PARC NATIONAL DE LA POINTE-TAILLON - PLAN DIRECTEUR
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Le présent document a été réalisé par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP). ÉQUIPE DE RÉALISATION Rédaction : Jean-François Beaulieu (MFFP) Louis-Philippe Caron (MFFP) Collaboration : Moncef Bouaziz (MFFP) Mathieu St-Onge (MFFP) Alain Thibault (MFFP) François Guillot (Sépaq) Claude Pelletier (Sépaq) Cartographie : Joël Bleau (MFFP) Mise en page : Marie‑Michèle Émond (MFFP) Photo de la couverture : Alain Thibault Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2022 ISBN 978-2-550-91285-9 (PDF) © Gouvernement du Québec, 2022 ii
TABLE DES MATIÈRES Introduction........................................................ 1 4. Zonage........................................................ 17 6.6 Faire connaître les bénéfices du parc national et ses réalisations 4.1 Préservation extrême............................. 17 1. Mise en contexte du plan directeur........... 3 en matière de conservation...................29 4.2 Préservation............................................. 17 6.7 S’inscrire dans une dynamique 2. Présentation du parc national 4.2.1 Secteur Pointe-Taillon................................ 19 régionale de conservation de la Pointe-Taillon..................................... 5 4.2.2 Secteur Les Amicaux................................... 19 de la biodiversité....................................29 2.1 Historique de la création.......................... 5 4.2.3 Secteur Camp-de-Touage-Les-Îles......... 19 6.8 Favoriser l’accessibilité au parc national.......................................30 2.2 Localisation géographique 4.3 Ambiance.................................................19 du parc national et limite......................... 6 6.9 Faire connaître le parc national 4.4 Services....................................................19 comme un lieu d’éducation, de 2.2.1 Secteur Pointe-Taillon...................................6 rapprochement avec la nature 2.2.2 Secteur Les Amicaux......................................6 5. Aménagement et mise en valeur.............21 et de promotion d’un mode de vie 2.2.3 Secteur Camp-de-Touage-Les-Îles............6 5.1 Les Amicaux.............................................21 physiquement actif.................................30 2.3 Droits fonciers........................................... 8 5.2 Camp-de-Touage.....................................22 6.10 Accroître les retombées dans les collectivités..............................31 2.3.1 Station climatologique.................................8 5.3 Les-Îles.....................................................22 6.11 Renforcer les liens 2.3.2 Conduite d’aqueduc municipale................8 avec les Premières Nations....................31 6. Orientations...............................................25 2.4 Utilisation du territoire en périphérie.... 8 6.1 Améliorer la configuration 2.5 Dynamique récréotouristique régionale.9 7. Mise en œuvre du parc national......................................25 et suivi du plan directeur..........................33 6.2 Adopter une approche de gestion 3. Profil du patrimoine et particularités adaptative................................................25 du territoire................................................11 Bibliographie....................................................35 6.3 Aménager le parc national selon 3.1 Représentativité les meilleures pratiques connues..........25 et patrimoine paysager..........................11 6.4 Axer l’acquisition de connaissances 3.2 Patrimoine naturel..................................11 sur les enjeux de conservation..............26 3.2.1 Milieu naturel............................................... 11 6.4.1 Érosion des berges...................................... 26 3.2.2 Éléments exceptionnels............................ 13 6.4.2 Suivi des colonies de castors...................27 3.3 Patrimoine culturel..................................... 13 6.4.3 Acquisition de connaissances.................. 28 3.4 Patrimoine paysager..............................15 6.5 Assurer le suivi de l’état du parc national......................................28 iii
LISTE DES FIGURES Figure 1 ‑ Les parcs nationaux du Québec....................................................................................................................................................................................2 Figure 2 ‑ Le territoire du parc national de la Pointe-Taillon et les limites administratives..................................................................................................7 Figure 3 ‑ Profil du territoire situé en périphérie du parc national de la Pointe-Taillon........................................................................................................9 Figure 4 ‑ Zonage du parc national de la Pointe-Taillon de 1985 à 2017............................................................................................................................. 18 Figure 5 ‑ Zonage du parc national de la Pointe-Taillon depuis 2017................................................................................................................................... 18 iv
LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 ‑ Superficie et représentativité des différentes zones du parc national de la Pointe-Taillon.............................................................................17 Tableau 2 ‑ Synthèse des actions à réaliser.............................................................................................................................................................................. 33 v
INTRODUCTION Les parcs nationaux du Québec (figure 1) le territoire dans le but d’y moduler le degré déléguée à la Société des établissements de assurent la conservation permanente de de préservation en fonction des patrimoines plein air du Québec (Sépaq)2 pour le Québec territoires représentatifs des régions naturelles naturel, culturel et paysager qui s’y trouvent. méridional et à l’Administration régionale du Québec ou de sites naturels à caractère Le résultat de cet exercice est intégré au Kativik (ARK) pour le Nunavik. Par sa diffusion exceptionnel, notamment en raison de leur Règlement sur les parcs et est présenté dans publique, il peut également servir de référence diversité biologique, afin que ceux-ci puissent le plan directeur afin qu’il soit pris en compte aux acteurs locaux et régionaux pour l’atteinte profiter aux générations actuelles et futures à en amont de tout projet d’aménagement ou de des objectifs de leur mission, de même qu’à des fins d’éducation et de récréation extensive1. mise en valeur. la population en général pour des initiatives En application des principes et des orientations individuelles. émanant de la Loi sur les parcs et de la Politique La Politique sur les parcs nationaux du Québec sur les parcs nationaux du Québec, publiée en définit quant à elle les orientations à l’égard Après un retour sur l’historique de la création 2018, le plan directeur fixe les lignes directrices des parcs nationaux, de même que les rôles et du parc national de la Pointe-Taillon, le présent en matière de développement et de gestion du les responsabilités de chacun des intervenants document décrit le profil actuel du territoire, parc national. Il est préparé par le ministère engagés dans la gestion de ces territoires. Ces le zonage en vigueur, la mise en valeur des des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), en orientations sont basées sur la mission des secteurs récemment inclus dans les limites collaboration avec l’exploitant concerné. parcs nationaux et elles visent à guider les du parc national, les orientations particulières interventions des différents intervenants en découlant de la Politique et la mise en œuvre L’établissement des limites et la gestion des fonction des facteurs influençant le contexte du plan directeur. parcs nationaux sont encadrés par la Loi sur dans lequel ces territoires évoluent. les parcs. Celle-ci donne le pouvoir au ministre Enfin, comme les différents éléments composant responsable de réglementer certains aspects de Comme mentionné précédemment, le plan le territoire du parc national et sa périphérie l’exploitation des parcs nationaux, notamment directeur fixe les lignes directrices en matière sont en constante évolution, la pertinence de en ce qui a trait au zonage. Le zonage est un de développement et de gestion du parc réviser le plan directeur et les orientations qui outil de planification et de gestion essentiel national, et ce, en fonction du zonage en y sont énoncées est évaluée tous les 10 ans, permettant d’assurer le respect de la mission vigueur et des orientations de la Politique. Il et ce, à la lumière des données disponibles de conservation et d’accessibilité dévolue s’adresse principalement aux responsables et des besoins en matière de conservation et aux parcs nationaux. Il consiste à découper de l’exploitation des parcs nationaux, qui est d’accessibilité. 1 Activités récréatives caractérisées par une faible densité d’utilisation du territoire et par des équipements peu élaborés. 2 Dans le contexte des parcs nationaux, cela correspond au territoire situé au sud des territoires d’application de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois et de la Convention du Nord-Est québécois. 1
Figure 1 ‑ Les parcs nationaux du Québec Parc national : ! Ivujivik D ét ro it Nunavut Agrandissement Les parcs nationaux du Québec 1. du Mont‑Orford ! Salluit d' H ud Océan Atlantique 2. du Mont‑Tremblant Kangiqsujuaq so ! n 3. des Grands‑Jardins 22 Péribonka 1 ! Akulivik 14 Sainte-Monique Parc nationaux 4. de la Jacques‑Cartier ! Quaqtaq 5. de la Gaspésie Puvirnituq ! Saint-Henri-de-Taillon 6. du Fjord‑du‑Saguenay Kangirsuk ! Baie d'Ungava Alm a 1 - du Mont-Orford 7. de la Yamaska 2 - du Mont-Tremblant Aupaluk 8. des Îles‑de‑Boucherville ! 23 3 - des Grands-Jardins 9. du Bic ! Inukjuak Kangiqsualujjuaq ! 4 - de la Jacques-Cartier 10. d’Aiguebelle ! Tasiujaq 5 - de la Gaspésie ! Kuujjuaq 27 11. 6 de- Miguasha du Fjord-du-Saguenay Tr 12. 7 de- l’Île‑Bonaventure‑et‑du‑Rocher‑Percé de la Yamaska ac Mer du Labrador é de 1927 du Cons eil p r Baie d'Hudson 13. 8 du- Mont‑Saint‑Bruno des Îles-de-Boucherville ! Umiujaq 25 9 - la 14. de duPointe‑Taillon Bic 10de- Frontenac 15. d'Aiguebelle 55°N 55°N Kuujjuarapik 11d’Oka 16. - de Miguasha iv é 12du- Mont‑Mégantic de l'Île-Bonaventure-et-du-Rocher-Percé !! 17. (non d éfin Whapmagoostui Kawawachikamach ! 13des 18. - du Mont-Saint-Bruno Monts‑Valin it if 14des - de la Pointe-Taillon ! Schefferville 19. Hautes‑Gorges‑de‑la‑Rivière‑Malbaie ) Baie James Chisasibi ! 15d’-Anticosti 20. de Frontenac Wemindji 16de- Plaisance 21. d'Oka ! 17des 22. - du Mont-Mégantic Pingualuit Eastmain ! 18Kuururjuaq 23. - des Monts-Valin Fermont 19du- des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie ! définitif) il privé (non 24. Lac‑Témiscouata 27 du Conse Tracé de 19 Waskaganish ! Nemaska ! Blanc-Sablon ! 20Tursujuq 25. - d'Anticosti 21d’Opémican 26. - de Plaisance Harrington Harbour 22 - des Pingualuit 27. Ulittaniujalik ! 23 - Kuururjuaq ! Mistissini Parc marin Saguenay‑Saint‑Laurent Chibougamau Sept-Îles ! Natashquan ! 24 - du Lac-Témiscouata Île 49°N Waswanipi ! Oujé- ! ! Bougoumou Port-Cartier ! d'Anticosti 20 49°N 25 - Tursujuq t u r en 26 - d'Opémican -La ! Baie-Comeau 10 Lebel-sur- ! in t Terre-Neuve- 27 - Ulittaniujalik Quévillon 14 Sa 5 Gaspé Golfe du et-Labrador 18 u ve ! Percé ! 12 Alma Fle ! Matane ! Rouyn- ! Saint-Laurent Noranda ! Saguenay ! 6 9 !Rimouski Carleton- Val-d'Or 11!sur-Mer 1 Tadoussac ! Îles-de-la- Ordre de création en vertu de la Loi sur les parcs 24 Madeleine 3 19 ! 26 4 Rivière- Cap-aux-! du-Loup Meules ! Témiscaming Océan Atlantique 2 Trois- Québec ! Île-du- Parc marin Nouveau-Brunswick Prince-Édouard Mont- Tremblant ! Rivières ! Thetford Mines ( ! Charlottetown du Saguenay−Saint-Laurent Drummondville ! Gatineau 21 15 16 8 13 ! ( ! ! Fredericton Nouvelle-Écosse ( ! ! 7 1 17 dy Ottawa Montréal ! Ontario Sherbrooke un d eF 0 250 500 km États-Unis ie Halifax Ba ( ! 2
1. MISE EN CONTEXTE DU PLAN DIRECTEUR Le Plan directeur du parc national de la Pointe- Taillon fait partie d’un ensemble de documents préparés par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs et la Société des établissements de plein air du Québec permettant la mise en œuvre de la Politique sur les parcs nationaux du Québec. Ces différents outils sont interreliés et ne peuvent être utilisés isolément, car ils ne présentent pas les multiples facettes associées à la gestion d’un parc national, notamment la planification, l’encadrement de l’exploitation, la surveillance, la protection et la reddition de comptes. En effet, c’est l’arrimage de l’ensemble de ces outils qui assure la cohérence des actions à poser afin que le territoire du parc national soit géré de manière à accomplir sa mission de conservation et d’accessibilité. La description des outils de mise en œuvre et de suivi est présentée dans le document de la Politique. Photo : Alain Thibault 3
2. PRÉSENTATION DU PARC NATIONAL DE LA POINTE -TAILLON 2.1 HISTORIQUE DE LA CRÉATION À la suite de la modification de la Loi sur les parcs, démarche d’acquisition de terrains contigus à Le gouvernement du Québec est devenu en 2001, la classification des parcs à des fins de ceux initialement visés par l’agrandissement. propriétaire de la pointe Taillon à la suite récréation et de conservation a été abolie au Finalement, le 5 janvier 2017, le décret de la cession des terrains par la compagnie profit de l’appellation de parc national. Depuis, officialisant l’agrandissement du parc national Alcan en 1977. L’année suivante, un premier les parcs nationaux du Québec sont voués de la Pointe-Taillon entrait en vigueur, venant plan directeur provisoire est élaboré afin de exclusivement à la conservation et demeurent ainsi ajouter 5,3 km2 au parc national, faisant matérialiser la vocation de conservation du accessibles au public aux fins d’éducation et de passer sa superficie totale à 97,5 km2. Le zonage patrimoine naturel du territoire et d’y répertorier récréation extensive. a également été revu à cette occasion; il est les secteurs à haut potentiel récréatif. À la suite présenté en détail à la section 4. En ce qui a trait à l’agrandissement du parc de la production de ce plan, le ministère du national de la Pointe-Taillon en janvier 2017, Tourisme, de la Chasse et de la Pêche effectue celui-ci découle d’une proposition déposée des aménagements dans le secteur de la plage au ministère du Développement durable, de Taillon qui sera ouverte au public en 1980. En l’Environnement et des Parcs (MDDEP) par 1985, dans le cadre du processus de création du la Municipalité régionale de comté (MRC) de parc, le plan directeur provisoire est révisé en Lac-Saint-Jean-Est en mai 2006, et ce, dans vue de la tenue d’audiences publiques. Au cours l’optique de concrétiser un projet de tourisme de ces audiences, la population a démontré, en écoresponsable. Un comité réunissant des grande majorité, son appui à la création du parc représentants du Ministère, de la Sépaq et et il a été recommandé aux autorités d’accorder des milieux municipal, environnemental et au territoire le statut de parc de conservation. touristique a ensuite été formé afin de procéder C’est ainsi que, le 6 novembre 1985, le parc de à l’étude de cette proposition. conservation de la Pointe-Taillon était créé. La vocation de conservation de ce territoire était Le 24 janvier 2008, une audience publique alors officialisée, avec l’objectif de protéger s’est tenue à Alma concernant ce projet. Dans une portion à la fois fragile et représentative le cadre de cette audience, certaines des de la région naturelle des basses-terres du propositions énoncées dans les mémoires des Saguenay–Lac-Saint-Jean. participants ont été reçues favorablement par le Ministère, ce qui s’est traduit par l’amorce d’une 5
2.2 LOCALISATION GÉOGRAPHIQUE 2.2.2 Secteur Les Amicaux 2.2.3 Secteur Camp-de-Touage-Les-Îles DU PARC NATIONAL ET LIMITE Le secteur Les Amicaux se trouve à Saint- Comme son nom l’indique, ce secteur comprend Le parc national de la Pointe-Taillon est situé Henri-de-Taillon, à un peu plus de 7 km au le site de l’ancien camp de touage de Saint- au nord-est du lac Saint-Jean, dans la région sud-est du secteur Pointe-Taillon. Ce secteur Gédéon, de même que plusieurs îles situées au administrative du Saguenay–Lac-Saint-Jean. de 0,7 km2 comprend une plage publique large d’Alma et de Saint-Gédéon. Le Camp-de- Depuis son agrandissement, le parc national autrefois exploitée par le Centre de plein air Touage est situé à une quinzaine de kilomètres est divisé en trois secteurs distincts, tous situés Les Amicaux, d’où son appellation. Il inclut au sud-est du secteur de la Pointe-Taillon et il dans la MRC de Lac-Saint-Jean-Est, soit les également une partie hydrique qui s’étend occupe 1,05 km2. Il est bordé à l’ouest par le lac secteurs Pointe Taillon, Les Amicaux et Camp- jusqu’à 200 m de la plage. Il est ceinturé Saint-Jean, à l’est par des lots boisés privés, au de-Touage-Les-Îles (figure 2). de terres privées, à l’exception d’une bande sud par des terrains privés, dont celui du Club de terre publique, à l’ouest et au nord, sur de golf Lac-Saint-Jean, et au nord par une bande La description technique du parc national précise laquelle le sentier de motoneige Trans-Québec boisée privée située en bordure de la rivière La les limites officielles du territoire et se trouve en no 93 passe. La majeure partie du secteur Les Petite Décharge appartenant à Rio Tinto. Un annexe du Règlement sur l’établissement du parc Amicaux correspond à d’anciens lots publics bloc de lots privés comprenant 10 résidences national de la Pointe-Taillon (http://legisquebec. intramunicipaux, auxquels se sont ajoutés deux situées le long de la baie des Girard est enclavé gouv.qc.ca/fr/ShowDoc/cr/P-9,%20r.%2022). lots privés acquis pour protéger l’ensemble de entre le Camp-de-Touage et le lac Saint-Jean. l’écosystème forestier exceptionnel (EFE) qui s’y 2.2.1 Secteur Pointe-Taillon trouve, soit une cédrière à orchidées. Le sentier La trentaine d’îles de même que les nombreux Ce secteur correspond principalement à de motoneige a été déplacé à l’extérieur des îlots et écueils situés au large d’Alma et de l’ancienne limite du parc national de la Pointe- futures limites du parc national, à même ces Saint-Gédéon forment un archipel s’étendant Taillon. À cela s’ajoute un lot situé en bordure anciens terrains privés, et ce, afin de permettre approximativement sur 9 km de longueur de la rivière Taillon, de même que la moitié le maintien de cette activité qui est interdite et 4 km de largeur et correspondant en tout du lit de celle-ci jusqu’à son embouchure. Des dans les parcs nationaux, tout en protégeant à 1,9 km2. Parmi les plus imposantes îles, on modifications ont aussi été apportées à la limite la portion d’EFE s’y trouvant. trouve la Grosse île Verte, la Petite île Verte et aquatique, ce qui porte la superficie totale du l’île Connelly localisées dans le sud de l’archipel, secteur à 93,8 km2. Il comprend la pointe Taillon ainsi que les îles à Tremblay et Beemer dans (68,5 km2), l’île Bouliane (1,07 km2) ainsi qu’une le nord. Par ailleurs, des portions du milieu partie du lit de la rivière Péribonka et du lac hydrique, entourant les îles, sont comprises Saint-Jean (24,25 km2). dans le parc national. Ce territoire se trouve presque entièrement dans la municipalité de Sainte-Monique, à l’exception d’une portion d’environ 1,8 km2 dans le secteur de l’entrée principale qui, elle, est située dans la municipalité de Saint-Henri-de-Taillon. 6
Figure 2 ‑ Le territoire du parc national de la Pointe-Taillon et les limites administratives Passes- Saint- Dangereuses Péribonka Augustin Dolbeau- Petite rivière Mistassini Péribonka Sainte- Monique Rivière Péribonka Lac Askeen L'Ascension- 169 de-Notre- Seigneur Rivière Taillon Saint-Henri- de-Taillon Lac Saint-Jean Alma La Grande Décharge La Petite Décharge Saint-Gédéon 0 5 10 Km Rivière Bédard Parc national de la Pointe Taillon Limite municipale Photo : Mathieu Dupuis 7
2.3 DROITS FONCIERS 2.3.2 Conduite d’aqueduc municipale mêmes secteurs, de même qu’une affectation Certains aménagements ou installations sur le Lorsque le secteur Les Amicaux a été inclus de récréation extensive (conservation et mise territoire du parc national font l’objet d’ententes, dans le parc national en 2017, une convention en valeur légère) au nord du Camp-de-Touage soit une station climatologique aménagée dans d’autorisation a été signée entre la Municipalité pour des terrains appartenant à Rio Tinto. le secteur Pointe-Taillon et une conduite d’eau de Saint-Henri-de-Taillon et le MFFP afin de L’agriculture est une activité relativement potable située dans le secteur Les Amicaux. permettre à celle-ci de maintenir, d’entretenir et importante en périphérie du secteur Pointe- de réparer la section de la conduite d’aqueduc Taillon, bien que plusieurs terres anciennement 2.3.1 Station climatologique qui alimente la municipalité, traversant cultivées aient été reboisées. Enfin, la presque maintenant le parc national. totalité des terrains situés en périphérie du parc Le 3 décembre 2018, une entente a été conclue national sont de tenure privée, sauf une petite avec le ministère de l’Environnement et de bande de terre publique localisée au nord du la Lutte contre les changements climatiques 2.4 UTILISATION DU TERRITOIRE EN PÉRIPHÉRIE secteur Les Amicaux, qui correspond à l’emprise (MELCC) pour permettre l’implantation d’une du sentier de motoneige Trans-Québec no 93. station climatologique à proximité du 3e rang et Le parc national de la Pointe-Taillon chevauche le de la rivière Taillon, près de l’entrée principale territoire de la ville d’Alma et les municipalités de du parc national. Selon cette entente, une Saint-Henri-de-Taillon, de Sainte-Monique et de zone de dégagement de près de 6 648 m2 Saint-Gédéon, ce qui représente une population doit être maintenue à partir du centre de la de 34 864 habitants, soit environ les deux tiers station. Les équipements constituant la station de la population totale de la MRC de Lac-Saint- climatologique sont la propriété du MELCC. Jean-Est, qui compte 53 067 habitants3. Bien que le territoire du parc national de la Pointe- La station climatologique est équipée de divers Taillon soit éclaté, il n’en demeure pas moins instruments qui mesurent différents paramètres que l’occupation du territoire autour du parc liés au climat, dont la température, la vitesse national est essentiellement agroforestière et du vent et les précipitations. Les données forestière (figure 3). Toutefois, deux affectations saisies sont transmises automatiquement au récréotouristiques sont désignées en périphérie système central de traitement situé à Québec. des secteurs Les Amicaux et Camp-de-Touage- La surveillance du climat au Québec s’appuie Les-Îles, qui correspondent respectivement sur un vaste réseau de stations implantées aux territoires occupés par le Camping et partout dans la province (https://www. Plage Belley et par le Club de golf Lac Saint- environnement.gouv.qc.ca/climat/surveillance/ Jean. En outre, deux affectations de villégiature reseau-parametres.asp). estivale sont situées à proximité de ces deux 3 Données provenant du décret 1358-2020 du 16 décembre 2020 (https://www.mamh.gouv.qc.ca/organisation-municipale/decret-de-population/, https://www.mamh.gouv. qc.ca/fileadmin/cartes/region/02.pdf]) 8
2.5 DYNAMIQUE Figure 3 ‑ Profil du territoire situé en périphérie du parc national de la Pointe-Taillon RÉCRÉOTOURISTIQUE Dolbeau- RÉGIONALE Mistassini Sainte- Jeanne- Le parc national de la Pointe-Taillon est situé d'Arc 169 à une trentaine de minutes d’Alma et à environ une heure de Saguenay, qui sont les deux MRC de Maria- 373 Chapdelaine Saint- premières villes en importance au Saguenay– Augustin Lac-Saint-Jean. La présence à proximité Rivière d’éléments récréotouristiques importants, dont Mistassini Petite rivière Péribonka le Zoo de Saint-Félicien, le Village historique Péribonka de Val-Jalbert et le lac Saint-Jean, ont des K ) Rivière Péribonka Sainte- 169 répercussions positives sur la fréquentation du 169 Monique parc national. On trouve également, à l’ouest K ) du parc national, le parc régional des Grandes- Rivières du lac Saint-Jean qui combine différents Rivière Taillon secteurs à vocation touristique, récréative ou Lac Saint-Henri- de conservation. Finalement, grâce au circuit Saint-Jean de-Taillon Saint- cyclable de la Véloroute des Bleuets totalisant Félicien MRC de Lac-Saint- 256 km de voies réservées aménagées hors Jean-Est route ou d’accotements asphaltés et de K ) Île Beemer La Grande Décharge chaussées désignées, traversant en partie le Saint-Prime MRC Le Domaine- Îles à du-Roy Tremblay parc national, les cyclistes peuvent sillonner 169 Alma Mashteuiatsh une large partie du territoire du Lac Saint-Jean La Petite Décharge et ainsi profiter d’une multitude de services, de Île Connelly Grosse sites et d’attraits touristiques. île Verte Saint-Gédéon Roberval 0 5 10 20 Km Parc national de la Pointe Taillon Affectations : Aire faunique communautaire du lac Saint-Jean Agricole Aires protégées : Agroforestière Habitat du rat musqué Conservation Aire de concentration d’oiseaux aquatiques Forestière Industrielle Récréative Résidentielle Urbaine 9
10 Photo : Alain Thibault
3. PROFIL DU PATRIMOINE ET PARTICULARITÉS DU TERRITOIRE 3.1 REPRÉSENTATIVITÉ ET basses-terres du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Par glaciaire ont provoqué l’enfoncement, puis le PATRIMOINE PAYSAGER ailleurs, l’ajout des nouveaux territoires accroît relèvement du continent. La cuvette du lac Le parc national de la Pointe-Taillon a été créé la représentativité du parc national à l’égard de Saint-Jean a alors été partiellement immergée afin de préserver un échantillon représentatif celle-ci, notamment à cause du cordon littoral par la mer de Laflamme qui s’est retirée par de la région naturelle des basses-terres combinant dune et plage dans le secteur Les la suite en laissant d’immenses quantités de du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Celle-ci est Amicaux à Saint-Henri-de-Taillon et des bosses sédiments constitués d’argile et de sable. À représentative structuralement d’un vaste fossé rocheuses au Camp-de-Touage à Saint-Gédéon. présent, le lac Saint-Jean domine tout l’espace d’effondrement délimité par des escarpements environnant par sa masse d’eau, telle une mer de faille. Ayant pour forme une cuvette dont 3.2 PATRIMOINE NATUREL intérieure. Il forme un bassin presque circulaire le centre est occupé par le lac Saint-Jean, d’environ 220 km de circonférence de près de 3.2.1 Milieu naturel 1 100 km2. Sa profondeur, qui atteint 63 m dans l’altitude moyenne de cette région déprimée est de 150 m. Comme trait dominant du paysage, Les basses-terres du Saguenay–Lac-Saint- sa partie sud, n’est que de 11 m en moyenne. on remarque, d’une part, des collines d’origine Jean appartiennent à la province géologique L’altitude maximale du pourtour ne dépassant fluvioglaciaire dans le voisinage de Chute-à-la- de Grenville, laquelle longe le fleuve Saint- pas 30 m au-dessus du niveau du lac; le paysage Savane et, d’autre part, de nombreuses bosses Laurent, des Grands Lacs jusqu’à la mer du dominant est à fleur d’eau. La presque totalité rocheuses émergeant des dépôts meubles qui Labrador. Cette province, qui se compose de du territoire du parc national présente un relief se présentent généralement sous forme de roches métamorphisées, s’est développée à l’ère très peu accidenté, presque horizontal, dont roches moutonnées, que l’on peut notamment précambrienne, soit il y a environ un milliard l’élévation se situe à peine à quelques mètres observer dans les régions de Saint-Henri-de- d’années. À l’est du lac Saint-Jean, l’assise au dessus des eaux du lac Saint-Jean, ce qui Taillon, de Sainte-Monique et de Saint-Gédéon. géologique est principalement constituée est caractéristique de la région naturelle des Ayant subi une invasion marine appelée « mer d’anorthosite, une roche communément appelée basses-terres du Saguenay–Lac-Saint-Jean. de Laflamme » durant la déglaciation, la région granite noir. Sur le plan théorique, la région naturelle se trouve en partie couverte d’argile et de sable. Le delta de la pointe Taillon, de même que les des basses-terres du Saguenay–Lac-Saint- Par son relief, son climat, ses paysages territoires récemment ajoutés au parc national, Jean fait partie du domaine de la sapinière et ses écosystèmes, le territoire du parc a été façonné par divers agents d’érosion et à bouleau jaune. Or, puisque le territoire du national regroupe plusieurs des éléments de sédimentation. Il y a quelque 20 000 ans, parc national a notamment été utilisé à des caractéristiques de la région naturelle des l’expansion et la fonte d’une immense calotte fins agricoles (Pointe-Taillon) et industrielles 11
(Camp-de-Touage), le paysage forestier du de reboisement des terres en friche afin de herbiers aquatiques. La végétation des îles territoire est peu représentatif de ce domaine redonner au territoire sa vocation forestière. subit l’influence adoucissante des eaux du lac bioclimatique. Ainsi, on y trouve actuellement Situées dans la portion nord de la pointe en été, d’où la présence sporadique de pruches, plusieurs peuplements de transition constitués Taillon, ces plantations ont essentiellement d’érables rouges et de frênes. Cependant, les essentiellement d’essences de lumière (bouleaux été faites aux abords de la rivière Péribonka. rudes conditions météorologiques hivernales à papier et peupliers). Sur la pointe Taillon, les Le reboisement s’est fait jusqu’en 1956 et ce font que certains arbres comme les thuyas peuplements à dominance résineuse sont plus travail a été assumé par monsieur Télesphore demeurent rabougris ou rachitiques. abondants dans la partie est de la péninsule, Chevrette. D’ailleurs, les fondations de la maison alors que les peuplements feuillus sont plus qu’il occupait subsistent encore au nord-ouest En ce qui a trait à la faune, on a répertorié dans nombreux dans la partie ouest. Les peuplements de la pointe, d’où le nom de « Pointe Chevrette » le parc national près d’une quinzaine d’espèces mélangés, quant à eux, sont principalement donné à ce secteur du parc national. En 1956, de mammifères, autant d’espèces de poissons localisés dans la moitié est de la pointe. En les plantations totalisaient 880 000 arbres, parmi lesquelles le doré et la ouananiche, ce qui a trait aux peuplements résineux, dont près de 662 000 épinettes blanches et quelques espèces d’amphibiens et au moins ceux-ci sont principalement représentés par 60 000 pins blancs, tous deux indigènes, de une espèce de reptile. Pour la faune aviaire, la pessière noire, suivis des pinèdes grises. même que 78 000 arbres non indigènes, soit des inventaires ont révélé environ 200 espèces Les peuplements à dominance feuillue sont 48 000 pins sylvestres, 20 000 épinettes de d’oiseaux. Cette diversité est attribuable à la principalement constitués de bouleau à papier Norvège et 10 000 pins de Murray. variété des habitats qui existe dans l’archipel et et, en second lieu, de peupliers faux-trembles. sur la pointe Taillon. Par ailleurs, l’omniprésence Ces deux essences sont les plus fréquemment Les secteurs Les Amicaux et Camp-de-Touage- de l’eau favorise la fréquentation de nombreux trouvées dans les peuplements mélangés. Elles Les-Îles sont essentiellement recouverts d’une oiseaux aquatiques, dont le canard noir, le grand sont régulièrement associées à l’épinette noire forêt mélangée ayant à peine atteint le stade harle, le plongeon huard, le canard branchu, et au pin gris et, dans une moindre mesure, de maturité (classe d’âge de 50 ans). Au Camp- la bernache du Canada, l’oie des neiges, le à l’épinette blanche et au sapin baumier. de-Touage, on trouve également une plantation grand héron et même la grue du Canada, qui Finalement, les milieux humides (tourbière, d’épinette blanche qui couvre le quart de sa parcourent les rives, les marais et les chenaux marécage et marais) caractérisent la végétation superficie. Ce site abrite également des milieux du parc national. D’ailleurs, on compte quatre de la pointe Taillon. D’ailleurs, plus de la moitié humides, soit principalement des marécages aires de concentration d’oiseaux aquatiques de la surface de la péninsule est occupée par arbustifs et des tourbières boisées pour la inscrites dans le Registre des aires protégées une vaste tourbière centrale comportant des plupart situés entre les buttons surélevés du couvrant près des deux tiers de la pointe Taillon portions ombrotrophes, minérotrophes et terrain et à proximité des petits cours d’eau (figure 3). Enfin, certaines espèces d’oiseaux, boisées. Les tourbières ombrotrophes sont une permanents et intermittents qui traversent le dont la mouette de Bonaparte et la sterne couverture typique des basses-terres dont le site. pierregarin, nichent dans l’archipel du parc drainage est déficient. national. En ce qui a trait aux îles, on observe sur La pointe Taillon abrite également quelques certaines d’entre elles des parcelles résineuses, plantations d’arbres indigènes et non indigènes notamment des pinèdes à pin gris et à pin datant des années 1950 alors que la compagnie rouge, des sapinières et des pessières blanches Alcan a entrepris un important programme à thuya, de même que des marais et des 12
3.2.2 Éléments exceptionnels important pour les Autochtones, puisqu’il reliait Certains éléments floristiques du parc la vallée du Saint Laurent et le Moyen Nord. national sont dignes d’intérêt. On note On estime donc qu’il possède un bon potentiel d’abord un écosystème forestier exceptionnel sur le plan archéologique. D’ailleurs, certaines correspondant à une cédrière à orchidées dans des recherches archéologiques menées dans le secteur Les Amicaux. Celui-ci est inscrit le secteur témoignent de la présence des comme habitat d’une espèce menacée ou Autochtones sur le territoire du parc national. vulnérable dans le Registre des aires protégées Actuellement, on dénombre 19 sites du Québec. Dans le même secteur, on trouve archéologiques dans le parc national, dont certaines espèces floristiques d’affinité marine 15 sont désignés comme étant des sites témoignant de l’environnement marin qui « amérindiens préhistoriques ». La période existait à la fin du dernier âge glaciaire, où amérindienne préhistorique s’étend de la la mer de Laflamme occupait la région. Ces préhistoire jusqu’au contact avec les Européens. espèces, dites « relictes », sont : l’ammophile à Parmi ceux-ci, quatre présentent également des ligule courte (Ammophila breviligulata), l’armoise caractéristiques d’un site « euro-québécois ». caudée (Artemisia caudata), le cerisier des sables Trois autres sites sont entièrement désignés (Prunus depressa), la gesse maritime (Lathyrus « euro-québécois » et un site demeure encore maritimus) et le jonc de la Baltique (Juncus indéterminé (annexe 1). balticus). Celles-ci sont psammophiles, c’est-à- dire qu’elles poussent sur des sols sablonneux Bien que ces sites soient situés dans le parc et s’observent sur les rives du lac Saint-Jean. De national de la Pointe-Taillon, le potentiel plus, on trouve également quelques espèces archéologique de ce territoire a été assez peu floristiques susceptibles d’être désignées étudié, ce qui porte à croire que plusieurs menacées ou vulnérables sur le territoire du éléments de son histoire préhistorique restent parc national, dont l’aréthuse bulbeuse (Arethusa à découvrir. Seuls quelques artéfacts, dont des bulbosa), le calypso bulbeux (Calypso bulbosa), le fragments osseux, de l’outillage, des fragments cypripède royal (Cypripedium reginae), l’hudsonie d’outils, des éclats de taille et des pointes de tomenteuse (Hudsonia tomentosa) et l’orchis à lance ont pour l’instant été trouvés sur les lieux. feuille ronde (Galearis rotundifolia). Par ailleurs, l’emplacement géographique du parc national de la pointe Taillon, situé aux 3.3 PATRIMOINE CULTUREL abords de la rivière Péribonka et du lac Saint- Des recherches menées au début des années Jean, a été un lieu de rassemblement durant les 1980 ont démontré que les abords du lac migrations saisonnières des Pekuakamiulnuatsh Saint-Jean posséderaient une grande richesse (Première Nation des Pekuakamiulnuatsh, lettre, archéologique. En effet, le bassin hydrographique 24 janvier 2022). du lac Saint-Jean était anciennement fort Photo : Alain Thibault 13
Les Ilnuatsh4, autrefois appelés Montagnais, devenu un lac réservoir avec la construction du Au cours de l’histoire récente, la région du avaient un mode de vie nomade fondé barrage d’Isle-Maligne. Le rehaussement du lac Lac-Saint-Jean a subi plusieurs changements essentiellement sur la chasse, le piégeage et aux fins de production hydroélectrique a touché liés, entre autres, à l’exploitation forestière et la collecte de végétaux, et leur migration était un grand nombre de propriétaires riverains de la à l’industrialisation. En effet, le lac Saint-Jean saisonnière. À l’automne, ils quittaient leur lieu pointe Taillon, alors que plusieurs cultivateurs a été utilisé par la compagnie Price pour le de rassemblement estival pour rejoindre leur ont subi l’ennoiement de leurs cultures et la flottage du bois, car il s’agissait d’un moyen territoire de chasse. À l’époque du commerce perte de pâturages. D’ailleurs, l’abandon de la rapide pour acheminer la matière première des fourrures, les Montagnais étaient des pointe Taillon par les cultivateurs est intimement vers les scieries et les usines de pâtes et intermédiaires ou de petits commerçants lié à ce que ceux-ci ont appelé la « tragédie du papiers. L’arrêt définitif du flottage du bois et, spécialisés, c’est-à-dire que, après avoir échangé lac Saint-Jean ». En effet, à compter de 1935, la par conséquent, du touage sur le lac Saint Jean des marchandises avec les Français à Tadoussac, situation s’est aggravée et les routes d’accès à en 1996 a permis de révéler les attraits de ils pénétraient ensuite à l’intérieur des terres la pointe Taillon ont été graduellement fermées, nombreuses sections de ses berges. L’ancien pour traiter avec les tribus alliées dans des obligeant les derniers résidents à quitter le camp de touage à Saint-Gédéon recèle encore lieux d’échange situés notamment à l’entrée territoire. Par la suite, la compagnie Alcan en est des vestiges témoignant de cette pratique qui de la Grande Décharge et de la Petite Décharge devenue propriétaire. Certains vestiges de cette a duré près de 150 ans dans la région. (Girard et Perron, 1989). Qui plus est, les îles colonisation historique sont visibles le long des et le secteur de la Grande Décharge étaient rives, telles des fondations et des dépressions Enfin, il est important de souligner l’histoire particulièrement prisés pour la pêche et la dans le sol, marquant l’emplacement d’anciens de l’ingénieur et entrepreneur Horace-Jansen fabrication des canots d’écorce en raison des bâtiments. Beemer, qui a été notamment responsable de la bouleaux de forte dimension (Première Nation construction de la voie ferrée reliant les villes des Pekuakamiulnuatsh, lettre, 24 janvier 2022). On note également des fondations de bâtiments de Québec et de Roberval, inaugurée au début et d’autres aménagements sur l’île Bouliane, de 1888, mais également l’un des pionniers du En ce qui concerne l’histoire plus récente de la où se trouvait auparavant un grand domaine tourisme dans la région. En 1888, M. Beemer pointe Taillon, mentionnons que ce territoire agricole. Selon la littérature, le domaine, où plus a construit à Roberval un grand hôtel de style a été géré par la municipalité de Saint- de 125 personnes travaillaient, était équipé château de 100 chambres pour y loger les Henri-de-Taillon jusqu’en 1916, alors que la d’outils modernes pour l’époque et employait touristes attirés par la pêche à la ouananiche. péninsule a atteint une population supérieure des méthodes agricoles novatrices. L’équipe du À ce moment, il possède les droits de pêche à 300 habitants, ce qui lui a permis de devenir parc national de la Pointe-Taillon a entrepris sur toutes les rivières affluentes du lac Saint- une municipalité à part entière, connue sous le un inventaire géoréférencé des vestiges Jean. En 1890, il a fait ériger un spacieux hôtel nom de Bienheureuse-Jeanne-D’Arc. La plupart historiques en 2012, et ce, afin de les protéger fait en bois sur l’île qui porte son nom, l’Island des colons pratiquaient une agriculture de et les mettre en valeur. House, pour accueillir principalement de riches subsistance. En 1926, le lac Saint-Jean est touristes américains amateurs de grands 4 La forme « ilnu » est préconisée dans le dialecte des Pekuakamiulnuatsh, qui se distingue de l’orthographe « innu » utilisée principalement dans la région de la Côte-Nord. Au singulier on écrit « ilnu » et au pluriel « ilnuatsh » (https://www.mashteuiatsh.ca/membre-de-la-communaute/portrait-de-la-communaute.html). 14
espaces et de pêche à la ouananiche. En 1908, d’être ailleurs, permettant d’expérimenter de un incendie a détruit le Grand Hôtel de Roberval, nouvelles ambiances dans le parc national. faisant que les touristes ont déserté l’endroit et que l’hôtel Island House était de moins en En ce qui a trait à la pointe Taillon, cette moins visité. Finalement, l’hôtel a été démoli importante péninsule de sable située au au cours des années 1940 pour des raisons de confluent de la rivière Péribonka et de l’imposant sécurité. Bien qu’il reste peu de vestiges de cet lac Saint-Jean, représente un paysage unique établissement hôtelier, l’île Beemer occupe autour du lac qui inspire la tranquillité. Ses encore une place dans la mémoire régionale. rives sablonneuses donnent accès à de beaux points de vue sur le lac Saint-Jean, alors qu’en 3.4 PATRIMOINE PAYSAGER son centre la vaste tourbière offre un paysage singulier, s’ouvrant sur plusieurs kilomètres de Le lac Saint-Jean est l’un des joyaux du végétation basse et spongieuse. patrimoine naturel de la région du Saguenay– Lac-Saint-Jean et constitue un de ses paysages emblématiques. Ce plan d’eau impressionne toujours par sa dimension et par la beauté de ses paysages; de plus, les plages de sable fin qui le ceinturent lui donnent un air de bord de mer. Il est possible d’y apprécier de multiples panoramas, dont la multitude de baies, d’îles et d’îlots qui parsèment le pourtour du lac. D’ailleurs, les îles représentent un patrimoine naturel exceptionnel à préserver n’ayant que peu été mis en valeur jusqu’à présent. Pourtant, petite ou grande, chaque île est unique et possède un charme particulier avec ses anses, ses petites plages, ses pointes et ses langues de sable, qui confèrent un caractère insulaire et une quiétude faisant contrepoids aux paysages humanisés des rives. Les îles du lac Saint-Jean font partie intégrante de ce grand écosystème lacustre et l’archipel crée une véritable mosaïque de paysages qui donnent l’impression Photo : Alain Thibault 15
16 Photo : Alain Thibault
4. ZONAGE Le zonage est un outil de planification et occupaient moins de 2 % du territoire, soit 4.1 PRÉSERVATION EXTRÊME de gestion essentiel permettant d’assurer 1,8 km2 (tableau 1 et figure 5). Les zones de préservation extrême comportent le respect de la mission de conservation et la partie de territoire d’un parc national réservée d’accessibilité dévolue aux parcs nationaux. Il Le zonage du parc national de la Pointe-Taillon a été revu dans le cadre de son agrandissement exclusivement à la protection du patrimoine consiste à délimiter des portions de territoires naturel et paysager et qui n’est accessible d’un parc national dans le but d’y moduler le en 2017. Cet exercice de révision était guidé par le principe voulant qu’un haut degré de qu’exceptionnellement à des fins de gestion ou degré de préservation, et ce, en fonction des de recherche. Aucune forme de mise en valeur patrimoines naturel, culturel et paysager qui préservation soit attribué aux patrimoines naturel et paysager d’un parc national, tout en n’y est permise. s’y trouvent. Ainsi, le zonage est un des moyens permettant de guider les interventions sur le favorisant sa mise en valeur. Il a ainsi été revu Une zone de préservation extrême se trouve terrain dans une perspective de préservation à la lumière des connaissances acquises depuis dans le parc national de la Pointe-Taillon, à long terme. Le processus de délimitation des sa création, en considérant les besoins de elle est située dans le secteur Les Amicaux. zones est réalisé en collaboration avec l’équipe protection et l’utilisation actuelle et potentielle Celle-ci correspond à l’écosystème forestier de direction du parc national et il s’appuie sur du territoire (figure 6). exceptionnel, une cédrière à orchidées, abritant les connaissances les plus à jour en ce qui Tableau 1 ‑ Superficie et représentativité quatre espèces floristiques susceptibles d’être concerne son territoire et sa périphérie. des différentes zones du parc national de la désignées menacées ou vulnérables, soit l’orchis Pointe-Taillon à feuille ronde, l’aréthuse bulbeuse, le calypso Défini par le Règlement sur les parcs, le zonage bulbeux et le cypripède royal. Cette zone couvre du parc national de la Pointe-Taillon comprend Zonage de 1985 Zonage de 2017 0,1 km2, soit 0,1 % de la superficie du parc quatre types de zones ayant des degrés de Zones à 2017 à aujourd’hui national. préservation et d’utilisation propres, soit Superficie Superficie préservation extrême, préservation, ambiance Préservation 4.2 PRÉSERVATION - 0,3 km2 (2,2 %) et services. extrême Préservation 21,4 km2 (23,2 %) 65,6 km2 (67,3 %) Les zones de préservation correspondent Le plan de zonage initial du parc national a à la partie de territoire d’un parc national Ambiance 69 km2 (74,9 %) 30,7 km2 (31,5 %) été établi à sa création en 1985. Les zones réservée principalement à la protection du Services 1,8 km2 (1,9 %) 1,1 km2 (1,1 %) d’ambiance y occupaient les trois quarts de patrimoine naturel et paysager. Ces zones ne TOTAL 92,2 km2 (100 %) 97,5 km2 (100 %) sont accessibles que par des moyens ayant peu sa superficie, soit 69 km2. Un peu moins du quart du territoire, soit 21,4 km2, était voué à de répercussions sur le milieu. Au total, 67 % du la préservation, tandis que les zones de services territoire du parc national de la Pointe-Taillon est voué à la préservation, soit 65,6 km2. 17
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