Seules ensemble - DOSSIER L'art branché - Quartier Libre
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Q! Quartier L!bre Seules ensemble Volume 26 • no 2 • 19 septembre 2018 Des mères s’entraident pour faciliter l’allaitement sur le campus DOSSIER ÉLECTIONS MUSIQUE L’art branché Cameroun | Brésil Orchestre vide
CAMPUS | INFRASTRUCTURE TRAVAUX ET TRACAS Les travaux pour le Réseau express métropolitain (REM) ont débuté cet été à la station Édouard-Montpetit. Pour les étudiants, les employés et les professeurs du pavillon Marie-Victorin, ils entraînent désagréments et défis d’organisation. PAR JEAN-BAPTI S TE D EM O UY «N ous sommes tous démunis, la direction comme chacun de nous, prisonniers d’un fait accompli, d’une décision amont, déplore-t-elle. Avec mes étudiants, on est obligés de faire nos réunions ailleurs parce qu’ici, ce n’est plus possible. Frédéric Mise en place de solutions concrètes également été aménagées pour permettre aux employés d’aller y travailler. » qui nous échappe », regrette le journaliste et Bouchard, doyen de la Faculté des arts et des Sur son site Internet, l’Université a annoncé la À partir de fin septembre débuteront les professeur au Département de communica- sciences nous a même rendu visite pour se mise en place de mesures pour limiter les désa- phases de forage et d’excavation. Selon les tion Alain Saulnier. Son bureau est situé au rendre compte par lui-même de nos condi- gréments liés aux travaux. Elles comprennent informations du site Internet du projet, ce sein du pavillon et le constat est pour lui sans tions de travail. » la disposition d’appareils de mesures du bruit, sont 30 000 m3 de roche qui doivent être appel. « C’est invivable pour ceux et celles des vibrations ressenties et des émissions de retirés, à l’explosif. Deux détonations sont dont la fenêtre de bureau donne sur l’activité Le bruit est une chose, les vibrations en monoxyde de carbone. La Direction de la pré- prévues par jour, une le matin et une le soir. insupportable de cet immense marteau- sont une autre, pour l’étudiante en biologie vention et de la sécurité a également élaboré piqueur, précise-t-il. C’est mon cas. La rentrée Roxanne Ducharme. « En face du vivarium, un plan d’évacuation en fonction des travaux. La mise en service du REM sera progressive. est très difficile. » il y a un endroit assez tranquille pour lire Pour l’instant, celle du segment entre la Rive- et les vibrations vont jusque-là, raconte- « Nous avons pu déplacer tous les cours Sud et le centre-ville est annoncée par la Pour la professeure adjointe au Département t-elle. C’est assez désagréable, parce que qui ont lieu [dans les salles] en façade du ville pour l’été 2021. Le reste du réseau sera de communication Kirstie McCallum, le non seulement tu sens les vibrations, mais pavillon Marie-Victorin, précise la conseil- progressivement mis en service jusqu’à l’été constat est similaire. « Ce projet est impor- tu entends aussi le bruit. » L’étudiante lère principale et porte-parole de l’UdeM, 2023, selon le porte-parole de la Caisse de tant, mais il est dommage qu’un déplacement espère que les travaux ne seront pas trop Geneviève O’Meara. Il n’y a donc plus de dépôt et placement du Québec, Macky Tall, collectif de recherche n’ait pas été pensé en longs. cours dans ces locaux. Certaines salles ont qui est le principal investisseur du projet. Photo : Jean-Baptiste Demouy Les coûts de construction du REM devraient dépasser les 6 milliards de dollars. TRANSPORT EN ROUTE VERS L’AVENIR Les travaux du REM, un projet de métro électrique couvrant le Grand Montréal, battent leur plein depuis la mi-juillet aux abords de l’UdeM, avec comme promesse plus de mobilité pour le campus de la montagne. PAR PATRI CE S ENÉCAL Q uatre minutes. C’est le temps que mettront les étudiants pour accéder au centre-ville depuis le campus du Mont-Royal, d’ici quelques portion d’usagers du transport collectif », estime le professeur à l’École d’urbanisme et d’architecture à l’UdeM, Paul Lewis. nombreux, nuance-t-il. « Il serait surpre- nant que cela se fasse au détriment de l’automobile, à moins que le nombre de de s’inscrire à l’UdeM lorsque le tout sera en service », note la porte-parole de l’UdeM Geneviève O’Meara. années, rapporte le recteur de l’UdeM Guy Ceux qui habitent dans l’ouest du Grand places de stationnement ne soit diminué », Breton dans le carnet du recteur du 9 février Montréal et aux abords des futures stations croit le professeur. Le passage souterrain de la nouvelle station 2018. La nouvelle station du REM Édouard- pourront notamment en profiter, avance nécessitera des travaux de forage et de dyna- Montpetit, qui sera inaugurée en 2022, permet- M. Lewis. L’UdeM s’attend tout de même à une hausse mitage. « Des changements sont à prévoir, tra de relier l’Université aux deux couronnes de du nombre d’inscriptions, même si les projec- mais ils pourraient mettre du temps à se Montréal, à l’aéroport et à Ouest-de-l’Île. La fréquentation des transports en com- tions restent vagues. « Nous sommes d’avis réaliser », explique M. Lewis. Mais pour le mun ne serait pas nécessairement en que les étudiants de la Rive-Sud ou Nord de professeur, impossible de dire si l’aménage- « Ouvrir une station du REM sur le campus hausse, puisque les usagers du transport Montréal qui étaient plutôt mal desservis pour ment du campus sera influencé dans le futur pourrait entraîner une hausse de la pro- collectif en provenance du campus sont se rendre sur la montagne pourraient décider par ces perturbations. Page 2 • Quartier L!bre • vol. 26 • no 2 • 19 septembre 2018
SOMMAIRE COUVREZ CE TÉLÉPHONE ÉDITO Couvrez ce téléphone que je ne saurais voir . . . . . . . . . . . . . . 3 QUE JE NE SAURAIS VOIR PAR THO M AS M ARTIN CAMPUS L INFRASTRUCTURE e spectacle de la rentrée aura été une Photo : Zacharie Routhier Travaux et tracas . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 L’artiste Sarahmée a demandé aux spectateurs d’utiliser leur téléphone bonne expérience pour moi. Sans vrai- pour éclairer la foule pendant le spectacle de la rentrée de l’UdeM. TRANSPORT ment y être, j’ai pu assister à la retransmission En route vers l’avenir . . . . . . . . . . . . . . 2 via les réseaux sociaux. Je me demande si ça PA R E N T H È S E vaut encore la peine de sortir de chez moi… Mieux partager l’espace . . . . . . . . . . . . 4 L’artiste Eddie Maleterre cristallise assez bien RECONNAISSANCE UNIVERSITAIRE ma pensée (page 11). « Une photo d’une Diplômée sans études . . . . . . . . . . . . . 5 œuvre ça ne touche pas comme une œuvre », A L I M E N TAT I O N résume-t-il. Comme regarder un spectacle à De la diversité dans les assiettes . . . . . 5 travers l’objectif de son téléphone finalement. R É F O R M E D E L’ É VA L U AT I O N Baisse de pression . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Cette propension au partage me laisse néan- moins perplexe. Est-ce que les participants VIE ÉTUDIANTE ont profité du spectacle ou voulaient-ils seu- Parcours de combattantes . . . . . . . . . . 9 lement signifier leur présence ? DOSSIER CONNEXION Difficile de savoir… mais il est désormais EXPOSITIONS acquis que nos activités personnelles inté- L’Art déco-nnecté . . . . . . . . . . . . . 10-11 ressent le cercle élargi de nos connaissances ! A P P L I C AT I O N S M O B I L E S Au point de partager la moindre de nos inte- App vitam aeternam . . . . . . . . . . . 10-11 ractions pour les plus accrocs. RECHERCHE De ce que j’en ai vu, le contenu du spectacle Des données en poche . . . . . . . . . . . . 12 fut bon et les chansons en français. Il faut WEB peut-être en profiter, pour les défenseurs Le nouvel «or noir» du de la langue de Molière, avant que l’on ne cyberespace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 préfère des artistes au répertoire anglo- ÉLECTIONS phone (p. 17). Car l’anglais c’est plus cool. Et Opération Séduction . . . . . . . . . . . . . . 13 les jeunes comprennent qu’il est préférable l’UdeM en auraient besoin (p. 9). Pour l’art, J’espère que l’apathie générale ne nous d’aimer ce qui est tendance, si on souhaite se j’en suis moins certain. Je ne sais pas si Marc conduira pas vers le même type de dystopie faire accepter. Chagall avait prévu qu’un appareil auditif nous imaginée par Terry Gilliam pour son chef- SOCIÉTÉ résumerait sa vie et décrypterait sa vision pen- d’œuvre, Brazil. ÉLECTIONS C’est bien d’amener la culture sur le campus. dant que nous admirons ses toiles au musée Les urnes d’ailleurs . . . . . . . . . . . . . . . 14 L’art permet de voyager sans prendre l’avion Guggenheim de Bilbao. Au Brésil justement, où les élections se LIBERTÉ D’EXPRESION (2 % des rejets mondiaux de CO2 sont émis par déroulent également en octobre (p. 14). On a Dire ou ne pas dire . . . . . . . . . . . . . . . 14 les avions de ligne*, autant éviter). Ça élève Mais l’art n’est-il pas d’abord une question tous en tête le carnaval de Rio, le soccer et le LANGUAGE les consciences et enrichit nos réflexions, d’interprétation personnelle ? Un moyen de Corcovado. Mais le Brésil c’est aussi le second L’accord des désaccords . . . . . . . . . . . 15 permet ultimement de faire le bon choix faire réfléchir en laissant la liberté à chacun producteur mondial de soja derrière les États- quand une décision doit être prise. À l’occa- d’y trouver sa propre signification ? Unis. Une culture qui a délesté le pays de sion d’une élection, par exemple… 100 000 km2 de forêt depuis près de 10 ans**. CULTURE Do Brasil ! STOP-MOTION Les choses vont dans le bon sens. On va L’art connecté Du cinéma avec les mains . . . . . . . . . 16 L’art est partout. Les élections provinciales recréer le monde imaginé par l’ancien Monty LANGUE La culture subit elle aussi des changements. québécoises ressemblent au synopsis d’un Python ! Un univers lugubre où la technologie Le français n’est plus à la mode . . . . . 17 Alors, on se rend dans des musées connectés mauvais film de science-fiction. Dans un et les technocrates permettent à l’humanité (p. 10), où les œuvres sont numérotées pour monde de plus en plus menacé par les de survivre en vase clos. Un monde bruyant SORTIES ne surtout pas se perdre dans le chemine- changements climatiques, les deux partis et en construction permanente. À l’image des L’homme soulevé exposé . . . . . . . . . . 18 ment artistique. Ce serait idiot de se laisser politiques en tête des sondages trouvent travaux du REM (p. 2). Le FIL dans tous ses états . . . . . . . . . . 18 guider par nos envies. le moyen de se concentrer sur des débats, MUSIQUE certes importants pour la société québécoise, * ompe.org, « L’avion : champion de la pollution ! » Les Grands Vents cherchent L’assistanat a cependant du bon et les mères mais loin des préoccupations environnemen- ** euronews.com, « Au Brésil, le soja chasse les forêts », un second souffle . . . . . . . . . . . . . . . . 19 qui amènent leurs enfants sur le campus de tales. 29 août 2018 Prochaine réunion de production : les mercredis 19 septembre et 3 octobre à 16 h 00 au local B-1274-6 du pavillon 3200, rue Jean-Brillant. RÉDACTEUR EN CHEF POUR NOUS JOINDRE Nos bureaux sont situés au : Thomas Martin redac@quartierlibre.ca Quartier L!bre Tél. : 514 343-7630 Courriel : info@quartierlibre.ca 3200, rue Jean-Brillant (local B-1274-6) CHEFS DE SECTION Site web : www.quartierlibre.ca Montréal (Québec) H3T 1N8 CAMPUS Leïla Bengharbi, Juliette Bertin, Cindy Cyr, Maria Del Pilar Ansaldo, Jean-Baptiste Demouy, Chloé Dioré Quartier Libre est le journal Dépôt légal : de Périgny, Emma Guerrero-Dufour, Isaline Hodecent, Jeanne Hourez, Nicolas Jeanneau, Marianne Castelan Liza Leblond, Éloise Martel-Thibault, Charlotte Morand, Hélène Poulain, Anna-Luna Rossi, des étudiants de l’Université Bibliothèque nationale du Québec campus@quartierlibre.ca Patrice Senécal, Marianne Sénéchal, Andrée-Anne Thériault, Cédric Thévenin de Montréal publié par Les Bibliothèque nationale du Canada SOCIÉTÉ Publications du Quartier Libre, ISSN 1198-9416 Zacharie Routhier une corporation sans but lucratif Tout texte publié dans Quartier societe@quartierlibre.ca CORRECTEURS PHOTOGRAPHE INFOGRAPHE créée par des étudiants en 1993. Libre peut être reproduit avec CULTURE Gustavo Basaldua Alpha Coulibaly Alexandre Vanasse Bimensuel, Quartier Libre est mention obligatoire de la source. Romeo Mocafico Gaëlle Varnier-Brunet PUBLICITÉ distribué gratuitement surtout PROCHAINE TOMBÉE culture@quartierlibre.ca DIRECTRICE GÉNÉRALE Accès-Média | accesmedia. com le campus de l’Université de 24 septembre 2018 PHOTO DE LA UNE RÉVISEUR Marie Roncari IMPRESSION Montréal et dans ses environs. PROCHAINE PARUTION Alpha Coulibaly Julien Besse directeur@quartierlibre.ca Hebdo-Litho Tirage de 6 000 exemplaires. 3 octobre 2018 Quartier L!bre • vol. 26 • no 2 • 19 septembre 2018 • Page 3
C A M P U S | PA R E N T H È S E MIEUX PARTAGER L’ESPACE Le conseiller en biodiversité à l’UdeM, Alexandre Beaudoin, a conçu le projet Darlington. Il s’agit d’un corridor écologique reliant différents espaces verts dans l’arrondissement Côte-des-Neiges. Son but est désormais d’impliquer activement les citoyens dans son projet. PAR I S ALI NE HO D ECENT «C’ est un projet extrêmement épui- sant, parce qu’il repose beaucoup sur mes épaules durant l’année, explique-t-il. Dès le début du projet, Alexandre a voulu impliquer les partenaires privés sur le site, mais cela n’a pas toujours fonctionné. « Il y a « J’ai questionné le directeur de l’arrondissement : Je le porte tout seul. » Alexandre a lancé le un hôpital et des écoles primaires, annonce- “Quand va-t-on considérer que le projet est projet du corridor écologique Darlington t-il. On voulait vraiment développer ces liens-là terminé ? ” et il a dit : “Le jour où les citoyens en 2014, après s’être investi dans la mise au début du projet. Ils nous ont presque tous s’occuperont eux-mêmes de leur espace”. » en place du projet d’agriculture urbaine fermé la porte. C’était vraiment dur parce qu’ils P.A.U.S.E. (voir encadré) à l’UdeM. trouvaient ce projet-là un petit peu trop fou. » Le corridor écologique évolue constamment, Le projet prend de l’ampleur et intéresse et ce, en fonction de la demande citoyenne. désormais une école dans Côte-des-Neiges. « On a un projet, on propose un tracé, raconte « Enfin, une école nous a démarchés, se réjouit Alexandre. Après ça, on fait des consulta- Alexandre, sans préciser laquelle. Une des tions citoyennes. C’est en fonction du besoin meilleures portes d’entrée qu’on peut avoir, citoyen qu’on va apporter des éléments sup- c’est de travailler avec les enfants. On peut plémentaires. » Par exemple, si les citoyens faire des plantations d’arbres, on peut conce- Photo : Alpha Coulibaly disent qu’ils ne veulent pas voir davantage de voir des projets avec eux dans les classes. » jardins, il ne va pas en construire plus, mais Séduite par le corridor écologique, l’école plutôt s’orienter vers une autre idée. souhaite lancer un projet avec Alexandre. Un parc canin, dernier projet en date, est Objectif Ville de Montréal actuellement en construction sur le cor- ridor Darlington. Alexandre explique que « Mon prochain objectif est d’aller chercher la demande est ressortie des consultations la ville centre * », déclare Alexandre, qui publiques de 2017. « On le réalise pour convoite une surface gazonnée appartenant à satisfaire les besoins de la population », la mairie de Montréal. Pour pouvoir en béné- précise-t-il. Si l’objectif est de répondre à la ficier, il faudrait que cette dernière s’implique demande citoyenne, il est important pour le dans le projet. « Tant que je n’ai pas un appui conseiller que le projet se porte de lui-même. de la ville centre, je ne pourrai rien faire sur « J’ai questionné le directeur de l’arrondis- cet espace-là », précise Alexandre, qui a déjà sement : “Quand va-t-on considérer que le quelques idées, par exemple planter des Alexandre Beaudoin projet est terminé ?” et il a dit : “Le jour où arbres fruitiers ou construire un petit jardin. Conseiller en biodiversité à l’UdeM. les citoyens s’occuperont eux-mêmes de leur *NDLR Mairie de Montréal espace ”», se rapelle Alexandre. CORRIDOR ÉCOLOGIQUE Des financements privés Pour le conseiller en biodiversité, le finance- Un corridor écologique est une zone de passage connectant des réservoirs de biodiversité et permettant aux espèces de se déplacer. Le ment de l’arrondissement Côte-des-Neiges corridor écologique Darlington s’étend sur 2,5 km. Il relie le Mont-Royal au Campus Outremont. Depuis 2014, des bacs géants ont été mis à est indispensable afin que le projet continue disposition des citoyens pour jardiner, des forêts nourricières ont été créées et différentes variétés d’arbres fruitiers ont été plantées. d’avancer. « On a une bonne relation avec l’ar- rondissement, indique-t-il. La mairie nous a LE PROJET P.A.U.S.E. fourni la main-d’œuvre avec les salaires, mais on n’a que l’emprise publique avec elle. Il faut Le projet Production agricole urbaine soutenable et écologique (P.A.U.S.E.) a été créé en 2011 par Alexandre, lorsqu’il était étudiant à la vraiment aller chercher la privée. » Il explique maîtrise à l’UdeM. Il regroupe une cinquantaine de jardiniers étudiants et employés de l’UdeM, qui font de l’agriculture en bacs, de la myci- en avoir besoin sous la forme d’accords avec culture (culture de champignons) et de l’apiculture (production de miel). Verdir les espaces bétonnés et valoriser la biodiversité font partie des propriétaires privés, pour pouvoir exploi- de ses principaux objectifs. ter de nouveaux terrains. Page 4 • Quartier L!bre • vol. 26 • no 2 • 19 septembre 2018
Photo : Pxhere.com C A M P U S | R E C O N N A I S S A N C E U N I V E R S I TA I R E DIPLÔMÉE SANS ÉTUDES L’UdeM a récemment décerné un doctorat honoris causa à la femme politique et militante autochtone Michèle Audette. Délivrée à l’UdeM depuis 1920, cette récompense couronne une carrière reconnue à l’échelle internationale. PA R N IC OLA S J EA N N EA U R emarquée pour son implication dans diverses causes sociales, Michèle Audette a reçu son doctorat honoris causa avec émotion, lors de la collation des grades de la Faculté des arts et des sciences le 28 août 2018. « Je ne m’y attendais pas du tout, mais j’étais très excitée et j’ai versé beaucoup de larmes, car c’est sans doute la plus grande reconnaissance qu’on m’ait « témoignée », raconte la défenseure des droits des femmes autochtones. Je ne m’y attendais pas du tout, Dernière distinction en date, cette nomi- mais j’étais très excitée et j’ai versé nation honorifique illustre la continuité d’une longue tradition qui unit l’UdeM beaucoup de larmes, car c’est sans doute la et ses lauréats depuis 1920. « En entrant plus grande reconnaissance qu’on m’ait témoignée » dans la grande famille de l’UdeM, ces gens deviennent de véritables ambassadeurs de Michèle Audette notre université et font ainsi rayonner notre Femme politique et militante autochtone établissement au Québec, mais aussi à l’ex- Elle précise térieur des frontières » se réjouit la porte- également qu’un parole de l’UdeM, Geneviève O’Meara. politicien doit être revenu domaine d’activité particulier. Personne suivi des études supérieures. « Nous venons à des activités non politiques pour Un honneur sans équivalent n’y postule de sa propre initiative, car d’horizons divers, car l’Université a tenu être éligible. « Les personnalités retenues c’est l’Université elle-même qui sollicite à voir représentés dans cette cérémonie peuvent venir de la communauté universi- Le site Internet de l’Université indique que les candidats de son choix. La spécificité des aspects complémentaires du savoir », taire internationale ou de la société civile, cette remise manifeste la reconnaissance de ce doctorat tient aussi au fait que le souligne le professeur au collège de France peuvent être des écrivains, des artistes, des de la communauté universitaire envers la récipiendaire n’est pas tenu d’appartenir Serge Haroche, récipiendaire d’un doctorat gens d’affaires par exemple », poursuit-elle. contribution d’une personnalité dans un au monde universitaire, ni même d’avoir honoris causa de l’UdeM en 2014. Là encore, les directives du protocole indiquent que l’UdeM aspire à l’équilibre La voie du protocole dans la représentation des domaines d’ac- tivité. La liste est ensuite soumise par le A L I M E N TAT I O N Pour encadrer la procédure de sélection recteur au Conseil de l’Université, chargé de des candidats, l’Université suit des critères retenir certains noms. DE LA DIVERSITÉ consignés dans un guide relatif aux choix des docteurs honoris causa, disponible parmi les documents en ligne du secrétariat général. La procédure s’achève lorsque le recteur informe les candidats de leur nomination. DANS LES ASSIETTES Sur invitation de ce dernier, des propositions La présence du candidat lors de la cérémo- de candidatures proviennent de différents nie officielle demeure obligatoire, au risque responsables, comme le recteur ou les direc- d’annuler tout le processus. « Certaines teurs de département. candidatures échouent, soit parce que la Avec le concours de Chabad Université de Montréal, le restaurant personne n’est pas intéressée, soit parce Local Local propose depuis la rentrée des repas casher à prix Suivant cette base de données, le Comité qu’aucune date ne peut être identifiée pour abordable pour les membres de la communauté juive. des doctorats honoris causa de l’UdeM, la remise », précise encore Mme Margot. qui se réunit autour du 15 octobre, établit PAR JE ANNE H OU R E Z une liste de candidats potentiels, tout en Comme l’explicite la page dédiée sur le site consultant au besoin les facultés concer- Internet, le doctorat honorifique compte nées. « La tâche des membres du Comité est ainsi parmi les traditions que la commu- de se pencher sur la valeur des candidatures nauté universitaire entretient avec le plus L e restaurant universitaire a installé depuis début septembre un réfrigé- rateur où sont proposés des « plats du D’après Mme O’Meara, comme les produits casher sont disponibles dans des épiceries, il n’a pas été compliqué d’introduire ce ser- par l’examen du CV et de recommander le candidat ou la candidate à l’Université si il ou elle mérite de recevoir cet honneur », grand soin. La liste consultable en ligne laisse voir que le nombre de lauréats varie sensiblement selon les années, comme le monde » avec notamment des choix végé- vice à l’UdeM. Elle explique que les repas détaille la professeure titulaire et membre montre l’écart entre les 8 sélectionnés de tariens, des sushis et des produits casher. de la gamme « plats du monde » sont pré- dudit comité Joëlle Margot. 2016 et les 24 de 2009. La porte-parole de l’UdeM, Geneviève parés par un fournisseur, choisi sur appel O’Meara, précise que l’Université y a vu d’offres. Certains produits spécifiques, dont une occasion de répondre à un besoin. « Il plusieurs produits casher, peuvent être GALERIE DES ORIGINAUX y a une communauté juive sur le campus approvisionnés par d’autres prestataires. et nous avons pensé qu’il serait intéressant de lui proposer une offre alimentaire », En ce qui concerne les prix, ils devraient Certains lauréats se distinguent par leur originalité. L’ancien joueur de hockey sur explique-t-elle. être équivalents aux produits non casher. glace Jean Béliveau a reçu un doctorat honorifique de l’Université Laval en 2008. « Nous souhaitons offrir des options éco- L’Université François Rabelais de Tours a nominé les quatre chefs cuisiniers Martin Cette démarche ne fait pas suite à des nomiques. Donc les prix des repas casher Berasategui, Kiyomi Mikuni, Philippe Rochat et Pierre Wynants en 2013. Quant pressions de groupes de l’UdeM, tient à sont semblables aux prix des autres repas », à la romancière J.K. Rowling, elle bat tous les records en cumulant les doctorats signaler la porte-parole. « Elle s’inscrit dans insiste Mme O’Meara. Les sandwichs casher honorifiques de cinq universités britanniques (Exeter, Édimbourg, Saint Andrews, une offre alimentaire globale, que nous sont vendus 6 $ tandis que les « plats du Napier, et Aberdeen). souhaitons ouverte sur le monde. » monde » sont affichés à 6,40 $. 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Le contenu des pages de la FAÉCUM est indépendant de la ligne éditoriale de Quartier Libre. Francis Prévost COORDONNATEUR AUX AFFAIRES EXTERNES externe@faecum.qc.ca À L’UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL, ON VOTE ! Le 1er octobre prochain, étudiantes et étudiants seront appelés aux urnes Par ailleurs, la FAÉCUM a abordé ces questions avec les représentants et les pour les élections provinciales. Comme vous représentez désormais le tiers représentantes des ailes jeunesse de chacun des partis, en plus d’avoir eu de l’électorat, une proportion aussi significative pour l’une des rares fois la chance d’en discuter avec les porte-paroles en matière d’enseignement dans son histoire, c’est d’autant plus important de se faire entendre ! supérieur pour les partis soit Gabriel Nadeau-Dubois (QS), Hélène David (PLQ), Carole Poirier (PQ) et Jean-François Roberge (CAQ). Peut-être Toutefois, les données sont probantes : environ 50 % des 18-34 ans est aurez-vous vu les affiches ou les tracts des deux campagnes circuler sur allé voter aux dernières élections, certains et certaines invoquant le le campus ou les médias sociaux ! cynisme politique ambiant, d’autres le manque de temps, pour expliquer qu’ils et qu’elles n’ont pas voté. Pourtant, saviez-vous que des bureaux POUR UN VOTE ÉCLAIRÉ de scrutin seront installés dans les différents pavillons de l’UdeM (même En collaboration avec l’Université de Montréal, plusieurs activités ont été ceux délocalisés) les 21, 25, 26 et 27 septembre ? Vous pourrez y voter, organisées pour vous permettre de faire un choix éclairé le 1er octobre (ou peu importe votre circonscription, pour autant que vous soyez inscrits avant) prochain. En plus de la rencontre avec Jean-François Lisée, chef du et inscrites sur la liste électorale. Pas d’excuse, donc, pour ne pas vous Parti Québécois, qui a eu lieu le 11 septembre, et le débat des représentants présenter entre deux cours ! et des représentantes des ailes jeunesse le 17 septembre, une rencontre est prévue sur le campus avec Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole LA FAÉCUM ET L’UNION ÉTUDIANTE DU QUÉBEC, de Québec Solidaire, le 24 septembre prochain. Vous pouvez poser vos PORTEUSES DE REVENDICATIONS questions de plusieurs façons : en remplissant le document Google à Comme à chacune des élections, peu importe le palier de gouvernement, cet effet ; via Twitter, avec le #umontrealvote ; ou directement dans les la FAÉCUM et l’Union étudiante du Québec (UEQ) se mobilisent pour faire commentaires de la retransmission de la conférence sur la page Facebook valoir certaines revendications spécifiques à la condition étudiante et voir de l’Université de Montréal. Rejoignez l’événement Facebook pour les de quelles façons les partis en lice se positionnent sur ces enjeux. détails, et ne ratez pas cette occasion de l’entendre sur les sujets qui vous intéressent. Cette année, deux campagnes ont été lancées par l’UEQ, et appuyées par la FAÉCUM : une campagne visant à pousser certaines demandes Le 1er octobre, défie la tangente et viens voter ! (#EleveTonQuebec), par le biais d’un comité de travail spécifique (CTS- RÉÉQ), et une campagne pour la sortie de vote (« La force est dans le nombre »). D’ailleurs, les associations étudiantes membres de la FAÉCUM ont adopté une plateforme de revendications en février dernier, qui a par PAVILLONS AVEC BUREAUX DE SCRUTIN la suite été portée par la Fédération auprès de l’UEQ et des partis. › Pavillon 3200, rue Jean-Brillant › Campus de Laval Les revendications émanant de cette campagne touchent principalement à la compensation des stages, l’annulation de la dérèglementation des frais › Pavillon Roger-Gaudry › Campus de Saint-Hyacinthe de scolarité pour les étudiantes et les étudiants internationaux et la mise en place d’une campagne de lutte et de sensibilisation aux problèmes de santé › Pavillon Marie-Victorin › Campus de Longueuil psychologique, en plus d’avoir des demandes relatives à l’augmentation (Édifice Port-de-Mer) du financement des services et de la recherche pour les étudiants et les étudiantes. LES 21, 25, 26, 27 SEPTEMBRE PROCHAINS, ON VOTE À L’UDEM ! FA E C U M .Q C .C A Page 6 • Quartier L!bre • vol. 26 • no 2 • 19 septembre 2018
Le contenu des pages de la FAÉCUM est indépendant de la ligne éditoriale de Quartier Libre. Quartier L!bre • vol. 26 • no 2 • 19 septembre 2018 • Page 7
C A M P U S | R É F O R M E D E L ’ É VA L U AT I O N BAISSE DE TENSION Depuis la rentrée, les étudiants de première et de deuxième année en médecine à l’UdeM ne sont plus notés. Ils ont, dorénavant, uniquement la mention « succès » ou « échec » sur leur relevé de notes. PAR M ARI ANNE S ÉNÉCHAL P our la vice-doyenne aux études médi- Photo : Pixabay.com cales de premier cycle et docteure en Selon l’Association médicale canadienne, 14 % des étudiants en médecine ont déjà eu des pensées suicidaires. médecine, Geneviève Grégoire, la mention « succès » ou « échec » a été instaurée dans l’optique de favoriser le bien-être étudiant ainsi que la formation globale des futurs médecins du Québec. « La littérature nous rapporte que le passage à un mode de nota- tion réussite ou échec diminue la compéti- tion entre étudiants et augmente l’entraide et le travail en équipe, souligne-t-elle. Les étudiants développent leur autonomie et l’automotivation pour apprendre comment prendre soin de leurs futurs patients, plutôt que de viser la note maximale à l’examen. » Pour l’étudiante en année préparatoire Anne-Sophie Eymard, c’est un changement qu’elle a hâte de vivre l’an prochain. « Mon impression est que nous allons être moins stressés, parce qu’il y aura moins de com- pétition entre les élèves, espère-t-elle. Je pense que nous allons quand même recher- cher la réussite et l’acquisition de nouveaux savoirs, mais ce sera par une motivation intrinsèque plutôt que par désir de se prouver par rapport aux autres étudiants. » Anne-Sophie espère que l’atmosphère de Amélia a le sentiment que cette réforme pour des recherches, ou encore pour parti- notamment inclure l’expérience de l’étudiant travail sera plus conviviale et propice à encouragera l’esprit de coopération entre les ciper à des activités sociales et sportives de en recherche, une entrevue, des lettres de l’apprentissage. étudiants, en rendant le tout moins stressant. l’Université. recommandation et les commentaires des « Dans mon quotidien, le changement de superviseurs de stages à l’externat, précise Elle a déjà connu la notation sous la forme notation me permet de consacrer mon étude Une sélection repensée la professeure agrégée. « succès » ou « échec » dans un cours pré- à la compréhension des concepts médicaux cédent et la recommande. « J’ai trouvé que importants plutôt qu’à la mémorisation La principale source d’incertitude de ces Ce changement de mentalité et de priorités c’était dans ces simulations que j’apprenais d’informations moins pertinentes », partage étudiantes face à cette réforme concerne s’avérera positif selon Amélia. « Je n’ai pas le plus, puisque je ne ressentais pas autant l’étudiante. le processus d’entrée en spécialité. La vice- vraiment d’inquiétudes par rapport aux de stress de performance », se rappelle doyenne informe que les notes des étudiants entrevues pour la résidence [spécialisa- l’étudiante. Anne-Sophie espère vivre la même chose l’an n’ont plus d’importance lors de la compé- tion], raconte-t-elle. Au contraire, puisque prochain. « Dans mon quotidien, j’espère que tition pour l’entrée en spécialité. Certains les notes ont beaucoup moins d’impor- Un quotidien moins stressant cela va changer l’environnement stressant, qui se seraient démarqués par leurs notes tance, ce sont plutôt l’implication et le qui est souvent présent en médecine. » Elle devront maintenant se démarquer par leur développement des compétences humaines L’étudiante en première année de médecine ajoute avoir été témoin de certains effets implication. et sociales des étudiants qui prennent le Amélia Lamontagne voit ce changement de occasionnés par une atmosphère angoissante devant. » L’étudiante souligne que la nou- manière positive. « Je pense que c’est une en classe. Parmi ceux-ci, des comportements Selon la Dre Grégoire, les programmes de velle notation la rassure beaucoup quant excellente initiative de la part de la faculté, se solitaires ainsi qu’une anxiété liée à la per- spécialisation se sont déjà préparés à ce à la qualité des futurs médecins, qu’elle réjouit-elle. Ça reflète un changement majeur formance chez les étudiants. Anne-Sophie changement et examineront différemment estime moins centrés sur la compétition et nécessaire dans la conception des études en souhaite également que ce changement lui les candidatures. « Chaque programme et davantage sur les qualités sociales et médecine et de ce qui est attendu des futurs permette d’avoir plus de temps libre pour est responsable de l’étude des dossiers des relationnelles. médecins. » s’impliquer dans les milieux hospitaliers, postulants, informe-t-elle. Les programmes donnant une pondération aux résultats L’UdeM et l’Université Laval sont les deux der- littéraux devront pondérer autrement les nières universités au Canada ayant effectué dossiers des candidats, en tenant compte cette transition, à la rentrée 2018, dans leur d’autres critères. » Ces derniers pourront programme de médecine. L’ANNÉE PRÉPARATOIRE TOUJOURS NOTÉE La docteure et vice-doyenne aux études médicales de premier cycle, Geneviève Grégoire, Dr Jeffrey H. Tenser, ASEQ acceptée. explique que le changement du système de notation a été effectué pour les deux pre- mières années de médecine. En ce qui concerne les étudiants de l’année préparatoire du B.Sc., D.D.S. Nous complétons programme, la « prémed », ces derniers sont toujours notés de la manière traditionnelle. la couverture Cette année préparatoire n’est pas sélective, c’est-à-dire que la quasi-totalité des étu- Chirurgien dentiste de l’ASEQ diants vont rentrer en première année. Cadeau pour tout nouveau cllient. Selon la professeure agrégée, la raison est que la première année repose sur la nature CONTACTEZ NOUS des apprentissages faits lors de l’année préparatoire. « Nous ne pouvons pas apporter 5885 Côte des Neiges, suite 509 l’argument majeur que nous avons mis de l’avant pour le passage de “succès” ou “échec”, Montréal, Québec H3S 2T2 www.drjeffreytenser.com c’est-à-dire l’approche par compétences, développe-t-elle. Ainsi, nous n’aurions pas les 514 737-9367 info@drjeffreytenser.com arguments pour convertir l’évaluation de l’année préparatoire en “succès” ou en “échec”. » Page 8 • Quartier L!bre • vol. 26 • no 2 • 19 septembre 2018
CAMPUS | VIE ÉTUDIANTE PARCOURS DE COMBATTANTES Étudier avec un enfant en bas âge n’est pas simple pour les parents-étudiants de l’UdeM. L’absence de réglementation et un manque d’installations dédiées peuvent rendre la tâche difficile aux jeunes mamans. PAR JEAN-BAPTI S TE D EM O UY «J e suis venue avec ma fille et j’ai allaité Photo : Alpha Coulibaly en public à l’Université, rapporte l’étudiante au baccalauréat en histoire de l’art Mélissa Sénésac. Personne n’a émis de jugement et des gens m’ont même félicitée. » « J’ai essayé d’amener ma fille de deux mois en classe, mais ça a été un échec. Je suis sortie par gêne, car elle faisait du bruit et j’ai loupé mon cours. Mon professeur a été compréhensif et m’a rassurée. » Valeriya Belskikh Étudiante au baccalauréat en physique L’étudiante raconte qu’elle fait partie du groupe Facebook Parents-Étudiants UdeM, qu’elle considère comme une importante ressource. Par l’intermédiaire de cette plate- forme, Mélissa pose ses questions concernant ce qu’il est possible de faire ou non dans l’en- ceinte de l’UdeM, comme amener son enfant en classe, allaiter, tirer son lait, et en profite pour partager ses expériences avec d’autres parents dans la même situation. « J’y trouve conseils et réconfort, s’enthousiasme-t-elle. C’est merveilleux et je me sens à ma place. » Un vide institutionnel Selon Statistiques Canada en 2017, 29% des femmes âgées de 18 à 34 ans allaitaient leur enfant Allaiter à l’Université s’est avéré compliqué pendant au moins six mois. Cette proportion passe à 40% chez les mères de 35 à 49 ans. pour l’étudiante au baccalauréat en physique Valeriya Belskikh. « J’ai essayé d’amener ma À la suite de cette mésaventure, l’étudiante prévenir. Une autre solution, quand le bébé est une extension de ce droit, déclare l’étu- fille de deux mois en classe, mais ça a été un a cherché à se renseigner sur les infrastruc- est inscrit à la garderie, c’est de nous fournir diante au microprogramme en statistiques échec, raconte-t-elle. Je suis sortie par gêne, tures existant à l’UdeM. « Je n’ai aucune du lait maternel congelé pour le nourrir au sociales Émilie Noël. À mon premier cours, car elle faisait du bruit et j’ai loupé mon cours. connaissance des mesures mises en place par besoin. » La FAÉCUM et Le Baluchon offrent un j’ai averti ma classe que je comptais tirer mon Mon professeur a été compréhensif et m’a l’UdeM pour les mamans allaitant leur enfant, service de garde en fonction des besoins, en lait et tout le monde a accepté naturellement, rassurée. » indique-t-elle. Je ne crois pas qu’il y en ait. » proposant aux parents des horaires flexibles. professeur compris », raconte-t-elle. Selon la porte-parole de l’UdeM, Geneviève Toutefois, M me Lessard met en garde les Au début, par pudeur, elle admet ne l’avoir O’Meara, il n’y a pas de position institution- parents face aux défis que représentent le fait que pendant les pauses, mais rapidement LE TABOU nelle sur l’allaitement. L’UdeM n’encadre monde étudiant et la parenté. « Le temps en Émilie a pris confiance en elle. « Je peux tirer pas cette pratique. « Nous n’avons pas eu cours devrait être consacré aux études, et un mon lait deux à trois fois pendant le cours, de demandes spécifiques à ce sujet, détaille- enfant ne peut rester inactif pendant trois précise-t-elle. Je l’ai fait aussi à la cafétéria Selon un sondage Léger effectué du 21 t-elle. Si cela était le cas, nous serions prêts heures, avertit-elle. La solution la plus viable et je n’ai jamais eu de remarques ou quoi au 24 avril 2018, 83 % des Canadiens à les étudier. Les tables à langer que vous est de l’inscrire en garderie en fonction de ses que ce soit. » estiment qu’il est socialement accep- trouvez dans les salles de bain découlent cours. » Pour la directrice, étudier représente table qu’une mère allaite son enfant directement de ce procédé. » déjà un défi en soi et la présence d’un enfant C’est durant la session qu’elle a découvert dans un lieu public. À l’échelle du pays, le pourrait être source de distraction. l’existence d’endroits dédiés aux jeunes Québec est la province la plus tolérante Solutions sur le campus mères, mais leur nombre limité l’a dissuadée envers l’allaitement en public, avec 86 % Droit inaliénable d’y recourir. « Je ne les utilise qu’à l’occasion d’opinions favorables. L’Alberta est la « On propose aux parents de venir allaiter avec bébé pour avoir un peu de calme », province la plus réticente avec seule- librement, indique la directrice de la halte- L’allaitement est un droit inaliénable protégé explique Émilie. Elle ajoute ne pas avoir envie ment 76 % de réponses positives. garderie Le Baluchon, Anne Lessard. La porte par la Charte canadienne des droits et liber- de se cacher, ni pour allaiter ni pour tirer son est toujours ouverte, à condition de nous tés. « Si allaiter est mon droit, tirer mon lait lait, et ce au sein de l’Université ou non. Quartier L!bre • vol. 26 • no 2 • 19 septembre 2018 • Page 9
DOSSIER CONNEXI L’ART DÉCO Les expositions font peau neuve et se modernisent pour offrir une expérience différente à leurs visiteurs. De nouvelles installations numériques voient le jour pour permettre au public de profiter Les Beaux-Arts comme le Centre Phi pleinement des œuvres exposées. tentent de développer le lien entre les visiteurs et les œuvres grâce à des outils connectés. PAR L E ÏL A BE NGH AR BI Photo : Courtoisie Centre Phi | Sandra Larochelle Le Centre Phi présente régulièrement des installations à la pointe de la technologie. À l’instar du Musée des beaux-arts et du Centre d’exposition de l’UdeM, de nom- breux sites offrent désormais des services sont une passerelle pour l’art. « Nous utilisons la technologie à titre d’outil accompagnateur pour expérimenter les œuvres, précise-t-elle. connectés dans leurs enceintes. Que ce soit à Elle ne viendra pas empiéter sur l’art, mais au l’aide de tablettes, d’écouteurs ou d’écrans, la contraire elle viendra le valoriser davantage. » technologie est fortement présente au milieu de l’art et elle lui est utile, comme le confirme Un accès plus élaboré et privilégié aux œuvres la chargée des relations médias du Musée des est créé. L’interaction avec l’exposition beaux-arts de Montréal, Patricia Lachance. n’est pas rompue, elle est décuplée, assure « Parmi les prestations numériques que l’on Mme Rouleau. « Ces plateformes permettent offre, nous avons également développé une de décloisonner le musée et de rapporter un application permettant aux élèves de secon- peu de ces œuvres dans son téléphone intelli- A P P L I C AT I O N S M O B I L E S daire de visiter le musée à l’aide d’un parcours gent », ajoute-t-elle. Les outils connectés sont APP VITAM AETERNAM virtuel, explique-t-elle. C’est une autre façon utilisés dans un contexte d’apprentissage et très ludique d’aborder l’art. » de démocratisation du domaine artistique. Démocratisation Compatibilité Une application pour faire l’épicerie, une pour rappeler l’heure Selon Mme Lachance, la technologie est apte D’après la gestionnaire numérique des expo- de l’entraînement, une autre pour s’orienter dans la ville… à séjourner parmi les œuvres. Au-delà d’une sitions, une trop forte utilisation de ces tech- De nouvelles applications mobiles apparaissent au fur et à mesure meilleure compréhension, ces installations nologies ne risque pas de prendre le dessus permettent à un public plus large d’apprécier sur les expositions et peut être complètement que les développeurs déterminent de nouveaux besoins. Une la visite, précise la représentante du musée. compatible avec l’art. « Le numérique peut stratégie qui contribue à garder les utilisateurs connectés. « Pour nous, les plateformes numériques per- s’avérer utile à des fins de vulgarisation ou mettent vraiment de sortir les œuvres de leur pour rendre une exposition plus accessible », PA R A N DRÉE- A N N E THÉRIA ULT contexte et de démocratiser l’art, affirme-t-elle. explique l’étudiante en DESS arts, création et Le public peut apprendre et réfléchir autour des technologie à l’UdeM Nina Poulain. collections. C’est un vecteur d’apprentissage et Pour les développeurs d’applications à un match de football, on pourra lui en un outil de compréhension simplifié. » Pour elle, qui mêle technologie et art quo- mobiles, l’intelligence artificielle est deve- suggérer davantage. » tidiennement, ces deux sujets sont complé- nue un outil primordial afin de connaître Développer l’art mentaires. Il n’y a plus de frontière fermée les préférences des usagers, estime la La géolocalisation par la technologie entre le numérique et l’art. « En utilisant un stratège expérience client et utilisateur, média plus “contemporain”, on peut se sentir Chanel Fournier. « On utilise l’intelligence Selon le professeur au Département Dans cette optique d’innovation et de plus investi par une exposition, affirme Nina. artificielle pour être capable de prévoir de génie informatique et génie logiciel connexion, l’ambition du Musée des beaux-arts Selon moi, le numérique est tout à fait compa- ce qui sera intéressant pour un étudiant de Polytechnique Montréal Alejandro de Montréal est de développer un lien entre tible avec l’art et ne prendra pas le dessus, car en fonction de ce qu’il fait sur l’applica- Quintero, savoir où se trouvent les clients les visiteurs et les œuvres grâce aux nouvelles il fait partie du domaine des arts. » Les écrans tion, souligne celle qui œuvre chez Ready potentiels multiplie les possibilités de technologies. Pour la gestionnaire numérique et tablettes présents dans les expositions ont Education, une entreprise concevant des publicité et de promotion, et c’est ce que du musée, Rebecca Rouleau, ces méthodes donc leur place, d’après l’étudiante. applications pour les universités. S’il va permet la géolocalisation. « Google Maps Page 10 • Quartier L!bre • vol. 26 • no 2 • 19 septembre 2018
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