PANORAMA DE PRESSE - CGT 20/02/2018 08h25 - Panorama réalisé avec Pressedd - cgt finances publiques

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PANORAMA DE PRESSE - CGT 20/02/2018 08h25 - Panorama réalisé avec Pressedd - cgt finances publiques
PANORAMA DE PRESSE

      20/02/2018 08h25

             CGT

    Panorama réalisé avec Pressedd
PANORAMA DE PRESSE - CGT 20/02/2018 08h25 - Panorama réalisé avec Pressedd - cgt finances publiques
SOMMAIRE

                                            ACTUALITE SOCIALE
                                                      (8 articles)

                        La cour d'appel condamne Paprec (458 mots)
mardi 20 février 2018   «La décision est positive et conforme à la jurisprudence en la matière. » Maître       Page 5
                        Hervé Tourniquet n'est pas surpris. La déc…

                        Pages jaunes, le plan pour édulcorer les licenciements (599 mots)
mardi 20 février 2018   Suppression d'un millier d'emplois d'ici à 2019, fermeture de 14 sites sur 18 Les      Page 6
                        annonces d'éric Boustouller, directeur gé…

                        Qui veut faire sauter la Banque de France ? (758 mots)
mardi 20 février 2018   L'inauguration était presque passée inaperçue. Noyée dans les cérémonies de            Page 7
                        vœux, la première « succursale de présence de p…

                        Le rapport Taché sur l’intégration, vernis humaniste avant la
                        loi immigration (706 mots)                                                             Page 9
mardi 20 février 2018   La main tendue avant le tour de vis, le coup de barre humaniste de la politique
                        migratoire avant son pendant répressif. Deu…

                        72 propositions pour favoriser l'intégration des immigrés
                        (1616 mots)
mardi 20 février 2018                                                                                          Page 11
                        Aurélien Taché, député LRM, devait remettre, lundi 19 février, au -premier
                        ministre, Edouard Philippe, ses " 72 propositio…

                        Coup d’envoi de la réforme de la SNCF (839 mots)
                        Le gouvernement a donné, lundi 19 février, le coup d’envoi de la refonte de la         Page 13
mardi 20 février 2018
                        SNCF. Une première journée au cours de laquelle, le …

                        Hausse des salaires : la frilosité des entreprises (1163 mots)
                        « Il est temps que les salariés bénéficient des avantages de la croissance »,          Page 16
mardi 20 février 2018
                        affirmaient, à la mi-janvier, les syndicalistes allem…

                        Le statut des cheminots, point clé de la réforme de la SNCF
mardi 20 février 2018   (665 mots)
                                                                                                               Page 19
                        Parmi les 43 propositions contenues dans le rapport Spinetta, l'une d'elles focalise
                        déjà l'attention : la numéro 38, qui …
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MOUVEMENTS SOCIAUX
                                                     (5 articles)

                        L'action, remède à la souffrance (410 mots)
mardi 20 février 2018   Samedi dernier, accueillis par la sénatrice communiste Laurence Cohen, une         Page 21
                        cinquantaine des signataires de la lettre à Agnè…

                        Alors que la maternité de l'hôpital de Creil pourrait bien
mardi 20 février 2018   fermer d'ici à l'an (375 mots)                                                     Page 22
                        Alors que la maternité de l'hôpital de Creil pourrait bien fermer d'ici à l'an
                        prochain, la mobilisation s'intensifie. Aprè…

                        L'angioplastie coronaire : un nom barbare pour une urgence
mardi 20 février 2018   vitale devenu le cri de ralliement de (400 mots)                                   Page 23
                        L'angioplastie coronaire : un nom barbare pour une urgence vitale devenu le cri
                        de ralliement de la population de tout un d…

                        Dans les établissements du CHU de Toulouse, tout le monde
mardi 20 février 2018   connaît le service 801. Un numéro (373 mots)                                       Page 24
                        Dans les établissements du CHU de Toulouse, tout le monde connaît le service
                        801. Un numéro facile à retenir pour organiser…

                        Vers une grève à la SNCF comme en 1995 ? (583 mots)
                        Par Vincent Vérier Les syndicats de cheminots ont-ils les moyens de mettre leurs   Page 25
mardi 20 février 2018   menaces de grève à …
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ACTUALITE SOCIALE

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PANORAMA DE PRESSE - CGT 20/02/2018 08h25 - Panorama réalisé avec Pressedd - cgt finances publiques
mardi 20 février 2018
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    SOCIAL-ECO

    DISCRIMINATION

    La cour d'appel condamne Paprec
    La société devra réintégrer le représentant syndical CGT et payer 9 666,34 euros pour les salaires
    non versés.

    «La décision est positive et conforme           supérieur lui reproche un comporte-             la responsable des ressources hu-
    à la jurisprudence en la matière. »             ment agressif et menaçant, et des «             maines. Mais Mahamadou n'arrivera
    Maître Hervé Tourniquet n'est pas               mensonges sur ses conditions de tra-            pas à réintégrer son poste. Estimant
    surpris. La décision de la cour d'appel         vail en vue de monnayer son départ              qu'elle ne peut plus mettre en
    de Paris est claire : le représentant           de l'entreprise », comme le précise             contact l'employé et son supérieur,
    syndical CGT Mahamadou Kanté doit               l'arrêt de la cour d'appel. Pour Maha-          craignant un risque psychosocial
    être réintégré à son poste de conduc-           madou Kanté, c'est le fait de lui im-           chez ce dernier, la direction propose-
    teur d'engin dans l'établissement de            poser le nettoyage de tout l'entrepôt           ra à Mahamadou Kanté un poste dans
    la société Paprec Île-de-France de              et non de sa seule zone de travail qui          une entreprise cliente où il est le seul
    La Courneuve (Seine-Saint-Denis),               lui aurait fait hausser le ton. Il sera         salarié de Paprec. Une situation in-
    qui devra lui payer 9 666,34 euros              mis à pied à titre conservatoire, puis          compatible avec son mandat syndi-
    pour les salaires non intégralement             licencié. Mais, pour lui, c'est la créa-        cal, estime-t-il. Or, comme vient de
    versés. Cette décision confirme la po-          tion nouvelle de la section syndicale           le rappeler la cour d'appel de Paris,
    sition de l'inspection du travail, qui          CGT dans l'entreprise qui lui vaut un           un salarié protégé est « fondé à refu-
    avait refusé le 21 février 2017 le li-          traitement particulier.                         ser tout changement d'affectation ».
    cenciement du salarié protégé. Le 21                                                            Après son refus, l'entreprise aurait dû
    novembre, le ministère du Travail               Le 21 février 2017, l'inspecteur du             le réintégrer à son poste initial. Une
    donnait aussi raison à l'inspection du          travail refuse son licenciement,                situation rappelée par l'Humanité en
    travail. Pourtant, Mahamadou Kanté              considérant également « que l'activi-           mars dernier qui a valu au journal et
    n'a toujours pas pu réintégrer son              té syndicale de M. Kanté, ainsi que             à ses journalistes une plainte en dif-
    poste.                                          celle de la section syndicale CGT, a            famation de la part de la société. ■
                                                    bien été prise en compte pour décider
    Le conflit qui l'oppose à son entre-            le licenciement du salarié », se ré-                             par Kareen Janselme
    prise remonte à l'hiver 2016. A la              férant entre autres à un mail du di-
    suite de deux vives altercations, son           recteur de l'établissement adressé à

    Parution : Quotidienne                                                        Tous droits réservés L'Humanité 2018
    Diffusion : 34 877 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2016/                    A291A34E8EB0490385D314D0A10801E25D91A88C586374CB815B2A3
    2017
↑                                                                                                                                              5
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mardi 20 février 2018
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    SOCIAL-ECO

    RÉVÉLATION

    Pages jaunes, le plan pour édulcorer les licenciements
    Dans un document interne, la direction de l'entreprise indique ce que doivent dire les cadres pour
    faire accepter le plan social. Une opération d'illusionniste.

    S
         uppression       d'un      millier         Donner de la perspective, éviter de se          registrer) qu'il est sur un site privé
         d'emplois d'ici à 2019, fermeture          laisser entraîner par une lecture pu-           et qu'il est interdit de prendre des
    de 14 sites sur 18 Les annonces d'éric          rement sociale du projet. » Le projet           images. ( ) Ne jamais donner d'inter-
    Boustouller, directeur général de               désigne ici, de manière indissociable,          view à chaud et ne jamais entrer dans
    Pages jaunes, ont été jugées « vio-             les licenciements massifs et l'objec-           une conversation de fond. » Et puis
    lentes » par les organisations syndi-           tif de « devenir le champion du digi-           cette règle d'or : « Ne transmettez au-
    cales (1). Dans son allocution au per-          tal en France ». Bref, en étant virés,          cun document interne au journaliste.
    sonnel, par visioconférence, il n'a pas         vous participez à la réalisation d'une          »
    débordé de considération pour ceux              grande ambition !
    qu'il met à la porte. Mais la brutalité                                                         La direction a également produit un
    des décisions s'accompagne d'un sa-             Et il ne s'agirait pas que les salariés,        document destiné aux relations avec
    voir-faire pour les appliquer.                  perturbés à l'idée de perdre leur em-           les clients. Si l'un d'eux demande : «
                                                    ploi, soient moins performants : «              J'ai entendu à la radio que vous al-
    La direction de Pages jaunes, pro-              Veiller à garder les équipes motivées           liez licencier 1 000 personnes et fer-
    priété du groupe SoLocal, a transmis            ( ) Rappeler aux collaborateurs que             mer des agences, est-ce que c'est vrai
    aux « managers », c'est-à-dire aux              l'entreprise continue de travailler se-         ? », la réponse est déjà prête : « Oui,
    chefs de service, le parfait petit ma-          reinement. » C'est le « business                SoLocal s'engage dans un nouvel élan
    nuel censé faire accepter sans bron-            continuity ».                                   stratégique au service de votre satis-
    cher les licenciements promis. L'Hu-                                                            faction et celle de nos utilisateurs
    manité s'est procuré ce document à              Dans leur travail de paraphrase, les            pour devenir l'un des champions du
    usage interne, intitulé « Kit de com            managers ne doivent pas laisser de              digital en France. »
    managers ». Ces derniers sont donc              trace écrite : « Les messages sont à
    sommés de jouer un rôle clé dans                délivrer à l'oral uniquement, de façon          Les managers de Pages jaunes appli-
    l'endormissement des consciences.               informelle. » Autres consignes : «              queront-ils sans rechigner ces
    Tous les éléments de langage leur               N'exprimez jamais vos propres                   consignes ? Accepteront-ils d'être
    sont fournis.                                   doutes ; ne prenez pas parti ; ne don-          des facilitateurs de licenciements ?
                                                    nez pas votre opinion personnelle,              En attendant, les résistances se font
    Ainsi, ce qui a été annoncé à Pages             notamment sur les réductions d'ef-              entendre.
    jaunes ne doit pas être appelé plan             fectifs envisagées. » Dans sa dernière
    de licenciement : « Parler systémati-           partie, le document « Kit de com ma-            Les syndicats annoncent une grève
    quement de projet , utiliser le condi-          nagers » indique aux chefs de service           nationale ce vendredi. Et d'autres ac-
    tionnel. » Le mot licenciement est              les règles de communication externe,            tions pourraient suivre.
    d'ailleurs banni, au profit d'« emploi          c'est-à-dire avec les journalistes,
    impacté ». La direction, qui use vo-            ceux des télévisions en particulier : «         (1) L'Humanité, 14 février 2018. ■
    lontiers de litotes, ne voit dans les           Si un caméraman filme : indiquez au
    coupes sombres que la nécessité de «            journaliste qui l'accompagne (et non                                 par Bruno Vincens
    se transformer ». Autre injonction : «          au caméraman qui risque de vous en-

    Parution : Quotidienne                                                        Tous droits réservés L'Humanité 2018
    Diffusion : 34 877 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2016/                    B59AB33480C03E05554C12302100A1E157219E8828AD7F7662EBBCB
    2017
↑                                                                                                                                             6
    Audience : 372 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016
mardi 20 février 2018
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    SOCIAL-ECO

    INSTITUTION

    Qui veut faire sauter la Banque de France ?
    L'expérimentation d'un nouveau type d'agence pourrait bien s'étendre au pays entier, entraînant
    la suppression de 2 400 emplois dans l'établissement public et le passage au privé des activités du
    traitement de la monnaie.

    L
         'inauguration était presque           France, cette situation constitue un        cinq agents, comprenant le directeur
         passée inaperçue. Noyée dans          problème d'égalité entre les citoyens       et son adjoint. « Comment concilier
    les cérémonies de vœux, la première        d'une même région, et même du               le bon exercice des tâches avec les
    « succursale de présence de place »        pays.                                       absences pour congés, les périodes
    (SPP) de la Banque de France ouvrait                                                   de formation et les arrêts maladie ?
    à Châteauroux (Indre), début janvier,      Sur le site intranet de la Banque, une      » questionne la CGT. Au total, ce se-
    sans que guère plus d'un article dans      note de la direction que l'Humanité         ront 2 400 emplois qui risquent d'être
    la presse locale y fasse référence. Le     s'est procurée se targue de « locaux        supprimés en France dans les unités
    gouverneur François Villeroy de Gal-       plus fonctionnels et davantage adap-        départementales.         Viendront-ils
    hau s'était même déplacé en per-           tés aux services rendus » ainsi que         s'ajouter au « plan de départs volon-
    sonne pour l'occasion. Un événement        d'un accueil « des différents publics,      taires » que le gouvernement a prévu
    qui sonne pourtant comme une               particuliers et professionnels, (...) fa-   pour la fonction publique ? Toujours
    sourde déflagration pour les salariés      cilité ». Faux, rétorque la CGT. « Pour     est-il que la Banque de France a déjà
    comme pour les usagers, et qui risque      les entreprises, la connaissance fine       prévu de confier le traitement des
    d'avoir des répercussions dans les         de leur réalité économique sera             monnaies, un service régalien, à des
    temps à venir. D'autant que l'expé-        moindre, avec des conséquences pos-         entreprises privées, « prenant le
    rience menée en région Centre-Val          sibles sur les relations entre les en-      risque d'une dégradation fiduciaire
    de Loire devrait se généraliser à tout     treprises et leur banquier. »               sur notre territoire », craint l'inter-
    le pays.                                                                               syndicale. Ainsi, il sera désormais
                                               Quant à la rénovation des locaux, les       permis aux banquiers et à certains
    « Dans notre région, les succursales       élus syndicaux du comité d'entre-           transporteurs de fonds (Loomis,
    de Blois, Bourges, Châteauroux et          prise et du comité d'hygiène, de sé-        Brink's ) de recycler eux-mêmes les
    Chartres sont progressivement rem-         curité et des conditions de travail         billets de banque, alors qu'aupara-
    placées par des SPP », décrit un com-      (CHSCT) ont dû batailler pour obte-         vant seule la Banque de France avait
    muniqué de l'intersyndicale (CGT,          nir des aménagements qui concer-            le droit de le faire. Une situation qui
    FO, Solidaires) de la Banque de            naient la sécurité du personnel.            fait s'interroger Patrice Aubry : « Un
    France Centre-Val de Loire. Ces                                                        banquier qui traite lui-même ses
    agences à la dénomination fumeuse          Derrière cette réalité que prévoit le       billets ne pourrait-il pas avoir la ten-
    auront en charge l'accueil du public       bien mal nommé plan Ambitions               tation de remettre un billet faux en
    Et c'est tout ! « Le traitement des dos-   2020, la Banque de France envisage          circulation pour ne pas avoir à se re-
    siers de surendettement et d'entre-        de supprimer de nombreux postes. «          tirer à lui-même le montant de ce
    prises pour leur cotation sera centra-     Les caisses de Bourges et de Blois fer-     billet ? »
    lisé à Tours et Orléans, poursuit le       meront respectivement en juin 2018
    communiqué. Ainsi, les particuliers        et juin 2019 », précise Benoît Chauvet      A l'inverse de ce scénario catas-
    des départements du Cher, de l'Eure-       pour l'intersyndicale.                      trophe, l'intersyndicale a élaboré des
    et-Loir, de l'Indre et du Loir-et-Cher                                                 propositions alternatives. « Nous ne
    ne pourront plus rencontrer le ges-        L'exemple de Châteauroux est élo-           sommes pas contre les gains de pro-
    tionnaire de leur dossier de surendet-     quent. Si l'agence comptait encore          ductivité grâce à l'informatique, pré-
    tement. » Pour Patrice Aubry, res-         vingt agents en 2012, sa transforma-        cise Benoît Chauvet, mais, plutôt que
    ponsable de la CGT à la Banque de          tion en SPP a réduit ses effectifs à        de supprimer des emplois, pourquoi

↑                                                                                                                                     7
ne pas en profiter pour aider les par-          sure qui éviterait les 40 % de redépôt,    dossiers.   ■

    ticuliers à mettre en place les me-             après que la Banque de France eut
    sures de surendettement ? » Une me-             laissé les usagers gérer seuls leurs                            par Olivier Morin

    Parution : Quotidienne                                                   Tous droits réservés L'Humanité 2018
    Diffusion : 34 877 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2016/               219663DA8BD0670B956819D05401E10C5F314A8F683B71AAB5D83CD
    2017
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N° 11426
                                                         mardi 20 février 2018
                                                         Édition(s) : Principale
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    EXPRESSO

    Le rapport Taché sur l’intégration, vernis humaniste avant la loi immigration
    Le député LREM propose des pistes pour faciliter l’installation des étrangers en France.
    L’occasion pour le gouvernement de redorer son image, deux jours avant la présentation
    du texte répressif de Gérard Collomb.

    L
         a main tendue avant le tour de       difficulté.                                  pour la société française.» L’élu sou-
         vis, le coup de barre humaniste                                                   haite enfin que les titres de séjour
    de la politique migratoire avant son      Temporalité. Sur le travail, le rap-         soient allongés et que leur renouvel-
    pendant répressif. Deux jours avant       port propose d’intégrer au contrat           lement soit facilité.
    la présentation en Conseil des mi-        d’intégration républicain (CIR) un bi-
    nistres du projet de loi immigration,     lan de compétences et d’orienter en          Certains députés La République en
    qui doit notamment augmenter le           particulier les moins de 25 ans vers         marche (LREM), déboussolés par la
    nombre d’expulsions, le dépu-             des dispositifs de formation profes-         teneur du projet de loi asile et im-
    té LREM Aurélien Taché a présenté         sionnelle. Quant à l’accès au loge-          migration, misaient beaucoup sur les
    lundi son rapport«pour une politique      ment, il passerait notamment par             préconisations de leur collègue pour
    ambitieuse d’intégration des étrangers    une prime de 1 000 euros par habita-         redonner des couleurs au diptyque
    arrivant en France». C’est à Lyon -       tion pour les communes accueillant           «fermeté» et «humanité» martelé par
    ville du ministre de l’Intérieur, Gé-     des réfugiés.                                l’exécutif. Ils espèrent pouvoir pio-
    rard Collomb - que le jeune député du                                                  cher dans ces propositions afin
    Val-d’Oise, ancien socialiste, a remis    Aurélien Taché souhaite enfin «re-           d’amender le texte, qui sera débattu
    ce document au Premier ministre           fondre le module civique et le porter        au Parlement au printemps. Parmi
    Edouard Philippe, qui le lui avait        à 60 heures», au lieu de 12, pour en         les dispositions les plus discutées de
    commandé fin septembre. Au menu :         faire une «occasion d’aborder la vie en      celui-ci, le raccourcissement des dé-
    72 propositions censées «décupler les     France de façon concrète, en laissant        lais d’appel pour les demandeurs dé-
    capacités d’intégration des étrangers     place à la discussion et aux interven-       boutés et l’allongement de la durée
    que nous accueillons». Et contrebalan-    tions des Français eux-mêmes».               maximale de séjour en centre de ré-
    cer la sévérité du futur projet de loi.                                                tention.
                                              Mais le plus intéressant, au-delà du
    Apprentissage du français, travail,       contenu, réside dans la temporalité          Durcissement. Toutefois, la plupart
    logement : le député balaye un vaste      proposée par le député. Celui-ci sou-        des suggestions d’Aurélien Taché ne
    éventail de sujets. Pour mieux inté-      haite que l’apprentissage du français        relèvent pas du législatif, mais des
    grer les immigrés, réfugiés ou pré-       débute avant même que l’asile soit           politiques publiques. Elles devraient
    sents sur le territoire pour motif éco-   accordé ou non - le but du gouverne-         être plutôt étudiées, dans les pro-
    nomique ou familial, il propose de        ment étant qu’une demande soit trai-         chaines semaines, au sein d’un «co-
    doubler, voire de tripler le nombre       tée en six mois. Les personnes dont la       mité interministériel à l’intégration»
    d’heures d’apprentissage du français.     demande est acceptée seraient donc           impliquant, outre le ministère de
    Aujourd’hui, le parcours d’intégra-       déjà bien avancées dans leur par-            l’Intérieur, ceux de la Culture, du
    tion propose entre 50 et 200 heures       cours d’intégration au moment de la          Travail et de l’Education nationale.
    de français par personne. Bien loin       réponse. Le rapport propose aussi
    des 600 heures qu’offre par exemple       qu’un étranger resté sans réponse à          Lundi, à Lyon, Edouard Philippe a sa-
    l’Allemagne à ses nouveaux arri-          sa demande d’asile au bout de six            lué «une contribution très utile» à la
    vants. «Seuls 46 % des personnes qui      mois soit tout de même autorisé à            politique d’intégration, et promis de
    suivent 200 heures de cours atteignent    travailler : «Les périodes d’attente de      «reprendre à son compte les grands
    le niveau A1 [c’est-à-dire le plus ba-    l’instruction des demandes d’asile           axes» du rapport. Le Premier ministre
    sique, ndlr]», déplore Aurélien Taché,    constituent aujourd’hui des mois d’in-       a notamment annoncé la création
    qui souhaite jusqu’à 600 heures de        activité   extrêmement      préjudiciables   d’une «carte provisoire de réfugié»,
    cours pour les personnes les plus en      pour les demandeurs d’asile comme            permettant aux bénéficiaires du droit

↑                                                                                                                                   9
d’asile un accès immédiat à leurs              Devançant les critiques «normales» et       LREM les plus mal à l’aise vis-à-vis
    droits, avant la délivrance de leur            «légitimes» sur le durcissement de la       du texte. ■
    carte de résident. Il a aussi validé la        politique migratoire, le Premier mi-
    réduction, à six mois, du délai au-de-         nistre a enfin promis que le projet          par Laure Equy, Dominique Alber-
    là duquel un demandeur d’asile peut            de loi pourrait être «enrichi, précisé                   tini et Kim Hullot-Guiot
    légalement travailler, même sans ré-           ou amélioré» lors du débat parlemen-
    ponse de l’administration.                     taire. Une soupape pour les députés

    Parution : Quotidienne                                                  Tous droits réservés Libération 2018
    Diffusion : 75 824 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016/2017           6e91e3798790470d25441730170491095d919b8f38b57585fa3d61b
↑                                                                                                                                      10
    Audience : 961 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016
mardi 20 février 2018
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    FRANCE

    72 propositions pour favoriser l'intégration des immigrés
    Un rapport préconise une hausse des heures de français et une réduction de l'interdiction
    de travailler de neuf à six mois
    Aurélien Taché, député LRM, devait         vailleurs saisonniers (11 000) n'ont       qui pourrait être ramenée de neuf à
    remettre, lundi 19 février, au -pre-       pas vocation à rester, les 91 070 ar-      six mois après le dépôt de demande
    mier ministre, Edouard Philippe, ses "     rivants de l'immigration familiale, les    d'asile. Pour gagner du temps, tout
    72 propositions pour une politique am-     36 000 réfugiés et ceux qui ob-            nouveau venu expliquera ses études,
    bitieuse d'intégration des étrangers ar-   tiennent un visa de travail (27 700),      son travail dans son pays d'origine et
    rivant en France ". Bouclé depuis plu-     eux, s'installent en général pour          son projet en France, dès son premier
    sieurs semaines, ce travail avait été      longtemps et doivent de ce fait béné-      contact avec l'Office français de l'im-
    mis en attente par l'exécutif qui pré-     ficier de programmes de langue, es-        migration et de l'intégration (OFII).
    férait sa sortie au plus près de la pré-   time l'élu. Sauf bien sûr s'ils ont déjà   Les équivalences de diplôme seront
    sentation en conseil des ministres du      étudié en français, ou n'en ressentent     dès lors lancées " pour éviter d'ajouter
    projet de loi " asile et immigration "     pas le besoin à ce moment de leur          le déclassement à l'exil ", insiste M.
    de -Gérard Collomb, prévue mercre-         parcours.                                   Taché, préoccupé par le bien-être
    di.                                        Équivalences de diplôme                    des migrants comme par les consé-
                                               Il plaide en tout cas pour que cet ap-     quences économiques pour la France.
    Les 131 pages du parlementaire, un         prentissage puisse commencer là et
    ex-socialiste sensible aux valeurs         soit suffisant. En 2017, la France a       Soit le nouveau venu peut entrer di-
    d'accueil, font en effet entendre une      offert au maximum 200 heures de            rectement dans l'emploi, soit il a be-
    autre voix que la dissuasion migra-        cours à 54 % des entrants. La briève-      soin d'une formation professionnelle
    toire et la facilitation des expulsions,   té de ce cursus (très inférieur aux mi-    qui doit lui être proposée en même
    les deux lignes directrices du projet      nima de 600 heures en Allemagne)           temps qu'un logement et un suivi. Et
    de loi du ministre de l'intérieur. Au-     et l'hétérogénéité des niveaux ont         là, des modèles existent comme le
    rélien Taché revisite en profondeur        abouti à ce que seuls 46 % des sta-        programme HOPE, qui a largement
    les premières années en France à tra-      giaires atteignent le niveau de survie     inspiré les propositions de M. Taché.
    vers la triple focale du pragmatisme,      (niveau A1). M. Taché préconise            Mise en place par l'AFPA, l'Etat et le
    de la cohésion sociale et des droits       d'offrir 600 heures aux analphabètes       Medef, à titre expérimental sur 200
    dus aux plus vulnérables. Et son rap-      dans leur langue et à tous ceux qui        réfugiés d'abord et sur 1 000 ensuite,
    port a été guidé par l'obsession de        visent un niveau A2, de maîtrise cou-      la formule permet un accès à l'em-
    faire mentir la statistique (OCDE) qui     rante. C'est d'ailleurs ce niveau et       ploi, dans des secteurs en tension. "
    veut qu'au bout de cinq ans de séjour      une certification qui seront désor-        Après quatre mois de cours de français
    en France un tiers seulement des           mais visés et non plus le A1, si M. Ta-    professionnel, nos 200 premiers sta-
    étrangers soit en emploi.                  ché est entendu. " Et, pour gagner un      giaires ont signé un contrat de profes-
                                               temps précieux, les demandeurs d'asile     sionnalisation ", se réjouit Pascale Gé-
    Pour réinventer une intégration éco-       (hors pays d'origine sûr) pourront com-    rard, responsable à l'AFPA de ce dis-
    nomique, mais aussi culturelle et lin-     mencer l'apprentissage dès le dépôt de     positif financé à 75 % par les entre-
    guistique, le député propose de com-       leur demande ", ajoute l'élu. A l'heure    prises et à 25 % par l'Etat. La pre-
    mencer par construire des " parcours       actuelle, associations et collectifs       mière cohorte a été diplômée à 85 %,
    " pour les 130 000 personnes qui           sont les seuls à offrir des leçons de      se réjouit-elle, satisfaite à l'idée que "
    s'installent chaque année en France        français avant que le demandeur            deux nouvelles promotions de 500 réfu-
    et ont vocation à y rester, qu'ils         d'asile ne soit réfugié.                   giés soient engagées dans sept secteurs
    soient ou non réfugiés. En 2017, Pa-                                                  en tension, du bâtiment à la grande
    ris a délivré 262 000 premiers titres      L'élu propose de supprimer ce verrou       distribution où les patrons peinent à
    de séjour. Si étudiants (88 100) et tra-   ainsi que l'interdiction de travailler     recruter ".

↑                                                                                                                                      11
Engagement citoyen                           des associations ".
    Aurélien     Taché     propose     "   une      L'élu du Val-d'Oise estime que l'Etat
    contractualisation entre l'Etat et les          doit lancer la machine, mais plaide          Aurélien Taché fait en effet le pari
    branches professionnelles " et une              aussi pour un engagement citoyen,            que cette France accueillante incite-
    autre avec les primo-arrivants en-              afin que les Français soient acteurs         rait en retour le nouveau venu à si-
    trant " dans un parcours intégré qui            de cette intégration. " Imaginons une        gner pour du bénévolat voire un
    les conduit vers un emploi et un loge-          grande plate-forme numérique, sur le         contrat de service civique. " Et c'est
    ment, mais peut leur imposer une mo-            modèle de servicespublics.fr. Le nou-        à mes yeux une si belle preuve d'in-
    bilité géographique ".                          veau venu y trouverait aussi bien les        tégration qu'elle mérite la nationalité
                                                    démarches à suivre que les cours de          ! ", ajoute l'élu, qui regrette qu'au-
    Le parlementaire, qui a aussi mesuré            français dispensés près de chez lui, ou      jourd'hui " on ne regarde pas assez
    les difficultés de recrutements du-             même les hébergements chez les par-          souvent comment les nouveaux venus
    rant ses deux mois de terrain, souhai-          ticuliers ", résume l'élu, qui souhaite      se sont engagés pour leur pays d'adop-
    terait en même temps voir " suppri-             que les Français puissent parrainer          tion " et que cet accès soit trop laissé
    mée la condition de nationalité pour les        un nouveau venu, " car l'intégration         au bon vouloir des préfets. Ce qu'il
    fonctions non régaliennes de la fonc-           se fait aussi par le -contact ". Dans le     propose de cadrer. Comme les pas-
    tion publique ", et surtout que soient          vaste mouvement qu'il aimerait voir          sages, trop nombreux à ses yeux, en
    " simplifiées les procédures administra-        initié, les communes pourraient par-         préfecture. Après avoir constaté que
    tives d'octroi d'autorisations de travail       ticiper, soutenues par une prime de          l'immigré se rend " en moyenne quatre
    aux étrangers ainsi que la suppression          1 000 euros par logement proposé             fois en préfecture avant d'obtenir son
    de la taxe versée par les employeurs            pour un réfugié, les entreprises se-         premier titre de séjour ", il prône l'oc-
    pour l'embauche de réfugiés ". Un rap-          raient incitées à faciliter ce soutien et    troi de titres pluriannuels dès l'arri-
    port de l'OCDE rendu en novembre                un " crédit impôt solidarité pour les        vée et la dématérialisation de leur re-
     2017 concluait effectivement que               gens qui hébergent " verrait le jour. "      nouvellement.
    des patrons préféraient perdre des              J'ai vu beaucoup de gens modestes qui
    marchés que se lancer dans une pro-             souhaitent accueillir, mais pour qui les     Et, afin que tout cela devienne pos-
    cédure d'embauche d'un étranger,                fins de mois sont trop justes ".             sible, il appelle de ses vœux la créa-
    compliquée et aléatoire.                                                                     tion " d'un établissement public dédié ".
                                                    Son travail maintient le contrat d'in-       C'est évidemment le sujet qui risque
    Pour financer son programme, M. Ta-             tégration républicaine (CIR), seul           de fâcher à la fois le ministère de l'in-
    ché estime que 600 millions d'euros             vestige des politiques d'intégration         térieur, dont la direction des étran-
    sont nécessaires. " Un investissement           passées. Aurélien Taché en conserve          gers se croyait spécialiste du sujet, et
    sur l'avenir ", ajoute l'élu, qui parie         le nom, certes, mais le repense sur          l'OFII qui elle aussi pensait rafler la
    que cette mise de base créera un                soixante heures et non plus douze,           mise, forte de la gestion des CIR…
    cercle vertueux qui pourrait à terme            pour réellement " apprendre la France        Pour l'heure, un comité interministé-
    changer le regard de la population              " tout au long du processus d'inté-          riel se profile et décidera de ce point,
    sur les immigrés. Si l'effort est no-           gration. " Un collège d'historiens, pé-      comme des 71 autres propositions.
    table, à titre de comparaison, l'Alle-          dagogues, artistes donnerait corps à ce
    magne, elle, a consacré cette même              module qui doit être l'occasion d'abor-      Maryline Baumard ■
    somme en 2017 aux seuls cours gé-               der la vie en France de façon concrète,
    néraux de langue et affecté plus de             en laissant place à la discussion et aux                   par Maryline Baumard
    2 milliards à l'orientation vers l'em-          interventions des Français à travers la
    ploi.                                           réserve citoyenne, le service civique ou

    Parution : Quotidienne                                                     Tous droits réservés Le Monde 2018
    Diffusion : 278 790 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016/                 4196C31D81209C0F250F18404700C17C5B313A8218B97C9EFFF8486
    2017
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    Audience : 2 416 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016
mardi 20 février 2018
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    ENTREPRISES—ÉCONOMIE

                             Coup d’envoi de la réforme de la SNCF
                     Le gouvernement a donné, lundi 19 février, le coup d’envoi de la refonte de la
                     SNCF. Une première journée au cours de laquelle, le premier ministre Edouard
                     Philippe et la ministre des transports Elisabeth Borne ont reçu tour à tour
                     les dirigeants et les syndicats du rail français. Un partage des tâches. Le chef
                     du gouvernement a rencontré Bernard Roman, président de l’autorité de ré-
                     gulation des activités ferroviaires et routières (Arafer), puis Guillaume Pepy,
                     Frédéric Saint-Geours, respectivement président de la SNCF et président du
                     conseil de surveillance de la SNCF, et enfin Patrick Jeantet, PDG de SNCF Ré-
                     seau.

                     De leur côté, les quatre syndicats représentatifs de cheminots (CGT, Unsa, SUD
                     et CFDT) se sont succédé au ministère des transports. Une première phase de
                     consultation, sans aucune annonce, qui avait tout d’un round d’observation.
                     « L’enjeu des rencontres cette semaine » est « d’abord d’écouter ce que chaque
                     acteur attend de la réforme et d’entendre leurs réactions au rapport (…) Nous
                     sommes dans un état d’esprit d’écoute, de dialogue et aussi de clarté sur la néces-
                     sité d’agir », a déclaré Elisabeth Borne.

                     43 recommandations
                     Il est vrai que le dossier de la SNCF est ultrasensible. Nombre des quarante-
                     trois recommandations contenues dans le rapport Spinetta, telle la remise en
                     cause du statut des cheminots ou la transformation des différentes entités
                     de la SNCF en « sociétés nationales à capitaux publics », agissent comme des
                     chiffons rouges aux yeux des syndicats. Toutefois, le gouvernement s’est fixé
                     comme objectif de réduire la dette de la SNCF qui atteindra 50 milliards d’eu-
                     ros en 2018 et de préparer l’entreprise à l’ouverture à la concurrence comme
                     l’exige l’Union européenne.

                     Face aux organisations syndicales, la ministre des transports « a balayé le rap-
                     port Spinetta », estime Bruno Poncet, secrétaire fédéral SUD-Rail. L’occasion
                     de tester devant les organisations les principales recommandations contenues
                     dans le rapport Spinetta. Si l’UNSA-Ferroviaire, premier syndicat à avoir été
                     reçu par Mme Borne, a voulu voir une ministre « plutôt ouverte à la concerta-
                     tion », les centrales dans leur ensemble se veulent extrêmement vigilantes.

                     Montrer les muscles
                     « Nous restons sur nos gardes » après avoir découvert un rapport qui « taille dans
                     le vif » a indiqué Roger Dillenseger, secrétaire général de l’Unsa-Ferroviaire.
                     Plus abrupt encore, M. Poncet a estimé que ce premier échange avait mis en
                     lumière « des visions diamétralement opposées » entre le gouvernement et les
                     syndicats sur l’avenir de la SNCF. Selon SUD-Rail, pour l’heure, « il ne peut y
                     avoir de terrain d’entente ».

                     Sans attendre, la CGT, premier syndicat de la SNCF, et Force ouvrière ont déjà

↑                                                                                                          13
appelé les salariés de la SNCF à manifester le 22 mars. A la même date que la
    journée d’action prévue dans la fonction publique. « La bataille n’est pas ga-
    gnée d’avance pour le gouvernement », s’est écrié pour sa part Laurent Brun, se-
    crétaire général de la CGT-Cheminots. Elle pourrait recevoir le renfort de SUD-
    Rail. Le syndicat « a lancé une consultation auprès de ses adhérents ». Un préa-
    lable avant de définir sa position mercredi 21 février. M. Poncet se déclare déjà
    prêt à former « une plateforme unitaire ». Même la CFDT, d’habitude plutôt ac-
    commodante, est prête à se joindre au mouvement. « Nous saurons aussi (…), si
    nous voyons que les choses ne changent pas, être capables de montrer les muscles
    et de faire réagir le rapport de forces », a-t-il prévenu à la sortie. Mais « on n’en
    est pas là », a indiqué Didier Aubert, secrétaire général de la CFDT-Cheminots.

    SUD-Rail lance un avertissement au gouvernement s’il persiste dans son pro-
    jet. Il risque « d’agréger tous les mécontents » contre lui. Non seulement, « tous
    les cheminots qui sont inquiets » mais aussi les « usagers et les régions ».

    « Un léger rétropédalage »
    Cette première journée a été l’occasion de faire passer quelques messages.
    Reçu par la ministre des transports, le président de l’Arafer a défendu l’avis
    conforme (juridiquement contraignant) du régulateur sur la tarification du ré-
    seau ferré. Un pouvoir menacé par le projet de réforme qui permet pourtant
    à l’Arafer d’accompagner l’ouverture à la concurrence en obligeant SNCF Ré-
    seau à justifier le niveau de ses péages et à les maintenir à un niveau soute-
    nable pour les compagnies ferroviaires.

    Outre les syndicats, les régions se sont aussi déclarées, lundi, « très préoccu-
    pées » par l’avenir du réseau ferroviaire de proximité. Dans un communiqué,
    l’association Régions de France a fait part de son opposition à la recomman-
    dation du rapport Spinetta sur l’évolution du rail « qui invite l’Etat à ne pas res-
    pecter les Contrats de plan Etat-Régions » (CPER). Une vive réaction qui semble
    avoir été entendue par le gouvernement. A l’occasion de son entretien avec
    Mme Borne, Bruno Poncet a cru percevoir « un léger rétropédalage sur la ferme-
    ture des petites lignes ». Le Premier ministre pourrait décider de remettre à plus
    tard ces clôtures. Un premier recul qui traduirait une « inquiétude politique »,
    signale le dirigeant de SUD-Rail.

    Porteuses de « risques d’impopularité » pour le président de la république Em-
    manuel Macron et pour le chef du gouvernement, elles seraienttout bonne-
    ment « sorties de la réforme », indique-t-on de bonne source. Prudent, Edouard
    Philippe a fait savoir qu’il annoncerait le calendrier et la méthode de la SNCF
    le 26 février. C’est-à-dire au lendemain de la manifestation organisée par la
    CGT.

↑                                                                                           14
La gare SNCF de Paris Saint-Lazare, le 15 février.

                             La gare SNCF de Paris Saint-Lazare, le 15 février.

                             LUDOVIC MARIN / AFP

                                                                                                  Par Guy Dutheil

    Parution : Quotidienne                                                    Tous droits réservés http://www.lemonde.fr 2018
↑                                                                             759163a88ad0b60eb5f01f80a90fa14d5991918ab84179a0a1966b5   15
mardi 20 février 2018
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    ÉCONOMIE

               Hausse des salaires : la frilosité des entreprises
               « Il est temps que les salariés bénéficient des avantages de la croissance », affir-
               maient, à la mi-janvier, les syndicalistes allemands d’IG Metall en lançant des
               arrêts de travail pour obtenir une hausse de 6 % des salaires. Le patronat de
               la métallurgie leur a lâché + 4,3 %. Pas plus tard que jeudi 22 février, les sa-
               lariés d’Air France sont invités par dix syndicats à faire grève pour décrocher
               6 % d’augmentation « au titre de l’inflation perdue » depuis six ans. La France
               suivrait-elle l’exemple allemand ? Avec l’amélioration de la croissance et de
               l’emploi, les attentes sont fortes.

               A la mi-janvier, une étude du cabinet de recrutement international Robert
               Walters montrait que les exigences salariales étaient en nette hausse chez les
               cadres. En France, tous secteurs confondus, manageurs ou experts comptent
               même sur des augmentations de 7 % à 10 %. Et la proportion de ceux qui es-
               pèrent voir leurs rémunérations progresser de plus de 7 % est loin d’être négli-
               geable : 28 %.

               Source de tensions
               Les entreprises ont du souci à se faire. Car, chez les non-cadres aussi, le sujet
               des salaires redevient sensible. « Ces dernières années, témoigne Mohammed
               Oussedik, secrétaire général de la fédération CGT-Verre-Céramique, la ques-
               tion primordiale était de garder son emploi, et c’est toujours le cas dans des sec-
               teurs comme la distribution. Mais, dans les entreprises où les investissements re-
               prennent, les salariés veulent leur part des résultats. Pour les non-cadres, la ré-
               munération est devenue la principale source de tensions avec l’employeur. Il suffit
               qu’une prime de vacances ne soit pas revalorisée et c’est le conflit. »

               Plus d’une entreprise sur deux (58 %) a ouvert ses négociations annuelles
               obligatoires (NAO), un tiers (29 %) les a finalisées. Deloitte, qui publie mardi
               20 février son enquête annuelle sur les salaires en 2018, annonce des budgets
               d’augmentations « qui tiennent compte de l’inflation et repartent à la hausse pour
               la première fois depuis 2011 », indique Jean-Philippe Gouin, associé du cabinet
               d’audit et de conseil.

               Les entreprises prévoient des hausses de 2 %, toutes populations confondues,
               ainsi qu’une forte individualisation. Les deux tiers du budget sont réservés
               aux augmentations individuelles, au détriment des hausses générales. Seize
               pour cent des négociations annuelles obligatoires se sont déjà conclues sur un
               désaccord.

               C’est le cas chez Sodexo, où, explique Amar Lagha, secrétaire général de la
               fédération CGT du commerce, « le syndicat avait demandé 5 % d’augmentation,
               pour que le salaire minimum dans l’entreprise atteigne 1 800 euros brut et que la
               quote-part de la mutuelle soit prise en charge à 50 % par l’employeur. Ils ont tout
               refusé, au motif que la croissance n’était pas là et que la compétition est rude. Ré-
               sultat : à peine 1 % de hausse des salaires. Plusieurs sites se sont mis en grève ».

↑                                                                                                      16
Individualisation « quasiment généralisée »
    La tendance à l’individualisation n’est pas nouvelle.Bruno Rocquemont, du
    cabinet de conseil Mercer France, constate que « la part du budget réservée
    aux augmentations générales est en baisse constante depuis plusieurs années ».
    « Quand on demande aux entreprises si elles augmentent l’ensemble de leurs sa-
    lariés, 81 % répondent que non. La moitié d’entre elles dit augmenter 60 % de son
    effectif », précise-t-il.

    Jean-Paul Charlez, président de l’Association nationale des directeurs des res-
    sources humaines (ANDRH), parle, lui, d’une individualisation« quasiment gé-
    néralisée ».Les augmentations générales sont réservées aux salaires les plus
    faibles, « jusqu’à 1,5 fois le smic ». Les minima négociés par les branches d’acti-
    vité s’imposent à l’entreprise. Au-delà, « les augmentations générales sont gui-
    dées par l’inflation », explique-t-il.

    Ce qui ressort, selon l’enquête de Deloitte, des négociations annuelles obliga-
    toires déjà conclues est que les augmentations générales seront de « 0,48 % en
    moyenne ». Très, très loin de ce qu’espèrent les cadres ! « C’est une moyenne,
    dans une fourchette de 0 % à 1 % », précise Jean-Philippe Gouin, qui fait état de
    « pratiques différenciées » selon les salariés et les objectifs des entreprises.

    Inès Minin, de la CFDT, juge « ce niveau insuffisant pour créer de la progression,
    au-delà des salaires les plus bas portés par le smic ». Or « l’enjeu, pour [son] syn-
    dicat, est de rappeler aux entreprises d’investir dans la montée en compétences ».

    Les politiques de rémunérations durablement
    modifiées
    Pour son collègue Gérard Mardiné, un des secrétaires nationaux de la CFE-
    CGC, « les nombreux retours des négociations en cours expriment une grande insa-
    tisfaction. Dans une entreprise qui se porte bien, la politique salariale doit assurer
    la compensation du pouvoir d’achat et l’évolution de carrière. Ce qui conduirait à
    des budgets proches de 3 %, plutôt que 2-2,2 %. Il y a certes des branches, comme
    la métallurgie, où le travail a été bien fait. (…) Mais les négociations dans les en-
    treprises ne sont pas à la hauteur du rattrapage d’inflation ».

    Dans la société holding de BPCE (environ 1 000 salariés), la direction avait pro-
    posé une hausse de 0,5 % pour les salaires inférieurs à 70 000 euros par an, in-
    dique le responsable CFE-CGC. Les syndicats, qui demandaient 1,3 %, ont ac-
    cepté + 0,5 %, mais avec un abondement supplémentaire de 250 euros par sa-
    larié au plan d’épargne entreprise. « En guise de réponse, le DRH a claqué la
    porte. »

    La crise a durablement modifié les politiques de rémunérations. « Les entre-
    prises françaises ont appris à être de plus en plus sélectives », affirme Bruno Roc-
    quemont. En période de faible inflation ou de faible croissance, elles privilé-
    gient le saupoudrage. Pour 2018,observe Inès Minin, « les entreprises qui jugent
    la reprise encore très fragile ont accordé des augmentations générales, parfois en
    deux temps, et elles ont privilégié l’individualisation des rémunérations, avec de
    fortes variations entre les cadres intermédiaires, les cadres experts et ceux dont
    les compétences sont très recherchées. Les augmentations ont surtout profité aux
    cadres de plus haut niveau ».

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Alignement des planètes
                             D’un secteur à l’autre, observe aussi Deloitte, les écarts d’augmentations se ré-
                             duisent, même si « on retrouve les plus fortes hausses dans l’industrie de la santé,
                             la finance et l’énergie ».Car, si les niveaux de salaire sont très variables selon les
                             secteurs et la rareté des profils sur le marché, pour les augmentations, « c’est
                             [en général] le niveau de marge des entreprises qui fait la différence », explique
                             M. Gouin.

                             Au début de l’année, l’alignement des planètes était plutôt favorable aux né-
                             gociations, entre la croissance et les allégements de cotisations salariales. De-
                             loitte assure d’ailleurs que 86 % des entreprises n’ont pas tenu compte de ces
                             derniers lors de leurs NAO. Un point de vue contesté par M. Mardiné : certains
                             employeurs, affirme le syndicaliste, présentent le transfert des cotisations vers
                             la CSG « comme un gain de pouvoir d’achat qui justifierait une moindre augmen-
                             tation des salaires ». De quoi nourrir un certain agacement. « Pour 2019, avec
                             l’application de la retenue à la source, il faut s’attendre à une certaine tension sur
                             les salaires », prévient Jean-Paul Charlez. « Le retour de l’inflation met déjà la
                             pression sur les entreprises », renchérit M. Gouin.

                             Au-delà du smic, les PME ne lâchent pas grand-chose. Bénédicte Caron, vice-
                             présidente de la confédération patronale CGPME, explique l’état d’esprit des
                             petits patrons : « Beaucoup sont confiants, mais il faudra au moins une année
                             complète de reprise avant de délier les cordons de la bourse. On a tous plutôt envie
                             de commencer à faire des réserves. Le partage, ce sera pour 2019 »…à condition
                             que la croissance et l’emploi continuent de s’améliorer.

                                                           A Lille, le 22 Juin 2012.

                             A Lille, le 22 Juin 2012.

                             PHILIPPE HUGUEN / AFP

                                                                                                 Par Anne Rodier

    Parution : Quotidienne                                                      Tous droits réservés http://www.lemonde.fr 2018
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mardi 20 février 2018
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    ECONOMIE—RUBRIQUE

    Le statut des cheminots, point clé de la réforme de la SNCF
    Les syndicats en ont fait une ligne rouge, tandis que le gouvernement envisage de le remettre en
    cause : le statut des cheminots est ce qui fait de la SNCF une entreprise à part. Le cœur de la dis-
    cussion actuelle devrait ainsi se concentrer sur l'organisation du temps de travail.

    P
         armi les 43 propositions                  Aujourd'hui, 140 000 salariés de la            train, avec calcul de la pension sur la
         contenues dans le rapport Spi-            SNCF bénéficient de ce statut. Pour            base du salaire des six derniers mois
    netta, l'une d'elles focalise déjà l'at-       l'obtenir, il faut être un ressortissant       – soit une règle plus favorable que
    tention : la numéro 38, qui suggère            européen et avoir été embauché                 celle du régime général où le calcul se
    de « mettre un terme au recrutement            avant l'âge de 30 ans. Ceux qui sont           fait sur les vingt-cinq meilleures an-
    au statut des nouveaux embauchés »             recrutés au-delà le sont donc hors             nées. Ces derniers points n'ont tou-
    .                                              statut : c'est le cas de 9 000 salariés,       tefois pas été abordés dans le rapport
                                                   un nombre qui tend à augmenter                 Spinetta, même s'ils sont au cœur des
    Pour les syndicats, cette proposition          puisque 25 % des nouvelles em-                 préoccupations des cheminots. Le
    constitue un casus belli. « Il faudra          bauches se font désormais hors sta-            cœur de la discussion actuelle devrait
    qu'on m'explique en quoi le statut             tut.                                           ainsi se concentrer sur l'organisation
    des cheminots est la cause des pro-                                                           du temps de travail. « Aujourd'hui,
    blèmes que rencontrent bon nombre              Dans le détail, le statut de cheminot          un cheminot “roulant” en repos mar-
    de voyageurs », a par exemple tonné,           prévoit notamment l'emploi à vie,              di et mercredi ne peut plus travailler
    vendredi, le secrétaire général de la          c'est-à-dire qu'un salarié de la SNCF          le lundi au-delà de 19 heures et ne
    CGT, Philippe Martinez, qui a appelé           ne peut pas être licencié pour motif           pourra recommencer à travailler que
    à une manifestation nationale à Pa-            économique : les seuls renvois pos-            le jeudi à 6 heures. La SNCF consi-
    ris, le 22 mars (lire les repères). Au         sibles interviennent après une faute           dère que cette contrainte lui fait
    contraire, le ministre des comptes             lourde et sont rarissimes. Il définit          perdre de la productivité et souhai-
    publics, Gérald Darmanin, a enfoncé            également l'essentiel des garanties            terait réduire ces taquets », explique
    le clou hier, en indiquant que cette           collectives, comme les règles de mo-           Bernard Aubin, secrétaire général du
    mesure ne devait pas être « un tabou           bilité, de congés ou d'avancement.             syndicat First.
    » et qu'il n'y était « pas opposé » .          Un système avantageux, qui entraîne
                                                   une augmentation mécanique de la               Avec une remise en cause du statut,
    Que contient ce fameux statut ? Il             masse salariale de 2,4 % par an, très          les nouveaux embauchés seraient
    s'agit en fait d'un ensemble de textes         lourde pour l'entreprise – même si             soumis à la convention collective et
    qui ont pris forme dès les années              les salaires sont au moins au départ           n'auraient plus les mêmes temps de
    1930 et confèrent aux salariés de la           généralement inférieurs à ceux affi-           repos obligatoires que les salariés
    SNCF des avantages supérieurs à la             chés dans une entreprise privée. Les           sous statut. Une nécessité, selon le
    convention collective des transports           agents bénéficient également d'un              gouvernement, pour que la SNCF soit
    ferroviaires, en contrepartie d'un tra-        certain nombre d'avantages, comme              en mesure d'affronter l'ouverture à la
    vail jugé pénible avec des trains à            les billets à tarifs préférentiels pour        concurrence. Mais un recul inaccep-
    faire rouler sept jours sur sept, y            eux et leur famille. Ils sont égale-           table, aux yeux des syndicats. ■
    compris les jours fériés et sur des            ment soumis à un régime spécial de
    plages horaires étendues.                      retraite, qui prévoit un départ entre                            par Alain Guillemoles
                                                   52 et 57 ans pour un conducteur de

    Parution : Quotidienne                                                     Tous droits réservés La Croix 2018
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