MARCHE D'ETUDE DIAGNOSTIC DES CONTINUITES ECOLOGIQUES ENTRE LES DEUX ENTITES DU BIEN PROPOSE A L'UNESCO - Objet
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Objet MARCHE D’ETUDE DIAGNOSTIC DES CONTINUITES ECOLOGIQUES ENTRE LES DEUX ENTITES DU BIEN PROPOSE A L’UNESCO Cahier des clauses techniques particulières – Étude diagnostique et pré-opérationnelle Diagnostic des continuités écologiques 1
1. Objet de la consultation.......................................................................................................................................... 4 2. Motivations de l’étude............................................................................................................................................ 4 2.1. Enjeux..........................................................................................................................................................................4 2.2. Contexte...................................................................................................................................................................... 5 2.3. Finalité.........................................................................................................................................................................5 3. Objectifs de l’étude................................................................................................................................................. 5 4. Contexte de l’étude................................................................................................................................................. 6 5. Le champ de l'étude.............................................................................................................................................. 10 5.1. La Montagne Pelée et le Piton Mont Conil................................................................................................................10 5.2. Les Pitons du Carbet et le Morne Jacob....................................................................................................................11 5.3. La biodiversité du bien..............................................................................................................................................12 5.4. Des paysages d'exception, emblématiques...............................................................................................................12 Des ”motifs majeurs” dominant de fortes structures paysagères...............................................................................12 Des paysages reflets d’une histoire territoriale singulière...........................................................................................13 Une expression monumentale et contemporaine de la nature ...................................................................................14 5.4. Le projet patrimoine mondial Unesco, un projet de territoire qui s’appuie sur un patrimoine d’exception protégé 14 MASSIFS DES PITONS DU CARBET ET DU MORNE JACOB.............................................................................................14 MONT CONIL ET MONTAGNE PELÉE............................................................................................................................15 5.5. Un projet qui s’appuie sur des nombreuses dynamiques en place ........................................................................... 16 PLAN DE GESTION DU SITE CLASSÉ DES VERSANTS NORD OUEST DE LA MONTAGNE PELÉE (VNOMP) .....................17 PLAN DE GESTION DES RÉSERVES BIOLOGIQUES INTÉGRALES DU PRÊCHEUR À GRAND’RIVIÈRE, DE LA MONTAGNE PELÉE ET DES PITONS DU CARBET................................................................................................................................17 STRATÉGIE DU CONSERVATOIRE DU LITTORAL............................................................................................................18 LABEL FORÊT D’EXCEPTION..........................................................................................................................................18 LES PLANS NATIONAUX D’ACTIONS..............................................................................................................................19 6. Le contenu de la prestation et déroulement de l'étude.......................................................................................... 20 6.1. Phase 1 – Diagnostic.................................................................................................................................................20 6.2. Phase 2 – Analyse et définition des enjeux...............................................................................................................21 6.3. Phase 3 – Propositions de restauration et de gestion...............................................................................................22 7. Le mode de restitution de l'étude......................................................................................................................... 22 8. Le pilotage et mode de suivi de l'étude................................................................................................................. 23 Diagnostic des continuités écologiques 2
1. Objet de la consultation Il s’agit de réaliser un état des lieux des continuités écologiques entre les deux entités du bien proposé à l’inscription sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco. Le périmètre concerne un transect entre les massifs, à cheval sur les communes de Morne Rouge, Ajoupa Bouillon, Saint Pierre, Basse-Pointe et, à la marge, du Lorrain dans ce qui constitue la zone tampon du bien. Cette étude a vocation à établir un état des structures existantes, des habitats, des espèces et des dynamiques entre les massifs. Elle a vocation à servir de support pour des actions opérationnelles de conservation, restauration, ou de reconstruction. L’objet de l’étude est de faire un état des lieux et définir des enjeux de restauration ou préservation des continuités écologiques. Une partie pré-opérationnelle permettra de définir des secteurs prioritaires d’interventions et un exemple de requalification éventuel. 2. Motivations de l’étude 2.1. Enjeux La protection du patrimoine naturel représente un enjeu majeur pour les générations aussi bien actuelles que futures et leur mise en valeur est une source de développement territorial, touristique et social. La Martinique offre une gamme importante des espaces naturels et des paysages forestiers des îles volcaniques tropicales, en particulier ceux des Petites Antilles. Sa biodiversité est la plus représentative des Petites Antilles et la Martinique porte une responsabilité dans la conservation de cette biodiversité au niveau de l’arc des Petites Antilles. Le nord de l’île dispose de massifs forestiers développés sur des édifices volcaniques majestueux très préservés qui font l’objet d’une démarche de labellisation sur la liste du patrimoine mondial Unesco. Cette labellisation Unesco, au-delà d’assurer la pérennité des massifs, vise à mettre en place un projet de développement durable du nord du territoire martiniquais. La zone entre les deux massifs proposés à l’inscription joue un rôle majeur dans la préservation de la biodiversité puisqu’elle constitue une interface de continuités écologiques qui permettent les circulations d’espèces entre les deux zones du bien. Cependant, les mécanismes de circulation et la diversité des espèces concernées sont peu connus. Il importe de mieux connaître les types de continuités et les espèces présentes pour en assurer la gestion et préserver la valeur universelle exceptionnelle du bien à long terme. Cet aspect est un élément important de la gestion prévu dans l’axe 1 : Préservation de la VUE dans le bien. Il s’agit de par la suite de mettre en oeuvre des actions de reconquête de la biodiversité dans un milieu dégradé : plantations de haies vives, partenariats avec des pépinières pour la plantation d’espèces endémiques et autochtones, restauration de ripisylves et des zones humides, travaux sur ouvrages routiers, etc. En amont de la plantation d’espèces endémiques, il conviendra de développer la filière « culture de plantes indigènes » pour permettre aux pépiniéristes de cultiver des plantes indigènes et d’éviter tout prélèvement dans les forêts. Diagnostic des continuités écologiques 3
La CapNord (Communauté d’agglomération du nord de la Martinique) porte un projet de plan de paysage, dont le périmètre est inscrit entre les deux composantes du bien et dont un des objectifs principaux est la préservation et la protection des continuités écologiques entre les deux composantes du bien. Ce plan débutera en 2021. Cette étude servira pour le diagnostic prévu au plan de paysage. C’est un élément important de la gestion du bien. 2.2. Contexte L’étude s’inscrit dans le cadre du plan de gestion du bien en cours d’inscription à l’Unesco, et notamment dans une des actions prioritaires inscrite dans l’axe 1 : Préservation de la Valeur Universelle Exceptionnelle qui s’intitule « Action 1.6 : IDENTIFIER, PRÉSERVER ET RESTAURER LES TRAMES VERTES ET BLEUES SITUÉES ENTRE LES DEUX COMPOSANTES DU BIEN ». La zone d’étude se situe à l’intersection de deux bassins versants (la rivière Capot et la Roxelanne) et entre deux zones de conservation prioritaires en termes de biodiversité. Le périmètre du bien proposé à l’inscription est en effet divisé en deux ensembles : - Montagne Pelée / Mont Conil - Pitons du Carbet / Morne Jacob Entre ces deux ensembles, se pose la question de la continuité écologique car on y retrouve notamment le bourg et les quartiers du Morne-Rouge, ainsi que divers types d’activités agricoles. 2.3. Finalité L’objet d’une inscription sur la liste du patrimoine mondial Unesco est de faire reconnaître la valeur universelle exceptionnelle d’un territoire. C’est un engagement à le préserver pour les générations futures. Aussi, les gestionnaires d’un bien s’engagent à le gérer durablement. L’inscription d’un bien sur la liste du patrimoine mondial Unesco génère en général une augmentation de la fréquentation. Les porteurs d’un projet d’inscription au patrimoine mondial s’engagent à mettre en place des mesures de gestion pour garantir l’intégrité du bien. Ils s’engagent à sensibiliser, éduquer, sur les valeurs du bien. Une inscription ne signifie pas forcément une mise sous cloche du territoire. Au contraire, l’accès au territoire permet en général une meilleure prise de conscience des valeurs du bien pour en garantir une meilleure préservation. C’est dans cet esprit que l’état des lieux des continuités écologiques entre les deux composantes du bien Unesco devra être conduit. Il devra permettre d’améliorer la connaissance, de la faire partager, et d’assurer une gestion pérenne des valeurs du bien. 3. Objectifs de l’étude Cette étude a pour objet de faire un état des lieux de l’ensemble des structures écologiques et des espèces entre les deux entités du bien. Elle comprend une étude de la trame verte et de la trame bleue. En effet, la rivière La Capot et la rivière La Roxellane avec leurs affluents constituent des refuges pour de nombreuses Diagnostic des continuités écologiques 4
espèces terrestre et aquatique dont la libre circulation peut être entravée par des obstacles tels que les passages sous voiries ou seuils. Elle peut se décomposer en trois composantes comme suit : ➢ Identification : • Etat des lieux des continuités existantes : Il s’agira de faire une analyse quantitative et qualitative des corridors et d’effectuer une typologie. • Etat des lieux écologique : Cet état des lieux consiste en l’identification des espèces à forts enjeux et en la réalisation du diagnostic des continuités existantes. ➢ Analyse : Il s’agira d’analyser les secteurs où il y a des continuités et ceux où il y a des ruptures, selon certaines espèces et de définir les besoins en termes de restauration. ➢ Restauration : Il s’agira de proposer des actions de restauration et de définir des secteurs prioritaires. Un site sera identifié pour faire l’objet d’un projet de restauration pré-opérationnelle. 4. Contexte de l’étude Cette étude s’inscrit dans le cadre du plan de gestion du dossier de candidature d’inscription des « Volcans et forêts de la Montagne Pelée et des pitons du Nord de la Martinique » sur la liste du patrimoine mondial Unesco. Cette candidature a été déposée à l’Unesco en janvier 2021. La candidature des Volcans et forêts de la Montagne Pelée et des Pitons du Nord de la Martinique s'appuie sur deux critères : Le critère (VIII) : “Être des exemples éminemment représentatifs des grands stades de l’histoire de la terre, y compris le témoignage de la vie, de processus géologiques en cours dans le développement des formes terrestres ou d’éléments géomorphologiques ou physiographiques ayant une grande signification" ; Le critère (X) : “Contenir les habitats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la conservation in situ de la diversité biologique, y compris ceux où survivent des espèces menacées ayant une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la conservation". Le périmètre concerné est réparti sur 19 communes et couvre une surface de 15056 Ha. La zone tampon couvre une surface de 28636 Ha. Le bien est séparé en deux entités. • Le bien : Les limites du bien proposé pour inscription pour l’entité 01 sont celles du site classé des Versants nord-ouest de la Montagne Pelée (VNOMP) et de ses extensions boisées le long des ravines, ainsi que celles des deux Réserves Biologiques intégrales (RBI) situées sur les massifs de la Montagne Pelée et du Mont Conil (RBI Montagne Pelée, RBI Prêcheur/Grand’Rivière), ainsi que les continuités écologiques qui y sont accolées. Diagnostic des continuités écologiques 5
Les limites du bien proposé pour inscription pour l’entité 02 sont celles élargies aux limites de la forêt publique de la RBI des Pitons du Carbet, ainsi qu’une extension boisée jusqu’au littoral depuis le Morne Rose de Bellefontaine à Cap Enragé de Case-Pilote. Cette zone est en cours de protection par arrêté de protection de biotope, déjà identifiée en ZNIEFF (Zone Naturelle d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique). Il s’agit des espaces naturels de qualités biologiques majeures qui s’organisent autour de deux grands massifs d’origine volcanique qui ont édifié la Martinique : ◦ le Massif du Piton Mont Conil et les mornes et pitons adjacents, associé à l’édifice volcanique récent de la Montagne Pelée et ses différents versants, ◦ le Massif du Morne Jacob et des Pitons du Carbet, la coulée forestière du Morne Rose à Fond Boucher. • Les zones tampons : Les principes des zones tampons se fondent sur des repères facilement identifiables et déclinés pour l’ensemble des 18 communes concernées par le projet de bien (limites parcellaires, repères géographiques, lignes de crêtes, courbes de niveaux, ravines…). Elles sont de plusieurs typologies à adapter en fonction des usages et pratiques souhaitées ou souhaitables, et des fonctions des espaces concernés. Voici leurs grands types en fonction des contraintes aujourd’hui identifiées : • Couloirs de biodiversité sanctuarisés, notamment dans les ravines et cours d’eau, zones boisées ou friches, zones de reconquête écologique post-éruptive. • Espaces accueillant de l'agriculture traditionnelle et des jardins créoles, à préserver car mettant en scène et ménageant des points de vues larges sur le bien. • Espaces permettant l’accueil et la gestion des flux de visiteurs, ou à vocation éducative. • Agriculture intensive. • Ferme éolienne. • Espaces accueillant de l’habitat dispersé dans des zones agricoles ou naturelles de qualité. • Espaces avec un patrimoine paysager en lien avec les perceptions lointaines sur le bien et particulièrement remarquables : points de vue, routes paysagères avec vues sur le bien suscep- tibles de participer à la valorisation du bien. • Habitat dense. Diagnostic des continuités écologiques 6
Diagnostic des continuités écologiques 7
Diagnostic des continuités écologiques 8
5. Le champ de l'étude Situés au nord de la Martinique, au centre de l’arc insulaire des Petites Antilles, les volcans et forêts de la Montagne Pelée et des Pitons du Nord de la Martinique constituent un bien forestier montagneux d’origine volcanique, composé d’une série de deux entités couvrant 15 056 ha : les massifs des Pitons du Carbet et du morne Jacob, plus anciens au sud ; les massifs de la Montagne Pelée et du Mont Conil, plus jeunes au nord. Le bien présente l’ensemble des types forestiers des Petites Antilles, du littoral jusqu’aux sommets, intégrant des forêts climaciques et secondaires anciennes. Il témoigne d’une histoire géologique au fondement d’une géodiversité et d’une biodiversité exceptionnelles, remarquablement préservées. Au nord de l'île, la Montagne Pelée s'impose majestueusement, culminant à 1 397 m. d’altitude. Elle est indissociable d’un évènement majeur dans l’histoire de la volcanologie moderne qui a donné son nom au type éruptif péléen : l’épisode éruptif de 1902, à l’origine de la mort de près de 30 000 personnes et de la destruction de la ville de Saint-Pierre le 8 mai. Les Pitons du Carbet forment, quant à eux, des dômes de lave aux formes extrêmement érigées, dont le point culminant, le Piton Lacroix, s’élève à 1 197 m. Ils constituent, par leur nombre et leur hauteur, l’expression la plus remarquable au monde d’un phénomène géologique très rare. Sur chacune de ces deux entités, le bien présente des noyaux de forêts climaciques et une continuité intacte d’écosystèmes végétaux allant du littoral aux sommets de la Montagne Pelée et des Pitons du Carbet. Ces aires volcaniques abritent d’excellents exemples de forêts humides très anciennes. Les forêts de basse altitude, plus sèches, y sont également très bien conservées pour les îles volcaniques tropicales. La flore et la faune notamment endémiques, y sont exceptionnelles. Le bien se situe au sein d’une zone reconnue par la communauté scientifique internationale comme parmi les plus irremplaçables au monde. 5.1. La Montagne Pelée et le Piton Mont Conil Le bien comprend deux des expressions les plus remarquables du volcanisme de l’arc des Petites Antilles. La Montagne Pelée, est le stratovolcan le mieux conservé de la Caraïbe et le dernier volcan actif de la Martinique. Le sommet actuel est constitué des dômes emboîtés des éruptions de 1902 et 1929, dont l'extrusion appelée "le Chinois" est le point culminant à 1397 m. Les massifs montagneux sont protégés naturellement par de fortes contraintes d’accessibilité . La plupart des espaces sont constitués de forêts humides très anciennes restées éloignées de toute zone habitée et desservies par de rares sentiers aujourd’hui faiblement pratiqués, pour la plupart effacés par la reprise de la végétation. Dans les forêts plus sèches (mésophiles et xéro-mésophiles), la majorité des espaces naturels du continuum sont à des stades évolutifs âgés de plus d’une centaine d’années. A l’instar des autres îles de la Caraïbe, différents types d’occupations humaines depuis la période amérindienne jusqu’à la période coloniale ont entraîné des modifications ponctuelles du milieu (jardins créoles ou cultures de rendement) sur les parties basses des massifs. Quelques vestiges et traces subsistent aujourd’hui de ces anciennes occupations, où la forêt a repris ses droits. Cette phase de reconquête lente et graduelle sur une superficie aussi vaste est propre à la Martinique et unique dans l’arc antillais. L’épisode éruptif de la Montagne Pelée de 1902-1905 a été particulièrement marquant. Diagnostic des continuités écologiques 9
Cette éruption constitue une référence mondiale dans l’histoire de la volcanologie, ayant permis de décrire un des grands types d’éruptions volcaniques : le type péléen. Le site est, aujourd’hui encore, un lieu privilégié pour l’étude des sciences de la terre. Le bien se situe au sein d’une zone prioritaire de conservation de la biodiversité au niveau mondial : hotspot de biodiversité “Iles des Caraïbes”, Endemic Bird Area “Petites Antilles”, aire protégée la plus irremplaçable “Parc naturel régional de la Martinique”. Il héberge le continuum forestier le plus diversifié et le mieux conservé des Petites Antilles. Ce couvert végétal se caractérise par la qualité des successions forestières qui rassemblent tous les types forestiers propres à la Martinique et aux Petites Antilles. Au coeur des versants nord-ouest du massif du Piton Mont Conil et sur les pentes inférieures du Pain de Sucre, des formations végétales climaciques non perturbées sont préservées, particulièrement les types de forêts mésophiles et hygrophiles. 5.2. Les Pitons du Carbet et le Morne Jacob Les Pitons du Carbet forment des dômes de lave extrêmement érigés du fait de la grande viscosité des magmas dont ils sont issus. La cicatrice de la déstabilisation de flanc qui a permis leur développement est la plus grande de l’archipel des Petites Antilles. Au nombre de douze, dont cinq de plus de 1 000 m d’altitude, ils sont les plus représentatifs de ce phénomène géologique que l’on observe ailleurs uniquement à Sainte-Lucie. Le plus haut, le Piton Lacroix, atteint 1197 m, soit le plus élevé au monde pour le processus géologique dont il est issu. Le Morne Jacob comprend des formations végétales climaciques non perturbées très bien préservées, particulièrement pour les types de forêts mésophiles et hygrophiles. Sur le plan de la biodiversité, les massifs des Pitons du Carbet et du Morne Jacob, plus anciens que ceux du Mont Conil et de la Montagne Pelée sont plus riches encore. Cette aire comprend, sur le plan bioclimatique et floristique, trois ensembles distincts englobés au sein d’un continuum absolument ininterrompu (fait quasiment unique dans les Petites Antilles) s’étendant, sous le vent, des sommets volcaniques au littoral caraïbe. On trouve : • au-dessus de 700-800 m d’altitude, les espaces altitudinaux du Morne Jacob et des Pitons du Carbet. Ce sont les plus riches en espèces endémiques strictement martiniquaises, • entre 300 m (600 m sous le vent) et 700-800 m un vaste domaine de forêt ombrophile submontagnarde ou hygrophile de fort belle venue et comportant plusieurs secteurs subclimaciques sur les pentes du Morne Jacob, dans la partie supérieure de la Vallée de la Rivière du Lorrain, sur le Morne du Lorrain lui-même et tout autour des Pitons du Carbet, • sur la façade sous-le-vent des Pitons, deux grands couloirs écologiques descendant sans interruption notable de la limite de la forêt hygrophile (ici vers 600 m d’altitude) jusqu’au rivage de la mer Caraïbe. L’un, le plus large, descend du Morne Rose et du Morne Gras jusqu’à la côte entre Fond Laillet et le Cap Enragé. L’autre, plus étroit, du Morne Bois d’Inde et du Bois Concorde aux abords de Fond Lahaye (figure 35). Diagnostic des continuités écologiques 10
Ce continuum présente des forêts mésophiles, sèches voire très sèches en excellent état de conservation qui permettent d'enrichir la richesse spécifique de plus de 80 espèces arborées supplémentaires. 5.3. La biodiversité du bien Le bien abrite une flore exceptionnelle composée de 1 058 espèces de plantes vasculaires autochtones dont 816 spermatophytes et 242 ptéridophytes. 51 espèces sont inscrites sur la liste rouge nationale des espèces menacées (UICN). La flore du bien est représentative de la grande diversité végétale des Petites Antilles et présente un taux d’endémisme régional élevé. Il existe 263 espèces de spermatophytes endémiques régionales (Petites Antilles). La Martinique à elle seule en abrite 186 (soit 71 %). L’île présente également un endémisme strict en spermatophytes le plus représentatif et le plus important des Petites Antilles : 37 espèces sur les 104 présentes sur l’arc. Le bien abrite 33 de ces espèces endémiques. Cela représente 1/3 des espèces endémiques strictes d’une île au sein des Petites Antilles. Parmi celles-ci, on retrouve : l’Ananas sauvage Aechmea serrata, le Bwa débas blan Myrcia martinicensis et le krékré wouj Charianthus nodosus. Leur présence se limite parfois à quelques stations au sein d’une seule entité du bien. La flore arborée y est aussi particulièrement riche et représente 87 % de la flore arborée des Petites Antilles (soit 401 espèces). Concernant la faune, le bien se situe dans le Parc naturel régional de la Martinique, classé parmi les 100 aires protégées les plus irremplaçables au monde, dans l’Endemic Bird area “Petites Antilles” et abrite deux Important Bird Area. La biodiversité animale vient compléter la richesse du bien, car il constitue l’habitat privilégié d’espèces à forte valeur patrimoniale à l’échelle mondiale et identifiées comme menacées sur la Liste rouge mondiale de l’UICN. On dénombre 19 espèces irremplaçables d’amphibiens, oiseaux et chauves-souris (selon les critères internationaux ; 93 espèces endémiques strictes dont le Murin de la Martinique Myotis martiniquensis, le Trigonocéphale Bothrops lanceolatus, et de nombreux invertébrés tels que le Matoutou falaise Caribena versicolor, le Pleurodonte déprimé Discolepis desidens et Archophileurus mirabilis ; 9 espèces menacées telles que l’Iguane des Petites Antilles Iguana delicatissima et la Tortue imbriquée Eretmochelys imbricata. 5.4. Des paysages d'exception, emblématiques ▪ Des ”motifs majeurs” dominant de fortes structures paysagères Les reliefs volcaniques du bien forment des structures paysagères majeures. Ils sont tous nettement identifiables (Pitons du Carbet, Morne Jacob, Montagne Pelée, Mont Conil) et ponctuent le nord de l’île en autant de repères, constituant de véritables pivots dans la lecture du territoire qui consiste en une succession de cônes et de volcans. Diagnostic des continuités écologiques 11
Leurs forêts boisées organisent le fond de scène de tous les paysages des littoraux caraïbes et atlantiques jusqu’aux sommets (mer, plages, villes, cultures…). On les retrouve dans d’innombrables vues représentant l’île, comme des horizons permanents. La Montagne Pelée trône au nord de l’île et s’inscrit comme un amer pour les navigateurs. Ses reliefs compliqués couverts de leurs forêts denses forment l’image d’entrée de l’île pour tous les plaisanciers et voyageurs de croisières qui viennent du nord des Antilles. La baie de Saint-Pierre est un paysage emblématique qui s’offre à tous les visiteurs qu’ils viennent de Fort-de- France ou Morne-Rouge ou encore depuis la mer. De Fort-de-France, depuis la route littorale, elle se découvre au fil des lacets. La ville de Saint-Pierre ouverte sur la mer des Caraïbes est posée au pied de la falaise entre Pitons du Carbet et Montagne Pelée. Le paysage se déroule depuis le littoral jusqu’au sommet en pente douce qui permettent l’installation des cultures de rapport en particulier la banane ou la canne à sucre. Les Pitons du Carbet constituent l’écrin paysager de la baie de Fort-de- France. Ils sont même visibles depuis le Morne Baldara au Saint Esprit. Leurs ramifications jusqu’à la mer ont organisé l’installation des villages de pêcheurs tout le long de la côte caraïbe, où les mornes se succèdent aux ravines et aux villages. Dans une scénographie bien orchestrée, les installations agricoles se sont développées sur les hauts où l’ont peu trouver quelques replats. Ce sont principalement des petites exploitations, des jardins familiaux, des jardins créoles. Cette succession remarquablement bien équilibrée offre une mise en scène de la nature jusqu’aux magnifiques sommets. Les routes traversantes permettent d’entrer dans le bien, de se mêler aux arbres et aux fougères foisonnantes. Elles offrent souvent des points de vue remarquables sur les sommets et leurs jardins créoles qui viennent lécher la forêt, et des fenêtres sur la mer ou l’océan souvent dans des panoramas époustouflants. Sur la côte atlantique les Pitons se côtoient avec le Morne Jacob dans des reliefs accidentés aux multiples ramifications, ou l’agriculture intensive alterne avec les jardins créoles et les exploitations familiales. La Montagne Pelée comme les Pitons du Carbet constituent des paysages remarquables et emblématiques du nord de la Martinique. Il est absolument nécessaire de protéger leur image, constitutive des paysages remarquables de l’île. ▪ Des paysages reflets d’une histoire territoriale singulière La structure du paysage est le reflet de son histoire sociétale et naturelle. Il s’organise en fonction de l’histoire singulière de la société martiniquaise et de sa relation à la propriété des sols. Autant les cultures ouvertes, vastes étendues vouées aux productions intensives, les Habitations présentes ou ruinées, les villes côtières vouées au commerce des productions destinées à l’export, sont liées à l’histoire des plantations esclavagistes, autant les mornes habités, les jardins créoles, les traditions lasoté et bélé, la forêt elle-même, sont à rapprocher davantage de l’histoire des esclaves marrons et affranchis. Dans le paysage même se reflète l’histoire d’une société, exprimée dans l’art de l’écriture des auteurs martiniquais. Sur la Montagne Pelée, côté atlantique, les Habitations, ont conservé une organisation qui date des anciennes occupations. Elles rythment le pourtour de la Montagne Pelée depuis Basse-Pointe jusqu’à Grand’Rivière dans un schéma répétitif où alternent les ravines et les planèzes, et où entre Diagnostic des continuités écologiques 12
deux ravines se trouve une Habitation entourée des cultures intensives de bananes ou canne à sucre. Ces bâtiments sont aujourd’hui pour la plupart inscrits à l’inventaire des monuments historiques. Certains ont faits l’objet de rénovations magnifiques. Les bourgs, littoraux installés dans les fonds de ravines possèdent pour la plupart un caractère pittoresque, coincés entre les falaises, la mer et les cultures. Le souvenir de l’éruption de 1902 a intégré le regard porté sur la Montagne Pelée. L’événement est fortement documenté, imagé, et ne peut être dissocié de la figure actuelle de la montagne, à laquelle l’imagination superpose les visions des victimes, du panache de fumée, des ruines de St- Pierre. La lisibilité de l’événement dans le territoire plus ou moins”cicatrisé”enrichit le paysage, et doit continuer d’en être une composante. ▪ Une expression monumentale et contemporaine de la nature L’inscription des volcans et forêts du Nord de la Martinique reconnaîtrait l’intensité exceptionnelle de la nature sous un angle légitimement scientifique. La nature apparaît en paysage à plusieurs titres : horizon des reliefs, forêt primaire, hauteurs historiquement refuges protecteurs des marrons et des affranchis sans terres, mais aussi puissance destructrice de l’éruption. Une approche contemporaine des paysages naturels est également à identifier et prendre en considération. La conscience de la tragédie environnementale en cours au niveau mondial implique un regard différent sur des territoires naturels d’une aussi grande valeur que celle du bien, porté sur un patrimoine en danger et dont dépend notre propre survie en tant qu’espèce. Parallèlement, le besoin de contact avec la nature ne s’est jamais autant exprimé, comme un contrepoint au monde actuel, aux environnements urbains malsains, aux communications dématérialisées, et un tel territoire offre la possibilité d’un contact, d’une expérience réelle dans la nature”première”(au sein d’un ensemble plus vaste impliquant aussi une nature cultivée et habitée). L’étude devra permettre de décrire les spécificités des continuités écologiques dans ce cadre paysager. Elle devra permettre de guider le choix des restaurations, reconstructions, confortements. Elle devra pouvoir servir d’outil à la mise en place d’actions opérationnelles. 5.4. Le projet patrimoine mondial Unesco, un projet de territoire qui s’appuie sur un patrimoine d’exception protégé ▪ MASSIFS DES PITONS DU CARBET ET DU MORNE JACOB Les Pitons du Carbet et le Morne Jacob sont en grande partie en propriété publique, composée par la Forêt départementalo-domaniale. Une Réserve Biologique Intégrale (RBI des Pitons du Carbet) occupe près de 40 % de l’aire concernée et bénéficie d’un plan de gestion. Le continuum entre Morne Rose et Cap Enragé sur les communes de Bellefontaine et Case-Pilote est concerné par un projet d'Arrêté de Protection de Biotope (APB) et la zone est en cours d’acquisition par le Diagnostic des continuités écologiques 13
Conservatoire du Littoral. Un APB est en place sur la commune de Bellefontaine, il s'agit de la seule station en Martinique où l'on retrouve l'espèce protégée Tanaecium crucigerum. De plus, le site inscrit de Vallée Rivière Blanche se retrouve en partie dans le bien (carte 15). ▪ MONT CONIL ET MONTAGNE PELÉE Sur ce secteur, deux Réserves Biologiques Intégrales (RBI) bénéficiant chacune d’un plan de gestion propre sont en place depuis 2007 pour la RBI de la Montagne Pelée et 2014 pour la RBI Prêcheur/Grand’Rivière. Un site classé existe également sur cette zone depuis 1996 (Site classé des Versants Nord- Ouest de la Montagne Pelée), bénéficiant également de son propre plan de gestion. Ces mesures de protection représentent environ 70 % de l’aire concernée. Le Conservatoire du littoral et la collectivité sont également propriétaires d’une majeure partie de la zone, conférant un caractère de propriété publique à environ 80 % de la zone concernée (carte 16). Diagnostic des continuités écologiques 14
5.5. Un projet qui s’appuie sur des nombreuses dynamiques en place Le périmètre de l’étude se situe à l’interface entre les deux composantes du bien. Si aucune mesure spécifique ne s’y trouve au niveau de la gestion de la biodiversité, il est important de comprendre les mesures de gestion mises en place sur les deux massifs du bien et qui peuvent s’interconnecter. Le plan de gestion du bien comprend par ailleurs des actions spécifiques sur la zone tampon en lien notamment avec les activités agricoles (Axe 4). La zone tampon et le périmètre de l’étude ne font pas l’objet de mesure de protection particulière. Ces différents documents de gestion seront mis à disposition du mandataire de l’étude. Diagnostic des continuités écologiques 15
Il existe déjà, sur certains secteurs du bien, des plans de gestion sectoriels spécifiques associés aux protections en vigueur : plan de gestion du site classé des versants nord-ouest de la Montagne Pelée et plans de gestion des RBI sur Prêcheur / Grand’Rivière, la Montagne Pelée et les Pitons du Carbet. Ces forêts viennent par ailleurs d’obtenir un label “Forêt d’exception”. Chacun de ces plans trouve sa cohérence tant dans sa gouvernance que son contenu, avec le plan de gestion global du bien qui couvre l’ensemble du périmètre du bien et également les zones tampons et le cadre distant. ▪ PLAN DE GESTION DU SITE CLASSÉ DES VERSANTS NORD OUEST DE LA MONTAGNE PELÉE (VNOMP) Depuis le classement du site des VNOMP en 1996, couvrant le secteur forestier entre Le Prêcheur et Grand’Rivière, un comité de gestion a été mis en place, réunissant les principaux gestionnaires et acteurs du site. Un premier plan de gestion et un programme d’actions ont été mis en place en 1999 et ont été suivis et animés par le comité de pilotage. Ce premier plan a fait l’objet d’une évaluation et un nouveau plan de gestion a été défini pour la période 2011 - 2018. Un nouveau plan est en cours de formalisation. ▪ PLAN DE GESTION DES RÉSERVES BIOLOGIQUES INTÉGRALES DU PRÊCHEUR À GRAND’RIVIÈRE, DE LA MONTAGNE PELÉE ET DES PITONS DU CARBET Chacune des 3 réserves biologiques intégrales (RBI) présentes sur les massifs du bien fait l’objet d’un plan de gestion spécifique géré et mis en oeuvre par l’ONF (Office National des Forêts). Les terrains du Conservatoire du Littoral relevant du régime forestier sont également inclus dans le périmètre de la RBI du Prêcheur / Grand’Rivière. Ces plans comprennent un état des inventaires et de la dynamique écologique du massif concerné. Au regard de la diversité, de la représentativité et de la naturalité des milieux naturels qui constituent ces RBI, l’objectif principal s’attache à conserver le caractère naturel et évolutif de l’ensemble des habitats afin d’obtenir une naturalité maximale sur l’ensemble du territoire concerné. Pour la réserve de Prêcheur / Grand’Rivière, le classement en RBI comporte l’objectif complémentaire de permettre la libre expression des dynamiques naturelles dans les zones ayant été les plus dégradées par le passé, afin de favoriser le retour de ces forêts vers un état climacique ou le plus proche du climax. Avec les nombreux types forestiers qu’elles renferment, les RBI contribuent à la représentation de la diversité écologique des forêts des Départements d’Outre Mer au sein du réseau national de RBI, mais également à la conservation de la biodiversité à l’échelle régionale (Caraïbes) et mondiale. La création de ces réserves, complémentaires des réserves naturelles, s’inscrit dans la constitution d’un réseau de réserves biologiques intégrales cohérent et représentatif de la diversité des forêts martiniquaises, élaboré par l’ONF en partenariat avec les plus hautes autorités scientifiques locales. Les mesures de gestion définies comprennent les réseaux de sentiers accessibles au public, les activités autorisées, les aménagements ainsi que les programmes d’études et de recherches à mettre en oeuvre. Diagnostic des continuités écologiques 16
▪ STRATÉGIE DU CONSERVATOIRE DU LITTORAL Le Conservatoire du Littoral s’est doté d’objectifs à long terme qui constituent la “stratégie d’intervention” 2015-2050, déclinée aux niveaux national et régional. Sur le Nord Martinique, la stratégie du Conservatoire se positionne pour préserver les coupures d’urbanisation et s’attache à préserver les continuums écologiques et forestiers, depuis le littoral jusqu’aux sommets, notamment sur les secteurs identifiés de Cap Enragé, de Bellefontaine et Case- Pilote. Le continuum entre Le Prêcheur et Grand’Rivière est déjà en partie sa propriété, mais en lien avec les collectivités des zones de préemptions ont été définies en continuité des massifs existants et sur le bien. ▪ LABEL FORÊT D’EXCEPTION En dehors des réserves biologiques intégrales, l’Office National des Forêts met en place une “gestion durable” des forêts domaniales, devenue référence pour l’exploitation des ressources naturelles depuis la fin des années 1990. L’Office mène dans ces forêts une politique de mise en valeur ambitieuse, concrétisée par l’attribution à certaines d’entre elles, parmi les plus remarquables, d’un signe de reconnaissance spécifique : le label Forêt d’Exception®. Depuis 2008, 20 forêts, choisies parmi les forêts domaniales gérées par l’ONF sur l’ensemble du territoire, sont officiellement engagées dans la démarche Forêt d’Exception®. Ce réseau de référence en matière de gestion durable du patrimoine forestier, fédère les acteurs du développement économique local et la mise en valeur du patrimoine naturel. Il existe un lien culturel particulier entre les populations et la forêt martiniquaise, plus particulièrement avec la forêt profonde (gran bwa), issu de la période coloniale et de l’esclavage, qui repose sur des pratiques traditionnelles. Les forêts de La Montagne Pelée et des Pitons du Carbet représentent également un attrait touristique important. Le label Forêt d’Exception distingue un projet territorial rassemblant des acteurs locaux engagés dans une démarche d’excellence autour d’un patrimoine aux valeurs particulièrement affirmées. La gestion se fait de manière concertée en prenant en compte les désirs et besoins de tous les acteurs de la forêt. Cette démarche s’inscrit dans une volonté de gestion durable cohérente et ambitieuse du patrimoine forestier, afin de promouvoir le territoire et de servir d’exemple à l’échelle nationale et internationale. L’obtention du label Forêt d’exception est un outil de valorisation et de gestion important qui sert le plan de gestion du bien. L’ONF de Martinique a initié la démarche en 2012. Un comité de pilotage composé de 36 membres a été créé regroupant les principaux acteurs. Un protocole d’accord a été signé en 2015, suivi d’un important travail de concertation sous forme d’ateliers thématiques. Ce travail de concertation avec les acteurs locaux a permis d’identifier 21 actions. Le Label Forêt d’exception a été obtenu le 22 janvier 2019. Le contrat de projet comprend 4 orientations stratégiques pour une durée de 2018 à 2023 : - Connaître et mettre en valeur la biodiversité, les ressources naturelles et les différents patrimoines de la forêt des volcans de Martinique. - Inscrire dans la durée un projet de développement local afin d’assurer un lien durable entre la forêt, le territoire martiniquais et ses acteurs. Diagnostic des continuités écologiques 17
- Structurer et améliorer l’accueil de tous les publics et faire de ces massifs des leviers de développement du tourisme vert de Martinique - Promouvoir l’identité du massif en s’appuyant sur son patrimoine et la notion de multifonctionnalité en forêt tropicale. Le contrat de projet prévoit notamment des expérimentations en matière d’agroforesterie et de diversification des essences dans les peuplements forestiers. Les modalités de développement de ces expérimentations devront être compatibles avec la préservation de la VUE du bien. ▪ LES PLANS NATIONAUX D’ACTIONS L’objectif de la réglementation relative à la protection des espèces de faune et de flore menacées, en application des articles L. 411-1 et L. 411-2 du code de l’environnement, est d’assurer le maintien ou le rétablissement dans un état de conservation favorable de ces espèces. L’état de conservation de certaines de ces espèces nécessite des actions spécifiques pour restaurer leurs populations et leurs habitats. Les Plans Nationaux d’Actions (PNA) ont été mis en place pour répondre à ce besoin. En Martinique, 6 espèces bénéficient d’un PNA, dont l’Iguane des Petites Antilles. Plan National d’Action pour le rétablissement de l’iguane des Petites Antilles, Iguana delicatissima. Ce PNA s’étale sur la période de 2018 à 2022. L’Iguane endémique des Petites Antilles, est un des reptiles terrestres les plus menacés au monde. Il est notamment classé en danger d’extinction par l’UICN. Aux Antilles françaises, cette population s’est fortement réduite au cours des dernières décennies, principalement en raison de la progression exponentielle des populations de l’Iguane commun (espèce exotique), et de la destruction et de la fragmentation de ses habitats (forêt sèche et littorale). L’espèce, encore présente en Martinique et sur la commune de la Désirade en Guadeloupe, a déjà totalement disparu de Saint-Martin, des Saintes et de la Grande Terre. Au sein du bien, une population est présente dans les forêts du versant nord-ouest de la Montagne Pelée (Angin et al, 2015). Cependant, ces résultats font également état d’observations ponctuelles sur les autres versants du volcan ainsi que sur les autres forêts du Nord. À l’heure actuelle, ces données ne permettent pas de savoir si ces individus sont erratiques ou viennent de populations bien implantées. Ce PNA regroupe 3 objectifs : - Rétablir l’iguane des Petites Antilles et ses habitats dans un état favorable par des actions de conservation adaptées - Sensibiliser et former les acteurs aux enjeux de sa protection. - Suivre les tendances d’évolution des populations d’iguanes des Petites Antilles et de leurs habitats. 13 actions sont contenues dans ces objectifs comme par exemple “réduire la pression exercée par l’iguane commun” ou bien “réduire la mortalité non naturelle de l’espèce”. (cf PNA en annexe numérique 7b) Diagnostic des continuités écologiques 18
LE PLAN DE PAYSAGE DE LA CAPNORD Le plan de paysage de la CAPNORD est une action inscrite au plan de gestion du bien Unesco. Il a vocation a répondre à plusieurs besoins d’actions dan sle domaine de la TVB et des paysages. Son périmètre s’inscrit pleinement dans la zone d’étude entre les deux composantes du bien. Il n’a pour l’instant pas encore été lancé. La CAPNORD a repondu à un appel à projet national et l’opération devrait débuter dans le courant de l’année 2021. LES ATLAS DE BIODIVERSITE Le PNRM a prévu la réalisation d’atlas de biodiversité dans 10 des communes du bien. Il est important de se rapprocher des travaux du PNRM pour que les deux études puissent se conduire en cohérence, l’une pouvant enrichir l’autre. 6. Le contenu de la prestation et déroulement de l'étude Préalable : l'équipe devra prévoir une première réunion avec un comité de suivi à définir, afin de présenter ses membres et sa méthodologie au démarrage de l'étude. L’équipe proposera un cadre et des modalités de suivi et de gouvernance en lien avec la maîtrise d’ouvrage. L'étude en elle-même sera constituée de 3 phases distinctes : 6.1. Phase 1 – Diagnostic • Etat des lieux des continuités existantes : - Effectuer une analyse quantitative des corridors visibles à partir de données d’inventaire des haies, les photos aériennes, les études sur le sujet, les relevés de terrains … - Effectuer une typologie qualitative : haies entre parcelles agricoles, rypisylves, bandes boisées, zones de friches agricoles, parcelles cultivées en différentes productions (bananes, maraîchage, horticulture, vergers…), trame verte urbaine. - Effectuer une état des lieux qualitatif et phytosociologique : quelles espèces, quels cortèges d’espèces, quelles quantités, espèces rares et menacées… ? L’analyse quantitative sera accompagnée de cartographie accompagnée de schémas type blocs diagrammes ou autre. La typologie pourra faire l’objet de descriptions par schémas et descriptions visuelles si nécessaires. Diagnostic des continuités écologiques 19
• Etat des lieux écologique : - Identifier les espèces à forts enjeux côté faune et flore afin de les utiliser comme espèces référentes (notamment au regard de la VUE du bien) - Réaliser un diagnostic des rôles des continuités sur ce secteur en fonction de ces espèces à forts enjeux (faune, flore) - Réaliser un état des lieux des habitats - Etat des lieux des habitats/associations - Effectuer un bilan sur le rôle et les enjeux des zones indemnes des dernières éruptions sur les zones de reconquête post-éruptive : place et rôle des semenciers notamment 6.2. Phase 2 – Analyse et définition des enjeux • Identifier les enjeux et secteurs d’intérêt : - Définir les corridors essentiels existants (terrestres et cours d'eau), à l'échelle parcellaire par sous-trames (se baser sur les sous-trames définies par l'étude SRCE). - Faire un état des lieux les corridors essentiels existants (terrestres et cours d'eau), à l'échelle parcellaire pour les espèces emblématiques cibles (Iguane des Petites Antilles, Colibri à tête bleue, Trigonocéphale, Matoutou Falaise, Oriole de Martinique, Colibri huppé, Murin de Martinique...) - Définir les enjeux de connexions entre les deux massifs selon les sous-trames et les espèces - Définir les zones de continuités - Définir les secteurs où il y a rupture de continuité - Définir les enjeux face aux EEE - Définir les besoins en restauration, confortements ou reconstruction complète - Définir les enjeux face à une nouvelle éruption possible de la Montagne Pelée • Identification des enjeux scientifiques : analyse des pressions, des phénomènes en cours entraînant une dégradation éventuelle, des tendances d’évolution, impacts des EEE... • Identification des enjeux de protection et d’aménagement pour chaque secteur : perspectives au niveau des PLU • Mise en débat et adaptations après réunion du comité de suivi Cette étape devra permettre d’anticiper des besoins sur les PLU en cours et de faire des propositions de protections éventuelles. Elle constituera la base de la dernière phase sur les propositions d’actions. Diagnostic des continuités écologiques 20
• Cette phase comprendra également la définition d’indicateurs de suivi de l’état des continuités du périmètre de l’étude. 6.3. Phase 3 – Propositions de restauration et de gestion - Identifier types d’actions possibles selon les lieux et besoins : plantation de haies, bandes boisées, activités agricoles vertueuses, reconversions agricoles, plantations en zones urbaines ou bâties … - Définir les secteurs de restauration, confortements et reconstruction prioritaires (définir des niveaux de priorité) - Définir un secteur type pour faire l’objet d’un projet de restauration pré-opérationnelle : exemple type pouvant servir pour la mise en œuvre du Plan de paysage de CAPNORD - Faire une proposition de requalification ou restauration pré-opérationnelle : fournir, plan, travaux, listes espèces, budget…. - Faire des propositions d'études complémentaires ultérieures (inventaires avant restauration, études sur déplacements espèces... ) Les propositions prendront la forme d’un rapport, de cartes et de notes stratégiques et/ou opérationnelles, de croquis. 7. Le mode de restitution de l'étude Le travail sera restitué sous la forme d’un document texte d'étape largement illustré, dématérialisé au format PDF, accompagné de photographies, cartes, d’illustrations et de croquis. Il sera également livré en format modifiable. Les cartes seront livrées également en format .shp pour une valorisation dans un SIG. Ce rapport comprendra les différentes phases de l’étude. Le rapport avec les cartes sera également livré en 5 exemplaires papier. Il sera prévu 3 comités de suivi, un en début de phase pour présenter l’équipe, le projet et la méthode, le second pour montrer les analyses et premières propositions, le dernier à la fin de l’étude pour valider l’ensemble des travaux. Entre chaque comité de suivi, des réunions techniques ponctueront le travail autant que de besoin. L’ensemble fera l’objet d’une présentation en comité de pilotage ou de gestion du bien. Diagnostic des continuités écologiques 21
8. Le pilotage et mode de suivi de l'étude Cette étude sera suivie par la DEAL accompagnée de ses partenaires (CTM, PNRM, CAPNORD, CBNMq, ONF). Le prestataire retenu pourra au cours de la première phase contacter les personnes ressources afin d’obtenir des informations utiles au bon déroulement de l’étude. Chaque phase fera l'objet d'une validation en comité de suivi. Le prestataire devra présenter ses rapports d’étapes aux personnes représentant le donneur d’ordre et les membres du comité ; ceci afin d’intégrer avant la rédaction finale toute remarque susceptible d’intervenir sur le rendu final de l’étude. Pour leur bon déroulement, l’équipe chargée de l’élaboration de l’étude communiquera au moins cinq (5) jours à l’avance par voie électronique, les documents reproductibles (version PDF allégée) nécessaires à la réflexion. Le prestataire établira un compte-rendu pour chacune des réunions. Diagnostic des continuités écologiques 22
Vous pouvez aussi lire