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Au cœur
de votre culture
Bibliothèques publiques
le bulletin de liaison des bibliothèques publiques en province de Namur
BibLoc.
Mai 2019 - N° 47 NAM
Sommaire DANS MON PETIT PANIER Dans ma boite à musique 4 Coup de cœur d’Oli pour les ados 5 Coup de cœur du BDbus 6 C’EST ARRIVÉ PRÈS DE CHEZ VOUS Bébé lit ! 7 Des émotions complètement folles 8-9 Harry Potter Book Night 10-11 « Joyeux Noël et bonne année » : Xavier Dumont aux Hêtres de Florès 12 Soirée manga mania à Andenne 13 Le petit monde de Mario Ramos 14-15 Animations au fil des saisons 16-17 Les Arsouilles ont soufflé leurs quarante bougies 18 Rencontre avec Annemarie Trekker 19 Mercredis poétiques 20-21 Le réveil des grainothèques 22-23 Gestes de métier 24-25 ON A AIMÉ… OU PAS Les derniers jours de Muhammad 26 Ne m’appelle pas Capitaine 27 Sérotonine 28 L’ombre portée 29 Spinder 30 Naissance d’une grand-mère 31 UN GOÛT ÉTRANGE VENU D’AILLEURS Quand la friche industrielle devient bibliothèque 32-33 DANS LE FOND Davantage de data 34 BIBLIORIGINALES Bibliotheca Digitalia 35
Le Bulletin de liaison des bibliothèques publiques en province de Namur
Éditorial Mai 2019 - N° 47
Avec le retour du printemps, voici le réveil des grainothèques, l’exposition de livres
fous, les animations au jardin, l’envie d’aller voir ailleurs ou de s’adonner à la poésie...
Le livre – album coloré, recueil de chansons, manga, saga, histoire de vie ou roman
d’horreur – n’est jamais loin. Il accompagne chaque saison de la vie. Jugez-en dans
les pages qui suivent : les livres à fenêtres exercent les petits doigts malhabiles, les
thrillers tiennent les plus grands en haleine et les récits de vie aident les grands-
mères (et les autres !) à réfléchir à leur propre vision de l’existence.
Aux quatre coins de la province de Namur, les bibliothécaires et leurs partenaires
sont à l’écoute de tous et usent de la lecture sous ses diverses formes pour encou-
rager l’imagination, la créativité, l’expression et l’exercice des cinq sens mais aussi,
dans le respect de chacun, la rencontre, l’échange de points de vue, le débat citoyen.
Débat citoyen particulièrement crucial en cette période de campagne électorale et
de turbulence entre gilets jaunes et défenseurs de la planète.
Pour répondre aux besoins les plus variés tout en autonomisant chaque usager dans
ses recherches de documentation ou d’évasion, quinze bibliothèques publiques de
la province de Namur, sous la houlette de la Bibliothèque centrale, réunissent leurs
catalogues et leurs agendas en un superbe portail interactif qui met toutes leurs
ressources et leurs activités à la disposition de l’internaute. Son nom ? Soyez attentif,
il vous sera bientôt dévoilé et BibLoc.nam vous en dira davantage dans son prochain
numéro !
D’ici là, informez-vous, évadez-vous, échangez, vivez !
Geneviève Lazaron,
Députée provinciale en charge de la Culture 3
Dans mon petit panier …
QUOI DE NEUF DANS MA BOÎTE À MUSIQUE ?
Voici quelques nouveautés de la bibliothèque musicale, venez vite les réserver !
Ballades enfantines / Domitille et Amaury Pierre et le loup et le jazz ! / Denis Podalydès,
de Crayencour ; [illustrations : Hélène Dru- Leslie Menu. – Paris : Le Chant du Monde,
vert]. – 2ème édition. - [S.l.] : Joyvox, 2018. - 1 2018. – ISBN978-2-906310-93-3
vol. : ill. ; 21 x 22 cm. - 978-2-490066-10-0
Tout le monde connait bien « Pierre et le
Ballades enfantines est un livre-CD tiré du loup » de Prokofiev. Alors, me direz-vous,
spectacle familial du même nom où une pourquoi en présenter une nouvelle version ?
jeune femme découvre le Paris insolite de
l’après-guerre. Eh bien, celle-ci est différente ! Il s’agit d’une
adaptation du fameux conte musical mais
Les chansons, très jazzy et swingantes, issues en version jazz divinement bien interprétée
du répertoire de la chanson française des an- par The Amazing Keystone Big Band.
nées ‘50, sont interprétées par Domitille et
son acolyte Amaury de Crayencour. Ce livre CD enivrera les petits comme les
grands par son côté ludique et fascinant.
Ce CD vous mettra de bonne humeur pour le
restant de la journée.
4 Nancy Docteur, bibliothécaire à la Bibliothèque centrale de la Province de Namur
Dans mon petit panier …
COUP DE CŒUR D’OLI POUR LES ADOS
Sanglant hiver de Hildur Knutsdottir
(Thierry Magnier, 2017)
Deux adolescents, Bergljot et Grimur, se ré-
jouissent du week-end à venir car leurs pa-
rents seront partis en amoureux dans leur
chalet de vacances. Mais leur mère est obli-
gée de rester en ville pour son boulot et les
enfants sont donc contraints de partir à la
campagne avec leur père. Fini le week-end
de sortie entre amis ! Mais ils ne se doutent
pas de ce qui les attend : les gens com-
mencent à vomir et à mourir comme si un
virus était dans l’air. Ils découvrent même sur
le sol des cadavres à moitié rongés par des
créatures monstrueuses. Ils décident de ren-
trer en ville chercher leur mère. Mais comme
ils ne la trouvent pas, ils tentent alors d’aller
se réfugier sur une île qui pourrait avoir été
épargnée. S’ensuit une fuite à travers le pays
avec deux autres survivants.
Premier tome d’une trilogie pour amateurs
de sensations fortes (certaines scènes sont
assez sanglantes pour des ados), ce volume
se focalise sur les personnages et leur quête
d’identité. Attachants, ils nous font découvrir
que rien est gagné dans un monde sur le dé-
clin et que tous les coups sont permis pour
survivre. Humains comme créatures, les dan-
gers rôdent…
Olivier Pirlot, bibliothécaire
à la Bibliothèque centrale
de la Province de Namur 5
Dans mon petit panier …
PETIT COUP DE CŒUR DU BDBUS
Monkey peak de Kôji Shinasaka et Akihiro Kumeta (Komikku) 5 tomes, en cours
Dans une montagne isolée où personne ne vous entendra crier, les employés d’un groupe
pharmaceutique récemment restructuré se retrouvent en randonnée afin de resserrer leurs
liens. L’air rafraichissant et la nature magnifique accompagnent les marcheurs. Mais à la nuit
tombée, une horrible tragédie vient les secouer : ils se font attaquer férocement par un singe
géant armé d’une machette ! La légende démoniaque est-elle vraie ? Un singe gardien de
cette montagne attaque-t-il les visiteurs ? Non, c’est un humain déguisé qui s’en prend au
groupe ! Très vite, la loi du plus fort prévaut, les esprits vicieux se réveillent et tous n’ont plus
qu’un but : survivre.
Véritable thriller horrifique qui nous tient en haleine tout le long de la série. On attend à chaque
fois la suite avec impatience. Pour adultes adeptes de sensations fortes.
6 Olivier Pirlot et Laurent Lejeune, équipage du BDbus de la Province de Namur
C’est arrivé près de chez vous …
BÉBÉ LIT !
« Bébé lit ! » est une animation à destination
des enfants entre zéro et trois ans qui se dé-
roule tous les premiers mercredis du mois à
la Bibliothèque Buxin-Simon de Florennes.
Chaque mois, un nouveau thème est abor-
dé et un nouveau décor planté : l’eau, les
arbres, les couleurs, la météo, etc.
« Bébé lit !», ce sont des livres choisis avec
soin pour permettre aux enfants de décou-
vrir des histoires mais aussi des textures et
matières différentes. Chaque livre est dif-
férent : album, abécédaire, livre à toucher,
pop-up, etc. Chaque type de livre est utilisé
pour une raison particulière : les pop-up ap-
prennent aux enfants à être délicats avec un
livre ; les livres « à fenêtre » leur permettent
de tester la dextérité de leurs doigts ; les
livres doux, poilus, rêches aiguisent leur
sens du toucher ; les livres sans texte déve-
loppent leur imagination ; et les histoires,
quant à elles, stimulent leur langage.
« Bébé lit !», ce sont aussi des animations
dans les crèches, au Bébébus et chez les
accueillantes à domicile de l’entité de Flo-
rennes car lire aux enfants dès le plus jeune
âge est important !
Justine Henri, bibliothécaire à la Bibliothèque de Florennes et animatrice de « Bébé lit » 7
C’est arrivé près de chez vous …
DES ÉMOTIONS COMPLÈTEMENT FOLLES
À Ciney, au Centre culturel, se sont installés
pour trois semaines des livres un peu spé-
ciaux. En effet, ils n’ont rien d’ordinaire… Ils
sont complètement fous !
L’exposition « Le Livre Fou » regroupe les
créations de plusieurs classes d’écoles se
trouvant sur la commune de Ciney ainsi
que certaines communes avoisinantes. Cela Mon arrivée comme stagiaire à la Biblio-
va de la première maternelle à la quatrième thèque, partenaire de ce projet, coïncidait
primaire sans oublier la participation d’ins- parfaitement avec l’ouverture de l’exposi-
titutions plus spécifiques comme le Gardian tion. Le lundi 18 mars, ma première jour-
(association accompagnant des adultes at- née, je suis entrée dans le bain directement
teints d’un handicap mental), le Relais du en suivant une visite guidée de l’exposition
Monde (centre d’accueil pour demandeurs par Maïté Dujeux pour une classe d’enfants.
d’asile) et la Spirale de Natoye (centre d’ex- J’étais venue au vernissage le vendredi 15
pression et de créativité). Cette année-ci le mars mais ce n’est pas du tout la même
thème imposé était celui des émotions, ce chose de découvrir les livres par soi-même
qui a donné vie aux dix-sept livres exposés. ou de les voir et entendre racontés et ex-
Lors des précédentes éditions de cet événe- pliqués par une bibliothécaire. Durant les
ment, qui a lieu tous les deux ans, d’autres différentes visites auxquelles j’ai assisté, il
thèmes ont été abordés comme la mer, la m’a été possible de participer en lisant une
musique, les monstres, le grenier, la gour- des histoires aux enfants. Une expérience
8 mandise, … unique !
C’est arrivé près de chez vous …
En plus de la visite, les enfants participaient
à d’autres activités : pour les tout-petits, de
la psychomotricité liée aux émotions ; pour
les six-sept ans, des lectures de contes en
plus de petits jeux ; pour les huit-dix ans, la
création d’une boîte à émotions. Celle-ci est
faite à partir d’une boîte d’allumettes vide et
d’une bandelette de papier pliée en forme
d’accordéon que les enfants peuvent déco-
rer à l’aide de toute une panoplie de matériel
mis à leur disposition : des pastels, des mar-
queurs, des crayons, des vieux catalogues ou
encore des morceaux de tissus. Lors de ces
activités plastiques, j’aidais à mettre en place
le matériel afin que tout soit prêt pour l’arri-
vée des enfants.
Ce genre d’exposition est vraiment enrichis-
sant pour les enfants, cela les pousse à faire
travailler leur imagination et leur apprend
à travailler en équipe. Et quelle fierté ils
éprouvent en voyant leurs œuvres présen-
tées !
Delphine Saussez, étudiante en 1ère année de bibliothécaire-documentaliste
à l’Hénallux, stagiaire à la Bibliothèque communale L’Air Livre de Ciney 9
C’est arrivé près de chez vous …
HARRY POTTER BOOK NIGHT
Le 8 février dernier, la Bibliothèque com-
munale d’Andenne a participé à la Harry
Potter Book Night ou nuit des livres Harry
Potter en français.
Cette soirée, initiée depuis 2014 par les
Éditions Bloomsbury, est une façon de
prolonger la ferveur qui entoure les livres
de la série depuis un peu plus de vingt
ans. Chaque année, un thème est choisi
par l’éditeur. Cette année, c’était l’école de
sorcellerie Poudlard qui était mise à l’hon-
neur.
L’équipe de la Bibliothèque a donc ten-
té de recréer l’atmosphère de ce célèbre
château dans ses quartiers. Chandelles
flottantes, parchemins, balais volants,
baguettes magiques, murs de briques,
« choixpeau magique » et autres hiboux
ont donc envahi les lieux. Le tout en met-
tant bien sûr à l’honneur différents livres
sur le monde magique d’Harry Potter ainsi
que les livres originels qui ont fait le succès
de la saga littéraire.
La soirée a commencé par une cérémo-
nie de répartition telle que décrite dans
les livres. Le « choixpeau magique », après
avoir entonné sa chanson d’accueil, attri-
buait une maison à chaque élève présent
pour cette nouvelle année à Poudlard.
Chaque groupe ainsi constitué participait
10 en équipe aux activités de la soirée.C’est arrivé près de chez vous …
Quatre ateliers étaient prévus : un atelier
« jeu de société » Harry Potter, un cours
de potions, un « escape game » dans le
bureau d’Argus Rusard et un atelier pour
créer ses photophores ornés de la sil-
houette de Poudlard. Chaque activité rap-
portait des points aux participants et aux
différentes maisons. Entre chaque activité,
les équipes pouvaient également décou-
vrir quels étaient leurs « patronus » via un
test de personnalité sur tablette.
Pour départager les différentes équipes,
un grand quizz final sur Poudlard et son
univers était organisé : un questionnaire
assez poussé mais idéal pour faire décou-
vrir un peu plus l’univers d’Harry Potter
aux participants et peut-être leur donner
envie de lire les livres pour ceux qui ne
les connaissaient pas encore. Certains pe-
tits sorciers ont épaté l’équipe par leurs
connaissances !
Gryffondor a ainsi gagné la coupe des
quatre maisons. Pour clôturer cette soi-
rée à Poudlard, bièraubeurre et jus de ci-
trouille ont coulé à flots. Les petits sorciers
ont aussi pu se régaler avec un petit buffet
de pâtisseries sorcières.
Enfin, les petits sorciers ont pu repartir
avec leur diplôme de Poudlard, une pho-
to souvenir, leur photophore et un large
sourire aux lèvres, au grand bonheur des
bibliothécaires !
Marine Finfe, bibliothécaire à la Bibliothèque communale d’Andenne 11C’est arrivé près de chez vous …
« JOYEUX NOËL ET BONNE ANNÉE » :
XAVIER DUMONT
AUX HÊTRES DE FLORÈS
On nous avait promis du pétillant pour ce 21 décembre comme prémices aux réveillons de
Noël et de Nouvel an. Eh bien, nous avons été servis !
En effet, c’est ce vendredi 21 décembre, jour le plus court de l’année, que Xavier Dumont a
livré, comme une petite parenthèse, ses histoires inquiétantes ou truculentes, historiques
ou absurdes au sein de la résidence-service Les hêtres de Florès pour les résidents et leurs
invités.
Une petite pause littéraire et délicieuse dans ce monde accéléré en compagnie d’auteurs
d’hier et d’aujourd’hui. Au menu, nous avons pu déguster, avec nostalgie, quelques mo-
ments choisis d’auteurs comme Alphonse Allais, Jacques Brel ou Marcel Pagnol mais aussi
des mises en bouche de toutes sortes avec des extraits d’ouvrages de B. Murphy, Jean Teulé
et Ken Follet.
Un florilège de contes, nouvelles, poèmes, extraits de romans, à la fois sucrés et salés, aro-
matisés d’un peu de nostalgie et de joie, pour nourrir autant nos têtes et nos cœurs que nos
estomacs en cette fin d’année bousculée.
Un régal pour les oreilles, à consommer sans modération pour se sentir bien.
12 Isabelle Lallemand, animatrice à la Bibliothèque de FloreffeC’est arrivé près de chez vous …
SOIRÉE MANGA MANIA À ANDENNE
En novembre dernier, le BDbus et la Biblio-
thèque communale d’Andenne ont propo-
sé à leurs lecteurs une animation manga.
Au programme :
Un cours de cuisine sushis où notre anima-
trice-cuisinière a dû s’adapter à des partici-
pants de tout âge (elle ne s’attendait pas à
avoir de jeunes enfants) et où tous ont pu y
goûter, même ceux qui n’avaient pas mis la
main à la pâte !
Un atelier créatif autour du manga : chaque
participant a réalisé un personnage dans un
cadre manga.
Ensuite, toujours dans la bonne humeur, un
buffet grignotage où les ados se sont lâchés
entre rire et gloutonnerie…
Et enfin, une séance de cinéma sur grand
écran : Mary et la fleur de sorcière, un su-
perbe dessin animé pour tous les âges qui
a apparemment plu tant aux participants
qu’aux bibliothécaires.
Le tout bien sûr en tenue cosplay : les trois
meilleurs déguisements étaient récom-
pensés par un bon d’achat pour acquérir
quelques mangas et continuer à rêver de
cet univers asiatique qui nous fascine tant !
Olivier Pirlot, bibliothécaire
à la Bibliothèque itinérante
de la Province de Namur 13C’est arrivé près de chez vous …
LE PETIT MONDE DE MARIO RAMOS
Chaque jour, la Bibliothèque centrale de la
Province de Namur (qui coproduisait l’ex-
position avec le Centre culturel) a mené à
bien des visites-animations pour partir à la
découverte des albums de l’auteur avec un
loup, un éléphant, un crocodile, une girafe,
tous forts, très forts, beaux, très beaux, une
souris qui voit le monde à l’envers, très à
l’envers et même un roi occupé, très occu-
pé ! Des histoires contées, des comptines,
des chansons et des jeux de doigts pour les
plus petits, des ateliers créatifs pour les plus
grands : albums revisités, écriture poétique,
expressions graphiques diverses,… En quit-
tant la visite, chaque enfant est reparti avec
une affiche offerte par les Éditions Pastel.
© Pastel La Bibliothèque locale de Dinant n’a pas été
Grâce au Centre de littérature de jeunesse en reste puisque, l’espace de deux mercre-
de Bruxelles et à la famille de l’auteur, de dis après-midi, après avoir visité l’exposition
la mi-janvier à la mi-février 2019, s’est te- au Centre culturel, les jeunes participants y
nue l’exposition « Le petit monde de Mario ont poursuivi leur voyage grâce à des lec-
Ramos » au Centre culturel de Dinant pour tures d’albums et des ateliers plastiques qui
le plus grand plaisir de près de sept cent leur ont également permis de s’approprier
cinquante enfants et autres visiteurs ravis. davantage l’univers de l’auteur. Pour l’occa-
L’évènement a mis en lumière le monde sion, les Éditions Pastel avaient autorisé la
animal dans l’œuvre de Mario Ramos (1958- reproduction d’une douzaine de couver-
2012). C’était une belle opportunité de tures et fournit des affiches. De cette ma-
plonger dans un univers tantôt rigolo et nière, la Bibliothèque était elle aussi, bai-
pince sans rire, tantôt plus triste et ouvert gnée dans le monde de Mario Ramos.
sur les différences et le rejet, une plongée
dans un monde qui fait rire et rêver mais Pour offrir aux enfants des visites attractives,
aussi réfléchir ! la Bibliothèque centrale avait fait appel à
une conteuse professionnelle et demandé
14
Masques© Bibliothèque CentraleC’est arrivé près de chez vous …
© Pastel « petite forme » les planches de l’album Le
un renfort à l’animatrice du TAPS (théâtres loup qui voulait être un mouton ainsi que
amateurs de la Province de Namur). Une bi- trois reproductions de l’album Le monde à
bliothécaire-animatrice de la Bibliothèque l’envers. Les bibliothèques qui accueilleront
centrale a pris le relais pour les ateliers créa- le projet pourront bénéficier de trucs et as-
tifs qui se sont déroulés dans les locaux de tuces des bibliothécaires de la Bibliothèque
la Bibliothèque. centrale pour animer, en regard de l’expo,
des ateliers autour du travail de l’auteur.
Pour les bibliothécaires de la Bibliothèque
centrale, ce fut une expérience très riche : le Enfin, la magie de Mario Ramos a opéré
partenaire culturel leur a accordé toute sa bien au-delà de la visite au Centre culturel
confiance et permis de laisser la part belle à puisqu’une classe de l’École communale de
leur imagination en leur offrant une fois de Thynes a eu la très belle idée de prolonger
plus l’opportunité d’augmenter leurs com- sa visite en créant sa propre expo ! Du tra-
pétences. Toutes les actions menées avec le vail de pro qui fait plaisir à voir et qui mérite
Centre culturel de Dinant permettent à la Bi- bien une mention spéciale !
bliothèque centrale d’offrir de belles exposi-
tions en décentralisation à son réseau des bi-
bliothèques publiques en province de Namur.
« Le petit monde de Mario Ramos » ne fera pas
exception. Grâce aux Éditions Pastel, un pe-
tit clin d’œil au travail de l’auteur pourra être
exposé gratuitement dans les bibliothèques
qui en feront la demande : une bonne ving-
taine de reproductions d’affiches et de pre-
mières de couverture. Une discussion a été
entamée avec les héritiers de Marios Ramos
et avec le Centre de Littérature de Jeunesse
de Bruxelles pour ajouter à cette exposition
Valérie Verstraelen, bibliothécaire à la Bibliothèque centrale de la Province de Namur 15C’est arrivé près de chez vous …
ANIMATIONS AU FIL DES SAISONS
Partage de savoirs, convivialité et aména- En été, l’aménagement du jardin de la Bi-
gement créatif de l’espace extérieur ont bliothèque s’est poursuivi avec des ateliers
rythmé l’année 2018 à la Bibliothèque de de création de mobilier en palettes. Un sa-
Jemeppe-sur-Sambre. Un grand merci à lon de lecture extérieur a été réalisé avec
la Bibliothèque centrale de la Province de les adolescents du service J et les jeunes
Namur pour son soutien précieux ! lecteurs de la Bibliothèque : initiation à la
menuiserie, à la couture et à la décora-
Au printemps, se sont déroulés des ateliers tion ! Cet espace convivial et confortable a
au jardin autour des plantes, des insectes été fort apprécié par les lecteurs durant la
et des oiseaux, trois journées à mesurer, belle saison.
scier, clouer, visser, décorer, semer, observer
et apprendre : nichoirs, hôtels à insectes,
fresque murale et semis provenant de la
grainothèque. Résultats 100 % girly !
16C’est arrivé près de chez vous …
En automne, à l’occasion de la Petite fureur En hiver, durant les congés de fin d’an-
de lire, la Bibliothèque a organisé des ren- née, ont eu lieu des animations autour de
contres avec l’illustratrice Anaïs Lambert et la malle « Zéro déchets, des livres pour agir ! ».
huit classes de l’entité. Après avoir expliqué Après avoir écouté les histoires Voyage à
le cheminement de la création d’un album, poubelle plage, Dégoûtant, Ma petite journée
l’intervenante a fait découvrir aux élèves verte et chanté « La légende du colibri », les
les planches originales de son magnifique enfants ont participé à des ateliers DIY (Do It
album Pas de géant. Elle les a ensuite ini- Yourself ). Avec des ingrédients naturels, ils
tiés à la technique du monotype en pro- ont concocté un nettoyant multi-surfaces,
posant différents ateliers d’illustration. La un pain de savon, un baume pour les lèvres
rencontre s’est clôturée en beauté par une mais aussi un sac en tissu avec un t-shirt
petite séance de dédicaces. Ce fut une se- de récupération et un film plastique réuti-
maine d’échanges très enrichissante grâce lisable à la cire d’abeille. Une après-midi de
à la Fédération Wallonie-Bruxelles et aux jeux de sociétés sur le thème a également
classes participantes. été organisée à la ludothèque. Merci à tous
les petits colibris pour leur participation, à
la Bibliothèque centrale de la Province de
Namur et au BEP pour ce bel outil pédago-
gique qui a suscité l’envie de prendre de
nouvelles résolutions pour l’année 2019.
L’équipe de la Bibliothèque
de Jemeppe-sur-Sambre 17C’est arrivé près de chez vous …
LES ARSOUILLES ONT SOUFFLÉ
LEURS QUARANTE BOUGIES
L’asbl Les Arsouilles travaille au quotidien Cette grande fête familiale se déroulait au
avec cent quarante-six accueillantes répar- Domaine des Grottes de Han privatisé pour
ties sur tout l’arrondissement de Dinant et l’occasion. Chaque famille avait la possibili-
alentours. Celles-ci accueillent les enfants té de visiter le Safari et le Musée des vieux
soit à leur domicile, soit en duo avec une métiers. Enfants et parents pouvaient éga-
collègue dans un local loué ou cédé par un lement participer à deux ateliers spéciali-
partenaire extérieur. sés pour les petits de zéro à trois ans parmi
les huit proposés : massage bébé, atelier
Afin de fêter dignement ses quarante ans Terre, la bibliocyclette, lecture (par la Biblio-
de service, l’association a organisé – de thèque communale de Rochefort), yoga de
main de maître ! – une journée festive le la joie, éveil musical, psychomotricité ou
samedi 22 septembre 2018 pour toutes les atelier batterie de cuisine.
familles dont les enfants sont gardés par
des accueillantes du service (plus de mille D’autres animations extérieures étaient
familles). prévues comme une fresque murale (pein-
ture) avec les mains et les dessins des en-
fants, des grimages, des mascottes, le jeu
du parachute, un bar à panade, des colla-
tions pour petits et grands et une « buggy
parade ».
La Bibliothèque communale a trouvé sa
place parmi toutes ces activités : certaines
familles l’ont découverte, des échanges se
sont noués entre différents intervenants sur
place.
Merci à notre bénévole Frédérique Lombet !
18 Claudine Germain, bibliothécaire à la Bibliothèque de RochefortC’est arrivé près de chez vous … RENCONTRE AVEC ANNEMARIE TREKKER Mercredi 13 mars dans la soirée, nous avons réuni la Compagnie d’écriture et le Cercle de lecture de la Bibliothèque communale de Rochefort et accueilli Annemarie Trekker, auteure de Naissance d’une grand-mère (cfr page 31) aux Éditions L’Harmattan. Anne- marie est sociologue, animatrice de tables d’écriture en histoire de vie, formatrice en recueil de récits de vie, conseils et suivis en écriture (auto)biographique, éditrice à Traces de vie et directrice de la collection « Encres de vie » à L’Harmattan (voir www. traces-de-vie.net). Pourquoi la Compagnie d’écriture et le Cercle de lecture en même temps ? Afin de mettre en synergie les capacités de chacun telles que l’écoute, la lecture, l’écriture. Ce fut un bel échange, un partage de ques- tions autour de l’écriture, de l’envie de se lancer pour faire éditer son manuscrit, de ce qu’est un récit de vie à la différence du roman. L’expérience de l’intervenante a permis de donner des conseils aux différents partici- Claudine Germain, bibliothécaire pants. à la Bibliothèque de Rochefort 19
C’est arrivé près de chez vous …
MERCREDIS POÉTIQUES
Les 9 et 16 janvier derniers, trois acteurs
culturels namurois ont à nouveau uni leurs
forces pour offrir aux élèves d’un internat
du Brabant wallon des mercredis après-mi-
dis à la découverte de l’art et la poésie.
En effet, la Maison de la Poésie de Namur,
la Bibliothèque centrale de la Province de
Namur et le Musée Félicien Rops sont par-
tenaires de longue date lorsqu’il s’agit d’ac-
cueillir d’importants groupes d’élèves et de
leur proposer des activités culturelles va-
riées.
Ainsi, tandis que la moitié des élèves a pu
visiter le musée Rops au fil d’un parcours
thématique, l’autre moitié a suivi un atelier
de découverte et d’écriture poétiques entre
les murs de la Maison de la Poésie.
Compilation d’instants poétiques : à partir d’un collage réalisé à partir de vieux magazines, chacun est invi-
té à se laisser inspirer par la petite scène créée pour écrire un court poème de quelques lignes.
20C’est arrivé près de chez vous …
Le mercredi 9, le jeune poète et comédien
Aurélien Dony a ainsi initié une vingtaine
d’élèves, de treize à dix-huit ans, à la poésie,
au pouvoir des mots et à l’expression de soi.
Il a guidé et encouragé les jeunes à prendre
la plume et à déposer leurs pensées sur pa-
pier. Le groupe a ensuite investi la salle de
spectacle de la Maison de la Poésie pour un
passage à la scène, à l’oralité et la déclama-
tion. Conseils quant à la gestion de l’espace,
au placement de la voix… le jeune comé-
dien a été généreux en trucs et astuces pour
donner confiance aux poètes en herbe !
Le mercredi 16 janvier, c’est Valérie Verstrae-
len de la Bibliothèque centrale de la Pro-
vince de Namur qui investissait les lieux
pour accueillir les plus jeunes élèves, de
six à douze ans. Valérie, assistée de Manon
Stas, de la Maison de la Poésie, a ainsi ini-
tié les enfants aux différentes facettes de
la poésie : création d’instants poétiques et
acrostiches étaient au programme pour li-
bérer l’imagination de chacun. Valérie, ani-
matrice aguerrie, a indéniablement séduit
le groupe avec ses activités poétiques lu-
diques et créatives
Manon Stas de Richelle,
Maison de la Poésie
Maité et Fabiola s’essayent aux acrostiches : créer
un instant poétique à partir des lettres de son
prénom, se libérer des contraintes syntaxiques,
laisser libre cours à son imagination ! 21C’est arrivé près de chez vous …
LE RÉVEIL DES GRAINOTHÈQUES
Autour de la permaculture, notre théma-
tique du jour, nous avons développé un
atelier d’ensachage des graines, un autre
atelier décor de petits sachets pour accueil-
lir les graines. Les livres documentaires pour
les adultes et la jeunesse sur le jardinage
étaient bien entendu consultables sur place
et un expert jardinier pouvait répondre aux
multiples questions.
Dans la foulée, un stand présenté par l’as-
sociation Paysans-artisans proposait une
vente de graines potagères bio de chez
Semailles. Un autre stand, tenu par l’asbl
biouloise IEDD (Initiative d’échange et de
développement durable) a retenu l’atten-
tion. IEDD œuvre au Burkina Faso au profit
d’une ferme-école agro-écologique et sa
Le tout début du printemps est toujours le structure de commercialisation des produc-
signal pour organiser un évènement autour tions au Burkina. Des photos illustrant le
de nos grainothèques. Pour l’occasion, nous travail mené là-bas, des graines spécifiques
prenons d’assaut la Maison de la Ruralité de adaptées à leur sol ont permis à notre large
Bioul afin de profiter de son large espace public de découvrir cette association soute-
propice aux petits ateliers, aux stands di- nue par la Commune d’Anhée. Les choses
vers et à la projection d’un film. ne s’arrêtent pas là puisque le 3 mai nous
22C’est arrivé près de chez vous …
accueillerons cinq Burkinabés de la ferme
école agro-écologique venus sur place
pour découvrir la grainothèque de la Biblio-
thèque de Denée, rencontrer les élèves de
l’École primaire de Warnant autour de leur
potager scolaire et participer au marché du
terroir sur la place d’Anhée… après avoir
été reçus par les autorités communales.
En fin d’après-midi, Jean-Claude Dewinte
revenu dans les murs pour l’occasion – il
était en effet animateur au Conseil cultu-
rel d’Anhée avant de prendre sa retraite – a
proposé un moment conté. Ensuite, le pu-
blic a été invité à se rendre dans la salle de
spectacle pour assister à la projection du
film documentaire « Ici, la terre » réalisé par
Luc Dechamps. À l’issue de la projection, le
débat engagé a permis d’en apprendre da-
vantage sur la permaculture. Éric Luyckx,
l’un des protagonistes du film, nous a re-
joints pour apporter son expertise sur la
thématique.
C’est donc une après-midi riche en échanges
en tous genres qui permet à un public un
peu plus nombreux chaque année de re-
nouer avec le travail de la terre et de s’in-
téresser à des techniques de culture plus
en accord avec le respect de la nature. Nos
grainothèques ne sont donc pas seulement
des boîtes de conservation et d’échanges
de graines issues de nos jardins, elles fa-
vorisent le questionnement, le partage de
savoirs et suscitent l’intérêt des enfants
pour créer des potagers en milieu scolaire.
Cette belle animation ne pourrait avoir lieu
sans nos partenaires le PCDN d’Anhée et le
Conseil culturel d’Anhée.
Francine Boulanger, bibliothécaire à la Bibliothèque de Denée/Anhée 23C’est arrivé près de chez vous …
GESTES DE MÉTIER
Dans le cadre de la thématique « travail »
développée cette année dans les biblio-
thèques publiques en province de Namur,
la Bibliothèque de Denée a accueilli durant
deux mois une exposition de photos de
Rose-Marie Lanneau issues d’une sélection
proposée par la Province de Namur et illus-
trant les gestes des métiers d’art.
Cette belle exposition fut appréciée tant
par les visiteurs occasionnels que par les
lecteurs habituels fréquentant la biblio-
thèque et a permis la mise en avant d’ou-
vrages spécifiques. Beaucoup de visiteurs
se sont attardés pour observer les détails, la
qualité artistique des photos, leur compo-
sition, leur langage. Ce fut l’occasion d’une
sensibilisation auprès des enfants en visite
avec leur classe. Quelques questions po-
sées aux enfants ont apporté des réponses
parfois étonnantes : « Savez-vous comment
l’artisan verrier découpe les morceaux de
verre ? » – « Avec un cutter ! » – « Et com-
ment le créateur de bijoux parvient à pro-
poser des créations aussi étincelantes dans
24C’est arrivé près de chez vous …
sa vitrine , » - « Il fissionne (sic) les matières » !
Ah, le beau métier que nous exerçons-là,
qui permet entre autre de sourire aux bons
mots et… de rectifier gentiment.
Les ados du club de lecture ont également
été invités à observer les photos et à les
commenter. Leur étonnement s’est marqué
sur le fait que l’on ne voit pas le visage de
l’artisan. Ce sont seulement les mains « tra-
vailleuses » qui sont mises en image. Cer-
tains fréquentant une section artistique ont
apporté des dessins où ils s’exercent à la re-
présentation des mains. De bons moments
d’expression et de réflexions autour du « Et
moi, quels métiers ai-je envie d’exercer plus
tard ? ».
On le voit, la thématique ne laisse pas
insensible d’autant que, dans la foulée,
nous avons invité le public pour une soi-
rée contée « Turbin, boulot, job, job, job ! »
proposée par deux conteuses de la Maison
du conte de Namur, à l’initiative et avec le
soutien de notre Bibliothèque centrale pro-
vinciale. Cette soirée-là aussi fut réussie : le
public présent est resté un long moment à
l’issue de la prestation des conteuses pour
un bon temps d’échanges chaleureux, de
chansons anciennes et de souvenirs.
Francine Boulanger, bibliothécaire à la Bibliothèque de Denée/Anhée 25On a aimé… ou pas
Les derniers jours de Muhammad
de Hela Ouardi, Albin Michel 2016,
lu par Françoise Dury, bibliothécaire
à la Bibliothèque centrale
de la Province de Namur
Universitaire tunisienne, Hela Ouardi a dé-
pouillé et confronté, avec une rigueur toute
scientifique, un nombre impressionnant
de sources sunnites, chiites et non mu-
sulmanes pour reconstituer l’atmosphère
qui régnait à Médine en juin 632. Telle est
en effet la date – supposée, nous dit l’au-
teure – de la mort de Muhammad. Sur ce
décès, qui devrait constituer un événement
majeur de la fondation de l’islam, plane un
mystère bien épais. De quoi Muhammad
est-il mort ? Pourquoi n’a-t-il pas pu dicter
ses dernières volontés ? Comment expli-
quer l’absence ou au contraire la présence
à son chevet de certains de ses proches ?
Pourquoi, à l’encontre de la tradition locale,
son enterrement a-t-il eu lieu deux jours
plus tard et à la sauvette ?
Hela Ouardi nous rend les traits d’un pro-
phète d’abord stratège politique avant
d’être chef religieux, ensuite affaibli par la
maladie et dont les siens, déjà trop occu-
pés par sa succession, font peu de cas. Il
n’est après tout qu’« un mortel semblable
à vous » (Coran, sourate 18, verset 110).
Habile à entrainer son lecteur au fil de l’his-
toire, l’auteure ne néglige cependant pas
de le conscientiser aux conséquences en-
core actuelles des circonstances qui ont en-
touré ce décès.
Une fois dépassée la petite difficulté des
noms arabes et pardonnée l’omission de la
consultation des nombreuses notes, voilà
un documentaire qui se lit comme un ro-
man et que l’actualité nous invite à décou-
26 vrir de manière pressante !On a aimé… ou pas
Ne m’appelle pas Capitaine
de Lyonel Trouillot, Actes Sud 2018,
lu par Françoise Dury, bibliothécaire
à la Bibliothèque centrale
de la Province de Namur
Des chapitres assez courts mais sans para-
graphes, comme écrits dans l’urgence, en
italiques pour lui, en caractères romains
pour elle. Lui, au Morne Dédé, quartier en
déshérence de Port-au-Prince qui abritait
les opposants sous la dictature, on l’appelle
Capitaine. C’est un vieil acariâtre qui parle
à des fantômes et ne quitte pas l’étage de
sa maison et rarement son fauteuil à la fe-
nêtre. Elle, c’est Aude, apprentie-journa-
liste, issue d’une famille opulente, où l’on
se marie entre cousins pour garder la cou-
leur de peau et dont la propriété est gar-
dée par un portail inviolable et une nuée
de domestiques… mais qui n’est pas sans
faille : Maxime, le frère d’Aude, est atteint de
troubles psychiques liés à l’usage de dro-
gues ; l’oncle Antoine est un solitaire, origi-
nal et secret.
Passée sa première réaction de colère à
l’arrivée de la jeune fille, Capitaine libère
une parole corsetée depuis des années et
lui conte l’histoire de tous ses voisins qui
ont disparu, assassinés, emprisonnés ou
en fuite à l’étranger. Il lui adjoint Jameson,
jeune paumé, en guise de garde du corps
dans les rues du Morne Dédé où l’hostilité
aux riches est palpable. De recherches à la
bibliothèque en consultation d’archives, de
conversation avec l’oncle Antoine en inter-
view de Capitaine, Aude découvre le passé
du vieil homme et l’identité de celle à qui il
murmure sans cesse « Ne m’appelle pas Ca-
pitaine ». Progressivement, la jeune fille dé-
veloppe son sens critique à propos de son
milieu d’origine, bâtisseur de fortune sur le
dos des pauvres. Elle est alors prête à abor-
der pleinement ce monde qui n’était pas le
sien et à donner ainsi du sens à sa propre
vie. 27On a aimé… ou pas
Sérotonine,
Michel Houellebecq, Flammarion 2019,
lu par Marianne Lhoir, bibliothécaire
à la Bibliothèque centrale
de la Province de Namur
Florent-Claude Labrouste, agronome, qua- tout abandonner : un emploi au Ministère
rante-six ans, est un être profondément de l’Agriculture, son appartement à Paris
déprimé qui mène une vie désastreuse sur et une épouse japonaise libertine. Les sept
le plan tant professionnel que personnel. cent mille euros qu’il a en poche vont lui
Même son prénom le désespère ! C’est grâce permettre d’errer longuement entre la ca-
à la sérotonine, un neurotransmetteur qui pitale et la Normandie. Au gré de ses péré-
libère une hormone censée le booster, qu’il grinations et de ses rencontres, il fait appel
supporte la vie. Un beau jour, il décide de à ses souvenirs, se remémore les bonheurs
connus et les gens, les femmes surtout qui
ont compté pour lui mais qu’il n’a pas su
retenir (Kate, Claire, Camille…) C’est alors
aussi qu’il retrouve son seul ami de l’Agro,
Aymeric d’Harcourt, descendant d’une
prestigieuse famille d’aristocrates français,
devenu éleveur de bovins en Normandie,
un être également malheureux et ruiné à
cause d’une politique européenne inadé-
quate en matière d’agriculture. Victime de la
mondialisation qu’il subit sans rien pouvoir
maîtriser, il a bien du mal à sauver sa peau
et sa profonde tristesse le pousse même à
des colères et des agissements extrêmes.
On peut qualifier Houellebecq d’obsédé
(scènes de sexe à répétition et écœurantes),
de misogyne, d’homophobe, de névrosé,
de désespéré, de désespérant. Cependant,
il porte un regard lucide, juste, caustique
mais drôle aussi sur une époque, un monde
rural en crise et une société en général
malheureuse. C’est un visionnaire : on di-
rait qu’il a eu le flair pour sentir naître le
mouvement des gilets jaunes. Une grande
tristesse émane de certaines pages. Le mal-
être de l’homme moderne, le regret de ne
pas pouvoir saisir le bonheur au bon mo-
ment ou de ne pouvoir le garder, l’absence
de réelle perspective d’avenir meilleur… y
sont très bien décrits. Ces pages formulées
simplement sont très touchantes. Et dans
cette ambiance de crise, il faut bien un an-
ti-dépresseur pour aider Florent-Claude à
28 trouver un semblant de bonheur !On a aimé… ou pas
L’ombre portée
de Bernard Tirtiaux,
Jean-Claude Lattès 2019,
lu par Marianne Lhoir, bibliothécaire
à la Bibliothèque centrale
de la Province de Namur
D’abord, il y a une ferme familiale (Martin-
rou), puis une grand-mère à forte personna-
lité (Hermine) et ensuite l’auteur (proprié-
taire des lieux). Écrivain bien connu chez
nous pour, entre autres, son livre Le passeur
de lumière, Bernard Tirtiaux est aussi maître
verrier, artiste peintre et chanteur. Son der-
nier livre relate non seulement l’histoire de
sa famille et son propre parcours mais aussi
la transformation de la ferme familiale en
lieu de création artistique, d’activités cultu-
relles multiples, bref, un domaine dédié
aux arts hyperconnu en Wallonie. Détruite
lors de la Seconde Guerre mondiale, cette
propriété a été reconstruite brique après
brique par Bernard Tirtiaux et, dans un souci
de transmission, il y fait revivre l’âme de sa
grand-mère, une femme au caractère bien
trempé, très impliquée notamment dans la
protection des enfants orphelins juifs pen-
dant la guerre.
Ce livre est non seulement un récit autobio-
graphique touchant mais aussi un bel hom-
mage rendu à sa grand-mère, une belle
« mise en lumière de sa part d’ombre ». 29On a aimé… ou pas
Spinder,
de Simon van der Geest
et Karst-Janneke Rogaar,
Éditions La Joie de Lire,
lu par la classe
de cinquième et sixième primaires
de Didier Beaujot à l’École de Sorinnes
C’est l’histoire de Hidde, un enfant peu inté-
ressé par l’école mais terriblement intéressé
par les insectes.
Ces derniers temps, Hidde se sent mal dans
sa peau ; son secret le ronge de l’intérieur.
Hidde a un frère, Jeppe. Celui-ci ne pense
qu’à son groupe de rock et à lui voler « la
cave ». La « cave », c’est leur endroit, c’est
leur secret à eux deux… et aussi celui de
leur autre frère, Ward. Mais Ward, lui, est dé-
cédé.
Maintenant, Jeppe réclame « la cave » dans
laquelle Hidde élève et collectionne ses
insectes. Hidde ne se laissera pas faire. La
bataille va faire rage et personne ne lâche-
ra rien ! La guerre l’obligera-t-elle à cracher
son secret ?
Nous avons adoré ce livre complexe. Il est
parcouru de guerres psychologiques, de
disputes familiales et d’un grand suspens.
Pour le comprendre et le savourer, tous les
détails doivent bien être repérés. Si vous y
30 arrivez, vous ne pourrez que l’aimer.On a aimé… ou pas
Naissance d’une grand-mère
d’Annemarie Trekker,
Éditions L’Harmattan 2018,
lu par Claudine Germain, bibliothécaire
à la Bibliothèque de Rochefort
Naître grand-mère, c’est ouvrir son regard sur
un art de vivre, d’aimer et d’exister.
Cette expérience intime se déroule au fil des
jours et des pages à travers un récit pris sur le
vif et animé par plusieurs voix : celle de l’au-
teure, l’écho des femmes dont elle est issue et
la présence active de ses cinq petits-enfants.
Un tremplin pour l’imaginaire, les désirs et les
projets dans le cercle de famille.
L’apparition de chaque nouveau pion sur
l’échiquier des générations fait bouger le jeu
et les enjeux tandis qu’une malicieuse inti-
mité se tisse entre les partenaires. L’un après
l’autre, Tim, Tam, Tom, Lili et Lulu viennent
ainsi bousculer les lignes, élargir l’horizon.
Émotions et interrogations mêlées, Anne-
marie Trekker parcourt le chemin qui l’a faite
grand-mère s’attachant à la sérénité que lui
procure cet ancrage, entre passé et présent,
au mouvement du monde, questionnant avec
une curiosité accrue la petite dernière-née qui
n’aura eu à se battre ni pour la démocratie ni
pour le féminisme : que saura-t-elle de ceux
qui l’ont précédée ?
Extrait de l’article paru dans la rubrique Arts
de « La Libre Belgique » à propos du livre
Naissance d’une grand-mère le 13 mars 2019.
31Un goût étrange venu d’ailleurs …
QUAND LA FRICHE INDUSTRIELLE
DEVIENT BIBLIOTHÈQUE…
La maturation du projet a pris douze ans.
Elle a débuté par la création, par le Gouver-
nement, du Fonds Belval destiné à financer
les bâtiments et le recrutement d’une direc-
trice puis la désignation de François Valenti-
ni, architecte luxembourgeois à renommée
internationale. Aux dires de Marie-Pierre
Pausch-Antoine, la bibliothécaire belge aux
commandes du navire, la clef du succès a
résidé dans la parfaite collaboration entre
les membres de ce trio dans le dialogue,
l’écoute des besoins et l’art du compromis.
En ce début de printemps, l’APBFB* avait
décidé d’offrir à ses membres une excursion
professionnelle. Les visiteurs ont décou-
vert un bâtiment de douze mille huit cent
mètres carrés sur cinq étages dont près de
deux tiers destinés au public et partagés
en divers plateaux ouverts. Un harmonieux
code couleurs et une élégante signalé-
tique en pictogrammes et en anglais – les
usagers sont multilingues – distinguent
entre eux les espaces. Les chefs de projets
recrutés en 2012-2013 ont choisi les éta-
gères Schulz, éclairées de leds sur chaque
planche et équipées d’une tablette de
Faire de son petit pays non plus seulement consultation du catalogue sous Aleph, ainsi
la terre bénie des banques mais aussi une que les sièges aux modèles les plus divers
nation de recherche et d’enseignement,
telle était et reste l’ambition du Gouver-
nement luxembourgeois. À peine créée
la première université en 2003, il s’est agi,
dès 2006, de réunir ses activités dispersées
sur trois campus. Belval, près d’Esch-sur-Al-
zette, permettait d’accueillir les infrastruc-
tures académiques tout en réhabilitant un
ancien site sidérurgique fermé en 1997. Le
Luxembourg Learning Center (LLC) occupe
un ancien hall industriel jadis destiné au
stock du coke et à son acheminement vers
le haut-fourneau par rails, chariots et ascen-
32 seur (gardé comme trace du passé).Vous pouvez aussi lire
