SACCAGE - Critiques Presse Avec Splendor in te Grass de Frederik Peeters - La Route Productions

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SACCAGE - Critiques Presse Avec Splendor in te Grass de Frederik Peeters - La Route Productions
SACCAGE
        de Frederik Peeters

           Avec
    Splendor in te Grass

   Production : La Route Productions

Critiques Presse
    Saccage © Frederik Peeters / Atrabile 2019
SACCAGE - Critiques Presse Avec Splendor in te Grass de Frederik Peeters - La Route Productions
Saccage © Frederik Peeters / Atrabile 2019

Saccage © Frederik Peeters / Atrabile 2019
SACCAGE - Critiques Presse Avec Splendor in te Grass de Frederik Peeters - La Route Productions
LIBERATION 03/04/2019

                          La prime à la case

Frederik Peeters zone chez Tarkovski
«Saccage», muette exploration du chaos qui vient.

Extrait de «Saccage» du Suisse Frederik Peeters. (Dessin Frederik Peeters. Editions
Atrabile)
par Marius Chapuis - publié le 3 avril 2019

Un Pinocchio jaune s'éveille dans un complexe industriel à l'abandon pareil à
l'intérieur du ventre d'une baleine. A ses pieds, des tuyaux figurent tout un réseau de
vaisseaux sanguins qu'on imagine destinés à animer un cœur mécanique. Sous lui,
une coulure noire descendue du plafond. Magma encore frais, puisque sa souillure
a imprégné le dos du personnage. Le réveil semble laborieux. On se dit qu'il est
moins perdu que le lecteur qui cherche encore ses repères dans le
labyrinthe Saccage.

Insaisissable Frederik Peeters. Si l'on faisait partie des rares restés insensibles
devant le Paris noyé de son Homme gribouillé paru début 2018, voilà que l'on se fait
cueillir au vol par le sibyllin Saccage, rappel de l'incroyable talent de l'auteur
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de Pilules bleues et Lupus. Pétri de symbolisme, le livre se présente comme une
collection de tableaux muets, dans un format à l'italienne. S'il repose bien sur un
primat graphique, l'objet se distingue de la monographie ou de la collection de
dessins thématisés puisqu'il élabore une narration par l'image. Chaque planche invite
à la circulation – de l'œil, des personnages qui s'y agitent et s'y dédoublent. Chaque
planche fonctionne aussi comme une caisse de résonance qui répond et amplifie les
scènes qui l'ont précédé. Un dispositif qui rend Saccage tout à la fois nébuleux et
parfaitement transparent dans ses intentions et son propos. Esotérique mais pas
hermétique, il rappelle un autre splendide ouvrage paru aux éditions Atrabile, le Black
Medicine Book d'Helge Reumann.

Séquencé en quatre parties (de -1 à 3), comme autant d'ères d'un monde
malade, Saccage est parcouru de long en large par ce personnage à la silhouette
jaune, qui capture le regard et l'empêche de se perdre dans la profusion de paysages
rouge chair et gris débris. Tout à la fois virgule graphique, grand témoin de l'histoire
qui se défait, et émissaire de l'apocalypse, ce fils des âges farouches escorte le
lecteur dans des planches saturées, où chaque plan de l'image regorge
d'informations. Monde du trop-plein, planète en forme de ballon de baudruche infatué
sur le point d'exploser ou de rompre et se vider brutalement de sa substance.

Toutes proportions gardées, les pages de Saccage évoquent la monumentalité des
tableaux-monde de Bosch ou Bruegel, dans lesquels le moindre détail fait récit. Ici,
on s'attarde sur un décor, sur la destination d'un personnage à l'arrière-plan. Sur ce
corps qui s'étire jusqu'à sembler être fait de la même pâte molle qui habite certains
décors. Ou les jambes-racines que ce guide jaune dissimule sous des bandelettes
de momie. Derrière la fantasmagorie, Peeters met en scène les espaces de la
surchauffe planétaire, de l'épuisement des ressources. Une terre (sur)plombée par
la fumée dentelée des usines ou menacée pas des écoulements morbides de
substances qui dévorent les vestiges de la civilisation.

D'abord imperméable à l'effondrement généralisé, Jaune se glisse dans les poches
de résistances, comme ce village pré-industriel où l'on voue un culte au dieu Atome ;
il se faufile au cœur du mal, dans des usines-abattoirs ou des carrières dans
lesquelles s'échinent des ouvriers si usés que la pierre a imprégné les corps de sa
couleur. Parcouru de signaux contradictoires et anachroniques, le livre de Frederik
Peeters se fait bouillon, magma où le médiéval côtoie le précambrien, où le moineau
bleu de Twitter virevolte au-dessus de dinosaures à crête osseuse. Contaminé, le
dessin devient glissement de terrain : le registre du cartoon s'invite dans le réalisme,
le loufoque pénètre le sérieux, les citations de Burns, Kirby et Otomo cohabitent avec
les emprunts à Stalker comme à Princesse Mononoke.

Dans une préface passionnante (que l'on recommande de lire a posteriori), l'auteur
explicite non pas le propos du livre mais les images qui l'ont provoqué. Comment ce
personnage jaune est né d'une silhouette parfaitement glabre croisée dans les
transports en commun et a fini par peupler ses carnets. Comment son envie de
donner un épilogue à sa saga de SF Aâma l'a poussé à essayer de réunir de force
ces images de zones tarkovskiennes dans le cadre d'un récit classique, parlé. Et puis
l'évidence : laisser les pages s'exprimer d'elles-mêmes. Dire cette terreur de voir un
monde bien réel lancé à pleine vitesse contre un mur.
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Saccage © Frederik Peeters / Atrabile 2019

Saccage © Frederik Peeters / Atrabile 2019
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France Inter
"Saccage" : l’apocalypse selon Peeters
par Anne Douhaire publié le 12 avril 2019 à 9h42

Et si, avant la fin du monde, le pire était le délabrement ? Dans son dernier livre
au format à l'italienne, Frederik Peeters offre ses visions noires du futur de
l'humanité dans une succession de tableaux sans texte angoissants et un dessin
magnifique truffé de références graphiques.

Un immense cachalot échoué sur une plage explose, laissant ses viscères se vider
sur le sol. Des enfants narquois se moquent d'un camarade de classe. Mais aussi
une porcherie avec des carcasses de cochons pendantes, des personnages qui
rampent dans de la boue, des échangeurs autoroutiers truffés d’accidents...

Un propos pessimiste basé sur une observation concrète

Après L’Homme gribouillé avec Serge Lehman et L’Odeur des garçons affamés avec
Loo Hui Phang, Frederik Peeters nous livre sa vision extraordinaire d’un monde
en déliquescence. « Des images fortes pour imprimer le lecteur » qui lui sont
venues à la suite d’un voyage à bord d'un bateau scientifique sur le canal du
Mozambique pour constater les dégâts de la pollution liés, entre autres, à la
surpopulation mondiale.

À ce constat s’est mêlé un séjour en Italie où il a été frappé par les visions de l’enfer
des peintres du Moyen-Âge, qui résonnent avec aujourd’hui. Marqué par la lecture
de La Supplication de Svetlana Aleksievitch qui racontait l’après Tchernobyl, Frederik
Peeters a fait d’un personnage très jaune le fil rouge du récit.

La Prix Nobel de littérature racontait qu’après l'explosion du réacteur nucléaire, des
populations entières qui vivaient sur place avaient été déplacées. À leur arrivée dans
leur nouvelle classe, les enfants étaient traités de "lucioles" ! Ce personnage
énigmatique est le survivant d’une catastrophe nucléaire, dont on ne sait pas s’il
imagine les manifestations étranges autour de lui, ou si elles ont réellement lieu,
tellement les époques et les registres se mélangent.
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ACTUA BD 28 MARS 2020
"Saccage" - Par Frederik Peeters - Atrabile
 CONFINEMENT. Plus d’un tiers de l’humanité sommée de rester dans son
logement, l’Europe épicentre de la pandémie, des milliards débloqués pour
soutenir l’économie... La crise est exceptionnelle et nul ne sait quand elle se
terminera. Mais nombreux sont ceux qui se piquent d’imaginer le monde
d’après. Démondialisation et lutte contre les inégalités ou cauchemar
dystopique en perspective ? Certains, malheureusement, ne le sauront jamais,
et c’est déjà de cela qu’il faudra se souvenir.

Saccage, du dessinateur suisse Frederik Peeters, offre une plongée, étouffante et prenante,
dans un monde post-apocalyptique. À la suite semble-t-il d’une catastrophe nucléaire, mais
une pandémie ou une guerre mondiale auraient pu tout aussi bien servir de prétexte, tout
n’est plus que chaos. Les monstres, les animaux et les hommes cohabitent dans un maelström
en renouvellement perpétuel. Les repères sont totalement bouleversés et même le temps
paraît défier les lois de la physique.

La promenade aux côtés d’un personnage énigmatique qui pourrait bien symboliser à lui seul
l’humanité entière est épuisante. Ce qui signifie : réussie. Saccage est un tour de force,
impressionnant, fascinant. Impossible et familier, le monde traversé, s’il est sens dessus
dessous, n’est pas sans accrocher le regard. Chaque page, constituée d’un unique grand
dessin au format à l’italienne, mérite une attention soutenue et de longues minutes
d’observation.

Sans un mot mais plein de bruit et de fureur, Saccage impose une vision comme un livre
prophétique et mystique le ferait. Frederik Peeters y explose les frontières des genres - il
n’est plus simplement question d’anticipation ni de science-fiction - et ne se donne ni limite
graphique ni contrainte narrative. D’un trait virtuose, il compose des tableaux fourmillant
de détails, à quelques exceptions près, et d’une rare complexité.

Tout dans Saccage est exubérant, exagéré, contrasté, violent. Les couleurs, les formes, les
figures ne rappellent plus que vaguement le monde que nous connaissons, tout en conservant
suffisamment de signes et de sens pour pouvoir acquérir une signification et ne pas verser
dans l’abstraction. Il faut dire que des myriades d’éléments résonnent avec nos images
mentales et nos cultures. Bande dessinée, peinture, sculpture, cinéma, photographie,
littérature : les influences invoquées par Frederik Peeters, qu’il liste de façon non
exhaustive en fin d’ouvrage, sont aussi nombreuses que diverses.

On peut se laisser happer par la densité des dessins, tenter de reconstituer une histoire,
s’amuser à repérer les icônes familières, chercher des interprétations ou simplement admirer
le savoir-faire et l’inspiration de l’auteur. Peu importe. Car, finalement, Saccage s’impose
comme un choc visuel appelant à de multiples lectures. FH
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COMIX TRIP
Frederik Peeters nous étonnera toujours ! Le voici, délivrant les errances
fantasmagoriques d’un homme dans Saccage, un roman graphique sans texte puissant
et beau aux éditions Atrabile !

SACCAGE DE NOTRE BELLE TERRE
A bicyclette, un homme tout jaune avec des bandages sur les cuisses erre dans un monde
dévasté. Il entre dans une maison sans toit et complétement explosée. Il se souvient alors de
lui plus jeune. Rejeté par les autres parce que différent, il aimait regarder par la fenêtre le
monde qui l’entourait.
Ce petit garçon n’est plus. A jamais enterré avec ses rêves et son insouciance. Dans cet
univers post-apocalyptique, il se traine, son double sur son porte-bagage. Il croise de ci, des
animaux modifiés génétiquement, de là, une baleine échouée qui implose.

RIEN NE VA PLUS
Tout va à vau-l’eau dans Saccage : les Hommes sont surexploités dans une mine à ciel
ouvert, l’agriculture est productiviste, les riches sont très riches et les pauvres, très pauvres.
Les enfants africains doivent travailler dans des décharges où les composants de téléphone
ayant appartenu aux Occidentaux sont néfastes pour leur santé.
La misère, la famine et la guerre sont les fléaux d’hier, d’aujourd’hui et de demain. La religion,
la malbouffe et l’argent sont rois sur une planète qui ne sait plus où elle en est.

FREDERIK PEETERS : DU GÉNIE EN BANDE DESSINÉE
Frederik Peeters est un immense artiste. Changeant d’univers et de style à chaque album, il
n’est jamais là où on l’attend et c’est ce qui nous plait chez lui ! En moins de vingt ans, il s’est
construit une œuvre unique et singulière, un univers rare et riche.
Depuis son chef-d’œuvre Les pilules blues jusqu’à L’homme gribouillé (avec Serge Lehman),
en passant par Constellation, Lupus, Koma, Aâma, Les miettes (avec Ibn Al Rabin) ou L’odeur
des garçons affamés (avec Loo Hui-Phang), tout est génial chez lui. Les albums se succèdent
avec une aisance narrative et graphique qui confinent au génie.

DU PESSIMISME DE FREDERIK PEETERS
Dans Saccage, Frederik Peeters met tout son pessimisme et son dégoût de l’âme humaine.
Celle décevante, celle qui avilie et détruit la Terre. Mais, en même temps, il illumine les rages
et les révoltions des Hommes. Inclassable, cet album démentiel se pare d’une graphisme
énorme. Les illustrations sans texte sont époustouflantes et les couleurs électrisantes.
Cette surprenante fable d’anticipation est à la fois onirique et baroque, simple et complexe,
lisible et fourmillante de détails. Puisque sans texte, chacun pourra y voir et interpréter ce qu’il
veut.
Frederik Peeters mélange à l’envi les époques historiques (dinosaures, Lincoln, le char de
Tinanmen…) et les lieux géographiques. Comme il l’indique en post-face, Saccage fut inspiré
par des travaux de personnalités et artistes divers. Ainsi, le lecteur pourra déceler des clins
d’œil aux romans, à la peinture, aux dessins animés ou à la sculpture. Les hommages aux
grands maîtres de la bande dessinée sont nombreux : Druillet, Giraud-Moebius, Otomo, Burns,
Darrow, DeForge, Dix, Hergé, Jodorowsky ou encore Kirby.
Saccage : un livre unique par un auteur unique. Fascinant !
Damien Canteau 11/03/2019
Saccage © Frederik Peeters / Atrabile 2019

Saccage © Frederik Peeters / Atrabile 2019
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