Réaction du droit social français à la Covid-19 - CIELO laboral
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www.cielolaboral.com Réaction du droit social français à la Covid-19 Camille Percher Dès le 24 janvier 2020, la Ministre des solidarités et de la santé confirmait la présence en France des premiers cas de Covid-19. Néanmoins, l’état d’urgence sanitaire n’a été déclaré par le Président de la République que le 12 mars 2020 et légalisé par la loi n°2020-290 du 23 mars 2020. Dans le cadre de cet état d’urgence sanitaire, un flot incessant de règles dérogatoires, prises par le Gouvernement, a envahi l’espace juridique : lois, ordonnances, décrets, arrêtés, instructions ministérielles, circulaires et protocoles, questions-réponses, communiqués officiels. Ces mesures visant à éviter la propagation du virus et donc à protéger la santé des français, et particulièrement des travailleurs, ainsi que l’économie nationale, concernent notamment le droit social. Ces mesures et leurs modalités ont beaucoup évolué au cours de cette année de pandémie. Il n’est pas possible, ni utile de toutes les énumérer ici. Seules les grandes lignes des mesures seront évoquées. L’entrée en vigueur d’un confinement généralisé et strict, le 17 mars 2020, a entraîné la fermeture des cafés, restaurants, bars et tous les commerces, à l’exception de ceux considérés comme « essentiels » (alimentation et produits de première nécessité). De même que les établissements scolaires et les universités furent fermés. Les entreprises qui le pouvaient étaient appelées à mettre en place du télétravail. Pour les autres, le dispositif dit d’activité partielle a été réactivé et aménagé, afin d’assurer un revenu aux salariés contraints de rester chez eux. Les entreprises ont bénéficié de report de paiement des cotisations et impôts dus en mars 2020, sans justification ni pénalité. La population active française a été fortement fragmentée, avec d’une part la mobilisation des médecins et l’ensemble du personnel soignant, d’autre part les salariés, souvent peu qualifiés ou précaires, qui se sont trouvés « en première ligne », obligés de travailler, exposés au risque de contamination, d’autre part encore, les salariés en télétravail depuis leur domicile, qui s’improvisaient enseignants pour leurs enfants, et enfin, tous les « inactifs forcés », dont le personnel des secteurs les plus touchés (tourisme, restauration, aviation). Cette fragmentation reste d’actualité un an après. Le premier confinement a pris fin le 11 mai 2020, mais la pandémie n’a pas disparu. Le pays vit au rythme des chiffres de la Covid-19 et des menaces de reconfinement. L’état d’urgence sanitaire a été prolongé jusqu’au 1er juin 2021 par la loi n°2021-160 du 15 février 2021. L’économie est sous perfusion. Le télétravail et les visioconférences sont devenus le quotidien de nombreux salariés, tandis que d’autres se demandent s’ils retrouveront un jour leur emploi. Les principales mesures prises au cours de ces douze derniers mois, en matière de droit social, portent sur le maintien des revenus des travailleurs, le soutien aux entreprises pour éviter leur fermeture, l’aménagement des conditions de travail et la prise en compte de situations particulières. 1
1. Les mesures de maintien de l'emploi et des revenus des travailleurs Le dispositif d'activité partielle à destination des salariés. En raison du confinement, de mars à mai 2020, ce sont près de 8,8 millions de salariés qui ont été placés dans le régime dit d’activité partielle. Afin de limiter les conséquences potentiellement dévastatrices pour l’emploi, le Gouvernement, a modifié de façon structurelle les modalités de ce dispositif prévues par le code du travail afin de l’adapter au contexte de la crise sanitaire. En position d'activité partielle, le contrat de travail et la rémunération sont suspendus. Le bénéfice du régime de l’activité partielle classique est subordonné à des conditions strictes. L’employeur doit faire une demande à l’autorité administrative. Si celle-ci l’accepte, l’employeur doit verser au salarié une indemnisation, non soumise aux cotisations de sécurité sociale. En contrepartie, l'employeur reçoit une allocation cofinancée par l’État et l'UNEDIC. Dès le mois de mars 2020, les conditions d'accès au dispositif d'activité partielle ont été assouplies afin de protéger les salariés et les entreprises, les catégories de bénéficiaires ont aussi été étendues. Les formalités pour bénéficier de ce dispositif ont également été assouplies par le décret du 25 mars 2020 afin de faciliter les démarches, sans qu’un terme soit fixé pour l’application de cette procédure, la demande étant faite en ligne par l’employeur auprès de l’administration, dans un délai maximal de 30 jours « à compter du placement des salariés en activité partielle lorsque la demande est justifiée par le motif de circonstances exceptionnelles ». Le décret précise que jusqu'au 31 décembre 2020, « le délai d’acceptation exprès ou tacite des demandes d’autorisation préalable est ramené de 15 à 2 jours ». Le décret prévoit également que la consultation du comité social et économique peut, par dérogation au droit commun, se faire après le placement en activité partielle et que son avis doit être transmis à l'autorité administrative dans un délai de deux mois après la demande d'autorisation. Si ces dérogations ont permis de faciliter le recours à ce régime, elles ont aussi beaucoup accentué les risques de fraude. L’administration du travail multiplie les contrôles afin de limiter cet effet. L'indemnisation du salarié ainsi que l'allocation versée à l'employeur ont aussi évolué et donné lieu à de nombreux décrets, au fil de l’évolution de la crise sanitaire. Dans un premier temps, l’ordonnance du 27 mars 2020 a modifié de façon pérenne la nature de l’allocation d’activité partielle versée à l’employeur et fixée proportionnellement à la rémunération des salariés. Puis, dans un second temps, la diminution du taux de cette indemnité ainsi que l’augmentation du reste à charge pour l’employeur ont été annoncées à compter du 1er octobre 2020, reportées ensuite chaque mois par de nouveaux décrets, finalement jusqu’au 1er avril 2021. A compter de cette date, le taux d’indemnisation varie en fonction des secteurs d’activité des entreprises dans lesquelles les salariés sont employés. Ainsi, dans les secteurs non « protégés et connexes » et hors cas de fermeture administrative, et en l'absence d'accord d'activité partielle de longue durée, à compter du 1er avril 2021, l'indemnité minimale versée aux salariés en activité partielle est réduite à 60% de leur rémunération antérieure brute, soit 72% de leur rémunération nette horaire. A compter de cette même date, le reste à charge de ces entreprises s’élèvera à 40 % de l’indemnité d’activité partielle versée aux salariés. Au 25 mars 2020, près de 100 000 entreprises avaient fait une demande d'activité partielle pour 1,2 millions de salariés. Au 31 janvier 2021, 313 000 demandes d'indemnisation avaient été déposées pour le mois de décembre 2020 par 291 000 entreprises, pour 2,5 millions de salariés et 196 millions d'heures. Le coût total estimé de l'activité partielle est de 27,1 milliards d'euros de mars 2020 à décembre 2020. 2
En plus du dispositif que nous venons de présenter, il convient également de préciser que la loi du 17 juin 2020 a mis en place un nouveau dispositif temporaire pour prévenir les difficultés liées à la crise sanitaire, dénommé «activité réduite pour le maintien de l’emploi » (ARME) ou « activité partielle de longue durée » (APLD). En contrepartie d’une aide versée par l’État sur une plus longue période que l’activité partielle de droit commun, les employeurs s’engagent à ne pas procéder à des licenciements et à assurer une formation professionnelle. Des aides à destination des employeurs. Depuis le décret du 30 mars 2020, pour limiter le nombre de licenciements économiques, ou de cessations d’activité, un soutien financier a été apporté aux travailleurs indépendants par la création d'un fonds de solidarité mis en œuvre par l’État et les régions, qui représentait à la fin de l'année 14 milliards d'euros de dépenses publiques. L'objectif affiché est de prévenir la cessation d'activité des petites entreprises, micro-entrepreneurs, indépendants et professions libérales. Le montant de l'aide versée est calculé selon le mois considéré et selon la situation de l'entreprise. Le montant total des aides aux entreprises est estimé à 470 milliards d'euros. En outre, les employeurs ont bénéficié d’un report des cotisations sociales ainsi que de la neutralisation des pénalités de retard. Aussi, un nouveau dispositif de réduction des cotisations et contributions sociales a été mis en place. L’exécutif a également mis en œuvre un dispositif exceptionnel de prêt garanti par l’État pour toutes les entreprises jusqu’au 30 juin 2021. Au 5 février 2021, le montant total des demandes accordés par les banques à ce titre s’élevait à 133 milliards d’euros, avec un taux de refus de 2,8 % sur les demandes éligibles. 2. L'aménagement des conditions de travail, temps de travail, congés et maladie Arrêts maladie. Au titre des mesures exceptionnelles prises pour limiter la propagation du coronavirus, le Gouvernement a sollicité l’Assurance maladie par la mise en place de nouveaux motifs d’arrêts de travail spécifiques et temporaires, ouvrant droit à des indemnités journalières versées par la Sécurité sociale, sans condition minimale d'activité et sans délai de carence, ainsi qu’au maintien légal du salaire pour tout salarié quelle que soit son ancienneté. Par décrets du 31 janvier et du 9 mars 2020, le gouvernement français a mis en place des arrêts maladie dérogatoires pour certaines catégories d’assurés : le salarié contraint de garder son enfant de moins de 16 ans dont l'établissement d'accueil est fermé et ne pouvant pas télétravailler, le salarié parent d'un enfant handicapé faisant l'objet d'une mesure d'isolement, d'éviction ou de maintien à domicile, le salarié contaminé par la Covid-19 ou celui qui a été en contact d'une personne positive à ce virus et a fait l'objet d'une mesure d'isolement, d'éviction ou de maintien à domicile, le salarié considéré comme personne vulnérable à la Covid-19. Depuis le 1er mai 2020, le régime de certains arrêts de travail dérogatoires a été supprimé pour appliquer le mécanisme d’activité partielle à ces salariés, faisant l’objet d’une indemnisation versée par l’employeur à hauteur de 70% de leur rémunération brute. Il faut également mentionner une mesure importante, plusieurs fois prorogée, qui consiste en la suppression du délai de carence (ordinairement de trois jours) à tous les arrêts maladie dans le secteur privé et la fonction publique. Les salariés non malades bénéficiant d'un arrêt de travail dérogatoire à la suite d'une mesure d'isolement pour avoir été en contact avec une personne contaminée par le coronavirus bénéficiaient également de l'indemnisation complémentaire de l'employeur, sans jour de carence et sans condition d'ancienneté jusqu'au 30 décembre 2020. Depuis le 10 janvier 2021 et jusqu'au 31 mars 2021, pour encourager l'isolement des personnes symptomatiques et cas contact, le gouvernement a instauré un nouvel arrêt de travail à l'initiative du salarié et a procédé à la simplification de la procédure des arrêts maladie liés à la Covid-19. Ainsi, 3
ces arrêts font l'objet d'une indemnisation sans jour de carence et les conditions d'accès ont été assouplies par rapport aux arrêts de travail classiques. Depuis la mise en place de ce dispositif, les caisses d'assurance maladie reçoivent en moyenne 3000 demandes d'arrêt « immédiat ». Télétravail. Pour limiter les déplacements professionnels et donc la propagation du virus, le pouvoir exécutif a, dès le 17 mars 2020 enjoint les employeurs, sans obligation juridique, de recourir, lorsque cela était possible, à un dispositif déjà encadré par la loi, le télétravail. Selon le code du travail, le télétravail peut être mis en œuvre dans l'entreprise par un accord collectif ou, à défaut, par une charte élaborée par l'employeur, après avoir recueilli l'avis du Comité social et économique s'il existe. Cet accord précise les modalités de contrôle du temps de travail ainsi que les horaires pendant lesquels l'employeur peut joindre les salariés. Toutefois, aux termes de l'article L.1222-11 du code du travail, et ce depuis 2012, « En cas de circonstances exceptionnelles, notamment de menace d'épidémie, ou en cas de force majeure, la mise en œuvre du télétravail peut être considérée comme un aménagement du poste de travail rendu nécessaire pour permettre la continuité de l'activité de l'entreprise et garantir la protection des salariés ». Cela signifie, qu'en cas d'épidémie, et donc depuis le 17 mars 2020, la mise en œuvre du télétravail peut être imposée par l'employeur, sans que l'accord du salarié soit nécessaire. Si avant la crise sanitaire, le télétravail était peu utilisé par les employeurs, à compter du 17 mars 2020, il est devenu une réalité pour près de huit millions de salariés, faisant de cette modalité de travail presque une normalité. Paradoxalement, le télétravail contribue au maintien de l’activité économique, mais il participe aussi à la fragmentation sociale, déjà évoquée plus haut. D’autres critères ont participé à des inégalités entre télétravailleurs notamment s’agissant des conditions matérielles, la taille et la nature du logement. De la mise en place du télétravail découle aussi la question de la conciliation entre la vie personnelle et la vie professionnelle. Sur ce point, le ministère du Travail a simplement recommandé aux employeurs de tenir compte de la vie quotidienne des salariés dans leurs exigences professionnelles en se fondant sur le droit à la déconnexion. Certains secteurs où le recours au télétravail a diminué de manière significative depuis décembre 2020 ont été rappelés à l’ordre par la ministre du travail. Cependant, autre paradoxe, à la suite d’études révélant la souffrance des salariés liés à l’isolement par le télétravail, la ministre du travail a décidé qu’à compter du 7 janvier 2021, le protocole sanitaire permettrait aux salariés en télétravail de revenir une fois par semaine en entreprise sur la base du volontariat et avec l’accord de l’employeur. Un accord national interprofessionnel (ANI) a été signé entre les partenaires sociaux le 26 novembre 2020, « pour une mise en œuvre réussie du télétravail ». Cet accord est issu d’une négociation collective demandée par le Gouvernement, pour décider des mesures applicables pendant la pandémie. Néanmoins, les partenaires sociaux ont souhaité adopter un accord ambitieux qui inscrit durablement le télétravail dans les modes d’organisation des entreprises. Durée maximale de travail. Par ordonnance du 25 mars 2020, des dispositions dérogatoires ont été mises en place en matière de congés et de durée maximale du travail afin de tenir compte de la pandémie et de ses conséquences économiques, financières et sociales. Certaines dispositions ont été prolongées jusqu’au 30 juin 2021. Ainsi, en matière de congés payés, un accord d'entreprise ou, à défaut, de branche, peut autoriser l'employeur à imposer la prise de congés payés aux salariés ou à modifier unilatéralement les dates de prise de ces congés dans la limite de 6 jours ouvrables, tout en respectant un délai de prévenance qui a été réduit d'un mois à un jour franc. Dans les mêmes conditions, l’employeur peut imposer le fractionnement des congés payés à ses salariés et fixer les 4
dates de congés payés acquis sans prendre en compte le droit aux congés simultanés des conjoints ou partenaires liés par un PACS salariés au sein de la même entreprise. L'état d'urgence sanitaire a aussi été l'occasion pour le législateur d'écarter les règles de droit commun en augmentant les durées maximales du travail des salariés dans les entreprises relevant de secteurs d'activités déterminés par décret. L'ordonnance du 25 mars 2020 a porté la durée quotidienne maximale de travail à 12 heures, jusqu’au 31 décembre 2020 et la durée hebdomadaire maximale de travail à 60 heures. Elle autorise ces entreprises à déroger à la règle du repos dominical en accordant un repos hebdomadaire par roulement. Ce repos hebdomadaire peut également être suspendu. Là encore, il existe une fragmentation entre ceux qui travaillent trop et ceux qui ne travaillent pas. 3. La santé au travail et les conditions de travail des personnels soignants Face à la rapidité de diffusion du virus, aux connaissances insuffisantes sur celui-ci, les professionnels de santé ont été particulièrement exposés à la fois aux risques de contamination et à une réorganisation urgente de l’offre de soins, ainsi qu’à une augmentation d’activité, qui ont constitué des sources de stress importantes et d’épuisement. Des mesures de soutien spécifiques aux professionnels de santé ont été mis en place, notamment le versement d’une prime exceptionnelle aux professionnels et personnels des établissements publics et privés de santé. En outre, depuis le décret du 14 septembre 2020, la reconnaissance de maladie professionnelle, qui permet de bénéficier d’un remboursement à 100 % des soins occasionnés sur la base du tarif de la sécurité sociale et d’indemnités journalières plus élevées que lors d’un arrêt maladie non professionnel, est désormais automatiquement reconnu aux personnels soignants qui ont développé une forme grave de la Covid-19, ayant nécessité un apport d’oxygène. S’agissant des autres travailleurs, ils devront être examinés par un comité d’experts pour bénéficier de ce régime. Parmi les nombreux documents élaborés par le ministère du travail pour assurer la reprise progressive du travail, un « Protocole national pour assurer la santé et la sécurité des salariés en entreprise face à l’épidémie de covid-19 », a été publié le 31 août 2020. Ayant la nature juridique d’une circulaire, ce type de textes constituent des guides de bonnes pratiques à adopter. Ils servent aussi de fondement au contrôle des inspections du travail. 4. La protection sociale des travailleurs précaires Cette pandémie de la Covid-19 a également mis en exergue la fragilité des travailleurs dits « précaires » visant à la fois les salariés dont les contrats n’ont pas été renouvelés, les travailleurs saisonniers ou encore les travailleurs dits « autoentrepreneurs », qui sont souvent de faux indépendants. Afin d’éviter toute rupture de droits pendant et postérieurement à la période de confinement, l’État a maintenu le versement des prestations de solidarité et a suspendu certains dispositifs de contrôle ainsi que la réévaluation des montants des allocations. En parallèle, il a accordé des aides financières à titre exceptionnel, aux ménages les plus précaires et aux jeunes de moins de 25 ans, ainsi qu’aux travailleurs précaires, sous condition, pour les mois de novembre 2020 à mai 2021. Les personnes inscrites à Pôle emploi, sans être indemnisées, mais percevant le revenu de solidarité active (RSA), peuvent bénéficier d'une prime exceptionnelle d'un montant forfaitaire de 335 euros. Durant la période d'état d'urgence sanitaire, la loi du 17 juin 2020, a permis de déroger temporairement à la réglementation relative aux contrats à durée déterminée (CDD), aux contrats de mission et au prêt de main d’œuvre. Ceci, dans le but de faciliter l’employabilité et de donner une certaine souplesse aux entreprises dans la mise en place de ces contrats précaires. Les entreprises 5
doivent négocier ces dérogations. Les dispositions de ces accords priment sur celles des accords de branche. Ces dispositions légales devaient prendre fin au 31 décembre 2020 mais le Gouvernement a décidé de les prolonger jusqu'au 30 juin 2021. 5. Conséquences sur l’organisation du travail et perspectives d’avenir Bien qu’il soit difficile de dresser un bilan d’une situation toujours en cours, même un an après le début de la pandémie, il est néanmoins possible de mettre en lumière certains points saillants. Du point de vue de l’organisation du travail, c’est l’essor considérable du télétravail qui affectera durablement les activités tertiaires dans les années à venir. Avec toutes les conséquences sociales qui s’en suivront. De même, l’habitude et la multiplication des visioconférences se poursuivront probablement au moins partiellement, limitant les déplacements professionnels. Sur le plan de la santé au travail, cette crise sanitaire est aussi l’occasion de mettre l’accent sur les actions de prévention et de santé au travail. C’est l’objectif poursuivi par un autre accord national interprofessionnel du 10 décembre 2020, repris par une proposition de loi, actuellement en débat. Plus largement, ce qui est remarquable, c’est le retour en force de la puissance publique pour limiter les conséquences sociales de la pandémie de Covid-19. Selon l’expression du chef de l’Etat français, cette intervention s’est faite « quoi qu’il en coûte », avec un accroissement considérable de la dette publique mais aussi grâce au système préexistant de protection sociale français. Celui-ci, rapidement mobilisé et étendu, sur le fondement de la solidarité nationale, a permis d’amortir les conséquences sociales de cette crise majeure. Camille Percher Maître de conférences en droit privé Université Lumière Lyon II- Institut d’Etudes du Travail de Lyon (I.E.T.L.) Membre du CERCRID (UMR 5137) 6
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