NEOPROG n 4 - Steven Wilson - OH. Dark Sarah The Vostok Regal Worm

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NEOPROG n 4 - Steven Wilson - OH. Dark Sarah The Vostok Regal Worm
NEOPROG n°4
            OH.
            Dark Sarah
            The Vostok
            Regal Worm

       Steven Wilson
NEOPROG n 4 - Steven Wilson - OH. Dark Sarah The Vostok Regal Worm
Neoprog n°4 - Septembre 2018   2
NEOPROG n 4 - Steven Wilson - OH. Dark Sarah The Vostok Regal Worm
L’éditorial
 Oui, nous avons été invités à un concert de Steven Wilson. Ce n’est pas tous les matins que nous
 couvrons un évènement aussi important. Un peu le trac, assurément, quand on sait combien Steven
 surveille de près son image dans les médias, qu’il interdit les appareils photos dans la foule, et qu’il s’agit
 tout de même d’un génie hors norme, que l’on aime ou pas ce qu’il fait. Lorsque nous avons eu nos pass
 nous exultions comme deux gamins, pas très pro tout ça, quand dans la salle, on m’a laissé sortir la
 grosse Bertha photographique et quand la sécurité m’a regardé d’un œil bienveillant shooter pendant
 deux heures, je pensais encore en sortant qu’ils videraient mes cartes SD. Mais non. Au lieu de cela, des
 sourires, un staff au petits soins et mes premières photos autorisées de Steven Wilson. Trop bon !

Table des matières
L’éditorial...........................................................3              Tenk om noen ser deg de Det Skandalose
Les chroniques...................................................4                   Orkester.......................................................14
Suite For Piano and Electronics (2018).............4                                 Welcome To The Unknown (2018).............15
   The Last One de Circles (2018)....................5                               The Last Harvest de The Kentish Spires
   Metallia de OH. (2018).................................6                          (2018)..........................................................16
   unidentified dying objects de Argos (2018). .7                                    The Iron God de High Jack (2018).............17
   Civilisation de Southern Empire (2018).......8                                 Lake of Instinct de The Vostok (2018).............18
   Music for Arseny Blinov’s abstract art (2018)                                     Sunhead de Plini (2018)..............................19
   .......................................................................9       Live report........................................................20
   Lies and Butterflies de Mystery (2018)......10                                    Steven Wilson au ZMF................................20
   What I Found de Fleesh (2018)...................11                             Quelques concerts à venir en France...............26
   Pig Wiews de Regal Worm (2018)..............12                                 Et prochainement.............................................27
   The Golden Moth de Dark Sarah (2018).....13

  L’équipe Neoprog :                                                              Contact :

  Jean-Christophe Le Brun                                                         Neoprog
  Laurent Regnard                                                                 93 route de Lyon
  Jean-Noël del Castillo                                                          67400 Illkirch-Graffenstaden
  Guillaume Gibert                                                                France
  François Moreno
                                                                                  contact@neoprog.eu
                                                                                  http://www.neoprog.eu

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NEOPROG n 4 - Steven Wilson - OH. Dark Sarah The Vostok Regal Worm
Les chroniques

Suite For Piano and Electronics (2018)
Matt Barber, le claviériste de Sanguine Hum, a sorti en juin dernier sa Suite for Piano
and Electronics.

Dix pièces sobrement (malheureusement ?) intitulées Part 1 à 10. Dix superbes pièces
où le piano s'exprime pleinement, entre motifs expectatifs, répétitions minimalistes et
hypnotiques, rebondissements tranquilles, petites broderies, grappes de notes, pirouettes
musicales, motifs enjoués et sautillants. Un piano parfois accompagné par de petits
motifs électroniques répétitifs ou fugaces qui savent rester discrètement à leur place.

Les ambiances se succèdent tour à tour au fil des titres, et vous pourrez vous trouver
dans le patio d'un grand hôtel luxueux, au frais en pleine nature à côté d'une cascade       Titres :
gouleyante et agréable, au milieu d'un jardin zen, ou tout simplement reposé, apaisé, ou     Part One
en pleine conscience dans un endroit que vous aurez choisi et qui vous fait du bien. Une     Part Two
petite mention spéciale pour ‘Part 8’, titre solaire et rempli d'énergie où les deux mains   Part Three
se répondent, ainsi que pour ‘Part 10’, un titre plus long et plus complexe composé          Part Four
uniquement au piano.                                                                         Part Five
                                                                                             Part Six
                                                                                             Part Seven
                                                                                             Part Eight
                                                                                             Part Nine
                                                                                             Part Ten

                                                                                             Label :
                                                                                             Bad Elephant

Encore une fois les amateurs de progressifs en seront pour leurs frais. Si vous aimez le
piano, les ambiances à la Ludovico Einaudi ou à la Philip Glass, écoutez cet album.
Pour les autres, il n'est encore une fois pas interdit d'élargir vos horizons musicaux !

                                                                                             Auteur :
                                                                                             Laurent

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NEOPROG n 4 - Steven Wilson - OH. Dark Sarah The Vostok Regal Worm
The Last One de Circles (2018)
Tesseract, Haken, Leprous et maintenant les australiens de Circles, nous signons une
nouvelle chronique metal progressive à tendance djent et voix de castra. Vous pensiez
peut-être comme nous avoir fait le tour du sujet mais non, il arrive toujours un groupe
pour nous surprendre avec de bonnes vieilles recettes éprouvées. Circles est de ceux-là.
Dix morceaux pour trois quarts- d’heure, The Last One possède le format du vinyle
idéal.

                                                                                             Titres :
                                                                                             Winter
                                                                                             Breaker
                                                                                             The Messenger
                                                                                             Arrival
                                                                                             Tether
                                                                                             Resolution
                                                                                             Dream Sequence
                                                                                             Renegade
                                                                                             Blueprints for a Great Escape
                                                                                             Alone With Ghosts

                                                                                          Label :
‘Winter’ à la composition déconstruite, fait de briques metal prog, illustre parfaitement Season of Mist
la différence entre Circles et d’autres formations du même genre. Le morceau s’articule
autour d’un refrain auquel tout ce qui reste semble s’accrocher, en équilibre instable,
comme l’intro à la guitare que l’on croirait sortie de la BO de Pulp Fiction. On en
viendrait presque à regretter parfois le conformisme vocal de Ben.

Nettement plus classique dans la forme, le quatrième titre, ‘Arrival’, sort également du
lot avec son ouverture cinématique pendant laquelle vous profiterez du jeu de batterie
tout en finesse de David, avant de vous décrocher les cervicales au rythme des infra
basses de Drew.

Pour le djent pur et dur, attendez ‘Dream Sequence’. Passé un couplet propre sur lui, la
déferlante basse, batterie, guitares emporte tout sur son passage, laissant derrière elle,
dans l’écume blanche, quelques secondes aériennes avant une nouvelle vague.

‘Blueprints for a Great Escape’, qui débute à la manière d’un Dream Theater, va
survoler presque tous les styles du metal progressif en moins de cinq minutes, une sorte
de medley brillamment écrit dont on ne se lasse pas.

Le plus long morceau - presque six minutes - est le dernier, ‘Alone With Ghosts’. Une
pièce posée où se glisse un passage a capella du plus bel effet entre deux sections
lumineuses.

Sans révolutionner le genre, The Last One est un bel album dans lequel plusieurs titres
font la différence. Après les départs de Perry Kuhridas (chant) et Matty Clarke (guitare),
Circles a trouvé en la personne de Ben Richter un chanteur guitariste talentueux qui Auteur :
donne un second souffle au groupe.                                                         Jean-Christophe

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NEOPROG n 4 - Steven Wilson - OH. Dark Sarah The Vostok Regal Worm
Metallia de OH. (2018)
Ho ! Voici une brunette qui va mettre à mal les clichés sur le metal progressif. Lorsque
vous regarderez ce joli bout d’ange sur la pochette colorée de Metallia, vous imaginerez
bien sûr qu’il s’agit d’un album de metal à chanteuse. Mais détrompez-vous, Olivia
n’est pas de ce genre là, elle joue de cordes électriques, et son nouvel album en est la
preuve par six, six morceaux pour moins d’une demi-heure, concentrés instrumentaux
virtuoses effrénés alliant de world à symphonique et metal. Autant le dire tout de suite,
Metallia déménage.

                                                                                            Titres :
                                                                                            Red Lion
                                                                                            Bee
                                                                                            Androgyny
                                                                                            Resurrection
                                                                                            Dragon's Kiss
                                                                                            Triumph

                                                                                            Label :
                                                                                            Autoproduction

Guitares et voix hurlent leur rage indicible rythmées par des percussions infernales et
une batterie rentre-dedans. ‘Red Lion’, un voyage aux portes de l’enfer, devant les
magnifiques colonnes de basalte, sculptées de visages démoniaques, soutenant les deux
lourds battants d’airain qu’il ne faut pas franchir. Olivia revisite ensuite le ‘Vol du
Bourdon’. La batterie claque, tel un torchon tentant d’écraser l’insecte quand la guitare
reproduit les ailes qui se débattent pour échapper à l’agression.

Un chœur de guerrières amazones appellent au combat, une musique tribale ponctuée de
cris de guitares qui laissent place à des poussées symphoniques torturées, une
résurrection qui ressemble plus à l’antichambre de la mort avec ses walkyries
chevauchant un dragon de feu jusqu’au triomphe final du bien contre le mal. Quatre
titres, ‘Androgyny’, ‘Resurrection’, Dragon Kiss et ‘Triumph’ qui, contrairement aux
deux premiers, se conçoivent comme une et unique pièce en quatre parties tant leur
unité sonore est forte : guitare basse rageuse, explosions symphoniques, hurlements
mélodiques et rythmique de nuit de Sabbat où s’invitent quelques inspirations world
music dans la voix.

Ni guitar hero, ni metal à chanteuse, OH. invente un metal art rock progressif où la
guitare de Olivia est reine, parfois supplantée par ses cris de guerre chantés comme une
seconde guitare. Une expérience musicale hors normes, extrême pour les adeptes de
canterbury, donc à découvrir absolument.

                                                                                            Auteur :
                                                                                            Jean-Christophe

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NEOPROG n 4 - Steven Wilson - OH. Dark Sarah The Vostok Regal Worm
unidentified dying objects de Argos (2018)
Chroniquer un album d’Argos me prive d’emblée d’une de mes qualités naturelles (avec
la modestie), l’objectivité ; je suis tombé sous le charme de cette musique, de cette
conception de la musique et, finalement, mon seul questionnement est : Unidentified
Dying Objects est-il au niveau de ses prédécesseurs rafraîchissants ? Et la réponse est
définitivement oui !

                                                                                            Titres :
                                                                                            the hunters last stand
                                                                                            unpainted dreams
                                                                                            beneath the valley of sleep
                                                                                            the days of perky pat
                                                                                            shock headed peter
                                                                                            still fighting gravity
                                                                                            elsewhere
                                                                                            when the tide comes in

Argos, c’est une sorte d’Alien dans les entrailles de Van Der Graff Generator, influencé Label :
par le rock jazz de Canterbury, et qui aurait englouti, en les corrodants malicieusement, Bad Elephant Music
de la pop britannique et du classique rock progressif ; attention, il vous faudra tout de
même vous habituer à un chant souvent linéaire et très loin d’être démonstratif et
totalement au service de la musique proposée.

D’emblée, ‘The Hunters Last Stand’, un début d’album magnifique, vous immerge
énergiquement dans l’architecture musicale changeante d’Argos et leur son vintage si
particulier ; un titre très proggy qui peut servir de carte de visite musicale pour ce
groupe.

‘Unpainted Dreams’ est le croisement improbable des Beatles et de Camel avec une
brève apparition de guitare aérienne ; ‘Beneath The Valley Of Sleep’ lorgne sur du jazz
rock avec un chant et des harmonies omni présentes habilement zébrées
instrumentalement ; ‘The Days Of Perky Pat’ et ‘Shock Headed Peter’ se situent, au
sens propre comme figuré, dans le ventre mou de l’album ; les choses sérieuses
reprennent avec ‘Still Fighting Gravity’ au accents de Flower Kings quasiment
instrumental et terminé par un solo de guitare qui décidément a pris un peu plus de place
que d’accoutumée chez Argos ; ‘Elsewhere’ est un coup de coeur, avec son intro au
piano, sa rythmique soutenant un chant étonnement plus aérien, son passage de flûte
bienvenu relayé par une guitare très camélienne boostée par les claviers ; et puis vient
l’épique de plus de dix huit minutes ‘When The Tide Comes In’ subdivisée en sept
parties ; c’est juste magnifique même si Argos est capable en cinq minutes d’autant de
variété que sur cette suite mais ne boudons pas notre plaisir tant les contours de cette
musique sont riches et fertiles.

Argos est un groupe qui a su créer son propre style et apposer sa griffe dans notre
monde musical progressif avec un talent indéniable ; laissez-vous submerger par son
charme insidieux, sa musique, à la fois calme et dynamique, servi par des musiciens et
                                                                                       Auteur :
une conception de la musique hors pair ! Vivement le prochain album !!!
                                                                                       Jean-Christophe

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NEOPROG n 4 - Steven Wilson - OH. Dark Sarah The Vostok Regal Worm
Civilisation de Southern Empire (2018)
L’empire du sud, façon steampunk, revient cette année avec un second album intitulé
Civilisation. Ces rescapés d’Unitopia quittent le bush pour nous emmener, à bord de
leur dirigeable, vers la surface de la lune, à la recherche d’un second diamant.

Avec plus d’une heure de musique et seulement quatre morceaux, vous vous doutez bien
que (c’est mathématique), nous n'échapperons pas à quelques pièces épiques, quatre en
réalité dont une qui approche tout de même la demi-heure.Southern Empire reprend le
flambeau de Transatlantic avec un rock progressif mélodique aux titres ambitieux servis
par des musiciens ayant amplement fait leurs preuves auparavant. A bord de leur navire,
ils embarquent cette fois trois matelots supplémentaires; Marek Arnold (Seven Steps To
The Green Door), James Capatch (Satan’s Cheerleaders) et Steve Unruh. Violon, flûtes Titres :
et saxophones viennent compléter ce brillant quintette australien.                         Goliath's Moon
                                                                                           Cries For The Lonely
Civilisation a tout pour réjouir le proghead, à condition qu’il n’ait jamais écouté United Crossroads
Progressive Fraternity. Car la guerre de succession d’Unitopia, comme celle de de Innocence & Fortune
Johnny Hallyday, n’en finit pas de défrayer la chronique, et la demi-heure de
‘Crossroads’ rappelle furieusement, mot à mot en fait, le ‘Travelling Man’ de Fall In Label :
Love With The World. Reprise ? Pas du tout, une version allongée de huit minutes, plus GEP
instrumentale, sortie des cartons d’Unitopia et partagée en deux. Regardons le verre à
moitié plein, ce ‘Crossroads’ est un pur régal pour les oreilles, avec force de saxophone,
violon, flûtes, orgues, soli de guitares éblouissants, de breaks instrumentaux, ainsi que
la voix puissante de Danny, une pièce tellement belle qu’elle fait de l’ombre au
quatrième titre ‘Innocence & Fortune’ ainsi qu’à la version pourtant très belle de UPF. Il
n’empêche, c’est quand même regrettable que la pièce majeure d’un album existe déjà
sur le CD d’un autre groupe. Le premier Southern Empire souffrait déjà du même
problème hélas. Dommage que Sean et ses comparses ne se concentrent pas sur de
nouvelles compositions au lieu de fouiller dans le grenier d’un groupe défunt pour y
récupérer quelques belles reliques.

Mais parlons plutôt du nouveau matériel. L’album, comme son prédécesseur, débute par
un enregistrement venu du fin fond des âges. ‘By The Light Of The Sylvery Moon’
(1909), quelques secondes crachotantes qui cèdent la place à ‘Goliath’s Moon’, un titre
funky progressif au refrain accrocheur, une pièce riche en rebondissements, au couplet à
trois voix sur des notes jazzy de piano électrique. Juste fabuleux ! Si vous n’aviez pas
encore trouvé le lien entre Transatlantic et Southern Empire, l’ouverture instrumentale
de ‘Cries For The Lonely’ devrait vous éclairer. Une batterie qui claque, des cascades de
claviers symphoniques, une basse menaçante, trois minutes quarante explosives suivies
de choeurs qui répondent à Danny dans une débauche d’emphase. Nous embarquons
pour près de vingt minutes avec violons, guitare, flûtes, claviers, alliant la puissance du
dirigeable américain et la subtilité de l’utopie australienne. Des soli démonstratifs se
glissent entre deux couplets et le final instrumental est à couper le souffle. Une ‘petite
pièce intimiste’ composée par Sean Timms et Steve Unrhu met un point final à
Civilisation : ‘Innocence & Fortune’. Des couplets épurés, guitare acoustique, claviers
vintages et flûte prennent place entre des doubles refrains puissants et un instrumental
sautillant sorti dont ne sait où.

Malgré et à cause la redite, Civilisation reste un fabuleux album, tout particulièrement
pour ses deux premiers titres ‘Goliath’s Moon’ et ‘Cries For The Lonely’. Certes, il
                                                                                         Auteur :
s’agit de progressif grandiloquent, mais quand on aime...
                                                                                         Jean-Christophe

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NEOPROG n 4 - Steven Wilson - OH. Dark Sarah The Vostok Regal Worm
Music for Arseny Blinov’s abstract art (2018)
Gleb Kolyadin vous connaissez ? Mais si, c’est le pianiste de Iamthemorning et l’artiste
solo qui sortait un album avec comme invités Steve Hogarth, Mick Moss ou encore
Jordan Rudess. Vous le remettez maintenant ?

Gleb est un pianiste sorti du conservatoire de Saint Pétersbourg, et cela s’entend dans
Lighthouse et dans quelques pièces de son album solo. Mais saviez-vous que Gleb
jouait également sous le nom Poloniumcubes ? Un projet, fort aujourd’hui de cinq
albums composés de pièces instrumentales au piano principalement. De courtes
improvisations au gré des jours dans One, Two, Three et Four mais également une
commande pour une exposition d’art contemporain, celle d’Arseny Blinov, qui se
déroulait en mars dernier dans la belle ville de Saint Pétersbourg. Des peintures Titres :
esquissées, portraits, corps alanguis, abstractions, noir sur blanc, projection de couleurs, Destructio I
travail à partir de photographies, de l’art contemporain n’en doutez pas.                    Destructio II
                                                                                             Destructio III
                                                                                             Destructio IVl
                                                                                             Destructio V
                                                                                             Destructio VI
                                                                                             Do not draw the mountains
                                                                                             on a clear day
                                                                                             Three Vertical Objects

                                                                                           Label :
                                                                                           Autoproduction

Arseny Blinov - Destructio III 2016

Associer musique et peinture donne souvent une autre dimension à l’oeuvre d’un artiste,
comme contempler les Nymphéas de Monet en écoutant du Debussy à la Fondation
Beyeler, près de Bâle, en Suisse.

Music for Arseny Blinov’s abstract art c’est un peu cela, huit pièces de piano, à la
manière de la musique française du début du vingtième siècle, aux intonations proches
de Ravel, Poulenc, Satie ou Debussy, des pièces lentes, cinématiques, parfois sombres,
composées pour accompagner la visite de l’exposition.

Comme beaucoup des titres de Poloniumcubes, ils semblent à peine esquissés que déjà
ils s’achèvent, comme des essais inaboutis. Ici pas l’ombre d’un rock progressif, ce que
Gleb propose se rapproche plus de la musique de film et du contemporain soft que du
rock.

Des cinq albums de Poloniumcubes, Music for Arseny Blinov’s abstract art est
assurément le plus intéressant. Mais comme vous pouvez les télécharger tous sur
Bandcamp pour trois fois rien, ne vous privez pas, histoire de découvrir une nouvelle
facette de Gleb Kolyadin.                                                             Auteur :
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NEOPROG n 4 - Steven Wilson - OH. Dark Sarah The Vostok Regal Worm
Lies and Butterflies de Mystery (2018)
Mystery, pilier du néo-progressif québécois, après une tournée qui les faisait passer en
France et juste avant de brûler les planches à la Loreley, sortaient un nouvel album, Lies
and Butterflies.

Une femme traverse une avenue déserte de Montréal sur un passage protégé. Le vent lui
souffle de face, véhicule son lot de mensonges sur des pages de journal qui
tourbillonnent dans l’air et se plaquent sur le visage de la passante. Lies and Butterflies.

Il ne s’agit pas d’un live, contrairement à ce que pourraient suggérer les
applaudissements au début du premier titre et les photos prises lors de concerts qui
illustrent le livret. Lies and Butterflies est bien un nouvel album studio, sept titres dont Titres :
deux d’entre eux, ‘Looking for Something Else’ et ‘Chrysalis’, ouvrant et clôturant Looking For Something Else
respectivement le CD, dépassent le quart d’heure réglementaire.                              Come To Me
Les ressorts de Mystery sont la guitare de Michel St Père, la voix haute de Jean Pageau How Do You Feel ?
et les claviers symphoniques de Antoine Michaud. Lies and Butterflies pose de Something To Believe In
nombreuses questions sur l’existence, notre devenir, le sens de la vie, la solitude au fil Dare To Dream
des morceaux sans apporter de réponse, un peu comme leur musique très symphonique, Where Dreams Come Alive
sans aspérité, sur laquelle on peine à trouver prise. De belles mélodies où l’on retrouve Chrysalis
Pink Floyd (‘Come to me’), les Beatles (‘Something to believe in’), Arena dans le
refrain de ‘Dare to Dream’ et une basse funk et un piano jazzy sur ‘Where Dreams Label :
Come Alive’. A l’aide de ses délicates ailes, le papillon de ‘Chrysalis’ s’élève. La magie Unicorn Records
de Mystery opère avec quinze minutes de très haut vol, plus metal progressives que néo
symphoniques, grâce à la basse de François, la batterie nerveuse de Jean-Sébastien et les
deux guitares de Michel et Antoine, où dans leurs riffs pointe un air d’ ‘Abacab’. Sur ce
titre, les musiciens soufflent le chaud et le froid, les claviers passant en retrait pour une
fois. Mais Mystery ne serait pas Mystery sans ses refrains, et ici, ils nous gâtent avec
“You were born to fly butterfly…” accompagné à la guitare acoustique et ébauché au
piano lors de l’ouverture du morceau. Rien que pour cette merveille qui s’extirpe de son
cocon, Lies and Butterflies est indispensable.

Les cinq premières pièces du nouveau Mystery gagneront sans doute un peu de mordant
en live et séduiront assurément les amateurs de néo prog symphonique. Mais qui
résistera à la puissance émotionnelle véhiculée par ‘Chrysalis’ et la beauté de ‘Where
Dreams come Alive’ ?

                                                                                               Auteur :
                                                                                               Jean-Christophe

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What I Found de Fleesh (2018)
Un couple brésilien, Gabby et Celo, adeptes de reprises de Rush, Marillion, Dream
Theater, Toto, Queen et des meilleurs, se lancèrent dans la composition à leur tour.
Après avoir inondé Youtube de très beaux covers, ils invitèrent leurs admirateurs à
financer la production de leurs compositions. Deux albums naquirent de cette aventure,
The Next Hemisphere, un tribute à Rush et What I Found contenant dix pièces
originales et dont nous allons parler maintenant.

Mais avant d’aller plus loin, notez quelque part dans vos tablettes qu’ils préparent un
tribute à Marillion et un nouvel album perso. Sachez enfin, que The Next Hemisphere
m’a donné envie de découvrir un groupe pourtant mythique que je connais bien mal, je
veux parler de Rush, c’est dire s’ils ont du talent.                                          Titres :
                                                                                              What I Found
What I Found n’est pas à proprement parler un album progressif malgré les reprises que Frankenstein
Fleesh affectionne. Il s’agit plus exactement de rock mélodique, de ballades façon If I
couplet refrain où la jolie voix de Gabby se pose. A eux deux, ils jouent de tous les System's Down
instruments, exception faite du violon tenu par Gabriel Teixeira.                             Dust
Inévitablement, leur musique s’inspire de leurs modèles, à savoir Rush, Marillion, Pink Run
Floyd et d’autres pour le choix des sonorités des guitares et des claviers, et pour Good Luck
quelques constructions assurément progressives comme dans ‘System’s Down’, la plus Time Lapse
seventies des pièces de l’album, écoutez donc :                                               Reply
                                                                                              Blood in the Street
Et puis il y a les tubes, ce ‘What I Found’ qui ouvre le CD avec un refrain à tomber par
terre et son solo de guitare affolant, ou ce ‘If I’ d’inspiration plus rock. Parmi les autres Label :
merveilles de cet album, il y a ‘Run’, le sixième morceau qui échappe au carcan Autoproduction
couplet/refrain habituel, jouant du côté de Marillion et Pink Floyd, un régal de guitares,
d’orgue et de chant car Gabby s’essaye à un phrasé différent sur ce titre. Enfin
n’oublions pas le dernier morceau, ‘Blood on the Street’, une pièce progressive grand
format de huit minutes à la délicate introduction électro acoustique, un très beau titre
qui souffre hélas de trop de claviers par moment.

Nous pourrions reprocher à What I Found de tourner en rond au gré des morceaux, car à
deux difficile de rivaliser en diversité musicale avec une formation de quatre membres
ou plus. Gabby chante souvent de la même manière, très agréable au demeurant, mais
qui au bout de cinquante-quatre minutes, devient monotone. Même chose pour les soli
de guitares. Celo n’impose pas sa patte, il emprunte beaucoup à Rothery, Gilmour,
Lifeson et cie. Enfin côté production, il y a encore du travail pour atteindre la
perfection, même si en dehors d’une écoute au casque, le rendu reste tout à fait
acceptable. Mais ne perdons pas de vue qu’il s’agit du premier album du duo et qu’il y
en aura, du moins nous l’espérons, beaucoup d’autres, avec qui sait, peut-être une
formation enrichie d’autres talents.

                                                                                             Auteur :
                                                                                             Jean-Christophe

Neoprog n°4 - Septembre 2018                                11
Pig Wiews de Regal Worm (2018)
Regal worm est un ver polymorphe musical né dans le cerveau kaléidoscopique d’un
musicien de talent, multi instrumentiste, Jarrod Gosling ; sa genèse se nourrit des terres
progressives des années 70 ; un terreau fertile composé de rock progressif, canterbury,
musiques électroniques, jazz rock, fusion, psychédélisme reposant essentiellement sur
les claviers, une base rythmique lancinante, des cuivres, la quasi absence de guitares et
des chants et des cœurs qui laissent peu de répit à nos oreilles de mélomanes ; le tout
dans des constructions aléatoires, des transitions imprévisibles, des décalages musicaux,
des inspirations déroutantes ; bref, une musique inclassable qui nous glisse des doigts
quand on croit l’avoir apprivoisé.

Pig Views poursuit dans la même veine que son prédécesseur Neither Use Nor Titres :
Ornament si l’on excepte un propos plus ramassé et j’adhère totalement à l’excellente Rose, Rubus, Smilax, Vulkan
chronique de l’époque sur Néoprog.                                                          Revealed As A True Future
                                                                                            Tyrant
Pour ma part, j’ai accroché aux “deux roses”, ‘Rose, Rubus, Smilax, Vulkan’ et ‘Rose Pre-Columbian Worry Song
Parkington, They Would Not Let You Leave’ très Van Der Graaf Generator dans l’esprit Rose Parkington, They
et accessible dans leur complexité ; j’ai été séduit par la fluidité, les chœurs à la Magma Would Not Let You Leave
et les cuivres superbement exploités de ‘Revealed As A True Future Tyrant’ ainsi que Jag Vet
par ‘Huge Machine, You Are So Heavy’, titre libéré de toute excentricité et dont la The Dreaded Lurg
construction fait mouche ; j’ai eu beaucoup de mal avec l’aspect “musique ascenseur” Crystallisation
de ‘Pre-Columbian Worry Song’ ; enfin, derrière le titre le plus long de l’album ‘The Rokstenen
Dreaded Lurg’ se cache le catalogue des possibles des créations musicales de Jarrod The Evil Eye Is Liquified
Gosling, la quintessence de son art, de son monde fou et de son approche unique de ce Huge Machine, You Are So
qui est au final son propre style musical.                                                  Heavy
On ne va pas tergiverser, soit vous allez considérer cet opus de Regal Worm comme un Butterfly
délire d’intellectuel un tantinet prétentieux, une paranoïa musicale déstabilisante, soit
vous traverserez cet univers étrange en vous délectant de son architecture inspirée, Label :
complexe et en perpétuel mouvement ; une chose est sûre, vous allez devoir sortir de Uranium Club
votre zone de confort pour au moins vous faire un avis éclairé sur Pig Views.

                                                                                             Auteur :
                                                                                             François

Neoprog n°4 - Septembre 2018                               12
The Golden Moth de Dark Sarah (2018)
Les voix de Sarah et du Dragon, accompagnées de cordes métalliques et de cuivres
symphoniques, nous racontent les chroniques de Dark Sarah.

Après le monde souterrain, nous découvrons l’étage supérieur où les dieux habitent une
île flottante au dessus du désert. Autrefois ennemis, Sarah et le Dragon s’allient pour
réussir à rencontrer les dieux. Sur leur chemin parsemé d’embûches, ils rencontreront la
diseuse de bonne aventure (Netta Skog), l’ours polaire (Marco Hietala) et le masque de
fer (Zuberoa Aznarez).

 Ce troisième opus de Dark Sarah, fait, une fois encore, la part belle aux voix de Heidi
Parviaimen (Sarah) et JP Leppaluoto (le Dragon) sur une musique metal symphonique              Titres :
cinématique virant même à la comédie musicale. Nombre d’entre vous pourront trouver            Desert Rose
les aventures fantastiques de notre égérie très kitch, comme l’orchestration                   Trespasser
grandiloquente qui les porte une heure durant. Mais les amateurs de duos chantés ne            Wheel
craignant pas l’abus de pathos devraient adorer.                                               My Beautiful Enemy
Deux guitaristes (Erkka Korhonen et Sami Salonen), un bassiste (Rude Rothsten) et un           I Once Had Wings
batteur (Thomas Tunkkari) martèlent l’enclume d’une orchestration omniprésente que             Pirates
l’on doit à Milko P Mustonen qui a travaillé pour Delain, Sonata Artica et Ensiferum,          Sky Sailing
autant dire du lourd. Une orchestration aux trois cents violons, altos, violoncelles, tubas,   Wish
cors, clarinettes virtuels qui pêche comme à chaque fois par leur couleurs fades et leur       The Gods Speak (avec Marco
grain émoussé, mais qui donne le change tout de même si vous n’êtes pas trop tatillon. A       Hietala & Zuberoa Aznarez)
quand un enregistrement avec orchestre ?                                                       Promise
                                                                                               Golden Moth
Si la majorité des douze titres de The Golden Moth sont des modèles de metal                   The Gate Of Time
symphonique, l’album réserve tout de même son lot de surprises: ‘Once Had Wings’ à
l’accordéon (numérique hélas), ‘Pirates’ d’inspiration plus folk, ‘Wish’ que l’on croirait Label :
sorti d’une comédie musicale des années cinquante et ‘Golden Moth’ qui possède un air Inner Wound Records
de Ayreon symphonique.

Ce papillon de nuit doré, qui s’envole vers le soleil à la fin de l’histoire, conclut la
première trilogie des aventures de Dark Sarah. The Golden Moth exploite mieux le duo
formé par Heidi et JP qui brillait dans ‘Dance With The Dragon’ sur le précédent opus.
L’album possède également une meilleure unité musicale et s'élève au dessus des deux
premiers. La bonne idée serait maintenant que leur label, Inner Wound Records, édite un
joli coffret réunissant les trois albums Behind The Black Veil, The Puzzle et The Golden
Moth

                                                                                               Auteur :
                                                                                               Jean-Christophe

Neoprog n°4 - Septembre 2018                                13
Tenk om noen ser deg de Det Skandalose Orkester
Incapable de torturer mon cerveau en ce moment par mollesse estivale, j’avoue qu’à
l’écoute de cet album mes neurones ont dangereusement été électrifiés et chahutés,
incapables de retrouver leurs synapses respectives ! Sympathiques en diable, ces
norvégiens se présentent eux-mêmes avec une pertinence et une justesse que l’on ne
rencontre pas toujours dans les crédos promotionnels :

“Det Skandaløse Orkester de Bergen, en Norvège, est connu pour son impopularité.
Mais maintenant, ils ont fait un album qui, espérons-le, mettra fin à tout ça. Cet album
sensationnel s'intitule "Tenk om noen ser deg", qui peut être traduit par "Et si quelqu'un
te voit". Et c'est le thème principal de toutes les paroles; la peur consciente de ce que les
autres peuvent penser de votre comportement et de votre apparence. La musique est               Titres :
éclectique et difficile à classer. Il s'ouvre sur un programme épique de 10 minutes,            Skandale Mentale -
divisé en quatre pistes. Le reste de l'album est constitué d'un mélange de funk, de             instrumental
cabaret, de jazz rock et de musique classique. C'est moche et beau, drôle et effrayant.         Lokkemann, lokkemann, kor
Si vous aimez la musique de Frank Zappa, King Crimson, Tom Waits, Mr. Bungle, Pink              e du no
Floyd, Igor Stravinsky, Spike Jones, Walt Disney, Beverly Hills 90210 et Twin Peaks,            Skandale Morale
vous trouverez certainement quelque chose sur cet album qui vous fera plaisir.”                 Epilogue
                                                                                                Skulle jævlig vært på TV
Bienvenu donc dans un doux délire chaotique qui va vous secouer la pulpe et vous sortir         Ukomfortabel
des sentiers battus, voire rebattus, avec jubilation ; ne vous y trompez pas, ce sont là de     Skandale Fenomenale
sacrés musiciens qui ont pris le parti de s’éclater certes mais de très brillante manière.      Forvirret
Bon, il faut qu’en même convenir que le chant en norvégien (et ils ont bien raison de           En naken mann ble funnet i et
chanter dans leur langue maternelle !) nous prive certainement d’une part de délire             bosspann
qu’insuffle cette musique et je vous invite à vous rendre sur leur site pour l’intégralité      Verdens beste land
de la traduction des paroles en anglais ; nul doute également que c’est sur scène que ce
style musical atteint son paroxysme.

Tout débute par une suite de quatre titres qui va vous entraîner dans un tourbillon
musical avec une introduction hard prog ‘Skandale Mentale’, puis avec l’arrivée du Label :
‘Lokkemann’, le personnage qui vous attire avec des bonbons et du chocolat dans les Apollon Records
poches, nous naviguons entre musique de cirque, orchestre à cuivres rétro, chants
expressifs qui vont sûrement en dérouter plus d’un ; après un petit ‘Skandale morale’ de
45 secondes, ‘Epilogue’ vient clôturer classiquement le chapitre avec ses instruments à
cordes. Si vous vouliez la version « skandaleuse » de Thriller, ‘Skulle jævlig vært på
TV’ nous délivre un Michaël Jackson qui s’est trompé de médicaments avec un passage
central calme (un début de coma ?) ; ‘Ukomfortabel’ est un moment de soûlographie
musicale qui se rote rapidement, suivi par un court instrumental ‘Skandale Fenomenale’
qui n’a rien de phénoménal d’ailleurs ; nous changeons radicalement de calibre avec le
très intéressant ‘Forvirret’, un titre très progressif sans tous les artifices ou singeries
précédentes ; mon titre préféré, intro au piano, voix féminine convaincante, solo de
guitare accompagné par les claviers puis les cordes et un final classique fleurant bon
Stravinsky (et les débuts de concert de Yes (réflexe pavlovien de ma part !) ; les deux
derniers titres sont plus anecdotiques, une référence à Blanche Neige et les sept nains en
mode cirque pour ‘En naken mann ble funnet i et bosspann’ et un ‘Verdens beste land’
qui lorgne du côté funky au rythme effréné.

Vous l’avez compris, avec Det Skandaløse Orkester vous pénétrez dans une dimension
particulière et déjantée de la musique ; faisant fi des conventions, leur second opus ne se
dompte pas aisément mais se vit avec jubilation, une sorte de tambour de machine à
                                                                                            Auteur :
laver en mode essorage qui va drôlement vous faire tourner la tête !
                                                                                            François

Neoprog n°4 - Septembre 2018                                 14
Welcome To The Unknown (2018)
Bienvenue dans l’inconnu ! Des fenêtres, de longs couloirs et corridors photographiés
en noir et blanc illustrent le livret du troisième Seasons of Time. Le trio allemand, après
leur coming back de 2014, nous proposera en septembre un nouvel album six titres.

Nous retrouverons les défauts et qualités de Closed Door To Open Plains : le chant
monocorde de Dirk, toujours limite, des choeurs eighties qui aujourd’hui passent moins
bien, de nombreux emprunts; le Genesis des premières années, le Marillion de Fish
(‘Dreams of a Madman’) et même du Pink Floyd (‘Towards The Horizon’), une
production perfectible mais un jeu de qualité que ce soit à la basse, aux guitares ou aux
claviers.
                                                                                         Titres :
Welcome To The Unknown prend réellement son envol à partir de ‘Joana’, pièce néo- Clarity
progressive aérée de quinze minutes, très ancrée dans le Misplaced Childhood de Hengist Ridge
William Derek Dick, sans la voix qui allait avec hélas.                                  Introception
S’il ne faut pas abuser du vocodeur, son usage peut parfois donner du caractère à un Kingdom of Kent
titre. ‘Driven To Drive’ en est la preuve. Assurément, il s’agit du morceau phare de cet The Last Harvest
album, une écriture très personnelle, expérimentale, torturée, à la limite de l’électro, Spirit of the Skies
bien loin du néo-progressif nostalgique, fourmillant d’idées, comme son final vraiment TTWIG
réussi.

Nous embarquons enfin pour un dernier titre de huit minutes aux claviers progressifs
planants, au texte minimaliste, où la guitare de Florian s’envole pour un long solo. ‘The Label :
Last Ship’, vogue toutes voiles dehors, gonflées par le souffle du défunt Rush.           Autoproduction
N’attendez pas de grandes nouveautés de ce Seasons of Time, sauf avec ‘Driven To
Drive’. Le chant manque de peps, la musique baigne dans la nostalgie progressive, et
‘Plan To Make Plans’ tape sur le système avec ses rimes en “ess”. Mais prenez le temps
d’ouvrir le livret, vous y découvrirez des paroles qui vous inciteront à retourner vers la
musique.

                                                                                              Auteur :
                                                                                              Jean-Christophe

Neoprog n°4 - Septembre 2018                                15
The Last Harvest de The Kentish Spires (2018)
Petit vent des seventies avec cette douce canicule qui berce notre pays, (ne vous
inquiétez pas, le mauvais temps revient rapidement pour cet hiver), aujourd'hui je vous
propose de découvrir du Canterbury prog rock tout droit sorti de Grande Bretagne.

                                                                                              Titres :
                                                                                              Clarity
                                                                                              Hengist Ridge
                                                                                              Introception
                                                                                              Kingdom of Kent
                                                                                              The Last Harvest
                                                                                              Spirit of the Skies
                                                                                              TTWIG

Alors que toutes les productions sont calibrées avec des sons supra-efficaces, des
compressions, et du mastering de plus en plus poussés, The Kentish Spires nous propose
un retour dans le passé, avec des sons plutôt “old school”. Déroutant au début, on se
                                                                                            Label :
croirait dans ces années créatrices où l'ordinateur ne dictait pas ses lois musicales. Les
                                                                                            Autoproduction
sons sont bruts, parfois piquants, mais contrastés, à la fois doux (voix, flûte) et rugueux
(saxophone, guitare). A noter que la chanteuse a une voix particulière, plutôt grave, et au
timbre qui peut paraître déroutant tant il est inhabituel. Bien que l'harmonie reste plutôt
tonale, le groupe n'hésite pas à se lancer dans des couleurs modales, le tout sur un fond
rythmique rock assez classique. On se frôle légèrement une musique zeulhique, un peu à
la manière de Knifeworld.

Pas d'introduction pour ce sept titres, l'album entre directement dans le vif du sujet avec
un premier titre assez long de onzes minutes très rythmées. Après un deuxième morceau
vif et rapide, les tempos ralentissent, avec de belles ballades, et le rythme s'essouffle
légèrement avant le dernier titre, éponyme de l'album 'The Last Harvest', grande
chanson lente qui finit en feu d'artifice, et entrecoupé par une danse magmatique, où le
saxophoniste nous entraîne dans un chorus des plus endiablés.

En somme un renouveau intéressant, qui s'éloigne de la doxa numérique d'aujourd'hui.
Mais malgré tout, les compositions ne vont pas assez loin, et bien que l'initiative soit
bonne et plutôt convaincante, 'The Last Harvest' souffre d'un manque de rythme et
d'originalité.

                                                                                              Auteur :
                                                                                              Guillaume

Neoprog n°4 - Septembre 2018                                16
The Iron God de High Jack (2018)
Avez-vous déjà remarqué que les nouveaux venus dans le rock progressif s'embarquent
souvent dans un concept parlant du destin de l'humanité lors de leur premier album,
empruntant la musique aux groupes qui ont façonné leur passion ? Plus tard ils
continueront avec des titres indépendants, regroupés éventuellement autour d’un thème,
affirmant leur identité musicale au fil des morceaux composés. Mais leur premier bébé
doit être un concept, il s’agit presque d’une règle d’or.

                                                                                             Titres :
                                                                                             Binary Beast
                                                                                             The Traveler
                                                                                             Adam
                                                                                             Land of Paradox
                                                                                             Code Infrarouge
                                                                                             A Meeting
Tout d’abord pop rock sous le nom de The Adhesives, le trio du Vésinet s’oriente vers le     The End of Mankind
progressif et devient High Jack, renonçant à tout succès commercial (nous vivons en          The Awakening
France). Leur premier album, The Iron God, qui vient de sortir, un concept comme il se       Last Travel
doit, s’inspirant beaucoup de Porcupine Tree pour la musique, raconte une histoire de        The Iron God
science-fiction.                                                                             The Fall
                                                                                             Dust
Après un monstre binaire instrumental, l’histoire de notre voyageur humanoïde
intersidéral commence, très récitative avec une guitare aux délicats motifs jazzy
progressifs qui mériterait d’être plus en avant. ‘Code Infrarouge’, le second
instrumental, nous fait goûter aux première notes du piano de Lancelot également
                                                                                          Label :
batteur, une très belle pièce tout d’abord mouvementée et qui va s'apaisant.
                                                                                          Autoproduction
Le tournant du concept prend place lors de la rencontre de notre voyageur et d’Adam, le
dernier humain qui va lui conter la fin du monde. Elle se produit lors d’un duo
rythmique où se greffent guitare et chant. Entre les couplets, guitare, basse et batterie
construisent deux brèves sections prometteuses tout comme lors de l’ouverture de ‘The
Awakening’.

Le troisième instrumental nous plonge dans une atmosphère psyché à la façon Star Dies.
Le récit se conclut de belle manière avec ‘The Fall’ suivi du quatrième instrumental de
l’album: ‘Dust’.

Une fois que nous aurons dit que le chant manque de personnalité et que les claviers
pourraient s’imposer plus souvent, nous aurons presque fait le tour du sujet. The Iron
God n’est ni fabuleux ni mauvais. Un nouveau concept album parlant du destin des
hommes, de l’omnipotence et de la révolte, empruntant des idées à Wilson et qui
manque d’un chanteur charismatique ainsi que d’une belle production pour décoller.
Mais ce sont là des péchés de jeunesse que nous découvrons ici. L’album, bien écrit,
nous maintient attentif pendant près d’une heure, déroulant son récit futuriste, servi par
des musiciens qui connaissent leur affaire et un chanteur capable de justesse et d’anglais
quasi oxfordien.

                                                                                             Auteur :
                                                                                             Jean-Christophe

Neoprog n°4 - Septembre 2018                               17
Lake of Instinct de The Vostok (2018)
Cinq niçois forment The Vostok, un groupe hésitant entre progressif énervé et metal
mélodique. Pour les découvrir, nous vous proposons de plonger dans leur EP six titres
Lack of Instinct.

Dès la première écoute, les riffs puissants des guitares, les claques de basse, la batterie
explosive et ces claviers façon Rudess éblouissent. L’enthousiasme est toutefois tempéré
par le chant clair perfectible. Mais quand reviennent le growl et les choeurs, la magie
opère à nouveau.

Sur les six pièces de Lack of Instinct, notre formation de la Promenade des Anglais
varie les genres, du metal progressif à la Haken (‘Present & Past’) à la reprise de la     Titres :
troisième symphonie de Brahms en Fa majeur, ou si vous préférez ‘Baby Alone in             Present & Past
Babylone’ de Gainsbourg dans ‘Black Frost’, un titre qui vire au metal mélodique pour      Black Frost
continuer sur le poutrage rythmique dans ‘City’.                                           City
Le ‘Friendship Dies’ arrive alors, jouant les Radiohead metalleux, avec sa trame Friendship Dies
alternative qui se prend en pleine face un refrain crié. ‘Negative Pole’ livre presque Negative Pole
toutes les facettes de The Vostok, alternatif, metalleux, progressif, growl, parlé, vocodé Soul Keeper
incluant un instrumental jouissif. ‘Soul Keeper’ calme le jeu et clôt ce long EP de façon
plus posée, mélangeant progressif, alternatif et metal avec force de claviers et soli de
guitares.
                                                                                           Label :
L’écriture de The Vostok est furieusement bien construite, efficace et curieusement à Autoproduction
tiroirs. Ils dosent savamment poutrage et mélodies en s’appuyant sur les influences de la
scène progressive, metalleuse et alternative des dernières années, comme Dream
Theater, Radiohead, Haken, Mastodon et d’autres. A découvrir.

                                                                                              Auteur :
                                                                                              Jean-Christophe

Neoprog n°4 - Septembre 2018                                18
Sunhead de Plini (2018)
Plinitude : état de satiété né de l’écoute de guitares virtuoses et lumineuses (Le petit
Neoprog illustré 2018).

Le talentueux guitariste australien que Laurent découvrait en 2016 avec Handmade
Cities et en live au Grillen au début de l’été nous revient avec un EP quatre titres intitulé
Sunhead.

Avec sa pochette en noir et blanc remplie de feuilles, fruits, légumes, champignons et
quelques objets incongrus (une niche, une fourchette, un spoutnik...), où trône une tortue
géante sur laquelle poussent des sapins, Plini nous convie à une flânerie de vingt
minutes, entre djent et jazz. Oui, vous avez bien lu, entre djent et jazz, car l’enfant Titres :
surdoué du manche ne se cantonne pas dans un metal progressif technique, il explore Kind
également l’univers plus élitiste de la fusion, et reconnaissons-le, là aussi, il est brillant. Salt + Charcoal

Le premières notes de ‘Kind’ à la basse sonnent comme celle de Colin Edwin à la Flâneur
grande époque de Porcupine Tree. Très vite, Plini épouse tous les genres, du djent au Sunhead
progressif en passant par des plages de guitares lumineuses cédant la place à un
tabassage rythmique digne d’un Tesseract avec une aisance déconcertante. La musique
semble tellement naturelle lorsqu’elle est jouée par Plini.
                                                                                         Label :
‘Salt + Chaorcal’, déjà sorti sous forme de single fin mars, plus sage dans la forme, Autoproduction
s’apparente à un post prog djent stellaire qui s’achève sur basse et batterie étouffées,
comme enregistrées derrière la porte anti-bruit du studio.

‘Flâneur’ nous entraîne dans les rêveries de Plini. Le titre glisse d’un metal jazz,
incluant deux soli de saxophone, pour arriver finalement à un pur son jazzy au piano. Le
changement d’univers musical se fait à votre insu, tout en finesse, une brillante
réconciliation de styles musicaux très dissemblables.

Et pour finir, ‘Sunhead’ fait son Copacabana metal progressif, tout aux guitares et basse,
un titre toutefois nettement moins mordant que les précédents.

A n’en pas douter, Plini reste un des jeunes génies de la six cordes. Le format EP est
idéal à cette musique, car l’instrumental, même de haut vol, possède tout de même ses
limites, tout le monde n’est pas né guitar hero.

                                                                                                Auteur :
                                                                                                Jean-Christophe

Neoprog n°4 - Septembre 2018                                 19
Live report
Steven Wilson au ZMF
Le 18 juillet 2018 Fribourg

C'est avec grand plaisir que je retourne cette année au Zelt Musik Festival (ZMF) à Fribourg. J'avais déjà vu et écouté
Steven Wilson en live enjuillet 2016, et cette année Jean-Christophe est de la partie pour shooter la bande du
britannique qu'il n'a pas vu depuis quelques années.

                                                                               Après Patricia Kaas en 2017, c'est donc
                                                                               Steven Wilson qui a cette année l'honneur
                                                                               d'ouvrir cette trente-sixième édition du
                                                                               ZMF. Après une rapide déambulation sur le
                                                                               site - c'est le début du festival il n'y a pas
                                                                               encore beaucoup de monde, à part sûrement
                                                                               le pot d'inauguration du festival qui fait le
                                                                               plein sous la Hügelzelt - nous entrons à
                                                                               19h20 dans la Zirkuszelt, le plus grand
                                                                               chapiteau du festival. Un grand rideau-filet-
                                                                               toile blanc est tendu devant la scène
                                                                               illuminée en bleu, je remarque
                                                                               l'impressionnant jeu de batterie qui attend
                                                                               de faire parler la poudre. Le parquet devant
                                                                               la scène est déjà occupé par les fans les
plus assidus qui ont réservé leur place et attendent sagement assis. Certains lisent, d'autres discutent en rond autour
d'une bière. Je laisse JC prendre ses photomarques et me poste aussi aux premières loges. C'est l'heure des ultimes tests
de guitares sur scène.

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Les premières fumées font monter le suspense une petite dizaine de minutes avant l'entrée des artistes. Une voix grave
nous annonce la projection d'un petit film ; en fait des photos associées à un mot défilent. Les cartes entre les photos et
les mots sont ensuite redistribuées, les images défilent de plus en plus vite, alors que la musique d'ambiance bon enfant
se transforme et nous plonge dans d'angoissants abysses. Première claque. En une minute toute la puissance et le
pouvoir de manipulation des images est souligné, et nous rappelle que nous devons garder en toutes circonstances notre
libre arbitre, nos facultés de jugement et nos valeurs. C'est du moins la conclusion et le ressenti que j'en tire. En tout cas
l'artiste n'est pas encore sur scène que déjà il nous titille. Entrés sur scène en catimini pendant la projection, les
musiciens commencent sans ambage avec 'Nowhere now'. Craig Blundell est aux fûts, Adam Holzman aux claviers,
Nick Beggs à la basse, Alex Hutchings à la guitare, et bien sûr Steven au chant avec une guitare.

Encore une fois je vais évoquer les points les plus marquants de ce concert qui fait partie de la tournée mondiale To The
Bone Tour 2018 du britannique, et que Jean-Noël a aussi vu en Février à Marseille.

Il y a en premier lieu la scène. Une grande scène qui permet de nombreux effets: il y a, nous l'avons déjà évoqué, cet
énorme écran-filet tendu qui permet à la fois de projeter des images et des vidéos tout en voyant les artistes en arrière-
plan. Il sera régulièrement déployé et rétracté en quelques secondes pendant le concert. Nous y voyons, entre autres,
Nina Tayeb chanter sur Pariah. Il y a ensuite un écran géant en fond de scène qui, à l'instar de ce voile géant, diffuse des
clips existants ou spécialement créés pour cette tournée. Les éclairages, du petit spot à l'énorme projecteur rotatif en
fond de scène, permettent toutes les combinaisons possibles, de l'ambiance intimiste centrée sur les musiciens en contre-
jour - comme ce solo en mode grand piano de Adam qui fait dresser les poils - à l'orgie lumineuse. Quand tout est utilisé
au service de la musique lors des maelstroms musicaux de 'The Creator Has a Mastertape' ou 'Vermillioncore', c'est un
déluge total de chorégraphies de lumières. On sait tout de suite que l'on assiste à l'un des points d'orgue du set.

Il y a ensuite le son. Un son réglé très sûrement pour le lieu et pour le public, et qui ne nécessite pas de bouchons. Pas
besoin de s'appesantir sur le sujet, c'est une constante, le britannique sait s'entourer d'ingénieurs du son qui connaissent
leur sujet. Une équipe capable aussi de changer à la volée et en quelques secondes une caisse claire sans déranger Craig
le moins du monde pendant qu'il joue 'Ancestral' avec ses compères, et sans aucune interruption musicale. En un mot
une équipe de professionnels.

Viennent ensuite les musiciens. Une troupe qui rappellera souvent son unité en s'amusant ensemble avec des mimiques,
avec un code gestuel commun, se figeant dans des postures avec l'index sur ou sous le menton en mode mannequin
challenge, ou jouant subitement couchés sur la scène (du moins pour les trois guitaristes).

Par qui commencer ?

Commençons par Craig (Pendragon, Frost*, It Bites, Kino…) dont c'est l'anniversaire ce soir-là. Craig soufflera les
bougies du gâteau amené sur scène à la fin de 'Sleep together', et aura bien sûr aura droit à un 'Happy birthday' entonné
par le public. Craig, qui s'éclate et se dépense sans compter, aura sûrement encore perdu quelques litres d'eau sous la
Zirkuszelt bien chauffée par ce soleil estival. J'en suis encore à me demander comment il ne se mélange pas les
baguettes entre toutes ces cymbales et peaux tendues. Quelle belle machine que le cerveau, capable d'enregistrer des
dizaines de milliers d'informations, et de les restituer instantanément au bon moment, au bon endroit. Regarder un
musicien jouer des heures sans partition est plus que vertigineux.

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