Reconciliation - Canadian Society of Landscape Architects

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Reconciliation - Canadian Society of Landscape Architects
VOL. 21_NO. 3_2019
FALL | AUTOMNE

                                                              O N L I N E E X C L U S I V E S
                                                        E X C L U S I V I T É S E N L I G N E

                                                       T R A N S L A T I O N S   |   F R   >   E N
                                                         T R A D U C T I O N S   |   E N   >   F R
 L’ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU CANADA
 THE CANADIAN SOCIETY OF LANDSCAPE ARCHITECTS

                                                                       reconciliation
Reconciliation - Canadian Society of Landscape Architects
LANDSCAPES +                             CONTENT | CONTENU
   PAYSAGES

   VOL. 21_NO. 3_2019
                                            TRANSLATIONS | FR > EN
   FALL | AUTOMNE                           TRADUCTIONS | EN > FR

                                            ESSAY | ESSAI

                                            EN_2019 CSLA CONGRESS: ACKNOWLEDGEMENT,
                                            AWARENESS, ENGAGEMENT
                                            > FR_LP+ CONGRÈS 2019 DE L’AAPC :
                                            RECONNAISSANCE, SENSIBILISATION, MOBILISATION
                                            GRANT FAHLGREN

                                            INTERVIEW | ENTREVUE

                                            EN_WALKING A COMMON PATH – THE INDIGENOUS
                                            PEOPLES’ GARDEN
                                            > FR_LP+ SUR UN MÊME SENTIER : LE JARDIN
reconciliation

                                            DES AUTOCHTONES
                                            D. THOMAS, M. GRIFFITH, C. THOMAS + MONICA GIESBRECHT

                                            FOCUS | FOCUS

                                            EN_WIIJE’WINEN – COME WITH US
                                            > FR_LP+ WIIJE’WINEN – VIENS AVEC NOUS
                                            S. COOKE, C. CRAWFORD + J. DEWOLF

                                            FR_LE JARDIN DES PREMIÈRES NATIONS – PROCESSUS REVU
                                            ET COMMENTÉ
                                            > EN_LP+ THE FIRST NATIONS GARDEN: RECONCILIATION
                                            THROUGH NATURE
                                            VINCENT ASSELIN

                                            EN_NIKIBII DAWADINNA GIIGWAG – FLOODED VALLEY HEALING
                                            > FR_LP+ NIKIBII DAWADINNA GIIGWAG : LA GUÉRISON DE LA
                                            VALLÉE INONDÉE
                                            ELDER WHABAGOON, L. MARGOLIS, L. PICCINNI
                                            + S. BOUDREAU MARGOLI

                                            EN_BEYOND NATURAL RESOURCES: CREE CULTURE
                                            AND LANDS AS AN ECOTOURISM OPPORTUNITY
                                            > FR_LP+ AU-DELÀ DES RESSOURCES NATURELLES :
                                            LE POTENTIEL ÉCOTOURISTIQUE DE LA CULTURE ET
                                            DES TERRES CRIES
                                            ROBIN MCGINLEY + MARIE-PIERRE MCDONALD

                                            EN_DOING GOOD WORK: LEARNING TRUTH AND
  COVER | EN COUVERTURE                     RECONCILIATION THROUGH NORTHEAST FALSE CREEK PARK
  CEREMONIAL FIRE NODE AT THE HEART         > FR_LP+ FAIRE DU BON TRAVAIL : APPRENDRE LA VÉRITÉ
  OF THE ASSINIBOINE PARK INDIGENOUS
  PEOPLES’ GARDEN, WINNIPEG | UN            ET LA RÉCONCILIATION À TRAVERS LE PARC DE
  NŒUD DE FEU DE CÉRÉMONIE AU               NORTHEAST FALSE CREEK
  CŒUR DU JARDIN AUTOCHTONE DU
  PARC ASSINIBOINE, WINNIPEG                JORDAN LYPKIE
  PHOTO DAVID THOMAS DESIGN COLLABORATIVE
  + HTFC PLANNING & DESIGN WITH THE FLAT                                                             FIRE NODE WALLS
  SIDE OF DESIGN VISUALIZATION EXPERTS                                                               PHOTO DAVID THOMAS

  2 LANDSCAPES | PAYSAGES
Reconciliation - Canadian Society of Landscape Architects
LP+                  ONLINE EXCLUSIVES
                     EXCLUSIVITÉS EN LIGNE

01/                                                                   EN_WHAT IS SAFE SPACE?
                       PHOTO HTFC PLANNING AND DESIGN

                                                                      DAVE THOMAS, MAMIE GRIFFITH, CHEYENNE THOMAS
      FOUNDATIONS AT KASKA

                                                                      AND MONICA GIESBRECHT
      BARBARA GORDON &

02/                                                                   EN_BUILDING FOR A BRIGHTER FUTURE –
      LITTLE GRAND RAPIDS ABBALAK

                                                                      NEW FIRST NATION SCHOOLS IN MANITOBA
      THUNDERSWIFT MEMORIAL

                                                                      DON HESTER
      SCHOOL FROM THE AIR
                                                   PHOTO DON HESTER

                                                                                                                     FALL | AUTOMNE 2019 3
Reconciliation - Canadian Society of Landscape Architects
ESSAY

GRANT FAHLGREN

CONGRÈS
2019
DE L’AAPC :
Reconnaissance
Sensibilisation
Mobilisation

                         1

LE CONGRÈS 2019 DE L’AAPC, tenu à                de l’enquête sur les femmes et les filles        En reconnaissance des survivants de
Vancouver, a fait progresser la profession       autochtones assassinées et disparues. Elle       la violence et du racisme, on a érigé un
d’architecte paysagiste au Canada sur            a aussi parlé des proches qu’elle a perdus.      « totem des survivants » au parc Pigeons,
la voie de la réconciliation. Le thème du        Elle sensibilise à cette cause à travers sa      dans le Downtown Eastside de Vancouver.
congrès, Réconciliation : reconnaissance,        troupe de danse Butterflies in Spirit (www.      C’était l’une des étapes de la visite guidée
sensibilisation et mobilisation, devait          facebook.com/ButterfliesBIS), qu’elle a          proposée, pendant le congrès, dans ce
susciter questionnements et réflexions           formé pour autonomiser les femmes de             quartier qui abrite une grande population
chez les praticiens, les universitaires          sa communauté.                                   autochtone urbaine. Il était important que
et les étudiants en architecture de                                                               les participants au congrès puissent voir
paysage qui travaillent en territoire            Puis, ce fut au tour du chef Stewart             d’eux-mêmes les problèmes et les actions
traditionnel autochtone.                         Phillip de raconter ses expériences,             dont on discutait, pour comprendre les
                                                 les problèmes importants auxquels les            moyens à prendre. Ce totem est le fruit
Reconnaissance                                   peuples autochtones sont confrontés              d’une « collaboration de trois ans entre
Le congrès a été inauguré par Audrey             et l’action politique requise de la société      les défenseurs du quartier, les Premières
Siegl, membre des Musqueam, l’une                pour les régler. Il a partagé sa propre          Nations, les membres de la communauté
des trois nations (les deux autres étant         perte en relatant le décès de son fils d’une     LGBTQ et les survivants du racisme
les Squamish et les Tsleil-Waututh) sur          surdose à l’âge de 42 ans. Chacun de             japonais, chinois et sud-asiatique ».
le territoire desquelles Vancouver est           ces conférenciers vit l’héritage colonial        Ces groupes ont fait don du totem à la
érigée. Audrey a accueilli l’assistance sur le   à sa manière. Beaucoup ont besoin de             Commission des parcs de Vancouver, qui
territoire des Musqueam, conformément            partager ces histoires pour guérir, malgré       a fourni 50 000 $ pour son installation. Son
au protocole de son peuple. Elle a parlé         la difficulté d’en revivre le traumatisme.       érection couronne des années d’efforts
des nombreux défis auxquels sont                 Mais ils ont saisi l’occasion d’en parler à un   communautaires. La cérémonie potlatch
confrontés les Musqueam et les autres            public de collaborateurs potentiels qui ont      a adopté les protocoles des nations Coast
peuples autochtones, en plus de remercier        le pouvoir d’éviter ces traumatismes aux         Salish et Haida.*
notre profession de participer à cette           générations futures.
conférence et de s’engager dans la
réconciliation. Son amie Lorelei Williams
a ensuite présenté ses efforts en faveur

4 LANDSCAPES | PAYSAGES
Reconciliation - Canadian Society of Landscape Architects
ESSAI

2

           Notre pays et notre profession doivent          Sensibilisation
           reconnaître les torts qu’ont causés et que      Le deuxième discours a été prononcé par
           causent encore les politiques coloniales        Julian Napoleon, membre de la Première
           aux peuples autochtones. Il est important       Nation Saulteau de la vallée de la rivière
           d’affronter la vérité de notre histoire         de la Paix. Il travaille à la protection des
           nationale au lieu de se contenter de la         ressources écologiques importantes
           version sélective enseignée depuis trop         pour sa culture et à la sensibilisation aux
           longtemps. Notre histoire commune inclut        impacts du développement sur les terres,
           les pensionnats indiens, la rafle des années    l’eau, la souveraineté alimentaire et les
           soixante, la dépossession des terres, les       communautés autochtones. Dans sa
           politiques racistes systématiques et le         présentation, Julian a relaté l’histoire de
           génocide des peuples autochtones, en            son territoire d’origine, les changements
           particulier des femmes et des filles. Pour      qu’il a subis du fait de l’extraction des
           espérer rétablir les relations avec les         ressources, de la fracturation et de
           peuples autochtones du Canada, il faut          la foresterie, ainsi que ceux anticipés
           s’attaquer à ces injustices et aux injustices   du projet de barrage de Site C, un
           qu’ils vivent encore.                           développement hydroélectrique massif.
                                                           Son histoire parle du déséquilibre des
                                                           pouvoirs entre les centres urbains et les
                                                           vastes territoires d’où proviennent les
           1 DENIS THOMAS, COORDONNATEUR DU
           DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE DU TSEIL-WAUTUTH,
                                                           ressources. Le congrès avait lieu à quelque
           FAIT VISITER LE TERRITOIRE TRADITIONNEL AUX     700 km de la vallée de la rivière de la Paix,
           DÉLÉGUÉS DU CONGRÈS 2 LE INDIAN RESIDENTIAL
           SCHOOL HISTORY AND DIALOGUE CENTRE À
                                                           à Vancouver, dont les futures demandes
           L’UNIVERSITY OF BRITISH COLUMBIA, CONÇU PAR     énergétiques (comme celles des autres
           FORMLINE ARCHITECTS, ET LES PAYSAGES CONÇUS
           PAR PFS STUDIO 3 AUDREY SIEGL, MEMBRE DE LA
                                                           zones urbaines de la province) guident les
           NATION MUSQUEAM, SOUHAITE LA BIENVENUE AUX      décisions de la société d’État BC Hydro.
           DÉLÉGUÉS DU CONGRÈS 4 CHEF STEWART PHILLIP
           PARTAGE SON HISTOIRE AVEC LES DÉLÉGUÉS
                                                           Et celles-ci modifieront radicalement le
    3, 4   PHOTOS 1,2 GRANT FAHLGREN 3,4 JEAN LANDRY       territoire national des Saulteau. Beaucoup

                                                                                  FALL | AUTOMNE 2019 5
Reconciliation - Canadian Society of Landscape Architects
ESSAY

                                                                                                3. La méthode se fonde sur des processus,
                                                                                                   l’accent étant mis sur l’observance
                                                                                                   des protocoles autochtones et la
                                                                                                   hiérarchisation des méthodologies
                                                                                                   autochtones.

                                                                                                4. La conception doit être spécifique au
                                                                                                   lieu, l’accent étant mis sur le rapport
5                                                                                                  de culture à lieu et où l’apprentissage
                                                                                                   professionnel est « réalisé sur place avec
de citadins ne sont pas conscients de           l’inlet Burrard depuis plusieurs décennies.        les habitants de la place, permettant
ces déséquilibres et de la manière dont         La présence du terminus du pipeline                ainsi l’émergence de paysages riches en
les décisions affectent des territoires         Kinder Morgan planait sur notre croisière.         histoire et en histoires ».
très éloignés d’eux. Si l’exploitation des      Bien que le Grand-Vancouver détienne
ressources affecte les territoires éloignés,    beaucoup de pouvoir dans la province, il        L’Indigenous Placekeeping Framework
c’est que ceux-ci ont une population            est également soumis à des forces plus          vise à émanciper les professionnels de
relativement petite et qui manque de            importantes qui influencent les décisions       la conception des pratiques enracinées,
représentation politique pour contrer les       liées à son environnement.                      à élargir leurs perspectives et à les
grandes forces politico-économiques.                                                            sensibiliser aux groupes autochtones avec
Les peuples autochtones dont la culture         Prendre conscience des problèmes                lesquels ils collaborent. Ce recadrage de la
est rattachée à ces lieux ne peuvent            auxquels sont confrontés les peuples            pratique, les concepteurs qui l’ont présenté
pas simplement se relocaliser après la          autochtones est importants, mais, pour          au congrès l’ont appliqué un peu partout
dévastation du développement.                   résoudre ces problèmes en collaboration,        au Canada. Tout au long de l’histoire de
                                                nous devons aussi nous familiariser avec        notre pays, c’est la société au sens large
Dans la région métropolitaine de                leurs forces sous-jacentes. Bon nombre          qui a demandé aux peuples autochtones de
Vancouver, de nombreux sites culturels          des problèmes auxquels sont confrontés          s’adapter à ses habitudes. Ce faisant, elle a
autochtones ont disparu ou sont menacés.        les peuples autochtones sont le symptôme        complètement raté la valeur inhérente des
Cependant, il y a eu quelques succès en         de causes plus profondes, inhérentes            modes de connaissance autochtones. La
cours de route. Whey-ah-Wichen est un           aux systèmes coloniaux. Examiner nos            mobilisation ne consiste pas simplement
parc et un ancien village d’été maintenant      hypothèses et repenser ces systèmes est         à aider les peuples autochtones, mais
gérés conjointement par les Tsleil-Waututh      crucial, mais impossible sans une prise de      aussi à apprendre de nouveaux points
et le district de Vancouver-Nord. Dans ce       conscience de l’ampleur de leur influence.      de vue accessibles uniquement par la
parc, les Tsleil-Waututh exploitent Takaya                                                      collaboration.
Tours, une entreprise qui organise des          Mobilisation
excursions dans de grands canots. Les           La professeure Wanda Dalla Costa, de            Le congrès n’avait pas pour but de fournir
participants au congrès y ont eu droit,         la Première Nation de Saddle Lake en            des réponses absolues, mais plutôt
d’ailleurs.                                     Alberta, a donné la dernière conférence.        d’encourager les participants à faire un pas
                                                Elle occupe des postes à l’école de design      en avant. D’après les questions posées, il
Notre groupe a eu la chance d’avoir             et à l’école de construction de l’Université    était clair que la réconciliation peut nous
Denis Thomas comme guide. Denis a               de l’Arizona. Sa présentation portait sur       sembler une tâche accablante. Le large
fondé Takaya Tours en 1999. Il occupe           des projets créés à l’aide du Indigenous        éventail de travaux présentés illustre bien
maintenant le poste de coordonnateur            Placekeeping Framework, une méthode             la diversité des moyens mis en œuvre par
du développement économique de la               de recherche conceptuelle qu’elle a             les professionnels de l’architecture de
nation Tsleil-Waututh. Il a partagé avec        développée au fil de ses travaux pour           paysage, les éducateurs et les étudiants
nous des chansons de son peuple. Nous           soutenir « la construction d’une nation »       pour participer. Bien que personne ne
avons navigué le long du littoral de Whey-      dans les communautés autochtones.               puisse à lui seul relever un tel défi, nous
ah-Wichen et autour de la pointe pour           Celle-ci repose sur quatre éléments clés :      pouvons y arriver par un effort collectif,
observer Deep Cove et, au loin, Indian                                                          qui s’étendra sur plusieurs générations, où
Arm, le territoire traditionnel des Tseil-      1. Elle est dirigée par la communauté.          chacun posera sa pierre.
Waututh. Au cours de cette sortie, nous            Le rôle du concepteur est d’aider ses
avons entendu des histoires sur les villages       membres à élaborer les paramètres et
de cette nation et les efforts déployés            les méthodes du projet ; le professionnel
pour protéger les amas coquilliers dans le         n’est plus le « centre de la production de   *Pour plus d’informations sur l’érection du Totem
parc. Ceux-ci sont chargés d’une histoire          connaissances ».                             des survivants, consultez le www.cbc.ca/news/
qui prouve la présence de ce peuple et                                                          canada/british-columbia/survivors-totem-pole-
ses droits sur ces terres. Denis a raconté      2. Il y a alignement réciproque, par le biais   vancouver-downtown-eastside-1.3838801
que, récemment, un petit groupe d’orques           de relations établies entre les parties,
est arrivé à l’endroit où nous étions. Ils ne      permettant l’apparition de priorités
s’étaient pas aventurés aussi loin dans            communes et d’une compréhension.             PHOTO 5 JEAN LANDRY

6 LANDSCAPES | PAYSAGES
Reconciliation - Canadian Society of Landscape Architects
LACF
       LANDSCAPE
       ARCHITECTURE
       CANADA

FAPC
       FOUNDATION
       FONDATION
       D’ARCHITECTURE
       DE PAYSAGE
       DU CANADA

  LACF-FAPC is a national charitable organization
  established in 1988 by members of the Canadian
  Society of Landscape Architects [CSLA]

                                                    learn more/
                                                    en savoir plus

                                                    > lacf.ca

                                 THE ESSENCE OF TIME
                                 L’ESSENCE DU TEMPS
                                 2020 CSLA Congress • Congrès AAPC 2020
                                 June 18 - 20, 2020 • 18 - 20 juin 2020
                                 Calgary, Alberta

                                                                  FALL | AUTOMNE 2019 7
Reconciliation - Canadian Society of Landscape Architects
INTERVIEW

SUR UN MÊME SENTIER :
Le jardin des Autochtones au Diversity Gardens
du parc Assiniboine, à Winnipeg
Transformer le paysage pour sensibiliser, guérir,
inclure et réconcilier

                                                                                                  des aînés, a mis en évidence la nécessité
                                                                                                  d’intégrer à perpétuité les aînés et les
                                                                                                  jeunes à l’exploitation du parc. L’équipe
                                                                                                  de conception et l’APC sont fermement
                                                                                                  convaincus que la création d’un paysage
                                                                                                  vivant, vital et évolutif passe par ce partage
                                                                                                  des connaissances traditionnelles et
                                                                                                  l’expérimentation de nouvelles idées
                                                                                                  interculturelles autour des treize lunes
                                                                                                  du calendrier lunaire autochtone. Les
                                                                                                  participants au projet souhaitent que le
                                                                                                  parc Assiniboine devienne un endroit :

                                                                                                  • où se vivent et se partagent les relations
                                                                                                    symbiotiques des peuples autochtones
                                                                                                    avec la terre ;

1                                                                                                 • où sont célébrées l’histoire complexe et
                                                                                                    l’évolution des relations des Premières
L’ASSINIBOINE PARK CONSERVANCY a                  Le nom provisoire de ce nouveau paysage           nations du Manitoba ;
commencé à planifier les Diversity Gardens        aux Jardins de la diversité du Canada
pendant les travaux de la Commission de           est le Jardin des peuples autochtones           • où sont rendus visibles les us et coutumes
vérité et réconciliation. Au fil de l’évolution   (JPA). Ce projet est le fruit de trois ans        des peuples Assiniboine et Stony sur le
des deux projets, puis de la publication des      de consultations avec les communautés             territoire desquels se trouve le parc ;
Appels à l’action de la commission, elle a        métisses et des Premières Nations. Il a
décidé d’investir dans l’établissement de         pour but de transformer une partie du parc      • où s’épanouit une expression vibrante et
nouvelles relations avec les communautés          Assiniboine de Winnipeg en un lieu propice à      originale des paysages, de l’art et de la
autochtones du Manitoba. Elle compte              la guérison et à la mise en relation des gens     culture autochtones modernes ;
rendre le parc le plus grand et le plus           entre eux et avec la terre, par le biais des
embourgeoisé de Winnipeg aussi                    approches et des traditions autochtones.        • où l’écoute prime et peuvent s’exprimer
accueillant et accessible que possible aux        À ce jour, le processus de planification et       des vérités difficiles, et où de nouvelles
Autochtones et aux Métis, notamment               de conception a fait ressortir qu’il s’agira      amitiés peuvent éclore en terrain
l’importante population autochtone urbaine        d’un projet à long terme, évolutif, dont          commun ;
de Winnipeg qui, majoritairement, ne              le plein potentiel se réalisera au bout de
ressent pas d’appartenance à ce lieu.             plusieurs décennies après le début de la        • et où les diverses cultures manitobaines
                                                  transformation du paysage physique.               peuvent apprendre les unes des autres
Au printemps 2016, avec le soutien total                                                            en s’inspirant des points communs de la
du personnel de l’APC, HTFC Planning              Le processus itératif, construit à partir         sagesse autochtone du monde entier.
and Design s’est associé à Dave Thomas,           de fréquentes discussions avec des
Mamie Griffiths et Cheyenne Thomas pour           jeunes, des dirigeants communautaires,
lancer le processus de création d’un espace       des spécialistes en ethnobotanique, des
autochtone dans le parc Assiniboine.              défenseurs de la sécurité alimentaire et

8 LANDSCAPES | PAYSAGES
Reconciliation - Canadian Society of Landscape Architects
ENTREVUE

                                                       L’ÉQUIPE
Lorsque Landscape I Paysages a demandé à
l’équipe un article sur le processus du Jardin des
peuples autochtones, nous avons rapidement
compris que le chemin parcouru se partagerait
mieux par le biais de discussions sur quelques
questions provocantes. La suite est tirée d’une
série de cercles de partage dans un café, le
dimanche matin, au début de 2019.

L|P : Que représente le Jardin des                     1. David Thomas                       Cheyenne Thomas
peuples autochtones pour Winnipeg                      Dave est Anishinaabe de la            Cheyenne est conceptrice
et la société canadienne ?                             Première Nation Peguis, au            Anishinaabe de deuxième
                                                       Manitoba. Il est titulaire d’une      génération de la Première
Cheyenne : Les projets comme celui-ci permettent       maîtrise en architecture de           Nation Peguis et la fille de Dave.
à l’histoire autochtone d’être respectée et            l’Université du Manitoba              Militante pour les jeunes et
présentée d’une manière inédite en 152 ans             et exerce la profession de            les femmes autochtones, elle
d’histoire canadienne.                                 consultant auprès de clients          s’emploie à intégrer les besoins
                                                       autochtones. Il faisait partie        importants et la vision du monde
Monica : Le jardin permet de mettre de l’avant         du groupe d’architectes               de ces groupes à la conception
le pouvoir de guérison et de régénération des          autochtones qui représentaient        d’espaces publics urbains.
plantes et des écosystèmes indigènes, aux côtés        le Canada à la Biennale
des préoccupations culturelles des peuples             d’architecture de Venise en           Monica Giesbrecht
autochtones qui vivent ici depuis d’innombrables       2018. Son but est d’exprimer          Monica est directrice de HTFC
générations. Ces interactions écologiques et           et d’explorer son identité            Planning Design, dont elle dirige
culturelles peuvent nous rappeler de prendre soin      anishinaabe à travers le design.      le studio d’espace libre public et
de la nature pour assurer un avenir prometteur aux                                           de conception pédagogique. En
générations futures.                                   Mamie Griffiths                       tant qu’immigrante au Canada,
                                                       Mamie est une conceptrice             elle a été confrontée au stress et
Dave : Les pratiques conceptuelles et créatives        autochtone aux racines dénées,        à l’isolement qui caractérisent
autochtones sont en plein essor : cinéma, musique,     galloises et écossaises qui vit       le fait d’être un étranger social
arts visuels, architecture, paysage et mode. Il y a    et travaille autour des Prairies.     dans un nouvel endroit qui n’a
résurgence des pratiques culturelles, une nouvelle     Elle est titulaire d’une maîtrise     pas été conçu pour soi. Ces
vie, sous forme d’interprétations modernes, étant      en architecture de l’Université       expériences d’enfance ont fait
insufflée dans les traditions anciennes.               du Manitoba, d’un BEDS de             d’elle une conceptrice centrée
                                                       l’Université Dalhousie et d’un        sur les personnes et axée sur le
Mamie : Ayant beaucoup voyagé, je trouve               B.Sc. de l’Université Queen’s. Elle   développement de processus de
choquant que les Canadiens n’aient pas fait de         s’intéresse à la représentation       conception et d’espaces publics
la culture distincte de nos Premières Nations un       des cultures autochtones              qui stimulent et accueillent les
élément essentiel de notre identité nationale. Dans    dans l’espace et vise à refléter      usagers de tous âges, de toutes
plein d’autres pays, les peuples autochtones et        de manière respectueuse               cultures et de toutes capacités.
leurs traditions sous-tendent l’esprit culturel. La    les cultures et l’identité            Ses recherches en cours sur les
Nouvelle-Zélande et les coutumes maories en sont       autochtones, tout en créant           relations sociales, physiques
un bon exemple.                                        des espaces sains et inclusifs,       et psychologiques entre la
                                                       grâce à l’immobilisation et à la      nature, les espaces publics, les
Dave : Je crois que les approches des Premières        collaboration de la communauté        jeunes, les personnes âgées et à
Nations concernant le territoire, les relations et     dans sa pratique de conception,       mobilité réduite, les immigrants
l’expression artistique s’intégreront éventuellement   « Woven Collaborative ». Elle         et les groupes marginalisés
à l’identité canadienne et seront reconnues dans le    espère pouvoir un jour travailler     constituent la base de ses
monde entier.                                          sur un projet dans les Territoires    travaux progressistes sur les
                                                       du Nord-Ouest, sur ses terres         communautés saines, les réseaux
1 LES DIVERSITY GARDENS VUS DU
                                                       ancestrales, en collaboration         de loisirs intégrés, les espaces
DERNIER ÉTAGE DE ‹‹THE LEAF ››                         avec sa communauté dénée.             verts démocratiques et les terres
PHOTO HTFC PLANNING & DESIGN AVEC THE FLAT
SIDE OF DESIGN VISUALIZATION EXPERTS                                                         adaptées aux cultures.

                                                                                                         FALL | AUTOMNE 2019 9
Reconciliation - Canadian Society of Landscape Architects
INTERVIEW

2

Mamie : Oui, et je pense que le JPA           Dave : Ces projets aident également          Mes expériences d’homme
s’inscrit dans ce changement dans la          à récupérer des lieux. Avant que le          autochtone, à cheval entre la
culture canadienne. Ce sera un lieu           parc Assiniboine ne soit créé, ses
physique, représentatif de la conscience      terres ont été le théâtre d’évolutions
                                                                                           réserve et Winnipeg, m’ont
culturelle changeante du Canada.              écologiques durables et d’interactions       montré mon rôle : épurer la
                                              humaines dynamiques sur plusieurs            conception et mettre l’accent
Cheyenne : Au début, ces lieux                milliers d’années. Il est temps de revenir   sur la perte et la guérison, la
accueilleront des vérités inconfortables.     à certaines de ces idées et pratiques
Lorsque les projets créatifs autochtones      durables sur les terres du parc et,
                                                                                           dévastation et la renaissance,
entrent dans un espace qu’on ne leur          ce faisant, de recréer une norme où          le passé et le futur, la sagesse
associe pas normalement, comme une            nous partageons les terres avec une          de centaines de générations
exposition internationale de design,          conscience et un respect partagés.           et l’exubérance de nos jeunes,
ce lieu devient inconfortable pour les
non-autochtones. Je pense que ce              Mamie : Il est à la fois dévastateur et
                                                                                           pour embrasser pleinement
malaise est nécessaire à la réconciliation.   libérateur de passer à travers de dures      notre identité et la ramener
Il est important que des espaces              vérités. Il est très important que chacun,   à l’avant-plan.
autochtones apparaissent là où les gens       autochtone ou non, se rende compte que       —David Thomas
ne s’y attendent pas. Cela stimule un         l’endroit où on a grandi ou qu’on appelle
dialogue dur, mais nécessaire, sur le         chez soi s’est bâti sur
traumatisme générationnel, qui mène à         des atrocités. Guérir en
une véritable réconciliation. Au Canada,      faisant face à ces choses
la plupart des gens participent déjà à        ensemble, c’est la seule
ce processus à un certain degré, mais         façon d’avancer.
d’autres ne le réalisent pas, parce qu’ils
n’ont été exposés qu’à l’histoire coloniale
et la vision du monde occidentale. Un
projet comme le JPA expose les non-dits
et raconte ces relations dans un cadre
                                              2 PLAN DIRECTEUR DES
naturel calme, réparateur et apaisant,        DIVERSITY GARDENS
propice à ce type de travail difficile.       3 GRAPHIQUE DE NOEUD
                                              DE FEU 4 TERRAIN DE
                                              JEU AVEC TRAMPOLINE
                                              « ASSINIBOINE CLAY »
                                              IMAGES 2 HTFC PLANNING &
                                              DESIGN 3, 4 DAVID THOMAS

                                                                            3

10 LANDSCAPES | PAYSAGES
ENTREVUE

Dave : L’oppression de l’autre, de sa            L|P : Quel est le rôle du concepteur          L|P : En quoi le processus de
culture, de sa société, n’a rien d’inédit        autochtone dans ce processus                  visualisation du JPA est-il différent
dans le monde. Nous avons l’occasion             et dans sa communauté ?                       du processus de conception
d’admettre cette oppression et de rétablir                                                     d’un jardin public ordinaire ?
les liens, pour nos petits-enfants et les        Dave : Son rôle est d’aborder le projet
nombreuses générations à venir. On ne            dans une perspective personnelle              Mamie : Le processus est unique en son
peut pas remonter dans le temps, mais on         permettant une compréhension intime et        genre par son engagement à mobiliser la
peut aller de l’avant en affrontant les dures    une relation au projet.                       communauté dès le départ. La cérémonie
vérités, en évacuant la colère et en créant                                                    a toujours fait partie des assemblées
un sentiment de fierté et d’émerveillement       Mamie : Le concepteur autochtone est          communautaires et des exercices de
face à l’héritage des Premières Nations          en mesure de mener des consultations          conception du projet. On donne aux idées
chez tous les Canadiens.                         approfondies et de prendre des décisions      et aux décisions le temps nécessaire ; rien
                                                 intuitives en raison de sa culture, ce        n’est brusqué. C’est inédit pour un projet de
Mamie : À cause de la colonisation, j’ai         qui serait difficile pour un concepteur       cette envergure.
ignoré qui j’étais pendant si longtemps. J’ai    non autochtone sans connaissances
hérité de tant de honte de mes parents,          culturelles de première main.                 Dave : Oui, l’équipe de conception a eu
et cette honte se manifeste dans un sens                                                       le temps de réfléchir au projet en cours
culturel plus large. Les gens ont tellement      Dave : Les complexités culturelles du         de travail, de donner à la communauté
honte de l’histoire d’oppression coloniale       projet nécessitent des discussions            le temps de réagir aux idées, puis de les
du Canada. Ils ne savent pas comment             approfondies sur un large éventail de         bonifier, et de réfléchir au jardin dans le
concilier leurs expériences de vie et les        problèmes délicats et des décisions           contexte plus général du Canada et de la
histoires d’immigrants et de pionniers avec      fondées sur une sensibilité et une            Commission de vérité et réconciliation. Ce
les vérités sur les relations entre le Canada    expérience culturelles. Cela se               serait un euphémisme de dire que le JPA
et les peuples autochtones, dont on parle de     traduit par la reconquête du rôle de la       arrive à point nommé.
plus en plus.                                    création culturelle par le transfert de
                                                 connaissances entre le concepteur             Cheyenne : Au début du processus de
Cheyenne : Le JPA nous a donné l’occasion        et la communauté via un processus             conception, un aîné a conseillé que le
d’interpréter et de développer notre             exploratoire. Les relations explorées,        concepteur autochtone masculin soit
propre voix conceptuelle au sein de nos          découvertes et redécouvertes lors du          accompagné par une femme pour une
communautés. Il est si important pour nous       partage de conversations et de récits         cérémonie, afin d’équilibrer l’énergie dans
de réserver du temps, dans le processus de       renforcent l’importance de récupérer un       la compréhension fondamentale du projet.
conception, aux cérémonies, aux chants, à        processus de création autochtone itératif
la collaboration des jeunes et des aînés, ce     et de partager l’identité autochtone          Mamie : La conscience d’une approche
qui est intrinsèque à notre façon de vivre et    contemporaine à travers l’art et le design.   holistique de la conception s’est dégagée
de créer. Le Jardin est un pas en avant ; nous                                                 pour mieux préparer l’équipe à ancrer le
avions enfin le contrôle sur le déroulement                                                    processus et le concept dans la tradition
du projet. Il y avait un équilibre entre les                                                   matriarcale des Anishinaabe et d’autres
rôles des genres, la loi naturelle et les                                                      cultures autochtones.
peuples autochtones et non autochtones
travaillant ensemble dans le respect. À                                                        Monica : Le processus plonge vraiment
l’avenir, nous devrions viser ce processus                                                     dans les croyances fondamentales
et ces interrelations dans tous les types de                                                   en matière de gestion des terres que
développements, et pas seulement dans les                                                      les autochtones considèrent comme
espaces à orientation autochtone.                                                              sacrées, des croyances si actuelles et
                                                                                               importantes que le reste du monde revient
                                                                                               tranquillement vers une conception
                                                                                               biophile, résiliente et inclusive. C’est une
                                                                                               optique spéciale qui nous rappelle de
                                                                                               s’arrêter, d’observer, de prendre le temps
                                                                                               de créer une véritable connexion et de
                                                                                               prendre soin de la terre et des autres. J’ai
                                                                                               tellement appris des gens avec qui j’ai eu
                                                                                               la chance de travailler sur ce projet. Ce
                                                                                               genre de processus devrait être la norme.
                                                                                               Nous devons trouver un moyen d’en faire la
                                                                                               manière dont nous planifions avec la terre
                                                                                               et entre nous.

4

                                                                                                                     FALL | AUTOMNE 2019 11
INTERVIEW

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L|P : Qu’est-ce que la conception               une nouvelle façon de voir le monde,              respectueusement nos anciens ?
autochtone contemporaine ?                      la technologie qu’on introduit dans un            D’utiliser notre langue pour définir une
                                                contexte moderne. Si on peut être inspiré         programmation, des activités, des espaces ?
Cheyenne : Il s’agit d’une énergie nouvelle,    par des idées autochtones historiques, par        Pouvez-vous imaginer un projet autochtone
dans l’ici et maintenant, mais imprégnée        une manière de voir le monde, par exemple         à grande échelle conçu et débattu dans
de générations de connaissances                 un lien fort avec la nature, et d’y aller         notre langue du début à la fin ? Des
traditionnelles qui vivent dans nos os.         doucement avec la terre, ce qui correspond        concepts expliqués à travers notre propre
Réinterpréter les anciens concepts de           essentiellement aux concepts modernes de          interprétation, dans notre langue ? Même
manière moderne, penser à l’avenir.             durabilité, mais qui sont en fait de très vieux   pour cette discussion, d’avoir un ancien qui
                                                concepts autochtones sur nos interactions         commence à rattacher ces idées à notre
Dave : Cela évolue, au fur et à mesure que      avec le territoire.                               langue anishinaabe afin de mieux articuler où
cette génération de concepteurs et de                                                             nous voulons en venir. Je sais qu’il existe des
communautés commence à… récupérer,              Cheyenne : Nous sommes très conscients            manières très élégantes de décrire le « design
car nous récupérons nos pratiques, mais         de l’avenir lorsque nous concevons, de la         autochtone contemporain » ou même les
différemment.                                   prochaine génération et des générations           actes qui relèvent de la conception : être un
                                                suivantes. Le design autochtone                   intermédiaire, évoquer une idée. Le design
Mamie : Nous les réinterprétons dans une        contemporain réinterprète ces concepts,           autochtone contemporain émane de ce
optique moderne.                                qui ont toujours fait partie de la culture        monde onirique où l’énergie de notre esprit
                                                autochtone, de manière moderne, comme             est pleinement mobilisée, puis devient
Dave : Oui, nous réinterprétons. Et cela        l’utilisation de la technologie, comme vous       physique. Notre création d’espaces doit
concerne les nouvelles technologies et les      l’avez dit, mais inspirée des technologies        toujours respecter nos enseignements.
nouveaux matériaux, mais aussi dans un          anciennes enracinées dans la sagesse de
contexte de décolonisation profonde. Il y       la nature.                                        Mamie : Le processus de conception et les
a donc une couche attachée à tout ce que                                                          discussions sur le JPA ont suscité beaucoup
nous faisons, qui peut s’avérer un obstacle     Cheyenne : Pour moi, c’est cette synthèse         d’émotion et de guérison. Le Jardin créera
ou peut-être un élément ou un composant         de l’ancien et du nouveau, mais il s’agit         un espace où d’autres pourront vivre
nécessaire au concept. Or, si le processus et   surtout d’accepter la tension, le flux, cet       ces expériences.
les concepts exprimés sont suffisamment         espace socio-politico-économique où
robustes, ils résistent. Et ils forgent notre   on nous laisse exprimer librement notre           Monica : Pour moi, le design autochtone
identité moderne.                               esprit. Si on se penche sur le processus          moderne, c’est vous trois et beaucoup
                                                de conception et pas seulement sur son            d’autres à travers le pays. Une perspective
Mamie : Absolument. Il s’agit de                résultat : combien de fois avons-nous,            unique sur le monde façonnée par vos vies
réinterpréter la culture autochtone, où que     comme concepteurs autochtones,                    modernes, vos émotions et vos croyances
ce soit ou quel que soit le contexte actuel.    la possibilité de mener des projets ?             culturelles traditionnelles perdues et
Il s’agit d’envisager le passé, l’histoire,     De prendre le temps de « consulter »              retrouvées.

12 LANDSCAPES | PAYSAGES
ENTREVUE

L|P : Quelle influence votre                        n’en tirera les mêmes leçons. En fait, s’ils      mère et mon père, explorant des idées
vécu a-t-il sur votre travail de                    sont ouverts, les gens de toute origine           dans la réserve et les quartiers défavorisés.
concepteurs autochtones ?                           culturelle pourront visiter le JPA à répétition   On n’appelait pas cela de la conception,
                                                    au cours de leur vie et en tirer chaque fois de   simplement de la curiosité et de l’expression
Dave : Mamie, votre participation à ce projet       nouveaux enseignements.                           dans les médiums qui m’étaient accessibles.
en a fait une expérience plus profonde,                                                               Qu’il s’agisse de construire des rampes
je vous vois mieux vous comprendre à                Mamie : La culture autochtone est riche           pour vélo hors-piste ou des forts dans les
travers lui. Je le vois aussi en moi, j’essaie de   parce qu’elle a tellement d’histoire et de        champs industriels, je savais ce que c’était
concilier des choses de ma vie. Ce projet est       profondeur, et qu’elle est ancrée dans            que bâtir de mes mains. J’ai aussi grandi
vraiment différent dans son ensemble pour           la terre.                                         en voyant nos dures réalités autour de moi
nous, concepteurs, car nous avons puisé                                                               et le racisme envers mes proches. Je suis
dans sa nature, son identité canadienne, son        Dave : Et c’est la véritable identité             très consciente de la déconnexion de ce
rapport à la terre, ses problèmes urbains. Il       canadienne. Je n’arrive pas à comprendre ce       milieu lorsqu’un non-autochtone se rend
y a tant de niveaux. Il va inévitablement être      qu’est la culture du Canada autrement.            dans une communauté et adopte une
puissant et changer des vies. Et nous en                                                              approche stéréotypée ou n’arrive pas à
sommes proches, mais nous commençons                Mamie : C’est la lutte d’un Canada qui essaie     connecter avec mon peuple. Mais en tant
à réaliser à quel point c’est important, au         toujours de se retrouver. Je me souviens          que femme autochtone, je vois le patriarcat
niveau national ; c’est comme si une bombe          qu’à l’école, on n’était pas très fort sur        et le manque d’équilibre dans la plupart
avait explosé.                                      la culture, à cause de l’histoire coloniale       des cas où les femmes ont la possibilité de
                                                    abrégée et stérilisée qu’on nous enseignait.      se faire entendre en réunion ou dans les
Mamie : Je ne le vois pas comme une                 Il y a toujours eu un malaise en ce pays où on    parties cruciales d’un projet. Le fait d’avoir
bombe. C’est plus silencieux que ça. Dans           ne cerne pas la vérité dans son histoire. Tout    grandi dans une lignée de femmes fortes et
cette première phase, nous semons                   était une question d’assimilation, puis de        résilientes transcende tous les stéréotypes
le germe du concept du JPA ; celui-ci               multiculturalisme, et maintenant…                 qu’on m’impose. Comme conceptrice, je
poursuivra son évolution, au-delà de ce que                                                           me consacre à servir d’intermédiaire à
nous avons imaginé. Je vois cela comme un           Dave : Lorsqu’il y a un événement culturel        ceux qui ne sont pas aussi scolarisés ou qui
lent processus : le vrai jardin sera là dans        autochtone, par exemple à la collation des        n’ont pas eu la possibilité de faire valoir les
20 ans. Nous établissons le cadre pour que          grades de Chey, elle a éclaté en sanglots au      idées ou les concepts qu’il faut partager.
tout y soit possible, côté design autochtone        son du tambour.                                   Comme femme, je sais que la conception
contemporain, idées à exprimer et histoires                                                           s’approfondit et se renforce quand tout le
à raconter.                                         Mamie : Je comprends ça, c’est très               monde a voix au chapitre, puisque nous
                                                    poignant.                                         sommes les donneurs de vie, les créateurs
Dave : Les histoires et l’enracinement                                                                de quelque chose de beau.
sont si importants pour moi. La connexion           Dave : Et c’est cela, la culture autochtone.
avec ma famille, ma communauté et mes               On la sent dans tous ses pores. Elle raconte
aînés informe tout ce que je fais. Mon              une histoire puissante à travers des
identité autochtone et ma philosophie de            mots, des cérémonies, des images
conception sont basées sur des expériences          et des sons puissants.
humaines quotidiennes et une introspection
discrète. Mes expériences d’homme                   Mamie : On est si heureux et si
autochtone, à cheval entre la réserve et            émotif quand on entend sa culture
Winnipeg, m’ont montré mon rôle : épurer            exprimée hors de soi. Elle nous
la conception et mettre l’accent sur la             paraît familière, même si on ne l’a
perte et la guérison, la dévastation et la          jamais entendue. Les tambours me
renaissance, le passé et le futur, la sagesse       font toujours pleurer, moi aussi.
de centaines de générations et l’exubérance
de nos jeunes, pour embrasser pleinement            Dave : C’était juste, boum ! Il n’y
notre identité et la ramener à l’avant-plan.        avait rien d’autre, c’était juste
Le temps est fluide ; l’expression du concept       pour préparer les gens et elle a
peut influer sur le décalage entre passé,           commencé à pleurer, et j’ai eu
présent et futur. Par exemple, la conception        les larmes aux yeux, à cause de
interprétative du nœud de feu est à la              la puissance de cet unique coup.                  6

fois une histoire mythologique ancienne,            Il signalait le retour à l’ordre
une fable autochtone contemporaine                  de l’univers.                                     5 MIGRATING STONES 6 LORNE REDSKY DE
                                                                                                      SHOAL LAKE 40 ENTAMANT UNE JOURNÉE DE
et une expression de l’identité culturelle                                                            PLANIFICATION DU JARDIN COOPÉRATIF AUTOCHTONE
autochtone moderne. Elle partage et                 Cheyenne : En grandissant, je dessinais           AVEC PLUS DE 40 AÎNÉS, JEUNES ET TECHNICIENS
                                                                                                      DE TOUT LE MANITOBA, AUTOMNE 2019
enseigne à tant de niveaux que personne             constamment des espaces avec ma grand-            IMAGE 5 DAVID THOMAS PHOTO 6 MONICA GIESBRECHT, HTFC

                                                                                                                                  FALL | AUTOMNE 2019 13
FOCUS

SANDRA COOKE, CHRIS CRAWFORD + JOHN DEWOLF

WIIJE’WINEN
I VIENS AVEC
NOUS
La planification d’un foyer pour le Centre
d’entraide autochtone Mi’kmaw
1

                                          Wije’wi | Viens avec moi                      À la suite du premier rapport de la
                                          Commençons par un voyage. Wije’wi (viens      Commission de vérité et réconciliation,
                                          avec moi), c’est une vision défendue par la   elle a jugé le moment venu pour le centre
                                          directrice générale Pam Glode-Desrochers      d’élargir son offre pour faciliter les
Au fil de nos                             et sa quête, depuis des décennies, d’un       relations entre les Premières Nations,
consultations, nous                       nouveau foyer pour le Centre d’entraide       la ville et les nombreuses communautés
avons appris que la                       autochtone Mi’kmaw (le Mi’kmaw Native         qu’il sert. Sans oublier que son foyer
                                          Friendship Centre ou MNFC) de Halifax,        actuel était fatigué et surutilisé. Et,
langue mi’kmaq doit                       en Nouvelle-Écosse. Depuis plus de 45         au-delà de ces besoins logistiques, il
être parlée et non                        ans, ce centre sert de poumon social à la     y avait celui d’installations sur mesure
écrite.                                   communauté autochtone urbaine du nord         pour répondre aux divers besoins de
                                          de la ville. Il offre des services sociaux,   l’organisme et de la culture qu’il dessert.
                                          des programmes et un refuge essentiels.       L’édifice envisagé servira d’ancrage et de
                                          Comme ses 119 homologues à travers            balise pour les peuples autochtones de
                                          le pays, ce centre d’entraide fournit de      la Nouvelle-Écosse et des Maritimes. En
                                          précieux services aux résidents et aux        2018, le Centre d’entraide a conclu une
                                          voyageurs, comme ce fut le cas pour           option d’achat avec la ville pour l’ancienne
                                          Mme Glode-Desrochers qui, originaire          propriété de la Croix-Rouge sise au 1940,
                                          de la Première Nation Millbrook, est          rue Göttingen : un site de 0,65 hectare
                                          débarquée en ville à 16 ans pour étudier.     situé juste à côté de Citadel Hill, sans
                                          Au cours de sa carrière, Pam a travaillé      doute l’une des destinations touristiques
                                          sans relâche à la promotion du bien-          les plus visitées et l’un des sites les plus
                                          être personnel et communautaire de la         colonisés de la ville.
1 ESPACE CÉRÉMONIAL, CENTRE DE L’AMITIÉ   population autochtone urbaine de Halifax.
MI’KMAW 2 CENTRE DE L’AMITIÉ MI’KMAW
3 ESCALIER — CENTRE DE L’AMITIÉ MI’KMAW
                                          Elle a consacré le dernier quart de siècle
IMAGES 1-3 FATHOM STUDIO                  au MNFC.

14 LANDSCAPES | PAYSAGES
FOCUS

Wije’winen | Viens avec nous                      nom de ce nouveau foyer. La direction du        appelés, comme concepteurs, à animer
En 2017, on a chargé Fathom Studio                MNFC a jugé nécessaire de donner un nom         des discussions, mais nous avons très peu
(anciennement Ekistics Plan + Design and          de travail mi’kmaw à son nouveau siège, un      parlé pendant notre séjour. Ce processus
Form : Media) de concevoir le nouveau             nom qui englobe les divers programmes et        reposait essentiellement sur l’écoute, la
centre. L’architecte Chris Crawford               services actuellement fournis. Après des        compréhension et l’interprétation.
(NSAA) a pris les commandes du dossier,           séances de travail internes, un examen de
confiant la conception du paysagement             la bibliothèque L’nui’suti et la consultation
à Sandra Cooke (OALA, APALA, CSLA)                d’anciens, on a retenu l’expression
et la planification de la marque et de            Wije’winen, qui se traduit par « viens
l’interprétation au consultant John deWolf        avec nous ».
(CGD). Afin de respecter des délais serrés,
le MNFC a mis en place une équipe de mise         En outre, Wije’winen reflète notre
en œuvre composée de onze membres                 parcours de concepteurs du projet,
(dont John Lindsay d’East Port Properties         puisqu’on nous a invités à participer à un
et Group ATN, un cabinet expert en                processus collaboratif de consultation
faisabilité économique et en relations            et de conception avec les dirigeants,
gouvernementales) pour appuyer son                les conseillers, le personnel et les
CA et son personnel. Le concept a été             membres de la communauté du MNFC.
révélé lors d’une cérémonie sur place en          Cela a profondément contribué à notre
avril 2018. Ce projet très spécial est le fruit   appréciation de la culture et des traditions
d’une écoute, d’un apprentissage et d’une         mi’kmaw. En janvier 2018, la communauté
collaboration approfondis entre l’équipe de       Membertou, au Cap-Breton, nous a invités
conception, nos partenaires du centre et la       pour un voyage de recherche de deux
communauté autochtone urbaine.                    jours comprenant une visite du récent
                                                  Centre des congrès et du parc Heritage                3
Alors que le MNFC de Halifax poursuit le          Park, une participation à une séance de
développement du projet de son nouvel             sudation dirigée par l’aîné Danny Paul et
établissement de 70 000 pieds carrés,             une conversation approfondie avec M. Paul
diverses questions de communications              et d’autres aînés des nations Membertou
sont en cours de discussion, notamment le         et Eskasoni. Nous sommes souvent

                                                                                                  Pjila’si | Bienvenue
                                                                                                  Au fil de nos consultations, nous avons
                                                                                                  appris que la langue mi’kmaq doit être
                                                                                                  parlée et non écrite. Elle contient des
                                                                                                  mots qui véhiculent des concepts et des
                                                                                                  points de vue qui incarnent un mode de vie
                                                                                                  traditionnel. Le nombre de ses locuteurs
                                                                                                  courants est en forte baisse ; avec sa
                                                                                                  disparition risquent de s’évanouir des
                                                                                                  enseignements et des compréhensions
                                                                                                  culturelles. Les concepteurs ont cherché à
                                                                                                  refléter les connaissances traditionnelles
                                                                                                  dans le concept de l’édifice du MNFC. Sa
                                                                                                  forme curviligne s’inspire de symboles
                                                                                                  comme la carapace de tortue et le cercle
                                                                                                  (qui est terre, nature, interdépendance et
                                                                                                  inclusion) et fait référence aux structures
                                                                                                  traditionnelles comme la tente de sudation
                                                                                                  et aux images comme la roue médicinale,
                                                                                                  dont les quatre points cardinaux expriment
                                                                                                  les saisons, les changements de la vie et
                                                                                                  les domaines de la sagesse. Ces concepts
                                                                                                  nous ont guidé de l’organisation des
2

                                                                                                                         FALL | AUTOMNE 2019 15
FOCUS

programmes jusqu’à l’emplacement des
entrées. L’équipe (client et concepteur)
souhaite ainsi que le bâtiment soit
intrinsèquement reconnaissable et
accueillant pour la communauté mi’kmaw.

Nous sommes perdus, mais chez nous
Au cours de ce voyage à Membertou, un
aîné de la nation Eskasoni a raconté ses
périples en Amérique du Nord. À la fin
de son voyage, il a su qu’il était revenu
en territoire mi’kmaw en reconnaissant
des espèces d’arbres connues. Bien qu’il
n’était pas encore dans sa communauté,
il se sentait chez lui. C’est ce sentiment
de familiarité, d’accueil et de chez-soi
que le MNFC aspire à créer. L’expression
de l’aîné, « nous étions perdus, mais chez
nous », résume parfaitement le cœur                   4
de la mission du MNFC : être un lieu sûr
et accueillant, non seulement pour la
communauté autochtone urbaine de
Halifax, mais pour les membres des autres       Nous avions donc besoin d’espace pour           forestier urbain. La place constitue un
Premières Nations en visite à Halifax et        l’aménagement paysager à l’intérieur et         espace ouvert et un seuil menant au
à la recherche d’une communauté et de           autour du bâtiment, chose compliquée par        bâtiment, invitant les gens à y pénétrer,
ressources. Le site du nouveau centre           la superficie requise pour héberger une         tout en offrant un contraste luxuriant avec
incarne ce sentiment : un territoire            multitude de programmes s’adressant à           le talus gazonné de Citadel Hill,
auparavant non cédé, maintenant rendu à         des gens de tous âges, du service de garde      du côté opposé de la promenade Rainnie.
ses propriétaires légitimes, mais dans un       aux programmes judiciaires, médicaux
état méconnaissable depuis son époque           éducatifs, artistiques, culturels et d’aide à   Le podium faisant face à cette place
précoloniale.                                   l’emploi. Le concept qui en a résulté prend     est percé d’un oculus ouvert au ciel,
                                                la forme de deux tours construites sur un       observable à travers un mur rideau depuis
L’équipe de conception et le comité             stationnement souterrain et reliées par         l’intérieur du bâtiment. L’oculus crée un
directeur du centre n’ont pas fermé             un volume d’un étage. Le stationnement          environnement protégé et contrôlé pour
les yeux sur ce lien entre paysage et           occupant 59 % de la surface du site,            la culture du frêne noir et d’autres plantes
sentiment d’appartenance. Après nos             l’équipe a créé des volumes de sol pour         indigènes qui préfèrent les marais et
consultations à Membertou, nous savions         les arbres en éliminant des places de           souffrent en milieu urbain. Le frêne noir est
que le nouveau MNFC devait devenir              stationnement, créant trois voûtes              traditionnellement utilisé dans la vannerie
une « forêt », chose difficile à créer avec     séparées pour accueillir les arbres dans        mi›kmaw, mais l’espèce est menacée
des espèces indigènes dans un milieu            une « plaza de la forêt » qui fait face à       depuis 2013, ses populations ayant été
très urbain. Le processus a débuté par          la promenade Rainnie, ainsi qu’une              réduites par le remplissage et le drainage
des charrettes au bureau de Fathom              quatrième voûte podium d’un étage reliant       des zones humides pour l’agriculture.
Studio, où des architectes paysagistes          les deux tours.                                 Dans les provinces atlantiques, on craint
ont collaboré avec des architectes et                                                           l’agrile du frêne, même si on n’y a pas
des planificateurs en interprétation pour       La Plaza de la forêt est l’espace extérieur     encore observé ce parasite. Afin de créer
fournir les paramètres des volumes de sol       le plus public ; il est conçu pour donner       les conditions propices à cet arbre d’une
et d’accès à la lumière naturelle et à l’eau,   l’impression de marcher en forêt. De            importance culturelle, les eaux pluviales
afin de réunir les conditions propices au       grands blocs monolithiques de pierre            recueillies sur le toit du podium (qui évoque
développement d’espèces typiques de la          naturelle locale retiennent la pente et         le lit d’une rivière) sont filtrées par une
forêt acadienne. Ces espèces (bouleau           servent de sièges autour des zones              toiture verte et dirigées vers l’habitat de
à papier, pin blanc, épinette noire, cèdre      plantées, tandis que les pavés en pierre        l’oculus.
blanc de l’Est et frêne noir) ont toutes une    créent des motifs évoquant la lumière
importance pour les cultures autochtones        tachetée de la forêt. Les espaces               Ajoutant une couche de complexité
locales, que celle-ci soit médicinale ou        pavés offrent une surface uniforme et           à l’interaction entre le bâtiment et le
comme matériau pour les technologies            accessible, tandis que les plates-bandes        paysage, le site a une pente allant de 50 m
traditionnelles ou les coutumes,                au-dessus des voûtes de sol invitent à y        au coin sud-ouest à 38 m au nord-ouest,
notamment la vannerie.                          marcher pour se connecter au paysage            sur une distance d’environ 110 m. Cette

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