PROFESSIONS FINANCIÈRES - DE L'ÉCONOMIE DOSSIER SPÉCIAL
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LE MAGAZINE DES PROFESSIONS FINANCIÈRES #02 Nov. 2013 & DE L’ÉCONOMIE DOSSIER SPÉCIAL LA FINANCE AU SERVICE DE LA CROISSANCE ET DE L’EMPLOI PERSONNALITÉ Questions | Réponses Pierre Gattaz Président du Medef CONVENTION annuelle des Professions Financières
Editorial 03 Le mot du Président N ous avons retenu pour thème de théon et Président du Conseil des Présidents notre 8 e Convention «La Finance au d’Universités qui, lors d’une remise des prix service de la croissance et de l’em- du Concours International des Mémoires de ploi ». Ce choix s’inscrit logique- l’Economie et de la Finance, avait insisté sur ment dans la succession des initiatives que le la nécessité de réunir le « tiercé gagnant de Centre a souhaitées très tôt, dès 2007, prendre l’Université, des Centres de recherche et des pour mobiliser les esprits et les énergies de nos entreprises ». C’est dans cet esprit que nous professions pour une pédagogie de la recons- avons tenu notre Convention de 2011 à l’Uni- truction de la sphère financière au service de versité Paris Assas et celle de 2012 à la Sor- l’économie. Nos précédentes conventions ont bonne. été animées par cette ambition. Renforcé par la dynamique des programmes Dès le mois de novembre 2007, conscient de de travail ambitieux mis en place ces der- la gravité de la crise imminente qui s’annon- nières années, le Centre des Professions Fi- çait, j’ai proposé la création au sein de notre nancières a franchi une nouvelle étape, lors de association de groupes de travail transversaux son Premier Congrès, avec la présentation par et pluridisciplinaires nourrissant des débats Edmond Edouard SALUSTRO, du Manifeste des Profes- animés et riches sur la place et le rôle des pro- Alphandéry, sions Financières. J’en cite volontiers l’extrait fessions et des métiers de la finance dans nos Président du Centre le plus parlant. « Le Centre doit afficher claire- économies contemporaines. des Professions ment ses propositions novatrices, ses analyses Le groupe des Normes comptables, présidé par Financières rigoureuses et reconnues y compris sur le plan Edouard SALUSTRO, a publié de nombreux ar- universitaire, en dégageant quelques prin- ticles portant notamment sur la gouvernance cipes : son universalité, son ouverture, son ex- en matière de normes comptables internatio- Le Centre cellence en matière de recherche, son associa- nales, les normes prudentielles et une vision prospective du métier de l’audit européen. Le doit continuer tion de praticiens qui vivent quotidiennement les enjeux sur lesquels le Centre est amené à groupe Régulation, présidé par Henry RAY- MOND, a analysé les retombées probables et à afficher se déterminer et sa proximité des centres de décision notamment avec les autorités euro- prévisibles de Bâle III et de Solvabilité II, et plus clairement ses péennes. Le Centre est aussi amené à s’affir- généralement s’est interrogé sur les nouvelles mer comme un acteur de la « pédagogie de la exigences de la Régulation, de l’Ethique et de propositions Finance » et comme un passeur de messages la Déontologie dans la perspective de la sortie à la société civile et à la société politique, par- de crise. Le groupe Finance, présidé par Jean- novatrices, ticipant ainsi à la nécessaire refondation de Jacques PERQUEL, s’est notamment orienté sur le développement des PME/PMI face au ses analyses nos professions en relation avec tous ceux qui veulent tirer les vraies leçons des évènements défi de l’investissement. Les travaux de ces groupes ont très largement alimenté les débats rigoureuses récents, afin de donner corps à cette remise en cause et d’en tirer des conclusions ». de nos précédentes Conventions. et reconnues En 2011, conscient des défis considérables aux- Je suis fier de voir, alors que la crise que quels les entreprises financières devaient faire y compris nous traversons n’est pas terminée, que loin face pour adapter leur modèle de développe- de s’affadir l’élan ainsi donné est reconnu et ment et adapter en conséquence leur politique sur le plan participe à la vitalité de notre industrie. Nos de recrutement et de formation, le Centre des Professions Financières a créé sous la prési- universitaire, professions réunissent près d’un million de personnes, animées chaque jour par le désir et dence d’Alain CAZALE un groupe de travail consacré à cet enjeu, composé d’enseignants, en dégageant l’ambition de servir les acteurs économiques de notre pays et au-delà les citoyens de ce der- de chercheurs et de responsables de formation quelques nier. Nous ne devons pas manquer de rappeler des entreprises. Nous avons été confortés par qu’elles concourent ainsi pleinement au renou- le formidable appui de Louis VOGEL, alors principes veau économique et financier qui naîtra des Président de l’Université de Paris-Assas-Pan- profondes mutations en cours.
EŽƚƌĞǀŽĐĂƟŽŶ ǀŽƵƐĂĐĐŽŵƉĂŐŶĞƌĚĂŶƐůĂďŽŶŶĞĚŝƌĞĐƟŽŶĞŶĚĠǀĞůŽƉƉĂŶƚ ĚĞƐŵŝƐƐŝŽŶƐƉĞƌƐŽŶŶĂůŝƐĠĞƐ Cabinet d’expertise comptable .CTGUVTWEVWTCVKQPſPCPEKÂTG un savoir-faire du cabinet ƌĞƐƐĞƌƵŶĚŝĂŐŶŽƐƟĐƉŽƵƌĐŽŶŶĂŠƚƌĞů͛ĠƚĂƚƌĠĞůĚĞů͛ĞŶƚƌĞƉƌŝƐĞĞƚŵĞƩƌĞĞŶƈƵǀƌĞ ĚĞƐƐŽůƵƟŽŶƐĂĚĂƉƚĠĞƐƉŽƵƌůƵŝƉĞƌŵĞƩƌĞĚĞƉŽƵƌƐƵŝǀƌĞƐŽŶĚĠǀĞůŽƉƉĞŵĞŶƚ 3ğŵĞǀŽůĞƚ͗ĚĞƐƐŽůƵƟŽŶƐũƵƌŝĚŝƋƵĞƐĂĚĂƉƚĠĞƐ͘ 1er ǀŽůĞƚ͗ƵŶĞƐŝƚƵĂƟŽŶĂĐƟǀĞĞƚƉĂƐƐŝǀĞ pour déter- miner l’impasse de trésorerie à l’instant T (la trésore- Des accords individuels avec les ĨŽƵƌŶŝƐƐĞƵƌƐƐƵƌ rie réelle). ϭϮăϭϴŵŽŝƐ͘ Des ĂĐĐŽƌĚƐĐŽůůĞĐƟĨƐ avec les ĐƌĠĂŶĐŝĞƌƐĮƐĐĂƵdž Ğƚ ƐŽĐŝĂƵdž ƉŽƵǀĂŶƚ ĂůůĞƌ ũƵƐƋƵ͛ă ϯϲ ŵŽŝƐ ĚĂŶƐ ůĞ 2ğŵĞǀŽůĞƚ͗ƵŶƉƌĠǀŝƐŝŽŶŶĞůĚ͛ĞdžƉůŽŝƚĂƟŽŶ͕Ě͛ŝŶǀĞƐƟƐ- cadre de la Commission des Chefs de Services FiͲ ƐĞŵĞŶƚ͕ĞƚĚĞƚƌĠƐŽƌĞƌŝĞ͘ ŶĂŶĐŝĞƌƐ;^&Ϳ͘ sĂůŝĚĂƟŽŶĚĞůĂĐŽŚĠƌĞŶĐĞĚĞƐŚLJƉŽƚŚğƐĞƐ retenues. >ĂŵĠĚŝĂƟŽŶĚƵĐƌĠĚŝƚƉŽƵƌůĂŶĠŐŽĐŝĂƟŽŶĚĞƐ ĚĞƩĞƐďĂŶĐĂŝƌĞƐ͘ ƐƟŵĂƟŽŶ ĚĞ ůĂ ĚƵƌĠĞ ƉĞƌŵĞƩĂŶƚ ĚĞ ƉĂLJĞƌ ůĞƐ Des ƉƌŽĐĠĚƵƌĞƐĂŵŝĂďůĞƐ͞ŵĂŶĚĂƚĂĚŚŽĐ͟ŽƵ ĚĞƩĞƐ ĂƌƌŝĠƌĠĞƐ ĂǀĞĐ ůĞ ĐĂƐŚͲŇŽǁ ƉƌĠǀŝƐŝŽŶŶĞů ͞ĐŽŶĐŝůŝĂƟŽŶ͟ ĂǀĞĐ ƋƵĞůƋƵĞƐ ĐƌĠĂŶĐŝĞƌƐ ƐŝŐŶŝĮͲ ĂĮŶĚĞƐ͛ŽƌŝĞŶƚĞƌǀĞƌƐƵŶĞƐŽůƵƟŽŶũƵƌŝĚŝƋƵĞĂĚĂƉͲ ĐĂƟĨƐ;ĂǀĞĐƌĞĐŚĞƌĐŚĞĚ͛ĂďĂŶĚŽŶƐĚĞĐƌĠĂŶĐĞƐĞƚ ƚĠĞ͘ Ě͛ĠƚĂůĞŵĞŶƚĚĞĚĞƩĞƐͿ͘ >ĂƉƌŽĐĠĚƵƌĞĚĞƐĂƵǀĞŐĂƌĚĞƉŽƵƌĚĞƐĚĠůĂŝƐĚĞ ƉĂŝĞŵĞŶƚƉŽƵǀĂŶƚĂůůĞƌũƵƐƋƵ͛ăϭϬĂŶƐ͘ ĐĐŽŵƉĂŐŶĞƌůĞƐĞŶƚƌĞƉƌŝƐĞƐ à travers des missions de conseil personnalisées ĞƉƵŝƐϭϵϴϯ͕ůĞĐĂďŝŶĞƚƌŝĐĂƌĚ͕>ĂĐƌŽŝdžΘƐƐŽĐŝĠƐďĠŶĠĮĐŝĞĚ͛ƵŶĞŶŽƚŽƌŝĠƚĠĂĐƋƵŝƐĞĚĂŶƐů͛ĞdžƉĞƌƟƐĞͲĐŽŵƉƚĂďůĞ͕ůĂŐĞƐƟŽŶ͕ ĂŐĞ Ŷ ů͛ĂƐƐŝƐƚĂŶĐĞĞŶŵĂƟğƌĞƐŽĐŝĂůĞĞƚĮƐĐĂůĞ͕ůĞĮŶĂŶĐĞŵĞŶƚ͕ůĂƌĞƐƚƌƵĐƚƵƌĂƟŽŶĮŶĂŶĐŝğƌĞĞƚů͛ŽƉƟŵŝƐĂƟŽŶĚĞůĂƉĞƌĨŽƌŵĂŶĐĞ ĂŶĐ ĚĞƐĞŶƚƌĞƉƌŝƐĞƐ͘ ŐŶğƐZ/Z ůŝƐĂďĞƚŚ>ZK/yͳW,/>/W^ Associée en charge des ŵŝƐƐŝŽŶƐĚĞĮŶĂŶĐĞŵĞŶƚ͕ĂŝŶƐŝƋƵĞĚĞůĂ Associée en charge de la veille réglementaire, des missions de ƐƚƌĂƚĠŐŝĞ͕ĚĞůĂĐŽŵŵƵŶŝĐĂƟŽŶĞƚĚĞů͛ĂŶŝŵĂƟŽŶĚĞƐƌĞƐƐŽƵƌĐĞƐ ƌĞƐƚƌƵĐƚƵƌĂƟŽŶ, des ƚƌĂŝƚĞŵĞŶƚƐ ĚĞ ĐŽŶƚĞŶƟĞƵdž, des ƌĞůĂƟŽŶƐ ŚƵŵĂŝŶĞƐ Ͳ WƌĠƐŝĚĞŶƚĞ ĚƵ ŽŶƐĞŝů ^ƵƉĠƌŝĞƵƌ ĚĞ ů͛KƌĚƌĞ ĚĞƐ džͲ ĂǀĞĐůĞƐƚƌŝďƵŶĂƵdžĚĞĐŽŵŵĞƌĐĞ et des ƉƌŽĐĠĚƵƌĞƐĂŵŝĂďůĞƐĞƚ ƉĞƌƚƐͲŽŵƉƚĂďůĞƐ;ϮϬϭϭͲϮϬϭϮͿͲ>ĂƵƌĠĂƚĞĚƵƉƌŝdž>ĂdƌŝďƵŶĞtŽͲ ĐŽůůĞĐƟǀĞƐ͘ men’s Awards͕ĐĂƚĠŐŽƌŝĞ&ŝŶĂŶĐĞĞƚĚƵ'ƌĂŶĚWƌŝdžůůŝĂŶnjϮϬϭϭ͘ ͲŵĂŝů͗ĂďĐĞĐΛǁĂŶĂĚŽŽ͘ĨƌͲůŽŐ͗ǁǁǁ͘ĂŐŶĞƐͲďƌŝĐĂƌĚ͘ĐŽŵ ͲŵĂŝů͗ĞůĂĐƌŽŝdžΛĂďĐ͘ĞdžƉĞƌƚƐͲĐŽŵƉƚĂďůĞƐ͘Ĩƌ 11 bis rue d’Edimbourg - 75008 Paris 01 44 69 06 06 01 44 69 06 90 www.bricard-lacroix.com UNE QUALITÉ DE CONSEIL QUI FAIT LA DIFFÉRENCE !
Ŷƚ Sommaire 05 Personnalité 32 | EnterNext, Partenaire des PME-ETI, par Eric Forest, Président Directeur 06 | Entretien avec Pierre Gattaz, Président du Medef Général, EnterNext et Marc Lefèvre, Directeur Listings Europe, NYSE Euronext Convention 35 | Quelle place pour le Crowdfunding ? Par Marie-Agnès Nicolet, Présidente de 10 | Michel Lecomte, Président du Comité Convention Régulation Partners 38 | Une initiative de terrain, par Corinne Lecocq Verrecchia, Fondatrice Dossier Entreprises de WINVEST21 40 | Le Capital Investissement, Entretien 12 | Grégory Sanson, Directeur Financier/ avec Louis Godron, Président de l’AFIC CFO Groupe Bonduelle 44 | Rapport de l’Institut Montaigne : Les 14 | Guy Pottier, Président de la Société entreprises familiales au service de la HARMONY STAMP croissance et de l’emploi 16 | Jeanne-Marie Prost, Médiatrice Nationale du Crédit Banques Les Clubs 19 | Frédéric Oudea, Président-Directeur 48 | Entretien avec Général de la Société Générale Georges Pauget, Président et Hugues Gruska, Vice-Président du Club des 21 | Nicolas Dufourcq, Président Dirigeants de la Banque et de la Finance du Directoire de la Bpifrance 24 | Christian Pouyanne, Président de la banque Pouyanne 27 | Etude réalisée par la Banque Vie du Centre 52 | Les Manifestations du Centre, de de France grandes rencontres Exemples de nouveaux financements 53 | Le Concours International des 28 | Les Fonds NOVO par Mémoires de l’Économie et de la Thierry Giami, Conseiller de la Direction de la Finance, par Alain Cazalé, Président du Caisse des Dépôts Comité du Concours 30 | Point de vue de BNP Paribas Cardif sur les 60 | Groupe Finance, par Jean-Jacques Fonds NOVO par Olivier Héreil, Directeur des Perquel, Président du Groupe Gestions d’Actifs 61 | Le Manifeste du Centre par Edouard Salustro, Président du Groupe Normes Edité par le Centre des Professions Financières : 20 rue de l’Arcade – 75008 Paris - Tel : +33 (0)1 44 94 02 55 Comptables www.professionsfinancieres.com - Email : contact@professionsfinancieres.com - Directeur de Publication et rédacteur en chef : Michel Philippin - Secrétariat de rédaction : Valérie Labruyère, Emma Le Gros - Concep- tion et Réalisation : FFE - crédits photos : droits réservés - Edition et Régie Publicitaire : FFE, 15 rue des Sablons – 75116 Paris - Directeur de la publicité : Patrick Sarfati 01.53.36.37.90 patrick.sarfati@ffe.fr Responsable de la publicité : Karine Thomas 01.53.36.20.36 karine.thomas@lemagazinedesprofessionsfi- nancieres.fr Service technique : Aïda Pereira 01.53.36.20.39 aida.pereira@ffe.fr - Conception graphique et mise en page : Mandy Vu-Van Imprimeur : Champagne
Personnalité 06 Questions | Réponses Le surplus de charges de toute nature que su- Pierre GATTAZ, bissent les entreprises françaises, notamment par rapport à celles que les entreprises alle- Président du mandes supportent, font l’objet de nombreux Medef débats. Pensez-vous que c’est cet élément qui explique que l’industrie ait globalement un positionnement plutôt de moyenne gamme, blèmes et les accompagner dans leur ce qui, par rapport à l’Allemagne, l’handicape démarche d’exportation, un Pôle a été structurellement sur le plan des exportations. mis en place au sein du Medef, le pôle Pierre Gattaz : Oui, bien sûr. Exporter « Exportation et Filières », présidé par suppose d’avoir une vraie politique de Jean-Claude Volot. L’exportation c’est l’offre, c’est-à-dire proposer des pro- 100 milliards de l’avenir des entreprises, c’est un point duits compétitifs, innovants, et dif- fondamental pour notre pays. La France férents des autres, donc des produits taxes multiples ne peut pas continuer à avoir une ba- plutôt hauts de gamme qui ne sont pas lance commerciale déficitaire de l’ordre soumis à la concurrence des pays à bas handicapent de 70 milliards d’euros par an alors que coûts. Pour exporter, il faut donc sortir les entreprises celle de l’Allemagne est excédentaire de de la moyenne gamme, il faut innover. 180 milliards ! Pour en revenir à l’Al- Or, pour innover, il faut investir et pour françaises dans lemagne, je note une autre différence investir il faut dégager des marges si- la compétition avec la France : la place qu’y occupe gnificatives. Ce qui n’est pas le cas des l’entreprise. L’entreprise en Allemagne entreprises françaises avec un taux de internationale ; n’est pas un enjeu politique, elle est per- marge historiquement bas : 28 % contre çue pour ce qu’elle est, l’acteur écono- 40 % en moyenne dans l’UE et 41 % une victime : mique principal, créateur de richesses et pour les entreprises allemandes. Et pour l’emploi d’emploi. Ce n’est malheureusement pas cause : quand elles ont acquitté les 150 le cas en France. taxes qui pèsent sur elles, les entreprises n’ont plus les moyens d’investir dans Il est essentiel que le monde de l’Education la recherche, de moderniser leur appa- remplisse sa mission de promotion de l’entre- reil de production et donc d’innover. preneuriat. Que faudrait-il faire pour rendre Les entreprises françaises ne peuvent son action plus efficace ? Ne faudrait-il pas, pas être compétitives en payant 100 par exemple, mettre en place un stage obliga- milliards d’euros de plus en charges et toire dans les entreprises exportatrices pour impôts que leurs concurrentes euro- tous les membres de l’Education nationale péennes. Ce n’est pas moi qui le dis, concernés par l’économie et la finance ? c’est le rapport Gallois. 100 milliards ! Pierre Gattaz : Il est vrai que non seule- Un autre facteur explique les difficultés ment l’entreprise est méconnue, sa lo- des entreprises françaises à l’expor- gique économique ignorée mais qu’en tation : les effets - pervers - de seuils. plus elle a une image négative. L’en- Chaque fois qu’une entreprise franchit treprise est toujours vue à travers un un seuil, elle perd de la souplesse et voit prisme idéologique. C’est un enjeu po- ses contraintes se multiplier. Résultat, litique qui sert trop souvent de variable beaucoup d’entreprises françaises re- d’ajustement budgétaire à chaque loi de noncent à se développer. Pour aider les finances. Dans le même temps, elle est entreprises à surmonter tous ces pro- souvent vue par nos élites comme un
Personnalité 07 lieu hostile, de souffrance, de lutte. Une par une simplification, une réforme de vision très « Zola » et XIXe siècle, loin notre mécanique européenne. Actuel- de la réalité d’aujourd’hui. Les disposi- lement l’Europe est une passoire, elle tions sur la pénibilité incluses dans la « n’est pas protégée : 17 % de ses marchés réforme » des retraites en sont l’illustra- publics sont ouverts à l’extérieur, contre tion désastreuse. Cette incompréhension 5% aux Etats-Unis et au Canada. Il faut réciproque est en partie de la faute des organiser l’Europe de demain, c’est Biographie entreprises et du MEDEF. C’est pour- quoi, nous voulons agir. Pour remédier à cette situation, une seule solution : la pédagogie auprès des élus, des ensei- une chance pour la France. Je veux une France qui gagne dans une Europe forte dans un monde qui bouge. De 1989 à 1992, Pierre gnants, des magistrats… Une commis- Il faut évidemment dans le cadre d’une stra- Gattaz est Directeur Général sion « Rapprochement des mondes » a tégie à long terme transférer une partie des de Fontaine Electronique, ainsi été créée au Medef au sein du pôle charges actuellement supportées par les en- puis de Convergie (filiale présidé par Anne-Marie Couderc. Il faut treprises. Quelle est l’action à mettre en place du Groupe Dynaction). Il multiplier les passerelles entre l’entre- pour que le transfert, suivant son importance, devient Directeur Général prise et le monde éducatif, ouvrir nos n’impacte pas les activités des entreprises ? de Radiall en décembre entreprises aux jeunes, aux enseignants, Pierre Gattaz : Les entreprises fran- 1992 et en est le président de manière résolue . Il faut encore et çaises supportent 100 milliards de du Directoire depuis janvier toujours rappeler ce qu’est l’entreprise : charges de plus que leurs homologues 1994. Président du GIXEL un lieu d’intégration, de développement, européennes : 50 milliards en impôts et (Groupement des Industries d’épanouissement humain. Et surtout 50 milliards liés au coût du travail. La de l’Interconnexion, des que l’entreprise est la seule solution au fiscalité des entreprises doit baisser de composants et des sous- chômage. 50 milliards d’euros, via une réduction ensembles électroniques) significative des dépenses publiques. de 1999 à 2003, il est Qu’attendez-vous précisément de l’Europe et Parallèlement les cotisations sociales président fondateur de la quelle Europe le MEDEF souhaite-t-il ? doivent baisser, elles aussi, de 50 mil- FIEN (Filière des Industries Pierre Gattaz : Un continent de près de liards d’euros par le biais d’un transfert Electroniques et Numériques) 4,5 millions de kilomètres carrés et un de charges vers des mécanismes de type de 2002 à 2007, avant d’être marché de 500 millions d’habitants : CSG et TVA, pour alléger le coût du tra- élu président de la FIEEC l’Union européenne, première puissance vail. Dans une économie ouverte, l’im- (Fédération des Industries économique mondiale, est une chance pact sur la consommation d’un transfert Electriques, Electroniques, et et une opportunité pour les entreprises de TVA devrait être très temporaire et de Communication) en 2007, françaises. Notre avenir est dans l’Eu- peu significatif, si l’on se réfère à des date à laquelle il intègre le rope mais nous souhaitons une Europe expériences passées de transfert de Comité Exécutif du MEDEF mieux en phase avec les préoccupations charges sociales vers l’impôt en France (Mouvement des Entreprises économiques, dont la logique d’action ou à l’étranger. Mais cela nécessite im- de France) jusqu’en juillet doit être guidée par le souci de la com- pérativement de réduire en parallèle les 2013 ou il est élu Président. pétitivité. Une Europe mieux intégrée dépenses publiques. Le montant de nos Depuis juin 2010, il est économiquement et socialement, plus dépenses publiques représente 57 % également Président du GFI lisible aussi afin de ne pas être instru- du PIB à comparer avec celui de l’Alle- (Groupe des Fédérations mentalisée par les pays trop prompts à magne : 45 %, soit 240 milliards d’eu- Industrielles). Pierre Gattaz se défausser sur un bouc-émissaire bien ros de moins. Qu’est-ce qui justifie que est aussi membre du bureau pratique. Porter et faire vivre cette vi- l’Etat Français emploie 500 000 fonc- du CNI (Conseil National sion, est l’un des cinq défis que nous tionnaires de plus que l’Allemagne ? de l’Industrie), membre avons formalisés dans notre projet fondateur de la Fabrique « 2020- Faire gagner la France » que Cette dérive des dépenses financées (Think Tank de l’Industrie) j’ai lancé en août dernier lors de nos par l’endettement et la fiscalité a des et membre du bureau de universités d’été. Le Medef doit contri- conséquences lourdes pour les entre- l’UIMM. buer à rendre crédible et compréhensive prises. Elle explique les difficultés des Pierre Gattaz est Chevalier cette vision. Pour cela, je compte agir entreprises françaises à se développer, de la Légion d’honneur et avec nos partenaires allemands mais contrairement à ce qui se passe en Al- Officier dans l’Ordre National aussi avec tous les patronats des pays lemagne qui dispose d’un tissu de PME du Mérite. membres. Cela passera nécessairement très compétitives au niveau mondial.
Personnalité 08 Quel est le souhait du Medef quant à l’évolu- tion des montants considérables alloués à la En dehors des 35 heures et de la diminution des charges, quelles sont les principales prio- «Notre principale formation qui semble aujourd’hui d’une faible rités du Medef ? priorité, c’est efficacité pour ne pas dire plus ? Pierre Gattaz : Notre principale priorité, Pierre Gattaz : J’accorde la plus grande c’est l’emploi. Je me suis fixé un cap : l’emploi. Je me importance à la négociation en cours sur créer 1 millions d’emplois nets d’ici à 5 suis fixé un cap : la formation professionnelle. Avec 3 mil- ans, et donc ramener le chômage sous lions de chômeurs, 400 000 emplois non la barre des 7 % avant 2020. C’est sur créer 1 millions pourvus, la formation professionnelle fait partie des grands enjeux de notre cet objectif que je vais travailler avec les équipes du Medef dans le cadre du projet d’emplois nets pays. Il faut simplifier le dispositif très que nous avons appelé « 2020 : une France d’ici à 5 ans, et complexe, notamment pour les petites qui gagne ». Ce projet est ambitieux mais entreprises, et améliorer l’efficience du réaliste : il suffit qu’un tiers des 3 mil- donc ramener le système, c’est-à-dire l’efficacité du coût. lions d’entrepreneurs français embauche chômage sous la Nous dépensons trop par rapport à l’ef- une seule personne. C’est possible si ficacité du système global. Par ailleurs, notre environnement économique, fiscal barre des 7 % l’offre doit correspondre davantage aux et social s’améliore. Tous les entrepre- avant 2020» besoins des entreprises. neurs que je rencontre me le disent : si l’on réduit la fiscalité sur les entreprises, Le Medef est habituellement considéré si l’on baisse les charges sur le travail, si comme étant proche des grandes entreprises. l’on assouplit le droit du travail, si l’on Votre élection apporte la preuve que ce n’est simplifie l’environnement, nous pour- pas tout à fait le cas, que faire d’autre pour rons créer de l’emploi, embaucher. C’est échapper à cette image ? le sens du « Pacte de confiance » que je Pierre Gattaz : Il faut arrêter de faire ce propose à François Hollande : le gouver- procès au Medef. Le CAC 40, c’est 40 nement nous crée un environnement ré- entreprises et le Medef 750 000 entre- glementaire, économique et législatif fa- prises. Il n’y a malheureusement pas, vorable, les entreprises, elles, s’engagent pour toutes les raisons que nous venons à construire un avenir pour notre pays d’évoquer, 750 000 grosses entreprises et à tout mettre en œuvre pour ramener en France. Mais ce raccourci facile per- le taux de chômage à 7 % à l’échéance met aux détracteurs de l’entreprise et de 2020. Mais nous voulons aussi faire des l’économie de marché en général de dé- propositions concrètes rapidement : nous naturer notre action. Rendre compte de venons ainsi de rendre public un «Pacte la diversité de milliers de chefs d’entre- de l’alternance pour la jeunesse ». Notre prise qui se battent tous les jours pour idée est de mieux aligner les formations créer de la richesse et de l’emploi se prête avec les besoins des entreprises et de évidemment moins bien à la caricature. Il donner ainsi un avenir à nos jeunes. L’al- faut aussi cesser d’opposer les entreprises ternance, c’est une formule pédagogique entre elles. Notre économie a besoin très performante malheureusement trop de grands groupes, qui sont nos porte- dévalorisée en France. Mon combat, c’est avions, de PME et d’ETI. Nous avons l’emploi. Et pour cela une seule solution : malheureusement trop peu d’ETI et cela l’entreprise. Emploi, formation, intégra- explique en partie nos difficultés. Ce qu’il tion … l’entreprise, c’est 80 % des solu- faut, c’est aider nos entreprises à grandir. tions aux problèmes de notre pays.
38%/,5e'$&7,211(/ /$5(6758&785$7,21),1$1&,(5( 32855(/(9(5/(6(175(35,6(6(1',)),&8/7( /H&DELQHW%ULFDUG/DFURL[V·HVWVSpFLDOLVpGHSXLVSOXVLHXUVDQQpHV GDQVODUHVWUXFWXUDWLRQÀQDQFLqUHGHVHQWUHSULVHVHQGLIÀFXOWp $JQqV%ULFDUG (OLVDEHWK/DFURL[3KLOLSV ([SHUWFRPSWDEOH ([SHUWFRPSWDEOH 4XHOOHVVRQWOHVGLIIpUHQWHVpWDSHVGHPLVHHQ±XYUHGX QRPPp VHUD OpJLWLPHPHQW FKDUJp GH QpJRFLHU DYHF OHV FKDQWLHUGHUHVWUXFWXUDWLRQÀQDQFLqUHG·XQHHQWUHSULVH" SDUWHQDLUHV GH O·HQWUHSULVH WRXWHV OHV VROXWLRQV SRXYDQW 8QGLDJQRVWLFSUpDODEOHHVWLQGLVSHQVDEOHDYDQWWRXWHDFWLRQ UHVWUXFWXUHU VD GHWWH 6RQ REMHFWLI WRXW PHWWUH HQ ±XYUH ,OV·DJLWGHIDLUHXQHSKRWRJUDSKLHGHODVLWXDWLRQUpHOOHGH SRXUpYLWHUODFHVVDWLRQGHSDLHPHQWV/HPDQGDWDGKRFQ·D O·HQWUHSULVHjO·LQVWDQW7 SDVGHGXUpHPD[LPDOHOpJDOH /H SURIHVVLRQQHO GRLW HIIHFWXHU XQH DQDO\VH DSSURIRQGLH /H ÀQDQFHPHQW GHV KRQRUDLUHV H[FHSWLRQQHOV OLpV j FHWWH SRUWDQW VXU XQ H[DPHQ GH OD VLWXDWLRQ UpFHQWH HW GHV RSpUDWLRQGHUHVWUXFWXUDWLRQSHXWrWUHSULVHHQFKDUJHSDU SUpYLVLRQVG·H[SORLWDWLRQHWGHWUpVRUHULH&HWpWDWGHVOLHX[ XQHDVVXUDQFHSUpYHQWLRQpFRQRPLTXHHQWUHSULVHVLHOOHDpWp FRQFHUQHjODIRLVODVLWXDWLRQDFWLYHHWSDVVLYHGHO·HQWUHSULVH VRXVFULWHSUpDODEOHPHQWSDUO·HQWUHSULVHVHSWFRPSDJQLHV ODYpULÀFDWLRQGHODVWUXFWXUHÀQDQFLqUHHWODUHQWDELOLWp G·DVVXUDQFHVSUpVHQWHQWDFWXHOOHPHQWFHSURGXLW 3RXUH[HPSOHVODVRFLpWpGLVSRVHWHOOHGXÀQDQFHPHQWGH /D UpDOLVDWLRQ G·XQ GLDJQRVWLF SUpDODEOH Q·pWDQW SDV VRQEHVRLQHQIRQGVGHURXOHPHQW"/HVFRQFRXUVEDQFDLUHV WRXMRXUV SRVVLEOH TXHOOHV PHVXUHV G·XUJHQFH OH VRQWLOVVXIÀVDQWVSpUHQQHVHWOHXUIRUPH FRXUWWHUPHORQJ SURIHVVLRQQHOSHXWLOSURSRVHUORUVTXHO·HQWUHSULVHHVW WHUPH HVWHOOH DGDSWpH DX[ EHVRLQV UpHOV GH O·HQWUHSULVH DXERUGGHODFHVVDWLRQGHSDLHPHQWV" O·HQWUHSULVHDWHOOHHQFRUHXQHFDSDFLWpEpQpÀFLDLUH" /D VLWXDWLRQ GH FHVVDWLRQ GH SDLHPHQWV LQWHUYLHQW ORUVTXH WHFKQLTXHPHQWOHSDVVLIH[LJLEOHGHO·HQWUHSULVHQHSHXWSOXV 4XHOHVWOHFRQWHQXGHODPLVVLRQG·DVVLVWDQFHH[HUFpH rWUHFRXYHUWSDUVRQDFWLIGLVSRQLEOHRXUDSLGHPHQWPRELOLVDEOH SDU XQ SURIHVVLRQQHO GH O·H[SHUWLVH FRPSWDEOH SRXU PHWWUHHQ±XYUHXQHUHVWUXFWXUDWLRQÀQDQFLqUH" /·HQWUHSULVHDUpDJLWURSWDUGQ·DSDVDQWLFLSpOHWUDLWHPHQWGHVHV /RUVTXHOHGLDJQRVWLFSUpDODEOHDSHUPLVGHFRQFOXUHjOD GLIÀFXOWpVHWQ·DSDVSULVGHPHVXUHVSRXUHPSrFKHUODFHVVDWLRQ VHXOH H[LVWHQFH GH GLIÀFXOWpV GH WUpVRUHULH HW QRQ j GHV GHSDLHPHQWVHOOHGRLWGRQFSDVVHUSDUOHGpS{WGHELODQHW GpÀFLWV UpFXUUHQWV G·H[SORLWDWLRQ O·HQWUHSULVH HVW HQFRUH O·RXYHUWXUHG·XQUHGUHVVHPHQWMXGLFLDLUHRXODFRQFLOLDWLRQVLOD PDvWUHVVHGHVRQGHVWLQHWGHVHVFKRL[ FHVVDWLRQGHSDLHPHQWVHVWGHPRLQVGHMRXUV /H SURIHVVLRQQHO SRXUUD PHWWUH HQ ±XYUH XQH RX SOXVLHXUV /DGHPDQGHG·XQFRQFLOLDWHXUGRLWpJDOHPHQWrWUHDGUHVVpH DFWLRQVSHUPHWWDQWG·DSSRUWHUGHVVROXWLRQVGHUHGUHVVHPHQW DX7ULEXQDOGH&RPPHUFH UDSLGHV3DUPLFHVDFWLRQVRQSHXWQRWDPPHQWFLWHUO·DQDO\VH GXSRVWHFOLHQWSRXUDPpOLRUHUOHUHFRXYUHPHQWODQpJRFLDWLRQ /H FRQFLOLDWHXU GLVSRVH GH PRLV SRXU WURXYHU GHV DFFRUGV G·XQFRQWUDWG·DIIDFWXUDJHSRXUPRELOLVHUOHSRVWHFOLHQWVOD DPLDEOHV HQWUH O·HQWUHSULVH HW VHV SULQFLSDX[ FUpDQFLHUV SRXU QpJRFLDWLRQGHSODQVGHUqJOHPHQWVDYHFOHVIRXUQLVVHXUVOD PHWWUH ÀQ j VHV GLIÀFXOWpV &HWWH SURFpGXUH DPLDEOH SHXW rWUH PLVHHQSODFHG·XQPRUDWRLUHDYHFOD&&6) &RPPLVVLRQGHV FRQÀGHQWLHOOH (Q SUDWLTXH FHOD HVW UDUHPHQW OH FDV GDQV OD &KHIVGH6HUYLFHV)LQDQFLHUV V·DJLVVDQWGHVGHWWHVÀVFDOHVHW PHVXUHROHVFUpDQFLHUVGHPDQGHQWVRXYHQWHQÀQGHSURFpGXUH VRFLDOHV pFKXHV HWSRXUSDUWLHjpFKRLUO·DOORQJHPHQWGHOD O·KRPRORJDWLRQGHVDFFRUGVQpJRFLpVTXLHVWLQVFULWHVXUOH.ELV GXUpH GH FHUWDLQV FRQWUDWV GH ORFDWLRQ RX GH FUpGLWEDLO RX HQFRUHODUpDOLVDWLRQG·RSpUDWLRQVGHGpVWRFNDJH (QÀQ VL OD FHVVDWLRQ GH SDLHPHQWV Q·HVW SDV DYpUpH O·HQWUHSULVH SHXW UHFRXULU j OD SURFpGXUH GH VDXYHJDUGH /HSURIHVVLRQQHOSRXUUDpJDOHPHQWFRQVHLOOHUjO·HQWUHSULVH SURFpGXUH QRQ FRQÀGHQWLHOOH SXLVTX·HOOH HVW LQVFULWH VXU GHGHPDQGHUDX7ULEXQDOGHFRPPHUFHODGpVLJQDWLRQG·XQ O·H[WUDLW.ELVGHO·HQWUHSULVH6HVDYDQWDJHVVRQWQRWDPPHQW PDQGDWDLUHDGKRFGqVORUVTXHOHVGLIÀFXOWpVGHWUpVRUHULH OHVVXLYDQWVOHGLULJHDQWUHVWHHQJpQpUDOVHXOjERUGHW V·H[SOLTXHQW SDU XQH SRVLWLRQ GH UHWUDLW GHV EDQTXHV QRQ OHV FDXWLRQV TXL RQW SX rWUH GRQQpHV DX[ FUpDQFLHUV QH VROXWLRQQpH DYHF OD PpGLDWLRQ GX FUpGLW ,O V·DJLW G·XQH SHXYHQWSDVrWUHH[pFXWpHVSHQGDQWODGXUpHGXSODQGH SURFpGXUHDPLDEOHWRWDOHPHQWFRQÀGHQWLHOOH/HPDQGDWDLUH VDXYHJDUGH PD[LPXPDQV
Convention 10 Présentation Convention et sa thématique T oute l’activité économique et pas aux organisations professionnelles une grande part de l’action pu- ni aux associations regroupant des mé- blique génèrent des opérations tiers ou des fonctions au sein des ins- à caractère monétaire et finan- titutions elles-mêmes. Les différentes Michel LECOMTE, cier. Il ne faut pas, dès lors, s’étonner manifestations qu’il organise, les publi- Président du que les professions concernées par ces cations qu’il diffuse, les groupes de tra- opérations soient si nombreuses et di- vail qu’il réunit visent à développer les Comité Convention verses. On y retrouve évidemment les échanges entre des acteurs venant d’ho- métiers de la banque et de l’assurance rizons divers mais partageant les mêmes mais aussi ceux qui sont liés aux mar- préoccupations et les mêmes besoins La diversité chés des capitaux qu’ils portent sur d’enrichissement réciproque. C’est aussi l’investissement ou sur la l’occasion de faire émerger un des métiers gestion de l’épargne. Il faut consensus sur la conception de y ajouter les activités finan- la finance dans notre pays et de de la Finance Une cières des entreprises in- manifestation se positionner comme passeur montre leur dustrielles et commerciales ainsi que celles du secteur ouverte à toutes de messages. Se trouve ainsi justifié le principe qui guide le les professions Centre vers une meilleure com- rôle essentiel public. Il y a enfin un grand nombre de spécialistes qui financières préhension des professions fi- dans n’exercent pas à l’intérieur nancières dans leur rôle comme des institutions financières dans l’exercice de leurs fonc- l’économie mais qui leur apportent leurs tions. concours. Il en est ainsi des Le concours international des réelle consultants, des prestataires de ser- mémoires de l’économie et de la finance vices, des avocats d’affaires et de toute enfin constitue un volet particulière- l’industrie du chiffre. Le large spectre ment important de l’action menée par des métiers ainsi concernés rend diffi- le Centre des Professions Financières. cile l’exercice de déterminer le nombre Son succès comme son développement des acteurs concernés. Mais au total on ne se démentent pas. Parce qu’elle fa- peut penser qu’il s’agit d’une population vorise l’émergence d’une recherche sur d’environ un million de personnes avec des thèmes qui concernent directement une tendance à l’accroissement car ce ses adhérents, certains sujets de mé- secteur de l’emploi a toujours montré moire sont même proposés, et qu’elle beaucoup de dynamisme dans les re- contribue à la formation des futurs res- crutements. ponsables de nos métiers, cette mani- Le Centre des Professions Financières se festation s’inscrit parfaitement dans les veut être à la fois un lieu de rencontre de objectifs du Centre. toutes les personnes concernées par ces La Convention qui est organisée chaque différentes activités et un trait d’union année est à l’image des lignes d’action entre elles. A ce titre il ne se substitue qui viennent ainsi d’être définies. Elle
Convention 11 se veut d’abord lieu de rassemblement de toutes les professions financières et demeure ouverte à tous. Il suffit de re- garder la liste des inscriptions des an- nées précédentes comme celle actuelle- ment en cours pour observer la grande diversité des participants. On la trouve aussi bien dans les fonctions et métiers que dans les niveaux de responsabilités exercées. Cette manifestation est aussi © J. Benhamou/CCI Paris ile-de-France une ouverture vers le monde univer- sitaire avec la présence de nombreux étudiants et de leurs professeurs. Les lieux retenus, l’Université Panthéon As- sas en 2011 et le grand amphithéâtre de la Sorbonne en 2012, sont significatifs de cette volonté tout autant que l’inter- vention l’an passé de Louis Vogel, alors président de la conférence des prési- dépendre aussi d’une demande insuf- dents d’universités. Les thèmes retenus fisante. A cet égard il faut s’interroger et les orateurs de très haute qualité qui sur les autres facteurs qui la freinent. se sont succédés à la tribune ont enfin Inversement une innovation financière confirmé la vocation du Centre des Pro- performante est de nature à faire émer- Chambre de commerce et fessions Financières à ouvrir des débats ger des solutions nouvelles et répondre d’industrie de région Paris - Île-de-France sur l’actualité du moment comme à à des besoins jusqu’alors insatisfaits. contribuer à une meilleure information Sur ce thème Frédéric Oudéa animera sur les problèmes qu’elle pose. une table ronde avec Antoine Lissows- La Convention 2013 se tiendra à la ki et Olivier Zarrouati. Nul doute que la Chambre de Commerce Paris Île-de- présence au plus haut niveau d’un ban- France où elle sera accueillie par son quier, d’un assureur et d’un industriel à «L’offre de crédit Président Pierre Antoine Gailly. Le lieu la tête d’une société qui constitue une retenu a une signification particulière des belles réussites de notre pays ap- est essentielle à un double titre. Il est d’abord nor- portera au débat quelques idées forces mal que le monde des activités finan- pour l’avenir. à la croissance cières se retrouve au sein de la chambre Enfin Pierre Gattaz sera l’invité d’hon- mais elle n’est consulaire dont il fait pleinement partie neur de la manifestation. Le président mais c’est aussi une occasion pour le du Medef a été récemment élu, cela pas bien sûr le Centre de s’ouvrir sur les grandes écoles sera pour beaucoup de participants seul élément» de commerce qu’elle gère et qui sont l’occasion de l’entendre en direct pour parties prenantes au concours des mé- la première fois. Son intervention, très moires de l’économie et des finances. attendue, portera bien évidemment sur « La finance au service de la croissance la contribution de la sphère financière et de l’emploi » constitue le thème rete- à la croissance et mais on peut penser nu cette année. Il constitue moins une que ses propos déborderont ce cadre interrogation qu’un rappel à l’évidence. pour aborder plus largement les freins A un moment où certains se plaisent à et charges qui pèsent sur les entreprises douter de l’efficacité des banques pour et les empêchent de contribuer au dé- financer l’économie, il est utile de mon- veloppement de l’économie et au plein trer que notre système financier, dans emploi. Il appartiendra enfin au pré- son sens le plus large, assume sa mis- sident Alphandéry de conclure une ma- sion. L’offre de crédit ne peut à elle nifestation qui aura attiré en 2013 plus seule suffire à assurer le développement de 400 participants et accueilli des ora- et le niveau des concours financiers peut teurs particulièrement prestigieux.
Dossier [ Entreprise ] 12 Le Groupe Bonduelle : Une politique financière au service de la stratégie Grégory SANSON Bonduelle : un modèle et une Directeur stratégie capital intensifs Financier/CFO Groupe Bonduelle Le Groupe Bonduelle déploie un bu- siness model capital intensif : d’une part le Groupe a choisi d’être intégré indus- triellement, avec 43 sites industriels dans Le Groupe 11 pays dans le monde, qu’il convient de financer. D’autre part l’activité du Bonduelle a Groupe est saisonnière, et suppose donc de porter des stocks importants. Enfin inauguré en le Groupe nourrit sa croissance pour septembre moitié de croissance externe. Ces 3 élé- ments concourent à un renouvellement 2012 le marché régulier des besoins de financement. La Direction Financière doit donc assurer la du Placement liquidité du Groupe mais également la flexibilité de ses financements. Privé européen Un recours ancien au financement (EuroPP). Le désintermédié choix de cet Le Groupe a très tôt diversifié l’ori- gine de son endettement. Il a recours instrument au financement bancaire, permettant d’épouser l’évolution de son besoin de illustre la fonds de roulement, à l’exemple du Re- volving Credit Facilty négocié en juin contribution 2012 pour un montant de 300 millions d’une d’euros. Par ailleurs le Groupe s’est por- té dès 2000, puis en 2004 et 2010, sur Direction le marché des Placements Privés amé- ricains (USPP) offrant des maturités de Financière 12 ans, cohérentes avec l’horizon de nos projets de développement. Bonduelle a à l’atteinte également réalisé deux émissions, en 2007 et 2009, d’Obligations à Bons de des objectifs Souscription et/ou d’Acquisition d’Ac- stratégiques de tions Remboursables (OBSAAR), asso- ciant les managers à la création de va- l’entreprise leur. Enfin le Groupe, pour financer trois
Dossier [ Entreprise ] 13 «Cette novation a été saluée par le prix de acquisitions réalisées en 2012 (Russie, l’opération financière secondaire de l’année USA, Hongrie) a émis un Placement Pri- par Nyse-Euronext et le prix de l’opération de vé européen (EuroPP) pour 145 millions d’euros, première opération du genre financement de l’année par le Club des Trente» pour une société de taille moyenne non notée. Cette novation a été saluée par le prix de l’opération financière secondaire de l’année par Nyse-Euronext et le prix de l’opération de financement de l’an- née par le Club des Trente, qui regroupe les directeurs Financiers de grandes so- ciétés. La qualité de la dette, une approche multicritères La performance en matière d’endette- ment est souvent appréciée sur la base de son coût apparent. Si cette première dimension est importante, elle reste in- suffisante. Dans un environnement de taux artificiellement très bas par le jeu des Banques Centrales, un financement court terme suffit à afficher un coût très faible. Or l’accès à la liquidité est désor- mais un enjeu clef pour les entreprises de taille moyenne, du fait de la raréfac- tion des financements bancaires et de la volatilité des marchés, fonctionnant pour certains en fenêtres. Diversifier la plateforme de sources de financement devient essentiel, et le recours à des instruments variés est constitutif d’une stratégie prudente de financement, deu- xième critère d’évaluation d’une stra- tégie financière. De facto, le troisième critère, la recherche de maturité dans le choix des instruments doit guider une stratégie adaptée de financement de l’exploitation et du développement d’une entreprise.D’une maturité moyenne de 4,5 années, désintermédié à 60%, ayant recours à des assureurs américains, européens et à un pool bancaire inter- national, Bonduelle s’attache à pour- suivre ces trois objectifs, permettant à l’entreprise de pérenniser sa trajectoire de croissance et d’acquisitions de façon optimisée et sécurisée.
Dossier [ Entreprise ] 14 Harmony Stamp Que fait votre entreprise ? Quel a été Que pensez-vous d’une manière générale son développement et quelles sont les de l’offre de crédit du monde financier perspectives ? depuis la crise de 2008 ? Pourquoi avez- Nous sommes un groupe de jouet qui réalise vous besoin de faire appel au crédit ? 30 millions de chiffre d’affaires dont les trois Nous avons recours au crédit à travers deux quarts en France et le reste à l’exportation stratégies principales : la Recherche & Dé- en Europe. Nous vendons nos produits dans veloppement et pour financer le BFR car une quinzaine de pays européens et em- notre métier est soumis à une saisonnalité ployons une centaine de personnes réparties marquée. En effet, pour développer nos ac- entre la Haute-Loire et l’Alsace. tivités, surtout à l’international, nous avons L’entreprise a été créée en 1974 et reste spé- besoin de faire appel au crédit. Depuis 2008, cialisée dans deux secteurs : celui du plein il est certain que les établissements de cré- air (vélos, jeux de plage…) et l’approvision- dit sont bien plus réticents qu’auparavant et nement permanent de la grande distribution les banques prennent moins leurs responsa- comme Carrefour, Auchan ... en petits jouets. bilités concernant leur rôle dans le finance- Ces secteurs représentent respectivement Guy POTTIER ment de l’économie. Elles font leur métier, 45% et 55% de notre activité. L’intégralité Président Harmony restent à l’écoute, néanmoins il est difficile de la conception se fait en France, la produc- Stamp d’obtenir des crédits à court-terme. Il y a 6 tion est, elle, répartie entre le France (10%) et ans, il était possible de bénéficier facilement l’Asie ou se concentre 70% de la production de ligne de crédit « en blanc ». Aujourd’hui, mondiale du jouet. il y a une certaine réduction des lignes de Nous travaillons dans une perspective de La réduction crédit d’une part, mais aussi une demande croissance et de développement (organique de garanties en hausse. Les crédits à court- et externe). Nous sommes sur un marché de de lignes terme sont particulièrement difficiles à ob- l’offre et devons innover et renouveler nos produits constamment. Par ailleurs, la crois- bancaires a tenir. Plutôt que d’ouvrir des lignes, on nous répond beaucoup qu’il nous faut utiliser le sance reste notre principal objectif. Pour cela, il nous faut développer nos activités augmenté le factoring par exemple. Cette expérience est partagée par de nombreux entrepreneurs. En chez nos clients actuels en ce qui concerne recours au tant que Président d’une fédération de pro- l’approvisionnement de la grande distribu- fessionnels, je peux dire que ce sentiment (1) tion et élargir encore davantage nos activi- factoring est partagé par bon nombre d’entrepreneurs tés à l’international. Nous sommes déjà très de la profession. Oui, on peut considérer que présents au Benelux, en Espagne et en Al- le manque de confiance qui nous est accor- lemagne. Harmony Stamp s’est également dée bloque notre développement. Ayant le implanté sur le marché italien et britannique sentiment d’être moins accompagnés, nous au cours des deux dernières années où de pouvons d’une certaine manière limiter nos nombreuses perspectives intéressantes sub- ambitions quant aux nouveaux marchés ou sistent. Les pays de l’est offrent aussi beau- nouveaux produits. Nous avons tendance à coup d’opportunités sur un marché européen différer des décisions que nous aurions prises du jouet globalement très morcelé. dans des circonstances antérieures. (1) NDLR : FCJT Fédération Française de Gros, Importation, Exportation Chaussures, Jouet, Textile
Dossier [ Entreprise ] 15 Dans vos projets de développement, On parle beaucoup de la création constatez-vous de la part de vos de la BPI ; comment percevez-vous « Depuis Bâle banques des attitudes caractéristiques cette création ? Pensez-vous qu’elle II et III, la dépendant de la nature de aura un impact fort sur les besoins de l’investissement? votre entreprise ou plus généralement réelle difficulté Les banques sont à l’écoute, mais elles sont plus prudentes, surtout avec Bâle II et sur le marché en répondant à une demande non satisfaite par les circuits réside dans le Bâle III. Leurs marges de manœuvre sont traditionnels ? financement de limitées, cependant elles ne raisonnent Nous ne pouvons pas faire appel à la BPI pas par secteur ou par typologie de pro- étant donné notre structure en capital. l’exploitation de duits. Personnellement, je dirais que les Nous sommes accompagnés par des ac- l’entreprise à crédits à long et moyen-terme pour finan- tionnaires et des fonds d’investissements cer un achat immobilier ou autres, ce qui ce qui nous place hors des conditions d’éli- court-terme fait totalement partie du processus de dé- gibilité établies par la BPI. Cela est d’ail- comme le BFR veloppement, sont plus faciles à obtenir. leurs dommage et constitue un point de La réelle difficulté réside dans le finan- réflexion à aborder. Cela en va de même par exemple » cement de l’exploitation de l’entreprise à pour OSEO qui existait avant la création court terme comme le BFR par exemple. de la BPI. Les entreprises se retrouvent plus souvent face à elles-mêmes. Pensez-vous que l’offre de crédit en France vous permette, lorsqu’un déve- Que pensez-vous de l’évolution du crédit loppement s’offre, de trouver des finan- inter-entreprises ? cements d’une performance équivalente Le Crédit interentreprises est en pleine ex- à ces concurrents internationaux? pansion. Nous trouvons ce processus très J’ai le sentiment que l’accès au crédit est positif. La loi LME engagée par le pouvoir moins un frein en Allemagne ou au législatif en collaboration avec les distri- Royaume-Uni qu’en France. Cependant, buteurs, a permis une importante réduc- dans les pays du sud de l’Europe, l’offre tion des délais de paiements de la part de semble équivalente. nos clients, ce qui n’est pas pour nous dé- plaire. Malheureusement, nous constatons Que pensez-vous de la médiation du un rallongement de ces délais depuis 2011, crédit ? ce qui ne va pas dans le bon sens. Nous avons eu recours à la Médiation du Crédit en 2009, cela a été extrêmement Les perspectives actuelles seraient, positif. La Médiation a débloqué une si- comme c’est le cas aux Etats-Unis tuation dont nous serions sortis avec plus notamment, de mieux permettre aux de difficultés sans son action. entreprises, notamment les moyennes, d’avoir un accès direct au marché ; Quel est le rôle économique des PME qu’en pensez-vous ? Avez-vous des aujourd’hui et le rôle d’un banquier ? craintes que cela affaiblisse la capacité Le tissu des PME est un des piliers les plus d’accès au refinancement ? importants pour la croissance et l’emploi. Les PME ne se tournent pas vers le mar- Les PME sont en effet, les premiers créa- ché. Cela ne fait pas partie des probléma- teurs d’emploi. Pour rester pérennes, les tiques auxquelles les entrepreneurs s’in- entreprises doivent être accompagnées. téressent. L’accès au marché est très peu On a parfois le sentiment que les banques développé pour les PME et plus globale- se sont tournées davantage vers d’autres ment, les entreprises ne sont peut-être pas sources de revenus, comme la spéculation. assez matures pour y avoir recours. Cela est nuisible pour l’économie nationale.
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