Seules ensemble - DOSSIER L'art branché - Quartier Libre

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Seules ensemble - DOSSIER L'art branché - Quartier Libre
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Quartier L!bre
                                              Seules
                                            ensemble
 Volume 26 • no 2 • 19 septembre 2018

         Des mères s’entraident
       pour faciliter l’allaitement
                    sur le campus

     DOSSIER                            ÉLECTIONS           MUSIQUE
     L’art branché                      Cameroun | Brésil   Orchestre vide
Seules ensemble - DOSSIER L'art branché - Quartier Libre
CAMPUS | INFRASTRUCTURE

                                       TRAVAUX ET TRACAS
                          Les travaux pour le Réseau express métropolitain (REM) ont débuté cet été à la station Édouard-Montpetit.
                                                Pour les étudiants, les employés et les professeurs du pavillon Marie-Victorin,
                                                                   ils entraînent désagréments et défis d’organisation.

                                                                                        PAR JEAN-BAPTI S TE D EM O UY

«N         ous sommes tous démunis, la
           direction comme chacun de nous,
prisonniers d’un fait accompli, d’une décision
                                                      amont, déplore-t-elle. Avec mes étudiants,
                                                      on est obligés de faire nos réunions ailleurs
                                                      parce qu’ici, ce n’est plus possible. Frédéric
                                                                                                        Mise en place
                                                                                                        de solutions concrètes
                                                                                                                                                           également été aménagées pour permettre
                                                                                                                                                           aux employés d’aller y travailler. »

qui nous échappe », regrette le journaliste et        Bouchard, doyen de la Faculté des arts et des     Sur son site Internet, l’Université a annoncé la   À partir de fin septembre débuteront les
professeur au Département de communica-               sciences nous a même rendu visite pour se         mise en place de mesures pour limiter les désa-    phases de forage et d’excavation. Selon les
tion Alain Saulnier. Son bureau est situé au          rendre compte par lui-même de nos condi-          gréments liés aux travaux. Elles comprennent       informations du site Internet du projet, ce
sein du pavillon et le constat est pour lui sans      tions de travail. »                               la disposition d’appareils de mesures du bruit,    sont 30 000 m3 de roche qui doivent être
appel. « C’est invivable pour ceux et celles                                                            des vibrations ressenties et des émissions de      retirés, à l’explosif. Deux détonations sont
dont la fenêtre de bureau donne sur l’activité        Le bruit est une chose, les vibrations en         monoxyde de carbone. La Direction de la pré-       prévues par jour, une le matin et une le soir.
insupportable de cet immense marteau-                 sont une autre, pour l’étudiante en biologie      vention et de la sécurité a également élaboré
piqueur, précise-t-il. C’est mon cas. La rentrée      Roxanne Ducharme. « En face du vivarium,          un plan d’évacuation en fonction des travaux.      La mise en service du REM sera progressive.
est très difficile. »                                 il y a un endroit assez tranquille pour lire                                                         Pour l’instant, celle du segment entre la Rive-
                                                      et les vibrations vont jusque-là, raconte-        « Nous avons pu déplacer tous les cours            Sud et le centre-ville est annoncée par la
Pour la professeure adjointe au Département           t-elle. C’est assez désagréable, parce que        qui ont lieu [dans les salles] en façade du        ville pour l’été 2021. Le reste du réseau sera
de communication Kirstie McCallum, le                 non seulement tu sens les vibrations, mais        pavillon Marie-Victorin, précise la conseil-       progressivement mis en service jusqu’à l’été
constat est similaire. « Ce projet est impor-         tu entends aussi le bruit. » L’étudiante          lère principale et porte-parole de l’UdeM,         2023, selon le porte-parole de la Caisse de
tant, mais il est dommage qu’un déplacement           espère que les travaux ne seront pas trop         Geneviève O’Meara. Il n’y a donc plus de           dépôt et placement du Québec, Macky Tall,
collectif de recherche n’ait pas été pensé en         longs.                                            cours dans ces locaux. Certaines salles ont        qui est le principal investisseur du projet.

                                                                                                                                                                                                             Photo : Jean-Baptiste Demouy
                                                               Les coûts de construction du REM devraient dépasser les 6 milliards de dollars.

                                                                                      TRANSPORT

                         EN ROUTE VERS L’AVENIR
                    Les travaux du REM, un projet de métro électrique couvrant le Grand Montréal, battent leur plein depuis la mi-juillet
                                    aux abords de l’UdeM, avec comme promesse plus de mobilité pour le campus de la montagne.

                                                                                           PAR PATRI CE S ENÉCAL

Q    uatre minutes. C’est le temps que mettront
     les étudiants pour accéder au centre-ville
depuis le campus du Mont-Royal, d’ici quelques
                                                      portion d’usagers du transport collectif »,
                                                      estime le professeur à l’École d’urbanisme
                                                      et d’architecture à l’UdeM, Paul Lewis.
                                                                                                        nombreux, nuance-t-il. « Il serait surpre-
                                                                                                        nant que cela se fasse au détriment de
                                                                                                        l’automobile, à moins que le nombre de
                                                                                                                                                           de s’inscrire à l’UdeM lorsque le tout sera
                                                                                                                                                           en service », note la porte-parole de l’UdeM
                                                                                                                                                           Geneviève O’Meara.
années, rapporte le recteur de l’UdeM Guy             Ceux qui habitent dans l’ouest du Grand           places de stationnement ne soit diminué »,
Breton dans le carnet du recteur du 9 février         Montréal et aux abords des futures stations       croit le professeur.                               Le passage souterrain de la nouvelle station
2018. La nouvelle station du REM Édouard-             pourront notamment en profiter, avance                                                               nécessitera des travaux de forage et de dyna-
Montpetit, qui sera inaugurée en 2022, permet-        M. Lewis.                                         L’UdeM s’attend tout de même à une hausse          mitage. « Des changements sont à prévoir,
tra de relier l’Université aux deux couronnes de                                                        du nombre d’inscriptions, même si les projec-      mais ils pourraient mettre du temps à se
Montréal, à l’aéroport et à Ouest-de-l’Île.           La fréquentation des transports en com-           tions restent vagues. « Nous sommes d’avis         réaliser », explique M. Lewis. Mais pour le
                                                      mun ne serait pas nécessairement en               que les étudiants de la Rive-Sud ou Nord de        professeur, impossible de dire si l’aménage-
« Ouvrir une station du REM sur le campus             hausse, puisque les usagers du transport          Montréal qui étaient plutôt mal desservis pour     ment du campus sera influencé dans le futur
pourrait entraîner une hausse de la pro-              collectif en provenance du campus sont            se rendre sur la montagne pourraient décider       par ces perturbations.

Page 2 • Quartier L!bre • vol. 26 • no 2 • 19 septembre 2018
Seules ensemble - DOSSIER L'art branché - Quartier Libre
SOMMAIRE                                                                       COUVREZ CE TÉLÉPHONE
ÉDITO
Couvrez ce téléphone
que je ne saurais voir  . . . . . . . . . . . . . . 3
                                                                               QUE JE NE SAURAIS VOIR
                                                                                                                                         PAR THO M AS M ARTIN

CAMPUS

                                                             L
INFRASTRUCTURE                                                    e spectacle de la rentrée aura été une

                                                                                                                                                                                                                                                         Photo : Zacharie Routhier
Travaux et tracas  . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2                                                                                L’artiste Sarahmée a demandé aux spectateurs d’utiliser leur téléphone
                                                                  bonne expérience pour moi. Sans vrai-                                    pour éclairer la foule pendant le spectacle de la rentrée de l’UdeM.
TRANSPORT                                                    ment y être, j’ai pu assister à la retransmission
En route vers l’avenir  . . . . . . . . . . . . . . 2        via les réseaux sociaux. Je me demande si ça
PA R E N T H È S E                                           vaut encore la peine de sortir de chez moi…
Mieux partager l’espace  . . . . . . . . . . . . 4
                                                             L’artiste Eddie Maleterre cristallise assez bien
RECONNAISSANCE UNIVERSITAIRE                                 ma pensée (page 11). « Une photo d’une
Diplômée sans études  . . . . . . . . . . . . . 5            œuvre ça ne touche pas comme une œuvre »,
A L I M E N TAT I O N                                        résume-t-il. Comme regarder un spectacle à
De la diversité dans les assiettes  . . . . . 5              travers l’objectif de son téléphone finalement.
R É F O R M E D E L’ É VA L U AT I O N
Baisse de pression  . . . . . . . . . . . . . . . . . 8      Cette propension au partage me laisse néan-
                                                             moins perplexe. Est-ce que les participants
VIE ÉTUDIANTE
                                                             ont profité du spectacle ou voulaient-ils seu-
Parcours de combattantes  . . . . . . . . . . 9
                                                             lement signifier leur présence ?

DOSSIER CONNEXION                                            Difficile de savoir… mais il est désormais
EXPOSITIONS                                                  acquis que nos activités personnelles inté-
L’Art déco-nnecté  . . . . . . . . . . . . . 10-11           ressent le cercle élargi de nos connaissances !
A P P L I C AT I O N S M O B I L E S                         Au point de partager la moindre de nos inte-
App vitam aeternam  . . . . . . . . . . . 10-11              ractions pour les plus accrocs.

RECHERCHE                                                    De ce que j’en ai vu, le contenu du spectacle
Des données en poche  . . . . . . . . . . . . 12             fut bon et les chansons en français. Il faut
WEB                                                          peut-être en profiter, pour les défenseurs
Le nouvel «or noir» du                                       de la langue de Molière, avant que l’on ne
cyberespace  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13    préfère des artistes au répertoire anglo-
ÉLECTIONS                                                    phone (p. 17). Car l’anglais c’est plus cool. Et
Opération Séduction  . . . . . . . . . . . . . . 13          les jeunes comprennent qu’il est préférable                  l’UdeM en auraient besoin (p. 9). Pour l’art,           J’espère que l’apathie générale ne nous
                                                             d’aimer ce qui est tendance, si on souhaite se               j’en suis moins certain. Je ne sais pas si Marc         conduira pas vers le même type de dystopie
                                                             faire accepter.                                              Chagall avait prévu qu’un appareil auditif nous         imaginée par Terry Gilliam pour son chef-
SOCIÉTÉ
                                                                                                                          résumerait sa vie et décrypterait sa vision pen-        d’œuvre, Brazil.
ÉLECTIONS                                                    C’est bien d’amener la culture sur le campus.                dant que nous admirons ses toiles au musée
Les urnes d’ailleurs  . . . . . . . . . . . . . . . 14       L’art permet de voyager sans prendre l’avion                 Guggenheim de Bilbao.                                   Au Brésil justement, où les élections se
LIBERTÉ D’EXPRESION                                          (2 % des rejets mondiaux de CO2 sont émis par                                                                        déroulent également en octobre (p. 14). On a
Dire ou ne pas dire  . . . . . . . . . . . . . . . 14        les avions de ligne*, autant éviter). Ça élève               Mais l’art n’est-il pas d’abord une question            tous en tête le carnaval de Rio, le soccer et le
LANGUAGE                                                     les consciences et enrichit nos réflexions,                  d’interprétation personnelle ? Un moyen de              Corcovado. Mais le Brésil c’est aussi le second
L’accord des désaccords  . . . . . . . . . . . 15            permet ultimement de faire le bon choix                      faire réfléchir en laissant la liberté à chacun         producteur mondial de soja derrière les États-
                                                             quand une décision doit être prise. À l’occa-                d’y trouver sa propre signification ?                   Unis. Une culture qui a délesté le pays de
                                                             sion d’une élection, par exemple…                                                                                    100 000 km2 de forêt depuis près de 10 ans**.
CULTURE
                                                                                                                          Do Brasil !
STOP-MOTION                                                                                                                                                                       Les choses vont dans le bon sens. On va
                                                             L’art connecté
Du cinéma avec les mains  . . . . . . . . . 16                                                                            L’art est partout. Les élections provinciales           recréer le monde imaginé par l’ancien Monty
LANGUE                                                       La culture subit elle aussi des changements.                 québécoises ressemblent au synopsis d’un                Python ! Un univers lugubre où la technologie
Le français n’est plus à la mode  . . . . . 17               Alors, on se rend dans des musées connectés                  mauvais film de science-fiction. Dans un                et les technocrates permettent à l’humanité
                                                             (p. 10), où les œuvres sont numérotées pour                  monde de plus en plus menacé par les                    de survivre en vase clos. Un monde bruyant
SORTIES
                                                             ne surtout pas se perdre dans le chemine-                    changements climatiques, les deux partis                et en construction permanente. À l’image des
L’homme soulevé exposé  . . . . . . . . . . 18
                                                             ment artistique. Ce serait idiot de se laisser               politiques en tête des sondages trouvent                travaux du REM (p. 2).
Le FIL dans tous ses états  . . . . . . . . . . 18
                                                             guider par nos envies.                                       le moyen de se concentrer sur des débats,
MUSIQUE                                                                                                                   certes importants pour la société québécoise,                              * ompe.org, « L’avion : champion de la pollution ! »
Les Grands Vents cherchent                                   L’assistanat a cependant du bon et les mères                 mais loin des préoccupations environnemen-                            ** euronews.com, « Au Brésil, le soja chasse les forêts »,
un second souffle  . . . . . . . . . . . . . . . . 19        qui amènent leurs enfants sur le campus de                   tales.                                                                                                           29 août 2018

        Prochaine réunion de production : les mercredis 19 septembre et 3 octobre à 16 h 00 au local B-1274-6 du pavillon 3200, rue Jean-Brillant.

RÉDACTEUR EN CHEF                                                                                                                                           POUR NOUS JOINDRE                            Nos bureaux sont situés au :
Thomas Martin
redac@quartierlibre.ca                                                Quartier L!bre                                                                        Tél. : 514 343-7630
                                                                                                                                                            Courriel : info@quartierlibre.ca
                                                                                                                                                                                                         3200, rue Jean-Brillant
                                                                                                                                                                                                         (local B-1274-6)
CHEFS DE SECTION                                                                                                                                            Site web : www.quartierlibre.ca              Montréal (Québec) H3T 1N8
CAMPUS                                       Leïla Bengharbi, Juliette Bertin, Cindy Cyr, Maria Del Pilar Ansaldo, Jean-Baptiste Demouy, Chloé Dioré        Quartier Libre est le journal                Dépôt légal :
                                                     de Périgny, Emma Guerrero-Dufour, Isaline Hodecent, Jeanne Hourez, Nicolas Jeanneau,
Marianne Castelan                                   Liza Leblond, Éloise Martel-Thibault, Charlotte Morand, Hélène Poulain, Anna-Luna Rossi,                des étudiants de l’Université                Bibliothèque nationale du Québec
campus@quartierlibre.ca                                    Patrice Senécal, Marianne Sénéchal, Andrée-Anne Thériault, Cédric Thévenin                       de Montréal publié par Les                   Bibliothèque nationale du Canada
SOCIÉTÉ                                                                                                                                                     Publications du Quartier Libre,              ISSN 1198-9416
Zacharie Routhier                                                                                                                                           une corporation sans but lucratif            Tout texte publié dans Quartier
societe@quartierlibre.ca                  CORRECTEURS                             PHOTOGRAPHE                             INFOGRAPHE                        créée par des étudiants en 1993.             Libre peut être reproduit avec
CULTURE                                   Gustavo Basaldua                        Alpha Coulibaly                         Alexandre Vanasse                 Bimensuel, Quartier Libre est                mention obligatoire de la source.
Romeo Mocafico                            Gaëlle Varnier-Brunet                                                           PUBLICITÉ                         distribué gra­tui­tement sur­tout            PROCHAINE TOMBÉE
culture@quartierlibre.ca                                                          DIRECTRICE GÉNÉRALE                     Accès-Média | accesmedia. com     le campus de l’Université de                 24 septembre 2018
PHOTO DE LA UNE                           RÉVISEUR                                Marie Roncari                           IMPRESSION                        Montréal et dans ses environs.               PROCHAINE PARUTION
Alpha Coulibaly                           Julien Besse                            directeur@quartierlibre.ca              Hebdo-Litho                       Tirage de 6 000 exemplaires.                 3 octobre 2018

                                                                                                                                                                       Quartier L!bre • vol. 26 • no 2 • 19 septembre 2018 • Page 3
Seules ensemble - DOSSIER L'art branché - Quartier Libre
C A M P U S | PA R E N T H È S E

                  MIEUX PARTAGER L’ESPACE
   Le conseiller en biodiversité à l’UdeM, Alexandre Beaudoin, a conçu le projet Darlington. Il s’agit d’un corridor écologique reliant différents
        espaces verts dans l’arrondissement Côte-des-Neiges. Son but est désormais d’impliquer activement les citoyens dans son projet.

                                                                                              PAR I S ALI NE HO D ECENT

«C’         est un projet extrêmement épui-
            sant, parce qu’il repose beaucoup
sur mes épaules durant l’année, explique-t-il.
                                                     Dès le début du projet, Alexandre a voulu
                                                     impliquer les partenaires privés sur le site,
                                                     mais cela n’a pas toujours fonctionné. « Il y a
                                                                                                                  « J’ai questionné le directeur de l’arrondissement :
Je le porte tout seul. » Alexandre a lancé le        un hôpital et des écoles primaires, annonce-                 “Quand va-t-on considérer que le projet est
projet du corridor écologique Darlington             t-il. On voulait vraiment développer ces liens-là            terminé ? ” et il a dit : “Le jour où les citoyens
en 2014, après s’être investi dans la mise           au début du projet. Ils nous ont presque tous                s’occuperont eux-mêmes de leur espace”. »
en place du projet d’agriculture urbaine             fermé la porte. C’était vraiment dur parce qu’ils
P.A.U.S.E. (voir encadré) à l’UdeM.                  trouvaient ce projet-là un petit peu trop fou. »

Le corridor écologique évolue constamment,           Le projet prend de l’ampleur et intéresse
et ce, en fonction de la demande citoyenne.          désormais une école dans Côte-des-Neiges.
« On a un projet, on propose un tracé, raconte       « Enfin, une école nous a démarchés, se réjouit
Alexandre. Après ça, on fait des consulta-           Alexandre, sans préciser laquelle. Une des
tions citoyennes. C’est en fonction du besoin        meilleures portes d’entrée qu’on peut avoir,
citoyen qu’on va apporter des éléments sup-          c’est de travailler avec les enfants. On peut
plémentaires. » Par exemple, si les citoyens         faire des plantations d’arbres, on peut conce-

                                                                                                                                                                                                          Photo : Alpha Coulibaly
disent qu’ils ne veulent pas voir davantage de       voir des projets avec eux dans les classes. »
jardins, il ne va pas en construire plus, mais       Séduite par le corridor écologique, l’école
plutôt s’orienter vers une autre idée.               souhaite lancer un projet avec Alexandre.

Un parc canin, dernier projet en date, est           Objectif Ville de Montréal
actuellement en construction sur le cor-
ridor Darlington. Alexandre explique que             « Mon prochain objectif est d’aller chercher
la demande est ressortie des consultations           la ville centre * », déclare Alexandre, qui
publiques de 2017. « On le réalise pour              convoite une surface gazonnée appartenant à
satisfaire les besoins de la population »,           la mairie de Montréal. Pour pouvoir en béné-
précise-t-il. Si l’objectif est de répondre à la     ficier, il faudrait que cette dernière s’implique
demande citoyenne, il est important pour le          dans le projet. « Tant que je n’ai pas un appui
conseiller que le projet se porte de lui-même.       de la ville centre, je ne pourrai rien faire sur
« J’ai questionné le directeur de l’arrondis-        cet espace-là », précise Alexandre, qui a déjà
sement : “Quand va-t-on considérer que le            quelques idées, par exemple planter des
                                                                                                                                                                          Alexandre Beaudoin
projet est terminé ?” et il a dit : “Le jour où      arbres fruitiers ou construire un petit jardin.                                                               Conseiller en biodiversité à l’UdeM.
les citoyens s’occuperont eux-mêmes de leur                                        *NDLR Mairie de Montréal
espace ”», se rapelle Alexandre.
                                                        CORRIDOR ÉCOLOGIQUE
Des financements privés
Pour le conseiller en biodiversité, le finance-         Un corridor écologique est une zone de passage connectant des réservoirs de biodiversité et permettant aux espèces de se déplacer. Le
ment de l’arrondissement Côte-des-Neiges                corridor écologique Darlington s’étend sur 2,5 km. Il relie le Mont-Royal au Campus Outremont. Depuis 2014, des bacs géants ont été mis à
est indispensable afin que le projet continue           disposition des citoyens pour jardiner, des forêts nourricières ont été créées et différentes variétés d’arbres fruitiers ont été plantées.
d’avancer. « On a une bonne relation avec l’ar-
rondissement, indique-t-il. La mairie nous a            LE PROJET P.A.U.S.E.
fourni la main-d’œuvre avec les salaires, mais
on n’a que l’emprise publique avec elle. Il faut        Le projet Production agricole urbaine soutenable et écologique (P.A.U.S.E.) a été créé en 2011 par Alexandre, lorsqu’il était étudiant à la
vraiment aller chercher la privée. » Il explique        maîtrise à l’UdeM. Il regroupe une cinquantaine de jardiniers étudiants et employés de l’UdeM, qui font de l’agriculture en bacs, de la myci-
en avoir besoin sous la forme d’accords avec            culture (culture de champignons) et de l’apiculture (production de miel). Verdir les espaces bétonnés et valoriser la biodiversité font partie
des propriétaires privés, pour pouvoir exploi-          de ses principaux objectifs.
ter de nouveaux terrains.

Page 4 • Quartier L!bre • vol. 26 • no 2 • 19 septembre 2018
Seules ensemble - DOSSIER L'art branché - Quartier Libre
Photo : Pxhere.com
            C A M P U S | R E C O N N A I S S A N C E U N I V E R S I TA I R E

                                   DIPLÔMÉE SANS ÉTUDES
                                                              L’UdeM a récemment décerné un doctorat honoris causa à la femme politique et militante
                                                                              autochtone Michèle Audette. Délivrée à l’UdeM depuis 1920, cette récompense
                                                                                                               couronne une carrière reconnue à l’échelle internationale.

                                                                                                                                                                     PA R N IC OLA S J EA N N EA U

R    emarquée pour son
     implication dans diverses
causes sociales, Michèle Audette
a reçu son doctorat honoris causa avec
émotion, lors de la collation des grades
de la Faculté des arts et des sciences le
28 août 2018. « Je ne m’y attendais pas du
tout, mais j’étais très excitée et j’ai versé
beaucoup de larmes, car c’est sans doute
la plus grande reconnaissance qu’on m’ait

                                                   «
témoignée », raconte la défenseure des
droits des femmes autochtones.
                                                                  Je ne m’y attendais pas du tout,
Dernière distinction en date, cette nomi-                         mais j’étais très excitée et j’ai versé
nation honorifique illustre la continuité
d’une longue tradition qui unit l’UdeM                            beaucoup de larmes, car c’est sans doute la
et ses lauréats depuis 1920. « En entrant
                                                                  plus grande reconnaissance qu’on m’ait témoignée »
dans la grande famille de l’UdeM, ces gens
deviennent de véritables ambassadeurs de
                                                                  Michèle Audette
notre université et font ainsi rayonner notre                     Femme politique et militante autochtone
établissement au Québec, mais aussi à l’ex-                                                                                                                  Elle précise
térieur des frontières » se réjouit la porte-                                                                                                                également qu’un
parole de l’UdeM, Geneviève O’Meara.                                                                                                                         politicien doit être revenu
                                                   domaine d’activité particulier. Personne                 suivi des études supérieures. « Nous venons      à des activités non politiques pour
Un honneur sans équivalent                         n’y postule de sa propre initiative, car                 d’horizons divers, car l’Université a tenu       être éligible. « Les personnalités retenues
                                                   c’est l’Université elle-même qui sollicite               à voir représentés dans cette cérémonie          peuvent venir de la communauté universi-
Le site Internet de l’Université indique que       les candidats de son choix. La spécificité               des aspects complémentaires du savoir »,         taire internationale ou de la société civile,
cette remise manifeste la reconnaissance           de ce doctorat tient aussi au fait que le                souligne le professeur au collège de France      peuvent être des écrivains, des artistes, des
de la communauté universitaire envers la           récipiendaire n’est pas tenu d’appartenir                Serge Haroche, récipiendaire d’un doctorat       gens d’affaires par exemple », poursuit-elle.
contribution d’une personnalité dans un            au monde universitaire, ni même d’avoir                  honoris causa de l’UdeM en 2014.                 Là encore, les directives du protocole
                                                                                                                                                             indiquent que l’UdeM aspire à l’équilibre
                                                                                                            La voie du protocole                             dans la représentation des domaines d’ac-
                                                                                                                                                             tivité. La liste est ensuite soumise par le
                           A L I M E N TAT I O N                                                            Pour encadrer la procédure de sélection          recteur au Conseil de l’Université, chargé de
                                                                                                            des candidats, l’Université suit des critères    retenir certains noms.

       DE LA DIVERSITÉ                                                                                      consignés dans un guide relatif aux choix des
                                                                                                            docteurs honoris causa, disponible parmi les
                                                                                                            documents en ligne du secrétariat général.
                                                                                                                                                             La procédure s’achève lorsque le recteur
                                                                                                                                                             informe les candidats de leur nomination.

     DANS LES ASSIETTES
                                                                                                            Sur invitation de ce dernier, des propositions   La présence du candidat lors de la cérémo-
                                                                                                            de candidatures proviennent de différents        nie officielle demeure obligatoire, au risque
                                                                                                            responsables, comme le recteur ou les direc-     d’annuler tout le processus. « Certaines
                                                                                                            teurs de département.                            candidatures échouent, soit parce que la
Avec le concours de Chabad Université de Montréal, le restaurant                                                                                             personne n’est pas intéressée, soit parce
Local Local propose depuis la rentrée des repas casher à prix                                               Suivant cette base de données, le Comité         qu’aucune date ne peut être identifiée pour
abordable pour les membres de la communauté juive.                                                          des doctorats honoris causa de l’UdeM,           la remise », précise encore Mme Margot.
                                                                                                            qui se réunit autour du 15 octobre, établit
                                     PAR JE ANNE H OU R E Z
                                                                                                            une liste de candidats potentiels, tout en       Comme l’explicite la page dédiée sur le site
                                                                                                            consultant au besoin les facultés concer-        Internet, le doctorat honorifique compte
                                                                                                            nées. « La tâche des membres du Comité est       ainsi parmi les traditions que la commu-
                                                                                                            de se pencher sur la valeur des candidatures     nauté universitaire entretient avec le plus

L   e restaurant universitaire a installé
    depuis début septembre un réfrigé-
rateur où sont proposés des « plats du
                                                  D’après Mme O’Meara, comme les produits
                                                  casher sont disponibles dans des épiceries,
                                                  il n’a pas été compliqué d’introduire ce ser-
                                                                                                            par l’examen du CV et de recommander le
                                                                                                            candidat ou la candidate à l’Université si
                                                                                                            il ou elle mérite de recevoir cet honneur »,
                                                                                                                                                             grand soin. La liste consultable en ligne
                                                                                                                                                             laisse voir que le nombre de lauréats varie
                                                                                                                                                             sensiblement selon les années, comme le
monde » avec notamment des choix végé-            vice à l’UdeM. Elle explique que les repas                détaille la professeure titulaire et membre      montre l’écart entre les 8 sélectionnés de
tariens, des sushis et des produits casher.       de la gamme « plats du monde » sont pré-                  dudit comité Joëlle Margot.                      2016 et les 24 de 2009.
La porte-parole de l’UdeM, Geneviève              parés par un fournisseur, choisi sur appel
O’Meara, précise que l’Université y a vu          d’offres. Certains produits spécifiques, dont
une occasion de répondre à un besoin. « Il        plusieurs produits casher, peuvent être                    GALERIE DES ORIGINAUX
y a une communauté juive sur le campus            approvisionnés par d’autres prestataires.
et nous avons pensé qu’il serait intéressant
de lui proposer une offre alimentaire »,          En ce qui concerne les prix, ils devraient                 Certains lauréats se distinguent par leur originalité. L’ancien joueur de hockey sur
explique-t-elle.                                  être équivalents aux produits non casher.                  glace Jean Béliveau a reçu un doctorat honorifique de l’Université Laval en 2008.
                                                  « Nous souhaitons offrir des options éco-                  L’Université François Rabelais de Tours a nominé les quatre chefs cuisiniers Martin
Cette démarche ne fait pas suite à des            nomiques. Donc les prix des repas casher                   Berasategui, Kiyomi Mikuni, Philippe Rochat et Pierre Wynants en 2013. Quant
pressions de groupes de l’UdeM, tient à           sont semblables aux prix des autres repas »,               à la romancière J.K. Rowling, elle bat tous les records en cumulant les doctorats
signaler la porte-parole. « Elle s’inscrit dans   insiste Mme O’Meara. Les sandwichs casher                  honorifiques de cinq universités britanniques (Exeter, Édimbourg, Saint Andrews,
une offre alimentaire globale, que nous           sont vendus 6 $ tandis que les « plats du                  Napier, et Aberdeen).
souhaitons ouverte sur le monde. »                monde » sont affichés à 6,40 $.

                                                                                                                                                     Quartier L!bre • vol. 26 • no 2 • 19 septembre 2018 • Page 5
Seules ensemble - DOSSIER L'art branché - Quartier Libre
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                                                    Francis Prévost
                                                    COORDONNATEUR AUX AFFAIRES EXTERNES
                                                    externe@faecum.qc.ca

                                                    À L’UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL, ON VOTE !

          Le 1er octobre prochain, étudiantes et étudiants seront appelés aux urnes        Par ailleurs, la FAÉCUM a abordé ces questions avec les représentants et les
          pour les élections provinciales. Comme vous représentez désormais le tiers       représentantes des ailes jeunesse de chacun des partis, en plus d’avoir eu
          de l’électorat, une proportion aussi significative pour l’une des rares fois     la chance d’en discuter avec les porte-paroles en matière d’enseignement
          dans son histoire, c’est d’autant plus important de se faire entendre !          supérieur pour les partis soit Gabriel Nadeau-Dubois (QS), Hélène David
                                                                                           (PLQ), Carole Poirier (PQ) et Jean-François Roberge (CAQ). Peut-être
          Toutefois, les données sont probantes : environ 50 % des 18-34 ans est           aurez-vous vu les affiches ou les tracts des deux campagnes circuler sur
          allé voter aux dernières élections, certains et certaines invoquant le           le campus ou les médias sociaux !
          cynisme politique ambiant, d’autres le manque de temps, pour expliquer
          qu’ils et qu’elles n’ont pas voté. Pourtant, saviez-vous que des bureaux         POUR UN VOTE ÉCLAIRÉ
          de scrutin seront installés dans les différents pavillons de l’UdeM (même
                                                                                           En collaboration avec l’Université de Montréal, plusieurs activités ont été
          ceux délocalisés) les 21, 25, 26 et 27 septembre ? Vous pourrez y voter,
                                                                                           organisées pour vous permettre de faire un choix éclairé le 1er octobre (ou
          peu importe votre circonscription, pour autant que vous soyez inscrits
                                                                                           avant) prochain. En plus de la rencontre avec Jean-François Lisée, chef du
          et inscrites sur la liste électorale. Pas d’excuse, donc, pour ne pas vous
                                                                                           Parti Québécois, qui a eu lieu le 11 septembre, et le débat des représentants
          présenter entre deux cours !
                                                                                           et des représentantes des ailes jeunesse le 17 septembre, une rencontre
                                                                                           est prévue sur le campus avec Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole
          LA FAÉCUM ET L’UNION ÉTUDIANTE DU QUÉBEC,                                        de Québec Solidaire, le 24 septembre prochain. Vous pouvez poser vos
          PORTEUSES DE REVENDICATIONS                                                      questions de plusieurs façons : en remplissant le document Google à
          Comme à chacune des élections, peu importe le palier de gouvernement,            cet effet ; via Twitter, avec le #umontrealvote ; ou directement dans les
          la FAÉCUM et l’Union étudiante du Québec (UEQ) se mobilisent pour faire          commentaires de la retransmission de la conférence sur la page Facebook
          valoir certaines revendications spécifiques à la condition étudiante et voir     de l’Université de Montréal. Rejoignez l’événement Facebook pour les
          de quelles façons les partis en lice se positionnent sur ces enjeux.             détails, et ne ratez pas cette occasion de l’entendre sur les sujets
                                                                                           qui vous intéressent.
          Cette année, deux campagnes ont été lancées par l’UEQ, et appuyées
          par la FAÉCUM : une campagne visant à pousser certaines demandes                 Le 1er octobre, défie la tangente et viens voter !
          (#EleveTonQuebec), par le biais d’un comité de travail spécifique (CTS-
          RÉÉQ), et une campagne pour la sortie de vote (« La force est dans le
          nombre »). D’ailleurs, les associations étudiantes membres de la FAÉCUM
          ont adopté une plateforme de revendications en février dernier, qui a par
                                                                                           PAVILLONS AVEC BUREAUX DE SCRUTIN
          la suite été portée par la Fédération auprès de l’UEQ et des partis.
                                                                                           › Pavillon 3200, rue Jean-Brillant        › Campus de Laval
          Les revendications émanant de cette campagne touchent principalement
          à la compensation des stages, l’annulation de la dérèglementation des frais      › Pavillon Roger-Gaudry                   › Campus de Saint-Hyacinthe
          de scolarité pour les étudiantes et les étudiants internationaux et la mise en
          place d’une campagne de lutte et de sensibilisation aux problèmes de santé       › Pavillon Marie-Victorin                 › Campus de Longueuil
          psychologique, en plus d’avoir des demandes relatives à l’augmentation                                                       (Édifice Port-de-Mer)
          du financement des services et de la recherche pour les étudiants
          et les étudiantes.

         LES 21, 25, 26, 27 SEPTEMBRE
         PROCHAINS, ON VOTE
         À L’UDEM !

          FA E C U M .Q C .C A
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Seules ensemble - DOSSIER L'art branché - Quartier Libre
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Seules ensemble - DOSSIER L'art branché - Quartier Libre
C A M P U S | R É F O R M E D E L ’ É VA L U AT I O N

                                           BAISSE DE TENSION
                         Depuis la rentrée, les étudiants de première et de deuxième année en médecine à l’UdeM ne sont plus notés.
                                      Ils ont, dorénavant, uniquement la mention « succès » ou « échec » sur leur relevé de notes.

                                                                                        PAR M ARI ANNE S ÉNÉCHAL

P     our la vice-doyenne aux études médi-

                                                                                                                                                                                                          Photo : Pixabay.com
      cales de premier cycle et docteure en              Selon l’Association médicale canadienne, 14 % des étudiants en médecine ont déjà eu des pensées suicidaires.
médecine, Geneviève Grégoire, la mention
« succès » ou « échec » a été instaurée dans
l’optique de favoriser le bien-être étudiant
ainsi que la formation globale des futurs
médecins du Québec. « La littérature nous
rapporte que le passage à un mode de nota-
tion réussite ou échec diminue la compéti-
tion entre étudiants et augmente l’entraide
et le travail en équipe, souligne-t-elle. Les
étudiants développent leur autonomie et
l’automotivation pour apprendre comment
prendre soin de leurs futurs patients, plutôt
que de viser la note maximale à l’examen. »

Pour l’étudiante en année préparatoire
Anne-Sophie Eymard, c’est un changement
qu’elle a hâte de vivre l’an prochain. « Mon
impression est que nous allons être moins
stressés, parce qu’il y aura moins de com-
pétition entre les élèves, espère-t-elle. Je
pense que nous allons quand même recher-
cher la réussite et l’acquisition de nouveaux
savoirs, mais ce sera par une motivation
intrinsèque plutôt que par désir de se
prouver par rapport aux autres étudiants. »
Anne-Sophie espère que l’atmosphère de                Amélia a le sentiment que cette réforme          pour des recherches, ou encore pour parti-       notamment inclure l’expérience de l’étudiant
travail sera plus conviviale et propice à             encouragera l’esprit de coopération entre les    ciper à des activités sociales et sportives de   en recherche, une entrevue, des lettres de
l’apprentissage.                                      étudiants, en rendant le tout moins stressant.   l’Université.                                    recommandation et les commentaires des
                                                      « Dans mon quotidien, le changement de                                                            superviseurs de stages à l’externat, précise
Elle a déjà connu la notation sous la forme           notation me permet de consacrer mon étude        Une sélection repensée                           la professeure agrégée.
« succès » ou « échec » dans un cours pré-            à la compréhension des concepts médicaux
cédent et la recommande. « J’ai trouvé que            importants plutôt qu’à la mémorisation           La principale source d’incertitude de ces        Ce changement de mentalité et de priorités
c’était dans ces simulations que j’apprenais          d’informations moins pertinentes », partage      étudiantes face à cette réforme concerne         s’avérera positif selon Amélia. « Je n’ai pas
le plus, puisque je ne ressentais pas autant          l’étudiante.                                     le processus d’entrée en spécialité. La vice-    vraiment d’inquiétudes par rapport aux
de stress de performance », se rappelle                                                                doyenne informe que les notes des étudiants      entrevues pour la résidence [spécialisa-
l’étudiante.                                          Anne-Sophie espère vivre la même chose l’an      n’ont plus d’importance lors de la compé-        tion], raconte-t-elle. Au contraire, puisque
                                                      prochain. « Dans mon quotidien, j’espère que     tition pour l’entrée en spécialité. Certains     les notes ont beaucoup moins d’impor-
Un quotidien moins stressant                          cela va changer l’environnement stressant,       qui se seraient démarqués par leurs notes        tance, ce sont plutôt l’implication et le
                                                      qui est souvent présent en médecine. » Elle      devront maintenant se démarquer par leur         développement des compétences humaines
L’étudiante en première année de médecine             ajoute avoir été témoin de certains effets       implication.                                     et sociales des étudiants qui prennent le
Amélia Lamontagne voit ce changement de               occasionnés par une atmosphère angoissante                                                        devant. » L’étudiante souligne que la nou-
manière positive. « Je pense que c’est une            en classe. Parmi ceux-ci, des comportements      Selon la Dre Grégoire, les programmes de         velle notation la rassure beaucoup quant
excellente initiative de la part de la faculté, se    solitaires ainsi qu’une anxiété liée à la per-   spécialisation se sont déjà préparés à ce        à la qualité des futurs médecins, qu’elle
réjouit-elle. Ça reflète un changement majeur         formance chez les étudiants. Anne-Sophie         changement et examineront différemment           estime moins centrés sur la compétition
et nécessaire dans la conception des études en        souhaite également que ce changement lui         les candidatures. « Chaque programme             et davantage sur les qualités sociales et
médecine et de ce qui est attendu des futurs          permette d’avoir plus de temps libre pour        est responsable de l’étude des dossiers des      relationnelles.
médecins. »                                           s’impliquer dans les milieux hospitaliers,       postulants, informe-t-elle. Les programmes
                                                                                                       donnant une pondération aux résultats            L’UdeM et l’Université Laval sont les deux der-
                                                                                                       littéraux devront pondérer autrement les         nières universités au Canada ayant effectué
                                                                                                       dossiers des candidats, en tenant compte         cette transition, à la rentrée 2018, dans leur
                                                                                                       d’autres critères. » Ces derniers pourront       programme de médecine.

                                                                                                         L’ANNÉE PRÉPARATOIRE TOUJOURS NOTÉE

                                                                                                         La docteure et vice-doyenne aux études médicales de premier cycle, Geneviève Grégoire,

    Dr Jeffrey H. Tenser,                                      ASEQ acceptée.                            explique que le changement du système de notation a été effectué pour les deux pre-
                                                                                                         mières années de médecine. En ce qui concerne les étudiants de l’année préparatoire du
    B.Sc., D.D.S.                                              Nous complétons                           programme, la « prémed », ces derniers sont toujours notés de la manière traditionnelle.
                                                               la couverture                             Cette année préparatoire n’est pas sélective, c’est-à-dire que la quasi-totalité des étu-
    Chirurgien dentiste
                                                               de l’ASEQ                                 diants vont rentrer en première année.
                                                               Cadeau pour tout
                                                               nouveau cllient.                          Selon la professeure agrégée, la raison est que la première année repose sur la nature
    CONTACTEZ NOUS                                                                                       des apprentissages faits lors de l’année préparatoire. « Nous ne pouvons pas apporter
    5885 Côte des Neiges, suite 509                                                                      l’argument majeur que nous avons mis de l’avant pour le passage de “succès” ou “échec”,
    Montréal, Québec H3S 2T2                         www.drjeffreytenser.com                             c’est-à-dire l’approche par compétences, développe-t-elle. Ainsi, nous n’aurions pas les
    514 737-9367                                     info@drjeffreytenser.com                            arguments pour convertir l’évaluation de l’année préparatoire en “succès” ou en “échec”. »

Page 8 • Quartier L!bre • vol. 26 • no 2 • 19 septembre 2018
Seules ensemble - DOSSIER L'art branché - Quartier Libre
CAMPUS | VIE ÉTUDIANTE

        PARCOURS DE COMBATTANTES
                                             Étudier avec un enfant en bas âge n’est pas simple pour les parents-étudiants de l’UdeM.
                L’absence de réglementation et un manque d’installations dédiées peuvent rendre la tâche difficile aux jeunes mamans.

                                                                                         PAR JEAN-BAPTI S TE D EM O UY

«J      e suis venue avec ma fille et j’ai allaité

                                                                                                                                                                                                                   Photo : Alpha Coulibaly
        en public à l’Université, rapporte
l’étudiante au baccalauréat en histoire de
l’art Mélissa Sénésac. Personne n’a émis de
jugement et des gens m’ont même félicitée. »

«             J’ai essayé d’amener
              ma fille de deux mois
              en classe, mais ça a
              été un échec. Je suis
              sortie par gêne, car
              elle faisait du bruit et
               j’ai loupé mon cours.
              Mon professeur
              a été compréhensif
              et m’a rassurée. »

              Valeriya Belskikh
              Étudiante au baccalauréat en physique

L’étudiante raconte qu’elle fait partie du
groupe Facebook Parents-Étudiants UdeM,
qu’elle considère comme une importante
ressource. Par l’intermédiaire de cette plate-
forme, Mélissa pose ses questions concernant
ce qu’il est possible de faire ou non dans l’en-
ceinte de l’UdeM, comme amener son enfant
en classe, allaiter, tirer son lait, et en profite
pour partager ses expériences avec d’autres
parents dans la même situation. « J’y trouve
conseils et réconfort, s’enthousiasme-t-elle.
C’est merveilleux et je me sens à ma place. »

Un vide institutionnel
                                                                               Selon Statistiques Canada en 2017, 29% des femmes âgées de 18 à 34 ans allaitaient leur enfant
Allaiter à l’Université s’est avéré compliqué                                      pendant au moins six mois. Cette proportion passe à 40% chez les mères de 35 à 49 ans.
pour l’étudiante au baccalauréat en physique
Valeriya Belskikh. « J’ai essayé d’amener ma          À la suite de cette mésaventure, l’étudiante        prévenir. Une autre solution, quand le bébé        est une extension de ce droit, déclare l’étu-
fille de deux mois en classe, mais ça a été un        a cherché à se renseigner sur les infrastruc-       est inscrit à la garderie, c’est de nous fournir   diante au microprogramme en statistiques
échec, raconte-t-elle. Je suis sortie par gêne,       tures existant à l’UdeM. « Je n’ai aucune           du lait maternel congelé pour le nourrir au        sociales Émilie Noël. À mon premier cours,
car elle faisait du bruit et j’ai loupé mon cours.    connaissance des mesures mises en place par         besoin. » La FAÉCUM et Le Baluchon offrent un      j’ai averti ma classe que je comptais tirer mon
Mon professeur a été compréhensif et m’a              l’UdeM pour les mamans allaitant leur enfant,       service de garde en fonction des besoins, en       lait et tout le monde a accepté naturellement,
rassurée. »                                           indique-t-elle. Je ne crois pas qu’il y en ait. »   proposant aux parents des horaires flexibles.      professeur compris », raconte-t-elle.

                                                      Selon la porte-parole de l’UdeM, Geneviève          Toutefois, M me Lessard met en garde les           Au début, par pudeur, elle admet ne l’avoir
                                                      O’Meara, il n’y a pas de position institution-      parents face aux défis que représentent le         fait que pendant les pauses, mais rapidement
  LE TABOU                                            nelle sur l’allaitement. L’UdeM n’encadre           monde étudiant et la parenté. « Le temps en        Émilie a pris confiance en elle. « Je peux tirer
                                                      pas cette pratique. « Nous n’avons pas eu           cours devrait être consacré aux études, et un      mon lait deux à trois fois pendant le cours,
                                                      de demandes spécifiques à ce sujet, détaille-       enfant ne peut rester inactif pendant trois        précise-t-elle. Je l’ai fait aussi à la cafétéria
  Selon un sondage Léger effectué du 21               t-elle. Si cela était le cas, nous serions prêts    heures, avertit-elle. La solution la plus viable   et je n’ai jamais eu de remarques ou quoi
  au 24 avril 2018, 83 % des Canadiens                à les étudier. Les tables à langer que vous         est de l’inscrire en garderie en fonction de ses   que ce soit. »
  estiment qu’il est socialement accep-               trouvez dans les salles de bain découlent           cours. » Pour la directrice, étudier représente
  table qu’une mère allaite son enfant                directement de ce procédé. »                        déjà un défi en soi et la présence d’un enfant     C’est durant la session qu’elle a découvert
  dans un lieu public. À l’échelle du pays, le                                                            pourrait être source de distraction.               l’existence d’endroits dédiés aux jeunes
  Québec est la province la plus tolérante            Solutions sur le campus                                                                                mères, mais leur nombre limité l’a dissuadée
  envers l’allaitement en public, avec 86 %                                                               Droit inaliénable                                  d’y recourir. « Je ne les utilise qu’à l’occasion
  d’opinions favorables. L’Alberta est la             « On propose aux parents de venir allaiter                                                             avec bébé pour avoir un peu de calme »,
  province la plus réticente avec seule-              librement, indique la directrice de la halte-       L’allaitement est un droit inaliénable protégé     explique Émilie. Elle ajoute ne pas avoir envie
  ment 76 % de réponses positives.                    garderie Le Baluchon, Anne Lessard. La porte        par la Charte canadienne des droits et liber-      de se cacher, ni pour allaiter ni pour tirer son
                                                      est toujours ouverte, à condition de nous           tés. « Si allaiter est mon droit, tirer mon lait   lait, et ce au sein de l’Université ou non.

                                                                                                                                                    Quartier L!bre • vol. 26 • no 2 • 19 septembre 2018 • Page 9
Seules ensemble - DOSSIER L'art branché - Quartier Libre
DOSSIER CONNEXI

                                                                                   L’ART DÉCO
Les expositions font peau neuve et se modernisent pour offrir une
expérience différente à leurs visiteurs. De nouvelles installations
numériques voient le jour pour permettre au public de profiter
                                                                                                                                                                                                          Les Beaux-Arts comme le Centre Phi
pleinement des œuvres exposées.                                                                                                                                                                     tentent de développer le lien entre les visiteurs
                                                                                                                                                                                                      et les œuvres grâce à des outils connectés.
                                        PAR L E ÏL A BE NGH AR BI

                                                                                                          Photo : Courtoisie Centre Phi | Sandra Larochelle
      Le Centre Phi présente régulièrement des installations à la pointe de la technologie.

À     l’instar du Musée des beaux-arts et du
      Centre d’exposition de l’UdeM, de nom-
breux sites offrent désormais des services
                                                      sont une passerelle pour l’art. « Nous utilisons
                                                      la technologie à titre d’outil accompagnateur
                                                      pour expérimenter les œuvres, précise-t-elle.
connectés dans leurs enceintes. Que ce soit à         Elle ne viendra pas empiéter sur l’art, mais au
l’aide de tablettes, d’écouteurs ou d’écrans, la      contraire elle viendra le valoriser davantage. »
technologie est fortement présente au milieu
de l’art et elle lui est utile, comme le confirme     Un accès plus élaboré et privilégié aux œuvres
la chargée des relations médias du Musée des          est créé. L’interaction avec l’exposition
beaux-arts de Montréal, Patricia Lachance.            n’est pas rompue, elle est décuplée, assure
« Parmi les prestations numériques que l’on           Mme Rouleau. « Ces plateformes permettent
offre, nous avons également développé une             de décloisonner le musée et de rapporter un
application permettant aux élèves de secon-           peu de ces œuvres dans son téléphone intelli-                                                                         A P P L I C AT I O N S M O B I L E S
daire de visiter le musée à l’aide d’un parcours      gent », ajoute-t-elle. Les outils connectés sont

                                                                                                                                                                  APP VITAM AETERNAM
virtuel, explique-t-elle. C’est une autre façon       utilisés dans un contexte d’apprentissage et
très ludique d’aborder l’art. »                       de démocratisation du domaine artistique.

Démocratisation                                       Compatibilité                                                                                           Une application pour faire l’épicerie, une pour rappeler l’heure
Selon Mme Lachance, la technologie est apte           D’après la gestionnaire numérique des expo-                                                             de l’entraînement, une autre pour s’orienter dans la ville…
à séjourner parmi les œuvres. Au-delà d’une           sitions, une trop forte utilisation de ces tech-
                                                                                                                                                              De nouvelles applications mobiles apparaissent au fur et à mesure
meilleure compréhension, ces installations            nologies ne risque pas de prendre le dessus
permettent à un public plus large d’apprécier         sur les expositions et peut être complètement                                                           que les développeurs déterminent de nouveaux besoins. Une
la visite, précise la représentante du musée.         compatible avec l’art. « Le numérique peut                                                              stratégie qui contribue à garder les utilisateurs connectés.
« Pour nous, les plateformes numériques per-          s’avérer utile à des fins de vulgarisation ou
mettent vraiment de sortir les œuvres de leur         pour rendre une exposition plus accessible »,                                                                                          PA R A N DRÉE- A N N E THÉRIA ULT
contexte et de démocratiser l’art, affirme-t-elle.    explique l’étudiante en DESS arts, création et
Le public peut apprendre et réfléchir autour des      technologie à l’UdeM Nina Poulain.
collections. C’est un vecteur d’apprentissage et                                                                                                              Pour les développeurs d’applications             à un match de football, on pourra lui en
un outil de compréhension simplifié. »                Pour elle, qui mêle technologie et art quo-                                                             mobiles, l’intelligence artificielle est deve-   suggérer davantage. »
                                                      tidiennement, ces deux sujets sont complé-                                                              nue un outil primordial afin de connaître
Développer l’art                                      mentaires. Il n’y a plus de frontière fermée                                                            les préférences des usagers, estime la           La géolocalisation
par la technologie                                    entre le numérique et l’art. « En utilisant un                                                          stratège expérience client et utilisateur,
                                                      média plus “contemporain”, on peut se sentir                                                            Chanel Fournier. « On utilise l’intelligence     Selon le professeur au Département
Dans cette optique d’innovation et de                 plus investi par une exposition, affirme Nina.                                                          artificielle pour être capable de prévoir        de génie informatique et génie logiciel
connexion, l’ambition du Musée des beaux-arts         Selon moi, le numérique est tout à fait compa-                                                          ce qui sera intéressant pour un étudiant         de Polytechnique Montréal Alejandro
de Montréal est de développer un lien entre           tible avec l’art et ne prendra pas le dessus, car                                                       en fonction de ce qu’il fait sur l’applica-      Quintero, savoir où se trouvent les clients
les visiteurs et les œuvres grâce aux nouvelles       il fait partie du domaine des arts. » Les écrans                                                        tion, souligne celle qui œuvre chez Ready        potentiels multiplie les possibilités de
technologies. Pour la gestionnaire numérique          et tablettes présents dans les expositions ont                                                          Education, une entreprise concevant des          publicité et de promotion, et c’est ce que
du musée, Rebecca Rouleau, ces méthodes               donc leur place, d’après l’étudiante.                                                                   applications pour les universités. S’il va       permet la géolocalisation. « Google Maps

Page 10 • Quartier L!bre • vol. 26 • no 2 • 19 septembre 2018
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