Portraits de 5 Héraultaises - Que doivent faire les dirigeants ? - Hérault Tribune
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11 MARS 2021 / N° 3350 / Tous les jeudis / 1,20 € L’essentiel de l’info légale, économique et culturelle dans tout l’Hérault Remboursement des PGE, nouveaux prêts participatifs… Que doivent faire les dirigeants ? Portraits de 5 Héraultaises passionnantes Officiellement habilité à publier les annonces légales dans le département de l’Hérault
Votre site www.heraultjuridique.com devient www.herault-tribune.com L'essentiel de l'actu au quotidien dans tout l'Hérault plus d’infos locales stes une équipe de journali ée professionnels renforc Lancement le 4 mars 2021 Suivez-nous in sur les réseaux sociaux
SOMMAIRE ENTREPRISES • Égalité professionnelle femmes/hommes : Igual innove en dehors de l’Index ‘Pénicaud’ > 7 • Consommation locale - Place du Marché s’implante SIÈGE SOCIAL à Mauguio > 4 • Bâtiment - Baudin Châteauneuf s’étend à Saint-Aunès > 5 « Cap Concorde » - 26, rue du Prado 34170 Castelnau-le-Lez • Digitalisation, RH : Mécanic Sud Industrie (Béziers) repense son manage- Tel. : 04 99 58 35 55 ou 04 99 58 35 59 ment > 6 • Remboursement des PGE, nouveaux prêts participatifs… annonces.legales@heraultjuridique.com Les conseils de Christian Rouchon, directeur général du Crédit Agricole ANNONCES LÉGALES ET ABONNEMENT du Languedoc > 8-9 • Cotisations - Urssaf : des échéanciers de paiement Sur le site : www.herault-tribune.com envoyés aux employeurs > 27 Antenne de Castelnau-le-Lez Nathalie LACOMBE - Pascale LATORRE annonces.legales@heraultjuridique.com PORTRAITS DE FEMMES 04 99 58 35 55 / 59 Antenne de Béziers Rémi ALQUIER / Brigitte MUR 31, rue Pélisson - 34500 Béziers • Sète 04 67 28 09 22 annonces@heraultjuridique.com Jocelyne Gizardin : « L’action sociale, Service clients c’est être au plus proche des gens » > 10-13 Richard CONSTANT richard.constant@heraultjuridique.com 04 99 58 35 54 • Reportage PUBLICITÉS & PARTENARIATS Le défi pictural de Gisèle Cazilhac : Marie CANET m.canet@heraultjuridique.com l’appartement en trompe-l’œil > 14-16 06 19 31 52 56 ÉDITEUR Les Petites Affiches • Mèze SARL au capital de 3 200 euros Stéphanie Binon, blogueuse ” Cap Concorde ” - 26, rue du Prado et comédienne inspirée 34170 Castelnau-le-Lez RCS Montpellier : B 326 068 947 et inspirante > 17-19 RÉDACTION • Béziers Directeur et responsable de la publication : Alexandra Rochelle, Pierre-François CANET pf.canet@heraultjuridique.com / 04 99 58 35 53 sportive de haut niveau Rédactrice en chef : du Béziers Angels > 20-21 Virginie MOREAU vmoreau.hje@gmail.com / 04 99 58 35 58 • Pézenas Rédacteur en chef adjoint : Cécile Couraud, Daniel CROCI dcroci.hje@gmail.com / 04 99 58 35 52 une femme engagée dans le collectif Rédaction : et l’environnemental > 22-23 Elodie GREFFIN - Marianne SYLVESTRE 04 67 11 05 22 Commission paritaire : n° 0125 I82654 ANNONCES LÉGALES > 24 Conception graphique : Les Petites Affiches. Dépôt légal : à parution. Copyright 2021 : HJE Passez votre annonce sur www.herault-tribune.com © HJE 2021 - Crédits photos au fil des pages et payez par carte bancaire. Hebdomadaire d’informations juridiques, éco- nomiques, financières et culturelles de l’Hérault, habilité à publier des annonces judiciaires et légales pour le département de l’Hérault. Paru de 1957 à 2002 sous le titre de Hubert VIALATTE a également participé à ce numéro. Hérault Judiciaire et Commercial, édition de Montpellier-Sète-Lodève. Adhérent au Syndicat national de la Presse judiciaire et au Syndicat de la Presse judiciaire de province. H ÉR AULT J UR I DI Q UE & EC O N O M I Q UE | 1 1 M AR S 2 0 2 1 3
ENTREPRISES Consommation locale Place du Marché s’implante à Mauguio Le concept de supermarché vendant des produits associée aux côtés de Julien Guillouche, gérant. Spécificité du locaux va créer 50 emplois. concept : la maison mère gère les filiales, mais chaque supermar- ché peut proposer à ses salariés et aux producteurs de participer U ne bonne adresse. Lancé au Crès il y a quatre ans, Place du à l’actionnariat. « Au Crès, le supermarché compte ainsi Marché ouvrira en avril un 2e supermarché regorgeant de 5 actionnaires », illustre Tania Gillain. produits locaux (moins de 180 km) et de saison, cette fois dans la Zac Fréjorgues Ouest à Mauguio. A la clé, la création Fraîcheur et sourcing local d’environ 50 emplois, entre le supermarché (bouchers, froma- gers, charcutiers…), le drive et la boulangerie artisanale. Le com- Autre pilier : Place du Marché se fournit directement auprès des merce occupera 1 500 m2, auparavant pris par la concession producteurs. Chaque chef de secteur les appelle, sans passer par Capel Store. « C’est une implantation premium, à côté du lycée des centrales d’achat. Troisième principe, des produits frais, avec Champollion, de la route des plages et de la gare TGV », sou- de la viande découpée sur place, du poisson en arrivage direct ligne Tania Gillain, responsable marketing et développement, et de la criée du Grau-du-Roi, une fromagerie recevant des meules entières, découpées à la demande… Pour les fruits et légumes, « un effort de sourcing va être réalisé avec la commune de Mauguio et l’agglomération du Pays de l’Or, un secteur maraî- cher et agricole ». Place du Marché emploie une soixantaine de salariés, pour un chiffre d’affaires d’environ 5 millions d’euros, avec une croissance à deux chiffres. « Les consommateurs sont de plus en plus en recherche de produits locaux », relève l’ancienne ingénieure agronome. Place du Marché commercialise aussi 15 % de produits non locaux : bananes, café, agrumes, thés, chocolat… « On ne souhaite pas tomber dans un modèle archaïque. Peu de gens se passent de ce type de produits. Si on ne les proposait pas, ils se rendraient à l’hypermarché et nous perdrions des clients. Avec notre formule, on leur permet de réaliser 85 % de courses locales. » Hubert VIALATTE 4 HÉ RA U LT J U RID IQUE & E C O N O M I Q UE | 1 1 M AR S 2 0 2 1
ENTREPRISES Bâtiment Baudin Châteauneuf s’étend à Saint-Aunès L’entreprise générale acquiert 800 m2 de locaux et bénéficie d’un bon carnet de commandes. L ’agence régionale du groupe de bâtiment Baudin Châ- teauneuf (1 400 salariés, chiffre d’affaires de 300 millions d’euros, siège social à Châteauneuf-sur-Loire) renforce son implantation dans l’Hérault avec l’acquisition d’un bâtiment de 800 m2 situé dans l’écoparc de Saint-Aunès. Baudin Châteauneuf y occupe en ce moment un espace deux fois plus petit, en loca- tion. « Le déménagement est prévu au cours du 2e trimestre. Nous procédons à des travaux intérieurs pour aménager les bureaux », explique Fabrice Renoir, directeur de l’agence depuis 2014. Ces locaux étaient auparavant occupés par la société Cryonext (fabrication et vente de lyophilisateurs). Employant 15 salariés, son équipe couvre la moitié sud de la France. Elle est active sur trois métiers : entreprise générale (de la conception à la livraison de bâtiments clés en main), traitement de l’eau et de l’air des piscines publiques via la filiale EAS (Eau Air Système) et, via une autre filiale, BC Maintenance, travaux de mécanisme et mobilité des bâtiments (toitures et façades mobiles, espaces scéniques de théâtres ou de salles de spectacles — décors, trappes, ouvertures de scènes…). Pont Sadi-Carnot à Sète, aquarium de Canet-en-Roussillon Intérêt de ce transfert-extension : « Consolider notre implanta- tion en Occitanie en devenant propriétaire. Et nous manquons de place dans nos bureaux actuels. En trois ans, les effectifs ont doublé. Nous avons recruté sur différents postes : ingénieur, conducteur de travaux, chargé d’affaires », explique le dirigeant. Malgré la crise sanitaire, le climat des affaires est décrit comme « très bon », avec un haut niveau de carnet de commandes. L’entreprise a par exemple réalisé le clos-couvert de la piscine de Saint-Brès, et s’apprête à livrer en entreprise générale l’aquarium de Canet-en-Roussillon (Pyrénées-Orientales), en juin. Autres réalisations : la piscine de Roque- brune-Cap-Martin (Alpes-Maritimes), en entreprise générale, sur laquelle sont inter- venues les deux filiales EAS et BC Mainte- nance, ou encore le pont Sadi-Carnot à Sète. Dans le Sud, le groupe Baudin Châteauneuf, qui fête ses 100 ans cette année et compte une trentaine de métiers, est également implanté à Martigues. Hubert VIALATTE HÉ RA U LT J U RID IQUE & E C O N O M I Q UE | 1 1 M AR S 2 0 2 1 5
ENTREPRISES Béziers - Digitalisation - RH Comment Mécanic Sud Industrie repense son management La PME biterroise (Groupe Rochette Industrie, 170 salariés, dont 90 à Béziers) produit des pièces et sous-ensembles mécaniques à forte valeur ajoutée. P asser à un management plus fluide pour gagner en per- cation ou les parties réglementaires, comme les PV de conformité, formance et mieux impliquer les collaborateurs. Mécanic sont saisies directement sur l’outil, et non plus sur papier. « Cela Sud Industrie (MSI) investit 350 000 euros dans la digita- permet d’obtenir toutes les données d’un dossier qualité en un clic. lisation de ses process et de nouvelles méthodes RH, avec Avant, on avait du mal à récupérer les informations, il fallait rap- une subvention de 50 % de la Région Occitanie, perçue fin peler des fournisseurs pour certains éléments. Désormais, tout est janvier. Parmi les exemples concrets déjà engagés, le programme centralisé dans notre système d’information. » Et les salariés Top Talent challenge des managers sur des sujets transversaux, peuvent se concentrer sur leur valeur ajoutée. comme « Bien-être au travail », « Le développement de la marque employeur » ou « Que garde-t-on de la Covid-19 ? ». « Des collabo- rateurs sont identifiés selon certains critères. Le but est de tester Retour sur investissement leur capacité à sortir de leur zone de confort. Ils suivent des sessions Accompagné dans sa démarche par le cabinet AeroLine, MSI va de coaching individuel et collectif », précise Cédric Belmonte, DRH. aussi mettre en place des tableaux de management visuels, repre- Autre action RH, le projet ‘Faisons-le nous-mêmes’. « Lorsqu’un nant les heures de production, les indices de non-qualité, le respect collaborateur a une idée, il peut la tester tout de suite, après vali- des consignes, etc. « L’objectif de ces supports est d’être plus agiles, dation par son N+1, sans recours à d’autres supérieurs hiérar- tout en restant structurés », insiste Pierre-Damien Rochette. Il invite chiques, précise Pierre-Damien Rochette, PDG. Le salarié perçoit les autres PME à s’engager dans une même démarche globale. 10 % des gains générés par son idée sur une année. Il devient acteur « Pour un industriel, acheter un robot ou une machine est plus de son changement. » Environ 10 à 20 % des salariés jouent le jeu. concret. C’est moins évident d’investir dans de l’immatériel, car on « Un pourcentage logique : nous touchons les plus motivés. » L’idée a du mal à mettre un euro derrière. Mais le retour sur investissement est aussi de faire des émules auprès de collaborateurs moins positifs, est réel », analyse-t-il. « qui pourraient le devenir, par effet d’entraînement ». MSI est membre du groupement d’entreprises ITS Fusion, cluster qui regroupe les entreprises sous-traitantes des secteurs aéronau- Un ERP optimise les process tique et pétrolier basées à Béziers. La PME a réalisé en 2020 un CA Exemples de changements intervenus suite à cette initiative : l’inter- de 21 M€, et anticipe cette année 15 M€. La baisse a enclenché une nalisation du standard commercial, qui passait par un prestataire activité partielle de longue durée (20 à 40 %) chez les salariés. Avec auparavant ; l’amélioration du process de fabrication des châssis ; des côtés vertueux : « Nous lançons des projets ambitieux pour la réutilisation de palettes d’occasion auprès d’un fournisseur plutôt le futur, comme cette transition digitale et managériale, ou encore que l’usage de palettes neuves ; l’installation d’une machine à café la préparation de l’avènement d’une filière hydrogène à Béziers, en grains, plus respectueuse de l’environnement que les dosettes. avec la création de Genvia sur le site de Cameron », conclut Le meilleur projet du moment est communiqué en réunion men- Pierre-Damien Rochette, par ailleurs président de l’UIMM suelle. « Ça ne fait certes pas gagner des millions, mais c’est grati- Méditerranée-Ouest. MSI envisage ainsi la fabrication de petits fiant pour les collaborateurs. Et c’est dommage de ne pas exploiter composants d’électrolyseurs. Cette activité nouvelle pour l’atelier les idées de chacun », complète le dirigeant. nécessite un investissement de 1,4 M€. Une aide est sollicitée à travers le Plan de Relance. Autre révolution, la mise en place d’un ERP, développé en interne, qui accélère et fluidifie les process. Par exemple, les cotes de fabri- Hubert VIALATTE 6 HÉ RA U LT J U RID IQUE & E C O N O M I Q UE | 1 1 M AR S 2 0 2 1
ENTREPRISES Sur la photo, de gauche à droite : Karine Menras (commerciale collectivités), Benoît Capaldi (directeur commercial) et Muriel Menand (responsable RH et marketing). Même si elle n’est pas éligible à tous les critères de l’Index de l’égalité professionnelle femmes- hommes mis en place par le gouvernement, la PME Igual, spécialisée dans la distribution d’équipements et de produits d’hygiène pour professionnels (Villeneuve-lès-Maguelone, 65 salariés) est attentive à la question et donne aux femmes les moyens d’évoluer rapidement. Égalité professionnelle femmes/hommes Igual innove en dehors de l’Index ‘Pénicaud’ « concernant le nouvel Index égalité professionnelle femmes/ hommes, je suis un peu frustrée », lâche Muriel Menand, responsable RH et marketing d’Igual. En effet, la PME dirigée par Frédéric Igual, en pleine croissance (14,4 M€ de CA, + 20 % en 2020) a rempli ce baromètre (obligatoire Le signe, aussi, d’une possibilité offerte à la promotion. Muriel Menand, entrée chez Igual il y a sept ans comme assistante de direction, a évolué sur des projets transversaux, puis sur le mar- keting, avant d’être nommée à son poste actuel. « Je suis entrée au comité de direction au bout de quatre ans » : un délai objec- pour les PME de plus de 50 salariés) en début d’année. « Cela tivement court dans une PME familiale. Au final, son sentiment prend du temps, et deux indicateurs ne sont pas calculables sur l’Index ‘Pénicaud’ est partagé. « Un Index doit nous servir à chez Igual : celui de l’écart de rémunération entre les femmes et améliorer nos process et notre performance ou à nous alerter, à les hommes, car le taux de femmes n’atteint pas le minimum de l’instar d’une norme Iso ou du taux de personnel handicapé en 40 % fixé par la loi, mais 38 % ; et le pourcentage de salariées entreprise. L’Index Pénicaud part d’une bonne intention, mais les augmentées dans l’année suivant leur retour de congé mater- critères pourraient être améliorés, en fonction de l’activité spé- nité. Et pour cause : il n’y a pas eu de retour de congé maternité cifique de bon nombre de PME. » Au final, une constante cette année ! », souligne-t-elle. Autre bémol émis, la mauvaise demeure, sur laquelle l’entreprise n’a pas de prise : le profil des note reçue sur le nombre de femmes dans les plus hautes rému- candidats selon les postes à pourvoir. « Il est très rare que j’aie à nérations. « Il n’y a certes qu’une femme sur les dix plus gros choisir entre un homme et une femme. Les femmes candidatent salaires. Mais, en même temps, le salaire moyen des femmes est sur des profils d’assistantes commerciales, et les hommes sur des supérieur à celui du salaire moyen des hommes dans l’entreprise, postes techniques ou au dépôt. » car il y a beaucoup d’hommes dans les salaires les plus bas, sur des postes logistiques. Cette donnée comparative est intéres- sante et ne figure pas dans les indicateurs à renseigner. » Hubert VIALATTE Possibilités d’évolution * Audrey Caujolle, responsable du service client ; Pélagie Strobel, Autres données que Muriel Menand aurait souhaité voir publiées, responsable logistique ; Muriel Menand. Côté managers : Miora le fait qu’une femme (elle-même) soit au comité de direction (sur Camare (responsable du commerce sédentaire) et Nadia Vaz trois membres) et que trois responsables de services* sur sept (chef des ventes CHR). soient des femmes : « On est presque à la moitié à chaque fois ». HÉ RA U LT J U RID IQUE & E C O N O M I Q UE | 1 1 M AR S 2 0 2 1 7
ENTREPRISES © CCI Hérault. Remboursement des PGE, nouveaux prêts participatifs… Les conseils de Christian Rouchon, directeur général du Crédit Agricole du Languedoc Le 3 mars, Christian Rouchon, directeur général du Crédit Agricole du Languedoc, et le président de la CCI Hérault, André Deljarry, ont signé une convention de partenariat. La chambre consulaire s’engage ainsi à auditer et à valider les dossiers des porteurs de projets et créateurs d’entreprises qui passent par ses services (7 700 en 2020). Un tra- vail en amont qui doit permettre au financeur qu’est le Crédit Agricole de statuer rapidement sur leurs dossiers et de les suivre dans des conditions optimisées. A cette occasion, le directeur général du groupe bancaire a prodigué plusieurs conseils aux chefs d’entreprise, et notamment à ceux qui ont ou vont contracter des PGE, Prêts Garantis par l’Etat. Christian Rouchon a également évoqué les nouveaux prêts participatifs annoncés par le gouvernement. Interview… Les premières échéances des PGE signés Macron – a eu cette formule du “Quoi qu’il en coûte”. Des choses extrêmement concrètes ont suivi, notamment la mise à disposi- en 2020 arrivent dès ce mois de mars. tion de 100 milliards d’euros de Prêts Garantis par l’Etat, que l’on Que conseillez-vous aux chefs d’entreprise appelle les PGE. Le premier point sur lequel je voudrais insister, c’est que les PGE peuvent encore être octroyés jusqu’au 30 juin. qui ont souscrit un PGE ? Je dis à toute entreprise qui n’a pas utilisé pleinement le poten- Christian Rouchon : « Sur les PGE, je voudrais insister sur deux tiel de son PGE – soit le quart de son chiffre d’affaires annuel – points. Le gouvernement – par la voix du président Emmanuel ou qui ne l’a pas utilisé du tout, de ne pas hésiter à faire valoir 8 HÉ RA U LT J U RID IQUE & E C O N O M I Q UE | 1 1 M AR S 2 0 2 1
ENTREPRISES ses droits avant le 30 juin. C’est une ressource à taux zéro et, de la crise. L’impératif était de préserver l’outil économique pour dans ces périodes difficiles où l’incertitude demeure, il est être capable de repartir après ces périodes de confinement que évidemment sage d’utiliser cette aide qui est faite pour cela. l’on a connues. Nous espérions qu’il n’y aurait qu’un confinement, il y en a eu plusieurs et les choses ne sont pas terminées, mais le Le second conseil que je voudrais donner, c’est qu’au mois de vaccin est en vue. On va s’en sortir. Soyons optimistes ! Ce que mars arrivent les premières échéances des PGE souscrits en l’on a vu, c’est que le schéma fonctionnait. Dès le printemps 2020. Dans les semaines à venir, tous les chefs d’entreprise vont 2020, et encore plus à l’été dans notre région touristique, le avoir à décider de la façon dont ils remboursent ces PGE. Ils rebond a été considérable. Nous avons même eu une activité peuvent les rembourser immédiatement s’ils en ont les moyens, ils peuvent avoir un an de différé supplé- mentaire, ou, encore après, quatre ans de plus pour amortir ces PGE. Je préconise vraiment à chacun de ne pas pécher par excès d’optimisme et d’utiliser pleinement la possibilité d’étaler sur une période longue les effets de cette crise qui a été énorme et, bien sûr, perçue différemment selon les sec- teurs d’activité. Ne pas hésiter à aller jusqu’aux quatre ans voire cinq ans supplé- mentaires pour rembourser ces prêts, de façon à se laisser le temps et permettre à l’entreprise de se reconstruire. » Quel conseil pour les nouveaux prêts participatifs annoncés par le gouvernement ? Christian Rouchon : « En 2020, le gouverne- ment a mis en place les PGE. En 2021 arrive, en effet, une enveloppe de 20 milliards d’euros mise à disposition par l’Etat, sous forme de quasi fonds propres, pour aider les entreprises qui ont besoin d’investir et de financer leur croissance. Il y aura deux familles : des dettes ou des prêts dits subor- donnés, qui sont des quasi fonds propres aidés par l’Etat ; et des dettes obligataires également garanties. Ces deux leviers seront disponibles et destinés à toute entre- prise qui a besoin d’investir pour se relancer. Elle pourra trouver auprès de ses parte- naires bancaires le moyen de l’aider à le faire. © Daniel Croci. En 2020, le Crédit Agricole a octroyé au plan national 27 % de l’ensemble des PGE, soit 27 % des 100 milliards que j’évoquais plus avant… Notre banque sera au ren- dez-vous et nous accorderons de même la part la plus importante pour ces soutiens en fonds propres nécessaires pour relancer l’activité de nos entre- supérieure à celle de l’année précédente. Donc, faisons tout pour prises, et regagner en 2021-2022 tout le PIB perdu en 2020. » aider les entreprises à traverser cette passe difficile, préservons les outils économiques. La relance générale est pour bientôt, que ce soit par les PGE ou, demain, par les soutiens en fonds propres. Craignez-vous des défaillances importantes Le Crédit Agricole sera au rendez-vous pour accompagner en région ? toutes les entreprises qui en ont besoin. » Christian Rouchon : « Ce qu’a voulu le gouvernement avec le PGE, et ce sur quoi le Crédit Agricole a vraiment travaillé, c’était Propos recueillis par Daniel CROCI – grâce à une abondance de liquidités – faire un pont au-dessus HÉ RA U LT J U RID IQUE & E C O N O M I Q UE | 1 1 M AR S 2 0 2 1 9
PORTRAIST DE FEMMES Certaines personnes traversent la vie comme une hirondelle la Méditerranée : d’un trait. Jocelyne Gizardin en est l’illustration. L’adjointe Dossier à la Ville de Sète, en charge du Pôle Ville solidaire et de l’Action sociale, évoque son parcours entre 10 portraits d’Héraultaises secret défense, bénévolat et trajectoires diverses et lointaines, mais toujours profondément humaines, pour célébrer la Journée où le mot chance revient souvent. internationale des droits des femmes Quel a été votre parcours professionnel ? « Après des études de droit et deux années de médecine, sur lesquelles on peut passer très vite (rires), j’ai fait une école de A l’occasion de la transformation commerce, l’Essca. J’ai travaillé quelque temps dans les relations publiques pour très vite entrer dans le monde de la Défense. Mon du site Internet de l’Hérault Juridique & job : parler, travailler, développer puis un jour exporter un concept Economique en média généraliste de défense, avec différents ministères – l’Intérieur, la Défense, les Relations étrangères… – et en lien avec des industriels, des ins- sous le nom d’Hérault Tribune, titutionnels et un regard de l’État assez fort, Dieu merci. De ce fait, la rédaction a souhaité interviewer j’ai eu la chance de voyager dans des zones à risques telles que 10 femmes engagées. Car notre mue l’Asie du Sud-Est, le Moyen-Orient… La suite est plus familiale : avec mes deux fils et mon mari, nous sommes allés vivre à Singa- coïncide à quelques jours près pour pour raison professionnelle. Puis ce fut le retour en France, avec la Journée internationale au bout du monde, dans le fin fond de l’Aude (rires). » des droits des femmes… Pourquoi Sète ? Pourquoi ce choix A d’un engagement municipal ? près avoir interviewé la chef de « Aujourd’hui, à 67 ans, je vis à Sète depuis quatorze ans, mais je la police d’Agde, une opti- connais la ville depuis quarante ans grâce à des amis sétois qui me l’ont fait connaître. J’ai eu la chance, après avoir vécu aussi bien en cienne talentueuse de Mont- France qu’à l’étranger, de pouvoir m’installer ici, dans cette ville pellier, la directrice de l’Ecole dont je suis tombée amoureuse. Un jour, son maire, François des Parents et des Educateurs Commeinhes, m’a posé une question qui m’a ravie et étonnée à de l’Hérault, une marin-pêcheuse coura- la fois : “ Veux-tu m’accompagner dans cette aventure politique ? geuse à Marseillan, et une directrice artis- tique et organisatrice d’événements bran- Sète chés à Montpellier pour le journal du 4 mars, nous avons souhaité prolonger nos portraits de femmes afin de continuer à célébrer la Jocelyne Gizardin journée internationale des droits des femmes du 8 mars dernier. c’est être Voilà pourquoi nous avons rencontré cinq autres personnalités féminines héraultaises ” J’ai accepté, parce que c’est quelqu’un dont l’enthousiasme est passionnantes : une élue sétoise, une comé- communicatif. Il est extrêmement vivant et va toujours de l’avant. dienne installée à Mèze, une artiste-peintre Je suis entrée en campagne avec beaucoup de joie et un peu montpelliéraine, une sportive professionnelle d’appréhension. Les élus locaux n’ont pas forcément des parcours tout tracés. » biterroise et la fondatrice d’une ressourcerie à Pézenas. Le bénévolat fait partie de ce parcours… « Quand je suis arrivée à Sète, j’ai eu la chance de pouvoir dévelop- Virginie MOREAU, rédactrice en chef per un comité des Blouses roses qui n’existait pas localement. Cette association nationale accompagne en milieu hospitalier les personnes les plus fragilisées et surtout les enfants. Ce comité est 10 HÉ RA U LT J U RID IQUE & E C O N O M I Q UE | 1 1 M AR S 2 0 2 1
PORTRAITS DE FEMMES Portrait Jocelyne Gizardin est l’adjointe Pôle Ville solidaire, déléguée à l’Action sociale, la Santé, la Politique de la ville, l’Insertion profes- sionnelle et au CCAS. Elle est également conseillère communau- taire de la communauté d’agglomération Sète Agglopôle Méditerra- née. Elle entame son second mandat avec François Commeinhes, maire de la ville depuis 2001. Son credo : l’action sociale. © Ville de Sète. : « L’action sociale, au plus proche des gens » toujours actif. J’ai dû quitter sa présidence lorsque j’ai été élue à mais avec de vraies compétences, et les faire travailler ensemble la municipalité en 2014. Pour dire vrai, le bénévolat – des officiers, des industriels, des gens de la recherche –, c’était – quand on le fait sérieusement – est un vrai job. C’est aussi des quelque part mettre en musique. C’est quelque chose que je rencontres avec de belles âmes. Sur ce plan, j’ai eu de la chance retrouve aujourd’hui, et qui m’anime actuellement en tant qu’élue tout au long de ma vie. » municipale et conseillère communautaire. » Pour revenir à la Défense, l’armement était Avez-vous connu des freins dans votre carrière un métier plutôt masculin… professionnelle – je pense à la Défense – parce que justement vous étiez une femme ? « J’ai adoré le métier que je faisais dans l’armement. Durant cette période, entre 1979 et 1994, travailler avec des gens différents « Alors là, pas du tout (rires). Mais je mens un tout petit peu. •••/••• HÉ RA U LT J U RID IQUE & E C O N O M I Q UE | 1 1 M AR S 2 0 2 1 11
PORTRAITS DE FEMMES •••/••• Je pense à certaines cultures dans les pays étrangers où nous fait l’action sociale, c’est-à-dire la prise en compte de ce qu’une allions. La vie sociale n’est pas la même sous tous les climats. population, dans ce qu’elle a parfois de plus vulnérable mais pas Toutes ces façons de vivre… Et ces cultures se respectent. Nous seulement, peut se poser comme questions. En fait, être au arrivions en tant qu’étrangers ; la moindre des choses était que plus proche des gens. C’est bien sûr généralement le rôle d’un nous nous pliions aux us de ces pays. Il y avait aussi le fait que peu CCAS, mais lorsque l’on parle de social et de santé associée, on de femmes, à l’époque, bossaient dans le domaine des relations entre immédiatement dans un domaine très humanisé. Ça part publiques dans l’armement. Mais je ne crois pas que c’était le fait de la jeune femme qui doit déclarer son futur bébé parce que je sois une femme ou pas. Je n’ai connu aucun frein. qu’elle est enceinte de deux mois et demi, et ça va se terminer Vous savez, je n’ai jamais repéré les gens parce qu’ils avaient des au moment moins drôle où l’on s’en va. Entre les deux, il y a tout chaussons roses ou des chaussons bleus à la naissance, et je crois ce qui se passe dans une vie, de bien et de moins bien. Parce que je n’ai jamais été jugée là-dessus. Je pense qu’aujourd’hui, que ce n’est pas que triste, l’action sociale ; il y a beaucoup de ces choses n’existent même plus, du moins dans le domaine de choses formidables et positives. » la défense, qui a connu une forte montée en féminisation aussi… Pour ce qui est du domaine dit public et dans ma fonction Le social, une nouvelle vocation ? d’élue, encore moins, et même jamais. » « Travailler dans le social n’était pas forcément ma vocation ; ça La vie d’élue, justement ? l’est devenu. J’ai découvert ses métiers et ses engagements. Dans ce domaine, je n’ai aucune honte à dire que j’ai découvert et « Avec ce second mandat, j’ai eu la chance de conserver ma j’ai appris à quel point, quand on vit quelque part, on ignore délégation, qui a évolué dans le temps, et de pouvoir m’inscrire souvent toutes les aides qui existent et peuvent nous accompa- dans un projet long. Quand je suis arrivée, le Centre Communal gner. Et si on ne le sait pas, c’est peut-être aussi parce que les d’Action Sociale de Sète – véritable bras armé de l’action collectivités ne savent pas assez promouvoir leurs services - et sociale avec près de 400 personnes – avait déjà un champ j’en prends ma part. Et peut-être parce que l’on se dit : “je ne vais d’action très large. Le maire avait souhaité de longue date qu’il pas toujours compter sur l’autre, et compter sur ma ville”. Je ne recouvre la petite enfance, le RSA, les accompagnements dis pas que ce doit être un impératif. Mais une vie en commun sociaux, les seniors, etc. Depuis, il a encore évolué. Sous ce se construit ensemble, et dès lors qu’elle est construite, il faut nouveau mandat, la volonté est d’associer au CCAS tout ce qui l’utiliser. Il y a donc un échange permanent à instaurer. » « Action sociale ? Ce sont pour moi deux très jolis mots dans une ville. » © Elodie Greffin. 12 HÉ RA U LT J U RID IQUE IQ UE & E ECC O N O M I Q UE | 1 1 M AR S 2 0 2 1
PORTRAITS DE FEMMES L’action sociale, moteur du lien public ? le schéma collectivité Enfance. On bascule sur des dispositifs différents. Puis ces jeunes composeront sans doute une famille, « Ce qui compte, c’est l’action sociale ! Je trouve que ce sont deux avec d’autres besoins sociaux. La volonté du maire est d’appré- très jolis mots dans une ville, non ? Malheureusement, quand on hender l’action sociale comme une évolution. Il faut suivre pense CCAS, il y a une connotation. Je le déplore et le regrette. la population dans le temps pour pouvoir anticiper certaines Beaucoup de personnes qui n’ont jamais connu de problème problématiques. » de précarité viennent pourtant au CCAS pour de tout autres raisons. D’autres ont besoin d’être accompagnées sur le plan social, et l’outil est bien le CCAS. Et quand on associe le social à Comment cette volonté se traduit-elle dans la santé, ça prend du sens. On associe la prévention à l’action. vos services ? Nous accompagnons aussi des jeunes qui n’ont pas de problèmes particuliers mais qui veulent aller plus loin dans leur vie. Notre « Cela veut dire travailler en coordination. On n’aide pas un jeune travail est de trouver les bonnes clés, pour qu’ils puissent bénéfi- si l’on ne parle pas sport, éducation, environnement familial, si on cier de toutes les aides qui existent. ne parle pas santé ni culture… Il faut On a tendance à noircir l’action sans cesse créer du lien. Un lien qui ne sociale, ce qui est vrai pour partie, signifie pas : “nous sommes les mais elle est pluraliste et doit concer- sachants et vous - les jeunes - vous ner l’ensemble de la population. » faites”. Nous, élus, devons nous coor- donner, accepter de passer la main à Y a-t-il des choses d’autres services, de la reprendre par- fois… En résumé, cela veut dire bosser novatrices dont le CCAS ensemble. C’est de cela que j’aimerais est fier ? que l’on soit le plus fiers. Après, je ne sais pas si c’est super, mais au moins « En priorité, cette appréhension c’est utile. Sans oublier que nous, élus, © Elodie Greffin. globale de l’action sociale. Cela me ne faisons rien sans les services et les paraît le plus important. Avec un techniciens qui les animent. Ce sont interlocuteur unique qui va pouvoir des professionnels, ce que je ne suis accompagner les personnes et trouver pas. On est élu pour mettre de l’huile la bonne solution. Mais plus concrète- dans les rouages. Il faut d’ailleurs avoir ment, une grosse action dont on peut beaucoup de respect pour les techni- parler, très innovante, c’est l’accueil ciens que sont les fonctionnaires. Je des enfants porteurs de handicap dès le plus jeune âge. Elle a été pense aux services de la ville et de l’agglomération en disant cela, menée dès le début du précédent mandat. Il s’agit de la détec- mais aussi, par exemple, à l’hôpital, avec qui nous travaillons en tion et de l’accompagnement de certains problèmes chez les étroite collaboration. Le lien ville-hôpital, c’est mettre en liaison tout-petits. Nous avons ainsi été l’une des villes pionnières à deux mondes différents qui ne peuvent se passer l’un de l’autre. mettre en place une éducatrice spécialisée, qui, d’une part, C’est d’autant plus vrai avec la pandémie. Il ne faut pas imaginer n’était que dans l’observation des enfants, et d’autre part, assu- qu’un élu a toutes les clés, tout seul. » rait la formation des autres puéricultrices et éducatrices interve- nant auprès des enfants. Plus tôt on peut déceler de toutes Quelle est l’action sociale idéale, selon vous ? petites choses sur les plans physique et comportemental chez un enfant, plus tôt et mieux on pourra l’accompagner pour ne jamais « Mon objectif et mon souhait sont que tout administré dise un le laisser en situation d’échec. C’est tout le sens de cette action, jour «Je sais que l’on va trouver des solutions à ma situation ». et on en est fiers. Nous avons également mis en place, pour Parce que la collectivité va trouver une solution à un jeune couple toute personne handicapée qui est à domicile, l’accès quotidien, qui n’a pas de place en crèche pour son enfant ; parce que s’il y a tous les jours de l’année, week-ends et jours fériés compris, à du une autre pandémie, le maire va savoir comment faire pour portage de repas et à des aides à domicile ou des auxiliaires de gagner le combat et mettre en place un centre de vaccination ; vie. Toutes les villes n’ont pas ce service. Et même si sa mise en un accompagnement quand on est senior - à Sète plus de 33 % place a été complexe, c’est aussi un grand bonheur que de pou- de la population a plus de 60 ans - parce que des solutions sont voir proposer ce service public qui fonctionne 7 jours sur 7. » mises en place pour ne pas finir seul chez soi dans la solitude du haut de son troisième étage. C’est de la responsabilité, extra- Expliquez cette transversalité et la globalisa- ordinaire et lourde à la fois, d’une équipe municipale. tion de l’action sociale menée par la Ville Cela pose la question du rôle du maire, qui est pour moi de sécu- de Sète… riser. C’est le chef d’une grande famille : ses administrés et les habitants de sa ville. Quand on a un vrai problème de sécurité ou « Il s’agit d’une coordination interservices et de l’accompagne- de santé, on appelle la police ou le Samu, mais au-dessus de tout ment tout au long de la vie. Par exemple, nous venons d’évoquer cela, in fine, on appelle toujours la mairie. L’idée est que les gens une problématique très jeunes enfants, mais cela n’a de sens que se disent toujours davantage : “ je sais où appeler ”. » si l’on ne laisse pas tomber les parents quand l’enfant entre à l’école à six ans. Il faut donc travailler en transversalité avec le service éducation. Puis vient le temps de l’ado, du post-ado et Propos recueillis par Daniel CROCI de ces chers 18-20 ans (rires) et là on n’est plus du tout dans E C O N O M I Q UE | 1 1 M AR S 2 0 2 1 HÉ RA U LT J U RID IQUE & EC 13
PORTRAIT DE FEMME Gisèle Cazilhac vole dans les airs de son plafond en trompe-l’œil © Virginie Moreau. Montpellier Le défi pictural de Gisèle Cazilhac : l’appartement en trompe-l’œil Gisèle Cazilhac est artiste peintre. Vivant depuis son enfance à Montpellier, elle est l’une des figures de la scène artistique locale. Il y a quelques mois, elle s’est lancé un challenge : réaliser des trompe-l’œil sur les murs et le plafond de son appartement. Nous avons voulu en savoir plus, et avons découvert de surcroît sa grande fantaisie et son mobilier, pas banal… Comment êtes-vous venue à la peinture ? après avoir déjà une production personnelle. Et j’ai commencé à exposer…» Gisèle Cazilhac : « Etant enfant, j’ai beaucoup dessiné. Je suis venue à la peinture par besoin de rajouter de la couleur – beau- Comment définissez-vous votre style ? coup de couleurs très vives – à tous mes personnages… » « Mes tableaux sont caractérisés par la profusion de person- Quelle a été votre formation ? nages. Au début je dessinais des visages, puis j’ai créé des per- sonnages plus complets, et j’ai commencé à les faire bouger. « Après des études secondaires d’arts plastiques au lycée Mas de J’ai peint avec des couleurs fluo ; j’ai introduit plein de couleurs Tesse à Montpellier, j’ai suivi les cours de l’école privée Bessil, différentes dans ma palette, de façon à ce que ce soit multi- puis je me suis inscrite à l’école des Beaux-Arts tardivement, colore. Je peins beaucoup de scènes de piscines, de mer, 14 HÉ RA U LT J U RID IQUE & E C O N O M I Q UE | 1 1 M AR S 2 0 2 1
PORTRAIT DE FEMME de plages, de nageurs… C’est dû au fait que je vis dans le Sud, conseillé de retirer mon prénom et de ne garder que mon nom près de la mer. Je fais beaucoup de vues du ciel, parce que ça de famille. Une autre fois, quelqu’un m’a dit que j’avais une pein- permet de peindre des vues d’ensemble. Mais aussi des vues ture « virile ». Mais qu’est-ce au juste qu’une peinture « virile » ? depuis la terre, avec des personnages qui semblent tomber Voilà pour les anecdotes… Parfois je me dis que si j’avais été du ciel, qui volent. C’est l’objet notamment de mes Parajupes, un homme, je n’aurais peut-être pas été peintre. » où les jupes sont office de parachutes. » Il y a plusieurs mois, vous avez commencé Pourquoi peindre autant de personnages à peindre des trompe-l’œil sur les murs sur une seule toile ? de votre appartement… « Je pense que c’est parce que j’ai été élevée dans une famille nombreuse, avec trois sœurs et deux frères. J’ai tellement été « J’ai toujours rêvé d’avoir des trompe-l’œil chez moi, dans cet entourée de gens que j’ai besoin de peindre des tas de person- appartement que j’adore. Je pensais qu’il fallait faire appel à des nages, bien que je sois très solitaire. Plus il y en a, mieux c’est. spécialistes. Un jour, un professionnel du trompe-l’œil m’a dit : Avec tous les thèmes qui sont en rapport : les terrasses des cafés « Tu es peintre, donc tu dois pouvoir y arriver ». En effet, j’y suis [hors Covid, NDLR], les gens entassés sur la plage… » parvenue relativement facilement. Je voulais me lancer ce défi de faire quelque chose qui changeait de ma peinture habituelle. Mes murs blancs y sont tous passés ! » Etre une femme a-t-il freiné votre carrière de peintre ? Quelles ont été vos sources d’inspiration Gisèle Cazilhac : « Il y a sans doute eu des freins. Je pense que si pour vos trompe-l’œil ? j’avais été un homme, les choses auraient peut-être été légère- ment différentes ; j’aurais eu des propositions d’expositions plus « C’est simple : les trompe-l’œil ont remplacé tout ce qui me rapides ou plus intéressantes. Je peux donner des anecdotes. Un manquait. Je n’ai pas de jardin donc j’ai peint un jardin le plus jour, un homme est entré dans une galerie où j’exposais. Il a dit : hyperréaliste possible. Ensuite j’ai voulu un escalier qui monte aux « J’adore, c’est vraiment bien ! ». Quand il a demandé le nom de chambres, un peu comme dans un château. Je savais que ce ne l’artiste et qu’on lui a répondu que c’était Gisèle Cazilhac, il a fait serait jamais possible, donc je me le suis peint. En fait, j’ai peint une espèce de moue déçue. Il a dit « Ah, mais c’est une femme ce que, peut-être, je n’aurai jamais. C’est ça la part du rêve. C’est qui a fait ça » avec une réelle déception. Un galeriste m’a même ce que j’ai toujours aimé dans le trompe-l’œil : cette illusion. » •••/••• L’un des murs de son salon, ouvert sur un jardin imaginaire © Virginie Moreau. Regardez notre interview vidéo et découvrez plus de photos sur notre nouveau site Internet herault-tribune.com dans la rubrique Culture… HÉ RA U LT J U RID IQUE & E C O N O M I Q UE | 1 1 M AR S 2 0 2 1 15
PORTRAIT DE FEMME •••/••• Au plafond, vous avez peint des person- nages dans votre propre style… « Après avoir peint tous les murs, j’étais dans mon canapé à regarder mon plafond blanc. J’ai passé des mois à me dire que j’aimerais peindre mon plafond également ; l’ouvrir sur le ciel. On approchait du confinement. On parlait déjà de pandémie, du fait que l’on serait peut-être obligé de rester chez soi. J’ai voulu faire un plafond un peu à la Michel-Ange – je dirais à la Gisèle-Ange – avec des personnages, des avions qui ressemblent à des oiseaux, des oiseaux qui ressemblent à des avions… Et toujours des personnages qui volent, qui m’atterrissent dessus. C’était au-delà de peindre un ciel : j’ai voulu faire un habillage de ce ciel. » Une montée d’escalier digne d’un château © Virginie Moreau. Vous avez une passion insolite, hormis la peinture… « Insolite je ne sais pas, mais oui, j’ai une passion pour les lunettes. De toutes les couleurs, évidemment, comme ma peinture… [Elle montre une dizaine de paires de lunettes]. Là je n’ai pas sorti toute ma collec- tion. Je dois en avoir une vingtaine. Je ne leur ai pas encore donné de prénoms, mais ça viendra peut-être [rire]. » Quels sont vos projets ? « Des projets, j’en ai toujours plein. Il y en a un qui me tient énor- Une chambre avec vue sur mer © Virginie Moreau. mément à cœur, mais qui est décalé à cause de la pandémie : la déco- ration entière de la nef de l’église d’un village occitan. Je vais pouvoir retracer toute l’histoire du village grâce à 4 toiles monumentales de Qu’est-ce que cela vous fait de vivre 5 mètres de long chacune. Ça va être LE projet de ma vie. Je travaille sur d’autres projets, dont l’habillage de la ligne 5 de tramway de entièrement entourée de trompe-l’œil ? Montpellier. J’attends le lancement du concours. Et deux fois par an, j’ouvre mon atelier à l’occasion du parcours d’ateliers d’artistes « C’est le rêve… Le trompe-l’œil, en soi, c’est une perspec- des Briscarts. » tive. Ça permet d’agrandir un lieu. C’était mon but, car mon appartement n’est pas immense non plus. Et il y a cette joie de les avoir faits moi-même. Mais surtout l’impression de Vous écrivez aussi vos propres chansons, vivre comme dans un décor de théâtre. Déjà que j’adore que vous interprétez et mettez en musique… cet appartement et que je ne m’y ennuie jamais, alors là, c’est encore mieux ! Je conseille à tout le monde de faire « Un jour peut-être, je vous en chanterai une… » des trompe-l’œil chez eux. » Propos recueillis par Virginie MOREAU vmoreau.hje@gmail.com 16 HÉ RA U LT J U RID IQUE & E C O N O M I Q UE | 1 1 M AR S 2 0 2 1
PORTRAIT DE FEMME © Denis Vasilov Mèze Stéphanie Binon, blogueuse et comédienne inspirée et inspirante Stéphanie Binon, Stef pour les intimes, est une femme (même si elle préfère clairement qu’on l’appelle « mademoiselle ») bien dans ses baskets. Elle est, selon elle « l’épouse d’un homme en or, et une maman qui fait de son mieux pour sa fille, véritable cadeau du ciel ». Tétraplégique, elle s’est retrouvée en fauteuil roulant à la suite d’un accident de gymnastique survenu lorsqu’elle avait 14 ans. Stef est une blogueuse qui raconte les anecdotes de sa vie quotidienne, mais aussi une comédienne qui croit plus que tout qu’elle parviendra à se faire une place dans ce « nouveau monde ». Rencontre avec cette Belge sympathique, expatriée depuis dix ans dans l’Hérault, et qui vit aujourd’hui à Mèze. Quel a été votre parcours ? dû repartir de zéro. Nous avons alors tout plaqué et pris nos affaires et notre fille sous le bras en direction du magnifique Stéphanie Binon : « Diplômée en communication, j’ai travaillé département de l’Hérault. Ma fille étant toute petite, j’ai, dans un pendant plusieurs années pour ce secteur dans des domaines premier temps, pris du temps pour elle et attendu que notre vie divers et variés. J’ai ensuite ouvert un centre de bien-être en soit de nouveau un peu plus sereine pour réfléchir à mon avenir. Belgique avec mon mari. Une aventure qui, malheureusement, ne Je suis une hyperactive, ce besoin est venu assez rapidement s’est pas passée comme prévu et à la suite de laquelle nous avons je l’avoue. Mais, pour des raisons pratiques et physiques, •••/••• HÉ RA U LT J U RID IQUE & E C O N O M I Q UE | 1 1 M AR S 2 0 2 1 17
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