Regards N 3 - La Renaissance Sanitaire
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
La direction de La Renaissance Sanitaire La fondation La Renaissance Sanitaire est dotée d’un conseil d’administration composé de douze membres, dont un membre représentant le ministre de l’Intérieur. Ses deux hôpitaux sont dirigés chacun par un directeur e n j e u x et une commission médicale d’établissement (CME). À quelques mois de la visite de l’Anaes Villiers et La Musse se mobilisent . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 4 Le conseil d’administration Pôle de santé Président De B. Kouchner à Ph. Douste-Blazy, Michel LADEGAILLERIE, en passant par J.-F. Mattei . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 7 vice-président de la FMP Dossier : les personnes âgées Maladie d’Alzheimer, Vice-président déroutante et alarmante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 10 Didier GABORIAUD, secrétaire général de la FMP Maladie d’Alzheimer, Secrétaire général la consultation mémoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 13 René DURAND, administrateur du comité départemental Les soins de suite polyvalents de Seine-Saint-Denis de l’APAJH et de l’association Vivre autrement et gériatriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 15 Gériatrie : quatre axes de travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 16 Trésorier Lucien BERGE, Projet : réalisation d’un Ehpad . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 19 directeur honoraire de la CPAM du Val-de-Marne Administrateurs c o m p é t e n c e s Maguy BEAU, administrateur de la FMP Jean-François CLERTANT, administrateur de la FMP La recherche avance Dr Pierre-Jean COUSTEIX, président de la FNEHAD, directeur adjoint Entretien avec Michel Pillu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 20 délégué général aux affaires médicales et scientifiques de la CNAMTS Paul DEVROEDT, administrateur de la FMP Spécialité Pr Gérard DUBOIS, chef du service Évaluation médicale au CHU d’Amiens Les hôpitaux de La Renaissance Sanitaire Jean-Claude MAIRET, administrateur de la FMP adaptés aux défis du diabète . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 22 Jean-Michel MEHNERT, préfet honoraire, représentant le ministre de l’Intérieur Jacques PALA-REGAS, administrateur de la FMP Service de médecine Hôpital Villiers Saint Denis et réadaptation vasculaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 26 L’apnée du sommeil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 29 Un métier de proximité : les assistants sociaux Directeur Jean-Louis YONNET « Écouter, c’est se faire l’hôte de celui qui vient » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 30 Président de la CME Dr Anne BENASSAR i n i t i a t i v e s Hôpital La Musse Partenariat Une ambulance offerte à l’hôpital de Huê, au Vietnam . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 35 Directeur Faits marquants de l’année 2003 Alain FLOURENT Hôpital La Musse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 36 Hôpital Villiers Saint Denis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 37 Président de la CME Directeur de publication : Michel Ladegaillerie ■ Rédacteur en chef : René Durand, Béatrice Blanche- Dr Alain BOUILLEROT Lopoukhine ■ Conception maquette : Héral ■ Iconographies : Concept Image, La Renaissance Sanitaire ■ Imprimerie de Champagne ■ Dépôt légal 3e trimestre 2004. 2 LA RENAISSANCE S A N I TA I R E • N° 3 - JUILLET 2004
é d i t o r i a l Cette année, la richesse de l’actualité sanitaire et médico-sociale nous a conduits à porter notre attention et notre réflexion sur la personne âgée, sa prise en charge, les maux dont elle peut souffrir, son accueil, son accompagnement… Au plan national, un ministère des personnes âgées a été créé. Pour éviter à l’avenir les difficultés rencontrées pendant l’été 2003, un plan Canicule comportant notam- ment des systèmes d’alerte et l’aménagement d’une pièce rafraîchie dans chaque maison de retraite a été voté mais nous pouvons regretter que les crédits qui l’ac- compagnent ne soient pas à la hauteur des besoins. Une réflexion a donc été menée au sein de La Renaissance Sanitaire ; elle a débouché sur le projet de mettre à la disposition des personnes âgées dépendantes une structure d’hébergement médicalisée de type Ehpad qui devrait s’inscrire dans la continuité des pathologies prises en charge au sein des établissements de la Fondation. Le dossier principal de notre magazine Regards vous en retrace les grandes lignes. Il vous fera également découvrir les activités de La Renaissance Sanitaire, en perpé- tuelle adaptation et nécessitant une multitude de compétences, qu’il s’agisse de la médecine de réadaptation vasculaire, de la prise en charge du diabète, de la créa- tion d’un département de soins de suite polyvalents et gériatriques, ou, dans un domaine plus transversal, du rôle et de la présence des assistantes sociales/assistants sociaux dans nos établissements. Bien entendu, toutes ces activités sont exercées avec le souci constant de qualité à l’égard de nos patients. À ce titre, l’échéance imposée par les textes réglementaires dans le cadre de l’accré- ditation arrive à grands pas ; les experts-visiteurs de l’Anaes sont attendus dans nos établissements en septembre 2004 à Villiers, en janvier 2005 à la Musse. Comme vous pourrez le constater, la préoccupation première des hôpitaux de la Fondation est de prodiguer des soins de qualité à leurs patients, mais aussi de saisir toutes les opportunités qui se présentent pour travailler en partenariat avec les éta- blissements voisins et d’accroître ainsi leur efficacité. Enfin, toujours fidèle à son idéal de solidarité et dans un souci de transmettre son expérience, La Renaissance Sanitaire poursuit son action humanitaire au Vietnam. La cérémonie de remise d’une ambulance au mois d’avril 2004 à Huê a montré que notre aide est toujours autant appréciée. Michel Ladegaillerie Président de La Renaissance Sanitaire L A R E N A I S S A N C E S A N I TA I R E • N ° 3 - J U I L L E T 2 0 0 4 3
e n j e u x À quelques mois de la visite de l’A Villiers et La Musse se mo b en vue de l’accréditation Depuis plus de trois ans maintenant, et la qualité des soins donnés au malade, L’autoévaluation à blanc et la visite type les deux établissements hospitaliers à promouvoir une politique de dévelop- accréditation ont eu pour but de se pement continu de la qualité au sein des familiariser à la méthodologie de l’au- de La Renaissance Sanitaire établissements de santé. L’organisme toévaluation, d’identifier les points forts se sont engagés dans la démarche accréditeur établit avec les professionnels et les points d’amélioration, et, grâce au d’accréditation exigée par la loi. du système de santé des référentiels pour rapport de visite, d’identifier les actions apprécier les structures, les procédures et prioritaires à mettre en œuvre avant la Ils sont aujourd’hui à quelques mois les résultats en termes de gain de santé et phase d’accréditation finale. du passage des experts-visiteurs de satisfaction du patient. En application de l’Agence nationale d’accréditation de l’ordonnance du 24 avril 1996, cette L’exemple concret et d’évaluation en santé (Anaes), procédure est conduite par l’Anaes. de Villiers Saint Denis À Villiers Saint Denis, l’année 2003 a prévu en septembre 2004 pour Villiers L’accréditation, été marquée par : et en janvier 2005 pour La Musse. pourquoi ? • la formalisation du rapport d’autoévalua- L’accréditation s’inscrit dans une logique tion à blanc après plusieurs mois de travail de progrès d’un établissement de santé. réalisé par dix groupes (98 personnes) ; près un bref rappel de la défini- Elle accorde une place centrale au patient, • la visite à blanc réalisée par deux A tion de l’accréditation, de ses objectifs, de sa procédure, il sera fait le point sur le chemin parcouru à son parcours, à la coordination des soins qui lui sont apportés, à sa satisfaction. anciens experts-visiteurs de l’Anaes ; • la reprise du travail d’autoévaluation définitive en octobre ; par les deux établissements et sur les Procédure • la progression rapide du travail de derniers ajustements à réaliser. d’accréditation : Gppec (gestion prévisionnelle et pré- où en est-on à ventive des emplois et des compé- L’accréditation, La Renaissance Sanitaire ? tences) par la formalisation des fiches qu’est-ce que c’est ? Huit étapes caractérisent la procédure de postes et des fiches de fonction, la L’accréditation est une procédure d’éva- d’accréditation (cf. encadré ci-contre). hiérarchisation des postes, la prépara- luation externe à un établissement de L’année 2003 a été celle de l’autoévalua- tion de la mise en œuvre des entretiens santé, effectuée par des professionnels, tion à blanc et d’une visite type accrédita- annuels d’évaluation réalisés au pre- indépendante de l’établissement et de ses tion par une société extérieure de consul- mier trimestre 2004 ; organismes de tutelle, qui évalue l’en- tants pour les deux établissements de La • la mise en œuvre du programme du semble de son fonctionnement et de ses Renaissance Sanitaire. Ces consultants Clin (comité de lutte contre les infec- pratiques. Elle vise à assurer la sécurité sont d’anciens experts-visiteurs de l’Anaes. tions nosocomiales) avec, en particu- 4 LA RENAISSANCE S A N I TA I R E • N° 3 - JUILLET 2004
e n j e u x Villiers Saint Denis : Lamia Djebara, infimière préparant une chimiothérapie. Anaes bilisent lier, la sécurisation de l’eau de • de la mise en place de systèmes per- rentes phases nécessaires à l’accrédita- consommation et de l’eau chaude mettant de garantir l’intimité du tion et les délais. Le travail d’autoéva- sanitaire, la mise en place des mesures patient et la confidentialité, en par- luation définitif effectué par les diffé- de prévention des ESST (encéphalo- ticulier celle du dossier patient ; à ce rents groupes est aujourd’hui terminé, pathie spongiforme sub-aigüe trans- jour, des mesures sont en place pour le comité de pilotage est en train de le missible), la rationalisation des pres- garantir la confidentialité lors de la valider. Les instances (CME et CE) criptions de certains antibiotiques ; circulation des dossiers ; doivent le valider courant juin pour • la fin de la prise en charge préventive • de la formalisation des procédures du l’adresser à l’Anaes début juillet. des dispositifs médicaux (DM) et la circuit du linge et de la démarche préparation aux contrôles de qualité HACCP en restauration ; en ce qui L'exemple concret internes, la formalisation d’un plan concerne la restauration, le travail de de La Musse pluriannuel de renouvellement et d’ac- formalisation est réalisé. Il est en À La Musse, l'année 2003 a été mar- quisition des DM. cours à la blanchisserie ; quée par les actions suivantes : • de la poursuite du plan pluriannuel Autoévaluation et visite type de sécurité incendie (aménagements Sécurité accréditation : des actions et formation) ; • Élaboration de la « carte d’identité » prioritaires identifiées • de la formalisation des règlements Ces actions se sont inscrites dans des intérieurs des instances (CHCST/ plans planifiés entre septembre 2003 DP/Clin) ; et juin 2004. • de la signalétique interne ; Il s’agit pour l’essentiel : • de l’accueil des nouveaux salariés Six objectifs principaux • Appréciation de la qualité et de la sécurité des soins, • du dossier du patient : uniformisa- (réalisation d’un livret d’accueil) ; une attente principale des patients vis-à-vis du système de santé. tion de la forme et ajustement du • de l’évaluation annuelle des salariés. • Appréciation de la capacité de l’établissement à améliorer de façon contenu en regard de la loi du 4 mars L’année 2004 est celle de la visite d’ac- continue la qualité des soins et la prise en charge globale du patient, 2002 ; les nouveaux dossiers (médi- créditation (septembre), étape impor- grâce à la mise en œuvre d’un système reconnu de gestion cal et infirmier) sont finalisés ; tante pour l’établissement et les pro- de la qualité. • de la généralisation de prescriptions fessionnels qui se sont investis dans la • Formulation de recommandations explicites. médicales conformes à la réglemen- démarche en vue d’améliorer sans • Implication des professionnels à tous les stades de la démarche tation ; celles-ci sont maintenant en cesse la qualité des prestations. Le qualité, afin qu’ils acceptent et s’approprient les changements. majorité conformes. Des outils ont contrat d’accréditation avec l’Anaes est • Reconnaissance externe de la qualité des soins été mis en place afin de faciliter le signé. Il engage les deux partenaires dans les établissements de santé. travail médical ; (hôpital et Anaes) à respecter les diffé- • Amélioration continue de la confiance du public. LA RENAISSANCE S A N I TA I R E • N° 3 - JUILLET 2004 5
e n j e u x Dans le hall d’accueil du pavillon 3 de La Musse (gériatrie, soins de suite polyvalents), le contact avec le patient et sa famille est un moment très important pour Marie-Thérèse Pinçon (assise) et sa collègue Brigitte Schobert. En 2004, le Clud a été reconstitué. Après une formation, il a été chargé d’élaborer des protocoles communs de lutte contre la douleur. Un autre exemple de synergie est la mise en place d’un guide d’utilisation du dos- sier patient qui marque la ferme déter- mination des professionnels de travailler ensemble et de manière homogène. Changement culturel à La Musse de l’établissement qui permettra de • Finalisation du plan d’organisation L’année 2003 a été marquée par une réaliser un planning d’actions priori- interne de secours. forte mobilisation des professionnels taires à mettre en œuvre en matière • Formations incendie (ERP1 et ERP 3) et l’intérêt que chacun accorde à cette de sécurisation et de mise aux en direction du personnel des services démarche. Un changement culturel normes des locaux. techniques et de l’ensemble des ser- est en cours, nettement perceptible au vices de nuit. niveau des relations professionnelles. Les groupes de travail réunis ont été Gestion prévisionnelle une réelle force de propositions : de des emplois nombreuses procédures relatives aux La procédure d’accréditation et des compétences pratiques professionnelles, à la sécu- en huit étapes • Validation des organigrammes fonc- rité et aux aspects réglementaires ont tionnels et hiérarchiques. été écrites. • Élaboration des fiches de poste. Malgré quelques difficultés, les sala- La procédure d’accréditation est engagée à l’initiative 1 du directeur d’établissement qui adresse une demande écrite à l’Anaes, accompagnée d’un dossier d’engagement • Finalisation du livret d’accueil du nouvel arrivant. riés ont pris la démarche qualité à bras-le-corps : chacun a adapté ses de l’établissement. • Formation des personnels à l’évalua- habitudes aux exigences de la qualité, L’Anaes propose un contrat d’accréditation rappelant tion professionnelle. telle qu’elle est écrite, et à la nécessité 2 les engagements à tenir, puis elle envoie les documents d’analyse nécessaires à la phase d’autoévaluation. • Réorganisation et réflexion sur les du travail transversal. transmissions. L’établissement effectue son autoévaluation et transmet Quel avenir ? 3 les résultats à l’Anaes. Organisation Cette démarche démontre, au fil des Après réception de l’autoévaluation, la visite 4 d’accréditation est effectuée par une équipe d’experts- visiteurs. Cette équipe rédige ensuite un rapport qui s’appuie de la prise en charge • De nombreux protocoles écrits sur : années, une forte mobilisation de tous les professionnels. Elle entraîne un sur les résultats de l’autoévaluation. - l’accueil ; changement culturel, une nouvelle - le dossier patient ; méthode de travail. Cependant, cette Le rapport des experts est communiqué à l’établissement 5 pour qu’il formule ses observations. - la prise en charge médicale ; - les pratiques de soins, d’hygiène et première accréditation n’est qu’une étape du long parcours de l’amélioration Le rapport des experts et les observations 6 de l’établissement au rapport des experts sont communiqués au collège d’accréditation de l’Anaes sur la maîtrise du risque infectieux ; - la rééducation orthophonique et continue de la qualité ; il va très vite fal- loir envisager la deuxième accréditation qui examine le déroulement de la procédure, valide psychologique ; (version 2), qui se déroulera en 2008- le rapport d’accréditation comportant des recommandations, - le secteur médico-technique : 2009 et qui sera centrée sur l’évaluation fixe les modalités de suivi et arrête le délai au bout duquel une nouvelle procédure doit être engagée. domaines du laboratoire, des explora- des pratiques et des résultats. Le rapport d’accréditation est transmis par l’Anaes tions cardiaques et fonctionnelles ; Mais chaque chose en son temps… ■ 7 au directeur de l’établissement ainsi qu’au directeur de l’agence régionale de l’hospitalisation compétente. - le secteur logistique : restauration, blanchisserie et achats ; Claude Canieut Qualité, La Musse Un compte-rendu d’accréditation est transmis par l’Anaes - la gestion au sens large : direction, Jean-Paul Allard 8 à l’établissement. vigilances. Qualité, Villiers Saint Denis 6 LA RENAISSANCE S A N I TA I R E • N° 3 - JUILLET 2004
Villiers Saint Denis e n j e u x Dr Jean-Pierre Laborde. Pôle de santé De B. Kouchner à Ph. Douste-Blazy, en passant par J.-F. Mattei 1998-2005 : sept ans de travail pour délocaliser trente-trois lits Le pôle de santé, projet de coopération 1998, entre l’hôpital PSPH de Villiers Saint année de la réflexion Dès 1998, l’hôpital PSPH de Villiers Saint Denis et l’établissement public Denis et l’hôpital public de Château-Thierry de Château-Thierry, est un enjeu majeur mènent une réflexion autour d’un projet de non seulement pour les coopération sanitaire en médecine. Dans cette démarche, les enjeux sont d’importance. deux établissements et leur personnel, En effet, cette réflexion s’engage autour de la mais aussi pour l’avenir des patients délocalisation des activités de court séjour de du bassin de vie de Château-Thierry. cardiologie et de pneumologie, et de l’unité de soins intensifs de cardiologie (USIC) dont le Bien que de nombreux obstacles maintien, avec celle de Soissons dans un sec- aient été franchis, il reste encore, teur de 170 000 habitants, est fortement com- jusqu’à l’achèvement du projet, promis en raison du schéma régional d’organi- sation sanitaire en cardiologie. Schéma, des étapes décisives. d’ailleurs, sur lequel l’ARH de Picardie s’ap- Dans ce dossier, le temps est désormais puie pour signifier sa résistance au projet, bien devenu un partenaire essentiel. qu’elle-même soit sensibilisée dès l’origine à l’argumentation des deux établissements. LA RENAISSANCE S A N I TA I R E • N° 3 - JUILLET 2004 7
e n j e u x Villiers Saint Denis Villiers Saint Denis et Château-Thierry unité indispensable à la prise en charge nettement sa volonté de développer et de n’ont pas le choix : pour faire passer ce des malades cardiaques lourds, en prove- conforter ses activités de réanimation projet, dans un environnement où les nance de Paris, mais aussi à la prise en polyvalente. Pour l’ARH, le maintien établissements de santé, la population, charge des urgences cardiologiques de dans le bassin de vie de la réanimation les syndicats et les élus sont hostiles à l’établissement et du bassin de vie. polyvalente de l’hôpital public pose le toute idée de délocalisation, de solides même problème que Villiers et son Usic. arguments doivent être avancés. Il s’agit Le combat ne sera pas facile, tout le L’activité est contraire au schéma régio- de convaincre en interne mais égale- monde en est conscient. Les élus, les nal. Le Dr Fiani, inventeur de la réani- ment en externe du bien-fondé de cette syndicalistes et la population, mobilisés, mation polyvalente de Château-Thierry, délocalisation pour sauver l’Usic. savent cette activité indispensable au s’attaque à son tour très rapidement à la bassin de vie et soutiennent les actions conception du projet de coopération dont Les atouts menées par les deux établissements l’Usic de Villiers Saint Denis et la réani- de Villiers Saint Denis, pour garder l’Usic. L’unité est rapide- mation polyvalente de Château-Thierry connus et reconnus ment placée au cœur des préoccupa- représenteraient le socle. Villiers Saint Denis n’a pas hésité à tions et du projet de coopération initié mettre en valeur ses atouts nombreux et par le Dr Azorin et poursuivi par le Des soutiens politiques variés. En cardiologie, l’établissement Dr Benassar, son successeur à la prési- de tous horizons bénéficie d’une excellente réputation fon- dence de la CME de Villiers. Fort heureusement, les établissements dée non seulement sur des compétences ne se retrouvent pas seuls. Les person- médicales avérées et reconnues, mais Projet de coopération : nels médicaux et autres soignants, mais aussi sur une prise en charge globale des renfort de la également les élus, se montrent solidaires patients, qualifiée d’exemplaire à de nom- réanimation polyvalente du projet. Le député Renaud Dutreil et breuses reprises. Ce qualificatif n’est pas de Château-Thierry le maire de Château-Thierry, Dominique sans raison. En effet, l’hôpital compte Mais l’Usic de Villiers Saint Denis n’est Jourdain, bien que de convictions poli- parmi son personnel les Drs Laborde et pas la seule activité à susciter un tel com- tiques opposées, s’engagent ensemble sur Turlure, promoteurs de l’Usic de Villiers, bat. L’hôpital de Château-Thierry affiche le terrain de la coopération interhospita- lière. Au raisonnement économique s’ajoute l’argumentation politique et tech- nique du dossier. Mais ce sont les inter- ventions directes de Dominique Jourdain Effectifs sous réserve de confirmation de la T2A auprès de Bernard Kouchner et de Les personnels soignants médicaux et paramédicaux proviennent à part égale de Château-Thierry et Renaud Dutreil, devenu secrétaire d’État, de Villiers Saint Denis. Les personnels de ces établissements conservent leur statut, déroulement de carrière et niveau de rémunération. auprès de Jean-François Mattei, ministre de la Santé, qui, à chaque époque, per- Cardiologie Pneumologie Réa-Usic mettent l’accélération du projet. Équipe médicale Équipe médicale Équipe médicale 6 médecins 4 médecins 4,5 médecins L’idée de cette coopération fait son che- Équipe paramédicale Équipe paramédicale Équipe paramédicale 1 cadre infirmier 1 cadre infirmier 1 cadre infirmier min, et l’argumentation développée 1 secrétaire 1 secrétaire 1 secrétaire autour des besoins de santé locaux et 0,30 assistante sociale 0,30 assistante sociale 0,30 assistante sociale régionaux finit par convaincre les autori- 10,5 IDE 11 IDE 18 IDE tés de tutelle départementales et l’assu- 9 AS 10 AS 11 AS rance maladie. Tout s’enchaîne alors très 3 ASH 3 ASH 1 ASH 0,20 kinésithérapeute 0,60 kinésithérapeute 0,20 kinésithérapeute vite. Le 24 novembre 2003, la commis- 0,30 diététicienne 0,30 diététicienne 2 manipulateurs radio sion exécutive de l’agence régionale de 0,75 aide logistique 0,75 aide logistique l’hospitalisation de Picardie émet à l’una- 8 LA RENAISSANCE S A N I TA I R E • N° 3 - JUILLET 2004
Villiers Saint Denis e n j e u x nimité un avis favorable au projet et, le effective et la coopération définitive- Unité de soins intensifs 1er décembre 2003, l’arrêté de la direc- ment fixée, l’application de la T2A sera trice de l’ARH est signé. Quatre mois la nouvelle clé de répartition des cardiologiques : plus tard, le 7 avril 2004, la réunion qui moyens entre les deux hôpitaux, et les une partie de l’équipe. se tient à l’ARH prévoit la délocalisation résultats du PMSI du pôle de santé des activités de court séjour d’Usic, de détermineront très précisément la cardiologie et de pneumologie de Villiers contribution de chacun aux « charges » Saint Denis pour décembre 2005. de la communauté. Ce qui laisse le temps à l’hôpital de Un calendrier à respecter Château-Thierry d’achever ses travaux impérativement architecturaux et d’ouvrir une réanima- À plusieurs titres, le succès de cette hérite ici d’une lourde charge : il tion-USIC réglementaire à la place des opération est maintenant lié au temps. appartient à ceux qui dirigent l’établis- cuisines, qui seront déplacées puis Non seulement les deux établisse- sement, le gouvernent ou le contrôlent reconstruites. À cette date, le pôle de ments sont désormais contraints à une de tout mettre en œuvre pour accélé- santé sera constitué par le regroupe- mise en œuvre effective dans les trois rer les prises de décisions. ment des lits de pneumologie de ans, mais l’architecture du projet ini- 1998-2005 : les chiffres parlent d’eux- Villiers Saint Denis et de Château- tial pourrait bien être modifiée dès la mêmes. Trois ministres se seront suc- Thierry avec ceux de cardiologie des parution du Sros réanimation. Tout cédé au cours de ce septennat, sept deux établissements. repose donc sur la célérité avec années qui auront été nécessaires pour laquelle l’hôpital de Château-Thierry déplacer, de quinze kilomètres, trente- Intervention de la T2A déposera les dossiers d’appel d’offres trois lits de court séjour. Au pays de Jean (tarification à l’activité) concernant la création d’une cuisine de La Fontaine, la tortue a eu raison du Restera un élément essentiel au dossier : provisoire et la construction de la lapin. ■ jusqu’à ce que la délocalisation soit réanimation-USIC. Château-Thierry Frédérique Yonnet LA RENAISSANCE S A N I TA I R E • N° 3 - JUILLET 2004 9
e n j e u x Dossier Personnes âgées Une partie de l’équipe du département soins de suite polyvalents et gériatriques à Villiers Saint Denis Maladie d’Alzheimer, déroutante et alarmante Le vieillissement démographique n Français qui atteint 60 ans a la prise en charge de cette maladie est auquel nous assistons aujourd’hui pourrait être en soi une bonne nouvelle U encore vingt ans à vivre. Cette même personne a ainsi en moyenne trois chances sur quatre d’at- actuellement de 4,6 milliards d’euros. Toujours en France, 0,5 % du PIB est consacré à la dépendance. Ailleurs, ce puisqu’il traduit le résultat teindre l’âge de 80 ans, auquel s’ajoutent chiffre s’échelonne de 0,4 à 1 %. L’Italie huit années supplémentaires à compter et l’Allemagne sont des pays particulière- d’un allongement de l’espérance de vie… de cet âge. Cet allongement ne saurait ment touchés, et la maladie d’Alzheimer faire oublier les nouvelles et prochaines fera partie des questions auxquelles il ne solidarités entre les générations, maillon sera plus possible de se dérober. La essentiel de notre vie en société. En Commission européenne alertée par les effet, ce sont environ 2 millions de per- experts fait du coût de cette maladie une sonnes qui seront touchées par la mala- priorité dans ses démarches. Encore faut- die d’Alzheimer en France d’ici 2020. Si, il qu’elle soit entendue. depuis les années 1990, la population est sensibilisée à cette maladie, elle Au-delà de ce coût, il y a l’accueil du reste encore trop confidentielle et réel- malade atteint d’Alzheimer. En effet, La dépendance lement prise en compte par les individus selon les différentes recherches entre- La notion de dépendance a été proposée uniquement lorsqu’un proche en est prises, les patients atteints de cette dès les années 1970 par des spécialistes des sciences humaines comme atteint. La démarche actuelle vis-à-vis maladie verraient leur dégradation plus le psychologue Joep Munnichs de la maladie d’Alzheimer ressemble à lente à domicile que dans des institu- et le sociologue Wim Van Den Heuvel, s’y méprendre à celle que beaucoup tions. Le nombre de malades vivant à tous deux néerlandais, qui mettaient d’acteurs économiques et politiques domicile reste très nettement majori- l’accent sur la dimension relationnelle avaient vis-à-vis du handicap, mieux taire pour atteindre les 70 %. Il est vrai de la dépendance. intégré à présent, mais il reste encore que décider du placement définitif En France, le premier rapport, remis en 1979, beaucoup à faire. En ce qui concerne la d’une personne sur un seul diagnostic désigne par « personne âgée dépendante » tout vieillard qui, « victime d’atteintes maladie d’Alzheimer, il est grand temps paraît périlleux, et beaucoup de méde- à l’intégralité de ses données physiques de se poser des questions d’ordres finan- cins sont convaincus que la décision de et psychiques, se trouve dans l’impossibilité cier, économique et philosophique. placement doit être prise une fois de s’assumer pleinement et, par là même, toutes les autres possibilités épuisées. doit avoir recours à une tierce personne pour accomplir les actes ordinaires de la vie ». Anticipation Il devient donc essentiel de travailler à en coûts et moyens un réseau de soins efficace. Parmi les En 1999, la Fondation nationale de gérontologie rédige la charte La Commission européenne, dans le solutions préconisées, le développe- des droits et libertés de la personne âgée cadre de ses interventions, sollicite ment de l’accueil de jour constitue dépendante ayant pour objectif principal actuellement les différents pays afin que l’une des réponses à condition que de reconnaître la personne âgée dépendante ceux-ci ne soient pas pris au dépourvu celui-ci dispose de personnels interve- et de préserver ses droits au même titre face à la maladie d’Alzheimer. Si l’on s’at- nant de façon constante tels que les que tout autre citoyen. tache à la France, le coût que représente psychologues et les infirmières, mais 10 LA RENAISSANCE S A N I TA I R E • N° 3 - JUILLET 2004
Dossier Personnes âgées e n j e u x aussi selon les besoins des patients, les d’informations. sonne atteinte par la maladie psychomotriciens, les orthophonistes, C’est là que les associations telles que d’Alzheimer. Il est primordial de stimuler les masseurs-kinésithérapeutes, les France Alzheimer, mais aussi les pouvoirs le malade par des activités courtes récla- ergothérapeutes, les aides-soignants. publics, ont un rôle essentiel à jouer, y mant attention et concentration où le Pour le Dr Schneider, gériatre à l’hôpi- compris dans la création de structures manuel et l’intellectuel se mêlent ». La tal Villiers Saint Denis, « il faut une qui font aujourd’hui cruellement défaut. maladie d’Alzheimer concerne tout le prise en charge adaptée et, dans le cas Il s’agit désormais de trouver des prises monde. Dire à une personne de 40 ans d’une déshydratation ou d’une affection en charge complémentaires originales, à qu’elle a toutes les chances de devenir urinaire, pouvoir hospitaliser pour sta- l’instar de l’atelier mémoire, aujourd’hui centenaire mais sans être obligatoirement biliser ». à un stade débutant. Cette structure, en totale possession de ses moyens est un Tout ce personnel fait partie d’un réseau encadrée par des professionnels de santé, message politiquement difficile à faire de surveillance, d’aide et d’alerte. serait organisée autour d’activités de passer, a fortiori dans un cadre où le sou- 1. La Maladie L’objectif est de taille : assurer au patient courte durée telle la cuisine thérapeu- tien entre les générations est essentiel. d’Alzheimer, des activités adaptées à ses capacités et à tique. Pour le Dr Schneider, « il faut uti- Un autre regard sur le vieillissement doit éditions Odile ses besoins, mais aussi offrir à l’entourage liser le capital restant de chaque per- être désormais posé. Jacob, 2004. familial un peu de répit et d’aide psycho- logique. Comme le souligne Hubert Aupetit1, « la question à se poser quand on a l’impression de ne plus pouvoir Références… endurer est donc : “Ai-je bénéficié de toutes les aides, de tous les soutiens pos- « Qu’est-ce que la longévité ? de souvenirs, au castillan, que je ne Et les choses endormies sibles ?” Pour l’auteur, « des équipes de C’est l’horreur d’être dans un corps sais pas manier, à la nostalgie du latin, Dont nul cœur ne se souvient ? humain dont les facultés s’amenuisent, que je ne sais pas, à vouloir m’enfoncer Écho de l’horloge gériatrie arrivent ainsi, en animant un c’est une insomnie qui se mesure dans la mort et à ne pouvoir le faire, Je m’assis large réseau d’intervenants médico- en décades et non point avec à être et à continuer d’être. » Dans une clairière du temps. sociaux dans un quartier ou dans une des aiguilles d’acier, c’est le poids José Luis Borges, Le Chiffre C’était un bassin de silence région […], à prolonger le maintien à de mers et de pyramides, d’anciennes NRF Gallimard, 1981 De blanc domicile pendant des années, voire jus- bibliothèques et de dynasties, Chanson d’automne Silence. » qu’au bout ». Pour parvenir à se poser d’aurores qu’Adam a vues, c’est ne pas ignorer que je suis (1918, Grenade) Federico García Lorca toutes ces questions, il faut effectivement condamné à ma chair, à ma voix « Si la mort est bien la mort Poésie I (1921-1922) avoir épuisé non seulement les réseaux détestée, à mon nom, à une routine Que deviendront les poètes NRF Poésie Gallimard, 1954 médicaux mais également les réseaux LA RENAISSANCE S A N I TA I R E • N° 3 - JUILLET 2004 11
e n j e u x Dossier Personnes âgées Approche philosophique tés, ce faisant, à exclure certains indivi- dire qu’en dépit des difficultés rencon- d’une société dus d’une participation pleine et entière trées par un malade d’Alzheimer pour de consommation à notre société et parfois même de les effectuer les gestes ordinaires de la vie Désormais, il revient à une société res- exclure de la protection emmenée par les quotidienne, il lui reste, pendant long- ponsable de se poser des questions droits humains. Dans une société qui temps, une forme de pensée. d’ordre philosophique qui ne doivent pas met l’emphase sur l’autonomie, l’indé- Pour Hubert Aupetit, « ce n’est pas parce rester entre les seules mains du ministère pendance, les aptitudes mentales, les que les mots font défaut qu’il faut en de la Santé et de Bercy. Cette vision est compétences et l’expression verbale, les déduire que la pensée n’est plus »… ■ d’autant plus problématique qu’elle vise personnes souffrant de démence sont Frédérique Yonnet à exclure ce que le philosophe Michel souvent marginalisées et ne jouissent pas Foucault appelait « le savoir des gens », de leurs droits, privilèges et protections c'est-à-dire l’expérience réellement vécue fondamentaux ». Cette question boule- des individus atteints par cette dégéné- verse bien des préjugés. Si le grand âge et rescence ou par les proches. Or, nous ses drames ne sont pas regardés avec un assistons aujourd’hui à un non-lieu reli- œil bienveillant, s’il n’est pas admis dans gieux et philosophique. L’absence de nos sociétés qu’ils font partie intégrante Bibliographie débat réel sur la place de l’homme vieillis- de notre vie, nous risquons de nous heur- Hubert Aupetit, « La Maladie d’Alzheimer », sant dans la société est particulièrement ter à un sévère conflit de générations et à Odile Jacob, 2004. inquiétante, et nous en sommes restés à l’apparition de nouvelles formes de bar- Hubert Aupetit, « La Maladie d’Alzheimer l’évocation de l’idée de mort ou d’éternel barie développées face à une prise en au quotidien », Odile Jacob, Paris, 1991. retour. Excepté dans certains mythes, on charge nouvelle. Sans une vigilance de Khosravi Mitra, «Aimer et accompagner ne revient pas sous la forme d’une per- tous les instants au sujet de certaines le malade d’Azheimer », Marabout, Paris, 1993. 2. Chercheur Major Ruth Lapierre, « L’Alzheimer - sonne âgée. L’homme vieillissant est soi- idées véhiculées, le débat sur l’euthana- au Murray Vivre avec l’espoir », Sand, 1989. Alzheimer Research gneusement occulté, sauf à considérer sie – toujours et fort heureusement Sawako Ariyoshi, « Les Années du crépuscule », and Education celui-ci sous la forme d’un « sage » philo- ouvert – risque de prendre une tournure Stock, Paris, 1986. Program (Marep), sophant, ce que n’est plus justement, à laquelle on ne s’attend pas obligatoire- université de J. Bernelf, « Chimères », Calmann Lévy, 1988. sous nos yeux, le malade atteint ment. Il ne s’agit donc plus d’un défi éco- Waterloo, Canada. Michèle Micas, « Comment vivre avec une d’Alzheimer. Pour Timothy D. Epp 2, « en nomique mais aussi d’un défi éthique 3. The Moral personne âgée », Josette Lyon, Paris, 1988. tant qu’êtres humains, nous attribuons fondé sur « le principe d’égalité en dépit Challenge of Yasushi Inoué, « Histoire de ma mère », Alzheimer Disease, du sens et de la valeur à notre environne- des différences au plan cognitif » comme Stock, Paris, 1987. Johns Hopkins ment et à tout ce que cela comprend. le précise le Pr Stephen Post 3. En effet, Charles Ronsac, « On ne se lasse pas d’aimer », University, 2000. Cependant, nous sommes souvent por- beaucoup de médecins s’entendent pour Robert Laffont, Paris, 1992. Huguette Drera, Patrice Brocker, « Un tabou nommé Alzheimer », Ellipses, 1999. Marianne Roach, « La Mémoire blessée - Quelques chiffres… Alzheimer : un autre nom pour la folie », La Manufacture, Lyon, 1986. … les malades de la santé, 240 millions de personnes Yvon Lamour, « L’Âge de déraison : L’enquête Paquid, menée dans le sud-ouest pourraient présenter une démence de type maladie d’Alzheimer et vieillissement du cerveau », de la France pendant plus de dix ans, révèle Alzheimer en 2025. Les statistiques Plon, Paris, 1990. que l’évolution du risque de démence (toutes montrent également que la proportion catégories confondues) en fonction de l’âge est de femmes touchées est de 1,5 à 2 fois relativement stable avant 75 ans : 3,5 entrées en supérieure à celle des hommes. maladie pour 1 000 personnes sont recensées Enfin, la mortalité directement imputable par an. Après 75 ans, les chiffres se portent à la maladie d’Alzheimer est faible, et les Sources d’information à 60 nouveaux cas pour 1 000 personnes par personnes atteintes de cette maladie meurent • Dr Guy Schneider, gériatre an. De toutes ces démences, la maladie plus souvent d’une cause circulatoire, à l’hôpital Villiers Saint Denis. d’Alzheimer a la proportion la plus importante. respiratoire ou infectieuse. Si l’âge d’entrée • Sylvain Allemand « Vieillissement : Près de 800 000 personnes sont actuellement dans la maladie ne semble pas avoir une haro sur les experts ? », Sciences humaines, touchées par la maladie d’Alzheimer en France. incidence directe sur la durée de vie hors série n°44, 2004. Le rapport Cayet du Conseil économique (entre 8 et 10 ans), le fait de vivre • « Entre des espoirs et désespoir », et social (n° 98) estime à 2 millions le nombre en institution allonge celle-ci. MNH revue n°142, novembre 2003. de Français qui seront touchés par cette • « Qu’est-ce que la maladie d’Alzheimer ? », … le coût maladie en 2020. Le nombre de personnes Santé mentale, tiré à part extrait du n°67, âgées susceptibles de développer des Le coût global de la maladie d’Alzheimer septembre 2002. pathologies mentales serait multiplié en France est estimé à 4,6 milliards d’euros. par six dans les cinquante ans à venir. • www.alzheimer-net.ch La prise en charge financière est lourde : En 2040, le nombre de sexagénaires aura 60 euros par jour pour une surveillance • www.maladie-alzheimer.com doublé, celui des octogénaires triplé. Selon de 8 heures, 3 000 à 4 000 euros par mois • www.fehap.fr les prévisions de l’Organisation mondiale pour une garde de 24 heures. • www.geronto.org 12 LA RENAISSANCE S A N I TA I R E • N° 3 - JUILLET 2004
Dossier Personnes âgées e n j e u x Maladie d’Alzheimer La consultation mémoire Le diagnostic toujours plus précoce Il semble aujourd’hui pertinent de pro- • Mise en place d’un projet de soin et de des pathologies cognitives, mouvoir, à l’instar d’autres expériences suivi. européennes, un binôme comprenant • Information du patient et de sa au premier rang desquelles se situe une «consultation mémoire» associée à famille. la maladie d’Alzheimer, un hôpital de jour, afin de proposer une Les patients sont adressés par leur conduit à préconiser des interventions prise en charge globale. médecin traitant ou par la filière hospi- talière ; la demande est un bilan des multifocales tout aussi précoces Objectifs troubles de la mémoire ou des troubles qui visent à retarder l’évolution de la «consultation mémoire» comportementaux associés. vers la perte d’autonomie • Dépistage et évaluation des troubles cognitifs en rapport avec : Déroulement et les stades sévères. - les pathologies démentielles dégénéra- de la «consultation mémoire» tives (maladie d’Alzheimer, démence Dans un premier temps (consultation incidence des troubles cognitifs fronto-temporale, démence à corps de initiale), le médecin réalise : L’ a conduit à diversifier la propo- sition de soins. Les années 1980 ont vu l’avènement des memory Lewy, démence de la maladie de Parkinson, démence cortico-basale) ou non dégénératives (démence vasculaire); • une anamnèse précise des troubles (mode de début, évolution, antécé- dents personnels et familiaux, patho- clinics dans les pays anglo-saxons. Ces - les troubles cognitifs légers ou MCI logies associées, traitement en cours) ; centres, apparus en France dix ans (Mild Cognitif Impairment), entité • une biographie rapide ; après, ont pour objectif premier l’éva- considérée à haut risque d’évolution • une évaluation des troubles affectifs et luation et le suivi des troubles cognitifs démentielle ; comportementaux ; avec, comme limite, la prise en charge - les états anxio-dépressifs du sujet âgé • un examen somatique minutieux, en essentiellement pharmacologique. accompagnés de troubles cognitifs. particulier neurologique ; Qu’est-ce que la maladie d’Alzheimer ? a maladie d’Alzheimer est la forme toute son importance, car, selon Les troubles Recherche et traitements L la plus répandue de la démence. Ce n’est pas une manifestation normale le Dr Schneider, « l’expérience montre que plus cette maladie est prise Certains symptômes peuvent apparaître dès le début de la maladie : Certaines familles semblent plus touchées par la maladie d’Alzheimer, de la vieillesse mais une maladie dont en charge tôt et plus on retarde troubles de la mémoire, de la parole, même si celle-ci n’est pas inscrite les symptômes doivent être traités. Elle la dégradation de l’individu ». de la pensée, de l’humeur, difficultés aujourd’hui parmi les maladies est caractérisée par une détérioration Le diagnostic précoce permet en outre d’orientation, de coordination. génétiques. L’Inserm, et plus progressive des fonctions cognitives, d’éliminer les autres causes possibles La maladie d’Alzheimer est souvent particulièrement le laboratoire de Lille, c'est-à-dire de la pensée abstraite de maladies qui pourraient être accompagnée de dépressions, très actif dans ce domaine, travaille et logique, et par des lésions guérissables, d’envisager un traitement d’obsessions, de forte agitation, sur les gènes, et ce à partir d’autopsies. neuropathologiques spécifiques, précoce rendant les symptômes plus d’insomnies, voire d’agressivité. En effet, le vrai diagnostic reste post c'est-à-dire un nombre accru de cellules supportables pour la personne atteinte, Troubles visio-spatiaux restent mortem, comme celui de la maladie nerveuses nécrosées, ainsi mais aussi pour les proches, de planifier les plus évocateurs de la maladie. de Creutzfeld-Jakob. Quant à l’IRM, qu’un déséquilibre de certains l’avenir le plus tôt possible afin de Un médecin se rendra compte les Américains élaborent des logiciels neurotransmetteurs chimiques prendre le plus grand nombre de par exemple chez un patient non atteint d’une grande précision qui permettent spécifiques. Plutôt diagnostiquée décisions lorsqu’on est atteint soi-même. d’Alzheimer, d’hallucinations associées de travailler en 3D. Très utile, l’IRM vers 65 ans, la forme la plus précoce Si, à ce jour en effet, il n’y a pas à une fièvre . Chez le malade atteint permet d’évaluer la vitesse de disparition est apparue chez une personne de moyen réel d’empêcher la maladie d’Alzheimer, le diagnostic est plus des neurones dans certaines zones de 29 ans, fait rarissime. d’Alzheimer, il existe néanmoins compliqué, car l’hallucination peut passer prédéfinies. Au plan thérapeutique, C’est une maladie insidieuse et lente des moyens pour ralentir relativement inaperçue, au même titre nous disposons de deux familles pour laquelle le dépistage précoce revêt son développement. que la complication qui l’accompagne. de médicaments. LA RENAISSANCE S A N I TA I R E • N° 3 - JUILLET 2004 13
Vous pouvez aussi lire