Pastoralia - Des mères en prière Le grégorien, un chant toujours actuel Apprivoiser les frontières - Catho-bruxelles
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Pastoralia
Archidiocèse de Malines-Bruxelles § septembre/ octobre 2021 § 5
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Des mères en prière
Le grégorien, un chant toujours actuel
Apprivoiser les frontières
| Édito
Sommaire N°5 septembre / octobre 2021
Un jour à la fois Propos du cardinal
3. Le Règne de la Liberté
Tous, nous aspirons à connaître les
contours du lendemain. Sera-t-il Vie du diocèse
léger ou encombré ? Quels seront 5. Entretien avec Etienne Van Billoen,
les rendez-vous à ne pas manquer ? laisser la place à la Parole de Dieu
© M. Nunens
S’il est un apport de ces mois pro- 7. Luc Terlinden,
longés de la pandémie, c’est bien nouveau vicaire général
celui-là : ne pas être devin. Nous
8. Rencontre avec Vincent Delcorps À découvrir
voilà obligés de nous projeter sans
aucune certitude. Trois mois nous 10. Des mères en prière 20. Recensions
semblent désormais loin, terrible- 12. L
e grégorien,
ment loin. un chant toujours actuel Formation continue
14. Congrès Mission 22. La SEPAC
En trois mois, tant d’événements 24. Guide de survie de l’agent pastoral en
peuvent se produire. Les variants
L'Église dans le monde milieu temporel
du coronavirus 19, 20 ou 21 ris-
15. Campagne missionnaire 2021
quent de s’être multipliés et répan-
dus comme une vilaine traînée de 16. A
pprivoiser les frontières. Des lignes Communications
poudre, obligeant le monde à re- de bienvenue
tenir, une fois de plus, son souffle.
Or l’esprit humain fonctionne avec Parole aux jeunes
des projets, inscrits dans le cœur 18. Au menu de la rentrée
de son ADN. La perspective d’un
événement joyeux, comme un
mariage ou une naissance, suscite
la curiosité. Balises plus ou moins
© Pxhere.com
grandes dans l’inconnu qui nous
© Pressfoto - Freepik.com
fait face, ceux-ci portent l’envie de
vivre dans les temps à venir. Ils ga-
rantissent un air rassurant à un futur
nécessairement mystérieux.
Depuis mars 2020, les résolutions
ont été bousculées pour prendre la Comment s’abonner ? Tenez-vous au courant de
Gestion des abonnements l'actualité de l'Église sur
forme de décisions hâtives. L’incer-
titude plane au moment de remplir Geneviève Waterkeyn - LICAP- HALEWIJN www.cathobel.be
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incertitude fondamentale ? Qui
connaît l’heure de sa mort ? La
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pandémie ne nous rappelle-t-elle rue de la Linière 14 Angélique Tasiaux - 0478 46 41 01 Samuel Bruyninckx ;
pas l’urgence de vivre, ici et main- 1060 Bruxelles a.tasiaux@diomb.be Geert De Kerpel ; Mgr Hudsyn ;
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Secrétariat de rédaction Tommy Scholtes ; Angélique Tasiaux ;
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Les articles de ce numéro ont été clôturés le 17 août 2021.
Propos du cardinal
Le Règne de la Liberté
Il y a déjà plus d’un an maintenant que la pandémie s’est déclarée. Nous
ne pensions pas que ce soit encore possible et certainement pas chez nous.
© Pixabay
Notre culture vit dans la conscience d’autres lieux encore étaient can II, elle posait problème pour
que nous pouvons tout maîtriser. soumis à une pression incroyable. l’Église, même la liberté religieuse.
Mais par le seul fait de nous com- Les conséquences sociales et Mais le Concile a perçu les signes
porter de façon irresponsable avec financières étaient immenses. Mais, des temps et a fait comprendre
la création, nous savions déjà que grâce au respect des mesures sani- combien cette liberté était pré-
ce n’était pas vrai. Comme la pau- taires et à la vaccination croissante, cieuse, y compris pour les chrétiens.
vreté croissante nous le fait égale- des assouplissements ont pu voir La liberté est la garantie d’une
ment comprendre. En 1992, Francis le jour. Et le cri pour plus de liberté véritable humanité. Les pouvoirs
Fukuyama a publié un livre sur la fin s’est fait de plus en plus entendre. publics doivent eux aussi la respec-
de l’histoire et du dernier homme. On croyait initialement que rien ter. Des restrictions ne peuvent être
Selon lui, nous aurions atteint le ne serait plus comme avant et que imposées que pour des raisons
bon ordre mondial définitif pour nous devrions apprendre à donner sérieuses et notamment quand le
enfin entrer dans le Règne de la la priorité à ce qui est important bien commun est en jeu.
Liberté. Il n’en a cependant pas été dans nos vies. Mais avec les assou-
ainsi. Les défis auxquels le monde plissements, les limites imposées Les restrictions font mal. Beaucoup
se trouve confronté n’en sont pas ont été davantage vécues comme en ont fait l’expérience jusque
devenus moindres. Fukuyama a lui des atteintes à notre liberté, non dans leur chair. Nous aussi en tant
aussi revu son point de vue. seulement au sein de la société, que communauté chrétienne nous
mais aussi dans la communauté l’avons expérimentée. Les limites
Lorsque la pandémie se dé- chrétienne. imposées aux célébrations litur-
clara, beaucoup ont tout de suite giques étaient drastiques. Fallait-il
compris combien la situation était davantage défendre nos droits ?
| bien précieux
dangereuse. Un confinement gé- Mais en même temps une autre
néral a alors été instauré. Il n’y avait On peut le comprendre. La liberté question me taraudait constam-
pratiquement plus de contacts est un bien tellement précieux. Elle ment. Beaucoup étaient convaincus
possibles, nombreux étaient ceux constitue le fondement de notre au début que seule une approche
qui mouraient seuls, les hôpitaux culture moderne, démocratique et solidaire et mondiale de la pan-
et les maisons de repos et bien séculière. Jusqu’au Concile Vati- démie pourrait nous sauver. On
Pastoralia - N°5 | 2021 3
Propos du cardinal
avait aussi conscience que cette sa conviction, ne ferait pas partie
solidarité serait nécessaire après la du monde. C’est le souci pour
pandémie pour relever tant d’autres } Liberté et ceux qui sont à la périphérie, aux
défis. solidarité se frontières, là où la reconnaissance
de leur dignité et de leur liberté
Comment se fait-il alors que, présupposent est encore un rêve bien lointain.
progressivement, les épreuves Cet appel et cette conviction
que nous devions endurer ont été mutuellement. appartiennent au cœur même de
vécues comme des atteintes à notre
liberté et à nos droits ? Mais qu’est-
Une liberté sans l’Évangile. La vocation de l’Église
est en effet d’être signe de l’amour
ce donc que la liberté ? solidarité est une de Dieu et de sa miséricorde pour
Pourquoi la pandémie ne fut-elle tous les hommes. C’est ce mes-
petit à petit plus comprise comme liberté creuse. ~ sage de la grande et universelle
une épreuve, mais surtout comme humanité de Dieu qui, précisé-
une limitation à ma liberté ? Dans ment aujourd’hui, donne force et
cette dernière situation, on désire crédibilité à l’Évangile. Ce mes-
en être débarrassé au plus vite, Liberté et solidarité se présuppo- sage reste pertinent et vraiment
afin de revenir à la vie normale. Par sent mutuellement. Une liberté d’actualité.
contre, une épreuve doit être tra- sans solidarité est une liberté
versée. Cela demande du temps et creuse. Règne alors le chacun pour Il n’est pas simple de faire résonner
l’on en sort finalement transformé, soi. Toutefois, il n’existe pas non la beauté et la vérité de l’Évangile
différent. plus de solidarité imposée sans dans une culture sécularisée. De
liberté. Car la dignité de la per- plus, nous avons perdu en crédibi-
Il n’existe pour l’être humain pas sonne humaine, précisément dans lité en raison des scandales dans
de vie sans limitations. Celles-ci sa différence, ne serait pas res- l’Église. Cela nous a ouvert les yeux
peuvent nous aider à grandir en hu- pectée. C’est ce qui est tellement sur une misère indicible dont on
manité, en une plus grande liberté important aujourd’hui pour l’avenir ne peut ignorer les conséquences.
intérieure, avec une plus grande de notre planète : que l’on s’en- Mais là où les mots font défaut, on
capacité de résistance et davantage gage, aussi différents que nous témoigne par ce que l’on est et ce
de solidarité. Les parents ayant un soyons, pour une société plus hu- que l’on fait. Cela vaut aussi pour
enfant lourdement handicapé ont maine et plus juste. Nous devons l’Église. C’est pour cela que l’appel
à traverser une grande épreuve. nous opposer à la globalisation de du pape est tellement important. Il
Ils font tout pour leur enfant avec l’indifférence. On ne construit pas l’a encore clairement exprimé dans
un amour sans nom. Ils sont bien une société plus humaine avec la la dernière encyclique Fratelli tutti :
sûr limités dans leurs possibilités mentalité du chacun pour soi. La de par le monde, nous sommes
d’épanouissement personnel. Mais responsabilité de ceux qui nous frères et sœurs les uns des autres.
cet amour devient le sens de leur gouvernent n’est pas en premier C’est une illusion de croire qu’on
liberté. C’est l’amour et l’engage- lieu le souci de l’intérêt personnel, peut se sauver soi-même sans se
ment pour autrui, désintéressé et mais celui du bien commun. soucier des autres et surtout de
sans la moindre recherche d’avan- ceux dont on tient tellement peu
| Intimement
tage ou de profit personnel, qui compte. Le pape François émet le
rend la vie aussi belle et lui donne souhait, déjà dans l’introduction,
connecté
tout son sens. Un être humain ne qu’en nous tous grandisse « un
vit pas seulement pour lui-même. C’est à ce souci que nous invite désir universel d’humanité ». Ce
Nous sommes reliés les uns aux constamment le pape François. souhait est aussi le mien et ma
autres et responsables les uns des L’Église n’est pas un monde à côté prière : qu’après l’épreuve de la
autres. C’est ce que la pandémie du monde réel. Elle est intimement pandémie, ce désir universel d’hu-
nous a fait sentir au plus profond reliée au monde et partage le manité soit un des bons fruits que
de nous-mêmes. Il ne s’agissait pas sort de l’humanité. Son message nous puissions recueillir au terme
seulement du souci de ne pas être est clair : il n’existe aucun être de la crise.
contaminés, mais aussi du souci humain pour lequel il n’y aurait
pour autrui, non seulement chez pas de place, aucun être humain nnCardinal Jozef De Kesel,
nous mais également partout dans qui en raison de son origine, de la archevêque
le monde. pauvreté, de son orientation ou de de Malines-Bruxelles
4 Pastoralia - N°5 | 2021
Vie du diocèse
Entretien avec Etienne Van Billoen
Laisser la place à la
Parole de Dieu
Avant le passage du flambeau, rencontre avec le vicaire général de
© G. De Kerpel
l’archidiocèse.
Installé dans un bureau avec une extension vitrée sont capables de témoigner, avec un souci de
qui donne sur les jardins du palais archiépisco- s’avancer vers un approfondissement personnel de
pal, Étienne Van Billoen se trouve à la proue d’un la foi ».
navire, celui de l’archidiocèse de Malines-Bruxelles.
Bras droit du cardinal Jozef De Kesel, il a pour mot
| Vatican II en filigrane
d’ordre la discrétion.
À travers le parcours d’Étienne Van Billoen se trouve
Il est rare d'entendre le chanoine évoquer son le concile de Vatican II. Convoqué en janvier 1959,
enfance dans le village de Saint-Job à Uccle, aux celui-ci débute en octobre 1962 pour se terminer
côtés de son frère âgé d’un an de plus que lui. le 8 décembre 1965. Pendant ce temps, Étienne
De ses parents, il retient leurs convictions forgées Van Billoen rentre au séminaire en septembre 1960,
par la Jeunesse ouvrière chrétienne de Cardijn et commence des études de théologie deux ans
reconnaît avoir vécu dans un climat de « posses- plus tard et est ordonné prêtre le 24 juin 1966, fête
sion tranquille de la foi, marquée par un christia- de saint Jean-Baptiste. Le jeune séminariste suit
nisme social ». Son père était, en effet, engagé l’évolution du concile par le biais des professeurs
bénévolement auprès de la caisse de mutuelle de séminaire qui soulignent les enjeux en cours et
locale, tandis que sa mère faisait preuve d’une grâce aux visites du cardinal Suenens, lequel « té-
« confiance inébranlable ». À l’origine de son désir moigne du vécu du concile ». De cette période por-
de devenir prêtre se trouve la rencontre de figures teuse de changements, le chanoine estime qu’elle a
marquantes. Parmi celles-ci figurent ses institu- suscité « un très gros espoir » parmi les séminaristes.
teurs, dont celui de troisième primaire, « un apôtre, Ordonné à 23 ans, Étienne Van Billoen poursuit sa
témoin de ses convictions ». Âgé de bientôt 97 ans, formation par des études dans une discipline peu
celui-ci réunit encore ses anciens élèves ordonnés courue par les religieux : la sociologie, « un outil
prêtres. Devenu acolyte à la paroisse pendant ses complémentaire de discernement pour aider dans
études secondaires, Étienne Van Billoen fait la la pastorale ». Face aux émotions, « faire émerger le
connaissance du vicaire Frans Schrijvers, un homme réel est capital », estime-t-il. Loin de l’éloigner de la
« rayonnant de joie et de bonté », qui lui apprend foi, ses études l’en ont encore rapproché. Par celles-
la valeur de la liberté intérieure. C’est à lui qu’il ci, « on sent les soubassements anthropologiques de
confiera son attrait pour la prêtrise. Le vicaire lui la liturgie et des comportements religieux ». Entre
suggère alors de continuer à vivre sans exclure l’école sociologique américaine, plus technique, et
aucune possibilité et de parler de son appel sans la française, davantage réflexive, Étienne Van Billoen
crainte. De lui, le chanoine Van Billoen retient « l’ac- opte, comme souvent, pour une troisième voie, « le
cent mis sur l’avenir à partir de ce que les chrétiens chemin du milieu ».
Pastoralia - N°5 | 2021 5
Vie du diocèse
| Sur le terrain
Durant deux décennies, le prêtre sociologue
prend ses fonctions, pour son plus grand bonheur,
dans deux paroisses bruxelloises, aux antipodes
socialement. L’une est populaire, l’autre habitée
par la classe moyenne. Quel que soit l’endroit, le
chanoine en est convaincu, « le prêtre n’est pas un
homme de pouvoir. Il y a fondamentalement un
malentendu. Le ministère ordonné n’est pas un
pouvoir donné sur d’autres personnes. Le peuple
des baptisés est en marche. Pour que celle-ci ne
soit pas aveugle, certains rappellent Qui en est à
l’origine et nous conduit. C’est un service rendu
à tous, pour aider. Le président de l’assemblée
ne préside pas en son nom personnel. Nous
sommes là pour nous décentrer. » Ensuite, après
une expérience prolongée sur le terrain, place à la
formation, avec la présidence du Séminaire diocé-
sain à Bruxelles et à Limelette, durant 15 ans. Une
responsabilité humaine et spirituelle importante,
qui engage des personnes et l’Église. Juger un
candidat digne d’être ordonné n’est pas un enga-
gement léger. Il se réjouit d’ailleurs que les prêtres
qu’il a connus séminaristes soient, ensuite, devenus
ses confrères, et de citer quelques-uns d’entre eux,
© G. De Kerpel
dont Luc Terlinden. De ce dernier, il se dit heureux
de le savoir choisi par le cardinal comme son suc-
cesseur.
Les clefs du fonctionnement de l’Église ne sont
autres que la confiance et la loyauté, estime l’Église. Son avenir repose désormais sur « les gens
Étienne Van Billoen, qui en a fait ses mots d’ordre. capables de rendre compte de l’espérance qui est
« Nous ne sommes pas des chefs d’entreprise, nous en eux ». Aussi importe-t-il de se réapproprier la
sommes des intendants. Nous travaillons pour Parole de Dieu, de s’en laisser imprégner davan-
quelqu’un d’autre. » S’il comprend les faiblesses tage. « Une société ne vit pas que d’une organisa-
humaines, le vicaire général ne peut, en revanche, tion, mais elle dépend des valeurs, du message,
admettre l’injustice et le mensonge. De son travail de ce qui nous fait vivre et vers quoi on tend. Nous
« dans les coulisses », à la disposition du cardinal, sommes encore trop préoccupés par nos structures
il souligne la nécessité de garder la cohésion de et pas assez par le contenu du message. »
l’ensemble de l’archidiocèse. « C’est un signe de
catholicité d’y avoir autant de diversité ! » Retraité ce 1er septembre, 21 ans jour pour jour
après ses débuts comme vicaire général, Étienne
Van Billoen compte de nombreux projets, parmi
| Retrouver la Parole de Dieu
lesquels la lecture, la prière, la marche, mais aussi
À la mi-mai de cette année, la sortie du livre du le soutien à des services pastoraux. Echte Brusel-
cardinal De Kesel, Foi et religion dans une société leir, il se plaît à évoquer ses racines. « Le Brusseleir
moderne, réjouit particulièrement son plus proche parle un peu le flamand, un peu le français, et très
collaborateur. « J’ai l’impression de retrouver la bien le bruxellois ! Il n’est pas seulement bilingue,
veine libératrice ouverte d’une Église dans le mais biculturel. Avoir un pied dans une double
monde, qui s’occupe de l’homme, parce que Dieu culture, c’est une richesse. »
nous aime. » Pour Étienne Van Billoen, « la dyna-
mique enthousiaste du concile » s’était perdue par nnAngélique Tasiaux et
focalisation excessive sur des questions internes à Geert De Kerpel
6 Pastoralia - N°5 | 2021
Vie du diocèse
À la rencontre de Luc Terlinden,
notre nouveau vicaire général
Avant son entrée en fonction le 1er septembre, le chanoine a déjà posé
ses jalons à Malines et bien réfléchi à la nouvelle mission à laquelle le
cardinal l’a appelé.
© J. Bihin
Cet Etterbeekois de 53 ans a été la possibilité de célébrer l’eucharistie Selon cette même dialectique, il
ordonné prêtre en 1999. Précédem- à la cathédrale Saint-Rombaut et au estime aussi important de com-
ment, il a été curé de l’UP Sainte- centre ville de Bruxelles. battre tout cléricalisme en germe,
Croix à Ixelles et a également assuré notamment après les scandales
| Vers
la présidence du séminaire diocésain d’abus de pouvoir qui ont enta-
plus de
depuis 2017, tâche qu’il va pour- ché l’Église. Remettre le Christ
simplicité
suivre. au centre est une nécessité. De
Luc Terlinden souligne à quel point cette fragilité institutionnelle en
Quand on lui pose la question de il lui semble primordial d’avoir une temps de crise, il est confiant que
ses priorités à ce poste à responsa- Église incarnée: il faut tendre, en ac- des solutions émergeront, avec
bilité qu’est celui de vicaire général, cord avec l’appel du pape François, le concours de l’Esprit saint, et
il répond avec un sourire en se rap- vers une Église plus synodale. L’im- permettront de relever les défis
portant au code de droit canonique: portance de se mettre à l’écoute du saillants.
le poste consiste à assurer notam- monde, de s’absoudre de réponses
ment la coordination de la curie toutes faites, lui paraît le préalable à Enfin, quand on lui demande
épiscopale. Appelé par le cardinal, l’annonce de la Parole. Nonobstant quelles sont ses ressources pour
il va, avec le concours du conseil les bouleversements sociologiques maintenir le cap, Luc Terlinden
épiscopal, veiller à une collaboration et culturels, l’Église doit tendre à une souligne qu’il est porté au quoti-
harmonieuse entre les 11 vicariats simplicité structurelle. La conception dien par un temps de méditation
qu’ils soient territoriaux ou théma- défendue par le cardinal De Kesel ou d’oraison quelles que soient
tiques (formation, vie religieuse, etc.). dans son dernier livre dessine les la pression de la vie ou la charge
Concrètement, sa fonction de bras fondements de la lettre de mission de l’agenda. Son appartenance à
droit va le mener à la gestion quoti- qui lui a été confiée. Deux principes la fraternité Charles de Foucauld,
dienne de dossiers délicats. directeurs la sous-tendent: se déles- un accompagnement spirituel et
Il partage avec son prédécesseur, ter de l’inutile complexité et repérer la communauté chrétienne sont
Étienne Van Billoen, l’immense les initiatives et projets porteurs pour les trois piliers qui lui permettent
atout d’avoir été curé: l’exercice de les soutenir. Après un exigeant exer- d’avancer sereinement à l’aube
ces postes multitâches lui sera d’un cice de discernement, Luc Terlinden de sa nouvelle prise de responsa-
grand secours pour ses nouvelles se veut l’apôtre de la simplicité: «les bilités.
responsabilités. Il se réjouit aussi de pistes pour l’avenir se trouvent sous
conserver un ancrage liturgique avec nos yeux». nnAnne Périer
Pastoralia - N°5 | 2021 7
Vie du diocèse
Rencontre
© CathoBel
Vincent Delcorps
Succédant au regretté Jean-Jacques Durré,
Vincent Delcorps est le nouveau rédacteur
en chef de CathoBel, vocable sous lequel se
présentent le site d’information et la newsletter
quotidienne du même nom, l’hebdomadaire
Dimanche, des émissions sur RCF et, sous
le titre Il était une foi, à la RTBF radio et
télévision.
Un beau défi pour ce jeune pro- d’espérance. L’Esprit souffle où il De Kesel dans le livre qu’il a ré-
fessionnel, puisque l’audience veut et pas seulement à l’inté- cemment présenté. À cet égard,
cumulée de ces différents mé- rieur de l’Église. Notre mission l’écologie constitue un défi
dias atteint chaque semaine plus consiste aussi à soutenir la vie majeur. C’est une question de
de 250 000 personnes. Après un des croyants et des chercheurs société par rapport à laquelle les
doctorat en histoire et un master de sens avec, par exemple, des chrétiens doivent apporter une
complémentaire en journalisme commentaires d’évangile et des voix spécifique.
à l’UCLouvain, Vinent Delcorps conseils de lectures qui se veu-
a été enseignant et chercheur, lent nourrissantes. Quel regard portez-vous sur le
mais aussi journaliste indépen- monde des médias en géné-
dant. Il a ensuite travaillé à mi- Un accent qui me tient à cœur, ral ?
temps au Centre Avec, un centre c’est l’accompagnement de Les outils ont évolué, mais les
de recherche sociale, soutenu l’Église dans la transition qu’elle qualités et les compétences
par les jésuites. traverse. Notre époque peut que l’on attend des journalistes
paraître inquiétante, mais elle sont toujours les mêmes. Nous
Quelle est votre mission ? est surtout fascinante. Mettre sommes dans un monde où la
Il s’agit effectivement d’une en réseau, faire réfléchir, don- communication est devenue
« mission », pour laquelle on ner à ceux qui sont engagés fondamentale et omniprésente.
est envoyé. Je viens d’un mi- des espaces pour s’exprimer et Si on ne communique pas, on
lieu catholique et j’ai été actif, dialoguer. On se rend compte n’existe pas. Tout le monde peut
notamment dans les rencontres qu’il y a dans l’Église des avis produire son petit bulletin, ouvrir
européennes de Taizé et aux très différents sur toutes sortes son site Internet et exprimer
JMJ. Il y a donc un croisement de sujets et que les espaces de sa pensée sur un réseau social.
entre ma foi et ma passion pour dialogue n’y sont pas tellement C’est en soi une bonne chose,
le journalisme. nombreux. Je voudrais que l’en- mais cela va aussi avec un cer-
semble des chrétiens puisse se tain nombre de dérives. Devant
La mission de CathoBel, c’est sentir bien chez CathoBel, même cette multitude d’informations,
d’abord d’informer sur la vie s’ils ne sont pas toujours en plein là où le bon et le mauvais, le vrai
de l’Église. Ensuite, il s'agit de accord avec ce qui s’y dit. et le faux se côtoient, on peine
poser un regard chrétien sur à trouver la bonne information.
l’actualité, de l’analyser et de Un autre enjeu est que le monde Auparavant il y avait des filtres,
la décrypter sans a priori, en chrétien puisse vraiment rester mais ils ont disparu aujourd’hui.
dénonçant parfois ce qui doit connecté à la société, ouvert à La nécessité de faire preuve
l’être, par exemple les inégalités. sa nouveauté et à sa modernité d’esprit critique est plus fonda-
Mais aussi de pointer les germes comme nous y invite le cardinal mentale que jamais.
8 Pastoralia - N°5 | 2021
Vie du diocèse
Dans cet univers où la presse étant susceptibles d’être sou- ou des prêtres. De nombreux
d’opinion a tendance à se diluer, mis à des pressions venant d’en chrétiens sont formidablement
CathoBel peut afficher une iden- haut. Mais ils peuvent aussi l’être engagés dans la société sans que
tité claire et porter un regard à des pressions venant du bas, cela soit suffisamment connu.
chrétien sur le monde. notamment à travers les réseaux
sociaux. Comment les médias catho-
Quelle est votre relation avec liques ont-ils vécu la pandé-
l’Église ? Peut-on parler de Comment percevez-vous la mie ?
tout ? communication de l’Église ? Comme partout, c’est le télétra-
L’Église, ce n’est pas seulement Je trouve assez heureuse l’évolu- vail qui a pris le dessus. Comme
l’Église institutionnelle, c’est tion des dernières années avec, partout, on a connu ses avan-
d’abord la communauté des par exemple, le pape François tages et ses frustrations. Je crois
croyants. Mon souhait est que présent sur Twitter. C’est un véri- que cette crise aura joué un rôle
l’ensemble des croyants puisse table homme de communication, d’accélérateur. Certaines pa-
se sentir rejoint par ce que nous comme l’était, à son époque, roisses pourraient s’éteindre plus
produisons. Jean-Paul II, avec une forte tôt que prévu, d’autres auront été
cohérence entre ses actes et ses encouragées à prendre des initia-
Pour le moment, je suis très paroles. Au niveau belge, l’Église tives nouvelles comme une news-
heureux de la relation que j’ai parvient à parler de manière re- letter ou un engagement social
avec les évêques. Je sens qu’il lativement harmonieuse. Ce qu’il plus marqué. À cet égard, notre
y a vraiment un soutien et une faut souligner, c’est que cette rôle sera d’offrir des espaces de
volonté de m’accompagner dans Église reste nationale, même s’il dialogue et de réflexion. Il est
ma fonction. Je n’ai jamais senti existe des différences de culture. passionnant de pouvoir aider les
ou entendu de pression ou de Elle pourrait davantage jouer chrétiens à comprendre ce qui se
veto. Parler de tout ? Il y a bien cette carte-là. Ce serait bien vit et de mettre en évidence des
sûr certains sujets pour lesquels que les évêques francophones initiatives qui fonctionnent bien,
je vais me poser des questions : s’expriment davantage dans les tout en accueillant sans trop de
dois-je parler de ceci ? Et si oui, médias flamands et vice versa. nostalgie ce qui meurt.
de quelle manière ? Cela relève Mais CathoBel doit aussi faire
d’une forme de discernement résonner la voix des chrétiens et nnPropos recueillis par
où il ne faut pas seulement tenir pas seulement celle des évêques Jacques Zeegers
compte de ce que les évêques
pourraient dire, mais aussi de la
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© CathoBel
Les secrétaires de rédaction, Pierre Granier et Manu Van Lier, en compagnie de Vincent Delcorps
Pastoralia - N°5 | 2021 9
Vie du diocèse
Des mères en prière
La prière des femmes n’est pas un vain mot. Elle porte des fruits in-
soupçonnés dans un monde bousculé. Présentation de trois initiatives
présentes en Belgique.
© P. Muls
Lorsque les mamans prient
Chaque semaine, des mamans se sont plus jeunes, il arrive qu’ils les À travers les épreuves, il y a toujours
retrouvent et prient ensemble. Leur accompagnent et se trouvent alors quelque chose de positif. Nous
nombre importe peu. L’important bercés par le murmure de leurs voix. voyons les choses sous un autre
n’est pas là. Il se trouve dans la régu- Ils grandissent dans une atmosphère regard, celui de la foi. Les autres
larité de leurs retrouvailles. Un mo- de louange et d’abandon. Ces mamans sont d’ailleurs devenues
ment volé au temps, à l’abri des re- heures confortent l’ensemble de des petites sœurs dans la foi. C’est
gards. Ensemble, elles se mettent en la semaine, elles rejaillissent dans quelque chose de plus qu’une
route et cheminent vers le Seigneur. les foyers portés par celles-ci. Une simple amitié. L’une ou l’autre ma-
Chants, intentions, méditation… vitalité se dégage de ces rassemble- man donne un partage de l’Évangile
Chaque groupe choisit ses propres ments à l’écoute de l’essentiel. et cela peut être un cadeau pour
tonalités. Ces mères ne prient pas Depuis bientôt 20 ans, Christine la semaine. Chacune apporte aussi
seulement pour leur famille, mais se rend tous les lundis matin (hors des témoignages de la semaine
aussi pour celle des autres. La prière confinement) à la prière. «Cela fait précédente en famille.» Et les jours
nourrit leurs échanges, dans un cœur un bien fou et permet de bien com- plus lourds, Christine sait que l’effort
à cœur avec Dieu. Leurs intentions mencer la semaine. Nous confions du déplacement en vaut la peine.
deviennent partagées. Entre elles se nos intentions. Je dépose tous mes «Toutes, nous sommes prises par
noue un lien particulier, de ceux dont soucis. Il arrive que nous recevions des activités, mais une heure pour le
on connaît la force. La confiance aussi une mission. Le fait de prier à Seigneur, c’est important.»
habite leurs paroles, parfois leurs plusieurs, c’est plus fort. Nous avons
confidences. Quand les enfants appris à être dans la louange. nnAngélique Tasiaux
Les Sentinelles de la Sainte Famille
En mai 2013, cinq femmes font une neuvaine à l’Esprit de Sentinelles de la Sainte Famille, à laquelle s'adresse
saint. De là leur vient l’idée de se lancer dans un chapelet désormais la prière tout d'abord centrée sur Marie. Le
permanent consacré aux mystères. Chacune enrôle une bouche à l’oreille fonctionne et le groupe croît.
amie: c’est le démarrage des Sentinelles.
Le frère Daniel-Marie, du couvent Saint-Antoine de | Un mouvement structuré
Bruxelles, accepte d’être leur accompagnateur spirituel. L’émergence de ce nouveau groupe de prière de
Le 21 juin de la même année, les cinq fondatrices, qui femmes à Bruxelles ne se fait pas en électron libre.
forment le noyau nommé Bethléem, choisissent le nom
10 Pastoralia - N°5 | 2021Vie du diocèse
Le 8 juin 2013, Aude Carré-Sourty,
l’une des fondatrices, va présenter,
En huit ans, le mouvement, compte
800 sœurs partout dans le monde
Les Samaritaines
en audience privée, le projet au pape (Colombie, Israël, Liban, Luxembourg, En 2005, à la sortie d’un cours
François qui lui demande de prier France). de gym, deux mères de famille
pour lui. En février 2018, Mariangela se font la réflexion qu’il serait
Fontanini remet au pape les statuts des La spiritualité franciscaine et charis- aussi temps de redécouvrir
Sentinelles et reçoit sa bénédiction. matique irrigue les Sentinelles ; les spirituellement leur vocation
L’engagement est simple: prier chaque dimensions de fraternité, de mission de femme. 14 coups de télé-
jour chez soi le chapelet en méditant le et de simplicité y sont fortes. « C’est phone plus tard, 13 femmes
même mystère pendant un mois, pour un appel à la joie parfaite ancrée dans décident de les rejoindre.
l’intégrer dans sa vie de tous les jours. la croix du Christ », nous rappelle le L’intuition fondatrice trouve
Mariangela Fontanini, une ancienne frère Daniel-Marie. La diversité y est un écho immédiat et durable.
bergère, parle en souriant de l’aspect accueillie et les fruits rejaillissent sur les Elles recherchent un lieu
très pédagogique du mouvement: «Ce conjoints et les familles. C’est pour bon de prière où le Saint-Sacre-
sont ces petits ‘oui’ qui permettent la nombre un chemin de réconciliation et ment soit disponible. Quatre
fidélité au grand Oui». de guérison. axes majeurs sont arrêtés : la
louange, le partage de la Pa-
Parallèlement à l’engagement quoti- Charlotte Dulière, l’une des fondatrices, role, le partage d’expérience
dien, une adoration-louange mensuelle témoigne: «Je n’y cherchais rien mais en confidentialité et enfin la
réunit 30 à 40 sentinelles en ligne, ce l’appel insistant de Marie à me montrer redécouverte de leur spéci-
qui permet une amitié en Christ. Un son Fils, m’a mise en chemin. Ensuite, ficité de femme. Le groupe
pèlerinage est également proposé la contemplation de la Sainte Famille décide de son nom d’après
une fois par an, tandis qu’une journée a guéri ce qu’il y avait de blessé en l’évangile de la Samaritaine
fraternelle réunit les sentinelles dans un moi et a remis chacun à sa place dans « Si tu savais le don de Dieu ».
lieu de dévotion mariale, autour d’un ma famille, avec tendresse et douceur. C’est une laïque, Dominique
programme de marche et d’enseigne- La prière est guérissante. Décider de Zeegers, qui devient alors leur
ments eucharistiques. C’est aussi à mettre la prière au centre de nos vies première accompagnatrice.
cette occasion que la nouvelle bergère consiste à s’offrir à l’action mystérieuse
est nommée. de Jésus, qui par la confiance, nous Tous les 15 jours, hors va-
met à notre juste place.» cances scolaires, les Sama-
|
ritaines se réunissent deux
Un mode
Un congrès international, ouvert à heures avec le schéma sui-
d’évangélisation
tous, aura lieu à Bruxelles du 12 au 14 vant : louange, temps de prière
C’est à la fois une formidable école novembre. avec l’évangile du jour, partage
de prière et un moyen d’évangéliser. autour d’un livre choisi, inter-
Chaque sentinelle est un maillon, liée cession. Entre les réunions, le
à ses sœurs par une sororité spirituelle. nnAnne Périer groupe lit un ouvrage qui ex-
Mariangela souligne que le lien est fort, Infos : plore un ou plusieurs aspects
car distinct du lien familial ou amical. https://sentinellesdelasaintefamille.com de la féminité.
Agnès de la Kéthulle, l’actuelle
© A. Périer
bergère du groupe, nous rap-
porte combien les réunions
sont un cœur à cœur avec
Dieu, une invitation éclairée à
se mettre en mouvement.
Intéressée ? La prochaine réu-
nion aura lieu le 1er octobre.
Infos :
agnesdelakethulle@hotmail.com
nnA. P.
Mariangela Fontanini et frère Daniel-Marie
Pastoralia - N°5 | 2021 11Vie du diocèse
Le grégorien
un chant liturgique toujours actuel
Que peut-on attendre d’une musique liturgique ? Qu’elle soit harmo-
nieuse et nous aide à prier, qu’elle contribue à rendre Dieu plus présent
au sein de la liturgie. Toutes les formes de musique ne présentent pas
ces qualités, mais sans en avoir aucunement le monopole, le chant gré-
gorien les possède à la perfection.
© M. Nunens
L'ensemble féminin Graces and Voices lors d'un concert grégorien en l'église Saint-Jacques sur Coudenberg à Bruxelles
C’est un répertoire qui remonte que le chant grégorien est à Il aura fallu attendre le XIXe
aux premiers siècles de la chré- l’origine de la musique occiden- siècle pour que, sous l’impulsion
tienté au cours desquels di- tale, car les premières polypho- de Dom Guéranger, de sérieuses
verses traditions locales se sont nies furent composées à partir études soient entamées afin de
développées en Europe dans la des mélodies grégoriennes. renouer avec les origines. Celui
liturgie latine. Le chant grégo- qui a rétabli l’ordre bénédictin
rien proprement dit apparaît à la Au départ, la transmission du à Solesmes après la révolution
fin du VIIIe siècle lorsque Pépin le chant grégorien était orale. a envoyé ses moines recopier
Bref décide d’introduire la litur- Les chantres connaissaient les d’anciens manuscrits dans les
gie romaine en Gaule. À cet ef- pièces par cœur. Ce n’est que bibliothèques et les paroisses,
fet, il invite des chantres romains vers la fin du IXe siècle que sont en vue de retrouver les mélo-
qui vont y apporter leurs textes apparus les premiers manuscrits dies originales. Ce travail est
et leurs mélodies. Mais celles-ci contenant des « neumes », des cependant loin d’être achevé.
ne seront pas assimilées telles signes rythmiques avec quelques Aujourd’hui encore, de nom-
quelles. Il se produira ce qu’on indications mélodiques rudi- breux spécialistes travaillent à la
appelle un phénomène d’hybri- mentaires. Progressivement, restitution des mélodies sur la
dation entre le chant romain et ces neumes ont été placés sur base des manuscrits anciens.
le chant gallican, aboutissant à des lignes et remplacés par de
|
une synthèse originale, le chant simples carrés. C’est ainsi qu’est
Des
grégorien proprement dit. Soit née la portée musicale que nous
caractéristiques
dit en passant, le pape Grégoire connaissons aujourd’hui. Para-
précises
le Grand auquel on attribue la doxalement, c’est à partir de ce
paternité de ce chant n’y est moment-là que le chant s’est Mais revenons à notre question
pour rien, pour la simple raison progressivement appauvri, car du début. Pourquoi le chant gré-
qu’il a vécu près de deux siècles les nuances exprimées dans les gorien possède-t-il au plus haut
avant son apparition… C’est à neumes anciens n’y apparais- point les qualités d’un authen-
juste titre qu’on peut affirmer saient plus. tique chant liturgique ?
12 Pastoralia - N°5 | 2021Vie du diocèse
Il est construit sur les textes
mêmes de la liturgie et, pour Quelques repères :
la plupart, sur les textes de la §§ L’Académie de chant grégorien organise de nombreuses activités de
Bible. On peut dire qu’il s’agit formation : des cours à Bruxelles et à Liège, ouverts à tous, qui repren-
d’un chant inspiré, né d’une dront cet automne après la pause Covid ; un stage d’été ; des séminaires ;
longue méditation de la Parole une revue trimestrielle « Canticum Novum » ; une émission sur RCF-
de Dieu par des compositeurs Bruxelles (podcast : Gregorien - Canticum Novum). Pour toute infor-
anonymes. La musique n’accom- mation : www.gregorien.be. On trouvera également sur ce site une
pagne pas la parole, elle l’ex- liste des chorales grégoriennes belges.
prime. La chorale ne chante pas §§ Pour les néerlandophones, le « Centrum Gregoriaans » :
« pendant la messe », elle chante https://centrumdrongen.weebly.com
« la messe ». §§ Le Festival international de chant grégorien de Watou (Poperinghe,
Flandre occidentale) réunit, tous les trois ans, une trentaine de cho-
Il est commun à toute l’Église rales grégoriennes de très haut niveau, originaires d’une vingtaine de
latine. Le concile Vatican II pays, avec des concerts, des auditions et des célébrations liturgiques :
lui-même l’a reconnu comme www.festivalwatou.be. Prochaine édition du 20 au 29 mai 2022.
« le chant propre de la liturgie
romaine » devant, « toutes autres
choses étant égales, être préféré sa beauté, comme en témoigne des chants qui – pour répondre
aux autres formes de musique ». l’abondante discographie qui aux souhaits du concile Vatican II
Il dépasse largement les fron- lui est consacrée ? Ce n’est pas – peuvent facilement être exécu-
tières, et pénètre même dans un chant pour les nostalgiques, tés par l’assemblée des fidèles,
d’autres cultures : on trouve en c’est un chant pour l’Église d’au- notamment ceux de l’ordinaire
effet de très belles chorales en jourd’hui et de toujours. Sa place de la messe (Kyrie, Gloria etc.)
Corée ou au Japon, et aussi bien n’est pas au musée, mais dans la ou les antiennes mariales (p.ex.
sûr en Afrique. liturgie. le Salve Regina). Il suffirait que
les chorales paroissiales les intè-
Il a accompagné la liturgie de On pourrait penser qu’il est grent dans leur répertoire. Quant
l’Église pendant plus de 1 500 devenu difficile de l’apprendre. à la langue latine, elle ne de-
ans et nous relie par là-même à C’est peut-être le cas pour cer- vrait pas vraiment constituer un
toute l’histoire de la chrétienté. taines pièces qui, dès le début, obstacle, car, aujourd’hui encore,
étaient réservées aux chantres elle est souvent utilisée au cours
Sa beauté repose en grande de la « Schola ». Pour ceux qui de la messe dans la plupart des
partie sur sa « pauvreté ». Chanté veulent s’initier, des possibilités églises.
sur une seule voix, il atteint un existent en Belgique (voir ci-des-
maximum d’effet avec très peu sus). Mais il y a aussi place pour nnJacques Zeegers
de moyens. Comme l’écrivait un
moine de Solesmes, il ne parle
pas d’abord aux sens, mais bien
© J. Zeegers
directement à l’âme.
Certes, depuis l’introduction des
langues usuelles dans la liturgie,
le chant grégorien n’est plus
très présent aujourd’hui dans la
plupart des paroisses, mais il est
encore bien vivant. Nombreux
sont ceux qui cherchent à le faire
vivre, car l’Église ne peut aban-
donner un tel trésor accumulé
à travers les siècles. Combien
de personnes en recherche de
spiritualité, croyantes ou non,
ne sont-elles pas séduites par
L'abbaye bénédictine de Solesmes, en France
Pastoralia - N°5 | 2021 13Vie du diocèse
Un Congrès Mission pour
tous se retrouver
Un grand banquet de famille et
de joyeuses retrouvailles après
des mois de confinement. Tel est
le grand souhait que nous avons
pour le Congrès Mission organisé
ces 1er, 2 et 3 octobre 2021 à la ba-
silique de Koekelberg.
Au sein de plus de 60 ateliers proposés tout au long du
week-end, des acteurs de terrain témoigneront de la ma-
nière dont ils vivent concrètement la mission en paroisse,
au travail, en famille… Ils donneront des clés à chacun
pour davantage partager sa foi au quotidien.
Enfin, le village de stands - et sa buvette - rassemblera
toutes les œuvres caritatives, sociales ou missionnaires qui
Évènement bilingue, le Congrès Mission rassemblera, le font vivre l’Église en Belgique.
temps d’un grand week-end, les catholiques de toutes
générations et de toute la Belgique. En un même lieu, il
| Une aventure spirituelle
présentera les nombreuses initiatives de l’Église consa-
crées à l’évangélisation et au partage de la foi. Les moments forts se dérouleront aussi lors des célébra-
tions et des veillées de prière. Ce week-end est donc
À l’occasion de veillées, de tables rondes, d’ateliers et destiné à tous les catholiques désireux de recharger leurs
d’un vaste village de stands, ces initiatives, humbles ou batteries. Une journée spéciale sera organisée pour les
importantes, seront mises en valeur pour être partagées. adolescents, tandis qu’une garderie sera prévue pour les
Ainsi, le paroissien de Stavelot découvrira ce qui est enfants. Nous faisons appel aux Bruxellois qui souhaitent
réalisé à Courtrai et la responsable de la catéchèse d’une héberger des participants venus de tout le pays.
ville du Namurois échangera avec ses confrères bruxel-
lois et anversois. L’objectif est que le Congrès suscite un Notre petite équipe de laïcs, soutenue par l’archidiocèse,
grand élan pour l’annonce de l’Évangile, en donnant des cherche encore de nombreux bénévoles. Quelles que
clés pour permettre à tous les chrétiens de la vivre. soient vos compétences, n’hésitez pas à nous rejoindre
en nous envoyant un mail: plus nous serons, plus beau
sera le Congrès.
| En pratique
Le Congrès débutera le vendredi soir par une grande Nous nous réjouissons de le vivre avec vous et confions
veillée de prière à la basilique de Koekelberg. Il sera ce projet à votre prière pour qu’il soit au service de
rythmé ensuite, le samedi et le dimanche, par des temps l’Église, de la foi et de la joie.
de prière, mais aussi par des tables rondes et des ateliers.
nnVéronique Bontemps pour l’équipe du Congrès
Les tables rondes seront des lieux de débat avec des per-
sonnalités de toutes les sensibilités: Qu’est-ce que Dieu
Tous les détails et informations pratiques et financières
a à dire sur l’écologie?, Évangéliser, est-ce indispensable
(le billet pour le Congrès est de 25€) sont disponibles
ou intrusif?, Quelles paroisses après le Covid?, Peut-on
via ce lien : www.congresmission.com
évangéliser par l’art? …
14 Pastoralia - N°5 | 2021Vous pouvez aussi lire
