PANORAMA DE PRESSE - CGT 20/02/2018 08h25 - Panorama réalisé avec Pressedd - cgt finances publiques
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SOMMAIRE ACTUALITE SOCIALE (8 articles) La cour d'appel condamne Paprec (458 mots) mardi 20 février 2018 «La décision est positive et conforme à la jurisprudence en la matière. » Maître Page 5 Hervé Tourniquet n'est pas surpris. La déc… Pages jaunes, le plan pour édulcorer les licenciements (599 mots) mardi 20 février 2018 Suppression d'un millier d'emplois d'ici à 2019, fermeture de 14 sites sur 18 Les Page 6 annonces d'éric Boustouller, directeur gé… Qui veut faire sauter la Banque de France ? (758 mots) mardi 20 février 2018 L'inauguration était presque passée inaperçue. Noyée dans les cérémonies de Page 7 vœux, la première « succursale de présence de p… Le rapport Taché sur l’intégration, vernis humaniste avant la loi immigration (706 mots) Page 9 mardi 20 février 2018 La main tendue avant le tour de vis, le coup de barre humaniste de la politique migratoire avant son pendant répressif. Deu… 72 propositions pour favoriser l'intégration des immigrés (1616 mots) mardi 20 février 2018 Page 11 Aurélien Taché, député LRM, devait remettre, lundi 19 février, au -premier ministre, Edouard Philippe, ses " 72 propositio… Coup d’envoi de la réforme de la SNCF (839 mots) Le gouvernement a donné, lundi 19 février, le coup d’envoi de la refonte de la Page 13 mardi 20 février 2018 SNCF. Une première journée au cours de laquelle, le … Hausse des salaires : la frilosité des entreprises (1163 mots) « Il est temps que les salariés bénéficient des avantages de la croissance », Page 16 mardi 20 février 2018 affirmaient, à la mi-janvier, les syndicalistes allem… Le statut des cheminots, point clé de la réforme de la SNCF mardi 20 février 2018 (665 mots) Page 19 Parmi les 43 propositions contenues dans le rapport Spinetta, l'une d'elles focalise déjà l'attention : la numéro 38, qui …
MOUVEMENTS SOCIAUX (5 articles) L'action, remède à la souffrance (410 mots) mardi 20 février 2018 Samedi dernier, accueillis par la sénatrice communiste Laurence Cohen, une Page 21 cinquantaine des signataires de la lettre à Agnè… Alors que la maternité de l'hôpital de Creil pourrait bien mardi 20 février 2018 fermer d'ici à l'an (375 mots) Page 22 Alors que la maternité de l'hôpital de Creil pourrait bien fermer d'ici à l'an prochain, la mobilisation s'intensifie. Aprè… L'angioplastie coronaire : un nom barbare pour une urgence mardi 20 février 2018 vitale devenu le cri de ralliement de (400 mots) Page 23 L'angioplastie coronaire : un nom barbare pour une urgence vitale devenu le cri de ralliement de la population de tout un d… Dans les établissements du CHU de Toulouse, tout le monde mardi 20 février 2018 connaît le service 801. Un numéro (373 mots) Page 24 Dans les établissements du CHU de Toulouse, tout le monde connaît le service 801. Un numéro facile à retenir pour organiser… Vers une grève à la SNCF comme en 1995 ? (583 mots) Par Vincent Vérier Les syndicats de cheminots ont-ils les moyens de mettre leurs Page 25 mardi 20 février 2018 menaces de grève à …
mardi 20 février 2018 Page 9 458 mots SOCIAL-ECO DISCRIMINATION La cour d'appel condamne Paprec La société devra réintégrer le représentant syndical CGT et payer 9 666,34 euros pour les salaires non versés. «La décision est positive et conforme supérieur lui reproche un comporte- la responsable des ressources hu- à la jurisprudence en la matière. » ment agressif et menaçant, et des « maines. Mais Mahamadou n'arrivera Maître Hervé Tourniquet n'est pas mensonges sur ses conditions de tra- pas à réintégrer son poste. Estimant surpris. La décision de la cour d'appel vail en vue de monnayer son départ qu'elle ne peut plus mettre en de Paris est claire : le représentant de l'entreprise », comme le précise contact l'employé et son supérieur, syndical CGT Mahamadou Kanté doit l'arrêt de la cour d'appel. Pour Maha- craignant un risque psychosocial être réintégré à son poste de conduc- madou Kanté, c'est le fait de lui im- chez ce dernier, la direction propose- teur d'engin dans l'établissement de poser le nettoyage de tout l'entrepôt ra à Mahamadou Kanté un poste dans la société Paprec Île-de-France de et non de sa seule zone de travail qui une entreprise cliente où il est le seul La Courneuve (Seine-Saint-Denis), lui aurait fait hausser le ton. Il sera salarié de Paprec. Une situation in- qui devra lui payer 9 666,34 euros mis à pied à titre conservatoire, puis compatible avec son mandat syndi- pour les salaires non intégralement licencié. Mais, pour lui, c'est la créa- cal, estime-t-il. Or, comme vient de versés. Cette décision confirme la po- tion nouvelle de la section syndicale le rappeler la cour d'appel de Paris, sition de l'inspection du travail, qui CGT dans l'entreprise qui lui vaut un un salarié protégé est « fondé à refu- avait refusé le 21 février 2017 le li- traitement particulier. ser tout changement d'affectation ». cenciement du salarié protégé. Le 21 Après son refus, l'entreprise aurait dû novembre, le ministère du Travail Le 21 février 2017, l'inspecteur du le réintégrer à son poste initial. Une donnait aussi raison à l'inspection du travail refuse son licenciement, situation rappelée par l'Humanité en travail. Pourtant, Mahamadou Kanté considérant également « que l'activi- mars dernier qui a valu au journal et n'a toujours pas pu réintégrer son té syndicale de M. Kanté, ainsi que à ses journalistes une plainte en dif- poste. celle de la section syndicale CGT, a famation de la part de la société. ■ bien été prise en compte pour décider Le conflit qui l'oppose à son entre- le licenciement du salarié », se ré- par Kareen Janselme prise remonte à l'hiver 2016. A la férant entre autres à un mail du di- suite de deux vives altercations, son recteur de l'établissement adressé à Parution : Quotidienne Tous droits réservés L'Humanité 2018 Diffusion : 34 877 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2016/ A291A34E8EB0490385D314D0A10801E25D91A88C586374CB815B2A3 2017 ↑ 5 Audience : 372 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016
mardi 20 février 2018 Page 9 599 mots SOCIAL-ECO RÉVÉLATION Pages jaunes, le plan pour édulcorer les licenciements Dans un document interne, la direction de l'entreprise indique ce que doivent dire les cadres pour faire accepter le plan social. Une opération d'illusionniste. S uppression d'un millier Donner de la perspective, éviter de se registrer) qu'il est sur un site privé d'emplois d'ici à 2019, fermeture laisser entraîner par une lecture pu- et qu'il est interdit de prendre des de 14 sites sur 18 Les annonces d'éric rement sociale du projet. » Le projet images. ( ) Ne jamais donner d'inter- Boustouller, directeur général de désigne ici, de manière indissociable, view à chaud et ne jamais entrer dans Pages jaunes, ont été jugées « vio- les licenciements massifs et l'objec- une conversation de fond. » Et puis lentes » par les organisations syndi- tif de « devenir le champion du digi- cette règle d'or : « Ne transmettez au- cales (1). Dans son allocution au per- tal en France ». Bref, en étant virés, cun document interne au journaliste. sonnel, par visioconférence, il n'a pas vous participez à la réalisation d'une » débordé de considération pour ceux grande ambition ! qu'il met à la porte. Mais la brutalité La direction a également produit un des décisions s'accompagne d'un sa- Et il ne s'agirait pas que les salariés, document destiné aux relations avec voir-faire pour les appliquer. perturbés à l'idée de perdre leur em- les clients. Si l'un d'eux demande : « ploi, soient moins performants : « J'ai entendu à la radio que vous al- La direction de Pages jaunes, pro- Veiller à garder les équipes motivées liez licencier 1 000 personnes et fer- priété du groupe SoLocal, a transmis ( ) Rappeler aux collaborateurs que mer des agences, est-ce que c'est vrai aux « managers », c'est-à-dire aux l'entreprise continue de travailler se- ? », la réponse est déjà prête : « Oui, chefs de service, le parfait petit ma- reinement. » C'est le « business SoLocal s'engage dans un nouvel élan nuel censé faire accepter sans bron- continuity ». stratégique au service de votre satis- cher les licenciements promis. L'Hu- faction et celle de nos utilisateurs manité s'est procuré ce document à Dans leur travail de paraphrase, les pour devenir l'un des champions du usage interne, intitulé « Kit de com managers ne doivent pas laisser de digital en France. » managers ». Ces derniers sont donc trace écrite : « Les messages sont à sommés de jouer un rôle clé dans délivrer à l'oral uniquement, de façon Les managers de Pages jaunes appli- l'endormissement des consciences. informelle. » Autres consignes : « queront-ils sans rechigner ces Tous les éléments de langage leur N'exprimez jamais vos propres consignes ? Accepteront-ils d'être sont fournis. doutes ; ne prenez pas parti ; ne don- des facilitateurs de licenciements ? nez pas votre opinion personnelle, En attendant, les résistances se font Ainsi, ce qui a été annoncé à Pages notamment sur les réductions d'ef- entendre. jaunes ne doit pas être appelé plan fectifs envisagées. » Dans sa dernière de licenciement : « Parler systémati- partie, le document « Kit de com ma- Les syndicats annoncent une grève quement de projet , utiliser le condi- nagers » indique aux chefs de service nationale ce vendredi. Et d'autres ac- tionnel. » Le mot licenciement est les règles de communication externe, tions pourraient suivre. d'ailleurs banni, au profit d'« emploi c'est-à-dire avec les journalistes, impacté ». La direction, qui use vo- ceux des télévisions en particulier : « (1) L'Humanité, 14 février 2018. ■ lontiers de litotes, ne voit dans les Si un caméraman filme : indiquez au coupes sombres que la nécessité de « journaliste qui l'accompagne (et non par Bruno Vincens se transformer ». Autre injonction : « au caméraman qui risque de vous en- Parution : Quotidienne Tous droits réservés L'Humanité 2018 Diffusion : 34 877 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2016/ B59AB33480C03E05554C12302100A1E157219E8828AD7F7662EBBCB 2017 ↑ 6 Audience : 372 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016
mardi 20 février 2018 Page 8 758 mots SOCIAL-ECO INSTITUTION Qui veut faire sauter la Banque de France ? L'expérimentation d'un nouveau type d'agence pourrait bien s'étendre au pays entier, entraînant la suppression de 2 400 emplois dans l'établissement public et le passage au privé des activités du traitement de la monnaie. L 'inauguration était presque France, cette situation constitue un cinq agents, comprenant le directeur passée inaperçue. Noyée dans problème d'égalité entre les citoyens et son adjoint. « Comment concilier les cérémonies de vœux, la première d'une même région, et même du le bon exercice des tâches avec les « succursale de présence de place » pays. absences pour congés, les périodes (SPP) de la Banque de France ouvrait de formation et les arrêts maladie ? à Châteauroux (Indre), début janvier, Sur le site intranet de la Banque, une » questionne la CGT. Au total, ce se- sans que guère plus d'un article dans note de la direction que l'Humanité ront 2 400 emplois qui risquent d'être la presse locale y fasse référence. Le s'est procurée se targue de « locaux supprimés en France dans les unités gouverneur François Villeroy de Gal- plus fonctionnels et davantage adap- départementales. Viendront-ils hau s'était même déplacé en per- tés aux services rendus » ainsi que s'ajouter au « plan de départs volon- sonne pour l'occasion. Un événement d'un accueil « des différents publics, taires » que le gouvernement a prévu qui sonne pourtant comme une particuliers et professionnels, (...) fa- pour la fonction publique ? Toujours sourde déflagration pour les salariés cilité ». Faux, rétorque la CGT. « Pour est-il que la Banque de France a déjà comme pour les usagers, et qui risque les entreprises, la connaissance fine prévu de confier le traitement des d'avoir des répercussions dans les de leur réalité économique sera monnaies, un service régalien, à des temps à venir. D'autant que l'expé- moindre, avec des conséquences pos- entreprises privées, « prenant le rience menée en région Centre-Val sibles sur les relations entre les en- risque d'une dégradation fiduciaire de Loire devrait se généraliser à tout treprises et leur banquier. » sur notre territoire », craint l'inter- le pays. syndicale. Ainsi, il sera désormais Quant à la rénovation des locaux, les permis aux banquiers et à certains « Dans notre région, les succursales élus syndicaux du comité d'entre- transporteurs de fonds (Loomis, de Blois, Bourges, Châteauroux et prise et du comité d'hygiène, de sé- Brink's ) de recycler eux-mêmes les Chartres sont progressivement rem- curité et des conditions de travail billets de banque, alors qu'aupara- placées par des SPP », décrit un com- (CHSCT) ont dû batailler pour obte- vant seule la Banque de France avait muniqué de l'intersyndicale (CGT, nir des aménagements qui concer- le droit de le faire. Une situation qui FO, Solidaires) de la Banque de naient la sécurité du personnel. fait s'interroger Patrice Aubry : « Un France Centre-Val de Loire. Ces banquier qui traite lui-même ses agences à la dénomination fumeuse Derrière cette réalité que prévoit le billets ne pourrait-il pas avoir la ten- auront en charge l'accueil du public bien mal nommé plan Ambitions tation de remettre un billet faux en Et c'est tout ! « Le traitement des dos- 2020, la Banque de France envisage circulation pour ne pas avoir à se re- siers de surendettement et d'entre- de supprimer de nombreux postes. « tirer à lui-même le montant de ce prises pour leur cotation sera centra- Les caisses de Bourges et de Blois fer- billet ? » lisé à Tours et Orléans, poursuit le meront respectivement en juin 2018 communiqué. Ainsi, les particuliers et juin 2019 », précise Benoît Chauvet A l'inverse de ce scénario catas- des départements du Cher, de l'Eure- pour l'intersyndicale. trophe, l'intersyndicale a élaboré des et-Loir, de l'Indre et du Loir-et-Cher propositions alternatives. « Nous ne ne pourront plus rencontrer le ges- L'exemple de Châteauroux est élo- sommes pas contre les gains de pro- tionnaire de leur dossier de surendet- quent. Si l'agence comptait encore ductivité grâce à l'informatique, pré- tement. » Pour Patrice Aubry, res- vingt agents en 2012, sa transforma- cise Benoît Chauvet, mais, plutôt que ponsable de la CGT à la Banque de tion en SPP a réduit ses effectifs à de supprimer des emplois, pourquoi ↑ 7
ne pas en profiter pour aider les par- sure qui éviterait les 40 % de redépôt, dossiers. ■ ticuliers à mettre en place les me- après que la Banque de France eut sures de surendettement ? » Une me- laissé les usagers gérer seuls leurs par Olivier Morin Parution : Quotidienne Tous droits réservés L'Humanité 2018 Diffusion : 34 877 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2016/ 219663DA8BD0670B956819D05401E10C5F314A8F683B71AAB5D83CD 2017 ↑ 8 Audience : 372 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016
N° 11426 mardi 20 février 2018 Édition(s) : Principale Page 14 706 mots EXPRESSO Le rapport Taché sur l’intégration, vernis humaniste avant la loi immigration Le député LREM propose des pistes pour faciliter l’installation des étrangers en France. L’occasion pour le gouvernement de redorer son image, deux jours avant la présentation du texte répressif de Gérard Collomb. L a main tendue avant le tour de difficulté. pour la société française.» L’élu sou- vis, le coup de barre humaniste haite enfin que les titres de séjour de la politique migratoire avant son Temporalité. Sur le travail, le rap- soient allongés et que leur renouvel- pendant répressif. Deux jours avant port propose d’intégrer au contrat lement soit facilité. la présentation en Conseil des mi- d’intégration républicain (CIR) un bi- nistres du projet de loi immigration, lan de compétences et d’orienter en Certains députés La République en qui doit notamment augmenter le particulier les moins de 25 ans vers marche (LREM), déboussolés par la nombre d’expulsions, le dépu- des dispositifs de formation profes- teneur du projet de loi asile et im- té LREM Aurélien Taché a présenté sionnelle. Quant à l’accès au loge- migration, misaient beaucoup sur les lundi son rapport«pour une politique ment, il passerait notamment par préconisations de leur collègue pour ambitieuse d’intégration des étrangers une prime de 1 000 euros par habita- redonner des couleurs au diptyque arrivant en France». C’est à Lyon - tion pour les communes accueillant «fermeté» et «humanité» martelé par ville du ministre de l’Intérieur, Gé- des réfugiés. l’exécutif. Ils espèrent pouvoir pio- rard Collomb - que le jeune député du cher dans ces propositions afin Val-d’Oise, ancien socialiste, a remis Aurélien Taché souhaite enfin «re- d’amender le texte, qui sera débattu ce document au Premier ministre fondre le module civique et le porter au Parlement au printemps. Parmi Edouard Philippe, qui le lui avait à 60 heures», au lieu de 12, pour en les dispositions les plus discutées de commandé fin septembre. Au menu : faire une «occasion d’aborder la vie en celui-ci, le raccourcissement des dé- 72 propositions censées «décupler les France de façon concrète, en laissant lais d’appel pour les demandeurs dé- capacités d’intégration des étrangers place à la discussion et aux interven- boutés et l’allongement de la durée que nous accueillons». Et contrebalan- tions des Français eux-mêmes». maximale de séjour en centre de ré- cer la sévérité du futur projet de loi. tention. Mais le plus intéressant, au-delà du Apprentissage du français, travail, contenu, réside dans la temporalité Durcissement. Toutefois, la plupart logement : le député balaye un vaste proposée par le député. Celui-ci sou- des suggestions d’Aurélien Taché ne éventail de sujets. Pour mieux inté- haite que l’apprentissage du français relèvent pas du législatif, mais des grer les immigrés, réfugiés ou pré- débute avant même que l’asile soit politiques publiques. Elles devraient sents sur le territoire pour motif éco- accordé ou non - le but du gouverne- être plutôt étudiées, dans les pro- nomique ou familial, il propose de ment étant qu’une demande soit trai- chaines semaines, au sein d’un «co- doubler, voire de tripler le nombre tée en six mois. Les personnes dont la mité interministériel à l’intégration» d’heures d’apprentissage du français. demande est acceptée seraient donc impliquant, outre le ministère de Aujourd’hui, le parcours d’intégra- déjà bien avancées dans leur par- l’Intérieur, ceux de la Culture, du tion propose entre 50 et 200 heures cours d’intégration au moment de la Travail et de l’Education nationale. de français par personne. Bien loin réponse. Le rapport propose aussi des 600 heures qu’offre par exemple qu’un étranger resté sans réponse à Lundi, à Lyon, Edouard Philippe a sa- l’Allemagne à ses nouveaux arri- sa demande d’asile au bout de six lué «une contribution très utile» à la vants. «Seuls 46 % des personnes qui mois soit tout de même autorisé à politique d’intégration, et promis de suivent 200 heures de cours atteignent travailler : «Les périodes d’attente de «reprendre à son compte les grands le niveau A1 [c’est-à-dire le plus ba- l’instruction des demandes d’asile axes» du rapport. Le Premier ministre sique, ndlr]», déplore Aurélien Taché, constituent aujourd’hui des mois d’in- a notamment annoncé la création qui souhaite jusqu’à 600 heures de activité extrêmement préjudiciables d’une «carte provisoire de réfugié», cours pour les personnes les plus en pour les demandeurs d’asile comme permettant aux bénéficiaires du droit ↑ 9
d’asile un accès immédiat à leurs Devançant les critiques «normales» et LREM les plus mal à l’aise vis-à-vis droits, avant la délivrance de leur «légitimes» sur le durcissement de la du texte. ■ carte de résident. Il a aussi validé la politique migratoire, le Premier mi- réduction, à six mois, du délai au-de- nistre a enfin promis que le projet par Laure Equy, Dominique Alber- là duquel un demandeur d’asile peut de loi pourrait être «enrichi, précisé tini et Kim Hullot-Guiot légalement travailler, même sans ré- ou amélioré» lors du débat parlemen- ponse de l’administration. taire. Une soupape pour les députés Parution : Quotidienne Tous droits réservés Libération 2018 Diffusion : 75 824 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016/2017 6e91e3798790470d25441730170491095d919b8f38b57585fa3d61b ↑ 10 Audience : 961 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016
mardi 20 février 2018 Page 6 1616 mots FRANCE 72 propositions pour favoriser l'intégration des immigrés Un rapport préconise une hausse des heures de français et une réduction de l'interdiction de travailler de neuf à six mois Aurélien Taché, député LRM, devait vailleurs saisonniers (11 000) n'ont qui pourrait être ramenée de neuf à remettre, lundi 19 février, au -pre- pas vocation à rester, les 91 070 ar- six mois après le dépôt de demande mier ministre, Edouard Philippe, ses " rivants de l'immigration familiale, les d'asile. Pour gagner du temps, tout 72 propositions pour une politique am- 36 000 réfugiés et ceux qui ob- nouveau venu expliquera ses études, bitieuse d'intégration des étrangers ar- tiennent un visa de travail (27 700), son travail dans son pays d'origine et rivant en France ". Bouclé depuis plu- eux, s'installent en général pour son projet en France, dès son premier sieurs semaines, ce travail avait été longtemps et doivent de ce fait béné- contact avec l'Office français de l'im- mis en attente par l'exécutif qui pré- ficier de programmes de langue, es- migration et de l'intégration (OFII). férait sa sortie au plus près de la pré- time l'élu. Sauf bien sûr s'ils ont déjà Les équivalences de diplôme seront sentation en conseil des ministres du étudié en français, ou n'en ressentent dès lors lancées " pour éviter d'ajouter projet de loi " asile et immigration " pas le besoin à ce moment de leur le déclassement à l'exil ", insiste M. de -Gérard Collomb, prévue mercre- parcours. Taché, préoccupé par le bien-être di. Équivalences de diplôme des migrants comme par les consé- Il plaide en tout cas pour que cet ap- quences économiques pour la France. Les 131 pages du parlementaire, un prentissage puisse commencer là et ex-socialiste sensible aux valeurs soit suffisant. En 2017, la France a Soit le nouveau venu peut entrer di- d'accueil, font en effet entendre une offert au maximum 200 heures de rectement dans l'emploi, soit il a be- autre voix que la dissuasion migra- cours à 54 % des entrants. La briève- soin d'une formation professionnelle toire et la facilitation des expulsions, té de ce cursus (très inférieur aux mi- qui doit lui être proposée en même les deux lignes directrices du projet nima de 600 heures en Allemagne) temps qu'un logement et un suivi. Et de loi du ministre de l'intérieur. Au- et l'hétérogénéité des niveaux ont là, des modèles existent comme le rélien Taché revisite en profondeur abouti à ce que seuls 46 % des sta- programme HOPE, qui a largement les premières années en France à tra- giaires atteignent le niveau de survie inspiré les propositions de M. Taché. vers la triple focale du pragmatisme, (niveau A1). M. Taché préconise Mise en place par l'AFPA, l'Etat et le de la cohésion sociale et des droits d'offrir 600 heures aux analphabètes Medef, à titre expérimental sur 200 dus aux plus vulnérables. Et son rap- dans leur langue et à tous ceux qui réfugiés d'abord et sur 1 000 ensuite, port a été guidé par l'obsession de visent un niveau A2, de maîtrise cou- la formule permet un accès à l'em- faire mentir la statistique (OCDE) qui rante. C'est d'ailleurs ce niveau et ploi, dans des secteurs en tension. " veut qu'au bout de cinq ans de séjour une certification qui seront désor- Après quatre mois de cours de français en France un tiers seulement des mais visés et non plus le A1, si M. Ta- professionnel, nos 200 premiers sta- étrangers soit en emploi. ché est entendu. " Et, pour gagner un giaires ont signé un contrat de profes- temps précieux, les demandeurs d'asile sionnalisation ", se réjouit Pascale Gé- Pour réinventer une intégration éco- (hors pays d'origine sûr) pourront com- rard, responsable à l'AFPA de ce dis- nomique, mais aussi culturelle et lin- mencer l'apprentissage dès le dépôt de positif financé à 75 % par les entre- guistique, le député propose de com- leur demande ", ajoute l'élu. A l'heure prises et à 25 % par l'Etat. La pre- mencer par construire des " parcours actuelle, associations et collectifs mière cohorte a été diplômée à 85 %, " pour les 130 000 personnes qui sont les seuls à offrir des leçons de se réjouit-elle, satisfaite à l'idée que " s'installent chaque année en France français avant que le demandeur deux nouvelles promotions de 500 réfu- et ont vocation à y rester, qu'ils d'asile ne soit réfugié. giés soient engagées dans sept secteurs soient ou non réfugiés. En 2017, Pa- en tension, du bâtiment à la grande ris a délivré 262 000 premiers titres L'élu propose de supprimer ce verrou distribution où les patrons peinent à de séjour. Si étudiants (88 100) et tra- ainsi que l'interdiction de travailler recruter ". ↑ 11
Engagement citoyen des associations ". Aurélien Taché propose " une L'élu du Val-d'Oise estime que l'Etat contractualisation entre l'Etat et les doit lancer la machine, mais plaide Aurélien Taché fait en effet le pari branches professionnelles " et une aussi pour un engagement citoyen, que cette France accueillante incite- autre avec les primo-arrivants en- afin que les Français soient acteurs rait en retour le nouveau venu à si- trant " dans un parcours intégré qui de cette intégration. " Imaginons une gner pour du bénévolat voire un les conduit vers un emploi et un loge- grande plate-forme numérique, sur le contrat de service civique. " Et c'est ment, mais peut leur imposer une mo- modèle de servicespublics.fr. Le nou- à mes yeux une si belle preuve d'in- bilité géographique ". veau venu y trouverait aussi bien les tégration qu'elle mérite la nationalité démarches à suivre que les cours de ! ", ajoute l'élu, qui regrette qu'au- Le parlementaire, qui a aussi mesuré français dispensés près de chez lui, ou jourd'hui " on ne regarde pas assez les difficultés de recrutements du- même les hébergements chez les par- souvent comment les nouveaux venus rant ses deux mois de terrain, souhai- ticuliers ", résume l'élu, qui souhaite se sont engagés pour leur pays d'adop- terait en même temps voir " suppri- que les Français puissent parrainer tion " et que cet accès soit trop laissé mée la condition de nationalité pour les un nouveau venu, " car l'intégration au bon vouloir des préfets. Ce qu'il fonctions non régaliennes de la fonc- se fait aussi par le -contact ". Dans le propose de cadrer. Comme les pas- tion publique ", et surtout que soient vaste mouvement qu'il aimerait voir sages, trop nombreux à ses yeux, en " simplifiées les procédures administra- initié, les communes pourraient par- préfecture. Après avoir constaté que tives d'octroi d'autorisations de travail ticiper, soutenues par une prime de l'immigré se rend " en moyenne quatre aux étrangers ainsi que la suppression 1 000 euros par logement proposé fois en préfecture avant d'obtenir son de la taxe versée par les employeurs pour un réfugié, les entreprises se- premier titre de séjour ", il prône l'oc- pour l'embauche de réfugiés ". Un rap- raient incitées à faciliter ce soutien et troi de titres pluriannuels dès l'arri- port de l'OCDE rendu en novembre un " crédit impôt solidarité pour les vée et la dématérialisation de leur re- 2017 concluait effectivement que gens qui hébergent " verrait le jour. " nouvellement. des patrons préféraient perdre des J'ai vu beaucoup de gens modestes qui marchés que se lancer dans une pro- souhaitent accueillir, mais pour qui les Et, afin que tout cela devienne pos- cédure d'embauche d'un étranger, fins de mois sont trop justes ". sible, il appelle de ses vœux la créa- compliquée et aléatoire. tion " d'un établissement public dédié ". Son travail maintient le contrat d'in- C'est évidemment le sujet qui risque Pour financer son programme, M. Ta- tégration républicaine (CIR), seul de fâcher à la fois le ministère de l'in- ché estime que 600 millions d'euros vestige des politiques d'intégration térieur, dont la direction des étran- sont nécessaires. " Un investissement passées. Aurélien Taché en conserve gers se croyait spécialiste du sujet, et sur l'avenir ", ajoute l'élu, qui parie le nom, certes, mais le repense sur l'OFII qui elle aussi pensait rafler la que cette mise de base créera un soixante heures et non plus douze, mise, forte de la gestion des CIR… cercle vertueux qui pourrait à terme pour réellement " apprendre la France Pour l'heure, un comité interministé- changer le regard de la population " tout au long du processus d'inté- riel se profile et décidera de ce point, sur les immigrés. Si l'effort est no- gration. " Un collège d'historiens, pé- comme des 71 autres propositions. table, à titre de comparaison, l'Alle- dagogues, artistes donnerait corps à ce magne, elle, a consacré cette même module qui doit être l'occasion d'abor- Maryline Baumard ■ somme en 2017 aux seuls cours gé- der la vie en France de façon concrète, néraux de langue et affecté plus de en laissant place à la discussion et aux par Maryline Baumard 2 milliards à l'orientation vers l'em- interventions des Français à travers la ploi. réserve citoyenne, le service civique ou Parution : Quotidienne Tous droits réservés Le Monde 2018 Diffusion : 278 790 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016/ 4196C31D81209C0F250F18404700C17C5B313A8218B97C9EFFF8486 2017 ↑ 12 Audience : 2 416 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016
mardi 20 février 2018 839 mots ENTREPRISES—ÉCONOMIE Coup d’envoi de la réforme de la SNCF Le gouvernement a donné, lundi 19 février, le coup d’envoi de la refonte de la SNCF. Une première journée au cours de laquelle, le premier ministre Edouard Philippe et la ministre des transports Elisabeth Borne ont reçu tour à tour les dirigeants et les syndicats du rail français. Un partage des tâches. Le chef du gouvernement a rencontré Bernard Roman, président de l’autorité de ré- gulation des activités ferroviaires et routières (Arafer), puis Guillaume Pepy, Frédéric Saint-Geours, respectivement président de la SNCF et président du conseil de surveillance de la SNCF, et enfin Patrick Jeantet, PDG de SNCF Ré- seau. De leur côté, les quatre syndicats représentatifs de cheminots (CGT, Unsa, SUD et CFDT) se sont succédé au ministère des transports. Une première phase de consultation, sans aucune annonce, qui avait tout d’un round d’observation. « L’enjeu des rencontres cette semaine » est « d’abord d’écouter ce que chaque acteur attend de la réforme et d’entendre leurs réactions au rapport (…) Nous sommes dans un état d’esprit d’écoute, de dialogue et aussi de clarté sur la néces- sité d’agir », a déclaré Elisabeth Borne. 43 recommandations Il est vrai que le dossier de la SNCF est ultrasensible. Nombre des quarante- trois recommandations contenues dans le rapport Spinetta, telle la remise en cause du statut des cheminots ou la transformation des différentes entités de la SNCF en « sociétés nationales à capitaux publics », agissent comme des chiffons rouges aux yeux des syndicats. Toutefois, le gouvernement s’est fixé comme objectif de réduire la dette de la SNCF qui atteindra 50 milliards d’eu- ros en 2018 et de préparer l’entreprise à l’ouverture à la concurrence comme l’exige l’Union européenne. Face aux organisations syndicales, la ministre des transports « a balayé le rap- port Spinetta », estime Bruno Poncet, secrétaire fédéral SUD-Rail. L’occasion de tester devant les organisations les principales recommandations contenues dans le rapport Spinetta. Si l’UNSA-Ferroviaire, premier syndicat à avoir été reçu par Mme Borne, a voulu voir une ministre « plutôt ouverte à la concerta- tion », les centrales dans leur ensemble se veulent extrêmement vigilantes. Montrer les muscles « Nous restons sur nos gardes » après avoir découvert un rapport qui « taille dans le vif » a indiqué Roger Dillenseger, secrétaire général de l’Unsa-Ferroviaire. Plus abrupt encore, M. Poncet a estimé que ce premier échange avait mis en lumière « des visions diamétralement opposées » entre le gouvernement et les syndicats sur l’avenir de la SNCF. Selon SUD-Rail, pour l’heure, « il ne peut y avoir de terrain d’entente ». Sans attendre, la CGT, premier syndicat de la SNCF, et Force ouvrière ont déjà ↑ 13
appelé les salariés de la SNCF à manifester le 22 mars. A la même date que la journée d’action prévue dans la fonction publique. « La bataille n’est pas ga- gnée d’avance pour le gouvernement », s’est écrié pour sa part Laurent Brun, se- crétaire général de la CGT-Cheminots. Elle pourrait recevoir le renfort de SUD- Rail. Le syndicat « a lancé une consultation auprès de ses adhérents ». Un préa- lable avant de définir sa position mercredi 21 février. M. Poncet se déclare déjà prêt à former « une plateforme unitaire ». Même la CFDT, d’habitude plutôt ac- commodante, est prête à se joindre au mouvement. « Nous saurons aussi (…), si nous voyons que les choses ne changent pas, être capables de montrer les muscles et de faire réagir le rapport de forces », a-t-il prévenu à la sortie. Mais « on n’en est pas là », a indiqué Didier Aubert, secrétaire général de la CFDT-Cheminots. SUD-Rail lance un avertissement au gouvernement s’il persiste dans son pro- jet. Il risque « d’agréger tous les mécontents » contre lui. Non seulement, « tous les cheminots qui sont inquiets » mais aussi les « usagers et les régions ». « Un léger rétropédalage » Cette première journée a été l’occasion de faire passer quelques messages. Reçu par la ministre des transports, le président de l’Arafer a défendu l’avis conforme (juridiquement contraignant) du régulateur sur la tarification du ré- seau ferré. Un pouvoir menacé par le projet de réforme qui permet pourtant à l’Arafer d’accompagner l’ouverture à la concurrence en obligeant SNCF Ré- seau à justifier le niveau de ses péages et à les maintenir à un niveau soute- nable pour les compagnies ferroviaires. Outre les syndicats, les régions se sont aussi déclarées, lundi, « très préoccu- pées » par l’avenir du réseau ferroviaire de proximité. Dans un communiqué, l’association Régions de France a fait part de son opposition à la recomman- dation du rapport Spinetta sur l’évolution du rail « qui invite l’Etat à ne pas res- pecter les Contrats de plan Etat-Régions » (CPER). Une vive réaction qui semble avoir été entendue par le gouvernement. A l’occasion de son entretien avec Mme Borne, Bruno Poncet a cru percevoir « un léger rétropédalage sur la ferme- ture des petites lignes ». Le Premier ministre pourrait décider de remettre à plus tard ces clôtures. Un premier recul qui traduirait une « inquiétude politique », signale le dirigeant de SUD-Rail. Porteuses de « risques d’impopularité » pour le président de la république Em- manuel Macron et pour le chef du gouvernement, elles seraienttout bonne- ment « sorties de la réforme », indique-t-on de bonne source. Prudent, Edouard Philippe a fait savoir qu’il annoncerait le calendrier et la méthode de la SNCF le 26 février. C’est-à-dire au lendemain de la manifestation organisée par la CGT. ↑ 14
La gare SNCF de Paris Saint-Lazare, le 15 février. La gare SNCF de Paris Saint-Lazare, le 15 février. LUDOVIC MARIN / AFP Par Guy Dutheil Parution : Quotidienne Tous droits réservés http://www.lemonde.fr 2018 ↑ 759163a88ad0b60eb5f01f80a90fa14d5991918ab84179a0a1966b5 15
mardi 20 février 2018 1163 mots ÉCONOMIE Hausse des salaires : la frilosité des entreprises « Il est temps que les salariés bénéficient des avantages de la croissance », affir- maient, à la mi-janvier, les syndicalistes allemands d’IG Metall en lançant des arrêts de travail pour obtenir une hausse de 6 % des salaires. Le patronat de la métallurgie leur a lâché + 4,3 %. Pas plus tard que jeudi 22 février, les sa- lariés d’Air France sont invités par dix syndicats à faire grève pour décrocher 6 % d’augmentation « au titre de l’inflation perdue » depuis six ans. La France suivrait-elle l’exemple allemand ? Avec l’amélioration de la croissance et de l’emploi, les attentes sont fortes. A la mi-janvier, une étude du cabinet de recrutement international Robert Walters montrait que les exigences salariales étaient en nette hausse chez les cadres. En France, tous secteurs confondus, manageurs ou experts comptent même sur des augmentations de 7 % à 10 %. Et la proportion de ceux qui es- pèrent voir leurs rémunérations progresser de plus de 7 % est loin d’être négli- geable : 28 %. Source de tensions Les entreprises ont du souci à se faire. Car, chez les non-cadres aussi, le sujet des salaires redevient sensible. « Ces dernières années, témoigne Mohammed Oussedik, secrétaire général de la fédération CGT-Verre-Céramique, la ques- tion primordiale était de garder son emploi, et c’est toujours le cas dans des sec- teurs comme la distribution. Mais, dans les entreprises où les investissements re- prennent, les salariés veulent leur part des résultats. Pour les non-cadres, la ré- munération est devenue la principale source de tensions avec l’employeur. Il suffit qu’une prime de vacances ne soit pas revalorisée et c’est le conflit. » Plus d’une entreprise sur deux (58 %) a ouvert ses négociations annuelles obligatoires (NAO), un tiers (29 %) les a finalisées. Deloitte, qui publie mardi 20 février son enquête annuelle sur les salaires en 2018, annonce des budgets d’augmentations « qui tiennent compte de l’inflation et repartent à la hausse pour la première fois depuis 2011 », indique Jean-Philippe Gouin, associé du cabinet d’audit et de conseil. Les entreprises prévoient des hausses de 2 %, toutes populations confondues, ainsi qu’une forte individualisation. Les deux tiers du budget sont réservés aux augmentations individuelles, au détriment des hausses générales. Seize pour cent des négociations annuelles obligatoires se sont déjà conclues sur un désaccord. C’est le cas chez Sodexo, où, explique Amar Lagha, secrétaire général de la fédération CGT du commerce, « le syndicat avait demandé 5 % d’augmentation, pour que le salaire minimum dans l’entreprise atteigne 1 800 euros brut et que la quote-part de la mutuelle soit prise en charge à 50 % par l’employeur. Ils ont tout refusé, au motif que la croissance n’était pas là et que la compétition est rude. Ré- sultat : à peine 1 % de hausse des salaires. Plusieurs sites se sont mis en grève ». ↑ 16
Individualisation « quasiment généralisée » La tendance à l’individualisation n’est pas nouvelle.Bruno Rocquemont, du cabinet de conseil Mercer France, constate que « la part du budget réservée aux augmentations générales est en baisse constante depuis plusieurs années ». « Quand on demande aux entreprises si elles augmentent l’ensemble de leurs sa- lariés, 81 % répondent que non. La moitié d’entre elles dit augmenter 60 % de son effectif », précise-t-il. Jean-Paul Charlez, président de l’Association nationale des directeurs des res- sources humaines (ANDRH), parle, lui, d’une individualisation« quasiment gé- néralisée ».Les augmentations générales sont réservées aux salaires les plus faibles, « jusqu’à 1,5 fois le smic ». Les minima négociés par les branches d’acti- vité s’imposent à l’entreprise. Au-delà, « les augmentations générales sont gui- dées par l’inflation », explique-t-il. Ce qui ressort, selon l’enquête de Deloitte, des négociations annuelles obliga- toires déjà conclues est que les augmentations générales seront de « 0,48 % en moyenne ». Très, très loin de ce qu’espèrent les cadres ! « C’est une moyenne, dans une fourchette de 0 % à 1 % », précise Jean-Philippe Gouin, qui fait état de « pratiques différenciées » selon les salariés et les objectifs des entreprises. Inès Minin, de la CFDT, juge « ce niveau insuffisant pour créer de la progression, au-delà des salaires les plus bas portés par le smic ». Or « l’enjeu, pour [son] syn- dicat, est de rappeler aux entreprises d’investir dans la montée en compétences ». Les politiques de rémunérations durablement modifiées Pour son collègue Gérard Mardiné, un des secrétaires nationaux de la CFE- CGC, « les nombreux retours des négociations en cours expriment une grande insa- tisfaction. Dans une entreprise qui se porte bien, la politique salariale doit assurer la compensation du pouvoir d’achat et l’évolution de carrière. Ce qui conduirait à des budgets proches de 3 %, plutôt que 2-2,2 %. Il y a certes des branches, comme la métallurgie, où le travail a été bien fait. (…) Mais les négociations dans les en- treprises ne sont pas à la hauteur du rattrapage d’inflation ». Dans la société holding de BPCE (environ 1 000 salariés), la direction avait pro- posé une hausse de 0,5 % pour les salaires inférieurs à 70 000 euros par an, in- dique le responsable CFE-CGC. Les syndicats, qui demandaient 1,3 %, ont ac- cepté + 0,5 %, mais avec un abondement supplémentaire de 250 euros par sa- larié au plan d’épargne entreprise. « En guise de réponse, le DRH a claqué la porte. » La crise a durablement modifié les politiques de rémunérations. « Les entre- prises françaises ont appris à être de plus en plus sélectives », affirme Bruno Roc- quemont. En période de faible inflation ou de faible croissance, elles privilé- gient le saupoudrage. Pour 2018,observe Inès Minin, « les entreprises qui jugent la reprise encore très fragile ont accordé des augmentations générales, parfois en deux temps, et elles ont privilégié l’individualisation des rémunérations, avec de fortes variations entre les cadres intermédiaires, les cadres experts et ceux dont les compétences sont très recherchées. Les augmentations ont surtout profité aux cadres de plus haut niveau ». ↑ 17
Alignement des planètes D’un secteur à l’autre, observe aussi Deloitte, les écarts d’augmentations se ré- duisent, même si « on retrouve les plus fortes hausses dans l’industrie de la santé, la finance et l’énergie ».Car, si les niveaux de salaire sont très variables selon les secteurs et la rareté des profils sur le marché, pour les augmentations, « c’est [en général] le niveau de marge des entreprises qui fait la différence », explique M. Gouin. Au début de l’année, l’alignement des planètes était plutôt favorable aux né- gociations, entre la croissance et les allégements de cotisations salariales. De- loitte assure d’ailleurs que 86 % des entreprises n’ont pas tenu compte de ces derniers lors de leurs NAO. Un point de vue contesté par M. Mardiné : certains employeurs, affirme le syndicaliste, présentent le transfert des cotisations vers la CSG « comme un gain de pouvoir d’achat qui justifierait une moindre augmen- tation des salaires ». De quoi nourrir un certain agacement. « Pour 2019, avec l’application de la retenue à la source, il faut s’attendre à une certaine tension sur les salaires », prévient Jean-Paul Charlez. « Le retour de l’inflation met déjà la pression sur les entreprises », renchérit M. Gouin. Au-delà du smic, les PME ne lâchent pas grand-chose. Bénédicte Caron, vice- présidente de la confédération patronale CGPME, explique l’état d’esprit des petits patrons : « Beaucoup sont confiants, mais il faudra au moins une année complète de reprise avant de délier les cordons de la bourse. On a tous plutôt envie de commencer à faire des réserves. Le partage, ce sera pour 2019 »…à condition que la croissance et l’emploi continuent de s’améliorer. A Lille, le 22 Juin 2012. A Lille, le 22 Juin 2012. PHILIPPE HUGUEN / AFP Par Anne Rodier Parution : Quotidienne Tous droits réservés http://www.lemonde.fr 2018 ↑ df9543548460720795771380f108314b5191c58e98487cc8b6b353c 18
mardi 20 février 2018 Page 11 665 mots ECONOMIE—RUBRIQUE Le statut des cheminots, point clé de la réforme de la SNCF Les syndicats en ont fait une ligne rouge, tandis que le gouvernement envisage de le remettre en cause : le statut des cheminots est ce qui fait de la SNCF une entreprise à part. Le cœur de la dis- cussion actuelle devrait ainsi se concentrer sur l'organisation du temps de travail. P armi les 43 propositions Aujourd'hui, 140 000 salariés de la train, avec calcul de la pension sur la contenues dans le rapport Spi- SNCF bénéficient de ce statut. Pour base du salaire des six derniers mois netta, l'une d'elles focalise déjà l'at- l'obtenir, il faut être un ressortissant – soit une règle plus favorable que tention : la numéro 38, qui suggère européen et avoir été embauché celle du régime général où le calcul se de « mettre un terme au recrutement avant l'âge de 30 ans. Ceux qui sont fait sur les vingt-cinq meilleures an- au statut des nouveaux embauchés » recrutés au-delà le sont donc hors nées. Ces derniers points n'ont tou- . statut : c'est le cas de 9 000 salariés, tefois pas été abordés dans le rapport un nombre qui tend à augmenter Spinetta, même s'ils sont au cœur des Pour les syndicats, cette proposition puisque 25 % des nouvelles em- préoccupations des cheminots. Le constitue un casus belli. « Il faudra bauches se font désormais hors sta- cœur de la discussion actuelle devrait qu'on m'explique en quoi le statut tut. ainsi se concentrer sur l'organisation des cheminots est la cause des pro- du temps de travail. « Aujourd'hui, blèmes que rencontrent bon nombre Dans le détail, le statut de cheminot un cheminot “roulant” en repos mar- de voyageurs », a par exemple tonné, prévoit notamment l'emploi à vie, di et mercredi ne peut plus travailler vendredi, le secrétaire général de la c'est-à-dire qu'un salarié de la SNCF le lundi au-delà de 19 heures et ne CGT, Philippe Martinez, qui a appelé ne peut pas être licencié pour motif pourra recommencer à travailler que à une manifestation nationale à Pa- économique : les seuls renvois pos- le jeudi à 6 heures. La SNCF consi- ris, le 22 mars (lire les repères). Au sibles interviennent après une faute dère que cette contrainte lui fait contraire, le ministre des comptes lourde et sont rarissimes. Il définit perdre de la productivité et souhai- publics, Gérald Darmanin, a enfoncé également l'essentiel des garanties terait réduire ces taquets », explique le clou hier, en indiquant que cette collectives, comme les règles de mo- Bernard Aubin, secrétaire général du mesure ne devait pas être « un tabou bilité, de congés ou d'avancement. syndicat First. » et qu'il n'y était « pas opposé » . Un système avantageux, qui entraîne une augmentation mécanique de la Avec une remise en cause du statut, Que contient ce fameux statut ? Il masse salariale de 2,4 % par an, très les nouveaux embauchés seraient s'agit en fait d'un ensemble de textes lourde pour l'entreprise – même si soumis à la convention collective et qui ont pris forme dès les années les salaires sont au moins au départ n'auraient plus les mêmes temps de 1930 et confèrent aux salariés de la généralement inférieurs à ceux affi- repos obligatoires que les salariés SNCF des avantages supérieurs à la chés dans une entreprise privée. Les sous statut. Une nécessité, selon le convention collective des transports agents bénéficient également d'un gouvernement, pour que la SNCF soit ferroviaires, en contrepartie d'un tra- certain nombre d'avantages, comme en mesure d'affronter l'ouverture à la vail jugé pénible avec des trains à les billets à tarifs préférentiels pour concurrence. Mais un recul inaccep- faire rouler sept jours sur sept, y eux et leur famille. Ils sont égale- table, aux yeux des syndicats. ■ compris les jours fériés et sur des ment soumis à un régime spécial de plages horaires étendues. retraite, qui prévoit un départ entre par Alain Guillemoles 52 et 57 ans pour un conducteur de Parution : Quotidienne Tous droits réservés La Croix 2018 Diffusion : 91 095 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016/2017 3C97C3E887E0340C35221EA0EF0A11115BE1318D88677BDE5A7BAB5 ↑ 19 Audience : 480 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016
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