Mutation du commerce et enjeux induits - Urbalyon
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Observatoire partenarial en Economie Mars 2020 Mutation du commerce et enjeux induits Sommaire Objectifs et méthodologie 2 1. Bilan des tendances de consommation 3 Source : madeinmarseille.net/ Crédit photo : DR 2. Bilan des mutations des circuits de distribution 7 3. Mutations de la logistique commerciale 15 4. Synthèse des ateliers 19 5. Principaux enjeux à intégrer pour les acteurs publics 22 Source : lejournaldeleco.fr Crédit photo : Urbalyon
Objectifs et méthodologie Le commerce est fortement boulever- Il s’agissait donc : sé par les mutations économiques et sociétales à l’œuvre : modifications des • d’identifier les mutations récentes et modes de déplacement et des modes de actuelles et les perspectives d’évo- consommation, accélération des rythmes lution des modes de consomma- Acteurs ayant contribué de vie, transition écologique, évolutions tion et des circuits de distribution à à l'expertise réglementaires, etc. l’œuvre en France et dans la Métropole Enseignes et foncières de Lyon, rencontrées : Aldi, Apsys, Ces évolutions engendrent une mutation • déterminer les enjeux prospectifs Auchan, Botanic, Boulanger, profonde et rapide du paysage commer- pour les collectivités, et en premier Carrefour, Carrefour Property et cial et des modèles de distribution. L’essor lieu pour la Métropole de Lyon, pour Carmila, Décathlon, Frey, LDLC, du e-commerce, couplé à la démultiplica- mieux appréhender le commerce de King Jouet, Klépierre tion des points de livraisons et le dévelop- demain (localisations, formats, fonc- pement des innovations technologiques, tionnement, etc.). Structures participantes aux impacte directement le rôle et le fonc- ateliers du 5 novembre 2019 tionnement des magasins, la logistique commerciale et questionne le devenir des • Acteurs privés : Pôle Cette expertise a été réalisée à partir : magasins physiques, du moins tels que d'intelligence logistique (PIL'S), nous les connaissons aujourd’hui. • d’une analyse documentaire réalisée Auchan, Botanic, Carrefour, sur la base de publications spécialisées Coup de pâtes, LDLC (retail Dans ce contexte évolutif, la Métropole (LSA conso, Procos, Linéaires, Traits et logistique), Lidl (retail et de Lyon a missionné en 2019, l’Observa- urbains, etc.) et d’éléments chiffrés logistique), Linkcity, Système U toire partenarial en économie (Opale) de (enquêtes de consommation des mé- (pôle transport et emballages), l’Agence d’urbanisme de Lyon pour réa- nages, études FEVAD, Nielsen, Kantar Vert chez vous, Urby, Vinci liser une expertise sur les mutations du World Panel, etc.), immobilier commerce et ses enjeux induits pour les acteurs publics. • d'entretiens avec des enseignes • Acteurs publics : Métropole de Lyon, Chambre de Commerce et des foncières commerciales pour Cette expertise vise à alimenter la et d'Industrie Lyon Métropole échanger sur leurs perspectives d’évo- préparation des futures politiques Saint-Etienne Roanne, lution et leur vision prospective (formats publiques de la Métropole de Lyon Chambre de Métiers et de de magasin, localisations, maillage ter- en interface avec la question com- l'Artisanat du Rhône, DDT du ritorial, logistique, nouveaux besoins, merciale (urbanisme, planification ré- Rhône, Sepal devenir des sites etc.), glementaire, aménagements urbains, déplacements, immobiliers dédiés, etc.) • la réalisation de trois ateliers com- posés d'un panel d'acteurs publics et privés. Cette demi-journée de travail a permis de conforter et compléter les enjeux identifiés. 2 I Expertise mutation du commerce et enjeux induits
1. Bilan des tendances de consommation Des réarbitrages de consommation Des changements sociétaux impactants les modes de La structure des dépenses des ménages consommation des ménages est marquée par une hausse progressive des parts des achats « contraints » (loge- De nombreux changements sociétaux ment, énergie, transport, santé, ensei- impactent les modes de consommation gnements, etc.) et des achats « plaisir » des ménages et notamment : (restauration, loisirs) au détriment de la consommation courante (alimentation, • Individu : montée en puissance de vêtements, chaussures, jouets, etc.). l’individualisation, de l’hédonisme et de Ainsi les dépenses de consommation « l’immédiateté » ; besoin de différen- courante représentaient 41% du budget ciation, d’affirmation identitaire et d’ac- des ménages en 1986 contre 32% en complissement personnel ; recherche 20161. de bien-être et de préservation de la santé, etc. • Valeurs collectives : prise de conscience environnementale, responsabilité so- ciale, souci du bien-être et de la santé mentale et physique, de l’éthique, etc. • Modes de vie : accélération des rythmes de vie, nomadisme, utilisa- tion du digital et des réseaux sociaux, moindre recours à la voiture dans les territoires urbains, etc. • Démographie : vieillissement de la population et augmentation de l’espé- rance de vie, diminution de la taille des ménages et augmentation des per- sonnes vivant seules, etc. • Progrès technologiques : accroisse- ment des débits de connexion, réalité virtuelle, intelligence artificielle, com- mande vocale et gestuelle, impression 3D, robotisation, etc. 1. Source Insee Expertise mutation du commerce et enjeux induits I3
Quatre grandes tendances de consommation se dégagent Chiffres clés e-commerce (tendance 1) Tendance 1 Tendance 2 France (2018) ► CA e-commerce: 92,6 milliards € (+30 Une consommation de plus en Une consommation simplifiée milliards en trois ans) plus connectée et multicanale ► Part de marché : 9,1% du commerce Face à l’accélération des rythmes de de détail* La dernière décennie est marquée par vie, la recherche de gain de temps et Région lyonnaise (2017) l’essor rapide des ventes en ligne. Avec de simplicité des achats sont au centre ► CA e-commerce : 707 M€ ; +53% depuis une emprise de 9,5% en région lyonnaise des arbitrages de consommation. Les 2012 sur les produits non-alimentaires, le e- consommateurs cherchent à minimiser ► Emprise de 9,5% en non-alimentaire commerce dépasse les 15% sur certains les « temps morts » (trajets, attente en ► Part supérieure à 20% sur le hi-fi, produits (cf. encadré ci-contre). caisse, …) et souhaitent une expérience l’informatique et le multimédia ; fluide et rapide, qu’elle soit physique ou ► Part entre 15% et 18% sur le petit mobilier, Cette tendance s’accompagne d’une digitale. l'électroménager, le linge de maison, les livres et les articles de sport ; démultiplication des points de retrait des e-commandes (magasins, domicile, Cette tendance s’illustre par le succès ► Part entre 7% et 12% pour les vêtements, les casiers, etc.) dans des délais de plus en des drives, du e-commerce, des super- chaussures, jeux jouets et le gros mobilier. plus courts (1 à 2 heure(s) en magasin, marchés de proximité et des magasins Sources : FEVAD - 9ème et 10ème enquêtes 1 à 2 jour(s) à domicile, voire moins en localisés sur les trajets des consomma- de consommation des ménages de la CCI Lyon cœur urbain) et sur des plages élargies teurs. Métropole Saint-Etienne Roanne (en soirée, le dimanche). * Commerce hors carburants, pharmacies, articles A l’inverse, les grands formats de maga- médicaux et orthopédiques sins, ceux jugés peu accessibles (car situés sur des axes congestionnés), peu pratiques ou trop éloignés des cœurs ur- « Click and Collect » au sein d'une ensigne bains, accentuant le sentiment de « perte de temps » pour certains clients (mais pas tous), sont davantage en difficulté. Chiffres clés tendance 2 Drive ► Chiffre d’affaires 2018 : 6,4 milliards € (3,7 en 2013) ► Hausse des ventes des produits de grande consommation : +7,5% entre 2017 et 2018 ► Emprise plus faible des drives en région lyonnaise (3,3%) Services de livraison (France) ► 36% des e-acheteurs sont abonnés à un service de livraison ► 38% des e-acheteurs ont eu recours au « Click & Collect », 9% aux livraisons en consigne Hypermarchés ► Les grands hypermarchés et moyens super- marchés en région lyonnaise perdent 2 à 2,2 points d’emprise entre 2012 et 2017 Sources : Nielsen - LSA février 2019, 9ème et 10ème enquêtes de consommation des ménages de la CCI Lyon Métropole Saint- Etienne Roanne, FEVAD Crédit photo : Urbalyon 4 I Expertise mutation du commerce et enjeux induits
Tendance 3 Tendance 4 Une consommation Une consommation plus personnalisée responsable et collaborative et « expériencielle » Les clients sont plus exigeants sur la Circuit court Les consommateurs sont davantage qualité et la provenance des produits. Le à la recherche d’une offre différenciée développement des applications déchif- et personnalisée avec des services et frant les étiquettes illustre ce phénomène conseils sur-mesure. Ils sont en rupture (exemple de Yuka avec 7 millions d’utili- avec la « consommation de masse », sateurs en 2018). modèle de développement de la grande Cette tendance est accélérée par la prise distribution au profit d’une consommation de conscience environnementale, les plus individualisée. On assiste depuis effets de la « malbouffe » sur la santé Crédit photo : Jean-Blaise Hall quelques années à une « démassifica- (surpoids, obésité, intolérances alimen- tion » progressive de la consommation. taires, etc.) et par les scandales agroali- Cette tendance se développe également Les progrès technologiques permettent mentaires répétés, générant une perte de sur les achats non-alimentaires pour les- une meilleure connaissance des clients confiance, voire une défiance, vis-à-vis quels on constate une hausse des achats et facilitent la personnalisation des offres. des acteurs de la grande distribution. éthiques et des produits d’occasion, des Dans le prolongement de cette consom- pratiques de location des produits (outils En alimentaire, les « consomm’acteurs » mation hyper-personnalisée, les de bricolage, vêtements & accessoires, sont en recherche de proximité, avec une consommateurs, notamment les jeunes jouets, etc.) et d’abonnement (musique, volonté d’agir pour l’emploi et pour l’envi- générations, recherchent des expé- presse, etc.). Ces pratiques marquent ronnement. Ils privilégient les produits riences, des « émotions » en famille, une rupture avec la notion de propriété proposant un meilleur rapport qualité/prix entre amis. Vivre une « expérience po- au profit de l’usage et de l’expérience. et préfèrent acheter moins pour limiter les sitive » devient un des moteurs clé de gaspillages. l’acte d’achat. Vill'up, centre commercial Villette (Paris) Chiffres clés tendance 4 ► Emprise du commerce non-sédentaire en alimentaire : 7,3% en région lyonnaise, elle dépasse les 10% sur Lyon ► 1 636 magasins spécialistes bio en 2018 (+10% par rapport à 2017). 24% des foyers français ont fréquenté ces magasins en 2018. Le circuit ne représente toutefois que 1% des dépenses en France. ► Chiffre d’affaires du bio (2018) : 9,7 Mrds (50% grande distribution, 34% spécialistes), en hausse annuelle de + 15,4% Sources : Nielsen Homescan Total Shopper 2018, Agence du Bio, 10ème enquête ménages CCI de Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne Source : luxsure.fr Expertise mutation du commerce et enjeux induits I5
Et à l’horizon 2030-2040 ?1 Ces tendances vont s’intensifier plus Deux évolutions socio-démogra- ou moins fortement au cours des phiques vont fortement impacter les prochaines années. De nombreux futurs comportements. facteurs influencent les modes de consommation, ce qui complexifie • Une grande majorité des générations l’exercice de prospective sur ce sujet. nées et ayant grandi avec internet (nées entre 2000 et 2015) appelées • La croissance du e-commerce est les « digital native » seront en âge appelée à se poursuivre. Selon de travailler et de consommer « de les spécialistes, les ventes en ligne façon autonome ». devraient atteindre entre 20% et 30% des parts de marché en 2030. Au-delà de leur forte propension L’imbrication entre la consommation à consommer en ligne, les « Z digitale et physique (entre réel et consommateurs » sont plus exi- virtuel) va continuer de s’accroître… geants que les générations précé- avec cependant un besoin crois- dentes, en recherche de satisfaction sant de déconnexion régulière de la immédiate, d’expériences positives. consommation numérique ! Ils accordent de l’importance aux avis et recommandations de leurs • La demande de proximité est « pairs » sur les réseaux sociaux. également amenée à s’accroître. Enfin, ils préfèrent l’usage à la pos- Cette proximité pourra être géogra- session des produits. phique (distance à parcourir, temps nécessaire) mais aussi psycholo- • Les seniors représenteront un gique (distance « mentale » entre un poids important de la population : vendeur et un acheteur, convivialité, près d’un quart des habitants du empathie…). Scot de l’Agglomération lyonnaise aura 60 ans ou plus à l’horizon 2040 • Les comportements plus respon- (et 100 000 à 120 000 personnes sables vont s’intensifier, même s’ils auront plus de 80 ans)2. peuvent être freinés par la problé- matique du prix : préférence pour Les seniors sont davantage à la les produits issus de la production recherche de proximité et de lien locale, « made in France », à faible social à travers les courses (par- empreintes écologiques, intérêt pour ticulièrement pour les plus âgés). le « fait main/fait maison », réduction Soucieux de leur santé et de leur ali- des gaspillages, … Globalement la mentation, ils sont particulièrement consommation semblera être plus attentifs à la qualité et à l’origine de « sobre » et plus raisonnée que par leurs achats. Ils ont pris l’habitude le passé. de consommer sur internet et dans les grandes surfaces. • L’agilité des consommateurs, leur propension à fréquenter plusieurs circuits et formats de magasins en fonction du moment, du temps, des 1. Principales sources : Francoscopie 2030 Gérard Mermet – envies, du budget ou des opportu- édition 2018 ; LSA conso ; Kantar Worldpanel nités va également se poursuivre 2. Source : Insee, recensement de la population et projections de la population, modèle Omphale scénario dans les années à venir. central-retraitement Agence d’urbanisme de Lyon 6 I Expertise mutation du commerce et enjeux induits
2. Bilan des mutations des circuits de distribution Une recomposition progressive du paysage commercial est enclenchée se traduisant par l'apparition de nouveaux concepts et acteurs, une diminution des parts de marché de certains formats et des repositionnements stratégiques des groupes. Impacts des évolutions des modes de consommation sur les formats ou circuits de distribution Formats/concepts en hausse : + Alimentaire : drives, magasins de proximité, magasins spécialistes bio, circuits courts (halles et marchés, ventes en direct), supermarchés à marques propres misant sur le meilleur rapport qualité/prix (tels que Lidl). Non-alimentaire : e-commerce, bazars et magasins de déstockage, sites entre particuliers, magasins positionnés sur une offre différenciante. + Services en hausse : livraisons, « Click & Collect », conseils de spécialistes, réparations de produits, services d’abonnement et de location, produits en vrac, ouverture élargie des magasins, etc. - Formats fragilisés : grands hypermarchés (notamment les intégrés) ou grands centres commerciaux (particulièrement les plus anciens et sur les secteurs ayant une offre très dense), moyennes et grandes surfaces d’équi- pement de la personne. Synthèse des mutations commerciales Phénomène 1 : forte digitalisation de l’offre Une consommation Phénomène 2 : du « mono-format » aux magasins de diversifiée, Recomposition tailles et configurations variées « opportuniste » progressive du et plus responsable Phénomène 3 : regain d’intérêt pour les centralités paysage commercial Phénomène 4 : réarbitrages des parcs de magasins Phénomène 5 : intérêt croissant pour les programmes mixtes en renouvellement urbain Phénomène 6 : des sites commerciaux plus qualitatifs et expérientiels Expertise mutation du commerce et enjeux induits I7
Phénomène 1 Forte digitalisation de l’offre Déploiement de stratégies omnicanales Des magasins de plus en plus digitalisés Les opérateurs se déploient sur tous les canaux de distribution : ils misent à la Les nouvelles technologies sont au cœur fois sur les ventes en ligne et en maga- des derniers concepts : tablettes, écrans sins physiques pour mieux atteindre les ou bornes tactiles aident les clients dans clients et fluidifier les parcours d’achat. leur projet d’achat. Ces outils permettent Le « décloisonnement des canaux de également d’accéder à l’ensemble de vente » s’illustre notamment par : l’offre sans tout exposer en magasin. L’assortiment proposé peut ainsi être Casier Amazon dans un petit Casino • La multiplication du « click-and-col- davantage sélectionné en fonction des lect » permettant le retrait dans un attentes clients de la zone de chalandise. magasin d’une e-commande. Selon la Fédération du e-commerce et de la Les magasins évoluent progressivement vente à distance (FEVAD), en 2018 en en points de contacts clients connec- France, 28% des clients ont profité du tés et expérientiels qui misent sur les retrait d’une commande dans un point conseils, les services, les rencontres, les relais ou dans un magasin pour acheter démonstrations de produits pour donner d’autres produits sur place. envie aux consommateurs de se dépla- cer. A noter que les armoires ou casiers se Source : Le point développent également hors magasins, particulièrement dans les lieux de pas- sage urbains (gares, parkings relais, 1. Opérateurs spécialisés historiquement dans la vente etc.). à distance ou en ligne tels que Amazon, Cdiscount ou La Redoute Magasin La Redoute - Lyon Grolée • La multiplication récente des alliances entre « pure-players »1 et des canaux traditionnels favorisant l’émergence de nouveaux leaders du commerce omnicanal. Concept store King Jouet – Lyon Grolée Exemples : Casino et Cdiscount (2017), Galeries Lafayette et la Redoute (2017), corners Cdiscount chez Mr Bricolage (2018), Amazon et Casino (2018), Spartoo et André (2018), etc. Source : Le Journal de la maison • L'ouverture de magasins physiques par des « pure-players » (LDLC, La Redoute, Spartoo …) afin de renforcer la visibilité, les conseils et les services. Source : E-marketing.fr Magasin LDLC – Lyon Saxe Gambetta LDLC a ainsi ouvert 40 magasins à mi-2019 et vise 100 points de contacts en 2021. L’enseigne déploie des petits formats périphériques (Saint-Priest, Villefranche-sur-Saône, Grenoble, Bourgoin-Jallieu, etc.) et des maga- sins urbains (Lyon Saxe-Gambetta, Villeurbanne, Vienne, Bordeaux, etc.). Source : LDLC 8 I Expertise mutation du commerce et enjeux induits
Phénomène 2 Du « mono-format » aux magasins de tailles et configurations variées Après des décennies de déploie- Enfin les enseignes cherchent davantage ment de concepts banalisés, quasi- une complémentarité de leurs maga- identiques d’une ville à l’autre, les opé- sins. La rentabilité se réfléchit davantage rateurs orientent leurs futurs développe- à l’échelle de l’ensemble du parc. Les ments vers des formats de magasins magasins les plus grands approvisionne- variables qui s’adaptent avant tout aux ment les plus petits ou les e-commandes. “ Parole d'enseigne clients (assortiments de l’offre, prix, ser- Les plus compacts permettent d’aller sur de nouveaux lieux. Les enseignes ne doivent vices, etc.) et aux territoires. plus avoir de concepts figés De nombreuses enseignes développent des stratégies de maillage plus fin sur la Métropole de Lyon, et sur l’ensemble du L’enseigne Ikea ouvre à la fois des maga- sins : pour mieux s’adapter à la diversification des demandes clients et au contexte local. “ territoire national, tant en centralité qu’en • XXL : exemples du Puisoz avec 22 000 périphérie. m² de vente ou du projet autorisé à Nice prévu sur 30 000 m², Ce maillage s’opère par : • XXS : exemples des « Ikea Planet Studio » “ • l’ouverture de nouveaux magasins, dédiés à la cuisine ou à la chambre déve- Parole d'enseigne loppés pour l'heure à l’étranger2 sur 400 Sur les territoires attractifs • le rapprochement entre opérateurs, m² et du magasin ouvert dans le quartier comme la Métropole de de la Madeleine à Paris sur 5 500 m². Exemples : Boulanger (enseigne pré- Lyon, les formats de demain sente sur les agglomérations) et s’adapteront davantage 1. Espace de vente d’une marque ou enseigne situé(e) dans aux contraintes territoriales «Experts et Connexion » (enseigne présente dans les petites et moyennes villes) ou Darty (enseigne de périphé- un magasin appelé également « shop in shop » 2. New York, Londres, Madrid, Stockholm, etc. (Schéma directeur d’urbanisme commercial, PLU-H, délais, disponibilités, etc.). “ rie) et Fnac (enseigne de centralité). • le déploiement de corners d’en- seignes1, solution relativement souple. Exemples : Orchestra chez King jouets, Maisons du Monde au Printemps, Boulanger aux Galeries Lafayette ou Les derniers formats de Décathlon BHV. Il n’existe que peu d’expérimen- tations à Lyon à ce jour. Les derniers formats sont majoritai- rement plus compacts. Certaines en- seignes divisent par 2 ou 3 (voire plus) leur format standard pour se positionner sur des zones de chalandise plus réduites ou viser des clientèles citadines (cf. point suivant). Cette tendance ne concerne pas tous les secteurs d’activités (exemple des jardineries ou de certaines chaînes de prêt-à-porter) et tous les magasins d’une même enseigne. Source : Decathlon Expertise mutation du commerce et enjeux induits I9
Phénomène 3 Regain d’intérêt pour les centralités En alimentaire • Développement de magasins franchi- Ce phénomène commence à voir le jour sés et d'indépendants de proximité sur la Métropole de Lyon : misant sur les produits, le conseil et les services (horaires, « Click & Collect », • ouverture d'un Décathlon en Presqu’île livraisons, produits frais et bio en vrac en 2018 ; etc.). Exemples de franchisés sur la • inauguration du concept store « King Métropole : My Auchan, Bio c’Bon, un Jouet » en Presqu’île en 2019 ; Tour au jardin1… • intérêt d'enseignes de bricolage ou jardi- • Déploiement rapide de « drive pié- nage pour développer des concepts ur- tons »2. Système U a ouvert plusieurs bains de 2000 à 3000 m² en centre-ville. sites en démarrant par Lyon Confluence et Saxe-Gambetta. Casino installe une vingtaine de casiers automatiques sur la région lyonnaise. 1. Sur les deux magasins lyonnais, un magasin a fermé En non-alimentaire : un an après son ouverture 2. Cf. Bulletin de veille urbanisme commercial de l’aire De nombreuses enseignes expérimentent “ Parole d'enseigne métropolitaine Lyon Saint-Etienne n°8, UrbaLyon et depuis deux à trois ans des concepts de Epures Le groupe a mis du temps à centralité sous la forme de magasins ur- investir les centralités du fait de bains et corners d’enseignes, au cœur son modèle de développement des grandes métropoles et agglomérations. Point de vigilance initial. La poursuite du maillage dans les cœurs urbains, y Des enseignes historiquement en péri- Les magasins urbains sont encore en phase de test et ne sont pas encore tous rentables. Le compris par le développement phérie (Ikea, Leroy Merlin, Décathlon, business model doit encore être stabilisé. Les de casiers, constitue le premier Boulanger, Maisons du Monde, etc.) se axe de développement pour les prochaines années. “ rapprochent des clients urbains ayant moins l’habitude de se déplacer en voiture pour réaliser leurs achats. Ils sélectionnent principales difficultés soulevées par les enseignes sont : • un panier moyen faible et des charges locatives élevées, • des localisations davantage soumises aux leur offre pour répondre à cette clientèle évènements extérieurs (pluie, forte chaleur, citadine. Par exemple les « Leroy Merlin manifestations) comparativement aux centres commerciaux ; “ Parole d'enseigne Urban » à Madrid ou Barcelone misent sur • des approvisionnements et un stationnement Le partage de la surface de la décoration, les luminaires, les objets du plus contraints qu’en périphérie. vente des magasins entre quotidien ou la peinture (moins de 10% de l’offre est exposée en magasin, le reste est enseignes partenaires est une solution à envisager pour péréniser les formats urbains. “ disponible sur les bornes). Exemples de magasins urbains Source : Biocoop Source :ac-franchise.com Source : www.sonitron.net 10 I Expertise mutation du commerce et enjeux induits
Phénomène 4 Réarbitrages des parcs de magasins Les opérateurs opèrent des arbitrages au • réduction des m² de vente remplacés sein de leur parc allant jusqu’à la ferme- par des moyennes surfaces non-ali- ture de magasins jugés peu rentables. mentaires, extension des boutiques en galerie marchande, des drives… ; Ces fermetures concernent plus particu- lièrement les secteurs fortement concur- • évolution de certains hypermarchés “ Parole d'enseigne rencés par internet ou marqués par une vers des magasins préparateurs de e- baisse de la consommation (prêt-à-por- commandes dans les centres urbains ; Sur certains secteurs ter, jeux-jouets, multimédia, etc.). géographiques (sud-est par • cessions, mise en location gérance, exemple), certains centres Par ailleurs, les groupes alimentaires voire fermetures de magasins. commerciaux sont en difficulté. intégrés (Auchan, Carrefour et Casino) Le taux de vacance dans les sont en train de restructurer le format Actuellement la diminution de surface galeries marchandes peut hypermarché : de vente d’hypermarché est encore atteindre parfois 50%. • diminution ou fermeture de rayons « en perdition » (gros électroménagers, assez marginale et ne concerne pas la Métropole de Lyon pour le moment. Cette tendance nationale est toutefois ame- Dans ces cas-là, il faudra songer à réduire la vocation commerciale du site. “ bijouterie, photos, etc.) remplacés par née à se renforcer dans les années à des corners de spécialistes (Darty, venir et ne doit pas être écartées des Fnac chez Carrefour, Boulanger chez “ réflexions stratégiques. Parole d'enseigne Auchan, etc.) et des restaurants (« La Exemples : réduction d’un tiers de Du fait de son dynamisme cuisine du marché » chez Auchan, « la surface de vente de l’hypermar- et la régulation opérée par Bistrot » chez Leclerc, etc.) ; ché Carrefour de Dijon Toison d’Or le SDUC, la Métropole de • extension des rayons de produits bio, Lyon est épargnée par les (-5 000 m² environ). Des négociations produits locaux et métiers de bouche fermetures, y compris sur les sont en cours pour diminuer la surface traditionnels ; d’un hypermarché du groupe à Marseille (-3 500 m² envisagé). formats fragilisés tels que les hypermarchés ou les galeries marchandes. “ Fermetures et restructurations • C&A : 21 magasins fermés en 2017 et 2018, les plus notables une dizaine de fermetures envisagée en 2019 • Eram : 96 fermetures en 2018 (magasins Texto et Heyraud) Alimentaire • Tati : 92 fermetures (2019) sauf le magasin • Carrefour : 200 fermetures (2017) historique de Paris-Barbès (49 sont devenus • Casino : cession d’une dizaine des Gifi) Impacts déjà constatés en France d’hypermarchés - • Auchan : 21 sites concernés Jeux-jouets Apparition de friches sur les par une fermeture (dont un seul La Grande Récré, Toys’r’us, etc. secteurs les plus fragilisés en Auvergne-Rhône-Alpes lié au cas particulier de Roanne) Equipement de la maison et présentant une offre périphérique abondante ; • 32 fermetures de magasins Conforama Prêt-à-porter et 10 « Maison Dépôt » en 2019/2020 • La Halle : 141 magasins fermés (2017) Montée de la vacance • Plan de cession depuis 2017 - • Zara (monde) : 900 fermetures des magasins intégrés à l’enseigne dans certaines galeries entre 2015 et 2018 Mr. Bricolage marchandes, centres commerciaux et centres- villes (notamment les villes moyennes). Expertise mutation du commerce et enjeux induits I 11
Phénomène 5 Des projets plus urbains proposant de nouveaux usages Un intérêt croissant Les projets récents reprennent les codes pour les programmes mixtes de la ville et sont structurés autour de en renouvellement urbain place(s) ou rue(s) centrale(s). Les bou- tiques sont orientées vers l’extérieur. Les La périphérie attire encore largement les opérations s’intègrent davantage aux ca- promoteurs : en 2019, 85% des surfaces ractéristiques patrimoniales et urbaines en projet en France sont en périphérie1. des lieux pour une meilleure appropria- Les projets mixtes ne représentent que tion des espaces. 5% des surfaces en projet (contre 1% en janvier 2018)1 et ne concernent que les Ces projets proposent davantage de métropoles et grandes agglomérations. mixité fonctionnelle : commerces, équi- pements culturels ou publics, bureaux et Sur ces territoires, des opérateurs coworking, hôtel(s), services, restaura- commerciaux (Altarea, Apsys, Frey tion, logements, crèches, etc. via sa filiale Citizers, la Compagnie de “ Parole de foncière Exemples : Grand Hôtel Dieu à Lyon Phalsbourg, Ceetrus, etc.) orientent Le commerce va être de moins en moins les clés de succès d’un lieu. “ leur futurs développements vers des projets urbains mixtes. Cette dyna- mique est d’ores et déjà engagé sur (Eiffage immobilier), Centre commercial Muse à Metz (Apsys), projet Bordeaux Saint-Jean (Apsys), Projet Nouvel R - la Métropole de Lyon (ex : Vénissieux Bruneseau - Paris 13e (Citizers), projet Grand Parilly). du Palais du commerce à Rennes (Frey - Citizers), projet portes de l’abbaye - Saint-André-lez-Lille (Ceetrus), etc. “ Parole de foncière L’hybridation des fonctions doit être au cœur des projets de demain. “ 1. Source : Procos – Observatoire de l’immobilier commercial “ Parole de foncière Les futurs programmes doivent intégrer une plus grande mutabilité des espaces. “ Projet Bordeaux Saint-Jean (opérateur : Apsys) Création d’un méridien de 20 mètres de large reliant la gare à la Garonne et les quais. Création d’un nouvel écosystème à ciel ouvert de part et d’autre du méridien avec le déploiement de socles actifs en rez-de-chaussée et éventuellement au premier étage. Programmation : 88 000 m² répartis entre logements, bureaux, hôtels, com- merces, restauration, loisirs, Ouverture prévue en 2023 Source : Apsys 12 I Expertise mutation du commerce et enjeux induits
Phénomène 6 L’évolution des sites commerciaux périphériques vers d’autres fonctions Des sites commerciaux reste encore marginale et au stade plus qualitatifs et expérientiels des réflexions. Peu de projets sont en phase opérationnelle et passent « le cap » d’intégrer des logements, y com- Les centres commerciaux misent davan- pris dans les Métropoles. “ Parole de foncière tage sur l’aspect architectural, le design, les animations, le confort des clients. Des réflexions sont en cours sur les Toutes les zones ne sont pas Ils répondent davantage aux exigences Métropoles de Bordeaux (site de des lieux de reconversion. environnementales. Mérignac Soleil), Montpellier (projet de Les mutations pourront renouvellement urbain d’entrée d’agglo- être envisagées seulement Pour miser sur les expériences clients, la programmation des centres commer- ciaux évolue. mération « Ode à la Mer », Strasbourg (zone commerciale Nord et zone d’Au- sur les sites desservis par des transport en commun performants. “ chan Baggersee). Il en est de même pour les six territoires lauréats de l’appel La part du prêt-à-porter diminue progres- à projet « Repenser la périphérie com- sivement au profit : merciale » lancé en 2017 par le ministre • des restaurants (10% à 20% des pro- de la Cohésion des territoires et des rela- grammes, parfois plus si présence d’un tions avec les collectivités territoriales1). “ cinéma), Parole d'enseigne Les modernisations et • des loisirs marchands et culturels (salle 1. Les six lauréats sont : Aix-Marseille-Provence Métropole, restructurations de pôles de sport, bowling, cinéma, musée, etc.) Limoges Métropole, la ville de Montigny-lès-Cormeilles, la commerciaux sont coûteuses. ville de Saint-Pierre, la Communauté d’agglomération de Il est nécessaire d’équilibrer • et des services (coworking, salles de Saint-Quentin-en-Yvelines, la Communauté de communes de Thiers Dore et Montagne. les bilans, notamment dans réunions, garde d’enfants, etc.) Malgré la diminution de la part du prêt- une période de baisse de la rentabilité des m² commerciaux. . “ à-porter dans les programmes récents, elle reste toutefois importante, la renta- bilité au m² étant plus élevée que sur des activités de loisirs ou de restauration. Ces évolutions concernent également les extensions de centres commerciaux. Les sites les plus anciens s’engagent Galeries Lafayette de Bron progressivement dans une phase de modernisation voire de restructura- tion pour s’adapter aux nouvelles at- tentes des consommateurs, sur le plan urbain et commercial. Exemples locaux : extension-requalifi- cation du centre commercial Part Dieu (+ 17 000 m² - travaux en cours) et des Galeries Lafayette à Bron (+11 000 m² avec restructuration et modernisation complète du site – travaux démarrés depuis février 2020). Expertise mutation du commerce et enjeux induits I 13
4 points de vigilance pour les collectivités Afin de rentabiliser les opérations, les modernisa- tions passent nécessairement par des extensions de m² commerciaux, notamment des galeries marchandes sur des activités pouvant rentrer en concurrence avec les centralités (santé, équipement de la personne, ser- vices). Les délais de commercialisation des programmes sont plus longs, notamment auprès des enseignes de prêt-à-porter compte tenu des difficultés rencontrées dans ce secteur (sauf quelques contre-exemples). Les formats en périphérie ont des difficultés à se re- nouveler : les opérations sont encore majoritairement sur un seul niveau, y compris dans les métropoles. En dehors des parkings, pas de façon systématique, peu de constructions se font sur plusieurs niveaux. Cette confi- guration est toutefois peu prisée par les enseignes. La diversification vers d’autres fonctions (lo- gements, activités non commerciales, etc.) est encore marginale. Les opérateurs soulignent que les sites rattrapés par l’urbanisation et bien desservis par les transports en commun, notamment dans les métropoles régionales dynamiques comme Lyon, sont mûrs pour intégrer davantage de mixité. Projet Mérignac Soleil (Bordeaux Métropole) Situation actuelle Zone commerciale vieillissante bénéficiant d’un accès direct au tram et d’une connexion à la rocade en 20 mn (axe saturé) Projet à terme (20 ans) 2 600 à 2 800 logements Parti pris paysager important (10 000 arbres) Portage SPL La Fabrique métropolitaine pour le compte de la Ville et de Bordeaux Métropole Opportunité Le transfert de Castorama a permis de libérer foncier et d’engager la phase 1 du projet Phase 1 380 à 400 logements locatifs sociaux (maisons indi- viduelles, duplex, collectifs) + services de proximité : conciergeries, cabinet médical, ressourcerie Source : Ville de Merignac 14 I Expertise mutation du commerce et enjeux induits
3. Mutations de la logistique commerciale La logistique commerciale consiste à pla- Dans un environnement de plus en plus nifier et contrôler les flux de biens depuis concurrentiel, les entreprises trouvent les centres de production jusqu'aux lieux dans la logistique des facteurs de com- de consommation ou de livraison (domi- pétitivité. cile, travail, consignes, magasins, drives, etc.), sous la contrainte de coûts et de Ainsi pour améliorer leur compétitivité, les délais acceptables pour les consomma- entreprises cherchent à : Chiffres clés - logistique teurs. • Améliorer la qualité et la conformité des ► Plus de 500 millions de colis ont été expé- Face à l'évolution des modes de consom- livraisons, afin de réduire les taux de diés en France en 2018. 24% ont fait l'objet retour, d'un retour, soit 125 millions de colis (Fevad). mation, la logistique commerciale est en mutation. On assite ainsi à forte atomi- ► Le dernier kilomètre représente 1% de la • Réduire les délais, sation des flux (pouvant aller jusqu’à la distance mais 25% du coût de la chaîne caricature 1 colis = 1 livreur) et une inten- logistique globale (Cerema, 2015). • Diminuer les coûts de transport mais sification des flux de marchandises en aussi de stockage, d'exploitation ou de ► Le transport de marchandises occupe 30% ville du fait notamment de : structure, de la voirie et contribue à la congestion des villes à hauteur de 50% (Ademe). Ces • la hausse du nombre de e-commandes chiffres intègrent également le transport • Renforcer la fidélisation des clients à "serviciel" (artisanat). qui sont de plus en plus hétérogènes travers le déploiement d’une offre de du fait de « l’hyper-individualisation » services à valeur ajoutée tels que le de la consommation, suivi de la commande sur Internet, la traçabilité des flux, la personnalisation • l’augmentation du nombre de réfé- des prestations, etc. rences vendues en ligne, • la croissance des commandes retours, dont la gratuité devient la norme, Ces facteurs d'amélioration dépendent de la capacité des entreprises à moder- • la démultiplication rapide des points de niser leurs méthodes de travail, à intégrer livraison, le processus logistique, à comprimer les • la diminution des délais de livraison coûts et les délais, à mesurer les per- pour satisfaire des clients en recherche formances, à automatiser les échanges, de satisfaction immédiate. à coordonner les activités et à partager les informations, les ressources et les La fonction logistique revêt ainsi une moyens entre partenaires. importance grandissante dans les entre- prises, constituant un centre de coûts importants. Le coût de la logistique peut ainsi représenter jusqu’à 15 % du prix du produit. Expertise mutation du commerce et enjeux induits I 15
Le travail de veille et d’entretiens a per- Maillage sur des formats d’entrepôts mis d’identifier les principales mutations plus compacts amorcées au sein de la filière. Les acteurs sont en phase de déploiement, parfois à En complément des plateformes d’entre- titre expérimental, de nouveaux modèles posage régionales XXL, les acteurs de la pour gagner en efficacité, optimiser les filière cherchent à développer des entre- flux et répondre à des engagements envi- pôts plus compacts aux portes et au cœur ronnementaux. des agglomérations et Métropoles. Deux types de besoins émergent : Appui de plus en plus fort sur le réseau de magasins • des entrepôts de stockage intermé- diaires compris entre 6 000 à 15 000 Afin de réduire les distances et gagner m² situés en première et deuxième cou- en rapidité, les enseignes s’appuient sur ronnes pour assurer l’interface entre leurs parcs de magasins pour assurer la les flux urbains et interurbains, logistique urbaine au sein des métropoles et grandes agglomérations. • des plateformes de proximité entre 400 et 1 000 m² en cœur de métropole ou Ainsi, les magasins les plus grands (ré- sur des formats de 1 000 à 3 000 m² en serves et/ou surface de vente) irriguent première couronne. Le développement de plus en plus les magasins plus petits. de ces entrepôts est à l’heure freiné par De même, les groupes généralisent le les prix (les m² sont peu rentables) et Modèles logistique des drives piétons « Ship-from-store » qui est un mode de le manque de disponibilités foncières et Selon les localisations, la préparation des livraison par lequel un distributeur livre immobilières. commandes est réalisée : ses e-clients (à domicile, en casiers, dans • soit dans un entrepôt dédié (modèle de un autre magasin, etc.) à partir de ses Leclerc en région parisienne et à Lyon), magasins et non depuis une plateforme • soit dans un hypermarché de périphérie de Développement de la robotisation d'entreposage. Ce système est ainsi l’enseigne, et de l’automatisation des entrepôts pratiqué par de nombreuses enseignes • soit au sein d’autres drives. de prêt à porter (Zara, Orchestra, Etam, En 2015, seulement 11% des entrepôts L’objectif est de mutualiser les lieux de stoc- kage et les tournées sur plusieurs magasins Morgan, Bonobo, Cache Cache, Jules, en France étaient automatisés1. Ces der- pour atteindre une certaine rentabilité de ce Brice, Rouge-Gorge, etc.) et tend à se nières années, on assiste à une multipli- concept en expérimentation. généraliser à tous les secteurs d’activités, cation des projets d’automatisation des y compris dans l’alimentaire (cf. encadré plateformes d’entreposage, notamment ci-contre). par les « Pure-players » tels que Amazon ou Cdiscount, pour répondre aux nou- A titre d’illustration sur la métropole lyon- veaux enjeux de la filière, y compris en naise, les magasins Décathlon de Bron termes de ressources humaines. et Part Dieu alimentent les commandes en « Click & Collect » et les magasins ur- bains. Cette organisation leur permet de tenir des délais de 2 heures. 1. Source : Cerema, 2015 16 I Expertise mutation du commerce et enjeux induits
Exemples d’automatisation : par le magasin sélectionné par le e- clients. La plateforme de 1 300 m² loca- • Le « Lab logistique » de Casino dont lisée à Saint-Priest absorbait, six mois l’objectif est de tester une nouvelle lo- après sa création, 2 000 commandes gistique en condition réelle au sein de en moyenne par semaine. Une prise l’hypermarché Géant de Pessac (33). de participation avec le spécialiste de Une quinzaine d’innovations sont déve- la livraison du dernier kilomètre « Ideal loppées en partenariat avec des start- Services » a été réalisée. up : robots pour surveiller les stocks, géolocalisation des articles pour prépa- • Hub mobile : près de Bordeaux à rer les commandes drive, digitalisation Pessac, une camionnette électrique des dates limites de consommation, contenant une dizaine de commandes blockchain pour assurer la traçabilité part de l’hypermarché Géant vers un des produits… parking d’un supermarché en ville. Des scooters électriques de la société • L’incubateur logistique de Cdiscount Green Liv prennent le relais pour assu- « The Warehouse » près de Bordeaux rer les livraisons au cœur de la métro- accueille des start-ups imaginant la pole. fonction logistique du futur : blockchain, robots et véhicules autonomes sont au • Restructuration d’un parking peu fré- programme. quenté au sein du centre commercial Beaugrenelle (Paris) pour développer un espace de stockage mutualisé. Mutualisation des espaces de stockage et des systèmes de livraison A l’heure actuelle, la grande majorité des distributeurs organisent leurs propres modèles logistiques. Ils sont encore peu nombreux à avoir passer le cap de la mu- tualisation des espaces de stockage et/ ou des systèmes de livraisons en milieu urbain. Livraison à domicile de Courses U Plusieurs initiatives privées ou pu- bliques sont toutefois en test dans les Métropoles. La disponibilité foncière et immobilière limitée et les prix élevés pour des usages logistiques en zone urbaine constituent des freins au déploiement de ces pratiques. Expériences portées par le privé : • Le groupe Mulliez est en réflexion pour mutualiser les stocks et livraisons des derniers kilomètres à une échelle groupe. Il a ainsi lancé une struc- ture commune « Melting Point » entre Décathlon et Leroy Merlin. Un élargis- sement de la structure pourra être envi- sagé à terme avec d’autres enseignes non-alimentaires du groupe (Boulanger, Kiabi, Norauto, etc.). • Création d’une plate-forme par dix ad- hérents Système U de l’agglomération lyonnaise « coursesU.com-Lyon » pour mutualiser les commandes et livraisons en ligne qui étaient jusqu’alors traitées Source : Les Echos Expertise mutation du commerce et enjeux induits I 17
Exemples menés par le groupe La Poste Bordeaux : Grenoble : en partenariat avec des métropoles : • Création d’un hôtel logistique urbain • Création d’un centre de mutualisa- partagé entre les opérateurs du groupe tion « Urby » situé en entrée de ville du Paris : (Chronopost, Colissimo, DPD France). centre de Grenoble. Ce centre prend • Déploiement de micro-dépôts ur- Il permet de mutualiser également les en charge la distribution des palettes bains pouvant prendre la forme de livraisons réalisées avec des véhicules et colis à destination d’entreprises et conteneurs, consignes, bâtiments ou à faibles émissions. commerçants du centre-ville. Il pro- véhicules. Les livraisons sont assu- pose également des prestations de • Création d’un espace logistique de stockage et de livraison à domicile des rées par des modes doux tes que vé- proximité en hypercentre de Bordeaux. clients et expérimente de nouveaux los, vélos cargo ou diables. Après une La Poste prend ainsi en charge les services tels que les livraisons en soi- expérimentation réussie dans plusieurs livraisons en vélo remorque vers les rée ou la logistique inversée (flux de villes européennes comme Madrid ou rues commerçantes impactées par les retour des produits, collecte des recy- Nuremberg, le groupe s’est engagé travaux de la 4e ligne de tramway et clats). Cinq centres de mutualisation à ouvrir 80 micro-dépôts à Paris d’ici propose aux commerçants un service ont suivi : Lyon, Montpellier, Toulouse, 2024. de livraison au domicile des clients. Saint-Etienne et Clermont-Ferrand. Le • Ouverture de trois espaces logis- Près de 170 commerçants bénéficient groupe affiche l’ambition de déployer tiques urbains Chronopost dans Paris de cet espace logistique. 22 centres de ce type à l’horizon 2020. intra-muros. Les livraisons s’opèrent également en véhicules alternatifs. • Projet de développer un bâtiment mixte de 50 000 m² à usage mixte compre- nant un hôtel logistique urbain mul- timodal (fer-route-tram) de 17 000 m² sur une friche ferroviaire à Bercy- Charenton. Le groupe La Poste explo- tera la moitié de la surface logistique. Exemples d’entrepôts logistiques urbains du groupe La Poste Source : La Poste 18 I Expertise mutation du commerce et enjeux induits
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