Témoignage 1 : La Poste, un ancrage territorial nécessaire
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Le Comité 21 a organisé le 8 décembre 2010 à Nantes un Rendez-vous RSE autour de l’ancrage territorial. Les 54 participants ont pu assister à la présentation de différents témoignages : intervention croisée entre la délégation nationale du développement durable et son homologue en région Pays-de-la-Loire pour le Groupe La Poste, genèse et méthodologie autour d’un diagnostic territorial concerté entre Veolia et la Ville de Rezé. Ensuite, l’association des PME de la Chapelle-sur-Erdre, ECE, a présenté la réalisation de bilans carbone partagés ainsi que le travail réalisé avec la ville dans le cadre de son Agenda 21. Les échanges ont porté sur la nécessité de prendre le temps de connaître les acteurs locaux pour réaliser un projet commun ainsi que sur l’importance d’intégrer les PME aux débats. Témoignage 1 : La Poste, un ancrage territorial nécessaire Laure Mandaron, déléguée développement durable du Groupe La Poste Virginie Rigoulot, déléguée développement durable Pays de la Loire du Groupe La Poste En bref : l’avenir du Groupe La Poste est directement lié au développement des territoires et il entend y participer dans une approche collaborative. Pour ce faire, La Poste a mis en place une nouvelle organisation territoriale depuis janvier 2008. Le Groupe a donc présenté les principales orientations de ses actions visant à l’ancrage territorial ainsi que les raisons de la mise en place d’une filière régionale. Le Groupe La Poste a une stratégie développement durable nationale portée par une déléguée développement durable et le délégué général, puis par 22 correspondants développement durable régionaux qui apportent un appui opérationnel à la stratégie globale et aux métiers du groupe. Ils ont un rôle d’impulsion et de guidage et permettent de favoriser la co-construction de projets avec les parties prenantes des différents territoires. La déclinaison de la stratégie globale se fait par la hiérarchisation des priorités en local : de la communication responsable, aux achats locaux responsables en passant par des enjeux sociaux locaux entre autres. L’ensemble de ces projets locaux viennent nourrir la performance globale de l’entreprise et répondre aux enjeux du groupe. La contribution du local est très importante et la priorité n’est pas donnée aux actions « médiatiques » et visibles mais à l’ancrage territorial. Quelques recommandations clés pour un meilleur ancrage territorial du Groupe La Poste : - Une bonne compréhension des enjeux du territoire et des politiques publiques ainsi qu’une bonne connaissance des acteurs qui travaillent sur le terrain sont nécessaires. Pour cela, la déléguée développement durable en région Pays de la Loire a eu une phase de veille d’un an avant d’engager des projets de territoire. Il est essentiel que les personnes qui vont porter un projet local puissent se l’approprier, le comprendre par rapport aux différentes dynamiques territoriales. - Autre enjeu essentiel pour un bon ancrage territorial, la compréhension par les managers du Groupe La Poste que la co-construction de leur projet avec des acteurs locaux peut rendre l’action plus efficace. Exemple 1 : PDE (Plan de déplacement d’entreprise). Un travail en collaboration avec Nantes Métropole a eu lieu afin de faciliter les modes de transport alternatifs à la voiture. La Poste a même proposé de faire intervenir
les facteurs dans le débat, pour qu’ils remontent les problèmes de voiries constatés. Ainsi, cette collaboration permet à Nantes Métropole de travailler sur l’amélioration de la circulation en vélo. Exemple 2 : Le bureau de La Poste en Zone Urbaine Sensible (ZUS) à Malakoff (Nantes) travaille avec une association de riverain et des sociologues. En conséquence, les salariés de La Poste sont formés afin d’intervenir auprès de personnes en difficultés, ayant une connaissance limitée du monde bancaire. Ceci permet une alphabétisation au langage bancaire ainsi que d’apaiser certaines situations financières qui avaient tendance à s’aggraver. Ces mêmes préoccupations se posent sur d’autres territoires comme en Picardie où La Poste arrive en soutien face à un inquiétant problème d’illettrisme. A retenir ! - Consacrer du temps entre acteurs pour se connaître car les différents univers (entreprises, collectivités, associations, citoyens, etc.) ne sont pas initialement habitués à travailler ensemble ; - Acquérir une confiance mutuelle pour co-construire ensemble ; - Veiller à synchroniser les différentes temporalités. La Poste a par exemple eu un problème sur l’alphabétisation au monde bancaire qui demande beaucoup de temps et de suivi. Le projet a été initié il y a cinq ans et commence tout juste à faire ses preuves, alors que le monde public (notamment la Ville de Nantes sur cet exemple) n’est pas sur des temporalités aussi longues. Témoignage 2 : Veolia et la Ville de Rezé (44), proposer un diagnostic territorial dans une démarche de concertation Thierry Foucault, Responsable Développement, Direction de l'aménagement et des nouveaux services urbains Veolia (remplacé par Vincent Mianowski, relais innovation et aménagement, Veolia.) Alain Bastard, directeur des services de la Ville de Rezé. En bref : afin de répondre au mieux aux demandes des collectivités, Veolia a mis eu point un diagnostic territorial favorisant une culture de l’anticipation et du débat collectif. L’entreprise a présenté ce diagnostic avec la Ville de Rezé qui en a bénéficié. Pourquoi un partenariat entre la Ville de Rezé et Veolia ? Comment les entreprises peuvent voir l’intérêt de contribuer à l’Agenda 21 de la collectivité et les enjeux communs associés ? Avec son programme R&D « Territoires et diagnostics » et son observatoire des modes de vie urbains, Veolia a mis en place plusieurs dispositifs permettant de trouver de nouveaux services pour l’entreprise. L’objectif est de prendre en compte le plus grand nombre d’habitants en élaborant des démarches méthodologiques opérationnelles avec les collectivités. 1 C’est dans ce cadre que Veolia a élaboré le projet Prisme « comprendre pour agir », mis en place en concertation avec la ville de Rezé, qui avait déjà un Agenda 21 fonctionnant très bien. Cette dernière a souhaité construire une démarche partagée, et ce projet a duré un an et demi : étude documentaire, analyse cartographique, étude socio-environnementale qualitative auprès des rezéens, évaluation des impacts environnementaux des activités présentes sur le territoire. Cette collaboration public/privé - à travers une convention - n’a pas été évidente à faire comprendre, à justifier, notamment en raison de l’exigence juridique du code des marchés publics. Certains élus souhaitaient par exemple que cette phase de partenariat recherche & développement (différente d’une prestation simple d’étude) s’accompagne d’actions concrètes : développement d’éco-points, de plateformes d’auto-partage, etc. Mais comment continuer à collaborer sans que l’on reproche à la ville de favoriser un acteur privé ? Innover, c’est sortir des sentiers battus et être en capacité de s’affranchir des règles administratives, mais c’est un aspect difficile à appréhender aujourd’hui par rapport à la rigueur juridique demandée. 1 Prisme : Projet rézéen d’innovation sociale et de maîtrise de l’environnement.
La concertation, une mise en musique … (Thierry FOUCAULT – Responsable Développement Direction de l'aménagement et des nouveaux services urbains -Décembre 2010) Depuis plusieurs années, et plus particulièrement avec la montée en puissance du développement durable, les appels aux processus de concertation se font de plus en plus nombreux et pressants. Qu’il s’agisse de démocratie participative, de co- production de projet, de diagnostic partagé ou, comme le recommande la norme ISO 26000, de dialogue avec les parties prenantes, ces appels ne définissent pas toujours très bien les tenants et les aboutissants de cette participation citoyenne, ses objectifs, les acteurs à solliciter, les méthodes et les techniques à utiliser, les résultats attendus et leur utilisation. Faute de quoi, la concertation se résume souvent à une information, au mieux à une consultation. Mais alors que la consultation, comme d’ailleurs le dialogue prôné par la norme sur la responsabilité sociétale, ne recherche pas l’entente entre les parties, la concertation cherche à trouver un accord sur l’objet de la décision (quand la négociation cherche l’accord sur la décision elle-même). Etymologiquement, le sens premier du mot est issu de sa racine « concert » signifiant « accord ». On remarquera l’analogie de ces termes avec le domaine musical, où les musiciens en concert doivent s’accorder entre eux pour être en mesure de produire un résultat satisfaisant. Et comme dans le domaine musical, cet exercice de la concertation s’avère dans les faits particulièrement difficile en raison du grand nombre d’objets de discussion (les différentes composantes du morceau à jouer), de la diversité des acteurs et des représentations qu’ils ont des problématiques en question (les instruments, les styles et les interprétations propres à chaque musicien …), de leurs différents niveaux de compétences et d’implication, etc. Force est de constater que la concertation ne peut pas se résumer à une opération ponctuelle au cours de laquelle « on réunit des gens », de la même manière qu’il ne suffit pas de réunir des musiciens pour faire un orchestre. Il s’agit d’un processus plus élaboré où des acteurs parlent d’un même projet collectif, utilisent des références et un langage communs, sont et restent en capacité d’écoute et acceptent de se mettre en retrait à certains moments, échangent et complètent leurs points de vue. On peut donc dire qu’il s’agit d’un processus « scénique » en ce sens qu’il implique des acteurs, des rôles, des actes, des techniques d’animation, et qu’il comporte une phase de préparation, une mise en scène, une entrée en matière, différentes étapes de travail collectif et un épilogue (clôture de la concertation). Poursuivons donc l’analogie avec la musique. Pour qu’une concertation puisse produire un résultat cohérent et utile, il faut que soient réunies les conditions suivantes : Une scène partagée : Comme des musiciens en concert, les participants doivent pouvoir se réunir en un lieu partagé et accepté de tous, qui permette à chacun de s’exprimer. Ce lieu n’est pas forcément une « salle de réunion », il peut s’agir d’un espace virtuel (blog, site Internet collaboratif …), ou de formules originales (par exemple des séances d’échanges « en marchant »). Ils doivent aussi se mettre d’accord sur le périmètre de la concertation (la partition); Un référentiel commun : de la même manière que les musiciens en concert utilisent un même code de notation et d’expression musicales et jouent sur le même rythme, les participants doivent pouvoir se comprendre pour échanger leurs points de vue, c’est-à-dire utiliser un langage commun et compréhensible par tous, se mettre d’accord sur les objectifs de la discussion, trouver un rythme de travail qui convienne à tout le monde, bref partager une culture commune du projet ; Une écoute active : comme chaque musicien d’un orchestre doit savoir jouer pour l’ensemble, les participants doivent faire preuve d’une certaine forme d’altruisme, c’est-à-dire être capable de porter une attention aux autres et à leurs points de vue, savoir s’exprimer et se mettre en retrait aux moments opportuns ; Une organisation : comme peut le faire un chef d’orchestre qui assure le rôle de facilitateur, la concertation demande une coordination, une préparation et un apprentissage du travail collectif, l’utilisation de méthodes d’animation facilitant les échanges, l’expression de chaque participant et la prise de parole à bon escient. Cette organisation rigoureuse doit cependant laisser un certaine dose de liberté à chaque participant (l’expression personnelle, l’improvisation du musicien) pour faciliter l’appropriation de la démarche et la participation constructive.
A retenir ! - Les acteurs retiennent de cette initiative le fait d’avoir pu confronter différents points de vue et ce à travers des groupes de travail réguliers sur différentes thématiques et en associant différents acteurs. Ceci permet de dresser et rendre ainsi visible les points de consensus et de divergence sur l’état des lieux, les problématiques et les enjeux partagés sur le territoire ; - Une analyse territoriale, gagnera toujours en pertinence et en richesse en confrontant les représentations documentaire, spatiale, experte et sociale. Il faut prendre en compte l’ensemble des données existantes, l’organisation du territoire, ainsi que les jugements et les perceptions de l’ensemble des acteurs. Plus d’informations : http://www.reze.fr/Agenda-21-Environnement Témoignage 3 : réaliser un bilan carbone partagé et participer à l’Agenda 21, l’expérience des Entreprises de La Chapelle sur Erdre (ECE) Gilles Poussier, président de l’association des Entreprises de La Chapelle-sur-Erdre, ECE. Yves Le Leuch, adjoint en charge de l’Agenda 21 de La Chapelle-sur-Erdre. En bref : les entreprises de la ZAC (Zone d’aménagement concerté) de La Chapelle-sur-Erdre regroupées en une association, ECE, ont mutualisé leurs moyens sur différentes thématiques : déchets, transport et énergie. Elles participent ainsi à l’Agenda 21 local, réalisent un bilan carbone partagé et travaillent avec Nantes Métropole sur la gestion de leurs déchets et sur leurs transports. L’association des Entrepreneurs de La Chapelle-sur-Erdre (ECE) fédère plus de 50% des salariés du territoire de la commune, soit environ 1/3 des entreprises. En règle générale, les associations d’entreprises accueillent rarement plus de 10% des entreprises du territoire. ECE est donc une association assez unique dont l’objet principal intègre le développement durable et donc le dialogue avec la collectivité. Trois constats ont été faits à la création d’ECE : - L’urgence de dialoguer avec la collectivité, partie prenante essentielle de l’entreprise sur son territoire ; - Le manque de représentativité du monde économique dans l’Agenda 21 de la ville, alors que les entreprises contribuent énormément au développement mais aussi aux désagréments environnementaux sur le territoire ; - Et enfin l’urgence climatique globale. ECE a créé quatre commissions - transports, énergie, déchets, social - en 2009. Il s’avère que l’Agenda 21 de la ville rentrait en 2008 dans une phase de développement et d’externalisation après une première période de déploiement d’un Agenda 21 de structure. L’opportunité pour ECE a donc été de pouvoir s’immiscer dans les différents groupes et commissions de travail de l’Agenda 21 afin de croiser les enjeux et problématiques identifiés par l’association d’entreprises. Un contrat cadre a été voté afin de faciliter les actions communes et les échanges réguliers. Celui-ci permet également de faire connaître les entreprises du territoire aux habitants. L’objectif est ainsi de rapprocher ces différents mondes et de dialoguer et co-construire leur territoire. Ainsi, des groupes de travail en trinôme (citoyens/professionnels/élus) ont planché sur différentes thématiques en confrontant leurs points de vue tout en créant l’envie de travailler ensemble. Ces concertations communes se dérouleront jusqu’au premier trimestre 2011 et une restitution des travaux aura lieu à l’occasion du Festival du développement durable Solid’Air de la Ville au printemps 2011. Exemples de réalisations : concernant le volet énergétique, douze entreprises de l’association ont réalisé un bilan carbone partagé avec l’aide de la CCI 44 (Chambre de commerce et d’industrie) et du CJD (Centre des jeunes dirigeants). L’objectif est de contribuer à la réduction de GES (Gaz à effet de serre) fixée par la collectivité. Sur les déplacements par exemple, une réflexion est menée sur la mise en place de liaisons douces
avec l’arrivée du tram-train. Du covoiturage a également été favorisé afin de faciliter le déplacement des salariés sur le territoire. Sur les achats, la ville qui est bien avancée va conseiller ECE dans un projet d’une plateforme de groupement d’achats entre entreprises. ECE interpelle par ailleurs la collectivité sur l’emploi, celle-ci est souvent mise en première ligne sur le développement économique. Même réflexion sur le handicap… A retenir ! Quelques freins ont été soulignés et permettent quelques recommandations pour bien assimiler la notion d’ancrage territorial : - Le facteur temps doit être appréhendé car la vision de la collectivité ne peut être plus rapide, face à des TPE/PME ayant des problèmes concrets et complexes à régler au quotidien. - La polémique doit être évitée. A travers le vote d’un contrat cadre, une polémique peut naître. Il ne faut pas être gêné dans le développement de projets innovants. Certains acteurs critiqueront toujours ces partenariats entre les différents acteurs territoriaux. La pédagogie et l’échange sont donc des préalables essentiels. - Le manque de connaissance des entreprises par les acteurs publics et inversement. - La complexité de la problématique et de l’élaboration de projets innovants (transports, déchets, énergies, etc.) qui demandent d’aménager du temps commun de co-construction entre acteurs privés et publics. Plus d’informations : http://www.assoece.fr/ECE-Internet/Page/ Après le rendez-vous du matin, le Comité 21 a organisé la visite du projet Aquasim au CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment), sous l’angle des partenariats entre différents acteurs du territoire. Urban Garden - PME proposant des murs végétaux- et l’ESAT (Etablissement de service d’aide par le travail, ex CAT), qui offre un service de blanchisserie aux membres du CSTB, ont témoignés aux côtés du CSTB. Quelques photos de la visite de l’après-midi au CSTB de Nantes. Mur végétal proposé par Urban Garden. Instrument de mesure sur l’eau du CSTB. Projet Aquasim. ESAT, blanchisserie dans les murs du CSTB participant au projet Aquasim en fournissant des eaux de lavage à tester. Visite des locaux du CSTB.
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