assu- l’ouverture de son dossier médical par- traiteur Tardivon, les produits proposés aux convives rance maladie de la Vienne a présenté tagé à un professionnel de la santé ou ont rappelé qu’en Poitou, le respect du circuit court le dossier médical partagé. Le «DMP» à son pharmacien. Le CHU participe et de la qualité reste primordial. Entre toutes ces s’inscrit dans le cadre du plan du à l’enrichissement des informations personnalités, les chercheurs soutenus par le fonds gouvernement «Ma Santé 2022», en des dossiers médicaux partagés. «Le Aliénor ont présenté leurs projets. «Ce qui définit totale cohérence avec l’ambition d’un dossier médical partagé et les dossiers le CHU de Poitiers, c’est son U pour universitaire. virage numérique du système de santé numériques créés par le CHU de Poi- Sans argent, on ne cherche pas. Il est important de qui positionne le patient au cœur de tiers au sein du portail Hôpitaux86 soutenir la recherche pour les générations futures», l’organisation du système de soins. sont deux outils complémentaires. ont partagé Jean-Pierre Dewitte et le Pr Michel Brunet, paléontologue et découvreur de Toumaï. «Carnet de santé numérique», le dos- Ils couvrent les mêmes fonctions de sier médical partagé a pour objectif de collecte d’informations médicales. collecter toutes informations médicales Alors que pour le dossier médical Douleur et endométriose : d’une personne pour «permettre aux partagé, elles sont plutôt généralistes, une soirée pour comprendre patients et aux professionnels de santé au CHU de Poitiers ainsi qu’au groupe Le 5 mars 2019, le service de gynécologie du de disposer de la bonne information, hospitalier Nord-Vienne, elles sont CHU de Poitiers a organisé, en partenariat avec l’association EndoFrance, une conférence sur la au bon moment, pour mieux soigner», davantage au service des médecins thématique «Vivre avec une endométriose». Plus de a expliqué Maryline Lambert, direc- de ces établissements, ainsi qu’aux 130 personnes sont venues à cette soirée, animée par trice de la CPAM de la Vienne. La médecins généralistes, aux spécia- le Pr Xavier Fritel, coordonnateur de la réunion de création du dossier médical partagé est listes et aux patients mêmes des deux concertation pluridisciplinaire endométriose. simple. Il suffit de se rendre sur le site établissements», explique Alain Lamy, dmp.fr et en quelques clics, c’est fait directeur du système d’information du ! L’assuré peut également demander CHU de Poitiers. CHU Magazine n° 78 - Juin 2019 – 7
Brèves La Vie la Santé ouvre ses ateliers à tous les publics Le 26 novembre 2018, le centre hospita- – les personnes âgées : ateliers autour lier universitaire de Poitiers inaugurait de la prévention de la chute et de la Vie la Santé, sur le site de la Milétrie. l’équilibre sont organisés en groupe et Réservées jusqu’alors aux patients du ouverts à tous les patients de plus de CHU, les activités proposées par cette 60 ans. Les ateliers sont gratuits pour maison innovante s’ouvrent aujourd’hui tous les patients et leurs aidants sur à tous les publics sans distinction : prescription médicale, et accessibles usagers, étudiants, retraités personnel à tous à partir d’avril 2019 : formule de l’établissement, etc. abonnement un, trois ou cinq ateliers. La Vie la Santé est, dans le fond, comme Le principe de cette maison est de faire dans la forme, unique en France. C’est expérimenter et appréhender au public, un espace de 700 m², configuré comme sous formes d’ateliers, de groupes de une maison d’habitation. Elle est com- paroles, de rencontres… les consé- posée d’une cuisine pour les ateliers sur la – les femmes enceintes : choix de consom- quences de leur maladie dans un espace nutrition, d’une chambre pour les ateliers mation dans l’achat des produits corporels proche de leur environnement. sur le sommeil ou encore d’un salon pour les moins nocifs pour la mère et le futur Les ateliers sont gratuits pour les patients des ateliers de groupes. La Vie la Santé est bébé, et sur la sensibilisation à la qualité et leurs aidants sur prescription médicale, dédiée à la santé et ce, avec une approche de l’air intérieur par l’achat de mobilier et accessibles à tous depuis avril 2019 originale : agir sur les causes et non plus sur non toxique ; avec une formule d’abonnement compre- leurs effets. Il s’agit de prévenir l’apparition – les enfants, les adolescents : ateliers «es- nant un, trois ou cinq ateliers. des maladies lorsqu’elles sont évitables et time de soi» qui permettront, quelle que soit Pour tous renseignements, contacter donner à ceux qui sont atteints de maladies la maladie, de leur donner la volonté, malgré la Vie la santé au 05 49 44 48 18 ou par chroniques et à leurs proches les clés pour le regard de l’autre, de gérer leurs émotions courriel à vielasante@chu-poitiers.fr mieux vivre leur quotidien. pour faire en sorte de mieux se soigner ; Cette maison se veut la plus ouverte pos- – les adultes : ateliers alimentation et acti- sible, tous les publics sont visés : vités physiques ; Le Pr Virginie Migeot, cheffe de service santé publique Le Pr Virginie Migeot a consacré sa carrière à la santé publique. monde est en civil : infirmiers, médecins, Après avoir effectué son internat à Toulouse, elle réalise un master 2 secrétaires. Nous avons voulu un endroit «Epidémiologie et intervention en santé publique» à Bordeaux. rassurant, apaisant, loin de l’agitation de Virginie Migeot intègre ensuite le CHU de Poitiers en 2001. Elle Jean-Bernard, tout en restant sur le site devient professeure des universités en 2014. Elle est actuellement de la Milétrie. La maison est à la fois en chef du service santé publique du CHU de Poitiers et responsable lien avec l’hôpital et avec la ville. de l’enseignement santé publique à la faculté de médecine et de La maison s’adresse à quels types de pharmacie de Poitiers. Elle a porté le projet de création de la maison publics ? de santé publique, la Vie la Santé, inaugurée le 26 novembre 2018 A tout le monde ! Mais, dans un premier temps, elle a été ouverte sur le site de la Milétrie. aux patients et usagers du CHU. Aujourd’hui, l’ensemble des ate- liers sont proposés à tout le monde. L’idée est d’orienter les patients Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est la Vie la Santé ? atteints de maladies chroniques vers la Vie la Santé afin de leur Il s’agit d’un projet unique en France et porté par le centre hospi- proposer un parcours d’éducation thérapeutique, en complément talier universitaire de Poitiers. L’ancien pavillon administratif a de leur traitement. Concrètement, une personne suivie en endocri- été réhabilité en une maison dotée de onze pièces de vie et répar- nologie pour son diabète se voit proposer selon ses besoins et ses ties sur 700 m². Nous y trouvons donc un salon, une cuisine, des souhaits un programme d’ateliers par l’équipe de la Vie la Santé. chambres, une salle de bains, un bureau… Comme si c’était chez Nous lui proposons des ateliers de cuisine, des conférences sur vous ! A deux ou trois choses près : la Vie la Santé abrite aussi une l’alimentation, des séances d’initiation au sport adapté avec notre salle d’activité physique adaptée et un atelier numérique que l’on coach et beaucoup d’autres choses. Toutes les thématiques de santé nomme «Living Lab». Très simplement, cet atelier met en relation publique sont abordées par nos professionnels : sommeil, sport, vie les utilisateurs d’objets connectés médicaux et les industriels qui les sociale, alimentation, grossesse, etc. Donc, tous les publics sont fabriquent pour en améliorer la qualité et la technicité. Tout autour potentiellement intéressés par ces sujets. Par exemple, vous n’avez de cette maison, nous avons aussi des jardins avec un potager. Dans pas besoin d’être malade pour vous inscrire à un atelier sur les cette maison, nous interdisons les blouses blanches, donc tout le perturbateurs endocriniens. 8 – CHU Magazine n° 78 - Juin 2019
Recherche Dynamiser la publication scientifique au CHU de Poitiers La recherche, l’enseignement et les soins sont les trois missions fondamentales d’un CHU. A Poitiers, la recherche développée au sein de structures de référence, telles que le centre d’investigation clinique CIC Inserm/CHU, trois unités Inserm/Université, l’équipe CNRS/ Université mais aussi au sein des services cliniques, aboutit à des publications qui sont un enjeu scientifique, financier et stratégique. Différents outils et actions ont été mis en place au sein de la direction de la recherche et de l’innovation du CHU de Poitiers pour encourager et dynamiser les publications en recherche médicale. Sa mission est d’établir une cartographie des pu- bliants, d’identifier puis d’apporter un soutien aux médecins chercheurs par un accompagnement à la gestation des études cliniques permettant l’émergence de projets à potentiel de publication. Pour résumer le contexte, il faut rappeler que le financement de la recherche est assuré par L’entrepôt des données de santé Les données de santé – big data – sont, en France, en croissance exponentielle grâce aux innovations technologiques de ces dernières années. L’exploitation de ces données présente de nombreux intérêts : identification de facteurs de risque des maladies, aide au diagnostic, au Agnieszka Boutet, chef suivi de l’efficacité des traitements, et à l’éva- C de projet clinique et luation de l’innovation technologique. gestionnaire SIGAPS, omment publier plus et mieux au CHU En organisant des entrepôts de données Pascal Blouin, ingénieur de Poitiers ? Le professeur Jean-Bap- complexes, les CHU deviennent des sources informatique, Farid Guetarni, responsable de tiste Ricco, qui a rejoint l’unité de d’informations et peuvent générer des publi- l’unité bibliométrie, et le Pr bibliométrie, de pilotage et de moder- cations scientifiques sur un grand nombre Jean-Baptiste Ricco. nisation du système d’information, souligne que de patients. Dans le cadre du groupe HUGO «la publication scientifique est une activité qui (hôpitaux universitaires du Grand Ouest), une structuration des données cliniques des centres nécessite du temps qu’il est difficile de dégager hospitaliers est en œuvre. L’objectif est de créer compte tenu de l’importance des soins dans un entrepôt interrégional des données de santé. la pratique quotidienne des enseignants-cher- Le CHU de Poitiers a développé les infrastruc- cheurs du CHU de Poitiers». Cet ancien chef tures techniques nécessaires : un entrepôt des du service de chirurgie vasculaire, membre de données cliniques a été créé. Son utilisation l’Académie nationale de médecine et auteur de va nécessiter l’appui d’un data-analyste et la plus de 200 publications internationales, a une participation active des praticiens intéressés expertise reconnue en matière de publication pour définir les sujets de recherche et analyser scientifique. Son rôle au sein de l’unité de biblio- ces données complexes dans le respect des lois métrie est d’aider les praticiens désirant publier. européennes de protection des données. 10 – CHU Magazine n° 78 - Juin 2019
les dotations ministérielles MERRI (missions Focus sur les indicateurs d’évaluation d’enseignement, de recherche, de recours et d’in- de la recherche clinique novation). Le système d’information recherche Le facteur d’impact (FI) est un indicateur permettant d’avoir une vision (SIR) héberge les logiciels permettant de son de la notoriété d’une revue. Il est la représentation du nombre moyen de côté de recueillir les indicateurs d’activité de citations des articles de la revue rapporté au nombre d’articles publiés recherche au niveau national. L’un d’entre eux, par cette même revue. le système d’interrogation, de gestion et d’ana- Le facteur d’impact pour l’année N se calcule donc de la manière suivante : lyse des publications scientifiques (SIGAPS) a pour objectif de recenser et d’analyser toutes les FI (N) = Nbre de citations des articles de la revue publiés en N-1 et N-2 Nombre d’articles de la revue publiés en N-1 et N-2 publications scientifiques en les classant selon le facteur d’impact qui mesure la qualité de la revue Les variations du FI (min et max) étant très dépendantes des disciplines scientifique dans laquelle l’article est publié et concernées, celui-ci ne permet pas une comparaison homogène entre les qui génère un score. Farid Guetarni, responsable secteurs. Aussi, le score SIGAPS a été créé pour permettre une correction de l’unité de bibliométrie, précise : «Le score statistique du FI. SIGAPS est devenu un enjeu majeur de valo- L’impact factor est alors classé en six catégories notées de A (excellent) risation des publications pour le financement à NC (non classé). des CHU. Il est aussi un outil économétrique et Le score est donc égal à la valeur de la catégorie de la publication multiplié un outil de pilotage, utilisé comme indicateur par le coefficient de position de l’auteur dans la publication. de référence par les CNU* pour la promotion La publication est donc, bien souvent, la présentation des résultats d’un essai clinique. Elle demande beaucoup de travail et de temps mais per- des enseignants-chercheurs.» Dans le dernier met d’exposer les connaissances médicales à travers la communauté classement SIGAPS, le CHU est en 27e posi- scientifique. tion, un rang à évaluer en fonction du nombre Le logiciel SIGREC (système d’information et de gestion de la recherche d’enseignants chercheurs travaillant au sein de et des essais cliniques) est un outil qui permet d’évaluer l’activité de la l’établissement. recherche clinique de l’ensemble des établissements français. En 2018, le CHU de Poitiers s’est vu allouer Le logiciel SIGREC produit trois indicateurs : 20 M€ de financement d’Etat pour la recherche, – Le score «essai» qui dépend du type de l’étude (promoteur monocen- dont 9 M€ pour les publications. trique, promoteur multicentrique ou investigateur) – Le score «inclusions promoteur» qui correspond au nombre total d’inclu- Une première étape : le remboursement sions pour les études promues par le CHU de Poitiers – Le score «inclusions investigateur» qui correspond au nombre total des frais de publications d’inclusions pour les études dont le CHU de Poitiers est investigateur. Au CHU de Poitiers, les analyses SIGAPS ont montré qu’il était indispensable de soutenir l’effort de publication des cliniciens, ayant par la recherche. Le but étant de fournir une aide ailleurs une activité de soins essentielle et chro- pour l’analyse des données, la présentation des nophage. résultats et la rédaction des articles. Ce soutien La direction générale de l’établissement a orga- passe aussi par la mise à disposition, en amont, de nisé, dans un premier temps, le remboursement techniciens et d’attachés de recherche clinique. des frais de publications. «C’est une première «Nous espérons ainsi intéresser plusieurs étape. Beaucoup d’articles ont transité vers praticiens ayant un projet de publication dont nous, ce qui nous a permis d’avoir une vision l’importance scientifique est évidente et la fai- des publications produites dans les différents sabilité crédible», précise le professeur Ricco. n pôles et dans les services», souligne le Pr Ricco. Parallèlement, un système d’information a été * CNU : le Conseil national des universités se prononce sur les mesures individuelles relatives à la qualification, au recrutement mis en place permettant aux praticiens de faire et à la carrière des professeurs des universités et des maîtres de les demandes en ligne et à la direction de les conférences. traiter en 48 heures. Il reste à structurer l’aide scientifique et à développer une «plateforme de soutien» pour la rédaction médicale au sein de la direction de CHU Magazine n° 78 - Juin 2019 – 11
Chirurgie Neurochirurgie, orthopédie et rééducation au service des patients vulnérables 2013, avec le Pr. Pierre Pries, chirurgien ortho- pédiste, l’unité rachis-neurostimulation-handi- cap du centre hospitalier universitaire (CHU) de Poitiers, qui dispose d’une vingtaine de lits. Elle accueille, à distance du problème initial, les adultes victimes d’une lésion du système nerveux central faisant suite à un accident vasculaire céré- bral (AVC), une tumeur, un traumatisme sévère (crânien ou du rachis) ou encore les personnes atteintes d’une maladie neurologique (polio, sclérose en plaques). Avec pour répercussion un handicap lourd, notamment moteur : hémiplé- gie, paraplégie... Les lésions peuvent également causer de la spasticité : les réflexes s’emballent, donnant lieu à des spasmes. Les muscles, à force de se contracter, finissent par se rétracter, jusqu’à causer des déformations et accroître les déficiences : impossibilité de marcher, de s’assoir, Depuis les années 2000, le centre hospitalier universitaire d’agripper quelque chose... (CHU) de Poitiers développe son activité de chirurgie du handicap pour les patients présentant de lourds déficits Consultations surspécialisées moteurs. Il organise une collaboration pluridisciplinaire sur En première intention, après une évaluation soi- l’ensemble du territoire de Poitou-Charentes. gneuse par un médecin rééducateur, le traitement consiste en des injections régulières de toxine botulinique afin de relâcher les muscles ; on R Pr Philippe Rigoard, efaire parler un patient muré dans son lutte ainsi contre la spasticité, tout en corrigeant neurochirurgien silence. C’est l’un des petits miracles en partie la déformation. «Cette méthode aide collatéraux de la chirurgie du han- de nombreuses personnes et a le mérite d’être dicap. «Il s’agit parfois de gestes non invasive, note le neurochirurgien. Elle est simples ! La main de cet homme, hémiplégique, parfois insuffisante face à des déformations s’était complètement rétractée. Ses ongles importantes : c’est le moment d’envisager des s’enfonçaient dans sa peau ; il était prostré par gestes chirurgicaux.» Médecins traitants et la douleur. Quand on lui a ouvert la main, il spécialistes peuvent alors adresser leur patient s’est remis à parler.» se souvient le Pr Philippe aux consultations surspécialisées que le CHU Rigoard, neurochirurgien. Il coordonne depuis de Poitiers organise sur l’ensemble du territoire de Poitou-Charentes, en lien avec les centres de rééducation et de réadaptation fonctionnelle, Le Demain, se déplacer au chevet du patient Grand Feu à Niort et le Centre Richelieu à La L’équipe médico-chirurgicale «handicap» projette de créer des consul- Rochelle, à raison d’une journée par mois sur tations de télémédecine multidisciplinaires pour les patients les plus chacun des trois sites. Il s’agit de consultations fragiles ne pouvant pas se déplacer. A terme, l’idée pourrait même être de développer une équipe mobile, en lien étroit avec les gériatres, pour pluridisciplinaires qui regroupent neurochi- se rendre dans les établissements médico-sociaux. rurgiens et orthopédistes, gériatres, kinésithé- 12 – CHU Magazine n° 78 - Juin 2019
rapeutes, anesthésistes et experts en médecine «Une approche très personnalisée» physique et de réadaptation. Cette spécialité est Dr Philippe Denormandie chirurgien orthopédiste spécialiste du handi- même conviée au bloc opératoire, où la coopé- cap à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine) ration se poursuit : «Croiser les regards permet «Au sein de l’unité rachis-neurostimulation-handicap de Poitiers, j’ai surtout d’aller plus loin. Nous disposons ainsi d’un une mission d’accompagnement et de transmission, en vertu de mes qua- arsenal thérapeutique complet», explique le Dr rante ans d’expérience en neuro-orthopédie. C’est une discipline nouvelle, Romain David, futur chef de clinique en méde- qui implique d’associer notamment la neurochirurgie, l’orthopédie et la médecine physique et de rééducation. On réfléchit aussi, et surtout, avec cine physique et de réadaptation au CHU. le patient et ses aidants, à travers une approche personnalisée. Chaque fois, un contrat est signé, avec des objectifs précis d’ordre fonctionnel, Recherches en neurostimulation hygiénique ou encore esthétique. La prouesse n’est pas technique, mais Si la spasticité est très «diffuse», il est possible consiste à poser, collectivement, la bonne indication, en fonction de ce que d’implanter une pompe électronique sous-cuta- veut le patient. Ne pas le “saucissonner” en fonction de nos spécialités, née diffusant des produits antispastiques au plus mais aller ensemble vers lui.» près du système nerveux. «Si la spasticité ne concerne qu’un membre, une main ou un pied, une stratégie plus sophistiquée mérite d’être la démarche est accompagnée d’une réflexion discutée, expose le Pr Philippe Rigoard. Il n’est éthique. Par ailleurs, l’intérêt médico-écono- cependant pas question de proposer des inter- mique de ces nouvelles technologies est encore ventions irréversibles chez un patient fragile, à démontrer. L’équipe poitevine participe donc, sans garantie de résultat. C’est tout l’enjeu de avec les centres de rééducation et de réadaptation cette consultation.» On peut combiner un geste fonctionnelle de Niort et de La Rochelle, au test sur les nerfs (neurotomie) avec un allongement d’une nouvelle orthèse électronique permettant tendineux ou encore une ténotomie percutanée à de déclencher la contraction des muscles relevant l’aiguille. Il s’agit d’une technique micro-invasive le pied en cas d’hémiplégie. «Nous cherchons à mise au point par le Dr Philippe Denormandie, savoir à quel point la marche s’en trouve facili- Technique inventée par chirurgien orthopédiste spécialiste du handicap à le Dr Denormandie de tée. C’est pourquoi nous équipons ces patients l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts- Garches qui prête main de semelles connectées munies de capteurs de-Seine), qui fait aujourd’hui partie intégrante forte tous les mois aux équipes de Poitiers, la permettant de mesurer la pression du pied sur de l’unité rachis-neurostimulation-handicap ténotomie percutanée à différents points», détaille le neurochirurgien. Le (lire encadré). En cas de déformation osseuse, à l’aiguille se fait à travers CHU a aussi participé au design des prochaines électrodes multicolonnes de stimulation médul- la peau en maîtrisant l’extrême, l’ostéotomie peut être efficace, mais parfaitement l’anatomie c’est une opération lourde. des muscles en 3D. Idéale laire, récemment mises au point par l’Ecole La restauration d’une fonction motrice peut pour les personnes fragiles, polytechnique fédérale de Lausanne. Poitiers fera elle n’implique aucun aussi s’envisager par neurostimulation. «C’est pansement ni aucun soin et partie des quelques centres mondiaux les utilisant l’avenir de la chirurgie du handicap, prédit le la marche est immédiate. pour la première fois, après Lausanne. Elles ont Pr. Philippe Rigoard. Nous déjà permis, avec des mois pouvons d’ores et déjà instal- d’entraînement, à une poignée ler des attelles électroniques de patients paraplégiques de d’aide à la motricité : elles remarcher, y compris après transmettent des informations l’arrêt de la stimulation. «Les au muscle grâce à des élec- lésions du système nerveux trodes posées sur les nerfs et sont irréversibles mais, si des capteurs sur la peau ou on le stimule alors qu’il est interagissant avec des objets abîmé, il est capable de créer connectés.» de nouvelles connexions pour Reste qu’implanter durable- restaurer une partie de la ment un dispositif électro- fonction perdue», décrypte le nique dans le corps humain Pr Philippe Rigoard. D’autres n’est pas anodin : au CHU, miracles en perspective. n CHU Magazine n° 78 - Juin 2019 – 13
Cancerologie Pipac, une technique innovante pour la carcinose péritonéale Au CHU de Poitiers, le service de chirurgie viscérale propose un nouveau mode d’administration de chimiothérapie aux personnes atteintes de tumeurs cancéreuses du péritoine à un stade avancé : la chimiothérapie intrapéritonéale pressurisée par aérosol (Pipac). Une technique récente qui stabilise la maladie et améliore la qualité de vie des patients. Solass et al. ; Ann Surg Oncol. 2014 Feb ; 21(2):553-9. doi : 10.1245/s10434-013-3213-1. Epub 2013 Sep 5. L a carcinose péritonéale, mode particu- chirurgie viscérale, onze patients ont bénéficié de lier de dissémination métastatique d’un cette procédure, proposée en traitement palliatif cancer colo-rectal, gastrique ou ovarien, depuis près de deux ans. est un défi thérapeutique. Le CHU de Poitiers est actuellement le seul établissement Un taux de réponse de 80% en Nouvelle-Aquitaine à proposer un nouveau La Pipac ne fait pas concurrence au traitement mode d’administration de chimiothérapie : la de référence de la carcinose péritonéale qui est Pipac, une technique innovante dans le traite- la chirurgie de cytoréduction associée à une ment des carcinoses péritonéales. La Pipac – ou chimiothérapie hyperthermique intrapéritonéale chimiothérapie intrapéritonéale pressurisée par (CHIP). Pour mémoire, dans le cadre d’une aérosol – diffuse la chimiothérapie dans l’abdo- CHIP, après résection complète des nodules men du patient, combinant l’action locale des cancéreux visibles à l’œil nu, les médicaments agents de la chimiothérapie, leur bonne diffusion de chimiothérapie sont introduits dans la cavité grâce à l’aérosol et une pénétration optimale péritonéale en fin de procédure. «Développée de- avec la pression sous cœlioscopie. Au service de puis de nombreuses années, c’est une technique 14 – CHU Magazine n° 78 - Juin 2019
certes curative mais c’est une technique lourde Chimiothérapie intra- qu’il n’est donc pas possible de proposer à tous péritonéale pressurisée par aérosol. les patients», rappelle le Dr Thomas Courvoisier, Dans un premier temps, chirurgien viscéral au CHU de Poitiers. on réalise une cœlioscopie Reprenant le principe de la CHIP, la Pipac a exploratrice a une pression de 12 mmHg été inventée par le Pr Marc-André Reymond en normothermique. La 2011 et s’est ensuite développée dans le monde chimiothérapie (environ 10% de la dose systémique entier. «Au niveau international, la technique a habituelle) est nébulisée montré son efficacité sur l’évolution des nodules à l’aide d’une buse dans cancéreux, avec un taux de réponse de 60 à la cavité péritonéale et un temps de repos de 80%. Nous n’avons pas encore le recul suffisant 30 minutes est observé. pour établir l’efficacité en termes de pronostic. L’aérosol est ensuite aspiré Néanmoins, la Pipac est un procédé qui permet vers un filtre dédié. (Hubner et al. ; Eur de stabiliser la maladie et d’améliorer la qualité A noter que, dans certains cas, la Pipac ne peut J Surg Oncol. 2017 de vie des patients pour lesquels la résection être pratiquée en raison d’adhérences séquellaires Jun;43(6):1102- 1109. doi: 10.1016/j. complète des nodules n’est pas possible», expose d’une précédente chirurgie ou dues à l’évolution ejso.2017.03.019. Epub le Dr Courvoisier. de la maladie. 2017 Apr 8) Moins d’effets secondaires Un panel de traitements Toute procédure démarre par une cœlioscopie A l’issue de la série de trois Pipac, le cas du exploratrice. «Elle permet d’établir un score PCI patient est réévalué en réunion de concertation – péritoneal cancer index – évaluant la quantité, pluridisciplinaire. «Il y a peu, la carcinose la taille et la répartition des nodules cancéreux péritonéale était une impasse thérapeutique. dans l’abdomen. Des biopsies des lésions tumo- Aujourd’hui, aucun stade de la maladie ne jus- rales sont effectuées avant l’intervention, afin tifie de baisser les bras. Au CHU de Poitiers, d’avoir une histologie initiale, et après chaque nous connaissons et proposons tout le panel séance de Pipac.» des traitements de la carcinose, qu’elle soit La Pipac est obligatoirement appliquée par voie resécable ou non : chimiothérapie, CHIP ou laparoscopique sous cœliscopie. L’intervention se Pipac», appuie le Dr Courvoisier. déroule sous anesthésie générale. Deux trocarts A savoir : le CHU participera à un programme sont insérés dans l’abdomen à travers deux petites hospitalier de recherche clinique (PHRC) sur incisions, puis de l’air y est introduit afin de créer l’utilisation de la Pipac dans la carcinose pan- un espace de travail. Une buse de nébulisation créatique (au niveau national) et dans la carcinose reliée à un injecteur haute pression diffuse la biliaire (au niveau régional). «La Pipac pourrait, chimiothérapie dans tout l’abdomen, puis le à terme, être utilisée à des fins curatives. Le produit est laissé pendant une demi-heure dans CHU de Poitiers participe ainsi à un protocole le corps du patient avant d’être aspiré. L’inter- d’étude nationale visant à emmener les patients « vention prend fin avec l’évacuation de l’aérosol atteints de carcinose d’origine gastrique vers et la fermeture des orifices. La procédure dure une chirurgie curative grâce à la Pipac.» n moins de 90 minutes au total. «Nous proposons » la Pipac par série de trois, entre deux séances de chimiothérapie systémique», explique le Dr Courvoisier. Au CHU de Poitiers, nous connaissons Après l’intervention, les patients peuvent souffrir, et proposons tout le panel des traitements pendant quelques jours, de troubles du transit, de de la carcinose nausées et vomissements. Les effets secondaires sont moins importants que pour l’administration d’une chimiothérapie en intraveineuse et les com- plications moindres que pour une CHIP. CHU Magazine n° 78 - Juin 2019 – 15
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