À Pantin modes de vie, modes de ville - récits - Ville de Pantin
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. “ L’héritage Petit bourg de campagne, faubourg populaire, banlieue parisienne... : à chaque époque sa façon d’inventer et de vivre la ville. 18e, 19e, 20e siècle : l’histoire de la ville en vidéo et en photo sur le site internet
Mémoire de faubourg “ Le bourg ancien autour de l’église disparaît pour laisser la place à un urbanisme en rupture avec l’organisation parcellaire et urbaine historique. Pantin devient alors terrain d’expérimentation. ” Christine Hoarau-Beauval, historienne de l’architecture, auteure d’Urbanisme sur dalle et d’Expérimentation capitale C’est près de l’actuel quartier des Cour- desquelles s’établit une population laborieuse. tillières que les premières traces d’habi- « Pour loger ces ouvriers, des logements tat – gaulois puis gallo-romain – ont été spéculatifs sont construits à la hâte. découvertes à Pantin. À l’ère chrétienne, Autour de quelques maisons de maîtres la venue de Saint Germain marque la créa- les familles s’entassent dans des conditions tion des premières paroisses dont celle insalubres : pièces sombres et minuscules de Pantin. Au xii e siècle, le village devient où les odeurs de fumées d’usine et de fosses fief ecclésiastique avant d’être vendu à un d’aisance rendent l’air irrespirable et les laïc en 1563. Au xviii e siècle, la ville offre enfants malades », ajoute l’historienne. un cadre bucolique à la bonne société pa- En 1900, Pantin, morcelée par l’activité in- risienne qui aime à y partir en villégiature. dustrielle et balafrée par le canal de l’Ourcq, Mais dès la première moitié du xixe siècle, la voie de chemin de fer et deux routes le modeste village agricole de 900 âmes nationales, affiche 30 000 habitants... soit se transforme en une cité industrielle près de 30 fois plus qu’en 1800 ! Pour autant, prospère de près de 5 000 habitants où les équipements ne suivent pas et les loge- © Archives municipales de Pantin 2fi0735 s’installe, aux côtés d’une petite bour- ments manquent cruellement. Considérant geoisie commerçante ou rentière, une la ville comme un « organisme souffrant », main d’œuvre toujours plus nombreuse. Charles Auray, devenu maire en 1919, « Dans les années 1850-1860, une trentaine décide d’y apporter ses remèdes. Il sera l’un d’infrastructures lourdes s’implantent à Pantin, des premiers maires de France à mettre en confirme Christine Hoarau-Beauval, histo- place, dès 1928, une politique d’aménage- rienne de l’architecture. À cette époque, la ment du territoire prônant l’amélioration dynamique actuelle de transports en commun de l’hygiène et du cadre de vie. Sous son Dans les années 30, Pantin abritait quatre cinémas, dont le Pantin Palace situé le long du canal de l’Ourcq de masse n’existe pas. Les ouvriers s’installent impulsion, la ville s’organise et se désen- (à l’emplacement de l’actuel centre administratif). Le donc à côté de leur lieu de travail. » Ainsi naissent gorge à la faveur du développement des Pantin Palace a fermé ses portes en 1966. les Quatre-Chemins, quartier populaire abri- transports en commun. Il jette par ailleurs NB : les personnages ont été ajoutés et colorisés. tant de nombreuses manufactures autour son dévolu sur un vaste terrain vacant, situé 4 5
fin 19e - début 20e siècle au pied du fort de Romainville : le domaine de la Seigneurie où les premières habitations bon marché (HBM) de la ville, une école de plein air, un stade et une maison de retraite ne tarderont pas à sortir de terre. Cette politique, marquée par la théorie de l’hygiénisme, est renforcée Logements exigus et insalubres À ces maux s’ajoute l’isolement par la construction d’une cité-jardin. Un am- sont, à la fin du xixe siècle, le lot dont souffre le quartier. En 1871, bitieux programme d’équipements publics est quotidien des populations ou- une partie de sa population, en- lancé avec la construction de lieux nouveaux : vrières ayant élu domicile aux couragée par le patronat, réclame la piscine, les bains-douches municipaux, le Quatre-Chemins. À l’inverse de son autonomie. Face à cette ten- © Archives municipales de Pantin 2fi0424 l’architecture haussmannienne, cos- tative de sécession, la mairie ne centre d’hygiène social... sue et conçue pour durer dont on reste pas indifférente. L’hôtel trouve quelques exemples à Pan- de ville est ainsi construit en En 1939, la guerre stoppe net ces initiatives et tin, les immeubles de ce faubourg 1886 à son emplacement actuel, Pantin fait face à une crise du logement aiguë, sont construits à la hâte avec des plus près des Quatre-Chemins. obligeant les familles à s’entasser dans de petits matériaux de piètre qualité et ont Dix ans plus tard, une salle des fêtes appartements au confort encore rudimentaire. pour vocation d’enrichir les petits (aujourd’hui salle Jacques-Brel) et et grands propriétaires. un square sont créés. « Après les destructions de la Seconde Guerre mondiale, reprend Christine Hoarau-Beauval, le ministère de la Reconstruction et de l’Urba- nisme met en place une politique d’envergure de construction de logements sociaux. À Pantin, les du logement n’en reste pas moins préoccu- HLM remplacent le tissu urbain du centre-ville jugé vétuste et colonisent les derniers grands espaces libres. Le bourg ancien autour de l’église disparaît pour laisser la place à un urbanisme en rupture pant et c’est l’édification sur dalle, dans les années 70 et 80, des îlots 27 et 51 qui ten- tera de résorber l’habitat insalubre de masse. « Ces nouveaux morceaux de ville répondent Images d’hier Au xixe siècle, la population majoritairement paysanne peuplant Pantin voit arriver, dans le avec l’organisation parcellaire et urbaine historique. à un principe d’organisation verticale des fonc- sillage des usines, de nombreux ouvriers pour lesquels des logements sont édifiés à la hâte. Pantin devient alors terrain d’expérimentation. » tions : circuler – habiter – travailler et se divertir. Les équipements publics et le confort moderne suivront dans les années 30 sous l’impulsion On y trouve ainsi logements en tours, équipe- de Charles Auray. La période de l’après-guerre est marquée par de grands projets urbains Denis Honegger, élève d’Auguste Perret, préfigurant les villes nouvelles. ments et commerces sur une dalle piétonne. entreprend alors de bâtir dans le quartier de Ce nouvel art de vivre va très vite s’avérer un l’église une « unité résidentielle », comprenant gouffre financier et ces îlots vont devenir autar- logements et équipements. L’architecte agrandit ciques », précise Christine Hoarau-Beauval. l’espace domestique et fait entrer lumière, salles de bains et chambres séparées dans la vie des Avec ses grands ensembles, sa frontière avec Au lendemain de la Première Guerre mondiale, 40 000 per- familles. À l’autre bout de la ville, sur un gigan- le périphérique nouvellement construit, ses sonnes vivent dans un no man’s tesque terrain agricole, Émile Aillaud mène un deux axes routiers (RN2 et RN3) fractu- land non constructible courant projet architectural radicalement différent dans rant la ville, ses petits immeubles de rapport le long des fortifications de Paris © Archives municipales de Pantin 2fi0008 devenues, dans les années 70, le son style mais assez semblable dans ses inten- en désuétude et sa population croissante, boulevard périphérique. Située tions. Il conçoit aux Courtillières une « cité-parc » Pantin devient, au début des années 80, une entre l’avenue Jean-Lolive et les toute en courbes, comprenant 1700 logements « banlieue » comme les autres. Le mouvement Grands Moulins, la zone pantinoise sociaux, plusieurs bâtiments publics et un vaste général de fermetures d’usines qui marque accueille une forte communauté d’Italiens, ouvriers pour la plupart, espace vert. Tous ces projets ne seront pas la période fragilise encore plus le territoire. qui y érigent des baraques de guin- menés à leur terme mais la croissance démogra- Au tournant du siècle, la ville est face à de gois. Il faudra attendre 1943 pour phique continue. Pantin enregistre ainsi 45 000 nouveaux enjeux : se reconstruire un avenir que ce bidonville soit démantelé. habitants en 1962, accueillant notamment les et une identité, et repenser le cadre de vie de rapatriés des anciennes colonies. L’état général ses habitants. 6 7
l’entre-deux guerres les années 50 à 80... Construire vite, beaucoup et pas un important centre culturel, des cher : après-guerre, c’est le mot groupes scolaires, une cité parois- d’ordre qui prévaut. À Pantin, le siale, des espaces verts, un marché, projet de rénovation du quartier une gare routière et 500 places de de l’église qui, pour le ministère stationnement. Mais la réalisation de la Reconstruction et de l’Ur- de cet ensemble, qui pourtant fait © Archives municipales de Pantin 4fi1469 banisme, doit être emblématique, sensation pendant le Salon des arts applique ce principe à la lettre. L’ar- ménagers de1951, se heurte au coût chitecte Denis Honegger conçoit, des acquisitions foncières. Seuls 795 en expérimentant de nouvelles logements sortiront de terre. En techniques de préfabrication, un 2008, l’ensemble obtient le label © Coll. privée Henri projet global comprenant 2 000 lo- Patrimoine du xxe siècle. © DR gements confortables et modernes, Dans les années 50, au nord de Pénurie de logements à Paris, spé- des années 20. À Pantin, les rues D’une grande modestie architec- la ville, Émille Aillaud conçoit culation foncière au plus haut et Boieldieu, Marie-Thérèse,Wester- turale, ces pavillons – achetés sur le projet du Serpentin. Sur des désir de propriété individuelle ex- mann, Marcelle ou encore du Bel- catalogue ou auto-construits – champs, il fait naître le quartier pliquent l’explosion pavillonnaire Air accueillent des lotissements sont occupés par des ouvriers et des Courtillières. que connaissent les communes du sur des terrains encore libres des employés. © Archives municipales de Pantin 4fi185 département de la Seine à partir situés sur d’anciennes carrières. Dans les années 30, la ville s’em- bellit et s’assainit. Le maire Charles Auray développe considérablement l’éclairage public et le ramassage des ordures ménagères ainsi que l’accès à l’eau courante, l’électricité et le gaz En surface, des tours abritant lo- Jusqu’à la fin des années 80, ce de ville dans les foyers. Visionnaire, gements et équipements publics ; type d’urbanisme apparaît comme le maire dote, dès 1928, Pantin d’un en sous-sol des places de station- la solution idéale pour loger un document de planification urbaine. En © Archives municipales de Pantin 2fi0974 nement ; entre les deux, une dalle. maximum de personnes dans un résulte la construction des premières minimum d’espace. À Pantin, la habitations bon marché de la ville, à dalle de l’îlot 27, située entre la rue l’image de la cité des Pommiers. Ima- Auger et le boulevard des Maré- ginée par l’architecte Félix-Dumail, chaux, et celle de l’îlot 51, située elle compte alors 320 logements et autour du centre commercial Ver- est intégrée à une vaste cité-jardin pantin, incarnent parfaitement ces s’étalant sur les communes du Pré- mille-feuilles verticaux. Difficile et Saint-Gervais et des Lilas. C’est aussi coûteux en entretien, générant de à ce document de planification que l’insécurité car favorisant la densité l’on doit la construction d’une piscine, et l’isolement des ensembles, l’ur- d’une école de plein air, de bains- © Ville de Pantin banisme sur dalle a depuis montré douches, d’un stade et même d’une ses limites. maison de retraite. Pantin est alors l’une des villes les mieux équipées du département de la Seine. 8 9
“ Aujourd’hui Pantin préserve l’essentiel : son caractère populaire, son patrimoine industriel réinventé, sa capacité à imaginer la ville avec ses habitants. Un territoire pas comme les autres où il fait bon vivre.
Rien ne prédestinait Vincent L’exception Parreira, enfant de Seine-Saint- Denis, à devenir architecte. Il obtient un BEP de dessinateur pantinoise en génie civil, avant de décrocher un brevet de technicien de col- laborateur d’architecte puis un diplôme d’architecte. En 2011, il reçoit une mention spéciale à l’Équerre d’argent, le plus pres- “ tigieux concours d’architecture français, pour la construction d’un groupe scolaire à Saint-Denis. On lui doit notamment la ré- habilitation du hall de la Cité de l’architecture (Paris xvi e). Je trouve extrêmement dynamique cette volonté de À Pantin, il a signé un immeuble rue de la Blanchisserie et travaille vouloir prouver à tous qu’on peut vivre très bien ici, actuellement à la construction en Seine-Saint-Denis, et même mieux qu’ailleurs. ” d’un hôtel avenue du Général- Leclerc. Elle est incroyable, cette ville, volonté de vouloir prouver à tous qu’on elle ne ressemble à aucune peut vivre très bien ici, en Seine-Saint-Denis, autre. Je suis né à Montfermeil, et même mieux qu’ailleurs. je connais donc toutes ces villes limitrophes « collées » à J’ai longtemps tourné autour de cette la capitale. Pantin a toujours eu ville avec la volonté de participer à cette quelque chose de particulier. évolution. J’ai pu faire mes preuves sur un premier bâtiment rue de la Blanchisserie. Ma vraie rencontre avec la ville, avec le Et j’ai découvert une exigence portée par canal, avec cette mairie à l’architecture une conviction sur la qualité d’habiter. Nous, incroyable, décalée, juste à côté des gigan- architectes modernes, nous nous posons tesques Grands Moulins, c’était à l’occasion toujours la question de ce que l’on offre du concours du Centre national de la danse aux habitants en matière de logement. Mais (CND). Je me souviens de l’effet de surprise on doit tenir compte des promoteurs, des lorsque j’ai découvert l’aspect hétéroclite aménageurs, etc. de l’architecture de la ville. À Pantin, il y a ça : un effet de surprise. À Pantin, la municipalité a des outils pour marier tout cela. Les services de la ville C’est une richesse pour un élu que d’avoir la portent un regard de lynx sur les projets capacité d’accepter ces différents temps de © Jean-Philippe Dollet avec un mot clé : la qualité. Et le maire a l’architecture, de faire de ce passé décousu cette vigilance de tout voir en amont, de les bases pour refonder la ville. Pantin, à sa s’intéresser aux espaces, aux ouvertures, petite échelle, fait partie de ces villes qui d’élever les exigences. Il échange et tranche. n’ont pas peur de se remettre en cause, Vue aérienne du parc Stalingrad, rénové C’est un atout majeur pour nous architectes qui n’ont pas peur de vivre au xxi e siècle en 2013. Au centre, des serres de l’époque et c’est assez rare. Eiffel que la ville prévoit de réhabiliter en tout en gardant la mémoire des anciens. 2019 / 2020. Je trouve extrêmement dynamique cette Témoignage de Vincent Parreira, architecte 12 13
De l’habitat insalubre © Sogeprom faire table rase À Pantin, les promoteurs immobi- liers ne font pas ce qu’ils veulent ! La ville a en effet imaginé un mo- dèle où ces derniers doivent prévoir, dans chacune de leurs constructions, 33 % de logement social et des ta- Plusieurs villes en une, plusieurs vies sur des espaces verts ou à des logements sociaux : rifs inférieurs aux prix du marché un même territoire, fuir l’homogénéité. aux Quatre-Chemins, l’insalubrité recule (même sur une partie des appartements afin de favoriser l’accession à la À contre-courant peut-être, Pantin cherche à s’il reste beaucoup à faire). Entre 2007 et 2018, propriété du plus grand nombre. préserver son identité de faubourg parisien, 271 logements vétustes y ont été démolis Et à chaque projet immobilier, son de lieu vivant, où chacun trouve sa place. Avec pour laisser la place à 154 logements sociaux. cahier de recommandations réalisé par les équipes administratives ! un mot d’ordre : permettre aux Pantinois D’ici à la fin du nouveau programme de Ce document vise à s’assurer que de rester dans leur ville, quelle que soit leur rénovation urbaine et sociale (PRU 2) en 2025, les appartements soient de bonne situation professionnelle ou familiale. 150 logements auront été démolis. Mixte taille, bien agencés, avec le moins depuis ses origines, le quartier le restera et de vis-à-vis possible et construits Qualité à Pour atteindre ce résultat, la ville a fait preuve avec des matériaux nobles et – de s’enrichira même d’équipements publics, de de volonté, manifestée dès 2000 lorsqu’elle plus en plus – bio-sourcés. Des nouveaux commerces et d’un projet d’agriculture tous les étages îlots verts, des constructions à signe avec l’État un premier plan d’éradication urbaine sur le toit du centre technique municipal. taille humaine, des toits terrasses de l’habitat insalubre ciblant 46 adresses situées ou végétalisés... : le plan local aux Quatre-Chemins, aux Sept-Arpents et dans Aux Sept-Arpents et dans le quartier Hoche, d’urbanisme de 2019 renforcera ces le secteur Hoche. Dans les faits, il s’est traduit par 10 immeubles ont été rasés entre 2007 et exigences pour que le respect de l’environnement devienne la norme, un investissement financier de 10 millions d’euros 2018. Après la démolition du 2, rue Franklin, comme le sont devenues la mixité La résidence Via Canal, ou l’heureux et par une minutieuse politique d’achat lot par la disparition programmée du 53, rue des d’usage et la qualité. mariage du bois et de la brique. lot des logements afin de les réhabiliter ou de Sept-Arpents marquera une avancée décisive les détruire... ce qui a parfois pris plus de 15 ans. dans la rénovation du quartier. C’est à ce prix Pour autant, cette volonté n’a jamais été démen- tie et ses fruits sont aujourd’hui bien visibles. que la ville préserve sa diversité et son caractère populaire. Mais jamais au détriment de la qualité Rénovation Façades pimpantes et intérieurs agréables à vivre ; immeubles détruits pour laisser place à et de l’accessibilité des logements. XXL Onze ans de travaux, un kilomètre de façade Démolition d’un immeuble Réhabilitation en habitat social d’un bâtiment réhabilité, 32 millions de petits carreaux posés, insalubre au 3, rue Berthier. haussmannien au 69, rue Nodier. 1738 logements sociaux rénovés ou agrandis, 130 appartements en accession à la propriété construits, de nouveaux équipements inaugurés, un parc totalement relooké et 225 millions d’euros investis : le programme de rénovation urbaine des Courtillières est, sans conteste, celui de tous les superlatifs. Dernière pièce du puzzle de ce chantier titanesque, la construc- tion, sur les anciens terrains de sport de l’ASPP, d’un ensemble de 370 logements prévus à la vente. Quant à la requalification programmée de l’avenue Jean-Jaurès (ex-RN2) et l’arrivée © Ville de Pantin prochaine de la ligne 15 du Grand Paris Express, © Ville de Pantin © Ville de Pantin elles permettront d’en finir avec le sentiment d’isolement vécu par la population du quartier des Courtillières. 14 15
Le grand mix(t)e Habiter dans une ancienne manufacture ou Place Olympe-de-Gouges, les commerçants 2001 > 2018 dans un immeuble moderne, faire ses courses du marché Hoche, les salariés d’Hermès et sur un bateau ou en bas de chez soi, danser au les habitants du quartier vivent eux aussi en 1 nouveau quartier : le quartier du Port et bord du canal ou aller travailler à vélo, emme- harmonie, créant ce qui ressemble à un nou- ses 2 000 habitants en 2020 ner ses enfants dans une école à haute qualité veau cœur de ville. Autour des Grands Moulins 300 à 400 logements construits par an environnementale ou sortir dans une ancienne rénovés, tout un secteur se développe mêlant 37 immeubles insalubres détruits friche industrielle : Pantin se réinvente chaque les usages. Sur la place Jean-Baptiste Belley ou ou réhabilités jour, plus mixte que jamais. dans les restaurants qui longent le canal, les De 32 % à 38 % de logements sociaux Parce qu’une ville figée dans une fonction 3200 salariés de BNP Paribas Securities Services croisent quotidiennement les habitants des 400 Près de 30 nouveaux commerces de bouche unique (habiter ou travailler ou consommer) et restaurants épuise les habitants et nuit à l’environnement, appartements voisins. Aux Courtillières, c’est la le Pantin nouveau donne à chaque construction construction de 370 logements en accession à 1n ouveau marché place Olympe-de-Gouges ou rénovation plusieurs usages... et facilite la vie la propriété qui apportera de la mixité. 1 parc / square par an embelli ou agrandi de ceux qui y ont élu domicile. Le résultat d’un À l’intérieur des résidences non plus, l’unifor- travail de longue haleine porté par une volonté mité n’est pas de mise, si ce n’est dans la qua- politique évidente : construire une ville évolutive, lité des aménagements. Au sein des nouvelles où chacun vit bien. constructions, des studios voisinent avec des Ainsi, le long du canal, le tout nouveau trois ou quatre pièces, des logements sociaux quartier du Port accueille aussi bien des et en accession privée partagent le même palier. immeubles d’habitation sociale ou en accession Tout un lien social se tisse. L’âme populaire des à la propriété, que des commerces, des méde- faubourgs côtoie le prestige des grands groupes : cins, des restaurants et des équipements publics. un modèle quasi unique en son genre. © Ville de Pantin Pause d’été à l’ombre des Grands Moulins. 16 17
À Pantin, la priorité est donnée aux Pantin Qualité, décerné depuis 2006 le marché sur l’eau, le salon Pantin commerces de proximité, ceux où le par la municipalité. Circuit court et boit bio et, depuis peu, une antenne Voir la vi(ll)e patron (re)connaît ses clients, ceux production bio sont également à de La Ruche qui dit oui proposent où l’on découvre des produits choisis l’honneur. Qu’on se le dise, on mange tout au long de l’année des produits avec soin. Et, pour les repérer, c’est bien et bon à Pantin ! Un supermar- le plus souvent issus de l’agriculture en vert simple : ils affichent fièrement le label ché bio, trois Amap, un marché paysan, biologique et francilienne. utilisation de produits phytosanitaires pour l’entretien des espaces verts depuis 2009, © Ville de Pantin compostage des déchets verts, récupération de l’eau de pluie, revitalisation des arbres par bio-dynamisation, utilisation de « thé de compost » et « jus de lombric » pour renforcer les plantes et arbustes. Quarante espèces de mammifères et d’oiseaux 2018 ont élu domicile au sein des 3,8 hectares du Les habitants sont également encouragés – et Rue Hoche, © Ville de Pantin parc Henri-Barbusse, récemment labellisé engagés – dans ce retour à la terre, eux que la fromagerie La Pantinoise, « éco-jardin ». À la grande joie de la Ligue pour l’on croise dans les jardins partagés ou en train un esprit terroir. la protection des oiseaux (LPO), partenaire de cultiver un petit lopin devant chez eux grâce de la ville, qui fait découvrir aux enfants ce au permis de végétaliser, lancé en 2017. patrimoine naturel. Longtemps sous-estimée Première commune de Seine-Saint-Denis à Engagés et et bafouée, la nature regagne du terrain. Il avoir adopté un Agenda 21 dès 2006, Pantin a suffit d’entrer dans l’un des 26 espaces verts naturellement pris le tournant écologique. Un pour retrouver l’odeur fraîche des prairies co-responsables engagement qu’elle vient d’ailleurs de confirmer et des arbres. avec l’adoption fin 2017 de son plan Climat air Rénovés, agrandis et plus nombreux, les parcs énergie territorial (PCAET). L’exemplarité de ont augmenté leur surface de 10 % depuis 2001. la collectivité est l’un des engagements majeurs Ainsi à Pantin, 1 espace vert par an est repensé. de ce plan. Après avoir équipé tout l’éclairage 8 seront réaménagés pour la seule année 2019. public en LED, elle s’apprête à revoir l’isolation L’espace public n’est pas en reste : 450 arbres thermique de l’ensemble des bâtiments com- ont été plantés en 2018 et les rues sont de munaux. En commençant par les établissements Deux chiens, bientôt trois : la brigade la recherche de stupéfiants en 2017 : plus en plus fleuries. Voilà qui a valu à Pantin scolaires publics où tout passe au vert : de canine est, avec la vidéo-verbalisation, aujourd’hui, plus de 100 personnes l’obtention, en 2015, d’une troisième fleur au l’alimentation – 30 % minimum d’aliments bio la dernière nouveauté pantinoise en travaillent au quotidien à rendre la concours des Villes et villages fleuris et permet d’ici à 2020 – à la pédagogie, via 14 parcours matière de tranquillité publique.Aux ville sereine et agréable à vivre. Des dispositifs très visibles mais parfois peu incivilités à la petite délinquance, d’espérer la quatrième en 2020. de sensibilisation auprès des enfants des écoles. efficaces, Pantin a préféré l’addition de les équipes tentent d’apporter les Le résultat d’un projet politique fort et de la Car rien ne vaut une promenade jusqu’aux moyens diversifiés pour s’adapter à meilleures réponses. Leur credo ? © Ville de Pantin toutes les situations. Police municipale Prévention et dissuasion adap- créativité sans limite des agents municipaux ruches implantées près du parc Henri-Barbusse en 2006, dispositif de médiation de nuit tées. Et un peu de pédagogie aussi : dès qu’il s’agit de préserver l’environnement ou entre les pieds de vigne du parc Stalingrad en 2011, vidéo-protection en 2016 et la tranquillité, c’est aussi l’affaire de et la biodiversité : gestion différenciée inspirée pour comprendre que l’on peut vivre en ville brigade canine, notamment dédiée à chaque Pantinois ! de techniques agricoles traditionnelles, non en harmonie avec la nature. 18 19
Longtemps, elle fut un espace en À ses pieds, le canal de l’Ourcq. friche, terrain de jeu favori des graf- Autrefois accusé de fracturer la ville, feurs du monde entier qui ont fait oublié et boudé, il s’offre désormais des Magasins généraux un temple à la promenade. Dans les bistrots et éphémère du street art. Aujourd’hui, restaurants qui le bordent, sur les pé- c’est un immense espace minéral qui niches qui y accostent, le long de ses conserve son cachet industriel et quais à l’occasion d’un pique-nique, se reflète dans les eaux du canal de sur les agrès sportifs qui le balisent, l’Ourcq. Semblant avoir pour seule ici, on refait le monde, on se dépense, limite l’horizon, la place de la Pointe on profite du soleil ou de l’hiver qui est devenue un lieu incontournable s’installe. Certains y plongent pour de la vie pantinoise, une invitation à s’affronter sportivement à l’occasion À vos idées, bouger, à créer, à se rassembler. En de l’Open swimm stars dont il est © Ville de Pantin métamorphosant ce lieu, la paysagiste le terrain de jeu préféré ; d’autres Jacqueline Osty, à qui l’on doit no- naviguent sur ses flots apaisés ou citoyens ! tamment la transformation du zoo profitent des bals de l’été pour de Vincennes, a fait surgir une place réinventer l’esprit guinguette. C’est publique d’une forme inédite, pensée un fait : le canal a repris sa place Les lauréats du premier pour les grands événements. Sous centrale dans la vie des Pantinois. Et, © Ville de Pantin budget participatif. cette surface plane se dissimulent à le voir glisser, serein, sous les ponts, en effet des canalisations d’eau et on pourrait croire qu’il le sait et en des circuits électriques. De quoi faire tire une certaine fierté. apparaître comme par magie une Parce qu’on est plus intelligent à plusieurs, la ville de la bonne utilisation des 500 000 euros scène, un chapiteau, un restaurant ou À la pointe de Pantin a pris le parti de construire, rénover octroyés par la municipalité. des stands associatifs. De la fête de la et faire vivre le territoire avec les citoyens. ville en juin au salon des associations Et puis, il y a les grandes et petites idées du en septembre, la place de la Pointe de la fête Qu’ils soient nés ici ou venus d’ailleurs, qu’ils quotidien. Envie d’organiser une fête dans un change au gré de la vie pantinoise. soient ouvriers, commerçants ou publicitaires, parc, un tournoi de foot interquartiers ou un tous apportent leurs envies, leurs rêves et leurs repas partagé entre voisins ? Dans ce cas, les avis. Et ce, dès le plus jeune âge : les membres Pantinois peuvent bénéficier d’un coup de du conseil des enfants et du conseil des jeunes pouce de la ville, via un budget dédié aux ini- font en effet, depuis 2006 et 2011, grandir la tiatives des habitants. Et que ceux qui désirent ville avec eux. s’investir sur la durée se rassurent : ils trouve- ront tout le soutien nécessaire à la Maison des © Ville de Pantin Des projets concrets pour améliorer leur quotidien, les Pantinois n’en manquent pas. En associations qui a ouvert ses portes en 2017. témoigne le budget participatif lancé en 2018 : À la base de toute cette vitalité, la confiance 201 propositions, plus de 4 000 votants sur une de la municipalité en l’expertise de ses ci- population de 56 000 habitants, 8 lauréats. Un toyens quand il s’agit de leur vie quotidienne. record pour une première édition. Aujourd’hui, Une confiance réelle que l’on retrouve dans les équipes administratives travaillent main dans les démarches de concertation urbaine qui la main avec les Pantinois à l’ouverture d’un concernent aussi bien des campagnes de kiosque à musique dans un parc, à la plantation rénovation d’ampleur, à l’image de l’îlot 27, qui d’arbres fruitiers ou encore à l’aménagement depuis peu détient sa maison des projets, que d’une placette conviviale devant la maison de les réfections des rues, parcs et jardins. Tel est retraite La Seigneurie. Le tout sous l’œil vigilant sans doute le secret d’une ville vivante, four- de l’observatoire des engagements qui s’assure millante de projets, toujours en mouvement. La place de la Pointe lors de la fête de la ville. 20 21
“ À l’horizon Avec l’écoquartier, se construit la ville de demain, encore plus verte, vivante, participative et s’ouvrant aux nouvelles activités économiques durables.
Quel avenir pour une ville comme Pantin ? Pantin n’a jamais été une ville comme les autres. Mais pourra-t-elle conserver encore longtemps son identité propre et le modèle de développement urbain qu’elle a inventé ? Le maire, Bertrand Kern, et Interview croisée Jacqueline Osty, paysagiste de renommée internationale à qui la municipalité a confié l’aménagement Bertrand Kern de la place de la Pointe, ont échangé sur leur vision de la ville de demain. Jacqueline Osty Pantin est-elle une ville de banlieue comme En éloignant la décision, on perd l’humain. En les autres ? revanche, il faut que la Métropole se saisisse Bertrand Kern : Pantin a un caractère urbain des sujets structurants comme l’aménagement particulier. Ce n’est plus Paris mais ce n’est pas du périphérique, les Jeux Olympiques ou le dé- © Ville de Pantin encore la Seine-Saint-Denis. Ce n’est ni une ville veloppement des grandes zones économiques. dortoir, ni une ville de grands ensembles. C’est C’est aussi le Grand Paris qui doit permettre de réduire les inégalités territoriales entre Jacqueline Osty a étudié l’architecture aux Beaux-Arts de Paris puis le paysage à l’École nationale supérieure du un mélange original que l’on a su préserver. paysage de Versailles. Elle enseigne à l’École nationale supérieure de la nature et du paysage de Blois depuis 2005 En dépit des fractures, la ville est restée un l’Est et l’Ouest. et a créé l’Atelier Jacqueline Osty & Associés en 2006. Elle a notamment conçu les espaces publics du quartier territoire uni. Et, ce n’est pas parce que l’on Jacqueline Osty : Actuellement, nous sommes des Batignolles (Paris xvii e) et le nouveau zoo de Vincennes. Elle a obtenu deux fois le Prix national du paysage. habite dans une ville populaire, où l’on construit dans un changement d’échelle.Toutes les villes beaucoup de logements sociaux, que l’on n’a de banlieue se transforment et se rapprochent pas le droit à un cadre de vie agréable et à des les unes des autres. C’est un réseau, un peu Jacqueline Osty : Pour moi aussi, ce qui maire qui développe, s’identifie au territoire, bâtiments réalisés avec des matériaux nobles. comme le web, qui est en train de se créer s’invente dans les écoquartiers devrait être le porte et l’incarne, mais ils veulent avoir Jacqueline Osty : Je suis tout à fait d’accord. et qui exige aussi une réflexion plus globale. dupliqué à l’échelle de la ville. C’est du leur mot à dire sur les projets. Pantin a fait de l’acupuncture urbaine, avec un bon sens, avec la question du changement À quoi ressemblera, selon vous, la ville Jacqueline Osty : Pour gérer la densité, travail sur le mitoyen, l’ajustement sur l’existant, climatique, que de rendre la ville résiliente, de demain ? il va falloir maintenir des poches de na- l’emboîtement dans un tissu ancien et modeste de récupérer les eaux, réemployer les ma- Bertrand Kern : Nous sommes en train de ture en ville tout en étant très attentif aux d’une architecture urbaine contemporaine. tériaux, ramener de la nature. Il faut partir changer d’époque. Les villes sont de plus en plus ressources naturelles et à leur utilisation. Je trouve très réussie cette transformation de ce qui existe, essayer de le comprendre tournées vers la nature, la question écologique L’autre question est effectivement celle des progressive qui donne le cachet de cette ville : et faire des propositions. est au centre du développement urbain. Ma mobilités. Avec le numérique, on pourra le vieux et le neuf, le chic et le modeste, des ville rêvée, c’est un écoquartier étendu à tout Et quelle place pour l’habitant dans travailler partout, de nouveaux modes de matérialités extrêmement riches. Vous avez le territoire avec beaucoup d’espaces verts, des cette ville du futur ? vie vont émerger et il faudra trouver des su conserver le charme faubourien, l’âme de espaces publics où les gens se retrouvent, où Bertrand Kern : La ville de demain ne doit solutions nouvelles pour créer une ville la ville, et n’avez pas cédé à la tentation des la voiture est de moins en moins utilisée au pas être trop dense. Tous les modes de vivable et partagée. La ville doit rester la logiques opérationnelles banales. profit du vélo et des transports en commun. déplacement doivent y cohabiter. Nous coalition, le partage. Est-ce que le Grand Paris change la donne ? L’activité économique doit aller dans le même travaillons à la piétonisation partielle des Bertrand Kern : C’est ma conviction. Gérer Bertrand Kern : Je pense qu’il faut conserver sens, à l’image de la Cité de l’éco-habitat qui va quais de l’Ourcq. Le passage du TZen sur une ville, c’est faire vivre les gens ensemble, un échelon de proximité qui s’occupe de la s’installer rue Denis-Papin. Dans cette pépinière l’avenue Jean-Lolive permettra également assurer le mélange social, la solidarité locale. culture, de l’éducation, du sport, de l’anima- d’entreprises d’un genre nouveau, industriels de répondre à une demande de circulation Demain encore plus qu’aujourd’hui. tion, du social, de toute la vie quotidienne. Et et artisans inventeront l’habitat écologique apaisée. L’autre sujet incontournable, c’est la la ville représente cet échelon de proximité. du futur. concertation. Nos concitoyens veulent un 24 25
À Pantin à vélo, on ira bientôt plus vite (ou aussi vite) que les autos... C’est tout l’objet du plan vélo et de la création de nouvelles zones 30 dès 2019. Réaménager un nombre important de rues à sens unique et limiter la vitesse des voitures pour mieux y intégrer des voies cyclables à contresens permettra en effet aux adeptes de la petite reine de passer © SEMIP-VECTUEL partout et ce, de façon plus sûre. Ajoutez à cela la piétonisation partielle du quai de l’Ourcq et la future Journée sans voiture et la ville sera Dernière étape de la métamorphose des Courtillières plus apaisée, plus écologique et ses habitants © istock avec la livraison des Pantinoises, dès mars 2021. plus en forme. Le pari de l’éco-habiter Le béton, fatigué, a lassé et les grands en- trois et quatre pièces, vendus avec un taux sembles, déshumanisés, ont fini par stresser. de TVA réduit, Les Pantinoises se destinent Aujourd’hui, les urbains aspirent à des es- clairement aux familles désirant acquérir leur paces ouverts et à plus de vert, sans toutefois premier appartement. D’autant qu’une école renoncer à tout ce qui fait le charme ou Montessori, des commerces et un espace de l’intérêt de la vie en ville. Un défi pour la coworking compléteront l’ensemble et feront métropole du Grand Paris, mais aussi pour vivre la mixité des usages chère à Pantin. Pantin qui, après avoir rénové de fond en comble le quartier des Courtillières, construit À l’extrémité du quartier du Port, on cherche un nouvel îlot dans le prolongement de la à aller plus loin dans la réduction de l’empreinte « cité-parc » imaginé par Émile Aillaud. carbone de la ville en bâtissant autrement. À quelques mètres du métro Fort d’Aubervilliers Depuis le chantier jusqu’au recyclage, l’ossature © Penapaysages et de la future ligne 15 du Grand Paris Express, en bois comme base de construction est l’une un ensemble d’habitations noyé dans la verdure, des solutions... qui va être mise en œuvre pour joliment baptisé Les Pantinoises, accueillera ses la première fois à Pantin. C’est là que sera bâ- premiers habitants en mars 2021. Anticipation tie, à l’horizon 2021, une résidence de 100 En dehors des toits en dents de de rendez-vous rêvé pour les belvédère ou profiteront de scie (appelés sheds) de l’ancienne sportifs. Deux terrains de foot- la grande prairie . Après la en miniature de la vie de quartier de 2030, ce logements où se mêleront confort, accessibi- filature Cartier-Bresson, il sera ball, un mini skate-park, un tobog- réfection des parcs Stalin- nouveau morceau de ville sera traversé par lité et variété des modes de vie. Un travail bientôt impossible de retrouver gan géant, une baignade, un mur grad, Henri-Barbusse et des les vestiges du passé industriel du d’escalade et des aires de jeux... Courtillières, la création du parc une longue allée piétonne qui fera lien avec d’orfèvre dans une zone où la ville est déjà parc Diderot. Transformé en parc De quoi occuper enfants et Diderot sera le dernier grand les pavillons de La Courneuve, comme avec construite, mais une manière bien pantinoise, « actif », c’est-à-dire dédié aux adolescents toute la journée, aménagement vert de la ville pratiques de plein air comme l’ont pendant que leurs parents et grands- avant... l’écoquartier bien sûr ! le futur écoquartier du Fort d’Aubervilliers. progressive donc, d’inventer une fois de plus voulu les Pantinois, il sera le lieu parents se promèneront sur son Abritant 370 logements, essentiellement des un nouvel urbanisme. Celui de la ville durable. 26 27
Cœur de ville : Marché conclu la dernière touche Magenta restera le marché de Espaces de coworking ? Bureaux ? l’invitation au voyage et le plus La question reste ouverte. Tout grand consacré aux produits por- juste connaît-on la superficie du tugais de toute l’Île-de-France. marché en rez-de-chaussée :1 800 m2. Mais après s’être refait une Mais c’est promis ! Fin 2022, un beauté. Quatre projets sont en espace flambant neuf accueillera effet actuellement en compétition de nouveau tous les commerçants pour donner un visage à la future actuels et bien d’autres encore. halle qui comptera, outre les étals Pendant la durée des travaux, le des commerçants, un étage dédié marché existant sera délocalisé à l’activité économique. Hôtel ? à quelques rues de là. © Ville de Pantin Quand l’avenir Nouvel immeuble d’habitation sociale en se dessine en commun © Agence Harari construction à l’angle de la rue Hoche et Les habitants des immeubles de la dalle de la ce nouveau lieu sera également ouvert à tous de la rue du Congo. rue Auger, plus connue sous le nom d’îlot 27, les Pantinois qui le souhaiteront. L’îlot 27, après ont encore leur mot à dire ! bien des mésaventures, se transforme ainsi en Place de l’Église ou rue Hoche ? Berges du de logements – près de 600 –, la percée de Après avoir choisi le projet de réhabilitation laboratoire de la co-construction de la ville. canal de l’Ourcq ou quartier de la mairie ? l’allée des Ateliers, l’installation d’une crèche, de cet ensemble typique au début des années Localiser le centre-ville de Pantin n’a jamais l’implantation en 2014 d’Hermès et de sa cité 80, ils vont devoir se pencher sur les détails été chose aisée. des métiers, l’ouverture de commerces de de sa mise en œuvre. Depuis décembre 2018, Car, curiosité urbaine locale, la ville n’a pas bouche de qualité : pas à pas, le secteur Hoche des ateliers urbains sont organisés autour de un, mais des centres. Une particularité que se refait une beauté et gagne en attractivité. sujets spécifiques : le réaménagement des es- la municipalité cultive en créant ou recréant Ne manque plus que la construction du lot A, paces verts ou du petit bois, le mail piéton, dans les différents quartiers des centralités comme on l’appelle encore. Aujourd’hui espace l’avenir des équipements, école et crèche en © Sophie Michel / La Fabrique urbaine vivantes et agréables. Avec sa taille remarquable, béant dissimulé par des barrières longeant la rue, tête. Un dialogue qui va se poursuivre jusqu’à ses bâtiments plein de style et ses restaurants, il accueillera en 2020 un immeuble d’habitation l’automne 2018. Un investissement citoyen non la création de la place Olympe-de-Gouges a sociale comptant 106 logements, 700 mètres négligeable pour lequel la municipalité a prévu été le premier acte d’une nouvelle centralité carrés de commerces en rez-de-chaussée et des moyens adaptés. La maison des projets, entre le métro Hoche et l’hôtel de ville. Sans un parking public en sous-sol. Une invitation inaugurée en novembre, est en effet entière- perdre de sa personnalité, la rue Hoche, de supplémentaire à s’attarder rue Hoche avant ment dédiée à ces concertations et échanges simple axe de circulation, devient une rue qui de finir la soirée sur les berges du canal pour entre les habitants et la ville. Pouvant accueillir Le projet de l’îlot 27 retenu par les habitants lors de la consultation en 2017. compte. La réhabilitation et la construction un dernier verre, une fête ou un pique-nique. aussi bien les associations que le conseil citoyen, 28 29
Top départ pour l’écoquartier Relier le nord et le sud pour une personne au bord du chemin. Dans ce quartier ville unifiée. Un vieux rêve que Pantin nouveau, ouvert sur la ville et relié à la gare RER a touché cet été du doigt avec l’ou- par une passerelle, 100 000 m2 seront dédiés verture de la Cité fertile. Depuis à l’activité économique. Mais pas n’importe 10 ans en effet, la municipalité pro- laquelle ! Avec la Cité de l’éco-habitat à proxi- jette de bâtir un écoquartier sur mité, une pépinière d’entreprises où artisants 45 hectares dont 19 hectares de et industriels mettront au point des modes friches ferroviaires qui isolent, de construction respectueux de l’environne- © Jean-Philippe Dollet depuis 1846 et l’inauguration de ment, c’est toute une économie verte et éco- la ligne de chemin de fer Paris- responsable qui va s’inventer dans ce territoire Strasbourg, le quartier des Quatre- reconquis. Un territoire à vivre comprenant une Chemins de celui de la mairie. école maternelle, un centre municipal de santé, L’urbanisation de 45 hectares situés entre le quartier 10 ans que Pantin dialogue avec la une plateforme autonomie pour les seniors et des Quatre-Chemins et la mairie contribuera à réunifier SNCF pour la convaincre de céder, 1 500 nouveaux logements. Parmi eux, 33 % de la ville. à un prix acceptable, les terrains nécessaires logements sociaux au minimum, comme c’est à l’édification de ce nouveau morceau de ville. désormais la norme à Pantin. Le tout s’insérant entre Et la persévérance a fini par payer. Mercredi les 5 hectares d’espaces verts. 28 novembre 2018, la compagnie ferroviaire Et qui dit écoquartier, dit empreinte écologique a signé avec la collectivité et Est Ensemble la réduite : les nouveaux bâtiments feront ainsi appel cession de 10 000 m2, les tout premiers du à l’éco-construction pour que le bilan carbone futur écoquartier. Des mètres carrés qui vont soit le plus bas possible. Les eaux pluviales, et permettre de débuter les travaux. Dès 2021, un plus généralement l’ensemble des déchets, seront nouveau collège Jean-Lolive destiné à accueillir gérés de façon alternative et responsable. C’est les adolescents des Quatre-Chemins sortira à ce prix qu’il sera possible de faire mieux que de terre. le parc Henri-Barbusse qui accueille 40 espèces Au-delà, c’est un nouvel urbanisme, directement d’animaux ! Mais gageons qu’avec la présence inspiré de la transformation de la ville depuis l’an d’un parc de 2,5 hectares et de petits étangs, la 2000, qui s’inventera dans l’écoquartier. Avec, pour rainette verte et le crapaud commun, typiques clé de voûte, une idée forte : être exemplaire de l’Île-de-France, éliront eux aussi très rapide- sur le plan social, environnemental, économique ment domicile dans le secteur ! Une nouvelle et démocratique. Pourquoi ? Tout simplement population qui ajoutera à la diversité de profils pour être en phase avec l’aspiration des jeunes d’un quartier conçu pour la mixité et par la générations de vivre en ville comme à la cam- mixité. Car la ville de demain ne se décrète pas, pagne, de travailler près de chez soi, de prendre elle se construit. Résolument dans le présent et part à la vie de son quartier et de ne laisser délibérément tournée vers l’avenir. © Ville de Pantin Comme un avant-goût de l’écoquartier, la Cité fertile va, trois étés durant, inventer à sa manière les contours de la ville de demain. 30 31
récits de ville (la suite) le journal de Pantin - n° 275 janvier 2019 - Direction de la Communication - Papier certifié PEFC à partir de mars 2019 # 4 _ solidaire # 5 _ créer # 6 _ durable déjà parus # 1 _ histoire urbaine # 2 _ grandir Supplément de ville-pantin.fr
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