Rapport scientifique 2015-2016 - ONCFS

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Rapport scientifique 2015-2016 - ONCFS
Rapports

           Rapport scientifique
           2015-2016
Rapport scientifique 2015-2016 - ONCFS
© Pascal Marchand/ONCFS
Rapport scientifique 2015-2016 - ONCFS
SOMMAIRE
                                                                                                            RAPPORT SCIENTIFIQUE 2015-2016

ÉDITORIAL                                                                                                                            5
J.-M. Gaillard, Président du Conseil scientifique

AVANT-PROPOS                                                                                                                         7
Olivier Thibault, Directeur général

ORGANIGRAMME GÉNÉRAL DE LA DIRECTION DE LA RECHERCHE ET DE L’EXPERTISE                                                               8

                                       LES ÉTUDES ET LES RECHERCHES SUR LES ESPÈCES                                               10
                                       Faune de plaine                                                                             12
                                       Avifaune migratrice                                                                         14
                                       Cervidés et sanglier                                                                        16
                                       Faune de montagne                                                                           18
                                       Prédateurs et animaux déprédateurs                                                          20
                                       Santé de la faune                                                                           22
                                       Faune de Guyane                                                                             24
                                       Méthodes statistiques pour l’étude de la faune et de ses habitats                           26

                                       LES ÉTUDES ET LES RECHERCHES SUR LES MILIEUX                                                28
                                       Pôle Bocage                                                                                  30
                                       Pôle Étangs continentaux                                                                     31
                                       Mission Agriculture et faune sauvage                                                         32

                                       LES DOCTORATS À L’ONCFS                                                                     33

                                       PUBLICATIONS SCIENTIFIQUES ET TECHNIQUES 2015 ET 2016                                      36
                                       Thèses soutenues 2015                                                                       38
                                       Publications 2015                                                                           38
                                       Thèses soutenues 2016                                                                       44
                                       Publications 2016                                                                           44

                                                                                                           RAPPORT SCIENTIFIQUE 2015-2016    l3
Rapport scientifique 2015-2016 - ONCFS
© Tom Goussain

                 4 l RAPPORT SCIENTIFIQUE 2015-2016
Rapport scientifique 2015-2016 - ONCFS
ÉDITORIAL
                                                                                                            RAPPORT SCIENTIFIQUE 2015-2016

                                          La période 2015-2016 apparaît comme
                                          particulièrement fructueuse sur le plan
                                          scientifique pour l’ONCFS.

                                          A
                                                       vec plus de soixante publications par an dans des revues à comité de lecture et
                                                       sept thèses soutenues en deux ans, la moisson est riche ! Ces résultats sont le
                                                       fruit d’une politique scientifique à long terme qui s’appuie sur un large éventail
© DR

                                                       d’atouts. Tout d’abord, une capacité hors norme à constituer des jeux de données
       Jean-Michel Gaillard,
                                          abondants et de qualité, tant grâce au maillage territorial et aux nombreux partenariats de
       Directeur de recherche au CNRS
       Président du Conseil scientifique   terrain que par le réseau de réserves et de territoires que gère ou cogère l’établissement.
                                          Ensuite, une ouverture dynamique vers des partenariats diversifiés, scientifiques ou techniques,
                                          en France comme à l’étranger, permettent de renforcer et de compléter les compétences de
                                          l’établissement. Enfin, des équipes de qualité rassemblent des chercheurs et techniciens
                                          aguerris sur le plan scientifique et bien informés sur les questions opérationnelles.

                                          Cette combinaison atypique est attractive pour les étudiants, et en particulier pour les
                                          doctorants, encadrés soit en collaboration avec des laboratoires de recherche, soit en propre
                                          par l’ONCFS. L’habilitation à diriger des recherches (HdR) est incontournable pour consolider
                                          la place de l’Office dans ce dispositif, et il est impératif de renforcer cette démarche afin
                                          d’offrir les ressources d’encadrement scientifique nécessaires à la formation de doctorants
                                          dans tous les domaines de recherche traités par l’ONCFS. Le Conseil scientifique a d’ailleurs,
                                          sur la base du bilan de ces dernières années, souligné la qualité des thèses de doctorat
                                          encadrées ou co-encadrées par l’établissement. Sur le critère du nombre et de la qualité des
                                          publications au moment de la soutenance, les thèses réalisées ces dernières années en
                                          partenariat avec l’ONCFS sont nettement au-dessus de la moyenne observée dans les
                                          laboratoires universitaires ou les instituts de recherche français travaillant dans le domaine
                                          de l’écologie. Contrairement à la croyance répandue au sein de la communauté de scientifiques
                                          investie principalement dans la résolution de problèmes sociétaux, le développement
                                          d’approches finalisées n’est pas, bien au contraire, un frein à la publication dans des journaux
                                          scientifiques à fort impact et plus d’ambition dans le choix des journaux ciblés doit prendre
                                          place à court terme.

                                          En parallèle, les thématiques abordées sont toujours plus variées. Si la dynamique des
                                          populations animales exploitées reste au cœur des préoccupations, les équipes travaillent
                                          également sur la restauration d’espèces protégées, la gestion des milieux, l’impact du
                                          changement climatique ou celui des pathologies, et bien d’autres sujets. Les approches sont
                                          également diversifiées et s’appuient sur les outils technologiques (émetteurs GPS,
                                          accéléromètres, analyses isotopiques…) et méthodologiques (analyses Bayésiennes, modèles
                                          mixtes…) les plus récemment développés. Cela conduit le champ des disciplines abordées
                                          à devenir de plus en plus large pour avancer avec une approche d’écologie intégrée incluant
                                          partiellement d’autres disciplines comme la bioacoustique, la sociologie, l’agronomie,
                                          l’écotoxicologie ou les biomathématiques.

                                          Le Conseil scientifique, que je préside depuis 2009, rassemble dix scientifiques reconnus,
                                          nommés intuitu personae par les ministres de tutelle de l’établissement, et deux agents de
                                          l’établissement nommés par le Directeur général. Ce Conseil apporte un regard indépendant
                                          sur l’ensemble des travaux de l’établissement, qu’il s’agisse d’en orienter les programmes de
                                          recherche ou de les évaluer précisément. En effet, il audite régulièrement les programmes,
                                          avec l’appui d’un rapporteur membre du Conseil et d’un panel d’experts extérieurs indépendants
                                          (et régulièrement étrangers).

                                          La lecture de ce rapport vous donnera un bel aperçu des résultats concrets de cette stratégie
                                          scientifique de longue haleine. ■

                                                                                                          RAPPORT SCIENTIFIQUE 2015-2016     l5
Rapport scientifique 2015-2016 - ONCFS
© Sylvain Richier/ONCFS

                          6 l RAPPORT SCIENTIFIQUE 2015-2016
Rapport scientifique 2015-2016 - ONCFS
AVANT-PROPOS
© Roxane Leverrier/ONCFS                                                                                                     RAPPORT SCIENTIFIQUE 2015-2016

                           Olivier Thibault,
                           Directeur général de l'ONCFS

                                                          L ’Office au cœur de la mise en œuvre
                                                          des politiques publiques de biodiversité

                                                          L
                                                                   a production et la diffusion de connaissances scientifiques sont au cœur des missions
                                                                   de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, établissement public technique
                                                                   de référence pour la faune sauvage. Ces connaissances doivent à la fois être objectives
                                                                   et fiables sur le plan scientifique, et utiles et exploitables pour la politique publique
                                                          et la gestion de la faune et de ses habitats. Sous l’égide d’un conseil scientifique indépendant,
                                                          l’ONCFS s’attache à produire des données, des outils pour le suivi comme pour la gestion,
                                                          des analyses et des expertises selon les meilleurs standards. Son maillage territorial, avec
                                                          des services à double compétence police et technique, lui permet d’être au plus près du
                                                          terrain, pour collecter des données comme pour recueillir les besoins et détecter les tendances
                                                          émergentes. Ce réseau est démultiplié par les nombreux partenariats que l’établissement
                                                          entretient, depuis le niveau national jusqu’au local. Ces collaborations sont renforcées par
                                                          un effort important de formation et d’information des correspondants, qui en retour permettent
                                                          le développement d’un vaste système de suivi de la faune sauvage, de ses habitats et de ses
                                                          pathologies. L’établissement assure une interface étroite entre le suivi et la recherche, puisque
                                                          ces activités sont pilotées au sein des mêmes équipes de la direction de la recherche et de
                                                          l’expertise, en lien avec de nombreux organismes scientifiques et techniques.

                                                          Ces compétences mettent l’Office au cœur de la mise en œuvre des politiques publiques de
                                                          biodiversité : plans nationaux d’action en faveur d’espèces menacées (loup, grand hamster,
                                                          vison d’Europe…), stratégie nationale relative aux espèces exotiques envahissantes, gestion
                                                          adaptative des espèces chassées, plan national forêt et bois, surveillance sanitaire et gestion
                                                          de foyers de crise… Une fois sur le terrain, la double compétence des agents leur permet de
                                                          passer d’actions de connaissance aux contrôles de police (et réciproquement) pour apporter
                                                          la meilleure réponse à chaque situation.

                                                          Le rapport scientifique que vous tenez entre les mains propose un bilan des activités de
                                                          recherche et développement de l’établissement sur la période correspondant à l’avenant au
                                                          contrat d’objectifs 2015-2016, décliné en programme d’études et de recherches sur la même
                                                          période. Il est le fruit d’une stratégie scientifique de long terme qui s’appuie sur un
                                                          investissement fort de l’établissement : maintien des territoires de recherche depuis plusieurs
                                                          décennies, emploi ou soutien de près d’une dizaine de doctorants au sein des équipes,
                                                          partenariats avec des laboratoires de recherche… Il vous présente la diversité des travaux
                                                          menés par l’établissement et ses partenaires, par une sélection parmi plus de 150 publications
                                                          scientifiques et techniques chaque année. Si la recherche sur les espèces (aussi bien chassées
                                                          que protégées) et leur dynamique de population reste au cœur de notre métier, celui-ci
                                                          s’élargit également à la connaissance et à la gestion de leurs habitats, sans oublier le
                                                          développement d’approches innovantes, en particulier pour l’analyse des données.

                                                          Je vous en souhaite une excellente lecture. ■

                                                                                                                           RAPPORT SCIENTIFIQUE 2015-2016      l7
Rapport scientifique 2015-2016 - ONCFS
Organigramme général
        Direction de la recherche et de l’expertise (au 31 décembre 2016)

            Chargée de mission auprès du Directeur                                     Directeur de la Recherche et de l’Expertise
             Responsable administratif et financier
                     Isabelle PINARD-GAUDIN                                                                        Directrice adjointe

                     Centre de documentation
                   Responsable : Magali BRILHAC                                         Cellule d’appui méthodologique
             Secrétariat : Estelle DELAMOTTE-DEOTTO,                                             Philippe AUBRY
               Martine AUPETIT, Christine MERSANT                                     Clément CALENGE, Guillaume BODY

            Unité Faune de plaine                       Unité Avifaune migratrice                     Unité Cervidés-sanglier
        Responsable : François REITZ                   Responsable : Yves FERRAND                  Responsable : François KLEIN
            Secrétaire de l’unité :                        Secrétaire de l’unité :                    Secrétaires de l’unité :
             Martine MACEROT                               Valérie GUERINEAU                            Sandrine LAHAYE,
   Mission « Agriculture - faune sauvage » :                                                            Ophélie TAGNON
              Francois OMNES                     Équipe « Habitats-zones humides »
                                                     Chef de projet : Joël BROYER
                                                                                                        Mission « équilibre
        Équipe « Lapin de garenne »                     Membres de l’équipe :
                                                                                                    agro-sylvo-cynégétique » :
               Chef de projet :                  Laurence CURTET, Laurence HENRY,
                                                                                                           Manon VIEL
         Stéphane MARCHANDEAU                             Romain CHAZAL
            Membres de l’équipe :                                                                     Équipe « Suivi national
               Jérôme LETTY,                             Équipe « Colombidés »
                                                                                                      des populations/études
               Régine BIGREL,                         Chef de projet : Hervé LORMEE
                                                                                                 des collisions ongulés-véhicules »
              Francis BERGER,                             Membres de l’équipe :
                                                                                                           Cheffe de projet :
            Nicolas MATHEVET,                               Sylvie FORGEARD
                                                                                                    Christine SAINT-ANDRIEUX,
                Gilles HOLE                      Équipe « Alaudidés-turdidés-caille »                   Membre de l’équipe :
                                                     Chef de projet : Cyril ERAUD                       Aurélie BARBOIRON
         Équipe « Lièvre d’Europe »
               Chef de projet :                         Membres de l’équipe :
                                                                                                  Équipe « Équilibre forêt gibier »
          Jean-Sébastien GUITTON                     Denis ROUX, Hervé BIDAULT
                                                                                                    Cheffe de projet : Sonia SAÏD
             Membres de l’équipe :                 Équipe « Bécasse-bécassines »                       Membres de l’équipe :
              Bernard MAUVY,                        Chef de projet : Yves FERRAND                       Jean-Luc HAMANN,
            Guillaume SOUCHAY                            Membres de l’équipe :                             Marc MARCHI,
                                                 Kévin LE REST, François GOSSMANN,                      Claude WARNANT,
        Équipe « Perdrix grise, faisans
                                                  Damien COREAU, Claudine BASTAT                    Agathe CHASSAGNEUX (D)
        et plaine de grande culture »
       Cheffe de projet : Elisabeth BRO        Équipe « Limicoles et espèces protégées »              Équipe « Démographie
             Membres de l’équipe :                Chef de projet : Bertrand TROLLIET                 et gestion du sanglier »
               Florian MILLOT,                           Membres de l’équipe :                      Chef de projet : Éric BAUBET
             Laurent SAUTEREAU                 Charlotte FRANCEZIAS, Olivier GIRARD,                   Membres de l’équipe :
                                                           Saadia BOUDINA                                 Cyril ROUSSET,
           Équipe « Perdrix rouge                                                                       Thibaut GAYET (D)
        et milieux méditerranéens »                      Équipe « Anatidés »
               Cheffe de projet :               Chef de projet : Matthieu GUILLEMAIN,            Équipe « Démographie et gestion
         Françoise PONCE-BOUTIN                          Membres de l’équipe :                             des cervidés »
            Membres de l’équipe :                        Alain CAIZERGUES,                      Cheffe de projet : Maryline PELLERIN
          Jean-Bernard PUCHALA,                     Jean-Baptiste MOURONVAL,                           Membres de l’équipe :
                Luc FRUITET                                Laetitia POUIOL                               William GAUDRY
                                                                                                        Camille LABARRERE
                                                     Équipe « Suivis internationaux
                                                             oiseaux d’eau »
                                                             Chef de projet :
                                                   Jean-Yves MONDAIN-MONVAL,
                                                Membre de l’équipe : Pierre DEFOS du RAU

 (D) : doctorant

8 l RAPPORT SCIENTIFIQUE 2015-2016
Rapport scientifique 2015-2016 - ONCFS
Guillaume ROUSSET                                                                      Assistance du directeur
                                                                                Assistante de direction : Brigitte IWACH
Nirmala SÉON-MASSIN                                                                Secrétaires : Anne COURTECUISSE
                                                                                                 Corinne VERGER (50 %)

                                           Missions auprès du directeur :
                                   Faune d’Outre-mer : Cécile RICHARD-HANSEN
                             Espèces exotiques envahissantes : Jean-François MAILLARD
                                        Espaces protégés : David LAFFITTE

        Unité Faune de montagne                  Unité Prédateurs - animaux                              Unité sanitaire
                                                        déprédateurs                                      de la faune
     Responsable : Daniel MAILLARD
         Secrétaires de l’unité :                       Responsable :                                    Responsable :
           Katia MARTINEZ,                       Murielle GUINOT-GHESTEM                              Jean-Yves CHOLLET
     Thérèse CURT-DUCHAUSSOY,                       Secrétaire de l’unité :                          Secrétaires de l’unité :
     Carole THOMAS DE LA BORDE                      Sophie VERZELLONI                             Sophie GRAMMONT (50 %),
   Équipe « Galliformes de montagne »                                                               Corinne VERGER (50 %)
                                             Équipe « Petits et moyens carnivores »
             Cheffe de projet :                         Cheffe de projet :                          Responsable scientifique
       Ariane BERNARD-LAURENT                          Sandrine RUETTE                                 du réseau SAGIR :
          Membres de l’équipe :                      Membres de l’équipe :                              Anouk DECORS
            Stéphane MARIN,                            Patricia VINCENT,
           Emmanuel MENONI,
                                                        Michel ALBARET,                          Conseillère technique contrôle
            Marc MONTADERT,
                                                        François LEGER,                              et police sanitaires :
             Claude NOVOA,
                                                     Jean-Michel VANDEL,                             Anne VAN de WIELE
           Jean-Pierre SERRES,
                                                     Mickaël JACQUIER (D)
         Bertrand MUFFAT-JOLY,
         Régis DESBARAX (50 %)                   Équipe « Grands carnivores –                    Chargé d’études et de recherche
                                                          Loup/Lynx »                          « épidémiologie et écotoxicologie »
    Équipe « Ongulés de montagne »                                                                     Olivier CARDOSO
                                                        Chef de projet :
     Chef de projet : Mathieu GAREL
                                                       Éric MARBOUTIN                          Équipe « maladies transmissibles
          Membres de l’équipe :
                                                     Membres de l’équipe :                              bétail-faune »
            Thibaut AMBLARD,
          François COUILLOUD,                       Christophe DUCHAMP,                                Cheffe d’équipe :
             Claire ANCEAU,                      Pierre-Emmanuel BRIAUDET,                              Sophie ROSSI
            Joël APPOLINAIRE,                         Yannick LEONARD,                                 Cheffe de projet :
           Dominique DUBRAY,                         Nicolas JEAN (50 %)                             Stéphanie DESVAUX
              Carole TOÏGO,
                                                       Équipe « Ours »
           Pascal MARCHAND,
         Jean-Claude REVERDY,                           Chef de projet :
           Coline CANONE (D)                        Pierre-Yves QUENETTE
                                                     Membres de l’équipe :
                                                     Françoise de PABLOS,
                                                   Jean-Jacques CAMARRA,
                                                      Étienne DUBARRY,
                                                      Jérôme SENTILLES,
                                                         Cécile VANPE

                                             Chargé de mission « Réseau Castor »
                                                   Yoann BRESSAN (20 %)

                                                                                                  RAPPORT SCIENTIFIQUE 2015-2016     l9
Rapport scientifique 2015-2016 - ONCFS
© Pascal Marchand/ONCFS

                                                                Faune de plaine
                                                                Avifaune migratrice
                                                                Cervidés et sanglier
                                                                Faune de montagne
                                                                Prédateurs et animaux déprédateurs
                                                                Santé de la faune
                                                                Faune de Guyane
                                                                Méthodes statistiques pour l’étude
                                                                de la faune sauvage et de ses habitats
                          10 l RAPPORT SCIENTIFIQUE 2015-2016
Les études et les recherches
sur les espèces
Les études et recherches sur les espèces à l’ONCFS          ainsi qu’une équipe spécialisée sur la faune de Guyane,
constituent la déclinaison opérationnelle de l’axe 2 du     appuyés par une cellule d’appui et des chargés de missions
contrat d’objectifs (Améliorer la connaissance pour une     transversaux. Les délégations interrégionales et leurs
expertise solide en matière de faune sauvage), et           cellules techniques, ainsi que les services départementaux,
contribuent également à l’axe 1 (Contribuer à la            contribuent aux programmes de suivi, de recherche et
sauvegarde de la biodiversité).                             d’expertise. Enfin de nombreux partenaires, tant
Ces programmes sont pilotés par six unités thématiques      scientifiques qu’opérationnels, en France et à l’étranger,
au sein de la Direction de la recherche et de l’expertise   sont également mobilisés dans ces travaux.

                                                                                RAPPORT SCIENTIFIQUE 2015-2016 l 11
LES ÉTUDES ET LES RECHERCHES SUR LES ESPÈCES

                                                                                                                                                             © Philippe Massit/ONCFS
           Faune de plaine
    Présentation des principaux programmes
    Les moyens d’étude et de recherche de l’unité Faune de plaine sont             • l’étude de l’occupation de l’espace et de l’utilisation des milieux dans
    essentiellement consacrés aux perdrix grises et rouges, faisans communs,         l’objectif de rechercher les pratiques agricoles et les aménagements les
    lapins de garenne et lièvres d’Europe. Ces espèces ont en commun de              plus favorables à la préservation de la petite faune et à son
    présenter de fortes fluctuations spatio-temporelles et d’être dépendantes        développement ou, pour le lapin, pour tenter de remédier aux risques de
    de nombreux facteurs de régulation externes ou internes : mode de                dégâts ;
    gestion par la chasse bien sûr mais aussi structure du paysage, agriculture,   • l’expérimentation d’outils de gestion des populations et des habitats :
    prédation, conditions climatiques, maladies, densité-dépendance,                 par exemple, la mesure d’indices cynégétiques d’abondance (lièvre), le
    dispersion. L’objectif principal de l’unité, dans un contexte d’évolution        suivi de nouveaux moyens de repeuplement et le volet génétique
    souvent défavorable des populations et des habitats, est en premier lieu         correspondant pour la perdrix grise, le suivi de la fréquentation
    d’assurer le suivi aussi complet que possible de populations afin d’en           d’abreuvoirs par la perdrix rouge.
    mieux comprendre le fonctionnement et les facteurs de régulation. Il
    s’agit aussi d’établir ou de tester les modalités de gestion des populations   L’unité contribue également aux travaux de l’établissement sur le hamster
    par la chasse les plus efficaces pour un maintien durable des niveaux          d’Europe, le lièvre à collier noir et le tangue. Elle pilote enfin la mission
    d’abondance et, dans la mesure du possible, de déterminer les modes de         transversale au sein de l’ONCFS d’étude de l’intérêt de pratiques agricoles
    gestion les plus favorables de l’environnement dans lequel elles évoluent.     innovantes pour la faune et de mise au point des outils de développement
                                                                                   nécessaires.
    Les principaux thèmes d’études en cours sont :
    • le suivi des populations par des réseaux partenariaux dans l’objectif
      multiple de connaître leur statut, d’évaluer les paramètres                   Zoom sur
      démographiques et leurs variations spatio-temporelles et de fournir un
      environnement technique à la gestion cynégétique ;                           De nouveaux virus identifiés dans les populations
    • l’étude de certains facteurs de régulation. En particulier, les maladies     de lièvres et de lapins
      virales chez les lagomorphes et les effets non intentionnels des produits    Les caliciviroses des lagomorphes, European brown hare syndrome
      phytopharmaceutiques sur la perdrix grise font l’objet d’une attention       (EBHS) chez le lièvre et Rabbit haemorrhagic disease (RHD) chez le
      soutenue ;                                                                   lapin, sont des maladies qui ont émergé au début des années 1980. Elles
    • l’étude approfondie de la dynamique des populations, là où le besoin         sont causées par des virus génétiquement proches de la famille des
      existe pour affiner la gestion cynégétique des populations sauvages ou       calicivirus et appelés lagovirus. Le virus RHDV n’infecte que le lapin
      mixtes (en particulier perdrix rouge et faisan) ou pour mettre en            (Oryctolagus cuniculus) alors que l’EBHSV est capable d’infecter
      évidence l’impact de facteurs de régulation ;                                différentes espèces de lièvre dont le lièvre d’Europe (Lepus europaeus) et
                                                                                   le lièvre variable (L. timidus). En 2010, un nouveau lagovirus apparenté au
                                                                                   RHDV (RHDV2) a été détecté chez des lapins de garenne avant de se
   LES POINTS FORTS 2015-2016                                                      propager à plusieurs espèces de lièvres.

                                                                                   L’émergence d’un virus pathogène chez une espèce peut avoir deux
    • Poursuite de la mise en place du réseau national Lièvre.                     origines : un virus non pathogène qui acquiert de la virulence ou un virus
    • Lancement d’une étude de la survie juvénile des lièvres par suivis GPS       qui vient d’une autre espèce. La première hypothèse a rapidement été
      avec les fédérations de l’Oise et de la Somme.                               privilégiée puisque des anticorps dirigés contre ces virus ont été détectés
                                                                                   dans des échantillons sanguins récoltés dans les années 1970, avant les
    • Nouveau projet européen d’étude des origines des maladies virales des        premières épidémies connues. Toutefois elle n’a pas été confirmée à ce
      lagomorphes.
                                                                                   jour car les différents lagovirus non pathogènes isolés chez le lapin de
    • Publication d’une brochure sur l’aménagement de garennes artificielles.      garenne et le lièvre sont génétiquement trop distants pour être des
    • Forte extension du réseau multipartenarial de sites perdrix rouge.           ancêtres proches du RHDV, du RHDV2 ou de l’EBHS. Elle n’explique pas
                                                                                   non plus les trois émergences récentes de lagovirus pathogènes alors
    • Achèvement de l’étude de la fréquentation des abreuvoirs par la              qu’aucune autre n’avait été détectée précédemment.
      perdrix rouge.
    • Achèvement d’une étude régionale multisites de dynamique de                  La seconde hypothèse est celle d’un saut de barrière d’espèce depuis une
      populations et d’occupation de l’habitat par le faisan commun.               espèce réservoir sympatrique, endémique ou précédemment introduite.
                                                                                   Deux raisons nous ont conduits à l’hypothèse que le lapin de Floride
    • Achèvement d’un vaste programme d’études d’effets non intentionnels          (Sylvilagus floridanus) pourrait être ce réservoir : les sauts de barrière
      de produits phytopharmaceutiques sur la perdrix grise et d’autres espèces
                                                                                   d’espèces sont plus probables entre espèces proches et les introductions
      des plaines agricoles.
                                                                                   massives de lapins de Floride en Europe dans les années 1970 et 1980
    • Achèvement d’une étude des caractéristiques génétiques de populations        coïncident avec l’émergence de l’EBHS et de la RHD.
      de perdrix grises.
                                                                                   Cette hypothèse s’appuie aussi sur une étude épidémiologique conduite
                                                                                   sur une population de lapins de Floride installée dans la plaine du Pô en

   12 l RAPPORT SCIENTIFIQUE 2015-2016
Italie. Elle a mis en évidence la présence d’anticorps anti-RHDV et anti-                            comme certains néonicotinoïdes). En sus, ce travail a apporté une grande
   EBHSV chez cette espèce, prouvant sa sensibilité aux lagovirus. Une                                  quantité de données de terrain pour l’évaluation du risque
   infection expérimentale de lapins de Floride par l’EBHSV a en outre                                  post-homologation.
   démontré la faisabilité d’un saut de barrière d’espèce entre le lapin de
   Floride et les lagomorphes européens.                                                                Pontes
                                                                                                        Nous avons également mis en évidence une forte exposition potentielle
   Ces travaux bénéficient d’un financement européen au travers du                                      des pontes (71 %) à une diversité de SA (108). La contamination de
   programme ECALEP en partenariat avec des équipes de recherche                                        certains œufs a été avérée lors d’analyses à large spectre (500 substances
   françaises, italienne, suédoise et portugaise.                                                       recherchées). En effet, 15 molécules ont été détectées dans 24 des
                                                                                                        52 pontes analysées. Parmi elles, 9 sont actuellement utilisées en agriculture.
   Références                                                                                           Les autres molécules ne sont plus autorisées, mais persistent dans
   Esteves P.J., Abrantes J., Bertagnoli S., Cavadini P., Gavier-Widén D., Guitton J.-S., Lavazza A.,   l’environnement. Les propriétés physico-chimiques, biologiques et
   Lemaitre E., Letty J., Lopes A.M., Neimanis A.S., Ruvoën-Clouet N., Le Pendu J.,                     écotoxicologiques de ces SA ont été déduites en utilisant des modèles
   Marchandeau S. & Le Gall-Reculé G., (2015). Emergence of Pathogenicity in Lagoviruses:
   Evolution from Pre-existing Nonpathogenic Strains or through a Species Jump? PLoS                    dits « structure-propriété » (QSPR) ou « structure-activité » (QSAR). Les
   Pathog 11, e1005087.                                                                                 résultats mettent en évidence un potentiel d’effets adverses liés, par
                                                                                                        exemple, à la lipophilie importante de certaines SA ou encore à leur capacité
   Lavazza A., Cavadini P., Barbieri I., Tizzani P., Pinheiro A., Abrantes J., Esteves P., Grilli G.,   à se fixer sur un site actif d’enzyme en lieu et place d’hormones.
   Gioia E., Zanoni M., Meneguz P., Guitton J.-S., Marchandeau S., Chiari M. & Capucci L.,
   (2015). Field and experimental data indicate that the eastern cottontail (Sylvilagus
   floridanus) is susceptible to infection with European brown hare syndrome (EBHS)                     Ce travail a posé des fondations solides en écotoxicologie terrestre, domaine
   virus and not with rabbit haemorrhagic disease (RHD) virus - Vet Res 46, 13.                         encore très peu exploré. Les perspectives se dessinent pour examiner et
                                                                                                        quantifier les éventuelles relations de cause à effet à l’échelle des individus,
   Exposition des perdrix grises aux produits phytopharma-                                              puis le cas échéant en termes d’impact sur les populations.
   ceutiques en période de reproduction
                                         Les programmes PeGASE et M6P (environ 500                      Références
                                         oiseaux suivis par radiopistage et 300 pontes),                Bro E., Devillers J., Millot F. & Decors A., (2016). Residues of plant protection products
                                         menés en collaboration avec l’unité sanitaire                  in grey partridge eggs in French cereal ecosystems, Environmental Science and
                                                                                                        Pollution Research, 23: 9559-9573.
                                         de la faune et divers partenaires scientifiques
                                         (CTIS, VetAgro Sup) apportent des données                      Bro E., Millot F., Decors A. & Devillers J., (2015). Quantification of potential exposure
                                         essentielles sur le suivi des effets non                       of grey partridge (Perdix perdix) to pesticide active substances in farmlands, Science
                                         intentionnels des produits phyto­                              of Total Environment, 521-522 : 315-325.
                                         pharmaceutiques sur la faune non-cible (plan
                                                                                                        Devillers J., Bro E. & Millot F., (2015). Prediction of the endocrine disruption profile
                                         Ecophyto du ministère chargé de l’Agriculture).                of pesticides – SAR and QSAR in Environmental Research, 26(10): 831–852.

   Reproducteurs                                                                                        Millot F., Berny P., Decors A. & Bro E., (2015). Little field evidence of direct acute and
   Les femelles sont potentiellement exposées à une grande diversité de                                 short-term effects of current pesticides on the grey partridge – Ecotoxicology and
   substances actives (dites SA, 157 recensées). Des résidus de diverses SA                             Environmental Safety, 117: 41-61.
   ont été détectés dans 40 % des 94 cadavres analysés. Cependant, il n’a                               Saxena A.K., Devillers J., Bhunia S.S. & Bro E., (2015). Modelling inhibition of avian
   pas été mis en évidence d’effets létaux aigus (i. e. mortalité survenant                             aromatase by azole pesticides – SAR and QSAR in Environmental Research, 26(7-9):
   rapidement). Ce résultat concorde avec la faible toxicité aiguë pour les                             757-782.
   oiseaux des SA utilisées actuellement (sauf cas particuliers spécifiques
© L. Armand, E. Bro, FDC 28, E. Millot

                                                                                                                                                RAPPORT SCIENTIFIQUE 2015-2016 l 13
LES ÉTUDES ET LES RECHERCHES SUR LES ESPÈCES

                                                                                                                                                                        © Romain Chazal/ONCFS
           Avifaune migratrice
    Présentation des principaux programmes
    Deux éléments principaux caractérisent les travaux conduits par l’unité             Les espèces exotiques envahissantes forment une thématique particulière
    Avifaune migratrice : un grand nombre d’espèces concernées (45 si on                à l’unité qui est impliquée sur deux espèces : l’érismature rousse et la
    s’en tient aux seules espèces chassables en métropole) et une dimension             bernache du Canada. Deux volets composent ce thème : le suivi des
    internationale, en raison des déplacements annuels de ces espèces.                  effectifs et les plans de lutte ou de maîtrise des populations.

    Pour ce qui est de la partie Recherche, les travaux de l’unité se déclinent         Enfin, l’unité s’intéresse plus particulièrement à trois écosystèmes et aux
    pour l’essentiel en trois actions : évaluer l’état de conservation des              activités humaines les concernant : les étangs continentaux, les prairies
    espèces par un suivi des effectifs, identifier les mécanismes qui sous-             de fauche et le bocage (voir page 30). Deux actions principales concernent
    tendent la dynamique des populations, élaborer des modèles de gestion               cette thématique : l’évaluation de leur état de conservation sur le plan
    et proposer des systèmes d’évaluation de leurs performances.                        quantitatif (surfaces concernées et leur tendance) et qualitatif (diversité
                                                                                        biologique animale et végétale) et le test de modèles de gestion de ces
    L’exploitation durable des oiseaux migrateurs chassables est clairement             écosystèmes pour en améliorer la qualité.
    un sujet qui monte en puissance. La publication par l’AEWA, en 2015,
    d’un document qui en fixe les lignes directrices témoigne de cette
    évolution. Les travaux de l’unité viendront utilement renseigner les plans           Zoom sur
    de gestion à venir.
                                                                                        La pisciculture extensive, une activité profitable
    Pour ce qui est de la partie Expertise, l’implication de l’unité est plus           aux anatidés nicheurs sur les étangs piscicoles
    particulièrement orientée vers l’appui aux ministères de tutelle                    Les grands complexes d’étangs piscicoles européens sont des sites
    (moratoires, dates d’ouverture/fermeture de la chasse, quotas de                    majeurs pour la reproduction des anatidés. Or, les difficultés économiques
    prélèvements…), l’appui et/ou la rédaction de tout ou partie de Plans               de la filière piscicole sont à l’origine d’une interruption de l’élevage du
    d’action/gestion nationaux et internationaux (barge à queue noire,                  poisson dans plusieurs régions de France. Cette étude a cherché à décrire,
    courlis cendré), la participation active aux groupes d’experts pilotés par          à l’échelle de l’étang, les conséquences pour la reproduction des canards
    d’autres organisations, nationales et internationales (CEPO, GEOC,                  de la cessation des pratiques piscicoles en Sologne. À l’aide de modèles
    AEWA, UICN) ou aux instances liées aux textes européens (notamment la               linéaires généralisés, nous avons cherché à expliquer la variabilité du
    Directive Oiseaux) ainsi qu’à des groupes de travail face à l’émergence de          nombre de couples de canards cantonnés et du rapport nichées/couples
    situations de crise (influenza aviaire, risques de collision pour l’aviation).      dans trois catégories d’étangs : certains encore régulièrement
                                                                                        empoissonnés et pêchés, d’autres non pêchés depuis quatre à dix ans, ou
                                                                                        depuis plus de dix ans, en tenant compte du développement de la
   LES POINTS FORTS 2015-2016                                                           végétation aquatique herbacée haute ou basse (couvert disponible pour
                                                                                        la nidification), du degré d’envahissement des ceintures végétales par les
                                                                                        saules Salix sp. (indice d’une non-gestion des berges) et des
    • Contribution à la rédaction du plan d’action international sur la tourterelle     caractéristiques physico-chimiques de l’eau (transparence, pH) et du
      des bois, sous l’égide de la Royal Society for the Protection of Birds (Grande-   sédiment des étangs (calcium échangeable, potassium, magnésium,
      Bretagne), commissionnée par l’Union européenne.                                  phosphore, azote Kjeldahl et carbone organique).
    • Mise en œuvre de la première partie du programme Ressource
                                                                                        Les analyses montrent que la pratique régulière de la pisciculture explique
      (Renforcement de l’expertise au Sud du Sahara sur les oiseaux et leur
                                                                                        le mieux : 1) l’abondance des couples de canards cantonnés sur les étangs,
      utilisation rationnelle en faveur des communautés et de leur
                                                                                        2) le rapport nichées/couples – qui traduit la réussite de la nidification ou
      environnement) financé par le FFEM, la FAO et l’UE.
                                                                                        l’attractivité d’un étang pour l’élevage des canetons – à condition que la
    • Déploiement de balises Argos sur des bécasses des bois.                           transparence de l’eau soit supérieure à 40 cm. Ces résultats suggèrent que
    • Expertise sur les origines géographiques et la quantification des flux            la gestion d’un étang pour la pisciculture peut permettre d’améliorer ses
      migratoires d’alouettes des champs en automne-hiver en France.                    capacités d’accueil pour les canards nicheurs, et que la déprise piscicole
                                                                                        peut avoir des conséquences négatives sur les populations locales
    • Soutenance d’une thèse relative à l’influence des pratiques culturales            d’anatidés.
      sur l’utilisation des rizières par les canards hivernants.
    • Lancement d’une thèse sur le fonctionnement démographique des                     Référence
      populations de fuligules milouins et morillons en Europe de l’Ouest.              Broyer J., Richier S., Boullard C. & Blottière E., (2016) – Fish farming abandonment
                                                                                        and pond use by ducks breeding in Sologne (Central France) – European Journal of
    • Finalisation du Plan national de lutte contre l’érismature rousse.                Wildlife Research – 62 (3): 325-332.

    • Expertise auprès de l’Autorité européenne de sécurité alimentaire lors
      des épisodes de grippe aviaire.

   14 l RAPPORT SCIENTIFIQUE 2015-2016
L’origine très nordique des fuligules milouins
  Comparaison du nombre de couples de canards cantonnés a                                et morillons hivernant en France précisée
  et du rapport nichées/couples chez les plongeurs b (moyennes et                        par l’approche isotopique
  intervalles de confiance à 95 % dans trois catégories d’étangs : 1 = encore
  régulièrement pêchés (n = 15) ; 2 = abandonnés depuis 4 à 10 ans (n = 12) ;
  3 = abandonnés depuis plus de 10 ans (n = 13) (sologne, 2014).                         Pour les oiseaux migrateurs, la manière dont les populations hivernantes
  a                               12                                                     et reproductrices sont connectées est essentielle dans une perspective de
                                                                                         gestion. À partir d’une approche isotopique (variation géographique du
   nombre de couples d'anatidés

                                  10
                                                                                         rapport des isotopes stables de l’hydrogène ou δ2Hf), nous avons
                                  8                                                      déterminé la provenance de 666 fuligules milouins et 190 fuligules
                                  6                                                      morillons capturés en France au cours de deux hivers (2005-2006, plus
                                                                                         froid que la normale, et 2008-2009, dans les normales saisonnières). Les
                                  4
                                                                                         signatures isotopiques des fuligules milouins montrent une distribution
                                  2                                                      bi-modale (figure 1), indiquant une forte contribution des zones de
                                                                                         reproduction nordiques (60°-65° de latitude) et d’Europe centrale
                                  0          1                           2       3       (45°-55° de latitude) à la population hivernante française. Le pic de
  b                                    1,2                                               présence des individus d’origine nordique est atteint en décembre-
   canards plongeurs : rapport

                                        1                                                janvier, au même moment que le pic d’hivernage. En revanche, le fuligule
                                                                                         morillon ne présente pas de bi-modalité dans son patron de signatures
                                       0,8
      nichées/couples

                                                                                         isotopiques mais une nette dominance des signatures d’origine nordique,
                                       0,6                                               probablement scandinaves et russes (60°-70° de latitude, figures 2a, 2b).
                                       0,4                                               Chez cette espèce, les individus d’origine nordique ont été observés tôt
                                       0,2
                                                                                         dans la saison pour les échantillons issus de l’est de la France et tard dans
                                                                                         la saison pour ceux récoltés dans l’ouest. Les effets de la rigueur de l’hiver
                                        0
                                                                                         sur la distribution des individus sont confirmés chez le fuligule morillon
                                  - 0,2                                                  avec des signatures plus nordiques enregistrées lors de l’hiver le plus
                                                 1                           2   3
                                                                                         rigoureux, mais pas chez le fuligule milouin. Ces résultats suggèrent que
                                                                                         les prélèvements cynégétiques sur ces deux espèces puisent globalement
Les graines adventices contribuent à l’alimentation                                      dans un immense réservoir constitué par les individus nés et se
des alouettes des champs en hiver                                                        reproduisant dans les contrées nordiques.

                                        L’hiver est une saison cruciale pour de          Référence
                                        nombreuses espèces d’oiseaux qui                 Caizergues A., Van Wilgenburg S.L. & Hobson K.A. (2016). Unraveling migratory
                                        doivent alors couvrir d’importants               connectivity of two European diving ducks: a stable isotope approach – European
                                                                                         Journal of Wildlife Research 62 (6): 701-711.
                                        besoins énergétiques. La détermi­
                                                     © Thibaut Powolny

                                        nation du régime alimen­taire à cette              Assignation géographique des fuligules milouins échantillonnés
                                        époque de l’année présente par                     en france 2005-2006 (n = 494), et 2008-2009 (n = 172) en fonction
                                                                                           de leur signature isotopique (δ2hf). les couleurs représentent le nombre
                                        conséquent d’évidentes implications                d’individus portant la signature correspondant à la valeur attendue pour
                                        en matière de conservation. Pour                   chaque pixel du modèle isoscape. les ronds rouges représentent les
                                                                                           principales zones d’échantillonnage, les lignes rouge et noire représentent
❚ L ’alouette des champs préfèrent     certaines espèces comme l’alouette                 respectivement les limites nord et sud des « flyways » europe centrale et
  les graines d’adventices aux céréales des champs (Alauda arvensis),                      nord-ouest europe de l’espèce (d’après Scott and Rose 1996).
  cultivées pendant l’hiver
                                        ces aspects sont toutefois peu
documentés. À partir de 123 gésiers récoltés au cours de différents hivers
(décembre-janvier) et dans deux régions de l’Ouest de la France, nos
travaux se sont attachés en premier lieu à déterminer et quantifier la
fraction en graines consommées par les oiseaux. 38 espèces de graines
(16 familles) ont ainsi été identifiées, parmi lesquelles 37 étaient des
espèces de plantes adventices. À l’inverse de précédents travaux conduits
en Grande-Bretagne, aucune présence de grain de céréale (blé, orge…) n’a
été relevée dans les gésiers, suggérant que seules les espèces adventices
composent la fraction en graines du bol alimentaire hivernal. Des                                                                        a
simulations basées sur la valeur nutritionnelle des différentes espèces de
graines indiquent que des alouettes s’alimentant exclusivement de                          Assignation géographique des fuligules
                                                                                           morillons échantillonnés dans l’Est a et
graines devraient ingérer 7 à 8 grammes ou entre 4 000 et 5 600 graines,                   l’Ouest de la France 2005-2006 (n = 155),
pour couvrir leur besoin quotidien. Cette valeur s’est révélée proche de la                et 2008-2009 (n = 22) en fonction de leur
                                                                                           signature isotopique (δ2Hf). Les couleurs
quantité que nous avons mesurée (6,7 grammes) chez des alouettes                           représentent le nombre d’individus portant
maintenues en captivité et nourries exclusivement de graines de millet.                    la signature correspondant à la valeur
                                                                                           attendue pour chaque pixel du modèle
Ces résultats suggèrent que le maintien de couverts riches en adventices                   « isoscape ». Les ronds rouges représentent b
est bénéfique à la conservation des alouettes des champs qui hivernent                     les principales zones d’échantillonnage,
                                                                                           les lignes rouge et noire représentent
dans les plaines cultivées de notre pays.                                                  respectivement les limites des « flyways »
                                                                                           Europe centrale et Nord-Ouest Europe de
                                                                                           l’espèce (d’après Scott and Rose 1996).
Référence
Eraud C., Cadet E., Powolny T., Gaba S., Bretagnolle F. & Bretagnolle V., (2015). Weed
seeds, not grain, contribute to the diet of wintering skylarks in arable farmlands of
Western France – European Journal of Wildlife Research 61 (1): 151-161.

                                                                                                                              RAPPORT SCIENTIFIQUE 2015-2016 l 15
LES ÉTUDES ET LES RECHERCHES SUR LES ESPÈCES

                                                                                                                                                               © Philippe Massit/ONCFS
           Cervidés et sanglier
    Présentation des principaux programmes
    Trouver un équilibre harmonieux et durable entre les populations                 Quatre axes de travail interconnectés
    d’ongulés sauvages et les différents usages de l’espace rural est un             • Suivi patrimonial des ongulés et des modalités de gestion : état des
    exercice d’autant plus difficile que leurs composantes sont en perpétuelle         populations nationales et efficacité de la gestion pratiquée, à des
    évolution. Car les changements globaux intègrent tout autant les                   échelles départementales et nationale.
    changements climatiques, dont on perçoit les effets sur l’environnement          • Gestion du sanglier : dynamique de l’espèce et facteurs principaux de
    et en conséquence, la dynamique des espèces animales, que les                      ses variations ; outils techniques opérationnels pour la gestion.
    changements d’usages des espaces liés aux objectifs i) économiques pour          • Équilibre forêt-gibier : interactions à court et moyen termes entre
    les activités agricoles et forestières ii) écologiques pour le maintien de la      herbivores et habitats forestiers gérés ou non gérés – plus
    biodiversité iii) sociaux, pour l’accueil et le loisir en milieu rural. Et les     particulièrement impacts sur le renouvellement de la forêt. Élaboration
    services éco-systémiques assurés par l’environnement sont une nouvelle             de méthodes simples et opérationnelles de suivi du bon fonctionnement
    composante à intégrer.                                                             de l’écosystème forestier.
    L’étude du fonctionnement spatial et démographique des ongulés                   • Gestion opérationnelle des populations et des habitats : modélisation
    sauvages et la recherche des causes de variations des effectifs restent            démographique, test de nouveaux ICE, mise en œuvre – échantillonnage
    essentielles dans nos travaux. Les connaissances sont déjà solides, qui ont        et organisation humaine et technique – détermination des plans de
    facilité le développement d’outils de gestion pertinents. Mais il nous faut        prélèvements.
    encore modéliser leur démographie future à l’échelle des peuplements
    animaux et étudier les conséquences du retour des grands prédateurs.
    Il faut aussi mesurer plus précisément l’impact de la chasse sur le               Zoom sur
    fonctionnement des espèces. Ces dernières se montrent parfois capables
    de résister à l’augmentation de la pression de chasse, en évitant les            Variations saisonnières du potentiel de dispersion
    chasseurs ou en développant des stratégies démographiques appropriées.           des plantes par les ongulés sauvages
    Face à la réduction durable du nombre de chasseurs qui pourrait conduire         Les ongulés sauvages sont très souvent présentés au travers des difficultés
    à l’impossibilité de contrôler la dynamique animale, il faut proposer des        qu’ils engendrent. Ils assurent aussi des services écosystémiques très
    méthodes de gestion plus efficaces et moins consommatrices en moyens             utiles, par exemple en dispersant des graines à longue distance, au même
    humains, tant pour les suivis que pour la planification des prélèvements         titre que le vent, l’eau ou les activités humaines, permettant aux plantes
    ou leur réalisation.                                                             de mieux s’adapter aux changements globaux. Dans le cadre d’un projet
    La mise au point de solutions concrètes, intégrant autant la gestion             scientifique piloté par Irstea, nous nous sommes intéressés aux variations
    cynégétique que la gestion des habitats, est donc toujours au cœur des           saisonnières de la dispersion des plantes par endozoochorie, en utilisant
    préoccupations de l’équipe.                                                      comme modèles trois espèces communes d’ongulés sauvages :
                                                                                     le chevreuil, le cerf et le sanglier.
   LES POINTS FORTS 2015-2016                                                        Le temps de rétention interne et la proportion excrétée de graines a porté
                                                                                     sur trois plantes (plantain, brunelle et ronce) proposées à des animaux en
    • Organisation du colloque sur les indicateurs de changement écologique,         semi-captivité. La proportion de graines excrétées en fonction du temps
      Chambord 20 et 21 mai 2015 ; publication des actes en 2016.                    a été calculée en cumulant les trois espèces de plante. Les distances
    • Parution de la brochure technique Vers une nouvelle gestion du grand           moyennes et maximales parcourues quotidiennement pendant trois
      gibier : les indicateurs de changement écologique.                             périodes : janvier-avril, mai-août et septembre-décembre ont été
                                                                                     obtenues grâce à des suivis GPS sur trois sites d’études : Chizé, La Petite
    • Un troisième territoire du réseau Sylvafaune aboutit à une convention          Pierre et Arc-en-Barrois. Des capteurs d’activité ont permis de déterminer
      entre les partenaires locaux en 2016.
                                                                                     les périodes d’alimentation des animaux au cours d’une journée. Nous
    • Mise en place de l’Observatoire national des fructifications forestières       avons couplé les temps de rétention et l’analyse des trajets pour estimer
      et de la reproduction du sanglier (22 territoires intégrés fin 2016).          les distances potentielles de dispersion des graines ingérées par les
                                                                                     animaux (figure 1). Nous montrons que le temps de rétention moyen et
    • Organisation de la recherche nationale pluridisciplinaire sur l’équilibre
                                                                                     la proportion moyenne des graines libérées sont plus élevés chez le
      forêt-gibier : production en 2016 d’un premier plan d’action.
                                                                                     sanglier.
    • TVB et infrastructures linéaires : synthèse sur facteurs favorables aux
      collisions routières, lancement d’une étude sur couloirs de circulation de
      la grande faune en Rhône-Alpes.                                                  Figure 1 : Proportion de graines excrétées en fonction de la distance
                                                                                       de dispersion.
    • Lancement en 2015 d’une thèse sur les interactions forêt-gibier en
      contexte de changement climatique, en collaboration avec le Centre
      national de la recherche scientifique (CNRS) et l’Office national des
      forêts (ONF).
    �• Lancement en 2016 d’une thèse ONCFS sur l’effet de la chasse et des
       variations environnementales sur la stratégie spatiale de deux grands
       ongulés forestiers.

   16 l RAPPORT SCIENTIFIQUE 2015-2016
En conclusion, les proportions de graines excrétées bien plus élevées chez                                            Alléger la mise en œuvre des ICE
les sangliers, et cela malgré un temps de rétention plus long, nous laissent                                          par un échantillonnage adapté
penser que la rumination qui a lieu chez les cervidés a un effet négatif sur                                          La mise en œuvre des indicateurs de changement écologique (ICE) est
le passage des graines. Nous avons également pu mettre en évidence un                                                 d’ores et déjà bien engagée en France métropolitaine mais de nombreux
effet de l’espèce animale et de la période de l’année sur les distances                                               gestionnaires se heurtent à la difficulté de trouver annuellement des
maximales parcourues, et donc sur les distances de dispersion des graines,                                            moyens humains suffisants pour les réaliser. C’est notamment le cas de
avec des distances plus importantes chez les sangliers, et chez les biches                                            l’indice de consommation, le plus souvent relevé par les forestiers. Le
des distances supérieures ou égales à celles des chevrettes suivant la                                                protocole initial prévoit de relever un minimum de 150 placettes quelle
période de l’année.                                                                                                   que soit la surface du massif. S’il s’agit d’un massif de très grande taille, il faut
                                                                                                                      respecter un minimum d’une placette pour 30 hectares, selon un
Référence                                                                                                             échantillonnage aléatoire systématique. Le travail peut donc devenir fastidieux.
Pellerin M., Picard M., Saïd S., Baubet É. & Baltzinger C. Complementary endozoo                                      Aussi, une méthode a été développée pour réduire l’effort d’échantillonnage.
chorous long-distance seed dispersal by three native herbivorous ungulates in Europe                                  Différentes approches statistiques ont été envisagées pour stratifier la
– Basic And Applied Ecology 17, 2016. 321-332.
                                                                                                                      population de placettes pour finalement retenir le « Point-Region
                                                                                                                      quadtree » en raison de sa grande souplesse de mise en œuvre.
Réponse de la végétation forestière à la baisse                                                                       Cette méthode a d’abord été appliquée sur un massif test – le Pilat (Loire) –
de la pression d’herbivorie en conditions naturelles                                                                  pour lequel des relevés exhaustifs étaient disponibles sur un réseau de
De fortes populations de cervidés impactent la dynamique forestière mais                                              1 800 placettes. Un échantillonnage au 1/5 soit 400 placettes retenues
plusieurs autres facteurs tels l’eutrophisation naturelle des écosystèmes et                                          permettant une faible perte de puissance statistique, a été finalement
la gestion sylvicole peuvent aussi affecter celle-ci. En s’appuyant sur                                               retenu et appliqué lors des années suivantes.
plusieurs campagnes de mesures de la végétation conduites entre 1976 et
2006, il a été possible de documenter le rôle des herbivores sauvages sur                                             Référence
la composition et la dynamique de la végétation forestière.                                                           Michallet J., Aubry Ph., Chevrier Th., Chauveau S., Brisson J. M., Pellerin M., (2015).
Cette étude au moyen terme a été conduite sur le massif forestier d’Arc-                                              Réduire l’effort d’échantillonnage pour mesurer la pression des ongulés sur la forêt
                                                                                                                      – Faune sauvage n° 309 – 18-24.
en-Barrois (Haute-Marne), composé de deux unités distinctes, ayant subi
des trajectoires cynégétiques distinctes : forts effectifs initiaux de
cervidés dans l’unité nord significativement réduits par la suite et effectifs                                         Exemple de réduction de l’effort d’échantillonnage pour la mise en œuvre
                                                                                                                       de l’IC sur plusieurs massifs forestiers de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
stables et moyens dans l’unité sud. Les différentes campagnes de mesures
ont porté sur les mêmes sites et ont suivi des protocoles identiques.
Elle a montré que la pression d’abroutissement et les variables édaphiques
conditionnaient la composition initiale de la végétation. Par la suite, une
forte progression des plantes nitrophiles est notée en même temps que
l’évolution vers des communautés végétales caractéristiques d’une faible
pression d’herbivorie. Cette tendance est d’autant plus marquée que le
changement de la pression d’herbivorie est intense. De tels résultats
confirment le rôle de la pression d’herbivorie sur la composition de la
végétation une fois pris en compte les autres facteurs (édaphiques,
gestion sylvicole). Il est donc important de l’intégrer dans les suivis à long
terme de la biodiversité forestière.
Elle permet aussi d’envisager d’utiliser la composition spécifique des
communautés végétales comme indicateurs de l’évolution de la pression
d’herbivorie, à la condition que les variations de cette dernière soient
significatives. Ceci est d’autant plus vrai que la reconstitution des
communautés végétales est lente. Dans le cas présent, celle-ci est encore
incomplète plus de vingt-cinq années après la réduction des effectifs.

Référence
Boulanger V., Baltzinger Ch., Said S., Ballon Ph., Picard J.F., Dupouey J.L., (2015).
Decreasing deer browsing pressure influenced understory vegetation dynamics over
30 years – Annals of Forest Science 72. 367-378.
                                                                                            © Jean-Luc Hamann/ONCFS

❚ L es grands herbivores comme le cerf élaphe influencent la composition des communautés végétales
                                                                                                                                                             RAPPORT SCIENTIFIQUE 2015-2016 l 17
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