Recommandations et procédures spécifiques à la radio-oncologie dans le contexte COVID-19

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Recommandations et procédures spécifiques à la radio-oncologie dans
le contexte COVID-19
Recommandations en date du 24 avril 2020.

* Ce document regroupe toutes les consignes spécifiques à la radio-oncologie et
sera mis à jour au besoin à mesure que la situation évoluera. *

Ajout en date du 24 avril 2020 : les sections 5) Corridors de service et 6) Adaptation
des soins et services en fonction du niveau d’activités pour le secteur de la radio-
oncologie.

Les passages modifiés sont identifiés en grisé.

Le présent document est complémentaire aux différentes directives diffusées à
l’ensemble des établissements (ex. prévention et contrôle des infections) et à celles
s’appliquant à la cancérologie, qui peuvent être consultées au lien suivant :
https://www.msss.gouv.qc.ca/professionnels/covid-19/directives-cliniques-aux-professionnels-
et-au-reseau/

Les patients atteints de cancer ont un risque beaucoup plus élevé de complications
respiratoires sévères et d’infections rapidement évolutives, et plus particulièrement
ceux âgés de plus de 60 ans, avec un risque de 4 à 5 fois plus élevé, en lien avec leur
diagnostic sous-jacent ainsi que leur exposition aux traitements de radiothérapie. Ils
doivent donc être tenus le plus possible à distance du risque d’infection, car leur
pronostic vital pourrait être davantage mis en jeu par la COVID-19 que par le cancer à
court/moyen terme.

Dans le contexte de pandémie de la COVID-19, en plus des recommandations du
gouvernement et des autorités de la santé publique, certaines règles propres à ces
patients doivent être appliquées.

Contexte d’administration de traitements de radiothérapie
Les traitements pour de nombreux cancers nécessitent une radiothérapie qui peut
altérer les réponses immunitaires. En outre, certains cancers peuvent conduire à une
réduction ou à une production dysfonctionnelle de cellules immunitaires. En
conséquence, les patients atteints de cancer ont un risque accru de contracter des
maladies transmissibles comme la COVID-19. Ce risque ne doit pas nous empêcher
de donner le traitement approprié, lorsqu’indiqué, mais une évaluation des bénéfices
et des risques doit être faite, partagée avec le patient et la décision de modification de
traitement inscrite dans le dossier, le cas échéant.

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En complément des recommandations de la santé publique que doivent suivre les
centres de cancérologie pour s’assurer que le risque de développer la COVID-19 est
aussi faible que possible, voici les recommandations pour ajuster les soins entourant
l’administration des traitements de radiothérapie à la situation exceptionnelle causée
par la pandémie de la COVID-19.

1) Principes de base
     •     Privilégier dès maintenant les alternatives pour éviter les visites à l’hôpital;

     •     Les consultations initiales de patients atteints de cancer doivent idéalement se
           faire par contact téléphonique, afin d'éviter la fréquentation du milieu hospitalier,
           à moins qu’il en soit jugé autrement par le radio-oncologue ou l’infirmière;

     •     Les visites de suivi de patients atteints de cancer doivent idéalement être
           annulées ou se faire par contact téléphonique, afin d'éviter la fréquentation du
           milieu hospitalier, à moins qu’il en soit jugé autrement par le radio-oncologue ou
           l’infirmière;

     •     Tous les patients actuellement en traitements actifs de radio-oncologie ou dont
           le début des traitements n’est pas reporté devraient avoir une recommandation
           d’isolement volontaire à la maison (sauf pour conditions médicales);

     •     Les patients atteints de cancer et âgés de plus de 60 ans et/ou porteurs de
           multiples comorbidités (ou ECOG > 2) doivent faire l’objet d’une attention
           particulière et éviter au maximum tout risque de contamination compte tenu de
           leur risque majoré de complication respiratoire et de décès. Le bénéfice et le
           risque des traitements doivent être rediscutés dans ce contexte de pandémie.
           Ces patients doivent être en isolement de protection à la maison de la
           consultation initiale jusqu’à la fin des traitements;

     •     En tout temps, exercer un jugement clinique mettant en balance l’efficacité du
           traitement et la protection du patient et des soignants contre les risques
           d’infection à la COVID-19;

     •     Il est requis de documenter au dossier du patient tous les professionnels qui ont
           été en contact avec celui-ci, et ce, de façon prospective et régulière;

     •     Il est demandé de limiter le plus possible la rotation des technologues en salle
           de traitement (ex. : attendre que le traitement du patient soit terminé avant de
           faire la rotation pour une pause ou pour le dîner);

     •     Évaluer la possibilité d’adapter les protocoles afin de différer les traitements :
              o Privilégier l’hypofractionnement;
              o Étant donné les interruptions de traitement à venir dans le contexte de la
                 pandémie, il est suggéré de se référer aux guides d’interruption des

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traitements acceptés et disponibles dans chacun des services de radio-
                  oncologie afin de juger des délais médicalement acceptables;
                o Afin de prévoir les compensations de doses à la suite des interruptions
                  de traitement, il est suggéré de se référer au Tableau 3 (p. 315-316) de
                  l'article publié par Gay et al. dans le PRO en septembre-octobre 20191
                  disponible au lien suivant : www.practicalradonc.org/article/S1879-
                  8500(19)30079-7/pdf

     •     Peu importe les circonstances, le personnel œuvrant auprès de la clientèle en
           cancérologie ne devrait pas être partagé avec l’urgence ou les unités de soins
           où séjournent les patients COVID positifs ou soupçonnés de l’être;

     •     Il est recommandé de limiter les contacts entre les patients dans les salles
           d’attente en favorisant une organisation qui permet la distanciation (répartition
           des clientèles, distancer les chaises, favoriser l’attente hors du service, par
           exemple dans la voiture, lorsque possible, etc.) et de limiter le temps passé par
           les patients dans la salle d’attente;

     •     Afin de préserver la sécurité physique et psychosociale des patients :
               o Évaluer l’état du patient (ECOG, ESAS, ODD) avant son traitement/suivi;
               o Infirmières pivots en oncologie : maintenir les évaluations
                  bio-psycho-sociales, la gestion des symptômes et les suivis des patients
                  en privilégiant la pratique téléphonique ou la télésanté;
               o Pour les autres professionnels : privilégier les consultations par télésanté
                  (téléphone ou visioconférence) et éviter les rencontres en présence.

2) Priorisation en matière de soins applicable jusqu’à nouvel ordre
     Les priorités A, B et C ont préalablement été définies de façon globale dans le
     document des recommandations générales en oncologie.
     Une grille de classification par priorité propre à la radio-oncologie existe depuis
     2004. Cette échelle a servi de référence dans l’élaboration de l’échelle de priorité
     décrite ci-après et des documents faisant allusion à la radio-oncologie, puisque
     l’ensemble du personnel fonctionne avec celle-ci depuis de nombreuses
     années (référence : priorités du formulaire de demande de consultation en radio-
     oncologie AH-519).
     Il est à noter que cette liste de diagnostics et de situations cliniques se veut non
     exhaustive et sert avant tout de cadre de référence pour la priorisation médicale. Le
     jugement médical doit toujours s’exercer.

1
 Gay HA, Santiago R, Gil B, et al. Lessons Learned From Hurricane Maria in Puerto Rico: Practical Measures to
Mitigate the Impact of a Catastrophic Natural Disaster on Radiation Oncology Patients. Pract Radiat Oncol.
2019;9(5):305-321

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La priorité 1 définit les personnes dont la situation est jugée critique (souffrantes
     instables et/ou dont l'état met immédiatement la vie en danger) et pour lesquelles il
     existe un traitement efficace.
     Le début du traitement devrait être dans les 24 heures suivant la date à laquelle le
     patient est considéré comme médicalement prêt.
     Cette priorité comprend les indications suivantes :
           a) Compressions médullaires;
           b) Syndrome de la veine cave supérieure;
           c) Syndrome hémorragique (vessie, col utérin, bronche, etc.).

     La priorité 2 définit les personnes chez qui un délai est considéré comme ne
     mettant pas leur vie en danger. Le début du traitement devrait normalement se faire
     dans les 3 jours suivant la date à laquelle le patient est considéré comme
     médicalement prêt, mais pourrait être prolongé en contexte de pandémie.
     Cette priorité comprend les indications suivantes :
           a) Compression bronchique, viscérale, vasculaire;
           b) Métastases osseuses douloureuses;
           c) Métastases cérébrales;
           d) Toute autre radiothérapie palliative antalgique;
           e) Tumeur pédiatrique qui requiert un début de traitement rapide.

     La priorité 3 définit les personnes pour qui le début du traitement devrait
     normalement se faire dans les 14 jours suivant la date à laquelle le patient est
     considéré comme médicalement prêt. Ce délai pourrait toutefois être prolongé en
     contexte de pandémie.
     Cette priorité comprend les indications suivantes :
           a) Tumeurs pédiatriques;
           b) Radiothérapie exclusive :
                      a. Tumeurs de la sphère ORL incluant thyroïde;
                      b. Tumeurs gynécologiques;
                      c. Tumeurs pulmonaires;
           c) Radiothérapie exclusive ou associée à de la chimiothérapie :
                      a. Tumeurs de l’anus;
                      b. Tumeurs de la vessie;
                      c. Tumeur du pancréas;
                      d. Tumeurs de l’œsophage;
                      e. Carcinome pulmonaire à petites cellules;
           d) Radiothérapie préopératoire, exclusive ou associée à de la
               chimiothérapie de différents sites (ex. : rectum, sarcome, etc.);
           e) Maladie de Hodgkin;
           f) Lymphome non hodgkinien;
           g) Tumeurs cérébrales (radiothérapie conventionnelle ou stéréotaxique);

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h) Irradiations corporelles totales pour des patients en préparation de greffe
                   de moelle osseuse;
                i) Séminome;
                j) Cancer du sein inflammatoire.

     La priorité 4 définit les personnes pour qui le début du traitement devrait
     normalement se faire dans les 28 jours suivant la date à laquelle le patient est
     considéré comme médicalement prêt. Ce délai pourrait toutefois être prolongé en
     contexte de pandémie.

     Cette priorité comprend les indications suivantes :
           a) Radiothérapie postopératoire : Cancer du sein, de la prostate, de la
               sphère ORL, du rectum, gynécologique, sarcome, pancréas, etc.;
           b) Cancer du poumon sous chimiothérapie;
           c) Les tumeurs qui nécessitent un traitement systémique (chimiothérapie,
               immunothérapie) avant le début de la radiothérapie;
           d) Radiothérapie exclusive ou postopératoire des tumeurs de la peau;
           e) Radiothérapie exclusive des tumeurs de la prostate.

     Si la capacité de prise en charge et de mise en traitement de nouveaux patients
     venait à être diminuée, les consultations des patients de priorité 4 devraient être
     celles reportées dans un premier temps, ou en fonction du jugement clinique. Un
     accès à une infirmière pivot ou autres professionnels doit être fourni à ces patients
     afin qu’ils puissent appeler si un changement de leur condition survient sans avoir
     à se présenter à l’urgence.

3) Clientèle
     L’accès aux services de radio-oncologie des centres de cancérologie est à éviter
     pour :
     • Tout patient ayant voyagé dans les 14 derniers jours, qu’il soit en traitement ou
        non;
     • Tout patient, qu’il soit en traitement ou non, qui a été en contact avec une
        personne ayant voyagé dans les 14 derniers jours;
     • Tout patient, qu’il soit en traitement ou non, en suspicion, en attente d’un résultat
        de dépistage ou confirmé comme infecté par la COVID-19;
     • Toute personne ayant des symptômes d’allure grippale, incluant la fièvre ou tout
        autre symptôme compatible au COVID-19;
     • Les accompagnateurs sauf si nécessité absolue pour troubles cognitifs ou
        locomoteurs. L’utilisation du téléphone pour les interprètes sera privilégiée.

     Un triage en amont doit être effectué afin d'éviter de tels contacts. Il faut se référer
     aux directives du Service de la prévention et contrôle des infections de votre
     établissement pour identifier le fonctionnement applicable.

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Les patients qui présenteraient des symptômes en lien avec la COVID-19, doivent
     avoir accès à un test de dépistage et à une analyse rapide afin d’éviter des
     interruptions de traitements qui pourraient être préjudiciables en cas de résultat
     négatif au dépistage.
     Dans l’attente du test et du résultat, il est recommandé d’interrompre le traitement
     et de le reprendre uniquement une fois le résultat négatif obtenu, selon les règles
     en vigueur par suite d’un test négatif de la COVID-19.

     a) Nouveaux patients adultes
          o Suivre les recommandations générales;
          o Pour tout patient qui aurait voyagé dans les 14 derniers jours :
                  ▪ Asymptomatique : Reporter les consultations et les débuts de
                      traitement 14 jours après leur retour si toujours asymptomatique à
                      ce moment, sauf priorités 1 et 2 (telles que décrites ci-haut et au
                      formulaire de demande de consultation en radio-oncologie AH-
                      519).
                  ▪ Avec symptômes compatibles avec la COVID-19 : Ne pas voir ou
                      débuter les traitements.
        o Lors de l’entretien par téléphone ou par contact vidéo, un historique de base
          et une revue du dossier médical seront faits. Le but de cet entretien
          préliminaire est de s’assurer que les investigations médicales sont complètes
          et de déterminer le traitement possible. En fonction de l’information recueillie
          lors de ce contact initial, le patient pourrait devoir se présenter ou non à
          l’hôpital;
        o Puisque les patients doivent se déplacer pour leur planification, le radio-
          oncologue verra le patient à ce moment pour l’évaluation clinique et la
          décision médicale ainsi que l’ajustement du plan;
        o Procéder à la détection de la détresse et à l’ESAS, et adapter les
          interventions selon les besoins spécifiques de la personne et de ses proches;
        o Demander aux patients d’écouter des sessions d’information en ligne avant
          de débuter le traitement en radio-oncologie ou de lire la documentation écrite
          avec enseignement individualisé;
        o Dans un cas de palliation (une seule fraction prévue) : faire la consultation,
          la planification et le traitement dans la même journée ou en deux visites est
          suggéré dans l’optique de minimiser les visites du patient dans l’hôpital.

     b) Patients adultes déjà sous traitement (incluant les patients hospitalisés)
        o Pour tous les cas, évaluer la possibilité de modifier le protocole de traitement
           pour respecter les principes de base énoncés dans ce document;
        o Afin de prévoir les compensations de doses à la suite des interruptions de
           traitement, il est suggéré de se référer au Tableau 3 (p. 315-316) de l'article

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publié par Gay et al dans le PRO en septembre-octobre 20192 disponible au
             lien suivant : www.practicalradonc.org/article/S1879-8500(19)30079-7/pdf ;
           o Si testé positif à la COVID-19 : Arrêt des traitements. Des directives plus
             précises quant à la reprise des traitements et aux ajustements du
             protocole/prescription viendront prochainement;
           o Visites hebdomadaires et de fin de traitement :
                 ▪ Le patient est avisé par les technologues que la visite médicale est
                     annulée. Il sera contacté pendant les traitements par téléphone par le
                     radio-oncologue selon évaluation;
                 ▪ Appel téléphonique par le radio-oncologue pour la fin de traitement ou
                     pour répondre à ses questions.
           o Bien que le secteur de la radio-oncologie doive être considéré comme une
             zone froide, concernant les patients en cours de traitement qui sont
             ASYMPTOMATIQUES mais qui ont été en contact avec une personne
             infectée par la COVID-19, la poursuite des traitements peut être réalisable
             en suivant les recommandations suivantes* :
                 ▪ Port d’un masque standard par le patient;
                 ▪ Mesures de protection gouttelettes/contact pour le personnel
                     (jaquettes, gants, masques standard);
                 ▪ Regroupement de ces traitements en fin de journée;
                 ▪ Nettoyage complet de la salle, de la table et des accessoires après
                     chaque séance ou après la consultation (incluant le nettoyage des
                     tables et accessoires à la lingette entre chaque patient avec
                     désinfectant; nettoyage des salles d’attente, des bras des fauteuils et
                     des poignées de portes en fin de consultation et en fin de traitement);
                 ▪ Limiter le temps passé dans le service (séance, consultation en cours
                     de traitements,etc.);
                 ▪ Un seul technologue en salle pour la mise en place, le second restant
                     à la console.
                 *La conduite à suivre pour les patients traités avec un masque
                 d’immobilisation (exemple : pathologies ORL) est en élaboration.

     c) Clientèle hospitalisée
        o Pour les patients non infectés par la COVID-19 et non en dépistage:
               ▪ Faire un appel téléphonique à l’équipe traitante pour toute
                   consultation afin d’évaluer si la radiothérapie est réellement requise et
                   si d’autres alternatives médicales sont envisageables;
               ▪ Si un traitement est retenu, considérer réaliser la consultation et la
                   planification dans une même visite au service de radio-oncologie.

2
 Gay HA, Santiago R, Gil B, et al. Lessons Learned From Hurricane Maria in Puerto Rico: Practical Measures to
Mitigate the Impact of a Catastrophic Natural Disaster on Radiation Oncology Patients. Pract Radiat Oncol.
2019;9(5):305-321

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o Si applicable, évaluer la possibilité de modifier le protocole de traitement pour
             respecter les principes de base énoncés dans ce document.

     d) Clientèle de plus de 60 ans
        o L’évaluation des patients de plus de 60 ans en cancérologie doit se faire, cas
            par cas, en évaluant la balance des risques de retarder ou de suspendre les
            traitements sur le pronostic et des risques de développer des complications,
            sachant que cette clientèle est plus à risque de complications si elle
            contractait la COVID-19;
        o La prudence devrait être de mise et la consigne d’isolement (demeurer à la
            maison) respectée si le fait de retarder ou de suspendre le traitement ne met
            pas en danger le patient;
        o Chaque médecin devrait analyser sa liste de patients de plus de
            60 ans afin de déterminer la meilleure conduite à envisager pour chacun.

     e) Clientèle avec importantes comorbidités ou ECOG>2
        o Porter une attention particulière à cette clientèle et éviter au maximum tout
            risque de contamination compte tenu du risque majoré de complication
            respiratoire et de décès;
        o Chaque médecin devrait analyser sa liste de patients avec d’importantes
            comorbidités afin de déterminer la meilleure conduite à envisager pour
            chacun.

     f) Cas bénin :
        o Reporter les consultations et les visites de suivi;
        o Reporter le début des traitements;
        o Évaluer la possibilité de suspendre les traitements s’ils sont débutés.

     g) Tête et cou :
        o Il n’est pas recommandé de procéder à la rhinopharyngolaryngoscopie pour
           les patients avec cancer tête et cou SAUF si absolument nécessaire pour
           guider la conduite thérapeutique;
        o Dans l’exception où l’on juge la RPL nécessaire, il est recommandé d’en
           discuter avec un chirurgien tête et cou afin de prendre la meilleure décision,
           dans un souci d’éviter les doubles expositions.

     h) Clientèle pédiatrique
        o Se référer au document du Comité national de pédiatrie oncologique :
            « Recommandations du Programme québécois de cancérologie - Politique
            et procédures spécifiques à la prise en charge de la clientèle pédiatrique
            dans le contexte de la CODIV-19 » disponible sur le site internet du MSSS.

     i) Curiethérapie :
        o Le secteur de la curiethérapie devrait demeurer une zone froide exempte de
           COVID-19, tout comme l’ensemble du secteur de la radio-oncologie;

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o S’il était nécessaire d’utiliser les équipements d’anesthésie pour les besoins
             populationnels en lien avec la pandémie, on suggère déplacer dans un
             secteur COVID tiède ou chaud, dans un souci de maintenir les clientèles
             potentiellement COVID-19 éloignées des clientèles de radio-oncologie;
           o Les cas nécessitant l’équipe d’anesthésie devraient être priorisés selon le
             site et la gravité du cas. Se référer au tableau des activités en radio-oncologie
             à la section 6.

4) Situations particulières
     •     Si certaines régions devenaient plus durement touchées que d'autres, un
           système de transfert et de réorientation serait nécessaire à mettre en place pour
           les patients atteints de cancers curables potentiellement mortels ou évoluant
           rapidement. Ce plan de transfert sera élaboré par le Comité national de radio-
           oncologie en fonction de la capacité et des spécialisations des différents
           services de radio-oncologie.
     •     Dans la situation où il y a une grave pénurie de personnel, les cliniques
           ambulatoires hospitalières et de nombreux services pourraient être suspendus
           et les patients avisés par téléphone avec un plan alternatif proposé pour les
           soutenir. Les patients atteints de cancer dans ce contexte de pandémie sont des
           patients dont les soins vitaux et urgents devront être assurés prioritairement.
     •     Les patients atteints de cancer devraient être inclus dans les plans de
           traitements continus du système hospitalier, en reconnaissant que certains
           patients atteints de cancer doivent être traités. Cependant, une expertise
           professionnelle est requise pour le traitement de ces patients.
     •     Le personnel possédant ces compétences ne devrait pas être redéployé pour
           aider dans les zones de soins actifs. Le personnel des centres de cancérologie
           sera affecté par la pandémie et les personnes qui possèdent toujours les
           compétences nécessaires devraient continuer de traiter les patients atteints de
           cancer.
     •     Les technologues, les physiciens, les dosimétristes et les radio-oncologues sont
           essentiels pour une prestation appropriée et sûre des traitements de
           radiothérapie. Idéalement, le personnel possédant ces compétences devrait être
           utilisé de façon prioritaire dans le secteur de la radio-oncologie, toutefois une
           partie du personnel pourrait être affectée à d’autres secteurs, en se limitant aux
           secteurs considérés « zone froide ». Une partie du personnel de cancérologie
           pourrait être réaffectée à d’autres tâches pendant la pandémie (ex. : infirmières),
           mais le personnel spécifique qui possède les compétences nécessaires devrait
           continuer de traiter les patients en radio-oncologie.
     •     Les radio-oncologues sont également essentiels pour la prise en charge
           ambulatoire des patients atteints de cancer et ils devraient poursuivre leurs
           activités cliniques, vu que leurs compétences ne sont pas couvertes par d’autres
           spécialités.
     •     De plus, la formation médicale en radio-oncologie (de façon similaire à la
           spécialité de radiologie) est limitée à quelques mois de médecine générale ou

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de médecine interne lors de la première année de résidence, ce qui n’est pas
           une formation adéquate pour pouvoir prendre en charge de façon compétente
           et même sécuritaire de problèmes médicaux de patients hospitalisés qui ne sont
           pas en lien avec la radio-oncologie. Compte tenu des enjeux, notamment
           éthiques, légaux et professionnels, nous n’encourageons donc pas la prise en
           charge de patients hospitalisés, mais la continuation des traitements de patients
           atteints de cancer. (Inspiré du libellé de Cancer care Ontario)

5) Corridors de service
Principes directeurs :
   • Tenir compte des recommandations de la Santé publique pour les déplacements
      inter régions des patients et des professionnels, en tenant compte que certaines
      régions n’ont qu’un centre de radio-oncologie et que les traitements pour le
      cancer font partie des activités essentielles.
   • Les centres de radiothérapie doivent informer le Comité national de radio-
      oncologie (CNRO), via les contacts du programme de cancérologie MSSS, de
      tout changement majeur dans leur situation (RH, appareils, etc.).
   • Le CNRO a la responsabilité d’évaluer la situation dans les centres et
      d’organiser les corridors de service, si nécessaire.

Pour les patients :
  • Favoriser dépannage entre les centres à proximité (minimiser les déplacements
      des patients).
  • Prendre en compte les corridors déjà établis.
  • Préserver les missions et expertises particulières (exemple : pédiatrie).

Pour les professionnels :
  • Limiter les déplacements de professionnels d’un centre vers un autre.
  • Si requis, considérer les déplacements vers des centres avec équipements
      comparables (accélérateurs, système d’information, système dosimétrie, etc.).

Centres à expertise particulière :
  • Pédiatrie : 3 centres d’expertise seulement (CUSM, CHUM, CHUQ) avec des
      liens déjà bien établis, entre eux et avec les autres centres.

6) Adaptation des soins et services en fonction du niveau d’activités pour
   le secteur de la radio-oncologie
     Les niveaux d’activités définis en cancérologie et en radio-oncologie sont distincts
     des niveaux d’alerte de soins critiques COVID-19 dans les hôpitaux.
     Les cogestionnaires des programmes de cancérologie des établissements doivent
     déterminer le niveau d’activités et de délestage en radio-oncologie en concertation
     avec les chefs du service de radio-oncologie (médicaux et administratifs) puisqu’ils
     sont les plus à même de connaître les ressources requises et en place.

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Le niveau de délestage d’activités en radio-oncologie devrait être en lien avec le
     niveau d’activités global COVID-19 de l’établissement, mais surtout en fonction du
     niveau de ressources humaines disponibles pour opérer le service de radio-
     oncologie. Puisque le secteur de la radio-oncologie est relativement protégé, il est
     possible qu’il puisse fonctionner à un niveau d’activités moins critique que celui des
     autres secteurs de l’hôpital.
     Le niveau d’activités maintenu au service de radiothérapie devrait toutefois
     permettre, selon la situation, de passer à un niveau d’alerte supérieur dans les
     meilleurs délais.
     Les niveaux d’alerte en cancérologie sont disponibles au lien suivant :
     www.msss.gouv.qc.ca/professionnels/covid-19/directives-cliniques-aux-
     professionnels-et-au-reseau/cancerologie/
     Critères de déclenchement pour la radio-oncologie:
           o    Niveau 1 : entre 70 et 100 % des ressources humaines en place.
           o    Niveau 2 : entre 50 et 70 % des ressources humaines en place.
           o    Niveau 3 : entre 30 et 50 % des ressources humaines en place.
           o    Niveau 4 : moins de 30 % des ressources humaines en place.
     Le niveau des ressources humaines est constitué d’un équilibre entre les
     technologues, médecins, infirmières, physiciens et autres professionnels
     habituellement dédiés et disponibles pour assurer les activités usuelles du service
     de radio-oncologie.

Document élaboré par :
Dre Annie Ebacher, radio-oncologue, CIUSSS Estrie-CHUS et présidente du Comité national de radio-
oncologie
Dr Tarek Hijal, radio-oncologue, Centre universitaire de santé McGill (CUSM)
Dre Isabelle Germain, radio-oncologue et cogestionnaire médicale du programme de cancérologie du
CHU de Québec-Université Laval
Dr Jean Archambault, radio-oncologue, CHU de Québec-Université Laval
Dr Michael Yassa, radio-oncologue, CIUSSS de l’Est-de-l’île-de-Montréal et président de l’Association
des radio-oncologues du Québec (AROQ)
Mme Julie Héon, chef du service de radio-oncologie, CISSS de Laval
Mme Line Bouchard, chef du service de radio-oncologie, CISSS du Saguenay-Lac-Saint-Jean
Mme Marie-Ève Quirion, conseillère, Programme québécois de cancérologie (PQC)
Mme Anne-Julie Rancourt-Poulin, conseillère, Programme québécois de cancérologie (PQC)
Mme Mélanie Morneau, directrice de l’offre de soins et de services en cancérologie, PQC
Approuvé par : les membres du sous-comité clinique COVID-19 en cancérologie et adopté par le PQC.

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N.B. : le tableau suivant se veut un cadre de référence pour la priorisation médicale, mais le jugement clinique doit toujours s’exercer.
Se référer aux priorités (P1 à P4) établies dans : « Recommandations et procédures spécifiques à la radio-oncologie dans le contexte COVID-19 ».
                                                             Niveau 1 – Maintenir 70 % de l’activité habituelle en radio-oncologie
              À maintenir                                    À adapter                                      À délester                                 Autres considérations
 ▪   P1 à P4 : Terminer les                     ▪ Curiethérapie : Combinaison de RT    ▪ P4 : réduction des planifications et/ou           ▪   Favoriser la dosimétrie à distance
     traitements en cours                         externe (en cours) et HDR prévue          mises en traitement de nouveaux patients       ▪   Favoriser l’hypofractionnement
 ▪   P1 à P3 : Débuter les nouveaux               pour cancer de la prostate                de façon progressive, tout d’abord les         ▪   Utiliser et adapter les guides
     patients                                   ▪ Autres     curiethérapies    sans         cancers du sein, de la prostate et de la           d’interruptions de traitements si
 ▪   Patients pédiatriques                        anesthésie                                peau.                                              nécessaire
 ▪   Curiethérapie : col utérin en                                                     ▪ Les curiethérapies incluent toutes les            ▪   Interrompre le traitement des
     place                                                                                  curiethérapies avec besoin d’anesthésie            patients COVID-19 + ou en dépistage
                                                                                            sauf ce qui est indiqué dans « à maintenir »
                                                                                            et « à adapter ».
                                                                                       ▪ Maladies bénignes et fonctionnelles.
                                                             Niveau 2 – Maintenir 50 % de l’activité habituelle en radio-oncologie
            À maintenir                                       À adapter                                     À délester                               Autres considérations
 ▪ P1 à P4 : Terminer                    les    ▪   P1 et P2 : nouveaux patients ▪ P4 : Poursuivre la réduction des planifications         ▪ Maximiser l’hypofractionnement et
   traitements en cours                             (évaluation au cas par cas)          et/ou mises en traitements de nouveaux              les traitements à dose unique
 ▪ Patients pédiatriques                        ▪   P3                                   patients (les RT adjuvantes à cesser avant RT     ▪ P1 et P2 : Considérer les autres
                                                ▪   Curiethérapie : Col utérin en        pour tumeurs en place)                              alternatives thérapeutiques.
                                                    place. Autres curiethérapies sans
                                                    anesthésie.
                                                             Niveau 3 – Maintenir 30 % de l’activité habituelle en radio-oncologie
            À maintenir                                       À adapter                                    À délester                               Autres considérations
 ▪ P3 et P4 : Terminer                   les    ▪ P1 à P3 : Évaluation au cas par cas   ▪   P4 : Arrêt des planifications et/ou mises en   ▪ Considérer le transfert des patients
   traitements en cours                           des nouveaux patients                     traitement de nouveaux patients                  vers un milieu non contaminé ou
 ▪ Patients pédiatriques                                                                ▪   Curiethérapie                                    avec capacité résiduelle
                                                                                                                                           ▪ Réévaluation de la priorité des cas en
                                                                                                                                             attente
                                                                                                                                           ▪ Favoriser les patients curatifs sans
                                                                                                                                             autre alternative en priorité
                                                             Niveau 4 – Maintenir 15 % de l’activité habituelle en radio-oncologie
            À maintenir                                       À adapter                                   À délester                                Autres considérations
 ▪ P1 si aucun traitement médical               ▪ Transfert des patients sans autre     ▪ La majorité des planifications et/ou mises en    ▪ Transfert des patients selon un plan
   alternatif                                     alternative que la radiothérapie        traitement                                         provincial tenant compte de la
 ▪ Patients pédiatriques:                         dans un autre centre avec capacité                                                         capacité et la spécialisation des
   terminer les traitements en                                                                                                               centres de radiothérapie
   cours ou transférer dans un
   autre centre avec capacité
Légende : HDR : « high dose rate », curiethérapie à haut débit de dose; LDR : « low dose rate », curiethérapie à faible débit de dose; RT : radiothérapie.

Ministère de la Santé et des Services sociaux                                                                                                                  Page 12 sur 12
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