Quand le dernier arbre sera abattu, la - RID EuroMed votre plateforme ...

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Quand le dernier arbre sera abattu, la - RID EuroMed votre plateforme ...
"Quand le dernier arbre sera abattu, la
dernière rivière empoisonnée, le dernier
poisson pêché, alors vous découvrirez que
l'argent ne se mange pas" (Proverbe indien)

Le monde commence à prendre conscience du problème des peuples
autochtones. Pour incroyable que cela paraisse, certains animaux
sont mieux protégés que les groupes humains qui cherchent à
préserver leur isolement. Sans aucun doute, il s'agit là d'un droit
fondamental de l'homme que les peuples indigènes ont la faculté
d'exercer et de défendre et que nous devons respecter. Pourtant,
malgré les recommandations de l'ONU, de l'OEA, de COICA, de
l'UICN et d'autres institutions mondiales et régionales, la situation de
ces peuples est alarmante. Ils se retrouvent tous, sans exception, en
péril de disparition forcée. Il faut promouvoir d'urgence des actions
destinées à éviter que ce nouveau génocide soit consommé.
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Extraits de textes, nouvelles, informations recueillis par UBUNTU

SOMMAIRE                    EDITO
1 à 12 Les Pygmées
un peuple en danger
                            Les Pygmées AKA
13 Migrants à Rennes        En 2016, le MIDAF avait choisi de mettre la
14 contre la Montage d’Or   découverte de cette population autochtone du Congo
15 Présidentielles
16 BREVES
                            au programme des RELIV à Brazzaville et ce fut une
17 Tunisie en Afrique       nouvelle perspective qui apporta beaucoup à nos
18 Le droit à l’eau         jeunes stagiaires des lycées de Brazza qui ne
19 Liss Kihindou
20 Joss Doszen
                            connaissaient rien de leurs frères et concitoyens de la
21 Etienne Minoungou        Forêt première. Nous fûmes aidés par mon ami Sorel
22 « globish »              ETA, éminent spécialiste et d’abord ami de ce peuple,
23 Achille Mbembé
24 Françoise Vergès
                            et nous avons bénéficié des apports du professeur
25 Ken Bugul                Ngoïe NGALLA, auteur d’un ouvrage de référence la
26 Kwame Anthon Appiah      « Lettre d’un Pygmée à son ami bantou » et de
27 SAISON AFRIQUE 2020
28 ATLANTIDE                l’éminent musicologue Simha Arom, chercheur émérite
                            au monde de la polyphonie des chants pygmées.
                            Evidemment, en Afrique centrale la relation des
                            Pygmées au « Grands Noirs » comme ils appellent les
                            bantous pose les mêmes problèmes que partout sur la
                            planète où les peuples primitifs entendent survivre et
                            dans les conditions qui ont toujours été les leurs
                            depuis la plus lointaine histoire connue de la Terre.
                            C’est dire que ce dossier informe sur les questions
                            identiques qui se posent ailleurs en Afrique, comme en
                            Australie et en Amérique Latine où ce qu’on appelle la
"Belle comme Beyrouth       civilisation et son corollaire l’exploitation économique
Epuisée comme               entreprend de les chasser de la forêt, sinon les
Damas
Timide comme le Caire       détruire, pour prendre leur place et leurs territoires.
Détruite comme le
Yémen                       Nb : UBUNTU est un atelier de la MIR et, naturellement, ce
Blessée comme               mensuel s’adresse d’abord à ses associations dont nous
Bagdah et                   attendons les réactions pour un courrier des lecteurs –
Oubliée comme la            également ouvert à tous les lecteurs et lectrices dont les avis
Palestine"                  contribuerons à enrichir nos contenus…
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DOSSIER DU MOIS - DOSSIER DU MOIS – DOSSIER DU MOIS
Sorel ETA, ethnologue de terrain et avocat des pygmées
                     Sorel ETA est ethnologue et consacre son travail
                     aux Pygmées Aka dans le village appelé Kombola
                     de la Likouala au nord du Congo,. Il dit s’être formé
                     à l’Université de la Forêt: « J’ai pour professeurs
                     les Pygmées AKA et je fais ce qu’on appelle en
                     ethnologie de l’observation participante ».
. Sorel Eta, coordonnateur de l’association « Regard aux pygmées » œuvre pour
la promotion du dialogue entre les minorités pygmées et les Bantous et la
sauvegarde de la culture pygmée menacée de disparition et explique les résultats
de sa quête auprès du peuple pygmée.
Je me suis immergé au sein de la société pygmée pour être témoin des faits et
bien connaître la culture Aka et ses activités liées à la chasse, à la pêche et à la
musique.
Différents rapports lient les Pygmées et les Bantous, notamment le troc. Les
Pygmées fournissent aux Bantous les produits de la forêt dont le miel, la cola, le
gnetum, les fruits sauvages. En retour, les Bantous sont pourvoyeurs d’étoffes
d’habits, d’ustensiles de cuisine, de sel, de savon…
Les rapports de propriétaire et de propriété ou de maître et d’esclave sont
prédominants. Le Pygmée travaille dans les plantations du maître, exerce les
basses besognes, chasse, pêche et récolte du miel pour le maître… Les rapports
sentimentaux entre Pygmées et Bantous sont remarquables mais à sens unique.
Les hommes bantous entretiennent des rapports sexuels avec les femmes
pygmées. L’inverse n’est pas accepté et le « coupable » peut être tué.
Nous devons accepter les différences, accepter le Pygmée et sa culture. Il faut
éduquer le Bantou et organiser souvent des rencontres pour favoriser les
échanges entre ces peuples. Nous devons diffuser leur culture et rétablir la
dignité de ce peuple marginalisé : pourquoi sont-ils maintenus en esclavage ?
Lorsque l’on nous parle de l’éducation pour un développement durable, on nous
demande d’apprendre à respecter et reconnaître les valeurs et les richesses
provenant du passé tout en les préservant. Les Pygmées sont encore
dépositaires du savoir ancestral et sont capables d’apporter un plus au Congo et
à l’humanité tout entière, surtout sur le plan médicinal. Ne commettons pas
l’erreur de détruire cette culture par ignorance. Préservons-là, plutôt!
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Sorel ETA a tout appris des Pygmées en vivant avec eux

dans leur village Kombola auprès d’Impfonfo
dans la Likouala au Nord du Congo Brazzaville
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Les pygmées AKA peuple premier de la forêt
                                     « L’éducation chrétienne que les
                                     spiritains offre aux enfants pygmées, à
                                     travers l’école Ora, va détruire leur
                                     système de croyance mais aussi leur
                                     système éducatif» déplore Sorel Eta
                                     « il est difficile qu’ils suivent les deux
                                     cursus scolaires en même temps »

« Par définition, l’école de la forêt est, selon lui, une pédagogie mise en place par
les peuples autochtones afin de transmettre des connaissances et savoir-faire à
leurs descendances. Elle se base sur l’écoute, l’observation et l’imitation. A
l’école de la forêt, dit-il, sont enseignées la botanique, la zoologie, l’éthologie, la
médecine traditionnelle, la pharmacopée, la musique, le chamanisme, la
navigation forestière, l’ethnobotanique, la littérature orale… L’apprentissage à
l’école de la forêt commence dès le bas âge.
L’apprentissage à l’école Ora ou aux autres écoles requiert du temps et de
l’effort, six ans pour le primaire, sept ans pour le secondaire et bien plus encore.
A cet effet, l’enfant autochtone qui va à l’école Ora ou dans une autre connaîtra
certes quelques notions de la forêt mais, n’aura plus les mêmes compétences
que celui qui s’est formé à l’école de la forêt. Cela aura pour conséquence la
disparition progressive de leur culture car, par le biais des internats et chapelles
érigés par l’école Ora, ils seront peu à peu délogés de leur environnement.
Lors de mes prestations avec le groupe Ndima, les gens viennent aussi bien
d’Europe, d’Amérique et d’Asie. La raison pour laquelle ils viennent, c’est la
découverte des savoirs dont seuls les autochtones détiennent le secret. Au lieu
de leur apporter un système éducatif, il faut plutôt valoriser les méthodes
d’apprentissage de leur propre école et promouvoir leurs connaissances et
savoir-faire (médicinal, chamanique, ethno-biologique, musical…) ».
Nomades, chasseurs-cueilleurs, ces peuples qui vivent de chasse avec une
connaissance époustouflante des arbres ont été poussés depuis les débuts de la
colonisation à sortir de la forêt, à s’établir dans les villes ou à devenir comme
les Bantous. Le premier problème auquel ils font souvent face, c’est celui du
regard de l’autre, notamment celui que le Bantou ou l’étranger a sur leur
écosystème forestier et leur mode de vie. C’est une société naguère heureuse
qui subit aujourd’hui de multiples pressions souvent pour son malheur.
                                                              Les Dépêches de Brazzaville
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«Lettre d’un pygmée à un bantou» - Ngoïe Ngalla
               Le MIDAF avait invité le professeur Ngoïe Ngalla à la 3ème
               édition des RELIV en 2010. A la suite d’un diaporama
               présenté par Sorel Eta sur la vie des Pygmées dans la
               Likouala, Dominique Ngoïe Ngalla a présenté son livre
               «Lettre d’un Pygmée à un bantou» dont il regrette qu’il ne
               soit pas au programme des lycées au Congo.

                                     Les lycéens ont littéralement découvert une
                                     réalité de leur pays dont ils ignoraient tout.
                                     Ils ont fait le rapprochement entre cette
                                     situation subie par les pygmées et celle
                                     qu’avaient connu leurs grands-parents sous
                                     le joug des colonisateurs. Ce fut un moment
                                     très fort de leur rencontre d’adolescents
«grands noirs» avec leurs frères de la forêt – avec la sympathie de Ngoïe Ngalla.

Retour d’un lecteur de la «Lettre d’un Pygmée à un bantou »
Je garde le souvenir lointain de mes vacances passées au village de mon grand-
père quelque part sur le plateau koukouya en République du Congo. C'était dans
mon adolescence. Lors du voyage, je remarquais régulièrement des cabanes aux
abords des villages bantous traversés et leurs habitants pygmées. En terre
bantoue, les quelques pygmées que l'on peut rencontrer vivent souvent hors des
villages. Je ne parlerai pas de bantoustan ou de ghettos des grands centres
urbains français où semblent être parqués les postcoloniaux ou indigènes de la
république. Mais finalement tout cela relève du même principe d'exclusion. Le
bantou méprisant ne fricote pas avec le pygmée qu'il regarde comme un sous-
homme. Sous la forme d'un long monologue, il m'imagine le discours d'un
pygmée du fin fond de sa forêt équatoriale rongée lentement mais surement
par les tronçonneuses des multinationales du bois. Notre bonhomme jette un
regard caustique sur les bantous en général, sur leur posture hautaine à
l'endroit des pygmées. L'essentiel de son discours se concentre sur les
rapports déséquilibrés entre bantous et blancs. Car notre pygmée, observateur
des grands chamboulements qui ont affecté ses voisins bantous avec la traite
négrière puis la colonisation, persifle, joue de l'ironie et renvoie le Bantou à sa
relation servile vis à vis de l'occident pour mieux déconstruire l'assurance qu'il
affecte à son égard. Il n'est pas dupe.
                         Lettre d'un pygmée à un bantou Edition Bajag-Meri, paru en 2003
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La polyphonie vocale des pygmées par Simha Arom
                  Simha Arom, chercheur émérite au CNRS est répité
                  pour ses enregistrements de polyphonie pygmées.
                  Dans la fanfare de Bangui, il retrace comment il a, pas
                  à pas, trouvé les méthodes pour expliquer la
                  complexité qui se cache derrière leur beauté.

                                     Dans une étude détaillée auprès de plusieurs
                                     tribus de Pygmées Aka d’Afrique Centrale
                                     dont le groupe Ndima du Congo (cf. photo) il a
                                     mis en évidence que les structures
                                     rythmiques de leur polyphonie est attestée
                                     depuis des milliers d’année et qu’elle est la
                                     même dans des tribus distantes de plus de
                                     mille kilomètres dans des forêts où ils ne se
sont jamais rencontrés. Grâce à une approche nouvelle et originale, par une
ventilation systématique des nombreuses couches de rythme apparemment
improvisées, il révèle la structure essentielle qui sous-tend cette musique riche et
complexe. Inspiré par des techniques linguistiques, il montre que la musique
pygmée apparaît comme un système grammatical et peut se traduire
également en formules mathématiques – ce qui signifie que l’apparente
improvisation s’appuie sur une structure formelle remontant à une origine très
ancienne.
Lors d’un entretien à Brazzaville, il a répondu à nos questions :
Avez-vous fait écouter aux Pygmées Aka de la musique occidentale?
Oui, souvent et ils m’ont dit: « toi, tu as ta musique. Nous nous avons la nôtre! Ils
respectent la musique des autres, mais ça ne les intéressent pas.
A quel genre de musique occidentale ressemble leur musique?
A aucune. La polyphonie vocale des Pygmées est unique, tant par sa complexité
que par sa beauté.
Comment voyez-vous la situation des Pygmées Aka aujourd'hui?
Au Congo, par rapport à d’autres groupes, ils ne sont pas mal lotis. On les laisse
relativement en paix. Quand on les embête vraiment, ils ont toujours le recours
de retourner dans leur forêt profonde, et là, personne ne va les suivre. Aucun de
ceux qu’on appelle les « Grands noirs » n’osent s’aventurer dans la forêt sans
« son » pygmée.
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A celles et ceux qui suivent l’actualité de NDIMA
                                   2018 s'apprête à nous dire adieu pour
                                   passer la main à 2019. Nous nous
                                   souviendrons longtemps de cette
                                   année avec ses défis et du courage des
                                   artistes autochtones Aka pour les
                                   relever.                        Sorel Eta

Le succès de notre passage à la philharmonie de Leipzig en Allemagne, à
l'occasion du Festival International de Chant A Cappella, reste gravé dans les
mémoires de nos musiciens et en particulier nos chanteuses. A cela s'ajoutent
l'organisation avec l'Institut Français du Congo, de la 2ème édition de la Semaine
Culturelle des Peuples Autochtones Aka à Pointe-Noire, et surtout la célébration
du 15ème anniversaire de Ndima.
J'imagine certains lecteurs me demander ce que Ndima a réalisé en autant
                                      d'années.
- Production de trois œuvres phonographiques en 2003, 2013 et 2016
- Organisation de 2 éditions de la Semaine Culturelle des Peuples Autochtones
Aka en 2010 et 2018.
- Organisation à partir de 2012 de plusieurs tournées en France, Italie, Belgique,
Pologne, Norvège, Hollande, Allemagne, Autriche, Malaisie et Guyane.
Durant toutes ces années, nous avons connu des moments difficiles tout comme
des moments de bonheur. en tant que manager du groupe, je pense aux mauvais
choix que j'ai eu à faire et je ne voudrais plus les revivre. Je pense aussi à
l'organisation des tournées loin de la forêt où mes musiciens sont obligés de se
séparer de leurs familles pendant 2 ou 3 mois.
Par moments de bonheur, nous pensons aux différents concerts donnes dans
des belles salles Européennes. Nous pensons à la qualité et l'humilité du public
ainsi qu'à nos différents hôtes.
Pour 2019, nous continuerons de travailler dans la lancée des années
antérieures et en apportant du nouveau dans notre programme. Nous resterons
dans nos objectifs à savoir la promotion et la sauvegarde de la culture pygmée
dans un dialogue culturel avec d'autres peuples. Ceci à travers les concerts, les
stages de chants polyphoniques pygmées, les conférences, le chamanisme et
des rencontres diverses.
Et pour cette année nouvelle qui nous montre déjà son sourire, je vous présente
au nom du groupe Ndima nos vœux les meilleurs.                      Sorel ETA
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Un musée de la culture autochtone à Brazaville
                                Pygmées dans la réserve d'Epulu, en
                                RDC
                                Sorel Eta a créé un conservatoire à
                                Brazza, pour promouvoir la culture des
                                populations autochtones menacée de
                                disparition.

Il rappelle que les pygmées représentent 10% de la population du Congo.
Selon lui, bien qu’une loi ait été adoptée en 2011 pour protéger la culture
des Pygmées, partie du patrimoine national, rien de concret n’est fait par
les autorités.
Pour ce faire, il organise des journées portes ouvertes pour les élèves des
écoles de Brazzaville en vue de leur enseigner la culture pygmée.
Des objets utilitaires dans la vie quotidienne des pygmées sont exposés
dans son musée où la musique et les chansons sont constamment jouées.
Il explique aux écoliers et autres visiteurs à quoi servent ces objets.
"Nous avons par exemple des lances pour la chasse, des luminaires pour
éclairer, des nasses, des nattes suspendues qui servent de lit mais qui
servaient autrefois de cercueil ; il y a aussi des jupes en raphia, des
lianes… ".
Contents d’avoir appris entre autres une façon différente de cuisiner les
feuilles de manioc, les écoliers trouvés sur le lieu reprennent en chœur
une mélodie Pygmée qu’ils viennent d’écouter.
"Maintenant je sais par exemple qu’on ne doit pas toujours piler les feuilles
de manioc mais qu’on les ébrécher en les frottant contre de la liane",
indique une écolière tout sourire.
Rock Eloge Nzobu qui travaille aussi pour la défense des Pygmées
prévient que la menace de l’extension de la culture Pygmée ne vient pas
que des exploitants forestiers, des conservateurs ou des agro-plantations.
"De plus en plus il y a des brassages entre les autochtones et les Bantous
et les autochtones ont plutôt tendance à commencer à imiter les Bantous
et ainsi, à délaisser leur propre culture", se plaint M. Nzobu.
                                                   Reportage de Ngouela Ngoussou
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DOSSIER DU MOIS - DOSSIER DU MOIS – DOSSIER – DOSSIER
A Brazzaville, des Pygmées logés au zoo en juillet 2007
                                Vingt Pygmées, invités au Festival panafricain
                                de musique (FESPAM), ont été logés dans le
                                zoo «sous le regard des curieux», a dénoncé
                                l'Observatoire congolais des droits de l'Homme
                                (OCDH), « ils «constituent la seule délégation
                                logée dans l'enceinte du parc et dorment sous
                                une tente, sur des matelas à même le sol».

J’étais à Brazza à cette époque et j'ai vu les « curieux » aller les scruter et les
filmer comme au spectacle d’où cette réaction de l’OCDH suivi d’une intervention
du Ministre Alain Akoula puis d’une déclaration du Dircab du ministère de la Forêt
Valère Eteka Yemet expliquant les raisons de la situation.
Sorel ETA apporte son point de vue :
Pour moi, leur présence au zoo serait qualifiée de discriminatoire s’ils avaient été
placés avec les animaux. Il y a eu confusion entre pratique discriminatoire portant
atteinte à la dignité humaine et pratique culturelle vécue par les acteurs sociaux.
Nous devons savoir que la forêt du zoo est naturelle et ceux qui ont dénoncé ce
qui s’est passé au zoo ne connaissent pas la culture des Pygmées Aka.
Lors d’un séjour d’amis dans la forêt, les Pygmées leur avaient construit un
campement sous formes de huttes aka (esembè, mokoundou mwa nzokou,
ekouta…) avec des lits en rondin tangué pour installer mousses et moustiquaires.
Mais ceux qui avaient construit les huttes et lits ont préféré dormir sur des feuilles
étalées à même le sol. On appelle ces lits en feuilles « mboudjè » que l’on
abandonne car les Pygmées évoluent dans la civilisation de l’éphémère. Si les
défenseurs des droits humains les avaient surpris occupant mousses et
moustiquaires quand les Pygmées dormaient sur des feuilles, sans moustiquaire,
ils les auraient accusés de pratique discriminatoire alors qu’elle est culturelle. Les
exemples ne manquent pas pour faire comprendre que les Pygmées ont leur
façon à eux de vivre et l’habitat, l’alimentation, le divertissement… sont culturels.
Lorsque j’emmène le groupe Ndima à Brazzaville, à un moment donné, ils
réclament de repartir en forêt et il est alors très difficile de les retenir.
Si nous voulons comprendre le mode de vie des Pygmées, nous devons éviter
les jugements de valeur. Nous Bantous avons notre façon de voir le monde. Les
Pygmées ont la leur.
DOSSIER DU MOIS - DOSSIER DU MOIS – DOSSIER – DOSSIER
Les pygmées à la Semaine Internationale de la CASI en 2012
                  Rencontré à Brazza, Guy Serge Ngoma, (toujours) Président
                  de l’Association congolaise pour les minorités ethniques
                  autochtones (ACMEA), faute de visa, n’avait pu participer alors
                  aux rencontres et travaux organisés par la CASI à cette
                  semaine mais nous l’avons retrouvé dans un livret de 50 pages
                  édité par le MIDAF sous le nom de « comme un voyage dans
                  un autre monde à l’invitation d’un autre peuple ».
Son association était affiliée au Réseau national de populations autochtones
RENAPAC dont il était chargé de la coordination et de l’orientation et il m’avait
présenté ses objectifs.
Au Congo Brazza vivent des citoyens minoritaires appelés autochtones ou
pygmées dans des conditions dites primitives pour 2 raisons :
- leur résistance à accepter le modernisme
- l’attitude de leurs voisins les bantous qui continuent à les traiter dans les
conditions du moyen-âge et cela parfois inhumain
Notre but principal est de défendre les idéaux édictés par la Constitution du
Congo, la déclaration des droits de l’homme et la déclaration des nations unis sur
les droits des peuples autochtones.
Nous demandons que les autorités tiennent compte de notre libre consentement
lorsqu’il s’agit de développer les projets dans nos terroirs au Congo-Brazzaville.
En effet, ces populations des forêts ne sont pas consultées par les pouvoirs
publics ou les entreprises privées qui viennent exploiter le bois ou la mine dans
leur territoire – ou alors ils sont utilisés comme pisteurs des arbres à abattre avec
des salaires dérisoires. Leur statut de populations autochtones suffit pour que
leur avis ne soit pas sollicité et qu'ils soient exploités sans vergogne.
Jean Nganga du RENAPAC estime que l’ère du sel et du savon donnés en
échange pour accéder à leurs forêts ou leurs patrimoines culturels, est désormais
révolue. "Maintenant, nous veillons à ce que tous ceux qui approchent les
autochtones obtiennent au préalable un consentement libre. C’est obligatoire ».
Une autre revendication est aussi la scolarisation de leurs enfants. Les parents
sont heureux et nourrissent beaucoup d’espoir quant à leur avenir.
" Je suis très heureux que les enfants apprennent près du campement. Je
souhaite juste qu’une école moderne en matériaux durables soit construite dans
le village. Il ne s’agit plus pour nous de revenir en arrière, les enfants doivent
avancer ", affirme le chef autochtone du village Makodi, Jacques Pika.
DOSSIER DU MOIS - DOSSIER DU MOIS – DOSSIER – DOSSIER

 La loi du 25 février 2011 - une promesse?
                   En 2010, j’ai participé à une rencontre entre James
                   ANAYA rapporteur spécial de l’ONU et les
                   représentants des peuples autochtones sur leur
                   situation. Son rapport était très clair. Et on peut
                   penser qu’il ne fut pas sans conséquence pour
                   l’adoption d’une loi l’année suivante visant à
                   améliorer leurs conditions de vie.
James ANAYA : « J’ai constaté de mes propres yeux que les peuples
autochtones au Congo vivent dans des conditions de marginalisation extrême.
Beaucoup d’entre eux vivent dans des campements situés à la périphérie des
villages sans logement adéquat et sans accès aux services sociaux de base
comme la santé et l’éducation. Bien que le sous-développement et la pauvreté
chronique soient présents partout dans le pays, particulièrement dans les zones
rurales, j’ai observé des situations nettement plus mauvaises chez les peuples
autochtones ne faisant pas partie de la majorité ethnique bantoue du pays. »

                  L’écrivain Henri DJOMBO, Ministre de la Forêt depuis des
                  lustres et qui possède un grand domaine forestier dans la
                  Likouala ne pouvait pas ne pas être à l’initiative de la Loi visant
                  à protéger les peuples de la forêt. Il déclarait : « La participation
                  active des peuples autochtones eux-mêmes à travers leurs re-
présentants donnera à ces derniers le droit de s’exprimer, de dialoguer entre eux,
d’échanger avec les Etats, les ONG, pour proposer des solutions idoines
susceptibles de favoriser leur intégration dans les communautés nationales et
surtout de montrer le rôle qu’ils jouent dans la gestion de la biodiversité car une
mauvaise compréhension de leurs problèmes contribuerait aux initiatives
maladroites et inadéquates qui aboutirait à un effet négatif.
Après la promulgation de la loi du 25 février 2011 portant promotion et
protection des droits des populations autochtones, l’Observatoire des Droits de
l’Homme déclare : « Le Congo vient de faire un pas important dans la lutte contre
les mauvais traitement à l’endroit des populations autochtones, mais le chemin
reste encore long pour ce soit réel sur le terrain, car il faut travailler maintenant
pour la prise des textes d’application et à la vulgarisation de cette loi ».
Il reste en effet à appliquer la loi!
migrations – migrations – migrations – migrations
1 500 personnes manifestent à RENNES

De nombreux migrants participent
Actualités - Actualités - Actualités - Actualités -
Les Amérindiens de Guyane contre le projet Montagne d’or
                              Les Amérindiens de Guyane s’opposent               au
                              mégaprojet minier Montagne d’or,                   en
                              Amazonie française. Certains y voient              un
                              sursaut du « militantisme autochtone                ».
                              Pour le problème commence par                       la
                              propriété des terres.

Le préfet de Guyane vient d’autoriser Total à réaliser cinq puits
d’exploration pétrolière offshore à quelque deux cents kilomètres des
côtes guyanaises. Des associations s’indignent de cette décision, en
totale contradiction avec l’Accord de Paris et la loi Hulot pour la
sortie des hydrocarbures.
Rodolphe Alexandre, président de la Collectivité territoriale de Guyane, ancien
soutien de Nicolas Sarkozy, aujourd'hui partisan d’Emmanuel Macron a créé la
polémique en affirmant : « Il faut désacraliser la question des peuples
autochtones. Les écologistes français sont allés chercher les Amérindiens pour
dire que la question minière était amérindienne. »
Non seulement les Amérindiens de Guyane s’opposent au projet Montagne d’or,
mais ils souhaitent aussi profiter de cette bataille pour faire parler d'eux et
défendre leurs droits vis-à-vis de la France, bien au-delà du dossier minier. La
Guyane compte environ 13 000 Amérindiens, issus de sept communautés, sur
une population totale d'environ 300 000 personnes.
« Quand on est partis dans notre combat contre ce projet il y a près de deux ans,
on ignorait totalement qui serait à nos côtés et aujourd'hui Il y a plein de gens qui
se mobilisent», se réjouit Christophe Yanuwana Pierre (photo), cofondateur de la
Jeunesse autochtone de Guyane (JAG). « Les autochtones sont de plus en plus
en contact les uns avec les autres grâce aux nouvelles technologies d'information
et de communication. Nous recevons des soutiens de Nouvelle-Calédonie,
d'Amazonie, du Canada. Tous les réseaux qu'on a tissés depuis une vingtaine
d'années portent leurs fruits, notamment au niveau de la bataille juridique. »
Alexis Tiouka, de la communauté kali’na, candidat aux élections européennes
« Cela tombe très bien que Montagne d’or arrive maintenant. La médiatisation de
ce projet permet de faire connaître internationalement notre combat alors
qu'avant on se battait uniquement aux niveaux régional et national ».
Elections présidentielles en Afrique en 1979
                    Au Nigéria, géant de l’Afrique (190 millions
                    d’habitants) l’élection reportée d’une semaine a eu
                    lieu le 23 février dans un climat d’insécurité et
                    d’inégalités    économiques.     L’actuel  Président
                    Muhammadu Buhari a été réélu
Muhammadu Buhari

                     Béji Caïd Essebsi Tunisie

Béji Caïd Essebsi

                     Le président algérien, 81 ans, au pouvoir depuis
                     1999 a annoncé sa candidature dans un message à
                     la Nation transmis à l'APS, qui le diffusera
                     ultérieurement. Au moment où se déroulent
                     d’importantes manifestions contre sa candidature, il
 Abdelaziz           est en Suisse pour recevoir des soins.
 Bouteflika

                     Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a lancé
                     samedi 12 janvier son parti, le Congrès national
                     africain (ANC), dans la course aux élections
                     législatives de mai en promettant de lutter contre le
                     chômage et de corriger les « erreurs » du passé.
 Cyril Ramaphosa

                     Le président sortant, Macky Sall, a remporté les
                     présidentielles sénégalaises dès le premier tour avec
                     57% des voix selon les résultats provisoires présentés
                     dans la soirée du 24 février 2019. «Nous avons gagné
                     dans toutes les 14 régions du Sénégal, sauf dans une
                     région. Nous avons un score de 57 % », dit-il, appelant
                     les leaders politiques au calme « car le peuple s’est
Macky Sall           exprimé et il faut respecter son choix. »
Brèves – Bréves - Brèves – Brèves – Brèves –
 Total   sur la trace de milliards de barils d’équivalent pétrole dans les eaux
 sud-africaines dans le bassin offshore d’Ooutiqua. Cela témoigne du potentiel
 caché de pétrole et de gaz de l’Afrique du Sud; et donne l’occasion d’un dialogue
 constructif sur une législation attrayante et le développement de contenu local.
             La ville de Bordeaux vient d'annoncer qu'il n'y aurait pas de ruelle au
             nom de Frantz Fanon, auteur né en Martinique. La raison : les liens
             de l'écrivain avec le Front de libération national algérien, qui ont fait
             l'objet d'une pétition relayée sur Internet.

Sassou Nguesso va offrir une église aux catholiques : les Congolais utilisent
déjà le « mbwakela » (quolibets) pour ironiser : « Sassou partout, partout. Aboma
awa ! Aboma kuna » - « Un bon chrétien doit avoir un caractère chrétien quoi ! ».
                   L'ex-chargé de mission auprès de l'Élysée a rempli son carnet
                   d'adresses : le Congo-Brazzaville, le Cameroun, le Tchad. Et
                   aussi la Côte d'Ivoire avec l'ancien président de l'Assemblée
                   nationale, Guillaume Soro. Efficace Monsieur Benalla!
 Selon le rapport 2018 de Transparency International, le continent est la région du
 monde où la corruption est la plus forte, notamment dans les régimes
 autoritaires.« la corruption est un facteur qui contribue à la crise de la
 démocratie » et « un cercle vicieux en sapant les institutions démocratiques »
 lesquelles, à leur tour, ne sont plus « en mesure de contrôler la corruption ».
                      Mayotte, petit paradis paisible et réputé pour son lagon aux
                      760 espèces de poissons différentes, paraît aujourd’hui
                      inquiète. Coincé dans l’archipel des Comores, ce département
                      français depuis 2011 doute de son avenir institutionnel.
 Nouvelle terrible pour l’environnement. Bolsonaro a annoncé la mise en place
 d’un vaste plan d’urbanisation pour assurer le développement économique de la
 région amazonienne jugée « désertique et improductive ».
                       L’Académie française à la pointe de la modernité avec son
                       dictionnaire 2.0 en inaugurant la plateforme numérique et
                       gratuite de son dictionnaire marquant ainsi l'entrée des
                       académiciens dans l'ère numérique.
                       L’armée française a bombardé en février au Tchad un
                       convoi armé composé de rebelles au régime. Au nom de la
                       lutte antiterroriste, la France semble plus que jamais prise
                       au piège d’un interventionnisme militaire continuant à
                       soutenir Idriss Déby, au pouvoir depuis 1990.
Le racisme dans tous ses Etats
La Tunisie doit proclamer son africanité !
                   Mon pays, la Tunisie, se trouve au nord-est de
                   l’Afrique, si proche de l’Europe mais aussi étranger
                   au continent auquel il appartient. Saadia Mosbah,
                   présidente de l’Association M’nemty (« mon rêve »),
                   lutte contre les discriminations raciales en Tunisie.
 Ce petit pays a réalisé d’extraordinaires avancées modernistes, comme l’abolition
 de l’esclavage en 1846 – une première dans le monde arabo-musulman –, avec
 une longueur d’avance sur les Etats-Unis et la France. Ou le code du statut
 personnel, qui octroie en 1956 aux Tunisiennes des droits et une liberté dont
 rêvent encore des millions de femmes au monde. Mais une frange de la
 population reste dans l’ombre de ces avancées. Même après la « révolution » de
 2011, les Tunisiens noirs peinent encore à y trouver leur juste place.
 Les raisons sont multiples, dont la méconnaissance de l’Histoire. Dans la
 mémoire collective, le Noir est arrivé en Afrique du Nord asservi, les chaînes aux
 pieds, chose que certains compatriotes nous crachent à la figure : « Quoi que
 vous fassiez, n’oubliez surtout pas que vous êtes arrivés ici en tant qu’esclaves,
 que nous achetions pour quelques pièces. » Mais ont-ils pensé, ne serait-ce
 qu’une fois, que les Noirs pouvaient aussi être des enfants de la région ?
 Le grand tacticien Hannibal Barca était un guerrier noir. Mais peu à peu, il est
 devenu méconnaissable, prenant les couleurs et les traits d’un Nord-Africain.
                               Manifestation à Tunis, le 24 décembre 2018,
                               après le meurtre de Falikou Coulibaly, président
                               de l’Association des Ivoiriens en Tunisie.
                                Le 7 décembre 2016, à Tunis, une jeune Ivoirienne
                                échappait à une tentative d’égorgement. 17 jours
                                plus tard, deux étudiantes congolaises sont
                                poignardées en plein centre-ville Un congolais tente
de les secourir et est atteint au bras. L’agresseur avouera ne pas supporter de voir
des Noirs parler une autre langue entre eux. La justice ne le poursuivra pas.
Une loi vient d’être votée pour permettre à la société tunisienne de s’extraire de son
long déni. Mais les lois concernant les migrants sont écrites avec le sang de nos
frères et sœurs, citoyens subsahariens. Une société change non pas grâce à ses
réglementations mais par la volonté de tous d’adhérer à un projet commun, celui du
« vivre ensemble ». La loi est un recours quand l’éducation échoue.
Liberté - Liberté - Liberté - Liberté - Liberté -
Libertés fondamentales : le droit à l’eau
                                            Écrire sur la Liberté ? Oui, mais il
                                            y a mille façons d’aborder ce sujet
                                            essentiel. Il me faut choisir… et
                                            choisir,    c’est     renoncer.         Et
                                            renoncer, c’est contraire à l’idée
                                            que je me fais de la liberté.
                                            Insoluble. Ah tiens, insoluble,
                                            « qui ne peut se dissoudre dans
                                            l’eau »           Catherine Bassani-Pillot

L’eau, première ressource vitale, est aussi précieuse pour les peuples qui en
manquent, qu’elle est banale pour nous qui en disposons à profusion. Tellement
banale que nous avons réussi à polluer 80 % de nos réserves naturelles, y
compris les nappes souterraines.
L’eau n’est pas une marchandise. C’est un bien public. L’accès à l’eau pour tous
a été reconnu comme un droit de l’Homme à l’ONU en juillet 2010. Pourtant, 8
millions de personnes meurent chaque année du manque d’eau potable, 1,5
milliard de personnes n’y ont pas accès, alors que neuf pays disposent de 60 %
des réserves mondiales. Même en France, les chiffres sont alarmants :
300 000 personnes n’ont pas accès à l’eau courante, et 2 millions ont de grandes
difficultés à payer leurs factures d’eau. Dès lors que la première ressource vitale
n’est pas assurée à chacun-e, les grands discours sur les libertés
fondamentales tournent court…
La liberté est une forme de pouvoir : le pouvoir d’agir, de choisir.. En revanche, il
existe une autre forme de pouvoir, au sens de domination, pour restreindre la
liberté d’autrui. Prendre le pouvoir sur l’eau, c’est retirer du pouvoir à l’Autre,
jusqu’à le priver de sa liberté, voire de sa vie.[…]
Préserver l’eau et la rendre accessible à toutes et tous : voilà un combat essentiel
à mener au quotidien. Nous devons lutter pour conserver (ou reconquérir) un
environnement sain, qui protège l’eau mais aussi l’air, les sols, les aliments qui y
sont produits, pour garantir l’un des droits humains fondamentaux, la santé, et
permettre ainsi l’expression des libertés fondamentales de chacun-e.
La liberté, force de vie ! Celle des libertaires et des artistes, mais aussi la vôtre ou
la mienne, ou celle des générations futures, qui dépendent tragiquement de notre
capacité collective à coopérer, à partager les ressources vitales, à préserver
notre planète, « bleue comme une orange » disait Paul Éluard, et bleue comme
l’eau vive, et vive la liberté !
LIRE – LIRE – LIRE – LIRE – LIRE – LIRE – LIRE – LIRE - LIRE
                   Notre chère amie Liss Kihindou vient de perdre un
                   cousin – au Congo un frère né d’une maman cadette –
                   assassiné devant l’Eglise dont il était membre. Nous
                   lui disons tout notre soutien dans l’épreuve. Et
                   partageons avec elle ces extraits de son émouvant
                   hommage fraternel!
 Jamais la mort n’avait frappé d’une manière aussi violente au cœur de ma
 famille. Apprendre qu’un membre de votre famille a été lâchement assassiné
 vous révolte au plus haut point. La colère vous habite autant que la tristesse. Que
 le ou les coupables payent pour ce crime odieux !.
 C’était mon frère. Mon frère d’une autre mère. Mon frère né de ma maman
 cadette. Au Congo nous avons des mères et des pères cadets ou aînés, selon
 qu’ils sont nés avant ou après notre mère ou notre père. Trésor était le fils aîné
 de ma maman cadette. Elle n’avait que deux fils, et l’aîné, Trésor, avait été choisi
 pour se rendre à Panama, où se tenait un pèlerinage de la jeunesse catholique.
 Ce lundi il était à Roissy et m’a lancé un appel vidéo. On était si heureux de nous
 voir l’un l’autre, de nous parler, que les mots n’avaient presque plus qu’une
 importance secondaire. Ce qui comptait, c’était de se voir, de le voir là, devant
 moi. Je ne cessais de répéter son nom, et lui faisait de même. On se souriait. On
 riait. Je trouvais qu’il avait plus que jamais le visage de nos anciens. Je lui ai dit
 qu’il ressemblait même à notre oncle, Roger, patriarche au village après le départ
 de la grand-mère. Je ne pouvais me douter que je lui parlais pour la dernière fois,
 et qu’il allait rejoindre, 48h plus tard, nos anciens, nos patriarches. Et le jeudi
 matin, je trouve ce message : « Trésor est décédé cette nuit. » Il avait été
 poignardé devant l’Eglise dont il était membre.
 Comment digérer cette nouvelle ? Vous parlez avec quelqu’un aujourd’hui, vous
 riez avec lui, et deux jours plus tard vous apprenez qu’il a été assassiné.
 La mort nous prend comme un voleur et s’introduit chez vous le jour où vous ne
 vous y attendez pas. Elle prend qui elle veut, sans tenir compte de votre âge,
 sans aucun égard pour la douleur des proches. Je pense à ma tante Aimée, ma
 maman cadette, qui est dévastée. Qui doit enterrer le fils qu’elle a mis au monde,
 qu’elle a vu grandir, qu’elle chérissait, et qui lui est ignominieusement arraché.
                                          Trésor
 Tu n’es pas mort
 Toi la joie de vivre
 Toi qui étais ivre de vie
 Tu es vivant dans nos cœurs
 Vivant parmi tous les nôtres
 Qui nous ont précédé
 De l’autre côté
 Et qui sont notre force Trésor
 Tu n’es pas mort
 Tu es libre
 Libre et fort
LIRE - LIRE - LIRE - LIRE - LIRE - LIRE - LIRE - LIRE
                   Joss Doszen, auteur et chroniqueur, est également à
                   l'initiative des rencontres « Palabres autour des arts »
                   (auxquelles participe notre amie Françoise Hervé) ainsi que
                   de "l'université populaire de la littérature africaine" , deux
                   projets qui mettent en avant la littérature africaine. Il jette
                   un regard sur la littérature africaine contemporaine.

Traditionnellement la scène littéraire sénégalaise est vivante et dynamique.
J'aime ses auteurs à l'écriture, souvent, très appliquée, académique dans le bon
termes, qui suinte l'amour des grands textes classiques. Qui, cependant,
manquent cruellement de fantaisie et d'imagination dans leurs écritures. Trop
appliquée, c'est parfois plat.
La scène congolaise, Mfoa, ne change pas vraiment. Quelques ovnis, souvent
poètes ou dramaturges qui s'exilent dans le roman. Et une foultitude
d'embrouilleurs. Nombre d'entre eux devraient faire des cures de lectures et des
carêmes, longue durée, d'écriture.
La Côte d'Ivoire est d'une irrégularité intrigante. L'un des rares lectorats qui
consomme une production locale assez particulière; le roman d'amour sirupeux,
tropicalisation d'une culture occidentale du roman à l'eau de rose. À côté de ça,
une littérature de qualité autrement plus élevée qui se cherche un marché, un
lectorat, des consommateurs.
Le Gabon est un cas méga intéressant. Des «anciens» que personne ne connaît
sauf les gabonais mais une émulsion puissante depuis quelques années. Portée
autant par ses afropéens, ses diasporiques mais surtout une scène locale très
active. Cependant, quid des ventes? Cette forte présence sur la toile , ces
activités ont-elles un réel impact sur les ventes. Et la naissante critique littéraire,
assez peu acerbe, parfois complaisante, sera t-elle suffisante pour accompagner
la montée en qualité dans les textes et les écritures?
Le Cameroun? De très bons élèves qui n'hésitent pas à mettre les pieds dans
les plats sur les thèmes. Les styles sont souvent propres, classiques sans
académisme excessive et certains n'hésitent pas à déconner avec le style,
l'écriture. Et est-ce la nature belliqueuse et féroce de leurs rapports qui fait que
les auteurs réfléchissent à deux fois avant de publier ? Est ce la crainte des
critiques direct et sans concession qui fait que c'est chez eux qu'on trouve le
moins de «publi brouillon non travaillé précipités » ? No lo sé. Mais les congolais
Mfoa devraient s'inspirer d'eux.
Congo RDC ? L'éclosion anarchique de talents. Sans coordination apparente,
sans réel travail d'équipe, de soutien, des flèches émergent. Des écritures, des
narrations, des styles qui dégomment les codes. Rien ne semblent lier cette
nouvelle scène si ce n'est l'originalité des artistes. Le bémol : 80 millions
d'habitants, un potentiel marché, lectorat énorme. Quel gâchis.
Théâtre - Théâtre - Théâtre - Théâtre - Théâtre -
 Le théâtre c’est la transgression et le questionnement
                        Comédien célèbre, metteur en scène inspiré,
                        Etienne Minoungou a fondé un festival
                        d’envergure « les Récréâtrales » chez lui à
                        Ouagadougou. Aux Ateliers de la pensée en
                        octobre 2017, Achille Mbembé l’a interrogé sur
Etienne Minoungou       son acte de comédien dans la société africaine
et Achille Mbembé       actuelle.                              EXTRAITS

La création théâtrale ne peut s’approfondir si elle n’est pas connectée à des
espaces de recherche et de formation - collective par essence, cette recherche
ne peut pas s’opérer de manière solitaire comme cela peut être le cas avec un
poète ou un romancier. Il faut créer un espace collectif de partage d’expériences
et d’aiguisement des outils de la création. L’acte théâtral est aussi connecté au
public qui est sa destination finale. Voilà pourquoi les Récréâtrales, dès la
première édition en 2002, se sont affichées comme un espace de recherche-
formation, de création-production et de diffusion-promotion.[…]
Depuis la Révolution burkinabè de 2014 une place importante a été accordée à la
création artistique dans tous les domaines depuis l’appel de Sankara aux artistes
et aux intellectuels : la littérature, la chanson, la musique, le théâtre, le cinéma, la
danse, etc. Pendant le long règne de Blaise Compaoré, la question centrale de la
résistance à l’oppression, de l’élargissement des espaces de liberté étaient au
cœur du travail des artistes et des mouvements citoyens. Toute révolution sociale
et politique est toujours précédée par une insurrection poétique. Mais cette
insurrection poétique se passe dans des espaces intimes, alternatifs, non visibles
parce qu’elle joue sur les imaginaires, travaille les consciences, travaille aussi
dans des espaces qui sont hors d’atteinte du politique presqu’en catimini. Quand
la révolution sociale et politique survient, les chants, poèmes et autres slogans
sont tirés du corpus de la créativité des artistes et poètes. Le théâtre au Burkina
puise pour beaucoup dans la vision de Thomas Sankara. En 1984 il propose sa
vision politique aux Burkinabès, il leur donne une chose qui pour moi relève du
poétique. Il dit, je cite de mémoire, «libérez votre génie créateur ; c’est la seule
manière de récupérer notre part d’indépendance, de liberté afin de
construire le rêve que nous portons, qui est à nous et qui n’est pas imposé
par quelqu’un d’autre». Appel entendu, non seulement par le Burkinabè
lambda, mais surtout bien reçu et intégré par la famille des créateurs.
L’inexorable expansion du « globish »

                                                     « Dans un salon du livre, et
                                                     de la littérature française,
                                                     n’est-il plus possible de parler
                                                     français ? » Dans une tribune
                                                     au « Monde », une centaine
                                                     d’écrivains, d’essayistes, de
                                                     journalistes     et    d’artistes
                                                     s’indignent de voir le «
                                                     globish », un sous-anglais,
                                                     supplanter      notre    langue
                                                     jusqu’au salon Livre Paris.
. « Pour la deuxième année consécutive, la littérature Young Adult est mise à
l’honneur au salon Livre Paris », lit-on sur le site Internet de cette manifestation
qu’on appela longtemps le Salon du livre, et qui se tiendra du 15 au 18 mars. A
côté de la littérature jeunesse, qui dispose de sa propre « scène » au salon, il y
en aurait donc une autre « SCENE YOUNG ADULT" cette fois « jeune adulte ».
Passons sur le bien-fondé de cette catégorie qui remonte au succès commercial
d’Harry Potter – et se distinguerait peut-être d’une littérature « adulte mûr » et
d’une troisième, « vieil adulte ». Mais pourquoi doit-elle être dite en anglais ?
Poursuivons notre lecture : la « scène YA » accueillera « Le Live » (performances
et lectures musicales), une « Bookroom » (un espace de rencontres), un «
Brainsto » (discussion entre créateurs), un « Photobooth » (pour laisser une trace
sur ses réseaux sociaux). Il était aussi prévu un « Bookquizz », très
malheureusement annulé.
Dans les rues, sur la Toile, dans les médias, dans les écoles privées après le bac
et dans les universités, partout, en fait, l’anglais tend à remplacer peu à peu le
français – à la vitesse d’un mot par jour. Chacun le sait, et beaucoup d’entre nous
l’acceptent comme si c’était le cours naturel de l’évolution, confondant la
mondialisation avec l’hégémonisme linguistique. Mais même dans un salon du
livre en France ? A Paris, dans un salon consacré au livre et accessoirement
à la littérature, n’est-il plus possible de parler français ?
Un acte de délinquance culturelle
« Nous disons à ceux qui collaborent activement à ce remplacement qu’ils
commettent, à leur insu ou délibérément, une atteinte grave à une culture et
à une pensée plus que millénaires, et que partagent près de 300 millions de
francophones »
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