Revue suisse d'apiculture - www.abeilles.ch - ORGANE DE LA SOCIETE ROMANDE D'APICULTURE
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Revue suisse d’apiculture www.abeilles.ch 140e année n Paraît 10 fois par an n No 1409 No 10 / 2019 n Octobre ORGANE DE LA SOCIETE ROMANDE D’APICULTURE
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Revue suisse d’apiculture Fondateur Ed. Bertrand (1878-1903) 140e année n N° 10 / 2019 n Octobre 2019 SOMMAIRE Page Editorial 4 Conseils aux débutants 5 SAR 10 apiservice 16 Centre de recherche apicole 31 Contrôle des pesées et stations d’observations 39 Les produits de la ruche 43 Mots croisés 47 Dates à retenir 48 Vie des cantons 50 Les articles publiés dans la Revue suisse d’Apiculture sous une signature individuelle n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Néanmoins, comme nous répondons juridiquement de tout ce qui est publié, selon la jurisprudence, nous nous réservons le droit de ne pas publier certains textes, documents, lettres ! Photo couverture : Butineuse explorant une corolle de fleur à l’aide ses antennes (source : freeimages.com) Les annonces et articles à publier doivent être adressés à la rédaction : Francis Saucy, rue des Châteaux 49, 1633 Vuippens, revue.sar@abeilles.ch Délais : Nov.-Déc. N° 11-12 Jan.-Fév. N°1-2 2020 25 octobre 27 décembre REVUE SUISSE D’APICULTURE | N° 10 / 2019 3
Editorial Du pays des mielleuses merveilleuses Lorsque vous lirez ces lignes écrites de Montréal, la 46e édi- tion d’Apimondia, le rendez-vous bisannuel des apiculteurs du monde entier, sera achevée, comme sera également terminée la saison apicole 2019. Il sera donc temps de tirer le bilan de l’année écoulée. Du côté d’Apimondia, où se sont réunies plus de 6’000 per- sonnes, le thème du congrès était « L’apiculture avec l’agricul- ture ». La question des pesticides était omniprésente. Il ne fait plus de doute pour personne que ces substances sont très problématiques pour les abeilles. En revanche, le dialogue avec l’agriculture reste timide et difficile, malgré les besoins évidents de la branche en services de pollinisation. Sur les questions de santé de l’abeille, le Varroa demeure la principale menace à court terme. Même si peu de progrès sont à relever, cette question est pré- sente partout en toile de fond, avec de plus en plus d’intérêt pour les traite- ments aux acides organiques en vigueur chez nous depuis plusieurs décennies. Mais l’essentiel des efforts pour le futur se dirige vers la recherche de souches d’abeilles résistantes ou tolérantes, capables de survivre sans traitements en Couleurs présence du parasite. L’inquiétante dégringolade des prix du miel avec un mar- de marquage ché de plus en plus perturbé par des miels adultérés en provenance de pays des reines émergents reste la principale préoccupation des professionnels du secteur. 2014 Du côté de la délégation helvétique, on notera une forte contribution des milieux scientifiques avec des représentants du Centre de recherche apicole et des universités de Berne et Neuchâtel. En revanche, peu d’apiculteurs pra- ticiens étaient présents. Nous aurons l’occasion de revenir plus en détail sur 2015 certains de ces thèmes dans les prochains numéros. Bonne lecture et au mois prochain. 2016 Francis Saucy Impressum 2017 Editeur : Société Romande d’Apiculture (SAR) Rédaction : Francis Saucy, rue des Châteaux 49, 1633 Vuippens revue.sar@abeilles.ch 2018 Mise en page et impression : Centre d’impression Le Pays, Allée des Soupirs 2, CP 1116, 2900 Porrentruy Changements d’adresse : David Gillon, Société Romande d’Apiculture, 2019 Administration/Caisse, Route de la Vignettaz 41, 1700 Fribourg, caissier@abeilles.ch 4 REVUE SUISSE D’APICULTURE | N° 10 / 2019
Conseils aux débutants Octobre Cette fois ça y est, la saison apicole est derrière nous ! Vous venez de finir vos deuxièmes traitements à l’acide formique, vos ruches disposent des réserves suffisantes, c’est le moment de les mettre en hivernage et de les laisser tran- quilles jusqu’au printemps (à l’exception du traitement à l’acide oxalique, pen- dant une douce journée de novembre à janvier). Théoriquement, les biologistes nous assurent que les abeilles n’ont pas besoin d’isolation excessive pour tra- verser l’hiver : leur système naturel d’aération leur permet de tenir le froid à distance. Je dois admettre que ça ne m’a jamais empêché de mettre un petit coussin dans mes ruches suisses, ne serait-ce que pour éviter les courants d’air. Ce qu’il faut retenir, c’est que le pire ennemi de l’abeille n’est pas le froid, mais l’humidité. La chaleur de la ruche en contact avec les parois froides de la ruche va immanquablement créer de la condensation. Il est impératif que cette humidité puisse être évacuée. Trop d’isolation, ou une isolation trop étanche peuvent être pro- blématiques de ce point de vue. J’aime aussi bien que mes ruches soient inclinées de quelques degrés pour que l’humidité puisse couler des trous de vols. Le problème de la fausse teigne Une fois les abeilles mises en hivernage, il vous reste les travaux de nettoyage et de range- ment. Certains peuvent attendre l’hiver et nous en reparlerons en temps voulu, d’autres ne doivent pas tarder : je pense en particulier au stockage et conditionnement des cadres. Il y a une chose que vous ne voulez pas : voir vos cadre ravagés par la fausse teigne. Ce parasite des ruches existe en deux espèces : la petite et la grande fausse teigne. Parvenu à maturité, il s’agit de papillons gris très habiles qui se faufilent dans le moindre interstice dans le but de pondre leurs œufs hors de portée des abeilles. Par exemple entre le couvre-cadre et le corps de ruche, entre les planchettes, sous les glissières, etc. C’est en particulier la larve qui pose problème : elle se nourrit des résidus de pollen, de la vieille cire et des résidus laissés au fond des alvéoles par les cocons successifs d’abeilles. Il n’est pas rare que la teigne creuse des tunnels au milieu de vos cadres, au niveau de la cire gaufrée. Cela engendre parfois ce qu’on appelle le couvain chauve : les larves de teigne poussent les nymphes Vision d'horreur d'une infestation déjà avancée. On y voit des grandes et petites larves. REVUE SUISSE D’APICULTURE | N° 10 / 2019 5
Des traces de soie, des résidus de déchets, des œufs, même si on ne voit pas de larves, ce sont des signes qui ne trompent pas : il faut agir… d’abeilles perçant l’opercule. On associe souvent les trous dans le couvain avec les loques amé- ricaines ou européennes, et il vaut toujours mieux s’adresser à un inspecteur en cas de doute. Mais si vous voyez de belles nymphes blanches avec leurs yeux brun-rouge, il y a fort à parier qu’une larve de teigne se cache dessous. Donner un coup sec sur un tel cadre permet parfois de la faire sortir. Pensez aussi à bien nettoyer régulièrement vos langes et fonds varroa : les recoins inaccessibles aux abeilles, souvent garnis de pollen sont idéaux pour les larves qui se développent en toute tranquillité. Pendant la saison, les colonies fortes parviennent, sauf cas exceptionnels, à faire face à la pression de la teigne. Le danger est surtout pour les cadres stockés que les abeilles ne peuvent plus protéger. Sachez d’ailleurs que si elle nous paraît nuisible, la teigne a une fonction vitale dans le cycle naturel de l’abeille : c’est elle qui permet de « nettoyer » les vieux nids abandonnés, empêchant ainsi que des essaims s’y réinstallent et propagent d’éventuelles maladies. Bien entendu, nous préférons qu’elle ne vienne pas « nettoyer » nos hausses et armoires à cadres. Il y a quelques années, nous disposions de produits efficaces et parfois même naturels contre la fausse teigne. Certains ne sont néanmoins plus autorisés. Nous devons donc nous rabattre sur la prévention et l’hygiène. Pour commencer, je vous conseille de ne stocker que des très beaux cadres. Pour les cadres de corps, vous pouvez garder quelques cadres de nourriture au cas où. Mais évitez de stocker des vieux cadres noirs, fussent-ils plein de miel. Mieux vaut les avoir donnés à lécher plus tôt derrière une partition et les avoir fondus. Personnellement, je n’hésite plus à me débarrasser des vilains cadres que j’ai en surplus. Moins vous stockez, moins vous donnez de chance à la teigne de se développer. 6 REVUE SUISSE D’APICULTURE | N° 10 / 2019
Pour les cadres de hausse, faites un tri : les cadres de cire qui n’ont jamais contenu que du miel ne seront que très rarement attaqués par la teigne. En revanche, ceux qui contiennent du pollen ou qui ont eu du couvain sont des cibles de choix. Il est très fortement recommandé de fondre de tels cadres. La teigne se développe très bien dans les milieux tempé- rés et mal aérés. Le temps d’incubation des œufs atteint son pic de vitesse entre 24 et 27°C où il deviennent larves en seulement 5 à 8 jours. Sachant que les papil- lons peuvent pondre plus d’une centaines d’œufs, les invasions peuvent être ultra-rapides. Choisissez donc, pour stocker vos hausses, de lieux frais et bien aérés. Si vous utilisez des ruches à hausses mobiles (Dadant par ex), faites des « tours » de hausses que vous posez Photo : Mireille Maradan sur un support de telle sorte que l’air puisse circuler de haut en bas (une palette retournée fait bien l’affaire). Si vous avez de la place, n’hésitez pas à retirer un ou deux cadres au milieu de la hausse pour améliorer encore l’aé- Des tours de cadres aérées par le haut et le ration. Si vous stockez vos cadres dans des armoires bas : une excellente solution pour prévenir les invasions de teigne. L’ajout d’un grillage (ruches suisses) espacez au maximum vos cadres si vous ou d’une grille à propolis empêchant les en avez la possibilité : les larves auront plus de peine à papillons d’entrer est également efficace. passer d’une cadre à l’autre et vous ralentirez une éven- tuelle invasion. Pendant l’hiver, le développement de la teigne est, pour ainsi dire, stoppé. C’est surtout en automne, s’il est encore chaud et au printemps que vous devez craindre des dégâts. D’où l’im- portance de ne pas tarder à bien stocker vos cadres : au printemps, avec les premiers vols des abeilles, vous aurez la tête ailleurs. N’hésitez pas à aller vérifier l’état de vos cadres de temps en temps, en particulier quand le temps se radoucit. Si vous deviez constater la présence de quelques larves, des résidus d’œufs, des déchets ou des toiles, il est possible de traiter à l’acide formique 85 % ou à l’acide acétique avec les dif- fuseurs habituels (toujours les mêmes précautions : lunettes, gants, eau à disposition) avec un dosage de 100 ml par 50 l de volume dans l’armoire ou la hausse. Il serait néanmoins préfé- rable de ne pas traiter les cadres de hausse qui risquent de retenir des résidus qui pourraient se transmettre au miel. Si vous constatez une invasion sérieuse, je vous conseille d’agir très vite, de vous débarrasser des cadres touchés et de traiter à l’acide ceux qui semble indemnes. Il est également possible de les soumettre à la congélation pendant 2 jours à -18° C. Je signale aux apiculteurs chevronnés (du moins à ceux qui me lisent) que soufrer les armoires à cadre n’est plus une pratique autorisée ! REVUE SUISSE D’APICULTURE | N° 10 / 2019 7
Parlons miel et étiquettes Le Miel extrait fin juillet doit être laissé quelques jours dans le maturateur pour être ensuite écumé. L’écume ne peut pas être commercialisée car elle contient des impuretés, c’est donc votre privilège et celui de votre famille de pouvoir étendre cette crème sur vos tartines (per- sonnellement je ne m’en prive pas). Il convient ensuite de mettre le miel en pot avant qu’il ne cristallise. Pour éviter les marbrures sur le bord des bocaux, laissez-les, comme le miel, prendre la température ambiante. Et si des clients vous signalent qu’ils se méfient des marbrures, rap- pelez-leur que c’est le signe d’un miel de qualité qui a cristallisé naturellement : à l’heure des fraudes massives au niveau mondial, il est bon de casser certains clichés ! Lors d’un cours de la fédération cantonale neuchâteloise, nous avons eu l’occasion de discuter de la question du choix des réci- pients : plastique ou verre ? C’est un choix qui est laissé à chacun : les deux ont leurs avantages et leurs inconvénients. Néan- moins, si vous êtes sensible à la question écologique, sachez que la solution la moins durable est de n’employer que des bocaux en verre neufs. L’énergie pour les produire Les marbrures parfois boudées par les clients. Elles sont et les transporter est très importante. Des pourtant le signe d’un miel naturel et de qualité ! Pour les éviter, laisser les pots et le miel à la même température pots en plastique à usage unique bien recy- pendant la nuit qui précède la mise en pot. clés donnent un meilleur bilan écologique. Néanmoins, la meilleure solution du point de vue environnemental est d’utiliser les bocaux en verre plusieurs fois en les lavant vous-même. N’hésitez donc pas à les récupérer auprès de vos clients et à les employer plusieurs fois. Cer- tains apiculteurs appliquent des systèmes de consigne pour inciter leurs clients à leur rendre les bocaux. Si vous optez pour cette solution, attendez-vous néanmoins à recevoir bien plus de bocaux que ceux que vous avez émis. Et parfois même des pièces qui n’ont rien à voir avec le miel… Soyez plus précautionneux sur les couvercles qui reviennent souvent en mauvais état. Personnellement, j’achète toujours plus de couvercles que de bocaux. Lors du lavage et du séchage, il peut être opportun de bien choisir vos serviettes et de les changer régulièrement : certaines matières laissent plus de résidus textiles sur les bords que d’autres. Une fois le miel conditionné, il reste une étape : l’étiquetage. Vous trouverez dans le numéro de Juin un article détaillé sur ce qui doit figurer sur vos étiquettes. Ces dernières peuvent être achetées toute faites chez les marchands apicoles, ou vous pouvez laisser libre cours à votre créativité ! Il est néanmoins une chose qui énervera tous vos clients et qui vous fera perdre beaucoup de temps : devoir décoller une étiquette autocollante à grand renfort d’eau bouil- lante, d’éponge métallique voire de produits plus ou moins avouables et dont on ne souhaite pas qu’ils entrent en contact avec le miel. C’est pourquoi je vous fais part de ma méthode : le bon vieux collage au lait. 8 REVUE SUISSE D’APICULTURE | N° 10 / 2019
1. Humidifier le dos de l’étiquette avec du lait – 2. Poser l’étiquette – 3. Bien la plaquer contre le bocal avec un linge (répéter si l’étiquette gondole). Je fais imprimer mes étiquettes personnalisées sur un papier un peu épais (pour éviter qu’il ne gondole) avec une imprimante laser couleur (pour éviter que l’encre ne coule). Avec une éponge propre, j’enduis le dos de mes étiquettes avec du lait que je viens ensuite plaquer sur le bocal. Avec une serviette sèche, j’appuie doucement du milieu au bord pour un collage parfait. Un deuxième passage peut s’avérer nécessaire si l’étiquette gondole. Je laisse mes bocaux à l’air libre pendant quelques jours pour laisser le temps aux étiquettes de sécher et éviter une odeur désagréable de lait caillé. Assurez-vous d’ailleurs que vos bocaux sont bien fermés. Un petit coup de chiffon permet de faire disparaître d’éventuelles traces. Avec cette méthode, pas besoin de colle synthétique et je gagne un temps très précieux au moment du nettoyage des bocaux : les étiquettes tombent toutes seules une fois passées sous l’eau. Je sais que d’autres apiculteurs emploient aussi de la colle d’amidon qui donne des résultats similaires. Sachant que, comme tous les apiculteurs, vous recevez sans doute des pots en retour qui ne sont pas les vôtres, je suis sûr que nous aurons tous à y gagner à employer des méthodes naturelles qui nous permettent d’économiser du temps et de l’eau potable. Voilà pour octobre ! Une fois que vos cadres seront à l’abri, profitez de souffler un peu et de laisser vos abeilles tranquilles. Certains travaux comme le nettoyage des grilles à reine se font avec encore plus de facilité pendant les grands froids, vous pouvez donc attendre un peu ! Je signale que l’adresse conseils.debutants@abeilles.ch est à votre disposition si vous avez des questions. Je ne peux bien sûr pas vous garantir un suivi personnalisé. Mais vos ques- tions pourront éventuellement être traitées dans les conseils. N’hésitez pas ! Texte et photos Guillaume Kaufmann REVUE SUISSE D’APICULTURE | N° 10 / 2019 9
SAR Concours des ruchers SAR 2019 Conformément au règlement du Concours des ruchers, selon lequel la Romandie est divisée en 5 circonscriptions, c’est la 4e qui était invitée à participer cette année. Celle-ci comprend les Sections de Lausanne, Orbe, Nord Vaudois, La Menthue, Lucens, Moudon, Jorat et Haute-Broye. 4 participants motivés se sont annoncés pour présenter leur exploitation et leur savoir-faire lors des deux visites prévues. Celles-ci se sont déroulées le 17 mai et le 19 juillet par un temps splendide. Malgré le nombre restreint de participants, toutes les catégories étaient représentées ! Le jury, composé de Willy Debély, représentant de l’Assemblée des délégués, de Sylvain Uldry, délégué de la circonscription et secrétaire du Concours et de moi-même, a été impressionné par la beauté et la bonne tenue des ruchers, ainsi que par les capacités pratiques des apiculteurs. Chacun a pu exprimer ses réussites, mais aussi ses difficultés, lors de discussions enrichis- santes autant pour les participants que pour les membres du jury. Ce partage d’expériences constructif a pu se poursuivre lors du repas qui a suivi le traditionnel « examen théorique ». Rires, échanges d’idées, anecdotes amusantes se sont mélangés pen- dant la soirée dans une ambiance sympathique et décontractée. Je remercie chaleureusement Olivier Bovay qui nous a reçus chez lui et qui nous a préparé une grillade grandiose à base de saucisses de toutes sortes. Merci aussi • à Sylvain pour la parfaite organisation et la rédaction des rapports des visites, • à Willy pour sa compétence et sa bonne humeur, • à la Fédération vaudoise, • aux participants pour leur participation et leur engagement. Tout le monde est unanime : le Concours des ruchers 2019 a été un succès ! Isabella Moretti Concours des ruchers 2019 1ère catégorie (dès 21 colonies) Didier Bettens 144 / 150 pts médaille d’or 2e catégorie (de 5 à 20 colonies) Olivier et Lucien Bovay 82 / 100 pts médaille d’argent 3e catégorie (moins de 5 ans d’apiculture et plus de 3 colonies) Ismail Boukli 83 / 100 pts médaille d’argent 10 REVUE SUISSE D’APICULTURE | N° 10 / 2019
1re catégorie – 40 colonies Société d’apiculture du Jorat Monsieur Didier Bettens 1613 Maracon Didier débute l’apiculture en 2008 par les cours de base donnés au sein de la FVA. L’année suivante, ses 3 premières ruches sont installées à Savigny. Et depuis c’est l’expansion… installation d’un 2e rucher, formation de conseiller apicole, installation d’un 3e et d’un 4 e rucher, période durant laquelle il débute sa formation au brevet fédéral. Ses ruches, de type DB de 12 cadres, sont donc implantées sur 4 emplacements soit à proximité de son habitation, à quelques kilomètres en campagne ou alors dans une zone de protection de la nature. Sa miellerie est au top des exigences, elle est généreuse en place, très bien organisée et équi- pée, il produit du miel labellisé. Les ruchers sont très bien entretenus, le matériel en excellent état. Didier fait cependant un effort important sur la standardisation du matériel, afin d’optimiser son activité. Son matériel est en plein renouvellement. Féru de technologie, ses ruchers sont connectés et monitorés, sa prise de notes passe par une application nécessaire également au projet Agripol auquel il participe activement. Ses connaissances sont importantes et sa conduite du rucher est rigoureuse. Actuellement, il met tout en œuvre pour garantir au plus vite un passage au Bio. Didier doit encore assurer une amélioration de la sélection de ses reines mais il en est conscient. Il y travaille et a du reste dernièrement participé à un cours de formation sur l’élevage afin de pouvoir être autonome pour le renouvellement de ses reines. Félicitations pour ce travail de qualité qui promet encore de belles années de plaisir ! Résultat final : 5 + 10 + 13 + 9 + 15 + 15 + 10 + 8 + 15 + 15 + 15 + 9 + 5 = 144 / 150 points Monsieur Didier Bettens obtient la médaille d’or REVUE SUISSE D’APICULTURE | N° 10 / 2019 11
2ème catégorie – 8 colonies Société d’apiculture de Lausanne Messieurs Olivier et Lucien Bovay Rucher d’Ecublens (VD) Olivier est « tombé dedans » tout petit lors de ses vacances chez son grand- père maternel à Sainte- Croix, duquel il reçoit ses premières ruches en 1966. Il cédera, à la fin des années 70, la gestion de l’exploitation à son père durant un séjour au Canada et reprendra les rênes dès son retour. Chez les Bovay la transmission étant un point essentiel, il se prête volontiers à l’exercice des visites avec des novices et c’est avec son fils Lucien qu’il travaille actuellement sur le rucher. Leurs ruches, de type DB de 12 cadres, sont implantées dans un coin de verdure aux abords d’Ecublens (VD). Quand la météo et la force des colonies le permettent, ils procèdent à une transhumance d’une partie de leurs ruches à Sainte-Croix. Un petit local d’extraction est situé à quelques pas, bien équipé et répondant aux normes en vigueur. Ils produisent du miel qui est labellisé. Quelques corps de ruches sont un peu vieillissants mais leur fabrication d’un autre temps leur garantit une longévité et une fiabilité hors pair. Ils en assurent un entretien régulier. Du cérificateur maison au couvre cadre modifié en passant par le travail au rucher en fonction du calendrier lunaire… passionnés, ils bricolent, essayent et testent constamment. Les gestes sont un peu « virils », toutefois la conduite du rucher est maîtrisée. Il manque essentiellement à nos deux sympathiques apiculteurs une meilleure gestion de leurs reines. L’introduction de reines de sélection amènerait certainement de la douceur dans leurs colonies. Bravo pour l’amour des abeilles, cet enthousiasme communicatif et le partage ! Résultat final : 4 + 4 + 8 + 3 + 10 + 7 + 9 + 2 + 8 + 9 + 10 + 5 + 3 = 82 / 100 points Messieurs Olivier et Lucien Bovay obtiennent la médaille d’argent 12 REVUE SUISSE D’APICULTURE | N° 10 / 2019
3ème catégorie – 7 colonies Société d’apiculture de l’Orbe Monsieur Ismail Boukli 1027 Lonay Ismail a vu sa maman s’occuper avec patience, amour et soin d’une série de ruches chez elle et ce fut pour lui le déclic ! Il décide de débuter l’apiculture au printemps 2018 alors qu’il suivait les cours cantonaux prodigués à Genève. Il implante son rucher composé de ruches DB 10 cadres sur les hauts de Lonay. Ce dernier est idéalement situé dans un espace offrant un beau dégagement en proximité de zones agricoles avec la présence d’un point d’eau. Il profite du local et du matériel mis à disposition par sa section pour effectuer les travaux d’extraction. Son matériel est flambant neuf et son rucher est bien tenu. Comme tout débutant, Ismail manque d’expérience mais il est en constante recherche d’infor- mations et de partages. Ses gestes ne sont pas toujours sûrs mais ils sont calmes et d’une grande douceur. Il utilise un système de QR code sur ses ruches permettant un lien avec une application smartphone pour la notation et le suivi de ses colonies. Conscient de l’importance de la sélection des reines, il a cette année déjà procédé à un petit élevage avec l’aide d’un moniteur éleveur. On le sent très motivé et il aura certainement beau- coup de satisfaction dans cette pratique. Ismail doit encore gagner en connaissances, en assurance et en autonomie. L’apiculture est souvent une activité solitaire mais elle est toujours source de partage, on l’encourage donc à participer activement à la vie de sa société qui dispense les conseils et les formations néces- saires pouvant l’aider. On ne peut que féliciter ce jeune apiculteur pour son dynamisme et son envie de vouloir progresser ! Résultat final : 5 + 5 + 8 + 3 + 9 + 10 + 7 + 10 + 8 + 8 + 3 + 3 + 4 = 83 / 100 points Monsieur Ismail Boukli obtient la médaille d’argent REVUE SUISSE D’APICULTURE | N° 10 / 2019 13
Concours des ruchers SAR 2020 Le concours des ruchers 2019 sera organisé pour les apiculteurs de la 5e circonscription, soit : Les Alpes, Chamossaire, Pays d’en Haut, Entremont, Martigny, Saint-Maurice, Conthey, Sion, Sierre, Hérens. Que vous soyez apiculteurs confirmés ou débutants (une catégorie spéciale est prévue pour ceux qui ont moins de 5 ans de pratique), vous êtes invités à vous inscrire auprès du président de votre section avant le 1er avril 2020. Celui-ci se chargera de transmettre la liste des partici- pants au président de la fédération cantonale, lequel me la remettra pour le 15 avril. Il ne s’agit point d’une compétition, mais bien d’un encouragement à se perfectionner dans tous les domaines de l’apiculture : conduite du rucher, soins aux colonies, élevage, mesures sanitaires, hygiène, connaissances théoriques, etc. C’est aussi une belle occasion d’échanges et de discussions constructives avec les membres du jury et avec les autres participants, en particulier lors de la partie théorique – commune – et lors de la distribution des distinctions. Consultez le règlement du concours sur le site de la SAR ou dans l’agenda apicole : vous y trou- verez toutes les informations ainsi que les aspects qui seront analysés, ce qui vous permettra de vous préparer de manière optimale. Profitez de l’hiver pour nettoyer et ranger le matériel, pour améliorer les détails et pour réviser la théorie en lisant l’encyclopédie « L’apiculture, une fascination ». Votre travail sera reconnu et récompensé ; ce sera un honneur de pouvoir apposer sur votre miel le texte « Médaille d’or (ou d’argent ou de bronze) 2020 au concours des ruchers SAR » ! Je vous souhaite une bonne préparation et me réjouis de vous rencontrer à votre rucher la saison prochaine ! La responsable du concours : Isabella Moretti Route de Lentine 36 1950 Sion concoursdesruchers@abeilles.ch PS : en 2021 la participation sera ouverte aux sections de la 1ère circonscription, soit : Cantons de Neuchâtel, Jura Bernois, Jura. 14 REVUE SUISSE D’APICULTURE | N° 10 / 2019
Vétérans SAR 2020 Chaque année, la SAR récompense les apiculteurs ayant cotisé à la société depuis 25 et 40 ans avec un pin’s et/ou une médaille. Afin qu’ils puissent recevoir cette distinction, j’invite les présidents (ou les secrétaires) des sections à me remettre la liste des vétérans concernés pour 2020 : 25 ans : entrés à la SAR en 1995 40 ans : entrés à la SAR en 1980 60 ans : entrés à la SAR en 1960 Distinctions La fidélité des membres est récompensée de la manière suivante : • 25 ans : diplôme et pins en argent, • 40 ans : diplôme, pins en or et médaille, • 60 ans : repas offert à l’assemblée des délégués. Les indications suivantes sont indispensables : • Société, nom, prénom, domicile, numéro matricule SAR et année d’entrée à la SAR. • Précisez si vous avez connaissance d’années de sociétariat dans une autre section et spéci- fiez clairement le total des années (25 ou 40). • Mentionnez si vous souhaitez remettre aussi les diplômes ; ils sont livrés gratuitement jusqu’à épuisement du stock, mais sont à remplir par vos soins. • Informations complémentaires : personne de contact, adresse de livraison, numéro de télé- phone, adresse e-mail, date prévue pour la remise des distinctions. Délai de commande : 30 novembre 2019. D’avance je vous remercie pour votre collaboration La préposée aux vétérans : Isabella Moretti Route de Lentine 36, 1950 Sion veterans@abeilles.ch PS : Sur le site SAR (abeilles.ch), vous trouverez un formulaire à remplir pour la commande des distinctions, sous l’onglet « vétérans », mais une simple liste me convient aussi ! REVUE SUISSE D’APICULTURE | N° 10 / 2019 15
BIENENGESUNDHEITSDIENST SERVICE SANITAIRE APICOLE SERVIZIO SANITARIO APISTICO apiservice Que faire en cas d’infestation extraordinaire de varroas en automne ? Robert Lerch, apiservice/Service sanitaire apicole (SSA), robert.lerch@apiservice.ch Malgré le traitement d’été antivarroa, nous découvrons quelque fois à fin octobre ou début novembre des colonies ayant une chute naturelle d’acariens dépassant lar- gement 5 par jour. La raison en est principalement la réinfestation par pillage ou un traitement estival antivarroa insuffisant. Le varroa s’est extrêmement bien adapté à son hôte. Il vit dans la colonie, se reproduit dans les cellules operculées du couvain et survit à l’hiver en se cachant sous les plaques ventrales des abeilles en raison du manque de cellules de couvain. Bien nourri d’un mélange de cellules adipeuses et de sang d’abeille (hémolymphe), il attend le printemps. Une fois le traitement d’été effectué, l’api- culteur peut généralement supposer que l’infestation de varroas n’augmentera que lentement jusqu’au traitement hivernal. Cependant, en contrôlant régulièrement le fond de la ruche, des apiculteurs atten- tifs ont constaté que, chaque automne, le taux de mortalité des acariens augmente © apiservice anormalement et rapidement au sein de certaines colonies de leur rucher. Paral- L’acarien survit à l’hiver entre les anneaux postérieurs de l’abdomen lèlement, ils ont remarqué qu’il existe de grandes différences dans la dynamique du nid à couvain entre jeunes colonies et colonies de production. En maints endroits, les colonies de production réduisent précocement la production de couvain lorsque la colonie atteint le volume nécessaire pour hiverner. Les jeunes colonies qui n’ont pas encore atteint le volume optimal pour affronter l’hiver entretiennent au même moment des nids à couvain plus grands. D’où provient soudainement ce grand nombre de varroas ? Une forte augmentation de la pression varroa est généralement due à une réinfestation. Celle- ci peut s’expliquer par la dérive des butineuses ou par le pillage. Sur ce dernier point, une étude1 de la « Landesanstalt für Bienenkunde » de l’Université de Hohenheim, apporte des précisions intéressantes. Les chercheurs ont découvert que les colo- nies attrapent leurs acariens par pillage, même dans des ruches éloignées. 1 Source : « Invasion of Varroa destructor mites into mitefree honey bee colonies under the controlled conditions of a military training area » de Eva Frey, Hanna Schnell & Peter Rosenkranz, publié en 2011 dans le Journal of Apicultural Research 16 REVUE SUISSE D’APICULTURE | N° 10 / 2019
Emplacement de test en base militaire à Münsingen (sud-ouest de l’Allemagne), dans la région du Jura souabe avec les emplacements de colonies-test suivants : O : 4 colonies fortement infestées de varroas. A – E : ruchers avec colonies infestées d’acariens par O suite au pillage. © avec l’autorisation de International Bee Research Association (IBRA) Il a été observé comment des colonies contaminées par le varroa ont été pillées par des colo- nies d’abeilles dont leur ruche se situait entre 1 m et 1,5 km de distance. Des comptages ont montré que la distance jusqu’aux colonies fortement infestées ne jouait aucun rôle.* *Nombre d’acariens introduits par rucher (entre parenthèses : la distance aux colonies forte- ment infestées de varroas) : A (1 m) : 566 acariens B (30 m) : 401 acariens C (400 m) : 309 acariens D (1’300 m) : 243 acariens E (1’500 m) : 510 acariens Cause de pillage Sont pillées en automne les colonies faibles ou endommagées par le varroa (car insuffisam- ment/incorrectement ou non traitées). Même si tous les collègues apiculteurs des environs effectuent les traitements antivarroa de manière exemplaire, une réinfestation peut se produire par des essaims n’ayant pas été capturés. Comme le pillage a lieu principalement en automne, il vaut la peine de commencer le deuxième traitement à l’acide formique seulement au cours de la première moitié du mois de septembre. Une grande partie des acariens éventuellement introduits peut ainsi être for- tement réduite par ce traitement obligatoire selon le concept varroa du SSA (voir l’article de Jürg Glanzmann dans le numéro de septembre de ce journal intitulé « Moment propice pour le second traitement d’été »). Contrôle de la chute naturelle d’acariens Le contrôle de la chute naturelle de varroas morts prévu dans le concept varroa du SSA/CRA entre mi-octobre et mi-novembre est très important. C’est le seul moyen de détecter à temps une augmentation soudaine de l’infestation de varroas. Lors du comptage de la chute de varroas morts à fin octobre, il faut tenir compte du fait que la chute naturelle d’acariens n’apparaît de nouveau que deux semaines après la fin du second traitement d’été. REVUE SUISSE D’APICULTURE | N° 10 / 2019 17
Exemple d’une probable réinfestation à fin octobre (colonie 10) De par mon expérience personnelle avec le comptage régulier du fond varroa, environ une colonie sur dix est sujette à une réinfestation. Interprétation de la chute de varroas dans la colonie 10 (rouge) : - Premier traitement d’été : forte chute due au traitement - Second traitement d’été : très faible chute due au traitement (signe d’une faible infestation de varroas dans la colonie) - Fin octobre : augmentation soudaine et inexplicable de la chute naturelle de varroas morts : traitement complémentaire à l’acide oxalique nécessaire (très forte chute due au traitement) - Traitement normal d’hiver : très faible chute due au traitement en décembre La raison de cette augmentation extra- ordinaire de l’infestation d’acariens ne peut être déterminée avec précision, mais elle est probablement due à une réinfestation. Seul le comptage des langes protégés par une grille a indiqué la forte augmentation du nombre de var- roas. La colonie a dû être débarrassée de sa surcharge de varroas par un trai- tement complémentaire. © apiservice Matériel nécessaire pour le traitement complémentaire en octobre 18 REVUE SUISSE D’APICULTURE | N° 10 / 2019
Mesures à prendre en cas d’infestation extraordinaire de varroas à fin octobre/début novembre Lors d’une chute naturelle de varroas morts de plus de 5 acariens par jour, le nombre de var- roas est tellement important que les colonies peuvent subir des dégâts si les acariens ne sont pas décimés rapidement. Un traitement d’urgence, au cours duquel les colonies sont placées sur des cadres de cire gau- frée, n’est plus possible en automne. De même, l’utilisation d’acide formique n’est pas assez efficace en raison de la fraîcheur des jours et des nuits ; elle est par conséquent inappropriée. Seul l’acide oxalique peut être envisagé pour un tel traitement complémentaire. L’acide oxalique agit le mieux lorsqu’il est utilisé en l’absence de couvain. Cependant, comme ce traitement complémentaire n’est destiné qu’à briser le pic de l’infestation de varroas, on peut exception- nellement laisser le couvain en place. Dans tous les cas, le véritable traitement hivernal à l’acide oxalique doit être maintenu et effec- tué comme d’habitude en l’absence de couvain, comme pour les autres colonies du rucher. C’est la dernière occasion de réduire le nombre d’acariens avant l’hiver et d’offrir aux colonies un bon départ pour la nouvelle saison apicole. Concept varroa du SSA Vous trouvez en tout temps les étapes concrètes du travail sur www.abeilles.ch/varroa : 1.1. Concept de lutte contre le varroa et les aide-mémoire y relatifs L’équipe du SSA vous conseille en outre volontiers personnellement au 0800 274 274 ou via courriel à info@apiservice.ch. Bee art Tatouages, Apimondia 2019 Photos F. Saucy REVUE SUISSE D’APICULTURE | N° 10 / 2019 19
Test pratique du concept d’exploitation : nouveautés Robert Lerch, apiservice/Service sanitaire apicole (SSA), robert.lerch@apiservice.ch Le test pratique du concept d’exploitation est en cours depuis 2017. L’évaluation des deux premières années de tests est maintenant disponible. Elle montre que si les recommandations du SSA sont suivies, les pertes hivernales peuvent être nettement réduites en-dessous des 10 %. Ursula Messerli parle de ses expériences. L’échange avec les participants au test est très important pour le développement continu du concept d’exploitation. Avec le concept d’exploitation du SSA, les procédés apicoles peuvent être aisément planifiés. Il sert de « fil rouge » à l’apiculteur. Toutes les activités apicoles importantes y sont prises en compte. Au moyen de plantes indicatrices, les travaux apicoles sont adaptés à l’évolution de la nature. Les apiculteurs ne disposent souvent que d’un nombre limité d’heures pour prendre soin de leurs abeilles. Afin d’éviter que l’investissement en temps ne devienne trop important et pour que l’apiculture reste un plaisir, chacun définit son nombre optimal de colonies de pro- duction dans le cadre du concept d’exploitation. Points importants du concept d’exploitation personnel : - Sortie de l’hiver avec contrôle printanier ainsi que contrôles sanitaires réguliers - Observations au trou de vol et interprétation des déchets sur le fond de la ruche - Maîtriser le varroa – détecter à temps les colonies avec une forte infestation et agir en conséquence - Renouveler régulièrement les cadres - Créer suffisamment de jeunes colonies - Evaluation/sélection constantes de jeunes colonies et de colonies de production - Contrôle de nourriture et nourrissement après la récolte de miel - Hivernage de colonies saines et fortes (pour un bon redémarrage lors de la prochaine saison apicole) Expériences d’une participante au test pratique Entretien de Robert Lerch (ci-après R.) avec Ursula Messerli (ci-après U.) une nouvelle apicul- trice de Wichtrach (BE) qui participe au test pratique. R. Ursula, tu as mis en ruches tes premières abeilles en 2013. Qu’est-ce qui t’a incitée à te lancer dans l’apiculture ? U. Une fois à la retraite, je cherchais une occupation valorisante. Il était important pour moi d’allier mon plaisir de la nature aux êtres vivants. Mon grand-père avait des abeilles. Enfant, j’avais le droit de le regarder faire de temps en temps. J’ai été durablement impressionnée 20 REVUE SUISSE D’APICULTURE | N° 10 / 2019
par la paix et le mystère qui régnait dans son rucher pavillon. Plus tard, j’ai aidé une amie à extraire le miel. Sous un grand arbre, nous écoutions aussi le bourdonnement des abeilles qui récoltaient le nectar. Ces expériences m’ont amenée à suivre le cours de base d’apicul- ture et à devenir apicultrice. R. Le cours de base t’a permis d’acquérir des connaissances. Comment as-tu pu les mettre en pratique sur ton rucher ? U. Ma plus grande préoccupation était de ne pas nuire aux abeilles. Je me suis souvent demandé : est-ce que je fais bien les choses ? Pour être honnête, j’ai été mise au défi – parfois même débordée –, bien que mes collègues apiculteurs me soutenaient par leurs conseils. Je manquais de pratique et les différents conseils sur le même thème me désécurisaient encore davantage. Je n‘étais pas en mesure d‘évaluer suffisamment ces recommandations. R. Tu as décidé de participer au test pratique du concept d’exploitation. Pourquoi ? U. Pour moi, ce concept représente un « fil rouge » que je peux suivre tout au long de l’année. Avant qu’elle ne commence, je me prépare à la saison apicole. En orientant mon travail en fonction des plantes en fleurs qui poussent dans la nature, j’ai appris à y prêter plus d’atten- tion. Je peux ainsi accompagner les abeilles et effectuer les travaux nécessaires au moment opportun. Le test me motive à recueillir les données pertinentes. En plus, je peux poser des © apiservice Ursula Messerli devant son rucher pavillon REVUE SUISSE D’APICULTURE | N° 10 / 2019 21
questions spécifiques auprès de la hotline du SSA. Cela me donne la confiance nécessaire pour gérer les colonies. Je recours volontiers à ce service. Les aide-mémoire du SSA m’expliquent brièvement et de manière compréhensible les techniques et les étapes de travail cor- respondantes. C’est en outre pour moi une © apiservice opportunité bienvenue pour approfondir mes connaissances. Auprès des abeilles, j’ai Ursula dans son rucher trouvé et trouve encore mon bonheur, la paix et une forme d’équilibre intérieur. Il n’est pas rare qu’une heure planifiée devienne tout un après-midi consacré aux abeilles. R. Que recommanderais-tu à quelqu’un qui veut se lancer dans l’apiculture ? U. A mon avis, une formation axée sur la pratique est très importante. Mais les choses sérieuses ne commencent vraiment que lorsque l’on travaille avec ses propres abeilles. Le concept d’exploitation donne une vue d’ensemble et les aide-mémoire expliquent les activi- tés. En tant que nouvelle apicultrice, j’ai dû investir beaucoup sans pouvoir compter sur de gros rendements apicoles. Les abeilles m’apprennent à ralentir et me donnent immédiate- ment un feed-back honnête. Elles me le font sentir sans équivoque quand je suis stressée – « décompresse et travaille calmement quand tu es avec nous ». En ce qui me concerne, l’amour pour mes abeilles est au cœur de mes activités apicoles. Aujourd’hui, mes deux ruchers comptent 6 colonies de production et 3 jeunes colonies. Cette taille me convient parfaitement. Comme le dit si bien Hermann Hesse dans son poème « Gradins » : « En tout ce qui commence un génie est enclos Qui nous protège, nous pousse à vivre et nous aide » R. Un grand merci pour cet entretien. Résultats intermédiaires actuels du test pratique Les résultats de la première année de test 2017 ont été présentés dans l’édition d’octobre 2018 de la Revue suisse d’apiculture. Entre-temps, la deuxième année (2018) a été évaluée. Au cours de ces 24 mois, les participants ont rempli au total 271 questionnaires et fait hiver- ner 4’323 colonies. Avec la longue période de chaleur estivale et les différentes miellées de forêts tardives, 2018 n’a pas été une année facile du point de vue de la technique apicole. Cependant, la flexibilité du concept d’exploitation permet de faire face à de telles situations difficiles. Quelle répercussion cela a-t-il eu sur la mortalité hivernale 2018/19 ? Comme lors de la première année de test, en 2018, les participants ont été répartis en trois groupes en fonction du degré de respect des recommandations du SSA : 22 REVUE SUISSE D’APICULTURE | N° 10 / 2019
Pertes hivernales 2018/19 (total colonies de production/jeunes colonies) : Comparatif test pratique et enquête apisuisse OUI (vert) = les recommandations du SSA ont été pleinement respectées. PRESQUE (jaune) = légers écarts par rapport aux recommandations du SSA (p. ex. un contrôle de la chute naturelle de varroas a été omis au moment prescrit). NON (rouge) = écarts problématiques par rapport aux recommandations du SSA (en particulier les omissions en matière de traitement antivarroa). Les personnes ayant travaillé exactement selon les aide-mémoire n’ont perdu que 6,3 % de leurs colonies durant l’hiver 18/19 (de l’hivernage fin octobre à la sortie de l’hivernage début avril). Celles et ceux qui se sont presque conformés aux recommandations du SSA ont subi des pertes de 6,8 % et les autres, qui n’ont pas respecté les recommandations sur des points importants, ont enregistré une perte de 13,1 %. Cette dernière est très proche de la moyenne des pertes hivernales suisses qu’apisuisse enregistre chaque année. Perte hivernale moyenne des participants au cours des deux premières années du test pratique REVUE SUISSE D’APICULTURE | N° 10 / 2019 23
© apiservice Echange d’expériences entre participants à Brig-Glis Les pertes hivernales des deux années de tests montrent des résultats similaires : plus les recommandations du SSA ont été respectées, moins les pertes hivernales ont été importantes. Les résultats intermédiaires de la première année de tests se confirment. Si les apiculteurs travaillent fidèlement ou presque selon les recommandations et le concept d’exploitation du SSA, les pertes hivernales des colonies de production et des jeunes colonies sont nettement inférieures à 10 %. 2019 est la troisième et dernière année du test pratique. L’évaluation finale sera publiée à l’automne 2020. L’échange d’expériences est important Comme déjà au cours de l’année précédente, les participants au test ont pu prendre part à des réunions dans toute la Suisse. Ensemble, ils ont échangé leurs expériences et ont eu l’occasion de participer activement à l’affinage du modèle de concept d’exploitation. Ces manifestations organisées par le SSA ont eu lieu au cours du premier semestre 2019. Pour nombre de participants, le fait que leurs observations importent pour le perfectionne- ment du concept d’exploitation est quelque chose de nouveau. Ils apprécient grandement que le concept offre une certaine flexibilité. Par exemple, en ce qui concerne la création de jeunes colonies ou le traitement antivarroa, pour lesquels il existe différentes méthodes alternatives. De plus, les expressions uniformisées contribuent également à une meilleure compréhension mutuelle. 24 REVUE SUISSE D’APICULTURE | N° 10 / 2019
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