Spécial Photo 2020: un Bal masqué - n 284/bis la revue internationale de la DANSE - BALLET2000
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FRANCE n° 284/bis • la revue internationale de la DANSE Spécial Photo 2020: un Bal masqué n° 284/bis • uméro digital hors-série • diffusion gratuite 1
Directeur - rédacteur en chef Alfio Agostini Collaborateurs Erik Aschengreen la revue internationale de la danse Leonetta Bentivoglio édition FRANCE Donatella Bertozzi Valeria Crippa Clement Crisp Gerald Dowler Marinella Guatterini Elisa Guzzo Vaccarino Marc Haegeman Anna Kisselgoff Dieudonné Korolakina Kevin Ng Jean Pierre Pastori En couverture, Martine Planells Ayaka Fujii, Roger Cuadrado , Olga Rozanova Ballet National Tchèque: Roger Salas “Mask Duet”, c. Douglas Lee Sonia Schoonejans (ph. S. Gherciu) v. page 25 René Sirvin Lilo Weber Rédacteur principal Cristiano Merlo Traductions Simonetta Allder Cristiano Merlo Services d’édition, graphique, web Luca Ruzza Publicité Les photos de l’été virtuel, en regardant plus loin pub@ballet2000.com Chargée de communication et publicité Anne-Marie Fourcade 06.99.55.96.52 Le dernier numéro de BALLET2000 était le 284, daté de février 2020. Dans son édito, nos prévisions amfourcade@ballet2000.com ont été démenties peu après par la fermeture de toutes les activités du monde du spectacle et de la danse. Abonnements Ensuite, comme nous l’avons déjà communiqué à tous nos lecteurs, la crise et les mesures que service@ballet2000.com nous connaissons ont obligé BALLET2000 à interrompre temporairement le cycle normal de ses parutions. Nous retrouverons nos lecteurs et le monde libre de la danse avec le numéro 285 de la n° 284/bis - Spécial Photo 2020 revue, octobre 2020 (comme toujours sur papier et en version numérique). Bien évidemment, les abonnés ne perdront rien et, lors de la reprise des parutions, ils continueront de recevoir le nombre de numéros de la revue que prévoit encore leur abonnement. Entre-temps, voici ce Spécial Photo 2020, déjà programmé, mais qui sort seulement en version numérique, envoyée gratuitement à tous les abonnés, aux théâtres et compagnies et à tous les professionnels de la danse. Il se veut un signe clair de continuité et de présence, également de la part des annonceurs les plus fidèles de la revue. Avec un choix de plus de 70 photos significatives, accompagnées de courtes informations et commentaires, ces pages veulent rendre l’actualité de cette période, faite d’annulations, de renvois, d’attentes, de danse «distanciée» ou virtuelle mais bien réellement dansée, certainement avec passion et souvent avec enthousiasme, mais dans des conditions fort spéciales, et à voir chez soi sur petit écran. Nous avons illustré quelques spectacles réellement représentés sur scène, les derniers qui ont BALLET 2000 précédé la fermeture, et d’autres qui étaient prêts et programmés mais qui seront représentés sur B.P. 1283 – 06005 Nice cedex 01 – F la scène d’un vrai théâtre à de nouvelles dates, après la réouverture espérée. Le tout, misant sur tél. (+33) 09.82.29.82.84 les artistes, les interprètes et les chorégraphes. A.A. Éditions Ballet 2000 Sarl – France ISSN 2493-3856 Dans cette période orientée vers la reprise mais qui se prête tout de même à des moments de Commission Paritaire P.A.P. 0723K91919 Distribution : Messageries Lyonnaises de réflexion, BALLET2000 offre à tous ses lecteurs, aux artistes et aux élèves, aux spectateurs, à qui Presse, 76 rue de Reuilly, 75012 Paris aime la danse, Imprimé en France/Printed in France by l’accès gratuit à la version numérique de tous les numéros de la revue des cinq dernières Imprimerie Trulli - 06140 Vence années. On peut les télécharger – les lire et les garder sur sa tablette, smartphone ou ordinateur – sur la www.ballet2000.com page d’accueil de e-mail: info@ballet2000.com www.ballet2000.com 3
Ci-dessus: l’image de En attendant Papaioannou présentation de la nouvelle création de L’ancien et prestigieux Festival d’Avignon a dû, lui aussi, annuler son édition 2020. Dans le programme prévu, pour Dimitris la danse (qui est présente chaque année avec des rendez-vous peu nombreux mais importants) se détachait la nouvelle Papaioannou création de Dimitris Papaioannou, le chorégraphe grec devenu désormais l’un des véritables protagonistes de la (ph. J. Mommert) scène de danse contemporaine internationale (voir le n° 274 de BALLET2000, qu’on peut télécharger gratuitement sur le site www.ballet2000.com). Le spectacle était attendu aussi à Athènes et puis en tournée, mais la situation actuelle oblige à l’attendre dans d’autres lieux et à d’autres dates à établir. On ne sait rien ou presque du titre et de l’inspiration Ci-dessous: l’atelier de cette nouvelle création de Papaioannou, qui a été annoncée tout simplement par cette photo. pour la nouvelle création (ph. J. Mommert) 4
Dorothée Gilbert, Mathieu Ganio –Ballet de l’Opéra de Paris: “Giselle” (ph. Y. Kellerman) Dorothée Gilbert est Giselle De Giselle, Serge Lifar disait que c’était le ballet le plus parfait. Depuis sa création à l’Opéra de Paris en 1841 avec Carlotta Grisi dans le rôle-titre, de célèbres Giselle se sont succédé dans ce ballet toujours très attendu à l’Opéra. En février dernier, l’étoile Dorothée Gilbert était Giselle. On peut regretter que son interprétation du premier acte ait manqué de clarté, mais dans le second acte elle est magnifique. Avec ses cheveux en bandeaux et ses arabesques penchées, elle est émouvante et légère. Son partenaire Mathieu Ganio en Albrecht manquait lui aussi de sens dramatique au premier acte. Quant à Valentine Colasante (Myrtha) en reine des Wilis, elle était déterminée et retenue. Il a donc fallu attendre le deuxième acte pour que les danseurs retrouvent le chemin des étoiles. Ce spectacle est en ligne sur le site de l’Opéra de Paris jusqu’au 5 août. M.P. 5
Bigonzetti pour Octavio de la Roza Ayant renoncé à leurs chorégraphies pour redevenir interprètes, l’Italienne Camilla Colella et Octavio de la Roza (qui fut la dernière découverte de Maurice Béjart), ressortent transformés de l’expérience à laquelle les a invités Mauro Bigonzetti avec sa Carmen: un duo dansé, parlé, joué où ils révèlent de fortes personnalités. La pièce, présentée récemment dans la salle Paderewsky de Lausanne, est parfaitement structurée, entre moments d’accalmie et d’intensité, avec des mouvements singuliers qui jamais ne sombrent dans la banalité. C’est à Prosper Mérimée, l’auteur de la nouvelle dont Bizet s’est inspiré, que Bigonzetti s’alimente. Des extraits du texte original, dits en espagnol, segmentent l’action plutôt qu’ils ne la commentent. La couleur rouge dialogue avec la noire, et les chaises peuvent suggérer des taureaux et la corrida. Mais l’usage qui est fait de ces références est tout de nuances et de retenue. Et la musique? C’est de la Roza qui en a assuré la composition. Une musique Octavio de la Roza, pop où l’on sent une influence gitane ibérique. Elle crée un climat Camilla Colella: et soutient l’action, en parfait accord avec l’esprit de la “Carmen”, chorégraphie et de la mise en scène. c. Mauro Bigonzetti J.P.P. 6
William Forsythe William Forsythe, 70 ans et le (ph. M. Zazzo) retour à la danse dansée Avec William Forsythe, expérimentateur inépuisable, les surprises sont toujours au rendez-vous. L’année de son soixante-dixième anniversaire – qu’il a fêté le 30 décembre 2019 – a plus ou moins coïncidé avec la création de son splendide A Quiet Evening of Dance, au Sadler’s Wells Theatre de Londres. Ce spectacle, dont nous avons rendu compte dans BALLET2000, a marqué un retour fort spécial de Forsythe au ballet, grâce à des danseurs complices et amis tels que Roderick George, Brigel Gjoka, Ayman Harper, Jill Johnson, Brit Rodemund, Parvaneh Scharafali, Riley Watts et Ander Zabala, auxquels s’ajoutait Rauf ‘RubberLegz’ Yasit, champion de hip hop. Le groupe est né sous la houlette de l’Art Factory London, et Riley Watts, il est peu probable qu’à l’avenir le grand Parvaneh Scharafali: chorégraphe le délaisse, même si désormais il “A Quiet Evening of s’est installé dans le Vermont (USA) et qu’il Dance”, c. William a établi une collaboration étroite avec Forsythe (ph. B. Cooper) le Boston Ballet. Et, dans les musées du monde entier, il ne cessera pas non plus d’exposer ses «objets chorégraphiques», qu’il a réalisés pour démontrer qu’une pensée chorégraphique peut exister même quand le corps est absent. M.G. 7
Nicola del Freo: “Sylvia”, Scala, nouvelle c. Manuel Legris ( Brescia/Amisano) direction, talents connus Le Ballet de La Scala de Milan, lui aussi, attend évidemment la reprise des spectacles sur scène, dans le climat d’incertitude que tout le monde connaît mais aussi dans les attentes que suscite un changement de direction artistique. En effet, le contrat de Frédéric Olivieri arrive à terme en novem- bre. Olivieri a dirigé la compagnie et l’école de danse de La Scala durant plusieurs années (avec des alternances et des interruptions, comme lors de la courte période où la direction fut confiée à Mauro Bigonzetti, de manière inopinée et avec des résultats médiocres). Le nouveau directeur général du théâtre, le Français Dominique Meyer, formellement déjà en fonction, a souhaité une relève d’une partie de l’équipe artistique. Pour la danse, son choix est tombé sur Manuel Legris, brillant danseur étoile de l’Opéra de Paris, puis directeur du Ballet de l’Opéra de Vienne. Legris a donc déjà travaillé avec Meyer, celui-ci ayant été directeur général du grand théâtre autrichien. Olivieri passe le témoin d’une troupe en grande forme. Legris la connaît déjà, pour avoir récemment remonté à La Scala sa Sylvia, où plusieurs talents se sont détachés. On a eu la confirmation des qualités de ces danseurs lors du programme qui a précédé la fermeture (composé de trois pièces de Hans van Manen et de deux de Roland Petit): parmi des interprètes d’envergure, on cite Martina Arduino, Nicoletta Manni, Nicola Del Freo (très applaudi dans Le Jeune Homme et la Mort de Roland Petit), Claudio Coviello et le jeune virtuose Mattia Semperboni. A.A. 8
Jirí Kylián Sabine Kupferberg Que fait Kylián? Jirí Kylián travaille à un nouveau projet, consacré au cycle de la vie, dont il a fait aussi le texte, Sehn-Sucht, et le décor avec une porte (la naissance), une table (la vie), une fenêtre (la mort). Son égérie Sabine Kupferberg, à l’âge qu’elle a aujourd’hui, est en même temps évoquée à l’écran dans sa jeunesse. Elle représente par son visage dramatique et par sa voix l’évident paradoxe d’un temps qui ne s’arrête pas. Avec toute la poésie du mot-valise du titre, qui renvoie au désir, à la convoitise d’expérimenter, à la nostalgie, à la mélancolie. Sehnsucht réunit en effet les nombreuses nuances de l’âme romantique, qui dissèque le microcosme de tout être humain et le macrocosme de l’univers, la lumière et l’obscurité, le positif et le négatif. «La drogue des rêves contre le mal de vivre» – dit Kylián. E.G.V. Maquette virtuelle du dernier projet de Jirí Kylián, “Sehn-Sucht” 10
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La Ribot et son Lion à Venise La Ribot (ph. P. Zamora) Le Lion d’Or à la carrière de la Biennale Danse 2020 a été attribué à La Ribot, performeuse catalane connue pour ses «collections» de solos intitulées Piezas distinguidas, suite auxquelles elle s’est imposée à la Tate Gallery de Londres, au Théâtre de la Ville, au Centre Pompidou de Paris et au Museo Reina Sofia de Madrid, ainsi que dans de nombreux festivals qui lui ont consacré des portraits et des expositions. À Venise, La Ribot a présenté Panoramix, qui réunit 34 pièces courtes de 7 à 30 minutes tirées de trois de ses cycles Piezas distinguidas composées de 1993 à 2003, et Another Distinguée, un nouveau recueil de 8 pièces de 2016. Mouvement, dessin, collage, manipulations et installations à la clef, le fragment devient un grand récit, entre sérieux et auto-ironie. Entre-temps, la Biennale annonce que son 14e Festival de Danse Contemporaine a été reporté au mois d’octobre, du 13 au 25. Dirigée par la chorégraphe canadienne Marie Chouinard, responsable pour la quatrième année du programme Danse de la Biennale, elle présentera 19 chorégraphes auteurs de 23 titres dont 7 créations, mais aussi des rencontres et des films, dans plusieurs lieux (l’Arsenal, la Ca’ Giustinian, le Teatro Goldoni...). Parmi les chorégraphes invités, issus des générations actives des années 1980 à nos jours, outre La Ribot et Claudia Castellucci (lauréate du Lion d’Argent), on remarque la Catalane Maria Campos, le Libanais Guy Nader, le Français Noé Soulier, la Belge Lisbeth Gruwez, la Basque Jone San Martín, les Italiens Marco d’Agostin, Claudia Catarzi, Silvia Gribaudi et Chiara Bersani… Figure de proue de la chorégraphie “Panoramix”, contemporaine française, Olivier Dubois présentera un spectacle ‘a solo’ composé d’extraits de ses 60 créations et plus. c. La Ribot E.G.V. (ph. M. Vason) 12
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Affiche pour le Cuba, festival annulé, mais Alicia hasta siempre centenaire d’Alicia Alonso, à Cuba En juillet, le Ballet Nacional de Cuba a repris son travail dans les studios de son siège du Vedado à La Havane, après avoir été soumis à tous les contrôles sanitaires nécessaires. Ces derniers mois, sur Facebook, de nombreux danseurs de la compagnie ont affiché des mots, des images, des danses de résistance, de patience et de dévouement à leur art. Le Festival International du Ballet, qui a lieu tous les deux ans depuis 60 ans, avait été prévu en automne 2020 dans les théâtres de la capitale cubaine, comme hommage à la grande «mère» du Ballet de Cuba Alicia Alonso, disparue en 2019. Finalement, il a été reporté en 2022, suite aux limitations de voyages et aux précautions gouvernementales. Toutefois, le 21 décembre prochain, on célébrera l’anniversaire de sa ballerine-chorégraphe-directrice, «l’absolue». En juin 1945, Alicia Alonso interpréta pour la première fois Giselle à Cuba et ce spectacle marqua le début d’une longue histoire personnelle, sociale, politique, culturelle qui a produit un phénomène unique dans l’Isla Grande des Caraïbes. Ballet National de Viensay Valdés, la nouvelle directrice du BNC, disciple fidèle au magistère d’Alonso, est entrée en fonctions officiellement Cuba: “Sinfonia le 1er janvier 2020. Très active, elle va de l’avant mais respectueuse de l’héritage reçu, partagée entre son propre Gottschalk”, entraînement (elle demeure l’une des brillantes étoiles de la compagnie) et la programmation pour toute la «famille» c. Alicia Alonso issue de la spéciale «escuela» cubaine en vue de la reprise sur scène, très attendue. (ph. Z. Casadio) E.G.V. 16
Sergio Bernal dans “Zapateado” (ph. A. Sambuchi) Ravenna Festival est là C’est ce qu’a déclaré efficacement la direction de cet important festival italien de musique, théâtre et danse, à Ravenne: «L’Italie de la musique ne se rend pas: Ravenna Festival est là, dans le respect des règles sanitaires pour la sécurité il se transforme et propose des spectacles live avec un nouveau programme» du 21 juin au 30 juillet. La scène principale de cette XXXIe édition a été le parc de la Rocca Brancaleone. Pour la danse, seulement une soirée «Solos and Duos», sous la direction de Daniele Cipriani, avec plusieurs artistes internationaux dont Silvia Azzoni et Alexander Ryabko (Ballet de Hambourg), Sergio Bernal (ex-danseur du Ballet National d’Espagne), Hugo Marchand (Opéra de Paris), Matteo Miccini (Ballet de Stuttgart), Iana Salenko et Marian Walter (Opera de Berlin). A.A. 17
L’enfant africain du rêve Grishko Des photos et une vidéo d’un garçonnet africain qui danse pieds nus sous la pluie ont été largement diffusées sur la toile. Nikolay Grishko, fondateur et titulaire de la célèbre firme russe de produits pour la danse, vendus dans le monde entier, a dit avoir été très touché au point de vouloir aider la formation et les pas futurs du petit Anthony, 11 ans, nigérien, élève de l’Académie de danse de Lagos; Anthony sera ainsi soutenu par le projet «Live your Dream» de Grishko. Son «parrain» sera Fernando Montanvo, soliste du Royal Ballet de Londres et “testimonial” des publicités de la maison Grishko. Anthony Mmesoma Madu Chorégraphie et migrants Parmi les thèmes fréquemment abordés par les artistes, celui des migrants est un des plus actuels, et plusieurs chorégraphes s’en sont saisis à leur tour. Après le récent Outwitting The Devil d’Akram Khan, c’est au tour de l’Israélien Arkadi Zaides, ex-danseur de la Batsheva Ensemble, à se pencher sur ce drame. Engagé politiquement, la démarche artistique de Zaides s’apparente au documentaire, semblable à ce qu’a pu faire récemment Rachid Ouramdane, l’un des directeurs avec Yoann Bourgeois du Centre Chorégraphique National de Grenoble. C’est d’ailleurs en résidence au CCN de Grenoble que Zaides prépare sa pièce Necropolis, qui sera créée à Paris. L’idée de ce spectacle est née après qu’il ait découvert sur une liste des Nations Unies le grand nombre de migrants morts en tentant de rejoindre l’Europe. “Necropolis”, S.S. c. Arkadi Zaides 18
Viviana Durante: “Five Brahms Waltzes in the Manner of Isadora Duncan”, c. Frederick Ashton (ph. D. Scheinmann) Viviana Durante célèbre Isadora à Londres Le public de Londres n’oublie pas Isadora Duncan, légende désormais de la danse libre du début du XXe siècle. Et n’oublie pas non plus, pour rester à une époque beaucoup plus récente, la danseuse italienne Viviana Durante, qui a été pendant des années principal du Royal Ballet, où elle a dansé tous les rôles dramatiques du répertoire anglais. Aujourd’hui, âgée de 53 ans, elle est directrice de l’école de l’English National Ballet, mais elle a aussi réuni un groupe de danseurs pour rendre hommage au personnage fascinant et dramatique d’Isadora. Le spectacle, composé de chorégraphies inspirées par Isadora (Frederick Ashton, un solo attribué à Duncan elle-même et une création de Joy Alpuerto Ritter), a été présenté en février au Barbican de Londres (mais, à cause d’un accident, Durante n’a pas pu danser, et a cédé le rôle à Begoña Cao, ancienne soliste de l’English National Ballet). A.A. 19
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Prométhée, Beethoven… et Capucci à Spolète et à Nervi Deux essayages des costumes de “Les Créatures de Trois noms très différents pour une création intitulée Les Créatures de Prométhée / Les Créatures de Capucci, sur la Prométhée” et seule musique pour danse composée par Beethoven, en cette année marquée par le 250e anniversaire de sa naissance. leurs maquettes. La distribution est toute masculine (aux danseurs de la Compagnie Daniele Cipriani s’ajoutent d’autres artistes, dont en haut: le danseur Damiano Ottavio Bigi du Tanztheater Wuppertal). Ils porteront 15 costumes que le couturier Roberto Capucci a Filippo Pieroni et dessinés pour l’occasion, et exécuteront les «mouvements chorégraphiques» de Simona Bucci, en accompagnant l’exécution Roberto Capucci de la partition par l’Orchestre du Teatro Carlo Felice de Gênes. Une coproduction de la Fondation de ce théâtre en bas: Flavio italien et du Festival de Spolète, sous la direction de Daniele Cipriani, attendue à Spolète le 28 août; l’avant-première Marullo avec le est prévue le 1er août au nouveau Festival International de la Musique et du Ballet de Nervi. La rencontre de Capucci couturier avec la danse remonte à janvier dernier quand il créa deux costumes pour le gala Les Étoiles, dont un pour le bailaor (ph. M. Danza) Sergio Bernal. Les nouveaux costumes évoquent le luxe des fêtes de la Renaissance, avec un défilé de créatures oniriques, dionysiaques, qui apparaissent et disparaissent pour se réunir sur scène seulement au final où les formes volumineuses, les girandoles, les plumes, les masques et les carapaces assurent la distanciation physique. S.A. 22
Giselle resurgit en Espagne Giada Rossi – Compañia Nacional de Danza: “Giselle” La Compañía Nacional de Danza de España, à Madrid, sous la nouvelle direction artistique de Joaquín De Luz (ph. A. Muriel) (44 ans, espagnol, formé par Víctor Ullate et puis principal au New York City Ballet), a annoncé ses projets pour la saison prochaine. La première production importante sera Giselle, qui débutera au Teatro de La Zarzuela de Madrid dans une nouvelle version, basée sur l’originale mais dont certains moments de la chorégraphie ont été adaptés par De Luz lui-même, avec l’aide de María Cristina Álvarez, ex-première danseuse de la compagnie nationale cubaine, et de Joan Boada, lui aussi cubain et principal du San Francisco Ballet. Álvarez, qui en son temps fut très applaudie dans le rôle de Myrtha, la reine des Wilis, réglera le très difficile second acte, alors que Boada s’occupera de l’action du premier. De Luz a voulu situer l’action non pas dans l’Allemagne du Moyen-Âge mais dans l’Espagne rurale du XIXe siècle. Parmi les interprètes, l’Italienne Giada Rossi (Giselle), le Belge Daan Veervoort (Hilarion) et le Cubain Yanier Gómez (Albrecht) R.S. 23
Lou Beyne, Francesco Mariottini – Les Ballets De MonteCarlo: “Cendrillon”, c. Jean-Christophe Maillot (ph. A. Blangero) Ballets de Monte-Carlo, parmi les premiers sur scène La compagnie dirigée par Jean-Christophe Maillot est parmi les premières en Europe à remettre ses pointes et à revenir sur la vraie scène. Du 15 au 17 octobre, au Grimaldi Forum de Monte-Carlo, elle dansera Altro Canto (créé par Maillot en 2006) et Vers un pays sage (1995, l’une des pièces les plus personnelles du même chorégraphe). Puis, entre le 11 décembre et les fêtes de fin d’année, on affiche une série de spectacles, tous signés par Maillot dont une création, Opus 60 (peut-être pour les 60 ans du chorégraphe) qui sera donnée avec Dov’è la luna (une création de 1994 sur la musique de Scriabine) et trois de ses «classiques»: Cendrillon, Roméo et Juliette et Lac. Jaeyong An, Daniele Delvecchio, George Oliveira – Les Ballets De MonteCarlo: “Cendrillon”, c. Jean-Christophe Maillot (ph. A. Blangero) 24
Prague, les radicaux du masque Le Ballet National Tchèque (comme on appelle désormais l’ancienne compagnie du Théâtre National de Prague), dirigé par Filip Barankiewicz, mérite d’être à la une. Et pas seulement parce qu’elle est une troupe de haut niveau, à la base classique et avec un répertoire allant de la tradition au contemporain), ni parce qu’elle aurait présenté des spectacles au cours de cette période (en effet, comme tout le monde, elle a fermé mi-mars jusqu’à des dates envisagées plus par espoir que par certitude), mais parce qu’elle semble avoir pris à la lettre, et pas qu’en studio, une obligation devenue un symbole de cette époque calamiteuse et inouïe: le masque. Ainsi, pour rester dans le contexte, dans un «gala» virtuel présenté le 12 avril sous le titre Dance Through It, a-t-elle offert en streaming aux spectateurs du petit écran des extraits de plusieurs chorégraphes, Mauro Bigonzetti, Eric Gauthier, Douglas Lee et d’autres, mais surtout une vidéo d’une répétition et d’une classe où les danseurs portaient le masque fatidique comme un élément nouveau dans leur vie; ou, peut-être, comme un élément nouveau d’eux-mêmes… A.A. Radka Zvonarová et Adam Zvonar – Czech National Ballet: “Vertigo”, c. Mauro Bigonzetti (ph. S. Gherciu) 25
Elisabet Ros – Béjart Ballet BBL, Boléro pour la rentrée Lausanne: Gil Roman, directeur du Béjart Ballet Lausanne, l’avait dit très clairement déjà à partir de fin mars: la saison 2019/ “Boléro”, 20 de la compagnie se terminerait avant qu’on puisse présenter les spectacles au programme jusqu’à l’été et sans que c. Maurice la troupe entreprenne les tournées internationales prévues. Mais tout a été reporté. Pour l’instant, le retour sur scène Béjart est prévu au mois de septembre dans un programme composé de deux titres de Maurice Béjart: Brel et Barbara (ph. F. Paolini) (2001) et le célébrissime Boléro (1961). Béjart Ballet Lausanne: “Brel et Barbara”, c. Maurice Béjart (ph. D. Philispart) 26
Polounine se ressaisit? C’est vraiment l’un des danseurs classiques les plus brillants de la scène actuelle, digne héritier de l’école (et peut-être aussi du tempérament) des grands danseurs russes de l’histoire, mais il faut admettre que Sergeï Polounine (30 ans) est devenu une star mondiale du ballet aussi pour ses écarts de conduite, qui lui ont permis de se façonner une personnalité plus attirante, pour ses fans, que celle qu’il affiche sur scène. Caractère ténébreux, sex-appeal, drogue peut-être (dit-on), tatouages, comportements inattendus (comme l’abandon capricieux du Royal Ballet à l’âge de 22 ans), affirmations politiques et morales discutables, voire extravagantes, bref tous les ingrédients piquants pour construire son personnage hors de la scène. Scène où il est apparu dernièrement, à Londres, dans le rôle sombre de Raspoutine. Entre- temps, il a formé une famille et est devenu papa. Que l’enfant terrible ait mis des charentaises, du moins pendant le confinement..? A.A. Ci-dessous: Sergueï Polounine: “Raspoutine” , c. Yuka Oishi (ph. L. Vantusso), à dr., le danseur avec son enfant (S. Pistel) 27
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Godani et les siens créent tous ensemble Dresden Frankfurt Dance Company: Fin juin, la Dresden-Frankfurt Dance Company, dirigée par le chorégraphe italien Jacopo Godani, est revenue à “Selflessness”, ses activités sur la scène live avec Selflessness. Cette complexe expérience formelle a donné lieu à un spectacle de c. Jacopo Godani «danse collective», conçu et dirigé par Godani lui-même, qui a débuté au Hellerau Europäisches Zentrum der Künste (ph. D. Mentzos) de Hellerau (Allemagne), deuxième siège de la compagnie. On y a installé un système spécial de placement du public, selon les règles actuelles, donnant aux spectateurs la possibilité de marcher autour de la plateforme où les danseurs se produisent dans leur propre création plastique et chorégraphique. Godani tient à définir cette création d’«installation artistique» plus que de chorégraphie à proprement parler, et à remarquer que les participants ont eu une liberté totale de création et d’expression pendant le confinement. La compagnie confirme qu’elle reprendra le spectacle le 21 novembre prochain dans un programme de trois chorégraphies de Rafael Bonachela, Marco Goecke et William Forsythe. R.S. 30
Virna Toppi – Ballet National de Virna Toppi entre la Bavière et Milan Bavière: “Casse-Noisette”, c. John Neumeier (ph. S. Gherciu) Parmi les danseuses principales de La Scala de Milan, où elle est née et a grandi (école et compagnie), Virna Toppi a décidé l’année dernière de quitter pour quelque temps le théâtre milanais pour accepter la proposition d’Igor Zelensky, directeur du Bayerisches Staatsballett (la compagnie de l’opéra de Munich). Elle est donc entrée dans la compagnie bavaroise qui, au cours de ces quatre dernières années, a fait de grands progrès sous la direction de Zelensky. Il a enrichi le répertoire et a accueilli de célèbres danseurs de la scène internationale. Virna Toppi s’est vite imposée dans ce nouveau milieu, en dansant les rôles principaux du répertoire. Récemment, avant la fermeture des théâtres, elle a été applaudie entre autres dans La Dame aux camélias et dans Casse-Noisette de John Neumeier, et dans Coppélia de Roland Petit en couple avec la nouvelle star mondiale du ballet masculin, Sergueï Polounine. A.A. 31
Lisbonne célèbre aussi Van Manen Companhia Nacional de La compagnie nationale portugaise (Companhia Nacional de Bailado), peu avant la fermeture des théâtres, a présenté Bailado, Lisboa: dans sa ville, Lisbonne, et à Porto, un spectacle consacré à Hans van Manen, doyen de la chorégraphie moderne en “In the Future”, Europe. La compagnie, dirigée aujourd’hui par Sofia Campos, a été fondée en 1977 et propose un ensemble de nombreux c. Hans Van danseurs et un répertoire éclectique, allant des classiques à la chorégraphie contemporaine. Manen (ph. Hugo David) La compagnie de Lisbonne dans “Short Cut”, c. Hans Van Manen (ph. Hugo David) 32
Mikhaïlovsky, La Bayadère et après.. ? Angelina Vorontsova, Ivan Le Ballet du Théâtre Mikhaïlovsky de Saint-Pétersbourg, la deuxième compagnie de la ville russe après la troupe Zaytsev – célèbre du Mariinsky, a suspendu tous les spectacles du 18 mars jusqu’à la réouverture du théâtre au public (la date n’est Ballet du Théâtre pas encore connue). Parmi les dernières productions mises en scène avant le confinement, La Bayadère dans la version Mikhailovsky : chorégraphique signée par Nacho Duato (à nouveau directeur de la compagnie russe) «d’après l’original de Marius Petipa». “La Bayadère”, c. Nacho Duato 33
Olga Pericet: Olga Pericet, flamenco à Paris “La espina que quiso ser flor o la De la quatrième édition de la Biennale d’Art Flamenco à Paris, au Théâtre de Chaillot, qui a accueilli huit spectacles, flor que soño con on retient celui d’Olga Pericet, bailaora et chorégraphe contemporaine: La espina que quiso ser flor o la flor que soño ser bailaora” con ser bailaora, ce qui signifie «l’épine qui voulait être fleur et la fleur qui rêvait d’être danseuse». Un titre à rallonge (ph. P. Villalta) mais une danseuse choc qui fait état de toutes ses références: Escuela Bolera, contemporain, flamenco pur et dur en bata de cola (robe à traîne) rouge. Olga Pericet joue à merveille de ses cambrés. Elle a la fougue d’une Carmen Amaya (1874-1930) et comme elle, elle danse en costume d’homme. Née à Cordoue, Olga Pericet a reçu en 2018 le «Premio Nacional de Danza». Même si son spectacle mériterait d’être plus court, on applaudit. M.P. L’amour sorcier de Galván, en solo Le chorégraphe et performeur espagnol Israel Galván a présenté à Madrid sa version en solitaire de El Amor brujo (L’amour sorcier) de Manuel de Falla, où il danse accompagné seulement d’un pianiste et d’un cantaor. Galván a été associé au Théâtre de la Ville de Paris et ce spectacle est une coproduction avec la Maison de la Musique de Nanterre, le Teatro della Pergola de Florence et d’autres institutions européennes. À remarquer que la «première» en juillet a inauguré le Festival «Madrid en Danza» dirigé par la danseuse et chorégraphe Aida Gómez au Teatro del Canal, le premier théâtre public en Espagne ayant ouvert régulièrement avec un événement de sa programmation après la période de fermeture. R.S. Israel Galván: “El Amor brujo” (ph. R. Rios) 34
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Joffrey Ballet, du moderne au classique Parmi les plus importantes compagnies américaines qui ont dû annuler ou reporter les spectacles prévus cette saison, on remarque le Joffrey Ballet de Chicago. Troupe historique, elle a vu le jour en 1956 à New York comme compagnie moderne avec les chorégraphes Robert Joffrey et Gerald Arpino et ne s’est ouverte au classique que par la suite, Edson Barbosa, contrairement à ce qui se passe d’habitude. Ainsi, a-t-on reporté le Don Quichotte du chorégraphe russe Youri Possokhov Yuka Iwai – prévu en début de saison; celle-ci se terminera en avril 2021 avec la première à Chicago de La Petite Sirène (The Little Joffrey Ballet: Mermaid), un ballet que John Neumeier a créé en 2005 au Théâtre Royal de Copenhague et qui est déjà au répertoire “Don Quichotte”, de plusieurs compagnies dans le monde. c. Yuri Possokhov (ph. C. Mann) 36
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Elena Yevseyeva – Le Mariinsky populaire Ballet du Théâtre Mariinsky: “Shurale”, Quand on dit Ballet du Mariinsky de Saint-Pétersbourg, on pense aux grands classiques à la splendeur et à la c. Leonid Jacobson pureté sans égal. Mais ce noble théâtre garde aussi une tradition de l’époque soviétique. La dernière saison, nous (ph. V. Baranovsky) avons vu un ballet singulier, qui sera sans doute repris lors des prochaines saisons pour le plus grand bonheur du public familial pétersbourgeois, qui le connait bien, alors que le reste du monde en ignore peut-être même l’existence. Le titre est Shurale (c’est le nom d’un lutin de la forêt), la musique est de Farid Yarullin et la chorégraphie, créée en 1945 (la seconde version au Kirov 5 ans après), est du grand chorégraphe Léonide Jacobson; un «moderne» de l’époque, mais qui se plia à la requête de produire un spectacle populaire plein de monstres et de héros, d’amours simples et Dans l’encadré en d’une multitude de danses du folklore à l’état pur, intercalés de quelques pas de deux lyriques d’inspiration classique. haut: Alexander À remarquer un incendie final spectaculaire. De l’archéologie désormais, mais à ne pas laisser disparaître. Sergueev dans A.A. le rôle-titre 38
Margot ou Alina, c’est toujours Marguerite Quelques critiques anglais ont voulu la comparer à Margot Fonteyn, la ballerine-fétiche du ballet anglais. En effet, il y a quelques années, le Royal Ballet de Londres a confié à sa principal dancer de l’époque Alina Cojocaru (roumaine, 39 ans, aujourd’hui invitée dans diverses compagnies) plusieurs rôles de la grande Dame Margot dont on a célébré l’année dernière le centième anniversaire. Parmi ceux-ci, en février mais au Sadler’s Wells Theatre, Cojocaru a dansé le rôle de l’héroïne dans Marguerite et Armand de Frederick Ashton, un classique du ballet britannique, qui fut dansé en son temps par Fonteyn avec le jeune Rudolf Noureev. A.A. Alina Cojocaru: “Marguerite et Armand”, c. Frederick Ashton (ph. M. Norman) 39
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Maria Yakovleva, Manuel Legris, adieu à Vienne Kimin Kim – Ballet de l’Opéra de Vienne: Manuel Legris a entamé sa dernière saison à la tête du Ballet de l’Opéra de Vienne malgré la proposition de prolonger “Le Corsaire”, son contrat de la part de la nouvelle direction du théâtre. En effet, il a accepté la direction du ballet de la Scala de c. Manuel Legris Milan. En dix ans à Vienne, l’ex-danseur étoile de l’Opéra de Paris a su élever le niveau de la compagnie autrichienne. (ph. A. Taylor) Une des tâches à laquelle il a voulu s’atteler fut d’homogénéiser la troupe, lui conférant un degré d’excellence, avec une versatilité lui permettant de passer de La Belle au bois dormant à William Forsythe ou Nacho Duato. Ce fut ensuite la transmission d’un répertoire exigeant, notamment Raymonda et Casse-Noisette dans les versions de Rudolf Noureev dont Legris connaît tous les écueils pour les avoir dansés. Quant au Lac des cygnes, il a respecté la version de 1954 que Noureev avait créée à Vienne, la rafraîchissant avec de nouveaux costumes et décors. Enfin, Legris a commencé à remonter d’anciens ballets dans sa propre version. Après Le Corsaire, ce fut Sylvia, récemment rentré aussi au répertoire du Ballet de La Scala de Milan. S.S. 42
Hong Kong Ballet, la Chine qui danse Deux affiches de l’Hong Kong Dernièrement, les discours en général du monde occidental ne voient pas d’un bon œil la Chine. Et qui aime la danse Ballet; ci-dessous: ne sait peut-être pas que le ballet occupe une place remarquable dans ce grand pays et, notamment, dans Hong Kong Zhang Xuening, – qui historiquement a été son prolongement sous le contrôle britannique et qui aujourd’hui lui donne pas mal de Forrest Rain problèmes. Le Hong Kong Ballet, compagnie de base classique excellente et au répertoire éclectique, dirigée par Oliveros, Ashleigh l’Américain Septime Webre, vient de fêter les 40 ans de sa fondation. Et maintenant? Elle fait ce qu’ont fait presque Bennett toutes les grandes compagnies: elle s’est consacrée au projet hkballet@home, c’est-à-dire des spectacles à l’écran, et (ph: D. Alexander) se prépare pour les nouvelles créations et les tournées qui ont été reportées. Encore faut-il que le virus et les rapports avec le pouvoir le permettent. A.A. 43
Luiza Yuk, Vinícius Vieira – Linga chante, São Paolo Companhia de Dança: “Céu Cinzento”, le chœur c. Clébio Oliveira (ph. J. Hilal) danse Fusion d’un groupe de danseurs et d’un chœur? C’est ce qu’ont fait le Linga Dance Project, la compagnie de Katarzyna Gdaniec et Marco Cantalupo, et l’Académie vocale de Suisse Romande, un chœur de chambre professionnel non moins réputé. Fusion, oui, car les chanteurs sont parfaitement intégrés aux danseurs, tous bougeant de concert. À cette nouvelle pièce, Sottovo- ce, une musique électronique, œuvre de Mathias Delplanque, of- fre un pertinent fond so- nore aux évolutions, souvent à l’unisson, des dix interprètes. Pièces du compositeur grec Georges Aperghis et chants de la tradition vocale Compagnie Linga: nordique scandent ce spectacle original, où la dimension musicale l’emporte toutefois sur la chorégraphie. On ne peut “Sottovoce”, évidemment demander aux choristes ce que l’on attend des danseurs. c. Katarzyna Gdaniec et J.P.P. Marco Cantalupo (ph. G. Batardon) 44
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Bolchoï, le titan enchaîné Le grand théâtre de la capitale russe a évidemment et lourdement souffert des mesures sanitaires et a annulé toute la programmation à Moscou depuis le 17 mars, ainsi que les tournées prévues. En ce qui concerne le ballet, au mois de juillet encore seuls les solistes pouvaient entrer dans le théâtre pour leur classe, par petits groupes. Au moment où nous écrivons, rien n’est dit à propos des prochains spectacles. Le gala pour les 80 ans de Vladimir Vassiliev, le héros du ballet russe, adoré du public, avait été prévu pour avril mais il a été reporté au mois de novembre. Parmi les dernières productions du Ballet du Bolchoï avant la crise, on a affiché une nouvelle Giselle dans la version chorégraphique d’Alexeï Ratmansky, le chorégraphe russe désormais omniprésent et hyperactif; et The Winter’s Tale (Conte d’hiver) de l’Anglais Christopher Weeldon, un autre ex jeune au grand talent de la chorégraphie internationale. Dans cette grande compagnie, dirigée par Makhar Vaziev, avec plusieurs étoiles et premiers danseurs et une pléthore de solistes, comme ce fut le cas à toutes les époques se détachent de jeunes espoirs. Côté garçons, l’étoile montante pourrait être Artemiy Belyakov (qui est aussi chorégraphe – sa première création pour le Bolchoï aurait dû débuter en mars), alors que parmi les jeunes ballerines on mise sur le nom d’Olga Martchenkova. A.A. Olga Smirnova, Denis Savin – Ballet du Théâtre Bolchoï de Moscou: “The Winter’s Tale”, c. Christopher Wheeldon (ph. D. Yusupov) 46
Olga Smirnova, Artemy Belyakov – Théâtre Bolchoï de Moscou: “Giselle”, c. Alexei Ratmansky (ph. D. Yusupov) 47
Le nouveau chorégraphe de Stuttgart Pendant l’interruption, le Ballet de Stuttgart aussi a produit son projet virtuel, stuttgartballet@home. Entre autres, il a retransmis sa dernière production, Messenger, capté en première le 22 février à Stuttgart, juste avant la fermeture. L’auteur de la chorégraphie est Louis Stiens, jeune chorégraphe allemand, également soliste de la compagnie. Au même programme, on avait affiché aussi deux créations respectivement de Martin Schläpfer (chorégraphe suisse confirmé qui passe en septembre de la direction de la compagnie de ballet de Düsseldorf à celle de l’Opéra de Vienne) et de Douglas Lee, anglais, ancien danseur à Stuttgart et aujourd’hui chorégraphe free-lance. Elisa Badenes, Jason Reilly – Ballet de Stuttgart: “Messenger”, c. Louis Stiens 48
Friedemann Vogel Prix allemand Le danseur de l’actuel Ballet de Stuttgart le plus connu internationalement est sans aucun doute Friedemann Vogel, invité des théâtres et compagnies du monde entier et partenaire des plus célèbres danseuses de nos jours. Le «Prix Allemand de la Danse 2020» lui a été attribué et lui sera remis en octobre prochain lors d’une soirée de gala à l’Aalto Theater de Essen. Friedemann Vogel (ph. R. Novitzky) 49
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Limon Dance Company: “The Unsung”, c. José Limon (ph. S. Pisano) Limón, un long message de 75 ans La Limón Dance Company, la compagnie de New York qui porte le nom de son fondateur José Limón, l’un des pionniers de la chorégraphie moderne américaine, a fêté en février dernier son 75e anniversaire. Son actuel directeur artistique, Dante Puleio, a dit: «L’œuvre de José Limón a répandu sa force dans le monde entier. Le chorégraphe constitua une compagnie de danse après la Deuxième Guerre Mondiale, fit naître l’espoir là où il manquait, créa un art qui parle de génération en génération. C’est de notre responsabilité de continuer de transmettre ce message d’espoir et de communion, avec courage et conscience artistique». José Limón, Betty Jones, Lucas Hoving, Pauline Koner : “La Pavane du Maure”, 1951 52
Martha matinées Presque toutes les compagnies de danse, en Europe et en Amérique, ont cherché à remplir la période de vide avec des projets de danse en vidéo. Les lecteurs pourront les trouver facilement. Mais, par son vif intérêt, on signale notamment celui de la Martha Graham Dance Company de New York avec son streaming «Martha Matinée» – des archives extraordinaires sur l’histoire de la compa- gnie et sur sa fondatrice désormais légendaire. Entre-temps les danseurs offrent (façon de parler – 10 $ par cours) des classes de technique Graham sur la toile. PeiJu Chien-Pott, Ben Schultz: “Cave of the Heart”, c. Martha Graham (ph. H. Nash) 53
Ksenia Ovsyanick, Vahe Martirosyan – Ballet de l’Opéra de Berlin: “Onegin”, c. John Cranko (ph. Y. Revazov) À Berlin, le ballet revient sur ses pas Comme BALLET2000 l’a régulièrement rapporté, le Ballet de l’Opéra de Berlin (Staatsballett Berlin), est en état de crise depuis longtemps, depuis que, en 2018, les institutions de la capitale allemande ont décidé de transformer l’im- portante compagnie et ses nombreux danseurs, au style international et au répertoire classique et moderne, dans un ensemble contemporain dirigé par Sasha Waltz, figure de proue du Tanztheater allemand. L’absurdité avait été tempérée par la présence d’un codirecteur, Johannes Öhman, ayant une formation plus traditionnelle; mais la situation était insoutenable et pour le moment elle s’est résolue avec la démission de Waltz, qui quittera ses fonctions fin 2020. Entre-temps la programmation de la compagnie est revenue sur ses pas et a annoncé une saison 2020/21 qui, si les normes le permettent, présentera quelques nouveautés et diverses reprises de son répertoire, dont Onéguine de John Cranko à partir de décembre. A.A. 54
Kukai Dantza: Lyon: la Biennale de la Danse en 2021 mais la Maison revient dès “Oskara”, maintenant à la scène c. Marcos Morau Parmi les plus importantes manifestations de danse contemporaine en Europe, la Biennale de la Danse de Lyon, initialement programmée pour septembre prochain, a été reportée à mai-juin 2021. «Réinventée» aussi à cause de la crise, cette Biennale annonce, entre autres, Angelin Preljocaj avec son Lac des cygnes et Dimitris Papaioannou avec sa création de 2020. Mais l’activité de la Maison de la Danse de Lyon, dirigée tout comme la Biennale par la chorégraphe Dominique Hervieu, reprend ses activités dès septembre et octobre avec des projets ouverts au public et puis, à partir de novembre, avec de vrais spectacles, à commencer par Chaplin du Ballet du Rhin et 33 autres spectacles pendant la saison jusqu’au Malandain Ballet printemps. On remarque la présence de Jerôme Bel, Juval Pick, Peeping Tom, José Montalvo et du Ballet du Capitole. Biarritz: “Sirènes” La Biennale de Lyon et BALLET2000 ont à peu près le même âge. Presque 40 ans d’histoire. On aura le c. Martin temps de reparler des événements lyonnais, quand BALLET2000 aura, lui aussi, repris son chemin brièvement interrompu. Harriague A.A. (ph. O. Houeix) 55
Le Ballet du Rhin entre Virginia et Charlot Début février, peu avant le confinement, la compagnie de ballet de l’Opéra du Rhin (Mulhouse, Strasbourg et Colmar) avait pu présenter sa dernière production, Yours, Virginia. Une création du chorégraphe israélien Gil Harush inspirée de la personnalité de l’écrivaine anglaise Virginia Woolf. Pour en rester aux noms célèbres et bien exploités encore par le monde chorégraphique: Chaplin est le spectacle du chorégraphe allemand Mario Schröder que le Ballet du Rhin dansera à la Maison de la Danse de Lyon, où la compagnie sera accueillie Celine Nunige, Marin Delavaud : “Chaplin”, c. Mario Schröder (ph. A. Poupeney) début novembre. Ballet du Rhin: “Yours, Virginia”, c. Gil Harush (ph. A. Poupeney) 56
Dorothée Gilbert, Mathias Heymann – L’Opéra de Paris rouvre en novembre Ballet de l’Opéra de Paris: Suite à la crise, l’Opéra de Paris a annulé 160 représentations de ballets, opéras et concerts, à partir du mois de mars. “La Bayadere”, Des deux théâtres de l’Opéra, on n’a pas de nouvelles sur la réouverture du Palais Garnier, alors qu’on a annoncé que c. Rudolf Nureyev la grande salle de Bastille ouvrirait ses portes le 23 novembre avec un concert. Ensuite, jusqu’à la fin de l’année, on (ph. L. Shao) affichera deux opéras (La Traviata et Carmen) et la reprise de La Bayadère dans la version de Rudolf Noureev. 57
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