MANUEL D'AUTO-DÉFENSE - POUR LES PAYSANNES ET PAYSANS À PARFUM, AROMATIQUES
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MANUEL D’AUTO-DÉFENSE POUR LES PAYSANNES ET PAYSANS EN PLANTES À PARFUM, AROMATIQUES ET MÉDICINALES Confédération paysanne
PRÉAMBULE En France, 38 000 hectares sont cultivés en plantes à parfums, aromatiques et médicinales (PPAM), sur environ 4800 fermes. C’est une production qui suit une évolution positive en nombre de fermes et en surface, avec des paysan·ne·s souvent plus jeunes que la moyenne. Concentrées dans des zones relativement Face à ces constats, la Confédération pay- spécialisées (sud-est pour les plantes à par- sanne a abouti à la volonté de produire un fums, nord-est et Pays de la Loire pour les document issu de l’expérience de produc- plantes aromatiques et médicinales), il s’agit teur·rice·s de PPAM. Beaucoup d’entre nous pour autant de fermes souvent très diver- se sont heurtés, dans nos parcours à l’ins- sifiées. Ainsi, en 2010, plus de trois quarts tallation, ou plus tard une fois installé·e·s, des fermes déclarant produire des PPAM ne à la multiplicité et la complexité de la régle- le font pas dans le cadre de leur production mentation. C’est notre recherche perpétuelle principale. Plus de 50 % des exploitations d’éléments d’informations juridiques pour le ont moins de 5 ha en PPAM. Il ne faut pas quotidien de notre pratique de production oublier, dans le domaine des PPAM, tout et de commercialisation, en vente directe, ce qui relève de l’activité de cueillette. De circuit court ou circuit long, qui nous a nombreux·euses cueilleur·euse·s vivent de permis d’acquérir une connaissance du su- cette activité par la vente directe et/ou la jet et amené à réfléchir collectivement aux transformation de leur cueillette, ou la re- conséquences pour notre travail et nos sa- vente à d’autres professionnels. La richesse voir-faire. et la diversité des productions et des usages possibles font de cette activité un domaine aux frontières de beaucoup d’autres : soins aux humains, soins aux animaux, soins aux plantes, produits cosmétiques, etc. La multiplicité de ces productions, de leurs usages et leur caractère souvent traditionnel placent les producteurs·rice·s au cœur d’at- tentes citoyennes et de promesses d’alter- natives à des pratiques aujourd’hui souvent décriées. Confédération paysanne 3
Camomille matricaire Il nous est ainsi apparu, dans notre réflexion LA MULTIPLICITÉ collective, que respecter la réglementation DES RÉGLEMENTATIONS pour les paysan·ne·s en PPAM était très Il existe des réglementations pour les usages compliqué pour trois grandes raisons : alimentaires ; une réglementation relative UN PROBLÈME D’INFORMATION aux compléments alimentaires ; une autre L’information réglementaire est trop pour les produits cosmétiques ; ou encore compliquée d’accès et difficile à comprendre pour le soin aux animaux ou aux plantes. Or, pour les non juristes. pour nous, paysan·ne·s ce sont les mêmes produits ou très similaires que nous fabri- L’information qui circule n’est pas fiable, quons pour tous ces usages. on a du mal à trouver la bonne information. Le caractère multi-usage des produits Il faudrait se former, ce qui prend du n’est pas reconnu, cette non reconnaissance temps et coûte cher. constitue un décalage majeur avec la réalité Même si on l’a comprise, la réglementa- de ce que nous fabriquons. tion est trop complexe à mettre en place, surtout pour certaines catégories de produits. L’INADAPTATION DE LA RÉGLEMENTATION À NOS PRODUCTIONS Ce guide permet donc de La réglementation est trop contraignante rassembler dans un document et dans certains cas, inutile. Elle n’est pas l’essentiel de la réglementation adaptée aux productions paysannes et tra- et d’identifier au mieux les textes ditionnelles et restreint notre activité sans juridiques de référence. réel bénéfice en matière de prévention des risques pour le consommateur. Ce problème d’information, s’il est Des plantes médicinales à usage tradi- important, n’a aucun effet sur la tionnel connu sont interdites à la commer- deuxième raison évoquée ci-après, cialisation. Elles devraient être autorisées à beaucoup plus problématique pour la vente pour les non pharmacien·ne·s. nos productions en agriculture paysanne. 4 Confédération paysanne
Il est interdit de préciser les propriétés Ce guide, en analysant les médicinales de nos produits naturels. Les éléments réglementaires inadaptés usages traditionnels devraient pouvoir être à nos productions, vise aussi à mentionnés, au nom de la transmission et transmettre des pistes et outils afin de la diffusion de savoirs populaires qui doivent être accessibles à tou·te·s. d’envisager les actions collectives et syndicales pour faire face à la La mise aux normes pour certains pro- réglementation. duits est trop coûteuse pour les paysan·ne·s. Menthe ATTENTION ! Si ce guide est le résultat de l’analyse col- haustive de la réglementation et il ne lective de plusieurs personnes qui ont été peut pas être opposable à l’administra- confrontées à la réglementation sur leurs tion. En cas d’incertitude, n’hésitez pas fermes, en rencontres syndicales, en réu- à nous contacter, nous pourrons vous nions institutionnelles ou lors d’échanges accompagner, ou vous mettre en contact informels, nous rappelons qu’il vise à avec les bonnes personnes. Par ailleurs, apporter une information technique et édité début 2019, ce document ne tient syndicale aux lecteurs et lectrices sur les pas compte d’éventuelles évolutions juri- aspects réglementaires et à les guider diques qui pourraient avoir lieu après sa dans leur parcours d’installation et tout publication. (Nous insérerons au mieux au long de leur pratique. Mais il n’a pas les évolutions dans une éventuelle réé- la prétention d’apporter une vision ex- dition). Confédération paysanne 5
Notre engagement collectif vise à construire et produire les outils, revendications, mo- bilisations qui nous permettront à tou·te·s de gagner les avancées nécessaires à notre pratique de l’agriculture paysanne et à la protection et diffusion de nos savoir-faire. Ce guide en est un exemple. Il est le résul- tat du travail collectif de réflexion mené au sein de la Confédération paysanne par des paysan·ne·s ou porteur·euse·s de projet en PPAM. Il cherche à exposer la réglementa- tion en vigueur pour les produits alimen- taires, les compléments alimentaires, les cosmétiques et dans une moindre mesure les préparations à base de plantes utilisées dans les soins aux plantes et aux animaux. Ce guide vise à offrir une façon de naviguer au milieu de ces textes, règlements, lois et, autant que possible, de retrouver un confort face à cette complexité, sans être rongé par la perspective des sanctions. Ce guide vise aussi à présenter l’absurdité de la situation à laquelle nous sommes confrontés afin d’avancer dans notre combat. Il se veut, donc, une sorte de manuel d’autodéfense face aux multiples réglementations qui nous concernent. Nous espérons que ce docu- ment vous donnera la possibilité d’imaginer les perspectives individuelles et collectives pour faire face à l’absurdité de cette régle- mentation, inadaptée à nos productions et à nos fermes. 6
SOMMAIRE PRÉAMBULE 3 LES PRODUITS PAR CATÉGORIES RÉGLEMENTAIRES 15 Les produits alimentaires 18 Les compléments alimentaires 26 Les produits cosmétiques 32 FOCUS >> Les plantes pour le soin aux plantes 38 >> Les plantes en élevage 39 LES ALLÉGATIONS : UN FLOU IMPORTANT 41 FAIRE FACE À LA RÉGLEMENTATION 47 Témoignages 52 PROPOSITIONS DE LA CONFÉDÉRATION PAYSANNE 59 Confédération paysanne 9
UNE LOGIQUE RÉGLEMENTAIRE COMPLEXE POURQUOI UNE TELLE COMPLEXITÉ ? Comme pour beaucoup de produits et situa- Dans ce cas, tout ce qui ne figure pas sur la tions, il n’y a pas de législation unique pour liste négative est présumé permis, sauf in- les produits de la filière PPAM. Ceux-ci se terdiction figurant dans un autre texte. retrouvent à cheval sur plusieurs réglemen- Chaque produit peut donc entrer dans diffé- tations, elles-mêmes dépendantes d’autori- rentes catégories réglementaires : une eau tés administratives différentes : agriculture, florale peut-être alimentaire et cosmétique, santé, commerce, au niveau national ou et selon la catégorie ce ne sont pas néces- européen. Les différentes législations com- sairement les mêmes plantes autorisées. Il mencent en général par définir le périmètre en va de même selon le mode de commer- de leur application, c’est-à-dire, dans le cas cialisation. présent, les plantes, parties de plantes ou produits à partir de plantes concernés par En vente directe pour être dans les clous le texte. Les plantes sont parfois nommées de la réglementation, il faut donc choisir directement par leur nom, ou bien les textes l’usage du produit. Cela déterminera la ca- énumèrent de grandes catégories. Les textes tégorie réglementaire à laquelle il faudra se peuvent s’appuyer sur deux types de listes. référer. Soit des listes dites positives, qui sont des Lorsque la vente se fait en gros, en circuit listes exhaustives énumérant tout ce qui est long, c’est plutôt l’entreprise qui achète les permis. En conséquence, tout ce qui n’est plantes ou les produits qui définira la caté- pas dans une liste positive est considéré gorie. comme interdit. Soit des listes dites néga- tives, qui énumèrent tout ce qui est interdit. 10 Confédération paysanne
LE POINT DE VUE DE LA CONF’ SUR LES NORMES ET LA RÉGLEMENTATION Pour la Confédération paysanne, les agricole, administration) et ne sont pas normes sont un droit de regard de la co-construites. Les paysan·ne·s perdent collectivité sur des pratiques. A ce titre, alors une partie de leur autonomie. Cette elles doivent être le fruit d’une construc- perte d’autonomie crée de la souffrance tion collective. Dans l’élaboration actuelle au travail, de l’aliénation et de la perte de des normes, cette dimension collective sens qui peuvent conduire à l’arrêt de l’ac- est malheureusement un leurre gros- tivité, à des situations de détresse sociale sier. Pour qu’il y ait réellement un accord et psychologique. Cette sur-abondance de collectif, il faut un consensus. Or, nous normes peut également amener à renon- vivons aujourd’hui dans des sociétés cer à un projet d’installation ou de diver- largement conflictuelles, où les groupes sification. En conséquence, la norme peut économiques et sociaux ont des intérêts être perçue comme un outil disciplinaire. antagonistes et des poids politiques iné- Ceux qui résistent sont alors confrontés à gaux. Dans ce contexte, les normes d’au- des formes de pression très fortes via les jourd’hui sont le produit d’un rapport de contrôles. C’est donc bien la finalité des force inégal et agissent comme des outils normes actuelles qui pose problème et de normalisation selon les critères du mo- non les normes elles-même. Pour la Conf’, dèle dominant, c’est à dire le marché et la finalité des normes doit être de proté- l’industrie. De nombreuses normes sont ger les êtres humains et l’environnement. désormais au service d’intérêts particu- Pour en arriver là, il faut donc inverser le liers, industriels et marchands. Le surdé- rapport de force. Ce qui pose la question veloppement normatif participe d’un des- de la place de l’État : les pouvoirs publics saisissement chez les paysan·nes de leurs garants de l’intérêt général devraient savoir-faire qui sont progressivement rem- créer des conditions favorables à l’agri- placés par des prescriptions normalisées. culture paysanne, bénéfique pour les Celles-ci viennent de prescriptions norma- femmes, les hommes et la planète. Cette lisées extérieures au monde paysan (re- responsabilité est aujourd’hui largement cherche agronomique, industrie, conseil défaillante. Confédération paysanne 11
CLÉS POUR COMPRENDRE LA LOGIQUE ADMINISTRATIVE LES PRINCIPALES DIFFICULTÉS tique, une huile essentielle à partir de la la- RENCONTRÉES PAR vande peut être un complément alimentaire LES PRODUCTEURS ET PRODUCTRICES ou un cosmétique, mais il faudra choisir entre les usages pour être en règle. La première contrainte administrative Pour la réglementation, il ne faudra qu’un pour les producteurs et les productrices seul usage au produit. Ce guide vise à pré- de PPAM s’applique directement au senter la réglementation par usage afin de PRODUIT. En effet, de notre point de vue, donner le maximum d’informations aux un produit est le résultat de la récolte, paysan·ne·s et accompagnateur·rice·s. Pour de la cueillette et de sa transformation vendre un produit sous plusieurs usages ré- éventuelle, résultat qui sera proposé à glementaires, il faut « diviser » sa production la vente. Par exemple, une plante sèche, en lots sur chacun desquels s’appliquera la une tisane, une huile essentielle, un réglementation en fonction de l’usage choisi hydrolat, une macération solaire, un élixir, (étiquetage en conséquence). un sirop. Pour l’administration, le produit est défini exclusivement par son USAGE. Les législations sont plus ou moins Pour être conforme à la réglementation, contraignantes, plus ou moins fastidieuses le·la producteur·rice en vente directe doit à mettre en place, plus ou moins longues et donc définir cet usage unique : alimentaire, plus ou moins coûteuses ; ainsi, la législation cosmétique, etc. des denrées alimentaires est la plus souple, celle des compléments alimentaires est très Les usages possibles des plantes aro- encadrée et contraignante, mais la procé- matiques et médicinales dépendent donc dure est gratuite et relativement simple. La de l’une ou l’autre des grandes catégories législation cosmétique en revanche est très réglementaires : denrée alimentaire, com- contraignante et très coûteuse pour des pe- plément alimentaire, cosmétique, soins aux tites productions. hommes, aux plantes, aux animaux, etc. (toutes les catégories ne sont pas finement détaillées dans ce guide). Ainsi, selon le type d’usage choisi, ce ne sont pas les mêmes listes de plantes qui vont être autorisées. C’est donc l’utilisation finale du produit qui va déterminer la législation à appliquer. Par exemple, d’un point de vue réglemen- taire, une plante sèche telle que le romarin, peut être un produit alimentaire ou cosmé- 12 Confédération paysanne
Coquelicot LE POINT DE VUE DE LA CONF’ SUR LE CHOIX DE L’USAGE Pour la Confédération paysanne, il n’est associée à des savoirs et des savoir-faire, pas normal que ne soit pas reconnu le n’est pas reconnue par la réglementation caractère multi-usage de bon nombre de et les pouvoirs publics, voire est condam- produits naturels à base de plantes. En née. Cette négation de savoirs paysans et réalité, quasiment aucun d’entre eux n’a ancestraux entraîne leur amenuisement qu’un seul usage, les PPAM sont mul- jusqu’à leur disparition possible. Pour la ti-usage. Cette caractéristique est issue Confédération paysanne, leur richesse d’usages traditionnels et ancestraux. Les et la réponse qu’ils représentent à de plantes ont toujours été utilisées à des nombreux enjeux environnementaux, fins alimentaires et/ou médicinales ; en sanitaires et politiques nécessitent de se ingestion, en baume, en huile, etc ; et mobiliser pour la reconnaissance de ce ce, à destination des humains, des ani- caractère multi-usage. maux ou des plantes. Or cette tradition, Confédération paysanne 13
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LES PRODUITS PAR CATÉGORIES RÉGLEMENTAIRES Camomille romaine à fleurs doubles Confédération paysanne 15
INTRODUCTION Le choix a été fait de diviser la suite du guide en parties calquées sur la réglementation afin d’apporter l’information la plus claire. Ces parties feront donc état successivement des produits alimentaires, des compléments alimentaires, des produits cosmétiques. Plus succinctement deux focus seront faits sur les préparations à base de plantes utilisées pour les soins aux plantes, en alternatives aux pesticides et pour les soins aux animaux. La division des parties par réglementation fermes pour faire ce choix. Cela va de l’affini- ne rend donc pas directement compte du té du·de la paysan·ne avec un des usages, à caractère multi-usage de ces préparations un choix de simplicité (souvent alimentaire) auquel la Confédération paysanne est très quitte à revendiquer un usage multiple de attachée et qui justifie une simplification ses produits, comme forme de désobéis- réglementaire pour les produits naturels à sance civile. D’autres peuvent aussi décider, base de plantes fabriqués et vendus en pe- à défaut d’un choix unique, de réaliser plu- tite quantité. sieurs étiquettes différentes pour un même produit afin de s’assurer du respect de la Sur les fermes, la réglementation impose de réglementation. faire un choix entre les différents usages. Plusieurs critères entrent en compte sur les Avant de dérouler les parties par catégorie réglementaire, il nous apparaît préalable- ment indispensable de définir les produits. Qu’ils soient alimentaires, cosmétiques, pour les animaux ou les plantes, nos revendications au fil de ce document portent exclusivement sur des produits naturels, produits dans des conditions définies, et ca- ractérisés de la sorte : Ces produits naturels sont exclusi- mécaniques ou gravitationnels, par dis- vement composés d’éléments naturels, solution dans l’eau, par flottation, par ex- d’origine naturelle, non OGM et/ou non traction par l’eau, par distillation à la va- issus d’OGM. peur ou par chauffage uniquement pour Ces produits naturels sont obtenus par éliminer l’eau. Ils ne peuvent donc pas un procédé accessible à tout utilisateur être le résultat d’un processus industriel. final, c’est-à-dire non traités ou traités Ces produits naturels sont du do- uniquement par des moyens manuels, maine public. 16 Confédération paysanne
Lavande Confédération paysanne 17
LES PRODUITS ALIMENTAIRES Dans la hiérarchie de réglementations qui s’imposent aux produits selon leur usage, la catégorie alimentaire est la plus simple d’un point de vu obligations, mais n’est pas exempte de restrictions, en particulier concernant les plantes autorisées à la vente directe et les allégations. QU’EST-CE QU’UN PRODUIT EXEMPLE OU UNE DENRÉE ALIMENTAIRE ? DE PRODUITS POSSIBLES Tisanes, plantes sèches, aromates, Un produit alimentaire est un produit des- huiles, confitures, sirops, hydrolats, tiné à la consommation humaine. Au sens huiles essentielles, macérations réglementaire, on trouve, les aliments, les huileuses et alcooliques, vinaigres, ingrédients, les arômes, les épices et aro- alcools, sels aromatisés, plantes mates, les compléments alimentaires, etc. fraîches en pots, miel aromatisé, Un produit alimentaire peut être non trans- pestos, sorbets, élixirs, ... formé, partiellement transformé, ou trans- formé. Ne sont pas considérés comme pro- duits alimentaires : les médicaments, les cosmétiques, le tabac, les stupéfiants. Toutes les plantes ne sont pas autorisées à l’utilisation et à la vente en tant que produit alimentaire. Certaines sont sous monopole de la pharmacopée, d’autres sont interdites à la transformation (en huile essentielles par exemple). 18 Confédération paysanne
ingrédients alimentaires qui permet d’éta- QUELLES PLANTES PEUVENT blir cette affirmation. Seuls les nouveaux ÊTRE CUEILLIES, PRODUITES, aliments (exemples : graine de chia, extrait de crête de coq, etc) nécessitent une autori- UTILISÉES ET/OU VENDUES sation préalable à leur mise sur le marché. EN TANT QUE DENRÉES Ne sont pas considérés comme nouveaux ALIMENTAIRES ? aliments, tous les aliments et les ingrédients LES ALIMENTS ET LES INGRÉDIENTS alimentaires obtenus par des pratiques de multiplication et de reproduction tradition- Dans le principe général, toutes les plantes nelle et dont les antécédents sont sûrs en alimentaires consommées dans l’alimenta- ce qui concerne l’utilisation en tant que den- tion de manière traditionnelle sur le terri- rées alimentaires. toire européen peuvent êtres commerciali- sées en tant que denrée alimentaire. La suite du document revient sur les dispo- SOURCES JURIDIQUES sitions contraignantes à ce principe (phar- Règlement (CE) n°258/97 du Par- macopée française, huiles essentielles inter- lement européen et du Conseil du dites). 27 janvier 1997 relatif aux nouveaux C’est le règlement (CE) n° 258/97 relatif aliments et aux nouveaux ingrédients aux nouveaux aliments et aux nouveaux alimentaires. Confédération paysanne 19
LES PLANTES MÉDICINALES SOUMISES AU MONOPOLE DE LA PHARMACOPÉE : UNE EXCEPTION FRANÇAISE LE POINT DE VUE Dans le cas de la vente directe, les plantes DE LA CONF’ médicinales de la pharmacopée française, Pour la Confédération paysanne la liste sous forme de tisane, sont interdites à la des 148 plantes est insuffisante et il vente par d’autres personnes que des phar- existe des plantes qui peuvent être im- macien·ne·s, à l’exception de 148 plantes médiatement sorties de ce monopole. libérées par décret. Ces plantes médicinales D’autant plus que certaines d’entre ont été libérées du fait de leur caractère ali- elles sont déjà commercialisées par mentaire. Dans leur contexte libéré, il n’est de grands opérateurs non pharma- donc pas possible pour les non pharma- ciens, alors que les paysan·ne·s su- cien·ne·s qui les vendent d’y associer des bissent des contrôles sur ces plantes. allégations thérapeutiques. Elles deviennent Le bleuet, le framboisier, le calendula, uniquement alimentaires, et non plus médi- l’agastache, le mélilot, les bouquets cinales d’un point de vue strictement régle- fleuris d’Aubépine, les racines de mentaire. pissenlits ou encore l’artichaut sont Cette restriction ne concerne pas les pay- sous monopole de la pharmacopée, san·ne·s qui vendent directement à l’indus- ce qui constitue pour la Confédération trie pharmaceutique, à des pharmacien·ne·s, paysanne une absurdité. On notera ou à des intermédiaires qui vendent ensuite qu’en ce qui concerne le pissenlit les à ces mêmes industries ou commerçants. Il parties aériennes sont libérées, ou est donc possible de produire des plantes pour l’aubépine, seul le fruit. médicinales sous monopole dès lors que la pharmacie en est la destination finale. Par exemple, la France, avec environ 20% de la production mondiale, est le premier produc- teur de pavot pour la morphine, la thébaine SOURCES JURIDIQUES et plus récemment la codéine. Cette produc- Décret n° 2008-841 du 22 août 2008 tion est exclusivement destinée à l’industrie relatif à la vente au public des plantes pharmaceutique. médicinales inscrites à la pharmacopée À retenir : ce monopole ne et modifiant l’article D.4211-11 du code concerne que les tisanes. de la santé publique. Les autres transformations sont permises. 20 Confédération paysanne
LA PHARMACOPÉE, QU’EST-CE QUE C’EST ? La pharmacopée est d’abord un ou- vrage encyclopédique qui recense les plantes à usage médicinal (ainsi que des substances d’origine animale et minérale). Les pharmacopées sont en- suite devenues des ouvrages officiels revêtant un caractère réglementaire. Il existe des pharmacopées nationales et internationales. C’est l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) qui prépare et édite la pharmacopée française. Celle-ci évolue régulièrement. 546 plantes médicinales, divisées en deux listes, sont actuellement inscrites à la pharmacopée. La liste A contient 416 plantes et comprend les plantes utilisées traditionnellement. La liste B contient 130 plantes et comprend les plantes qui malgré, pour certaines, leur usage traditionnel, sont interdites à la vente y compris par les pharmaciens du fait de leur toxicité considérée. La phar- macopée établit un monopole des phar- macien·ne·s sur la vente au public de plantes médicinales, au même titre que pour les médicaments. Le monopole pharmaceutique concerne également les huiles essentielles issues de quinze plantes (voir page 23). Ciste cotonneux Confédération paysanne 21
LES PLANTES RÉPERTORIÉES COMME SUBSTANCES AROMATISANTES LES MÉLANGES DE PLANTES En 1981, le Conseil de l’Europe a établi SÈCHES OU TISANES une liste de 345 espèces végétales recon- nues comme substances aromatisantes. Les Il existe sur le terrain des doutes concer- plantes mentionnées dans ce livre, dit Livre nant l’autorisation ou non des mélanges de bleu du Conseil de l’Europe 3e édition « Subs- plantes sèches. Aucun texte réglementaire tances aromatisantes et substances aromati- n’interdit ces mélanges, ce qui nous permet santes d’origine naturelle » (1981), peuvent d’affirmer qu’ils sont autorisés pour toutes donc être mises sur le marché comme plantes les plantes autorisées en tant que denrées alimentaires et/ou comme arômes. Aucune alimentaires. autre plante ne peut être commercialisée comme arôme alimentaire. Toutes les plantes Autrement dit, tous les mélanges du Livre bleu peuvent être commercialisées de plantes alimentaires sont comme alimentaires. Le Livre bleu est épuisé permis dans les tisanes mais devrait être réédité. alimentaires. La liste des plantes extraite de ce livre est dis- Remarque : Les tisanes ne sont pas des com- ponible sur le site du Syndicat des Simples : pléments alimentaires mais des denrées ali- www.syndicat-simples.org mentaires. Cependant, la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consom- LES COMPLÉMENTS ALIMENTAIRES mation et de la répression des fraudes) si- Les compléments alimentaires sont une sous gnale un nombre croissant d’enregistrement catégorie des produits alimentaires (voir de tisanes comme complément alimentaire. page 26). Il est donc possible que la réglementation évolue sur ce sujet. Tilleul 22 Confédération paysanne
CAS PARTICULIER DE DENRÉES ALIMENTAIRES : LES HUILES ESSENTIELLES Les huiles essentielles peuvent être ven- 15 huiles essentielles issues des plantes dues comme alimentaires, compléments ci-dessous sont interdites à la vente en de- alimentaires, cosmétiques, comme prépa- hors des pharmacies : rations naturelles peu préoccupantes pour ´´Grande absinthe le soin aux plantes ou pour le soin aux ani- maux. Comme pour tous les autres produits, ´´Petite absinthe l’usage choisi déterminera les plantes auto- ´´Armoise commune risées. Pour les vendre en tant que denrée ´´Armoise blanche alimentaire, les huiles essentielles entrent ´´Armoise arborescente dans la classification soit des arômes, la pro- duction est donc limitée à la liste des plantes ´´Thuya du Canada ou cèdre blanc du Livre bleu ; soit des compléments alimen- ´´Cèdre de Corée taires. En tant qu’arôme, elles ne peuvent ´´Hysope être accompagnées d’allégations de santé. ´´Sauge officinale A noter que pour une labellisation en AB, ´´Tanaisie l’huile essentielle doit être vendue avec un ´´Sassafras usage alimentaire. ´´Sabine ´´Rue SOURCES JURIDIQUES ´´Chénopode vermifuge Décret n° 2007-1198 du 3 août 2007 ´´Moutarde jonciforme modifiant l’article D.4211-13 du code de la santé publique relatif à la liste des huiles essentielles dont la vente au pu- blic est réservée aux pharmaciens. Confédération paysanne 23
LE RÈGLEMENT REACH (RÈGLEMENT N°1907/2006, RELATIF À L’ENREGISTREMENT, L’ÉVALUATION ET L’AUTORISATION DES SUBSTANCES CHIMIQUES) Ce règlement impose notamment une pro- ce règlement permet aux substances cédure d’enregistrement aux substances chimiques de continuer à circuler sur le chimiques. Les huiles essentielles entrent territoire européen en attendant des éva- normalement dans le champ de ce règle- luations. Une enquête de l’Institut fédéral ment, mais celui-ci exclut de son champ allemand d’évaluation des risques (Bfr) d’application les substances produites et de l’Agence allemande de l’environne- dans une quantité inférieure à 1 tonne. ment (UBA), médiatisée à l’automne 2018, Les paysan·ne·s ne sont donc à priori pas montre de plus que seulement 31% des concernés par cette réglementation. produits chimiques fabriqués ou importés en Europe étaient conformes au règle- Quoi qu’il en soit, pour la Confédération ment REACH. Selon le Bureau européen paysanne, que les huiles essentielles de l’environnement (BEE), les entreprises soient mises au même niveau que des omettent « de signaler à l’Agence euro- substances chimiques de nature tout à péenne des produits chimiques (Echa) si fait différente n’est pas acceptable. Par leurs substances sont cancérigènes, neu- ailleurs, ce règlement est le symbole d’un rotoxiques, mutagènes, bioaccumulables système « deux poids deux mesures ». et/ou nocives pour le développement des Les contrôles liées aux plantes sont com- enfants, ou pour la fertilité humaine ». plètement démesurés lorsqu’on sait que CAS PARTICULIER DE DENRÉE LES MENTIONS OBLIGATOIRES ALIMENTAIRE : LES HYDROLATS POUR L’ÉTIQUETAGE DES ET EAUX FLORALES DENRÉES ALIMENTAIRES Les hydrolats et eaux florales sont des pro- Le nom ou la raison sociale et l’adresse duits issus de la distillation à la vapeur d’eau. du producteur. Les eaux florales et les hydrolats ne sont pas, La dénomination de la denrée alimentaire à ce jour, mentionnés dans les règlements. (tisane, condiment, sirop,…). Ils peuvent être commercialisés à usage ali- mentaire, compléments alimentaires, cos- La liste des ingrédients. Cette liste doit métiques et soins aux plantes. Comme tous être précédée de l’intitulé : « ingrédients » les autres produits, l’usage déterminera les ou d’une formule comportant ce terme. La plantes autorisées, sans autre élément spéci- liste des ingrédients n’est pas obligatoire fique à ce jour. si la denrée ne comporte qu’un seul ingré- 24 Confédération paysanne
dient, lorsque la dénomination du produit Un mode d’emploi, si nécessaire, c’est à est identique à l’ingrédient ou lorsqu’elle dire si l’absence de mode d’emploi rend trop permet de déterminer la nature de l’ingré- difficile l’usage du produit commercialisé. dient sans risque de confusion. Pour les boissons titrant plus que 1,2% La liste éventuelle d’allergènes (listés en d’alcool en volume, le titre alcoométrique annexe du règlement (CE) n° 1169/2011). volumique. La quantité de certains ingrédients (l’in- À noter que pour les produits concernés par dication quantitative des ingrédients est ce guide, les déclarations nutritionnelles ne précisée à l’annexe VIII du règlement (CE) sont pas nécessaires. n°1169/2011). La quantité nette de denrée alimentaire, exprimée en unité de volume pour les pro- SOURCES JURIDIQUES duits liquides, en unité de masse pour les Règlement (UE) n°1169/2011 du Par- autres produits. lement européen et du Conseil du 25 octobre 2011 concernant l’information La date limite de consommation, précé- des consommateurs sur les denrées ali- dée de la formule « à consommer de pré- mentaires. férence avant le …», ou « à consommer de préférence avant fin …». HUILES ESSENTIELLES Le numéro de lot précédé de la lettre L. SAUF pour les produits agricoles au départ Certaines mentions ne sont pas obligatoires, de l’exploitation vers des organisations de mais sont souvent vivement conseillées et producteurs ou à des stations d’entrepo- peuvent rassurer la répression des fraudes sage, de conditionnement ou d’emballage, (exemple : « les huiles essentielles à usage soient collectés en vue de leur transforma- oral nécessitent un avis médical pour les tion immédiate et SAUF pour la vente di- femmes enceintes et les enfants »). recte lorsque les marchandises ne sont pas pré-emballées ou lorsque leur plus grande face est inférieure à 10 centimètres carrés. Les conditions particulières de conserva- tion et/ou d’utilisation. Confédération paysanne 25
LES COMPLÉMENTS ALIMENTAIRES Choisir de faire entrer ses produits dans la réglementation des compléments alimentaires permet principalement d’élargir le spectre des plantes utilisables. C’est une réglementation un peu plus complexe administrativement que la précédente et qui demande surtout du temps. QU’EST-CE QU’UN COMPLÉMENT EXEMPLE ALIMENTAIRE ? DE PRODUITS POSSIBLES hydrolats, huiles essentielles, macéra- Les compléments alimentaires sont des tions hydro alcooliques, etc. denrées alimentaires dont le but est de compléter le régime alimentaire normal et qui constituent une source concentrée de nutriments ou d’autres substances ayant un SOURCES JURIDIQUES effet nutritionnel ou physiologique seul ou combiné. Ils sont commercialisés sous forme Décret n°2006-352 du 20 mars 2006 de doses, à savoir les formes de présenta- relatif aux compléments alimentaires. tion telles que gélules, pastilles, comprimés, pilules et autres formes similaires, ainsi que sachets de poudre, ampoules de liquide, fla- cons munis d’un compte-gouttes et autres QUELLES PLANTES OU PARTIES formes analogues de préparations liquides DE PLANTES PEUVENT ou en poudre destinées à être prises en ÊTRE UTILISÉES ET/OU faible quantité. COMMERCIALISÉES EN TANT QUE Pour la Confédération paysanne COMPLÉMENT ALIMENTAIRE ? cette définition est complétée Les parties de plantes et les plantes ayant par la définition des produits un usage alimentaire traditionnel et non naturels traditionnels présentée soumises au monopole de la pharmacopée en introduction des parties par dans le cas d’une commercialisation à un catégorie réglementaire opérateur non pharmacien. (voir page 16). 26 Confédération paysanne
Une liste de 540 plantes supplémentaires autorisées par l’arrêté du 24 juin 2014. Cet À NOTER arrêté précise aussi les conditions de leur Les huiles essentielles peuvent être des emploi et les éventuelles restrictions asso- compléments alimentaires ou utilisées ciées. Cette liste autorise notamment des dans les compléments alimentaires. parties de plantes soumises au monopole de En effet, les préparations de plantes la pharmacopée, comme la monarde ou le pouvant entrer dans les compléments pourpier. alimentaires sont définies de la sorte Il est aussi possible d’utiliser des plantes (arrêté du 24 juin 2014 sur les com- et des parties de plantes qui ne sont pas au- pléments alimentaires) : les prépara- torisées au titre des deux premières catégo- tions obtenues à partir des matières ries, mais utilisées en tant que complément premières végétales, notamment en les alimentaire dans un autre État membre de réduisant en poudre ou en les traitant la Communauté européenne ou un autre par un procédé d’extraction, de distilla- État membre de l’accord sur l’Espace écono- tion, d’expression, de fractionnement, mique européen. Pour obtenir une autorisa- de purification, de concentration ou de tion afin de permettre l’utilisation en France fermentation. de ces plantes ou parties de plantes, il faut Commercialiser une huile essentielle en réaliser une déclaration préalable permet- complément alimentaire permet surtout tant la reconnaissance mutuelle. d’y apposer des allégations, ce qui n’est En résumé, peuvent être vendues pas possible lorsqu’elles sont classées en compléments alimentaires, comme arômes. toutes les plantes autorisées pour les denrées alimentaires, auxquelles s’ajoutent les SOURCES JURIDIQUES 540 plantes et parties de plantes, exclusivement autorisées en tant Décret n°2006-352 du 20 mars 2006 relatif aux compléments alimentaires. que compléments alimentaires. Arrêté du 24 juin 2014 établissant la liste des plantes, autres que les cham- pignons, autorisées dans les complé- ments alimentaires et les conditions de leur emploi. Confédération paysanne 27
LES DÉMARCHES OBLIGATOIRES POUR VENDRE UN PRODUIT EN TANT QUE COMPLÉMENT ALIMENTAIRE La commercialisation d’un complément ali- À l’issue de la déclaration, un accusé de ré- mentaire nécessite une procédure de décla- ception de la demande est automatiquement ration préalable. Cette procédure passe par transmis. Normalement la DGCCRF doit ré- la DGCCRF (Direction générale de la concur- pondre aux demandes d’enregistrement dans rence, de la consommation et de la répres- les deux mois. Dans les faits, les réponses ar- sion des fraudes). Les déclarations se font en rive rarement avant deux mois. Il y a à priori ligne, sur le site TeleIcare. L’utilisation est re- trois possibilités de réponses : lativement simple et gratuite. Une déclaration Réponse 1 : positive : le complément ali- doit être réalisée pour chaque complément mentaire est autorisé et un numéro d’enre- alimentaire. Cette déclaration est essentiel- gistrement est transmis. lement basée sur le modèle d’étiquette du produit destiné à être commercialisé. Réponse 2 : la DGCCRF demande de rec- tifier l’étiquetage. Dans ce cas, il se peut Lors de la déclaration, il faudra fournir un mo- qu’elle n’indique pas les modifications à ap- dèle d’étiquette (voir page 30). Ainsi, avant porter. Il faut donc vérifier les manquements. d’effectuer la déclaration il est nécessaire de : Le délai pour faire un retour est de 15 jours Vérifier que la ou les plantes sont autori- sinon la demande est rejetée. sées à la vente comme complément alimen- Réponse 3 : négative : votre demande est taire (voir paragraphe précédent). rejetée en raison d’un ou plusieurs ingré- Vérifier s’il existe des restrictions d’emploi dients. Selon l’ingrédient, la DGCCRF peut et si oui, les reporter sur les étiquettes et vous renvoyer vers la procédure de déclara- tout document informatif ou publicitaire ac- tion pour une plante ou une préparation de compagnant le produit (pour les restrictions plante qui n’est pas dans les 540 ou qui n’est voir annexe 1 de l’arrêté de 2014). pas considérée comme traditionnellement alimentaire, mais qui est tout de même lé- galement commercialisée dans un autre Etat SOURCES JURIDIQUES membre de la Communauté européenne ou un autre Etat partie de l’accord sur l’Espace Décret n°2006-352 du 20 mars 2006 économique européen. relatif aux compléments alimentaires. 28 Confédération paysanne
INFORMATION LE POINT DE VUE Réglementairement, il peut être deman- dé au paysan de fournir les éléments éta- DE LA CONF’ blissant la preuve de l’absence de risque Les compléments alimentaires consti- pour la santé humaine du complément tuent une sous-catégorie au sein des alimentaire mis sur le marché. Ce point plantes alimentaires. L’outil de décla- est assez général et il n’y a pas de règle ration en lui même est relativement clairement établie. Le·la paysan·ne doit didactique mais cela demande du tenir à disposition de l’administration temps. Le cadre juridique n’est pas ces éléments. Cela peut passer par tous adapté aux paysan·ne·s et aux pro- types de documents bibliographiques. duits. Les pouvoirs publics semblent En réalité, nous n’avons pas d’exemple vouloir orienter les paysan·ne·s vers de contrôle ayant porté sur cette obli- l’utilisation exclusive de cette catégo- gation jusqu’à présent. S’il s’avérait rie réglementaire, au risque qu’elle se que cette disposition devienne plus exi- complexifie. Une telle orientation se geante, il pourrait être intéressant de fera au détriment de l’utilisation de construire une mutualisation collective la catégorie alimentaire, la plus utili- des éléments bibliographiques qu’ont sée par les paysan·ne·s car la moins déjà les uns et les autres sur leur ferme, contraignante et la moins coûteuse. dans le but de simplifier cette démarche. Pour la Confédération paysanne, ce n’est pas une orientation acceptable. 29
L’ÉTIQUETAGE D’UN COMPLÉMENT ALIMENTAIRE L’étiquetage d’un complément alimentaire Un avertissement indiquant que les pro- contient les mêmes informations que celui duits doivent être tenus hors de la portée pour une denrée alimentaire (voir page 24), des jeunes enfants. auxquelles s’ajoutent des informations spéci- A noter : les informations nutritionnelles ne fiques. sont pas obligatoires pour les denrées ali- mentaires non transformées (tisanes, plantes MENTIONS SPÉCIFIQUES POUR sèches) ou pour lesquelles les informations LES COMPLÉMENTS ALIMENTAIRES nutritionnelles ne sont pas un facteur déter- Le terme « complément alimentaire » doit minant ou lorsque le contenant est de trop être mentionné sur l’étiquette. petite taille. Les contre-indications ou restrictions d’usage éventuelles liées aux plantes de l’ar- rêté du 24 juin 2014 doivent être indiquées. SOURCES JURIDIQUES On les trouve directement dans l’arrêté. Par Règlement (UE) n° 1169/2011 du exemple pour l’Echinacée d’Inde il est préci- Parlement européen et du Conseil du sé : « L’étiquetage doit comporter un avertis- 25 octobre 2011 concernant l’informa- sement déconseillant l’emploi aux femmes tion des consommateurs sur les denrées enceintes ». alimentaires (article 9 en particulier). Le nom des catégories de nutriments ou Décret n°2006-352 du 20 mars 2006 substances caractérisant le produit ou une relatif aux compléments alimentaires. indication relative à la nature de ces nutri- ments ou substances. Pour les nutriments Arrêté du 24 juin 2014 établissant la (vitamines et minéraux) les informations liste des plantes, autres que les cham- spécifiques figurent dans l’article 12 du dé- pignons, autorisées dans les complé- cret n° 2006-352. ments alimentaires et les conditions de leur emploi. La portion journalière de produit dont la consommation est recommandée. Un avertissement indiquant qu’il est dé- conseillé de dépasser la dose journalière indiquée. Une déclaration visant à éviter que les compléments alimentaires ne soient utilisés comme substituts d’un régime alimentaire varié. 30 Confédération paysanne
ALIMENT, COMPLÉMENT ALIMENTAIRE, MÉDICAMENT, LES CONFUSIONS POSSIBLES Entre un aliment et un complément ali- complément alimentaire et une nécessité mentaire, les différences peuvent porter de se conformer à la réglementation sur sur la présentation, l’étiquetage et/ou les les compléments alimentaires (ou de reti- allégations de santé. Les conséquences rer le produit du marché). sont à priori bénignes en particulier si les Entre un complément alimentaire et un allégations de santé utilisées sont per- médicament, le risque de confusion est mises dans le cas des compléments ali- mineur, dans la mesure où il existe une mentaires mais utilisées pour une denrée procédure d’enregistrement des complé- alimentaire. En cas de contrôle, le risque ments alimentaires : lors de la demande sera le plus souvent une exigence de re- d’enregistrement, tout produit à base qualification du produit alimentaire en d’une plante non autorisée sera refusé. Ortie Confédération paysanne 31
LES PRODUITS COSMÉTIQUES QU’EST-CE QU’UN PRODUIT SOURCES JURIDIQUES COSMÉTIQUE ? Règlement (CE) N°1223/2009 du Parlement européen et du Conseil du Selon le règlement européen n°1223/2009 30 novembre 2009 relatif aux produits un produit cosmétique est toute substance cosmétiques. ou tout mélange destiné à être mis en contact avec les parties superficielles du Au niveau national, les dispositions corps humain (épiderme, systèmes pileux et relatives aux produits cosmétiques capillaire, ongles, lèvres et organes génitaux d’adaptation du droit de l’Union euro- externes) ou avec les dents et les muqueuses péenne sont issues de la loi n°2014-201 buccales en vue, exclusivement ou princi- du 24 février 2014 et retranscrites dans palement, de les nettoyer, de les parfumer, le code de la santé publique dans les ar- d’en modifier l’aspect, de les protéger, de ticles L.5131-1 à L.5131-8 et L.5431-1 à les maintenir en bon état ou de corriger les L.5431-9. odeurs corporelles. Pour la Confédération paysanne cette dé- finition est complétée par la définition des produits naturels traditionnels présentée en introduction des parties par catégorie régle- mentaire (voir page 16). 32 Confédération paysanne
QUELLES PLANTES PEUVENT QUELLES SONT LES ÊTRE UTILISÉES POUR LES OBLIGATIONS RÉGLEMENTAIRES PRODUITS COSMÉTIQUES ? À LA MISE SUR LE MARCHÉ Toutes les substances ne figurant pas dans D’UN PRODUIT COSMÉTIQUE ? l’annexe II du règlement 1223/2009 sont C’est le règlement européen N°1223/2009 autorisées. Cette liste contient 1 328 subs- relatif aux produits cosmétiques (entré en tances interdites. À la lecture de celle-ci, vigueur en 2013) qui régit la mise sur le très peu de substances issues de plantes ou marché de ces produits, ainsi qu’un certain plantes elles-même semblent être interdites. nombre de dispositions du code de la santé On trouve par exemple l’absolue (extraction publique. Il n’y a pas à proprement parler par solvant) de feuille de figuier en cas d’uti- d’autorisation préalable à la mise sur le mar- lisation comme ingrédient de parfum ou ché pour un produit cosmétique, mais le·la l’huile de graine de Laurier, pourtant ingré- producteur·rice a l’obligation de réaliser un dient déterminant du savon d’Alep. enregistrement préalable auprès de la Com- Ainsi, plus de plantes sont autorisées à l’uti- mission européenne. De cette obligation dé- lisation et à la vente en produit cosmétique coule un certain nombre d’exigences : qu’en usage alimentaire. 1. Tout d’abord, l’exploitation du·de la paysan·ne fabricant un produit cosmétique doit être déclarée auprès de l’Agence na- SOURCES JURIDIQUES tionale de sécurité du médicament et des Règlement (CE) N°1223/2009 du produits de santé (ANSM). Les éléments Parlement européen et du conseil du d’information pour réaliser cette déclaration 30 novembre 2009 relatif aux produits se trouvent sur le site internet de l’ANSM. cosmétiques. Cette déclaration s’effectue via le portail de télé-enregistrement «TPS» (télé procédure simplifiée). Cette première déclaration est relativement simple et rapide. 33
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