NEOPROG n 4 - Steven Wilson - OH. Dark Sarah The Vostok Regal Worm
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L’éditorial Oui, nous avons été invités à un concert de Steven Wilson. Ce n’est pas tous les matins que nous couvrons un évènement aussi important. Un peu le trac, assurément, quand on sait combien Steven surveille de près son image dans les médias, qu’il interdit les appareils photos dans la foule, et qu’il s’agit tout de même d’un génie hors norme, que l’on aime ou pas ce qu’il fait. Lorsque nous avons eu nos pass nous exultions comme deux gamins, pas très pro tout ça, quand dans la salle, on m’a laissé sortir la grosse Bertha photographique et quand la sécurité m’a regardé d’un œil bienveillant shooter pendant deux heures, je pensais encore en sortant qu’ils videraient mes cartes SD. Mais non. Au lieu de cela, des sourires, un staff au petits soins et mes premières photos autorisées de Steven Wilson. Trop bon ! Table des matières L’éditorial...........................................................3 Tenk om noen ser deg de Det Skandalose Les chroniques...................................................4 Orkester.......................................................14 Suite For Piano and Electronics (2018).............4 Welcome To The Unknown (2018).............15 The Last One de Circles (2018)....................5 The Last Harvest de The Kentish Spires Metallia de OH. (2018).................................6 (2018)..........................................................16 unidentified dying objects de Argos (2018). .7 The Iron God de High Jack (2018).............17 Civilisation de Southern Empire (2018).......8 Lake of Instinct de The Vostok (2018).............18 Music for Arseny Blinov’s abstract art (2018) Sunhead de Plini (2018)..............................19 .......................................................................9 Live report........................................................20 Lies and Butterflies de Mystery (2018)......10 Steven Wilson au ZMF................................20 What I Found de Fleesh (2018)...................11 Quelques concerts à venir en France...............26 Pig Wiews de Regal Worm (2018)..............12 Et prochainement.............................................27 The Golden Moth de Dark Sarah (2018).....13 L’équipe Neoprog : Contact : Jean-Christophe Le Brun Neoprog Laurent Regnard 93 route de Lyon Jean-Noël del Castillo 67400 Illkirch-Graffenstaden Guillaume Gibert France François Moreno contact@neoprog.eu http://www.neoprog.eu Neoprog n°4 - Septembre 2018 3
Les chroniques Suite For Piano and Electronics (2018) Matt Barber, le claviériste de Sanguine Hum, a sorti en juin dernier sa Suite for Piano and Electronics. Dix pièces sobrement (malheureusement ?) intitulées Part 1 à 10. Dix superbes pièces où le piano s'exprime pleinement, entre motifs expectatifs, répétitions minimalistes et hypnotiques, rebondissements tranquilles, petites broderies, grappes de notes, pirouettes musicales, motifs enjoués et sautillants. Un piano parfois accompagné par de petits motifs électroniques répétitifs ou fugaces qui savent rester discrètement à leur place. Les ambiances se succèdent tour à tour au fil des titres, et vous pourrez vous trouver dans le patio d'un grand hôtel luxueux, au frais en pleine nature à côté d'une cascade Titres : gouleyante et agréable, au milieu d'un jardin zen, ou tout simplement reposé, apaisé, ou Part One en pleine conscience dans un endroit que vous aurez choisi et qui vous fait du bien. Une Part Two petite mention spéciale pour ‘Part 8’, titre solaire et rempli d'énergie où les deux mains Part Three se répondent, ainsi que pour ‘Part 10’, un titre plus long et plus complexe composé Part Four uniquement au piano. Part Five Part Six Part Seven Part Eight Part Nine Part Ten Label : Bad Elephant Encore une fois les amateurs de progressifs en seront pour leurs frais. Si vous aimez le piano, les ambiances à la Ludovico Einaudi ou à la Philip Glass, écoutez cet album. Pour les autres, il n'est encore une fois pas interdit d'élargir vos horizons musicaux ! Auteur : Laurent Neoprog n°4 - Septembre 2018 4
The Last One de Circles (2018) Tesseract, Haken, Leprous et maintenant les australiens de Circles, nous signons une nouvelle chronique metal progressive à tendance djent et voix de castra. Vous pensiez peut-être comme nous avoir fait le tour du sujet mais non, il arrive toujours un groupe pour nous surprendre avec de bonnes vieilles recettes éprouvées. Circles est de ceux-là. Dix morceaux pour trois quarts- d’heure, The Last One possède le format du vinyle idéal. Titres : Winter Breaker The Messenger Arrival Tether Resolution Dream Sequence Renegade Blueprints for a Great Escape Alone With Ghosts Label : ‘Winter’ à la composition déconstruite, fait de briques metal prog, illustre parfaitement Season of Mist la différence entre Circles et d’autres formations du même genre. Le morceau s’articule autour d’un refrain auquel tout ce qui reste semble s’accrocher, en équilibre instable, comme l’intro à la guitare que l’on croirait sortie de la BO de Pulp Fiction. On en viendrait presque à regretter parfois le conformisme vocal de Ben. Nettement plus classique dans la forme, le quatrième titre, ‘Arrival’, sort également du lot avec son ouverture cinématique pendant laquelle vous profiterez du jeu de batterie tout en finesse de David, avant de vous décrocher les cervicales au rythme des infra basses de Drew. Pour le djent pur et dur, attendez ‘Dream Sequence’. Passé un couplet propre sur lui, la déferlante basse, batterie, guitares emporte tout sur son passage, laissant derrière elle, dans l’écume blanche, quelques secondes aériennes avant une nouvelle vague. ‘Blueprints for a Great Escape’, qui débute à la manière d’un Dream Theater, va survoler presque tous les styles du metal progressif en moins de cinq minutes, une sorte de medley brillamment écrit dont on ne se lasse pas. Le plus long morceau - presque six minutes - est le dernier, ‘Alone With Ghosts’. Une pièce posée où se glisse un passage a capella du plus bel effet entre deux sections lumineuses. Sans révolutionner le genre, The Last One est un bel album dans lequel plusieurs titres font la différence. Après les départs de Perry Kuhridas (chant) et Matty Clarke (guitare), Circles a trouvé en la personne de Ben Richter un chanteur guitariste talentueux qui Auteur : donne un second souffle au groupe. Jean-Christophe Neoprog n°4 - Septembre 2018 5
Metallia de OH. (2018) Ho ! Voici une brunette qui va mettre à mal les clichés sur le metal progressif. Lorsque vous regarderez ce joli bout d’ange sur la pochette colorée de Metallia, vous imaginerez bien sûr qu’il s’agit d’un album de metal à chanteuse. Mais détrompez-vous, Olivia n’est pas de ce genre là, elle joue de cordes électriques, et son nouvel album en est la preuve par six, six morceaux pour moins d’une demi-heure, concentrés instrumentaux virtuoses effrénés alliant de world à symphonique et metal. Autant le dire tout de suite, Metallia déménage. Titres : Red Lion Bee Androgyny Resurrection Dragon's Kiss Triumph Label : Autoproduction Guitares et voix hurlent leur rage indicible rythmées par des percussions infernales et une batterie rentre-dedans. ‘Red Lion’, un voyage aux portes de l’enfer, devant les magnifiques colonnes de basalte, sculptées de visages démoniaques, soutenant les deux lourds battants d’airain qu’il ne faut pas franchir. Olivia revisite ensuite le ‘Vol du Bourdon’. La batterie claque, tel un torchon tentant d’écraser l’insecte quand la guitare reproduit les ailes qui se débattent pour échapper à l’agression. Un chœur de guerrières amazones appellent au combat, une musique tribale ponctuée de cris de guitares qui laissent place à des poussées symphoniques torturées, une résurrection qui ressemble plus à l’antichambre de la mort avec ses walkyries chevauchant un dragon de feu jusqu’au triomphe final du bien contre le mal. Quatre titres, ‘Androgyny’, ‘Resurrection’, Dragon Kiss et ‘Triumph’ qui, contrairement aux deux premiers, se conçoivent comme une et unique pièce en quatre parties tant leur unité sonore est forte : guitare basse rageuse, explosions symphoniques, hurlements mélodiques et rythmique de nuit de Sabbat où s’invitent quelques inspirations world music dans la voix. Ni guitar hero, ni metal à chanteuse, OH. invente un metal art rock progressif où la guitare de Olivia est reine, parfois supplantée par ses cris de guerre chantés comme une seconde guitare. Une expérience musicale hors normes, extrême pour les adeptes de canterbury, donc à découvrir absolument. Auteur : Jean-Christophe Neoprog n°4 - Septembre 2018 6
unidentified dying objects de Argos (2018) Chroniquer un album d’Argos me prive d’emblée d’une de mes qualités naturelles (avec la modestie), l’objectivité ; je suis tombé sous le charme de cette musique, de cette conception de la musique et, finalement, mon seul questionnement est : Unidentified Dying Objects est-il au niveau de ses prédécesseurs rafraîchissants ? Et la réponse est définitivement oui ! Titres : the hunters last stand unpainted dreams beneath the valley of sleep the days of perky pat shock headed peter still fighting gravity elsewhere when the tide comes in Argos, c’est une sorte d’Alien dans les entrailles de Van Der Graff Generator, influencé Label : par le rock jazz de Canterbury, et qui aurait englouti, en les corrodants malicieusement, Bad Elephant Music de la pop britannique et du classique rock progressif ; attention, il vous faudra tout de même vous habituer à un chant souvent linéaire et très loin d’être démonstratif et totalement au service de la musique proposée. D’emblée, ‘The Hunters Last Stand’, un début d’album magnifique, vous immerge énergiquement dans l’architecture musicale changeante d’Argos et leur son vintage si particulier ; un titre très proggy qui peut servir de carte de visite musicale pour ce groupe. ‘Unpainted Dreams’ est le croisement improbable des Beatles et de Camel avec une brève apparition de guitare aérienne ; ‘Beneath The Valley Of Sleep’ lorgne sur du jazz rock avec un chant et des harmonies omni présentes habilement zébrées instrumentalement ; ‘The Days Of Perky Pat’ et ‘Shock Headed Peter’ se situent, au sens propre comme figuré, dans le ventre mou de l’album ; les choses sérieuses reprennent avec ‘Still Fighting Gravity’ au accents de Flower Kings quasiment instrumental et terminé par un solo de guitare qui décidément a pris un peu plus de place que d’accoutumée chez Argos ; ‘Elsewhere’ est un coup de coeur, avec son intro au piano, sa rythmique soutenant un chant étonnement plus aérien, son passage de flûte bienvenu relayé par une guitare très camélienne boostée par les claviers ; et puis vient l’épique de plus de dix huit minutes ‘When The Tide Comes In’ subdivisée en sept parties ; c’est juste magnifique même si Argos est capable en cinq minutes d’autant de variété que sur cette suite mais ne boudons pas notre plaisir tant les contours de cette musique sont riches et fertiles. Argos est un groupe qui a su créer son propre style et apposer sa griffe dans notre monde musical progressif avec un talent indéniable ; laissez-vous submerger par son charme insidieux, sa musique, à la fois calme et dynamique, servi par des musiciens et Auteur : une conception de la musique hors pair ! Vivement le prochain album !!! Jean-Christophe Neoprog n°4 - Septembre 2018 7
Civilisation de Southern Empire (2018) L’empire du sud, façon steampunk, revient cette année avec un second album intitulé Civilisation. Ces rescapés d’Unitopia quittent le bush pour nous emmener, à bord de leur dirigeable, vers la surface de la lune, à la recherche d’un second diamant. Avec plus d’une heure de musique et seulement quatre morceaux, vous vous doutez bien que (c’est mathématique), nous n'échapperons pas à quelques pièces épiques, quatre en réalité dont une qui approche tout de même la demi-heure.Southern Empire reprend le flambeau de Transatlantic avec un rock progressif mélodique aux titres ambitieux servis par des musiciens ayant amplement fait leurs preuves auparavant. A bord de leur navire, ils embarquent cette fois trois matelots supplémentaires; Marek Arnold (Seven Steps To The Green Door), James Capatch (Satan’s Cheerleaders) et Steve Unruh. Violon, flûtes Titres : et saxophones viennent compléter ce brillant quintette australien. Goliath's Moon Cries For The Lonely Civilisation a tout pour réjouir le proghead, à condition qu’il n’ait jamais écouté United Crossroads Progressive Fraternity. Car la guerre de succession d’Unitopia, comme celle de de Innocence & Fortune Johnny Hallyday, n’en finit pas de défrayer la chronique, et la demi-heure de ‘Crossroads’ rappelle furieusement, mot à mot en fait, le ‘Travelling Man’ de Fall In Label : Love With The World. Reprise ? Pas du tout, une version allongée de huit minutes, plus GEP instrumentale, sortie des cartons d’Unitopia et partagée en deux. Regardons le verre à moitié plein, ce ‘Crossroads’ est un pur régal pour les oreilles, avec force de saxophone, violon, flûtes, orgues, soli de guitares éblouissants, de breaks instrumentaux, ainsi que la voix puissante de Danny, une pièce tellement belle qu’elle fait de l’ombre au quatrième titre ‘Innocence & Fortune’ ainsi qu’à la version pourtant très belle de UPF. Il n’empêche, c’est quand même regrettable que la pièce majeure d’un album existe déjà sur le CD d’un autre groupe. Le premier Southern Empire souffrait déjà du même problème hélas. Dommage que Sean et ses comparses ne se concentrent pas sur de nouvelles compositions au lieu de fouiller dans le grenier d’un groupe défunt pour y récupérer quelques belles reliques. Mais parlons plutôt du nouveau matériel. L’album, comme son prédécesseur, débute par un enregistrement venu du fin fond des âges. ‘By The Light Of The Sylvery Moon’ (1909), quelques secondes crachotantes qui cèdent la place à ‘Goliath’s Moon’, un titre funky progressif au refrain accrocheur, une pièce riche en rebondissements, au couplet à trois voix sur des notes jazzy de piano électrique. Juste fabuleux ! Si vous n’aviez pas encore trouvé le lien entre Transatlantic et Southern Empire, l’ouverture instrumentale de ‘Cries For The Lonely’ devrait vous éclairer. Une batterie qui claque, des cascades de claviers symphoniques, une basse menaçante, trois minutes quarante explosives suivies de choeurs qui répondent à Danny dans une débauche d’emphase. Nous embarquons pour près de vingt minutes avec violons, guitare, flûtes, claviers, alliant la puissance du dirigeable américain et la subtilité de l’utopie australienne. Des soli démonstratifs se glissent entre deux couplets et le final instrumental est à couper le souffle. Une ‘petite pièce intimiste’ composée par Sean Timms et Steve Unrhu met un point final à Civilisation : ‘Innocence & Fortune’. Des couplets épurés, guitare acoustique, claviers vintages et flûte prennent place entre des doubles refrains puissants et un instrumental sautillant sorti dont ne sait où. Malgré et à cause la redite, Civilisation reste un fabuleux album, tout particulièrement pour ses deux premiers titres ‘Goliath’s Moon’ et ‘Cries For The Lonely’. Certes, il Auteur : s’agit de progressif grandiloquent, mais quand on aime... Jean-Christophe Neoprog n°4 - Septembre 2018 8
Music for Arseny Blinov’s abstract art (2018) Gleb Kolyadin vous connaissez ? Mais si, c’est le pianiste de Iamthemorning et l’artiste solo qui sortait un album avec comme invités Steve Hogarth, Mick Moss ou encore Jordan Rudess. Vous le remettez maintenant ? Gleb est un pianiste sorti du conservatoire de Saint Pétersbourg, et cela s’entend dans Lighthouse et dans quelques pièces de son album solo. Mais saviez-vous que Gleb jouait également sous le nom Poloniumcubes ? Un projet, fort aujourd’hui de cinq albums composés de pièces instrumentales au piano principalement. De courtes improvisations au gré des jours dans One, Two, Three et Four mais également une commande pour une exposition d’art contemporain, celle d’Arseny Blinov, qui se déroulait en mars dernier dans la belle ville de Saint Pétersbourg. Des peintures Titres : esquissées, portraits, corps alanguis, abstractions, noir sur blanc, projection de couleurs, Destructio I travail à partir de photographies, de l’art contemporain n’en doutez pas. Destructio II Destructio III Destructio IVl Destructio V Destructio VI Do not draw the mountains on a clear day Three Vertical Objects Label : Autoproduction Arseny Blinov - Destructio III 2016 Associer musique et peinture donne souvent une autre dimension à l’oeuvre d’un artiste, comme contempler les Nymphéas de Monet en écoutant du Debussy à la Fondation Beyeler, près de Bâle, en Suisse. Music for Arseny Blinov’s abstract art c’est un peu cela, huit pièces de piano, à la manière de la musique française du début du vingtième siècle, aux intonations proches de Ravel, Poulenc, Satie ou Debussy, des pièces lentes, cinématiques, parfois sombres, composées pour accompagner la visite de l’exposition. Comme beaucoup des titres de Poloniumcubes, ils semblent à peine esquissés que déjà ils s’achèvent, comme des essais inaboutis. Ici pas l’ombre d’un rock progressif, ce que Gleb propose se rapproche plus de la musique de film et du contemporain soft que du rock. Des cinq albums de Poloniumcubes, Music for Arseny Blinov’s abstract art est assurément le plus intéressant. Mais comme vous pouvez les télécharger tous sur Bandcamp pour trois fois rien, ne vous privez pas, histoire de découvrir une nouvelle facette de Gleb Kolyadin. Auteur : Jean-Christophe Neoprog n°4 - Septembre 2018 9
Lies and Butterflies de Mystery (2018) Mystery, pilier du néo-progressif québécois, après une tournée qui les faisait passer en France et juste avant de brûler les planches à la Loreley, sortaient un nouvel album, Lies and Butterflies. Une femme traverse une avenue déserte de Montréal sur un passage protégé. Le vent lui souffle de face, véhicule son lot de mensonges sur des pages de journal qui tourbillonnent dans l’air et se plaquent sur le visage de la passante. Lies and Butterflies. Il ne s’agit pas d’un live, contrairement à ce que pourraient suggérer les applaudissements au début du premier titre et les photos prises lors de concerts qui illustrent le livret. Lies and Butterflies est bien un nouvel album studio, sept titres dont Titres : deux d’entre eux, ‘Looking for Something Else’ et ‘Chrysalis’, ouvrant et clôturant Looking For Something Else respectivement le CD, dépassent le quart d’heure réglementaire. Come To Me Les ressorts de Mystery sont la guitare de Michel St Père, la voix haute de Jean Pageau How Do You Feel ? et les claviers symphoniques de Antoine Michaud. Lies and Butterflies pose de Something To Believe In nombreuses questions sur l’existence, notre devenir, le sens de la vie, la solitude au fil Dare To Dream des morceaux sans apporter de réponse, un peu comme leur musique très symphonique, Where Dreams Come Alive sans aspérité, sur laquelle on peine à trouver prise. De belles mélodies où l’on retrouve Chrysalis Pink Floyd (‘Come to me’), les Beatles (‘Something to believe in’), Arena dans le refrain de ‘Dare to Dream’ et une basse funk et un piano jazzy sur ‘Where Dreams Label : Come Alive’. A l’aide de ses délicates ailes, le papillon de ‘Chrysalis’ s’élève. La magie Unicorn Records de Mystery opère avec quinze minutes de très haut vol, plus metal progressives que néo symphoniques, grâce à la basse de François, la batterie nerveuse de Jean-Sébastien et les deux guitares de Michel et Antoine, où dans leurs riffs pointe un air d’ ‘Abacab’. Sur ce titre, les musiciens soufflent le chaud et le froid, les claviers passant en retrait pour une fois. Mais Mystery ne serait pas Mystery sans ses refrains, et ici, ils nous gâtent avec “You were born to fly butterfly…” accompagné à la guitare acoustique et ébauché au piano lors de l’ouverture du morceau. Rien que pour cette merveille qui s’extirpe de son cocon, Lies and Butterflies est indispensable. Les cinq premières pièces du nouveau Mystery gagneront sans doute un peu de mordant en live et séduiront assurément les amateurs de néo prog symphonique. Mais qui résistera à la puissance émotionnelle véhiculée par ‘Chrysalis’ et la beauté de ‘Where Dreams come Alive’ ? Auteur : Jean-Christophe Neoprog n°4 - Septembre 2018 10
What I Found de Fleesh (2018) Un couple brésilien, Gabby et Celo, adeptes de reprises de Rush, Marillion, Dream Theater, Toto, Queen et des meilleurs, se lancèrent dans la composition à leur tour. Après avoir inondé Youtube de très beaux covers, ils invitèrent leurs admirateurs à financer la production de leurs compositions. Deux albums naquirent de cette aventure, The Next Hemisphere, un tribute à Rush et What I Found contenant dix pièces originales et dont nous allons parler maintenant. Mais avant d’aller plus loin, notez quelque part dans vos tablettes qu’ils préparent un tribute à Marillion et un nouvel album perso. Sachez enfin, que The Next Hemisphere m’a donné envie de découvrir un groupe pourtant mythique que je connais bien mal, je veux parler de Rush, c’est dire s’ils ont du talent. Titres : What I Found What I Found n’est pas à proprement parler un album progressif malgré les reprises que Frankenstein Fleesh affectionne. Il s’agit plus exactement de rock mélodique, de ballades façon If I couplet refrain où la jolie voix de Gabby se pose. A eux deux, ils jouent de tous les System's Down instruments, exception faite du violon tenu par Gabriel Teixeira. Dust Inévitablement, leur musique s’inspire de leurs modèles, à savoir Rush, Marillion, Pink Run Floyd et d’autres pour le choix des sonorités des guitares et des claviers, et pour Good Luck quelques constructions assurément progressives comme dans ‘System’s Down’, la plus Time Lapse seventies des pièces de l’album, écoutez donc : Reply Blood in the Street Et puis il y a les tubes, ce ‘What I Found’ qui ouvre le CD avec un refrain à tomber par terre et son solo de guitare affolant, ou ce ‘If I’ d’inspiration plus rock. Parmi les autres Label : merveilles de cet album, il y a ‘Run’, le sixième morceau qui échappe au carcan Autoproduction couplet/refrain habituel, jouant du côté de Marillion et Pink Floyd, un régal de guitares, d’orgue et de chant car Gabby s’essaye à un phrasé différent sur ce titre. Enfin n’oublions pas le dernier morceau, ‘Blood on the Street’, une pièce progressive grand format de huit minutes à la délicate introduction électro acoustique, un très beau titre qui souffre hélas de trop de claviers par moment. Nous pourrions reprocher à What I Found de tourner en rond au gré des morceaux, car à deux difficile de rivaliser en diversité musicale avec une formation de quatre membres ou plus. Gabby chante souvent de la même manière, très agréable au demeurant, mais qui au bout de cinquante-quatre minutes, devient monotone. Même chose pour les soli de guitares. Celo n’impose pas sa patte, il emprunte beaucoup à Rothery, Gilmour, Lifeson et cie. Enfin côté production, il y a encore du travail pour atteindre la perfection, même si en dehors d’une écoute au casque, le rendu reste tout à fait acceptable. Mais ne perdons pas de vue qu’il s’agit du premier album du duo et qu’il y en aura, du moins nous l’espérons, beaucoup d’autres, avec qui sait, peut-être une formation enrichie d’autres talents. Auteur : Jean-Christophe Neoprog n°4 - Septembre 2018 11
Pig Wiews de Regal Worm (2018) Regal worm est un ver polymorphe musical né dans le cerveau kaléidoscopique d’un musicien de talent, multi instrumentiste, Jarrod Gosling ; sa genèse se nourrit des terres progressives des années 70 ; un terreau fertile composé de rock progressif, canterbury, musiques électroniques, jazz rock, fusion, psychédélisme reposant essentiellement sur les claviers, une base rythmique lancinante, des cuivres, la quasi absence de guitares et des chants et des cœurs qui laissent peu de répit à nos oreilles de mélomanes ; le tout dans des constructions aléatoires, des transitions imprévisibles, des décalages musicaux, des inspirations déroutantes ; bref, une musique inclassable qui nous glisse des doigts quand on croit l’avoir apprivoisé. Pig Views poursuit dans la même veine que son prédécesseur Neither Use Nor Titres : Ornament si l’on excepte un propos plus ramassé et j’adhère totalement à l’excellente Rose, Rubus, Smilax, Vulkan chronique de l’époque sur Néoprog. Revealed As A True Future Tyrant Pour ma part, j’ai accroché aux “deux roses”, ‘Rose, Rubus, Smilax, Vulkan’ et ‘Rose Pre-Columbian Worry Song Parkington, They Would Not Let You Leave’ très Van Der Graaf Generator dans l’esprit Rose Parkington, They et accessible dans leur complexité ; j’ai été séduit par la fluidité, les chœurs à la Magma Would Not Let You Leave et les cuivres superbement exploités de ‘Revealed As A True Future Tyrant’ ainsi que Jag Vet par ‘Huge Machine, You Are So Heavy’, titre libéré de toute excentricité et dont la The Dreaded Lurg construction fait mouche ; j’ai eu beaucoup de mal avec l’aspect “musique ascenseur” Crystallisation de ‘Pre-Columbian Worry Song’ ; enfin, derrière le titre le plus long de l’album ‘The Rokstenen Dreaded Lurg’ se cache le catalogue des possibles des créations musicales de Jarrod The Evil Eye Is Liquified Gosling, la quintessence de son art, de son monde fou et de son approche unique de ce Huge Machine, You Are So qui est au final son propre style musical. Heavy On ne va pas tergiverser, soit vous allez considérer cet opus de Regal Worm comme un Butterfly délire d’intellectuel un tantinet prétentieux, une paranoïa musicale déstabilisante, soit vous traverserez cet univers étrange en vous délectant de son architecture inspirée, Label : complexe et en perpétuel mouvement ; une chose est sûre, vous allez devoir sortir de Uranium Club votre zone de confort pour au moins vous faire un avis éclairé sur Pig Views. Auteur : François Neoprog n°4 - Septembre 2018 12
The Golden Moth de Dark Sarah (2018) Les voix de Sarah et du Dragon, accompagnées de cordes métalliques et de cuivres symphoniques, nous racontent les chroniques de Dark Sarah. Après le monde souterrain, nous découvrons l’étage supérieur où les dieux habitent une île flottante au dessus du désert. Autrefois ennemis, Sarah et le Dragon s’allient pour réussir à rencontrer les dieux. Sur leur chemin parsemé d’embûches, ils rencontreront la diseuse de bonne aventure (Netta Skog), l’ours polaire (Marco Hietala) et le masque de fer (Zuberoa Aznarez). Ce troisième opus de Dark Sarah, fait, une fois encore, la part belle aux voix de Heidi Parviaimen (Sarah) et JP Leppaluoto (le Dragon) sur une musique metal symphonique Titres : cinématique virant même à la comédie musicale. Nombre d’entre vous pourront trouver Desert Rose les aventures fantastiques de notre égérie très kitch, comme l’orchestration Trespasser grandiloquente qui les porte une heure durant. Mais les amateurs de duos chantés ne Wheel craignant pas l’abus de pathos devraient adorer. My Beautiful Enemy Deux guitaristes (Erkka Korhonen et Sami Salonen), un bassiste (Rude Rothsten) et un I Once Had Wings batteur (Thomas Tunkkari) martèlent l’enclume d’une orchestration omniprésente que Pirates l’on doit à Milko P Mustonen qui a travaillé pour Delain, Sonata Artica et Ensiferum, Sky Sailing autant dire du lourd. Une orchestration aux trois cents violons, altos, violoncelles, tubas, Wish cors, clarinettes virtuels qui pêche comme à chaque fois par leur couleurs fades et leur The Gods Speak (avec Marco grain émoussé, mais qui donne le change tout de même si vous n’êtes pas trop tatillon. A Hietala & Zuberoa Aznarez) quand un enregistrement avec orchestre ? Promise Golden Moth Si la majorité des douze titres de The Golden Moth sont des modèles de metal The Gate Of Time symphonique, l’album réserve tout de même son lot de surprises: ‘Once Had Wings’ à l’accordéon (numérique hélas), ‘Pirates’ d’inspiration plus folk, ‘Wish’ que l’on croirait Label : sorti d’une comédie musicale des années cinquante et ‘Golden Moth’ qui possède un air Inner Wound Records de Ayreon symphonique. Ce papillon de nuit doré, qui s’envole vers le soleil à la fin de l’histoire, conclut la première trilogie des aventures de Dark Sarah. The Golden Moth exploite mieux le duo formé par Heidi et JP qui brillait dans ‘Dance With The Dragon’ sur le précédent opus. L’album possède également une meilleure unité musicale et s'élève au dessus des deux premiers. La bonne idée serait maintenant que leur label, Inner Wound Records, édite un joli coffret réunissant les trois albums Behind The Black Veil, The Puzzle et The Golden Moth Auteur : Jean-Christophe Neoprog n°4 - Septembre 2018 13
Tenk om noen ser deg de Det Skandalose Orkester Incapable de torturer mon cerveau en ce moment par mollesse estivale, j’avoue qu’à l’écoute de cet album mes neurones ont dangereusement été électrifiés et chahutés, incapables de retrouver leurs synapses respectives ! Sympathiques en diable, ces norvégiens se présentent eux-mêmes avec une pertinence et une justesse que l’on ne rencontre pas toujours dans les crédos promotionnels : “Det Skandaløse Orkester de Bergen, en Norvège, est connu pour son impopularité. Mais maintenant, ils ont fait un album qui, espérons-le, mettra fin à tout ça. Cet album sensationnel s'intitule "Tenk om noen ser deg", qui peut être traduit par "Et si quelqu'un te voit". Et c'est le thème principal de toutes les paroles; la peur consciente de ce que les autres peuvent penser de votre comportement et de votre apparence. La musique est Titres : éclectique et difficile à classer. Il s'ouvre sur un programme épique de 10 minutes, Skandale Mentale - divisé en quatre pistes. Le reste de l'album est constitué d'un mélange de funk, de instrumental cabaret, de jazz rock et de musique classique. C'est moche et beau, drôle et effrayant. Lokkemann, lokkemann, kor Si vous aimez la musique de Frank Zappa, King Crimson, Tom Waits, Mr. Bungle, Pink e du no Floyd, Igor Stravinsky, Spike Jones, Walt Disney, Beverly Hills 90210 et Twin Peaks, Skandale Morale vous trouverez certainement quelque chose sur cet album qui vous fera plaisir.” Epilogue Skulle jævlig vært på TV Bienvenu donc dans un doux délire chaotique qui va vous secouer la pulpe et vous sortir Ukomfortabel des sentiers battus, voire rebattus, avec jubilation ; ne vous y trompez pas, ce sont là de Skandale Fenomenale sacrés musiciens qui ont pris le parti de s’éclater certes mais de très brillante manière. Forvirret Bon, il faut qu’en même convenir que le chant en norvégien (et ils ont bien raison de En naken mann ble funnet i et chanter dans leur langue maternelle !) nous prive certainement d’une part de délire bosspann qu’insuffle cette musique et je vous invite à vous rendre sur leur site pour l’intégralité Verdens beste land de la traduction des paroles en anglais ; nul doute également que c’est sur scène que ce style musical atteint son paroxysme. Tout débute par une suite de quatre titres qui va vous entraîner dans un tourbillon musical avec une introduction hard prog ‘Skandale Mentale’, puis avec l’arrivée du Label : ‘Lokkemann’, le personnage qui vous attire avec des bonbons et du chocolat dans les Apollon Records poches, nous naviguons entre musique de cirque, orchestre à cuivres rétro, chants expressifs qui vont sûrement en dérouter plus d’un ; après un petit ‘Skandale morale’ de 45 secondes, ‘Epilogue’ vient clôturer classiquement le chapitre avec ses instruments à cordes. Si vous vouliez la version « skandaleuse » de Thriller, ‘Skulle jævlig vært på TV’ nous délivre un Michaël Jackson qui s’est trompé de médicaments avec un passage central calme (un début de coma ?) ; ‘Ukomfortabel’ est un moment de soûlographie musicale qui se rote rapidement, suivi par un court instrumental ‘Skandale Fenomenale’ qui n’a rien de phénoménal d’ailleurs ; nous changeons radicalement de calibre avec le très intéressant ‘Forvirret’, un titre très progressif sans tous les artifices ou singeries précédentes ; mon titre préféré, intro au piano, voix féminine convaincante, solo de guitare accompagné par les claviers puis les cordes et un final classique fleurant bon Stravinsky (et les débuts de concert de Yes (réflexe pavlovien de ma part !) ; les deux derniers titres sont plus anecdotiques, une référence à Blanche Neige et les sept nains en mode cirque pour ‘En naken mann ble funnet i et bosspann’ et un ‘Verdens beste land’ qui lorgne du côté funky au rythme effréné. Vous l’avez compris, avec Det Skandaløse Orkester vous pénétrez dans une dimension particulière et déjantée de la musique ; faisant fi des conventions, leur second opus ne se dompte pas aisément mais se vit avec jubilation, une sorte de tambour de machine à Auteur : laver en mode essorage qui va drôlement vous faire tourner la tête ! François Neoprog n°4 - Septembre 2018 14
Welcome To The Unknown (2018) Bienvenue dans l’inconnu ! Des fenêtres, de longs couloirs et corridors photographiés en noir et blanc illustrent le livret du troisième Seasons of Time. Le trio allemand, après leur coming back de 2014, nous proposera en septembre un nouvel album six titres. Nous retrouverons les défauts et qualités de Closed Door To Open Plains : le chant monocorde de Dirk, toujours limite, des choeurs eighties qui aujourd’hui passent moins bien, de nombreux emprunts; le Genesis des premières années, le Marillion de Fish (‘Dreams of a Madman’) et même du Pink Floyd (‘Towards The Horizon’), une production perfectible mais un jeu de qualité que ce soit à la basse, aux guitares ou aux claviers. Titres : Welcome To The Unknown prend réellement son envol à partir de ‘Joana’, pièce néo- Clarity progressive aérée de quinze minutes, très ancrée dans le Misplaced Childhood de Hengist Ridge William Derek Dick, sans la voix qui allait avec hélas. Introception S’il ne faut pas abuser du vocodeur, son usage peut parfois donner du caractère à un Kingdom of Kent titre. ‘Driven To Drive’ en est la preuve. Assurément, il s’agit du morceau phare de cet The Last Harvest album, une écriture très personnelle, expérimentale, torturée, à la limite de l’électro, Spirit of the Skies bien loin du néo-progressif nostalgique, fourmillant d’idées, comme son final vraiment TTWIG réussi. Nous embarquons enfin pour un dernier titre de huit minutes aux claviers progressifs planants, au texte minimaliste, où la guitare de Florian s’envole pour un long solo. ‘The Label : Last Ship’, vogue toutes voiles dehors, gonflées par le souffle du défunt Rush. Autoproduction N’attendez pas de grandes nouveautés de ce Seasons of Time, sauf avec ‘Driven To Drive’. Le chant manque de peps, la musique baigne dans la nostalgie progressive, et ‘Plan To Make Plans’ tape sur le système avec ses rimes en “ess”. Mais prenez le temps d’ouvrir le livret, vous y découvrirez des paroles qui vous inciteront à retourner vers la musique. Auteur : Jean-Christophe Neoprog n°4 - Septembre 2018 15
The Last Harvest de The Kentish Spires (2018) Petit vent des seventies avec cette douce canicule qui berce notre pays, (ne vous inquiétez pas, le mauvais temps revient rapidement pour cet hiver), aujourd'hui je vous propose de découvrir du Canterbury prog rock tout droit sorti de Grande Bretagne. Titres : Clarity Hengist Ridge Introception Kingdom of Kent The Last Harvest Spirit of the Skies TTWIG Alors que toutes les productions sont calibrées avec des sons supra-efficaces, des compressions, et du mastering de plus en plus poussés, The Kentish Spires nous propose un retour dans le passé, avec des sons plutôt “old school”. Déroutant au début, on se Label : croirait dans ces années créatrices où l'ordinateur ne dictait pas ses lois musicales. Les Autoproduction sons sont bruts, parfois piquants, mais contrastés, à la fois doux (voix, flûte) et rugueux (saxophone, guitare). A noter que la chanteuse a une voix particulière, plutôt grave, et au timbre qui peut paraître déroutant tant il est inhabituel. Bien que l'harmonie reste plutôt tonale, le groupe n'hésite pas à se lancer dans des couleurs modales, le tout sur un fond rythmique rock assez classique. On se frôle légèrement une musique zeulhique, un peu à la manière de Knifeworld. Pas d'introduction pour ce sept titres, l'album entre directement dans le vif du sujet avec un premier titre assez long de onzes minutes très rythmées. Après un deuxième morceau vif et rapide, les tempos ralentissent, avec de belles ballades, et le rythme s'essouffle légèrement avant le dernier titre, éponyme de l'album 'The Last Harvest', grande chanson lente qui finit en feu d'artifice, et entrecoupé par une danse magmatique, où le saxophoniste nous entraîne dans un chorus des plus endiablés. En somme un renouveau intéressant, qui s'éloigne de la doxa numérique d'aujourd'hui. Mais malgré tout, les compositions ne vont pas assez loin, et bien que l'initiative soit bonne et plutôt convaincante, 'The Last Harvest' souffre d'un manque de rythme et d'originalité. Auteur : Guillaume Neoprog n°4 - Septembre 2018 16
The Iron God de High Jack (2018) Avez-vous déjà remarqué que les nouveaux venus dans le rock progressif s'embarquent souvent dans un concept parlant du destin de l'humanité lors de leur premier album, empruntant la musique aux groupes qui ont façonné leur passion ? Plus tard ils continueront avec des titres indépendants, regroupés éventuellement autour d’un thème, affirmant leur identité musicale au fil des morceaux composés. Mais leur premier bébé doit être un concept, il s’agit presque d’une règle d’or. Titres : Binary Beast The Traveler Adam Land of Paradox Code Infrarouge A Meeting Tout d’abord pop rock sous le nom de The Adhesives, le trio du Vésinet s’oriente vers le The End of Mankind progressif et devient High Jack, renonçant à tout succès commercial (nous vivons en The Awakening France). Leur premier album, The Iron God, qui vient de sortir, un concept comme il se Last Travel doit, s’inspirant beaucoup de Porcupine Tree pour la musique, raconte une histoire de The Iron God science-fiction. The Fall Dust Après un monstre binaire instrumental, l’histoire de notre voyageur humanoïde intersidéral commence, très récitative avec une guitare aux délicats motifs jazzy progressifs qui mériterait d’être plus en avant. ‘Code Infrarouge’, le second instrumental, nous fait goûter aux première notes du piano de Lancelot également Label : batteur, une très belle pièce tout d’abord mouvementée et qui va s'apaisant. Autoproduction Le tournant du concept prend place lors de la rencontre de notre voyageur et d’Adam, le dernier humain qui va lui conter la fin du monde. Elle se produit lors d’un duo rythmique où se greffent guitare et chant. Entre les couplets, guitare, basse et batterie construisent deux brèves sections prometteuses tout comme lors de l’ouverture de ‘The Awakening’. Le troisième instrumental nous plonge dans une atmosphère psyché à la façon Star Dies. Le récit se conclut de belle manière avec ‘The Fall’ suivi du quatrième instrumental de l’album: ‘Dust’. Une fois que nous aurons dit que le chant manque de personnalité et que les claviers pourraient s’imposer plus souvent, nous aurons presque fait le tour du sujet. The Iron God n’est ni fabuleux ni mauvais. Un nouveau concept album parlant du destin des hommes, de l’omnipotence et de la révolte, empruntant des idées à Wilson et qui manque d’un chanteur charismatique ainsi que d’une belle production pour décoller. Mais ce sont là des péchés de jeunesse que nous découvrons ici. L’album, bien écrit, nous maintient attentif pendant près d’une heure, déroulant son récit futuriste, servi par des musiciens qui connaissent leur affaire et un chanteur capable de justesse et d’anglais quasi oxfordien. Auteur : Jean-Christophe Neoprog n°4 - Septembre 2018 17
Lake of Instinct de The Vostok (2018) Cinq niçois forment The Vostok, un groupe hésitant entre progressif énervé et metal mélodique. Pour les découvrir, nous vous proposons de plonger dans leur EP six titres Lack of Instinct. Dès la première écoute, les riffs puissants des guitares, les claques de basse, la batterie explosive et ces claviers façon Rudess éblouissent. L’enthousiasme est toutefois tempéré par le chant clair perfectible. Mais quand reviennent le growl et les choeurs, la magie opère à nouveau. Sur les six pièces de Lack of Instinct, notre formation de la Promenade des Anglais varie les genres, du metal progressif à la Haken (‘Present & Past’) à la reprise de la Titres : troisième symphonie de Brahms en Fa majeur, ou si vous préférez ‘Baby Alone in Present & Past Babylone’ de Gainsbourg dans ‘Black Frost’, un titre qui vire au metal mélodique pour Black Frost continuer sur le poutrage rythmique dans ‘City’. City Le ‘Friendship Dies’ arrive alors, jouant les Radiohead metalleux, avec sa trame Friendship Dies alternative qui se prend en pleine face un refrain crié. ‘Negative Pole’ livre presque Negative Pole toutes les facettes de The Vostok, alternatif, metalleux, progressif, growl, parlé, vocodé Soul Keeper incluant un instrumental jouissif. ‘Soul Keeper’ calme le jeu et clôt ce long EP de façon plus posée, mélangeant progressif, alternatif et metal avec force de claviers et soli de guitares. Label : L’écriture de The Vostok est furieusement bien construite, efficace et curieusement à Autoproduction tiroirs. Ils dosent savamment poutrage et mélodies en s’appuyant sur les influences de la scène progressive, metalleuse et alternative des dernières années, comme Dream Theater, Radiohead, Haken, Mastodon et d’autres. A découvrir. Auteur : Jean-Christophe Neoprog n°4 - Septembre 2018 18
Sunhead de Plini (2018) Plinitude : état de satiété né de l’écoute de guitares virtuoses et lumineuses (Le petit Neoprog illustré 2018). Le talentueux guitariste australien que Laurent découvrait en 2016 avec Handmade Cities et en live au Grillen au début de l’été nous revient avec un EP quatre titres intitulé Sunhead. Avec sa pochette en noir et blanc remplie de feuilles, fruits, légumes, champignons et quelques objets incongrus (une niche, une fourchette, un spoutnik...), où trône une tortue géante sur laquelle poussent des sapins, Plini nous convie à une flânerie de vingt minutes, entre djent et jazz. Oui, vous avez bien lu, entre djent et jazz, car l’enfant Titres : surdoué du manche ne se cantonne pas dans un metal progressif technique, il explore Kind également l’univers plus élitiste de la fusion, et reconnaissons-le, là aussi, il est brillant. Salt + Charcoal Le premières notes de ‘Kind’ à la basse sonnent comme celle de Colin Edwin à la Flâneur grande époque de Porcupine Tree. Très vite, Plini épouse tous les genres, du djent au Sunhead progressif en passant par des plages de guitares lumineuses cédant la place à un tabassage rythmique digne d’un Tesseract avec une aisance déconcertante. La musique semble tellement naturelle lorsqu’elle est jouée par Plini. Label : ‘Salt + Chaorcal’, déjà sorti sous forme de single fin mars, plus sage dans la forme, Autoproduction s’apparente à un post prog djent stellaire qui s’achève sur basse et batterie étouffées, comme enregistrées derrière la porte anti-bruit du studio. ‘Flâneur’ nous entraîne dans les rêveries de Plini. Le titre glisse d’un metal jazz, incluant deux soli de saxophone, pour arriver finalement à un pur son jazzy au piano. Le changement d’univers musical se fait à votre insu, tout en finesse, une brillante réconciliation de styles musicaux très dissemblables. Et pour finir, ‘Sunhead’ fait son Copacabana metal progressif, tout aux guitares et basse, un titre toutefois nettement moins mordant que les précédents. A n’en pas douter, Plini reste un des jeunes génies de la six cordes. Le format EP est idéal à cette musique, car l’instrumental, même de haut vol, possède tout de même ses limites, tout le monde n’est pas né guitar hero. Auteur : Jean-Christophe Neoprog n°4 - Septembre 2018 19
Live report Steven Wilson au ZMF Le 18 juillet 2018 Fribourg C'est avec grand plaisir que je retourne cette année au Zelt Musik Festival (ZMF) à Fribourg. J'avais déjà vu et écouté Steven Wilson en live enjuillet 2016, et cette année Jean-Christophe est de la partie pour shooter la bande du britannique qu'il n'a pas vu depuis quelques années. Après Patricia Kaas en 2017, c'est donc Steven Wilson qui a cette année l'honneur d'ouvrir cette trente-sixième édition du ZMF. Après une rapide déambulation sur le site - c'est le début du festival il n'y a pas encore beaucoup de monde, à part sûrement le pot d'inauguration du festival qui fait le plein sous la Hügelzelt - nous entrons à 19h20 dans la Zirkuszelt, le plus grand chapiteau du festival. Un grand rideau-filet- toile blanc est tendu devant la scène illuminée en bleu, je remarque l'impressionnant jeu de batterie qui attend de faire parler la poudre. Le parquet devant la scène est déjà occupé par les fans les plus assidus qui ont réservé leur place et attendent sagement assis. Certains lisent, d'autres discutent en rond autour d'une bière. Je laisse JC prendre ses photomarques et me poste aussi aux premières loges. C'est l'heure des ultimes tests de guitares sur scène. Neoprog n°4 - Septembre 2018 20
Les premières fumées font monter le suspense une petite dizaine de minutes avant l'entrée des artistes. Une voix grave nous annonce la projection d'un petit film ; en fait des photos associées à un mot défilent. Les cartes entre les photos et les mots sont ensuite redistribuées, les images défilent de plus en plus vite, alors que la musique d'ambiance bon enfant se transforme et nous plonge dans d'angoissants abysses. Première claque. En une minute toute la puissance et le pouvoir de manipulation des images est souligné, et nous rappelle que nous devons garder en toutes circonstances notre libre arbitre, nos facultés de jugement et nos valeurs. C'est du moins la conclusion et le ressenti que j'en tire. En tout cas l'artiste n'est pas encore sur scène que déjà il nous titille. Entrés sur scène en catimini pendant la projection, les musiciens commencent sans ambage avec 'Nowhere now'. Craig Blundell est aux fûts, Adam Holzman aux claviers, Nick Beggs à la basse, Alex Hutchings à la guitare, et bien sûr Steven au chant avec une guitare. Encore une fois je vais évoquer les points les plus marquants de ce concert qui fait partie de la tournée mondiale To The Bone Tour 2018 du britannique, et que Jean-Noël a aussi vu en Février à Marseille. Il y a en premier lieu la scène. Une grande scène qui permet de nombreux effets: il y a, nous l'avons déjà évoqué, cet énorme écran-filet tendu qui permet à la fois de projeter des images et des vidéos tout en voyant les artistes en arrière- plan. Il sera régulièrement déployé et rétracté en quelques secondes pendant le concert. Nous y voyons, entre autres, Nina Tayeb chanter sur Pariah. Il y a ensuite un écran géant en fond de scène qui, à l'instar de ce voile géant, diffuse des clips existants ou spécialement créés pour cette tournée. Les éclairages, du petit spot à l'énorme projecteur rotatif en fond de scène, permettent toutes les combinaisons possibles, de l'ambiance intimiste centrée sur les musiciens en contre- jour - comme ce solo en mode grand piano de Adam qui fait dresser les poils - à l'orgie lumineuse. Quand tout est utilisé au service de la musique lors des maelstroms musicaux de 'The Creator Has a Mastertape' ou 'Vermillioncore', c'est un déluge total de chorégraphies de lumières. On sait tout de suite que l'on assiste à l'un des points d'orgue du set. Il y a ensuite le son. Un son réglé très sûrement pour le lieu et pour le public, et qui ne nécessite pas de bouchons. Pas besoin de s'appesantir sur le sujet, c'est une constante, le britannique sait s'entourer d'ingénieurs du son qui connaissent leur sujet. Une équipe capable aussi de changer à la volée et en quelques secondes une caisse claire sans déranger Craig le moins du monde pendant qu'il joue 'Ancestral' avec ses compères, et sans aucune interruption musicale. En un mot une équipe de professionnels. Viennent ensuite les musiciens. Une troupe qui rappellera souvent son unité en s'amusant ensemble avec des mimiques, avec un code gestuel commun, se figeant dans des postures avec l'index sur ou sous le menton en mode mannequin challenge, ou jouant subitement couchés sur la scène (du moins pour les trois guitaristes). Par qui commencer ? Commençons par Craig (Pendragon, Frost*, It Bites, Kino…) dont c'est l'anniversaire ce soir-là. Craig soufflera les bougies du gâteau amené sur scène à la fin de 'Sleep together', et aura bien sûr aura droit à un 'Happy birthday' entonné par le public. Craig, qui s'éclate et se dépense sans compter, aura sûrement encore perdu quelques litres d'eau sous la Zirkuszelt bien chauffée par ce soleil estival. J'en suis encore à me demander comment il ne se mélange pas les baguettes entre toutes ces cymbales et peaux tendues. Quelle belle machine que le cerveau, capable d'enregistrer des dizaines de milliers d'informations, et de les restituer instantanément au bon moment, au bon endroit. Regarder un musicien jouer des heures sans partition est plus que vertigineux. Neoprog n°4 - Septembre 2018 21
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