TOUT AU NORD COMPTER LES MOTS - LE MAGAZINE D'INFORMATION DES LANGAGIERS - BANQ

 
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TOUT AU NORD COMPTER LES MOTS - LE MAGAZINE D'INFORMATION DES LANGAGIERS - BANQ
LE MAGAZINE D’INFORMATION DES LANGAGIERS                                                    Numéro 89 • Automne 2005

                                                                                                         www.ottiaq.org

                                                            TO U T AU N O R D   COMPTER LES MOTS
Envoi de publication canadienne convention numéro 1537393
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                                                                                                    N   O
                                                                                                            89           AUTOMNE               2005

Le Nord nouveau                                                                                             Dossier
                                                                                                            Nous poursuivons notre survol
                                                                                                                                                   5

est arrivé                                                                                                  du Canada en effectuant cette
                                                                                                            fois un séjour dans le Nord,
                                                                                                            région peu connue à la
                                                                                                            démographie très différente
                                                                                                            et bien plus faible que celle
                Michel Buttiens, trad. a.                                                                   des centres du Sud. La pratique
                                                                                                            professionnelle y est-elle
                                                                                                            également différente ?

                                                                                                            Sur le vif                             20
                 C    omme beaucoup de Canadiens sans doute, j’ai vraiment découvert le
                      Nord à la lecture du rapport d’enquête du juge Thomas Berger sur le
                 pipeline de la vallée du Mackenzie, une des publications les plus essen-
                                                                                                            Un nouveau programme de
                                                                                                            maîtrise à l’Université d’Ottawa ;
                                                                                                            le XVIIIe congrès de l’Association
                                                                                                            canadienne de traductologie ;
tielles des 30 dernières années au Canada, selon moi. Parue en 1977 sous le titre Le Nord :                 Notes et contrenotes ;
terre lointaine, terre ancestrale, cette véritable étude d’impact avant la lettre décrivait                 Échappées sur le futur.

toute la richesse environnementale, culturelle et sociale du Nord. Le juge Berger, un
                                                                                                            Des revues                             22
homme courageux, terminait sa lettre de présentation par un plaidoyer en faveur du report
                                                                                                            Une langue minoritaire qui
du projet, afin de laisser aux Autochtones le temps de régler leurs revendications et de                    a su se tailler une place.
créer de nouvelles institutions et de nouveaux programmes. Il voulait ainsi éviter que les                  Où en sommes-nous avec la
                                                                                                            rectification de l’orthographe ?
Autochtones du Nord revivent les mêmes déceptions que ceux des Prairies cent ans plus                       Des traducteurs espions ?
tôt, au moment de l’arrivée massive des colons.
   À la suite de la publication de ce document, le projet de gazoduc a été relégué aux ou-                  Des livres                             24
bliettes pendant une vingtaine d’années avant de refaire surface relativement récemment. Le                 Les mots pour le traduire,
Nord a gagné ces années sur l’inexorable progression des exploitants de ressources naturelles               Petit dico anglais-français
                                                                                                            et un hommage à Josette
et en a profité pour s’organiser. C’est ainsi qu’en 1999, nous avons assisté à la création d’un             Rey-Debove. Les Nouveautés.
nouveau territoire, le Nunavut, auquel est consacrée une bonne partie de notre dossier.
   Les territoires nordiques suscitent énormément d’intérêt de nos jours. L’aspect langa-                   Des mots                               27
gier que nous vous en présentons dans ce numéro n’a pas, à notre connaissance, fait l’ob-                   Professionnel : invention
jet d’une étude exhaustive jusqu’à présent. Notre dossier constitue une modeste                             d’un mot et développement
                                                                                                            d’une idéologie.
contribution à cet égard, mais il vous permettra de découvrir certaines facettes de l’activité
langagière dans ce Nord nouveau.
                                                                                                            Pages d’histoire                       28
   Le rythme de vie étant décidément très différent sous de hautes latitudes, il a fallu à                  Pour comprendre l’œuvre
notre pilote, Solange Lapierre, beaucoup de persévérance pour rassembler les textes qui                     traductologique du Vénézuélien
                                                                                                            Andrés Bello, les historiens
constituent notre dossier. Elle a pu compter sur quelques collaborateurs de ces régions
                                                                                                            proposent l’étude de trois
éloignées, que nous tenons à remercier vivement. Si certains sont nés là-haut, d’autres ont                 étapes marquantes de sa vie.
choisi de s’y rendre ou y ont été amenés par les circonstances de la vie. Le récit qu’ils font de
leurs aventures nordiques est parfois fascinant et l’on ne peut que s’étonner, notamment,                   Des techniques                         30
devant la vigueur de la présence francophone à Iqaluit, à Whitehorse ou à Yellowknife.                      Pour évaluer des projets
                                                                                                            de traduction et répartir
   Le quatrième volet de cette série de dossiers, qui paraîtra dans deux numéros, portera sur               les documents entre plusieurs
les activités langagières dans les provinces de l’Atlantique. Avis aux personnes intéressées à y            traducteurs, il faut d’abord
                                                                                                            quantifier le travail. Les logiciels
collaborer.                                                                                                 spécialisés et les mémoires
                                                                                                            de traduction peuvent
                                                                                                            nous faciliter la tâche.

                                                                                                            Curiosités                             31
                                                                                                            Le mystère des tablettes
                                                                                                            de l’île de Pâques.
2021, avenue Union, bureau 1108
        Publié quatre fois l’an par l’Ordre des traducteurs,
         terminologues et interprètes agréés du Québec
                                                                             Montréal (Québec) H3A 2S9                                      ERRATUM
                                                                             Tél. : (514) 845-4411, Téléc. : (514) 845-9903
                                                                             Courriel : circuit@ottiaq.org                                  Dans le numéro 88 de Circuit (été 2005),
                                                                             Site Web : http://www.ottiaq.org
                                                                                                                                            dans l’article intitulé La terminologie
                                                                                                                                            prend sa place au pays, la phrase « Parmi
Vice-présidente, Communications — OTTIAQ                         Direction artistique, éditique, prépresse et impression
                                                                                                                                            les autres foyers de terminologie au pays,
Valérie Palacio-Quintin                                          Mardigrafe                                                                 citons la Société centrale d’hypothèque et
Direction                                                        Publicité                                                                  de logement, la Gendarmerie royale du
Michel Buttiens                                                  Lorraine Landry, OTTIAQ                                                    Canada ainsi que l’Université du Nouveau-
                                                                 Tél. : (514) 845-4411, poste 26
Rédactrice en chef
                                                                 Téléc. : (514) 845-9903
                                                                                                                                            Brunswick avec la banque de terminologie
Gloria Kearns
                                                                                                                                            Juricom, subventionnée par le ministère
                                                                 Avis aux auteurs : Veuillez envoyer votre article à l’atten-
Rédaction                                                                                                                                   de la Justice du Canada. » aurait dû se
                                                                 tion de Circuit, sous format RTF, sur disquette ou par cour-
Yolande Amzallag (Classe affaires), Brigitte Charest
                                                                 rier électronique.                                                         lire : « Parmi les autres foyers de termi-
(Des revues), Pierre Cloutier (Pages d’histoire), Marie-Pierre
Hétu (Des techniques), Didier Lafond (Curiosités), François      Toute reproduction est interdite sans l’autorisation de l’éditeur et de    nologie au pays, citons la Société centrale
                                                                 l’auteur. La rédaction est responsable du choix des textes publiés, mais
Lavallée (Des mots), Solange Lapierre (Des livres), Éric
                                                                 les opinions exprimées n’engagent que les auteurs. L’éditeur n’assume      d’hypothèque et de logement, la Gendar-
Poirier, Eve Renaud (Sur le vif), AnneMarie Taravella            aucune responsabilité en ce qui concerne les annonces paraissant dans
(Des campus), Françoise Tardy (secrétaire du comité)             Circuit.
                                                                                                                                            merie royale du Canada ainsi que l’Uni-
Dossier                                                          © OTTIAQ
                                                                                                                                            versité de Moncton avec la banque de ter-
Solange Lapierre et Éric Poirier                                 Dépôt légal - 3e trimestre 2005                                            minologie Juriterm, subventionnée par le
                                                                 Bibliothèque nationale du Québec
Ont collaboré à ce numéro                                        Bibliothèque nationale du Canada                                           ministère de la Justice du Canada. » Toutes
Stéphane Cloutier, Jean Delisle, Patrick Dionne,                 ISSN 0821-1876                                                             nos excuses aux membres du Centre de
Chris Douglas, Sylvie Drolet, Marco A. Fiola,
Catherine Forest, Margaret Jackson, Maaki Kakkik,                Tarif d’abonnement                                                         traduction et de terminologie juridiques
                                                                 Membres de l’OTTIAQ : abonnement gratuit
Harriet Keleutak, Simon-E. Lamoureux,                                                                                                       de l’Université de Moncton.
Claire-Hélène Lavigne, Gavin Nesbitt,                            Non-membres : 1 an, 40,26 $ ; 2 ans, 74,77 $. Étudiant ins-
Emmanuelle Pedneaud Jobin, Susan Sammons,                        crits à l’OTTIAQ : 28,76 $. À l’extérieur du Canada : 46 $.
María Alejandra Valero                                           Toutes les taxes sont comprises. Chèque ou mandat-poste
                                                                 à l’ordre de « Circuit OTTIAQ » (voir adresse ci-dessus).

                                                                               Deux fois lauréat du Prix de la meilleure
                                                                               publication nationale en traduction de la
                                                                               Fédération internationale des traducteurs.
DOSSIER                     TOUT        AU    NORD

         Tout au Nord

L
         e Grand Nord, d’ouest en est, c’est-à-dire depuis l’Alaska jusqu’au
         Groenland, ce sont aujourd’hui quatre entités administratives, le
         Yukon, capitale Whitehorse, qui jouxte les Territoires du Nord-
Ouest, capitale Yellowknife, puis le Nunavut, capitale Iqaluit, qui s’étend
jusqu’à l’extrémité est du pays, bordé au sud par le Nunavik, constitué en
fait du Québec au nord du 55e parallèle. Les trois premiers disposent d’un
gouvernement en propre, le quatrième étant une administration régionale.
   Poursuivant notre survol du Canada, nous arrivons cette fois dans le
Nord, où nous avons cherché à connaître la pratique professionnelle de
nos métiers dans cette immense région arctique, peu connue en raison de
son éloignement des centres du Sud, mais surtout en raison de sa démo-
graphie fort différente et bien plus faible. C’est en effet dans le Nord que
vivent la majorité des Autochtones, qu’ils soient Amérindiens ou Inuit.
Les communautés, fort nombreuses, présentent une caractéristique qui
leur est propre, c’est-à-dire la langue, ou plutôt les langues. En effet,
comme on pourra le lire dans l’entrevue que nous a accordée Chris
Douglas, directeur des langues officielles au ministère de la Culture, de la
Langue, des Aînés et de la Jeunesse du Nunavut, aucun gouvernement
canadien n’a jamais vécu pareille situation. La langue que parle la majori-
té des 120 000 résidents nordiques n’est ici ni l’anglais, ni le français,
mais une foule d’autres langues. Outre les plus répandues que sont le cri
et l’inuktitut, il faut compter avec l’unuinaqtun, le slavey, le tlingit, et plusieurs autres, certaines parlées par des
communautés entières, d’autres en voie d’extinction et connues de seuls quelques individus. Si l’anglais s’est             Par Solange Lapierre
taillé une belle place, il demeure que le français occupe lui aussi un espace chez les résidents du Nord, comme
l’indique la visite des sites Web officiels, qui ouvrent leurs pages en trois langues, et même parfois plus (une liste
de dix langues figure dans le site des T. N.-O). Le métier de traducteur, d’interprète, et même de terminologue,
comme l’expliquent les auteurs du dossier, est donc chose reconnue et appréciée, étant donné les transforma-
tions découlant de la création de gouvernements régionaux, qui désirent administrer leur territoire en conservant
leur culture, mais aussi en misant sur les bons côtés du développement. Si l’on en croit les annonces passées
dans les journaux du Sud, on fait aussi appel à des rédacteurs, à des agents de communication et, bien sûr, à des
professeurs. En effet, l’enseignement se fait dans plusieurs langues, c’est-à-dire dans les deux langues officielles
du Canada, mais aussi, de plus en plus, dans les langues en voie de reconnaissance officielle dans les territoires.
   Tandis que nous souffrions de températures caniculaires dans nos métropoles, il semble que le temps était
beau, excellent pour la pêche dit-on, dans les territoires arctiques…
                                                                                                                                                      Circuit • Automne 2005

                                                                                                                                                  5
DOSSIER            TOUT     AU           NORD

                                                                     The Nunavut Arctic College
                                                                     Interpreter/Translator
                                                                     Program

                                                                                                                                                                              T
                             By Susan Sammons          N      unavut Arctic College is located in Iqaluit on
                                                              Baffin Island in Nunavut. Inuktitut is the first lan-
                                                       guage of 78 percent of the population of the territory,
                                                       and it has been designated to be the working lan-
                                                       guage of the government of Nunavut by 2020. Most                                                                                                                                  he lack of trained
                                                       Inuit speak English as a second language; however,                                                                                                                                Inuit teachers and
                                                       26 percent are unilingual Inuktitut-speakers.1 Also,
                                                       very few non-Inuit have any command of the language                                                                                                                               the lack of a
                                                       whatsoever. Thus, interpreters and translators will                                                                                                                               developed Inuktitut
                                                       continue to be integral to the provision of adequate
                                                                                                                                                                                                                                         curriculum and
                                                       public service for some time to come. To meet these
                                                       needs, Nunavut Arctic College has delivered Inukti-                                                                                                                               learning materials
                                                       tut/English Interpreter/Translator education since                                                                                                                                continue to plague
                                                       1988.
                                                                                                                                                                                                                                         the education system.
                                                            Inuktitut belongs to the Eskaleut language family.
                                                       It is spoken in four countries (Canada, Russia, the USA
                                                       and Greenland), spread over a 9,500 km area from
                                                       east to west. There are two language branches in this
                                                       family: Aleut and Eskimo. The Eskimo branch of the
                                                       family contains two main sub-branches: Yupik and
                                                                                                                                                                                Challenges Facing the Program
                                                       Inuit. The Inuit sub-branch contains four major dialect                                                                      It follows from the language statistics mentioned
                                                       groups: Inupiaq (spoken in Alaska), Western Canadian                                                                     above that interpreters are an essential component to
                                                       Inuktun, Eastern Canadian Inuktitut and Kalaallisut                                                                      the provision of public services in Nunavut. At present,
                                                       (spoken in Greenland). The four groups of dialects can                                                                   the hiring of most interpreter/translators is based
                                                       be further divided into 16 sub-dialects. Differences                                                                     primarily on the ability to speak both Inuktitut and
                                                       between these groups of dialects are mostly phono-                                                                       English. Many interpreters have little formal education
                                                       logical, although differences in morphology and                                                                          or training, so they can often find themselves ill-
                                                       syntax also increase over dialectic distance.                                                                            equipped to function efficiently within the work setting.
                                                            The Inuit language is spoken by some 79,000 out                                                                         One challenge we have had to face has been the
                                                       of a total Inuit (i.e. non-Yupik and non-Aleut) popula-                                                                  low level of formal education of enrolling students.
                                                       tion of about 100,000 persons. In Canada there are                                                                       Schools were not established by the Canadian govern-
                                                       approximately 25,000 speakers out of a total Inuit                                                                       ment in the Arctic until the 1950s, and during the ’60s
                                                       population of 36,215.2                                                                                                   and early ’70s Inuktitut was not taught in the educa-
                                                            The I/T Program offers students, who speak pri-                                                                     tion system. In the late ’70s, the Department of Educa-
                                                       marily Eastern Canadian Inuktitut, two options: (1) a                                                                    tion changed its philosophy to one in which Inuit
                                                       Certificate in Translation following one year of study;                                                                  culture and language were incorporated into the
                                                       (2) a Diploma in Interpretation following two years of                                                                   school curriculum. However, the lack of trained Inuit
                                                       study. Both full- and part-time students are accepted                                                                    teachers and the lack of a developed Inuktitut curricu-
                                                       into the program. The certificate year includes sever-                                                                   lum and learning materials continue to plague the
                                                       al courses in Inuktitut and English, professional                                                                        education system.
                                                       development, as well as courses in translation and                                                                           Educational levels in Nunavut are lower than any-
                                                       translation methods. In the second year, students                                                                        where else in Canada. An estimated 36 percent of all
                                                       continue with language courses, and also study                                                                           residents over 15 years of age have less than a Grade 9
Circuit • Automne 2005

                                                       eight weeks of legal and eight weeks of medical                                                                          education. Among the Inuit population, the statistics
                                                       interpreting, as well as four weeks of simultaneous                                                                      are even more dismal: 63 percent have less than a
                                                       interpretation to help them prepare for interpreting                                                                     Grade 9 education.3 Because of these low educational
                                                       assignments at the Legislative Assembly, City Hall,                                                                      levels, most of our students are admitted as mature
                                                       and meetings between Inuit organizations and                                                                             students following the successful completion of a
                                                       various government bodies.                                                                                               basic English/Inuktitut literacy examination.

                         6                             S u s a n S a m m o n s i s C o o rd i n a t o r o f t h e I n t e r p re t e r / Tra n s l a t o r Pro g ra m , N u n a v u t A rc t i c C o l l e g e , I q a l u i t , C a n a d a .
To meet the above-mentioned challenges, the pro-
gram is intensive and covers a large amount of materi-
al in two years. The four semesters are each fifteen
weeks in duration as compared with the usual twelve-
week semester at southern colleges. In addition,
attendance is compulsory and students are expected
to attend classes from 9:00 am to 4:30 pm from
Monday to Friday. Courses are delivered on a modular,
rather than on a semester basis to allow part-time stu-
dents from outlying communities access to the train-
ing as well. This level of intensity is imperative to
counteract the low academic levels on admission and
to guarantee a minimum competence on completion
of the training.

                                                             of the dialectal differences are primarily phonological,
Facing the Challenges                                        however, leading to different pronunciations of similar
    Low academic levels also impede our students’            words referring to the same concept.
ability to understand certain concepts. If an interpreter        Besides terminology, there are other problems
or translator fails to grasp a concept, then developing      faced by the program. It would appear that students
an appropriate term or explaining the concept proper-        are either more suited to be translators or more suited
ly is impossible. Deficient translations are especially      to be interpreters. Unfortunately, however, those
common with scientific terminology, which can be             working in the translation and interpretation field in
highly abstract. Conveying the meaning of such terms         the North are required to possess both types of skills.
in the detail necessary for understanding is problem-        They are also expected to work both to and from
atic. For instance, the term for chemical is ilaurutiksaq,   Inuktitut and English. Because of these demands, we
which back-translates to “things which can be mixed          must ensure that our students have met at least mini-
together.” Although the Inuktitut term is succinct, does     mal competency requirements in both languages and
it encompass adequately the meaning of the term?             in both professions (i.e. interpreting and translating)
    Since we found that ordinary technical dictionaries      prior to graduation.
were not very useful to students, we developed our               Although it is available, the incentive to take train-
own technical glossaries for several specialty areas         ing is low due to the high demand for interpreters and
including law, medicine, dentistry, environmental stud-      translators and a relatively high salary, which does not
ies, and so on. These glossaries are written in plain        increase following training. Many of our part-time stu-
English but are still quite detailed and accurate. The       dents are actually interpreters and translators already
development of technical terminology is facilitated by       employed in the work force.
instruction of the new concepts. As the terminology is           Inuit interpreters live in very small communities,
developed, it is integrated into the glossaries. In addi-    and they generally know their clientele very well (often
tion to aiding in the acquisition of new terminology,        there is a family connection). Issues surrounding cul-
the glossaries help address the issue of a lack of           tural taboos, sensitivity and confidentiality can take
standardization.                                             on other dimensions in such a setting. For example,
    The issue of standardization is a difficult matter,      the situation can become uncomfortable when you are
because there is no “Academy of Inuktitut Language”          the interpreter for your own family.
as there is for other languages such as French. We are           While we are still in the growing stages with regard
attempting to address this through the publication of        to the provision of adequate interpreting and translat-
various glossaries and word-list books, but we are by        ing services in Nunavut, each year the situation con-
no means the language authority.                             tinues to improve as more students graduate from the
    Also, no standard literary dialect exists for the lan-   program and as more translators successfully pass
guage. As there are several dialects in the Nunavut          the CTTIC translation examination from Inuktitut to
region, there is always some disagreement over the           English. With this in mind, it is imperative that we con-
correct spelling and pronunciation of words. There are       tinue to provide appropriate training and resource
six sub-dialects of Eastern Canadian Inuktitut. There        materials, help clarify the interpreter’s role and aim to
has been little standardization of terminology, either       reduce their linguistic challenges.
within or outside these various dialects. At the             For more information on the program, please contact:
                                                                                                                                                                        Circuit • Automne 2005

moment, this can lead to much confusion, with people         ssammons@ nac.nu.ca.
using different terms to describe the same concept.          1 . St a t i s t i c s C a n a d a . 1 9 9 1 . P ro f i l e o f C a n a d a’s A b o r i g i n a l
For example, in the Kivalliq region, the word used for           Population.
nurse back-translates to “like a sister” (najannguaq),       2 . D o r i s , L . J . 1 9 9 2 . “ L a s i t u a t i o n l i n g u i s t i q u e d a n s l ’ A rc -
                                                                 t i q u e . ” É t u d e s / I n u i t / St u d i e s 1 6 ( 1 - 2 ) , 2 3 7 - 2 5 6
whereas the Baffin word for nurse back-translates to         3 Arctic College. 1990. Nunatta Campus, Arctic College
“the one who looks for sickness” (aaniasiuqti). Most             D e ve l o p m e n t P l a n

                                                                                                                                                                    7
DOSSIER            TOUT     AU           NORD

                                                                     Nunattinni Katujjiqatigiit
                                                                     Tusaajinut
                              By Maaki Kakkik          T    he Nunavut Interpreter/Translator Society1 was
                                                            incorporated under the Societies Act of the North-
                                                       west Territories in 1994 and incorporated in Nunavut in
                                                                                                                                                                                       The majority of our members work for the federal
                                                                                                                                                                                   or territorial government or are employed by various
                                                                                                                                                                                   Inuit associations. Most are asked to perform both
                                                       1999, after the creation of the new territory, which                                                                        translation and consecutive and simultaneous inter-
                                                       encompasses the eastern half of the former Northwest                                                                        pretation, unlike in many other locations, where these
                                                       Territories.                                                                                                                specializations are separate.
                                                           The objectives of the Society are:                                                                                          There are 26 communities in Nunavut. There are
                                                       ● to provide a collective voice for its members                                                                             two hospitals, in Iqaluit and Rankin Inlet, and health
                                                       ● to provide for the professional development of its                                                                        centres in smaller communities. There is at least one
                                                           members                                                                                                                 full-time clerk/interpreter employed in smaller com-
                                                       ● to ensure that members exercise the profession in                                                                         munities, and over 10 in centres like Iqaluit, at the hos-
                                                           accordance with its Code of Ethics                                                                                      pital, public health and in-patients departments.
                                                       ● to publicize the important role performed by trans-                                                                           Although there are two or three full-time legal
                                                           lators and interpreters in society                                                                                      interpreters attached to the court, in smaller commu-
                                                       ● to protect public interest by administering a public                                                                      nities, local freelancers are often hired during travel-
                                                           certification examination to ensure the quality of                                                                      ling court circuits, either to spell off the other
                                                           the services provided by the members                                                                                    interpreter, or because of dialect differences.
                                                       ● to maintain amicable and professional relations                                                                               The majority of translation work is from English to
                                                           with similar organizations.                                                                                             Inuktitut, although some translations are also done for
                                                                                                                                                                                   unilingual board members at Inuit associations. There
                                                                                                                                                                                   is also a growing need for Inuktitut/English transla-

                                    M
                                                                                                                                                                                   tions of traditional knowledge texts. Few younger
                                                                                                           ost of our members                                                      translators are capable in this field, however, as there
                                                                                                           are asked to perform                                                    are large differences between elders’ speech and that
                                                                                                                                                                                   of the younger generation, and more recently this
                                                                                                           both translation
                                                                                                                                                                                   knowledge has not been passed down from one gener-
                                                                                                           and consecutive                                                         ation to the next. The Interpreter/Translator program
                                                                                                           and simultaneous                                                        in Iqaluit has recently addressed this concern by
                                                                                                                                                                                   offering a course in literary translation.
                                                                                                           interpretation,                                                             It is important for those hiring Inuktitut/Inuinnaqtun
                                                                                                           unlike in many other                                                    translators to note that the Inuinnaqtun dialect is writ-
                                                                                                                                                                                   ten in Roman alphabet, while Inuktitut is written in syl-
                                                                                                           locations, where
                                                                                                                                                                                   labics. Also, no standard literary dialect exists in the
                                                                                                           these specializations                                                   language, so those requesting translation services
                                                                                                           are separate.                                                           need to be aware of what dialect they require the
                                                                                                                                                                                   translation in: North Baffin, South Baffin, Kivalliq,
                                                                                                                                                                                   Aivilik, Natsilingmiut, or Inuinnaqtun.
                                                                                                                                                                                       The Society publishes two to three newsletters a
                                                            The operations of the Society are chiefly carried on                                                                   year for its members to inform them of any upcoming
                                                       in Iqaluit, the capital of Nunavut, although our members                                                                    conferences, training opportunities, and new resources
                                                       come from all over the territory, which covers 2.2 million                                                                  available. It also proctors the CTTIC translation exami-
                                                       square kilometres, or 20% of Canada’s land mass. The                                                                        nation annually in February, which can be a huge chal-
                                                       Society is affiliated with the Canadian Translators, Ter-                                                                   lenge as many candidates live in smaller communities
                                                       minologists and Interpreters Council (CTTIC) and takes                                                                      hundreds of kilometres from Iqaluit. We have also pub-
                                                       part in annual meetings. The Society is composed of                                                                         lished a pamphlet for our members to distribute to
                                                       both certified (members who have passed the CTIC                                                                            those about to be interpreted, as well as a poster to cel-
                                                       examination), associate, and corporate members. At                                                                          ebrate our 10th anniversary, last year, which can be
                                                       present, the Society has 19 certified members, 50 asso-                                                                     obtained free of charge.2 The Society also fields several
Circuit • Automne 2005

                                                       ciate members, and three corporate members. The                                                                             phone calls and e-mails weekly from people looking for
                                                       great majority of our members specialize in                                                                                 interpreters or translators.
                                                       Inuktitut/English and English/Inuktitut interpretation
                                                       and translation, or Inuinnaqtun/English and English/                                                                        1 . h t t p : / / t u s a a j i t . o rg .
                                                                                                                                                                                   2 . C o n t a c t M a a k i Ka k k i k , Pre s i d e n t , a t 8 6 7 - 9 7 9 - 7 2 9 4 o r
                                                       Inuinnaqtun although a few members have French/English                                                                          ssa mmons@na c . nu . c a or wri ti ng to Box 1 61 7, I q a l ui t , N U ,
                                                       and English/French as a specialization.                                                                                         XO A O H O .

                         8                             M a a k i K a k k i k i s Pre s i d e n t o f t h e N u n a v u t I n t e r p re t e r / Tra n s l a t o r S o c i e t y.
Le Nunavut, l’aventure
        de trois langues officielles
L   e Nunavut, cette entité politique nouvelle, même
    si elle date de 1999, a encore besoin de présenta-
tion. En effet, sur un cinquième du Canada, le territoire
                                                                province ni territoire n’a eu à régler ce genre de situa-
                                                                tion où une langue est largement majoritaire, qui n’est
                                                                ni l’anglais ni le français. Le gouvernement du Nunavut
s’étend depuis le nord du Québec, l’île de Baffin, où           s’est d’abord inspiré de l’expérience des Territoires du
se trouve sa capitale, Iqaluit, jusqu’à la limite des           Nord-Ouest, mais notre situation est différente, en
Territoires du Nord-Ouest, et vers le Nord, jusqu’à l’île       raison de la taille du territoire mais aussi sur le plan    Si l’aventure
d’Ellesmere, aux abords de l’océan Arctique. Si on sait         linguistique. La langue inuite demeure davantage pré-
qu’il s’agit d’un territoire régi par son propre gouver-        sente, l’anglais ne l’a pas remplacée. La grande majo-
                                                                                                                            vous intéresse,
nement, comme ailleurs dans la confédération, on                rité de nos représentants politiques sont inuits, c’est     de très vastes
connaît sans doute moins les nombreux défis qu’il doit          pourquoi nous devons traduire beaucoup de docu-
relever en matière linguistique.                                ments en inuktitut et en inuinnaqtun, en particulier        espaces s’ouvrent
    À l’échelle du territoire, les langues parlées sont
au nombre de trois, soit l’inuktitut d’abord, et ensuite
                                                                pour les débats parlementaires, à l’occasion de
                                                                l’adoption du budget, par exemple, qui doit être tra-
                                                                                                                            à vous, que ce
l’anglais et le français, toutes trois langues officielles,     duit avant d’être débattu en chambre. »                     soit sur le plan
comme on le constate à la lecture du site Internet de                Devant cette situation, pour protéger les droits
ce gouvernement1. Mais, comme l’explique Chris                  linguistiques des Inuits, de même que leur langue
                                                                                                                            géographique,
Douglas, directeur des langues officielles à la Division        et leur culture face à la modernité qu’insuffle l’arrivée   culturel ou même
des langues officielles du ministère de la Culture, de la       d’une administration en propre, deux lois sont en
Langue, des Aînés et de la Jeunesse du Nunavut, « il            préparation. Dans le projet d’une loi révisée sur les       linguistique,
en existe une quatrième, moins connue, l’inuinnaqtun,
parlée surtout dans les régions de l’ouest, notamment
                                                                langues officielles du Nunavut, il est proposé que
                                                                l’inuktitut ait enfin le même statut officiel que l’an-
                                                                                                                            puisque les
Cambridge Bay et Kugluktuk. Cette variété de la                 glais et le français, tant dans le système judiciaire et    travaux de
langue inuite, sans avoir le statut de langue officielle,       dans les travaux de l’Assemblée législative que
dispose d’une protection particulière en raison du              dans les services et les programmes gouvernemen-
                                                                                                                            terminologie
nombre de locuteurs pour qui il s’agit de la langue an-         taux. Si elle est acceptée par l’Assemblée législa-         que mène le
cestrale ». À ce sujet, M. Douglas souligne que la CBC          tive, cette nouvelle loi donnera également au
a joué un rôle très bénéfique. « Depuis plus de 20 ans,         Commissaire aux langues du Nunavut un plus grand            gouvernement
la CBC diffuse dans le Nord des programmes en
langue inuite, ce qui a permis aux différentes commu-
                                                                pouvoir en tant que chien de garde de l’application
                                                                de la loi.
                                                                                                                            du Nunavut sont
nautés, dont les dialectefs respectifs sont plus ou                  Quant au projet de loi sur la protection de la         impressionnants.
moins proches les uns des autres, de se familiariser            langue inuite, il propose de protéger les droits des ci-
avec les variantes régionales de la langue ; aujour-            toyens d’utiliser l’inuktitut comme langue de travail,
                                                                                                                               Par Solange Lapierre
d’hui, cela favorise le rapprochement nécessaire pour           ainsi que de recevoir des services en langue inuite
réaliser leur unité politique et culturelle. »                  dans le secteur privé, dans les services municipaux et
                                                                en éducation. Dans ses efforts pour sauvegarder et
                                                                mettre en valeur la langue, le Nunavut entend se doter
« Uqausirmut maligaqsait » ou
                                                                d’un organisme de normalisation, tant de l’inuktitut
nouvelles législations linguistiques                            que de l’inuinnaqtun, la Régie de la langue inuite, à
    Le trilinguisme que se propose d’établir le Nunavut         l’instar de l’Office de la langue française, au Québec.
n’ira pas de soi, on l’imagine. « Ce défi tient au fait qu’il   « Il est important de bâtir cet organisme de telle sorte
s’agit d’une première dans l’histoire du Canada : aucune        qu’il soit bien respecté du public, ajoute M. Douglas,
                                                                                                                                                          Circuit • Automne 2005

              L’équipe de traduction de Kugluktuk.
                                                                                                                                                      9
DOSSIER   TOUT                      AU                            NORD

                                               Dialectes inuits du Nunavut

                                               © Bureau du Commissaire aux langues du Nunavut

                                               c’est-à-dire en tenant compte des opinions des Inuits           M. Douglas fait remarquer les grandes variétés
                                               de tout le territoire. »                                    lexicales, causées par l’éloignement dans lequel les
                                                   Pour réussir à offrir des services en inuktitut, le     communautés ont vécu pendant des siècles (d’ouest
                                               gouvernement mise sur le développement terminolo-           en est, on compte quelque 2 400 km). « Les Inuits ori-
                                               gique. La langue inuite est d’abord de tradition orale,     ginaires de différentes régions se comprennent en gé-
                                               écrite depuis à peine un peu plus d’un siècle. Le défi      néral assez bien, mais parfois, les discussions sont
                                               se pose donc de traduire les termes techniques néces-       plus longues parce que les termes proposés par les
                                               saires au travail contemporain. Si le développement         uns ne conviennent pas aux autres. Dans ces cas, ou
                                               terminologique est bien amorcé dans les domaines de         bien nous ne proposons pas les trois équivalents, ou
                                               la statistique, des finances et des titres de postes de     bien nous n’avons pas de définition, ou bien on se re-
                                               la fonction publique, il demeure que la tâche sera          trouve avec un terme qui plaît moins à certains. Il y a
                                               longue.                                                     la possibilité d’ajouter une note explicative. C’est un
                                                                                                           travail en évolution. On ne peut pas faire appel, non
                                                                                                           plus, à beaucoup de matériel de référence ; très peu
                                               Le travail terminologique,
                                                                                                           de documents sont écrits. Nous travaillons donc avec
                                               grâce aux aînés                                             des gens qui sont unilingues, pour qu’ils ne soient pas
                                                   Comment se concrétise ce travail de terminologie ?      imprégnés de l’anglais ni du français, ce qui suppose
                                               « Nous organisons régulièrement des ateliers, notam-        parfois de longs voyages et peut poser des problèmes
                                               ment avec des traducteurs et des aînés. Nous avons          de logistique, vu le climat et les distances. »
Circuit • Automne 2005

                                               réalisé plusieurs lexiques ; il y en avait déjà quelques-       Les premiers thèmes abordés en atelier touchaient
                                               uns, faits par des linguistes, mais à présent, ce sont      aux finances, étant donné la nécessité de traduire
                                               les Inuits eux-mêmes qui y travaillent. Les aînés se        les documents administratifs gouvernementaux. Le
                                               préoccupent beaucoup de l’avenir de la langue. Ils          second thème, traité l’an dernier, portait sur les titres
                                               veulent que les Inuits bénéficient de la modernité et       d’emploi, un travail important et ardu. « C’était une
                                               que leur culture s’y adapte. »                              nécessité, déclare M. Douglas. Il fallait standardiser

                         10
tous les titres d’emploi, par exemple pour les cartes         à des locuteurs d’une autre région, ou aux plus
professionnelles. Les prochaines rencontres porteront         jeunes ; et les linguistes lui répondront et discuteront
sur un tout autre domaine, les changements clima-             avec lui. La base de l’information provient de la
tiques. C’est un domaine qui intéresse de près les            dizaine de lexiques qu’avait déjà monté le Collège
Inuits et dont il est fréquemment question. »                 arctique du Nunavut, et le dictionnaire compte aujour-
                                                              d’hui 80 000 entrées.
                                                                  L’informatique occupe une bonne place dans la dif-
« Nattiat » ou le mois de la chasse
                                                              fusion des documents en inuktitut. Divers outils ont été
au phoque                                                     créés, d’autres sont en bonne voie. « Nous avons fait un
     De manière générale, le défi que posent ces ate-         progrès immense avec l’arrivée des fontes Unicode
liers, ce sont les aspects sociaux, puisque les langues       pour les caractères syllabiques. Un autre logiciel a été
véhiculent ces concepts. « La réalité sociologique ici        mis au point qui permet la translittération d’un texte
diffère de celle du Sud et, pour définir la notion de fa-     rédigé en caractères syllabiques en un texte en alpha-
mille, par exemple, pour les besoins de Statistique           bet latin. Nous disposons aussi de Macros pour vérifier
Canada, ces différences sont apparues clairement. »           les textes. Il ne s’agit pas vraiment d’un vérificateur
D’autres domaines exigent aussi une certaine stan-            d’orthographe, mais nous espérons pouvoir en mettre
dardisation, pour les besoins de l’administration.            un au point un jour, même si cela s’avère un travail déli-
« Prenons l’exemple de la mesure du temps. Tradi-             cat, vu les caractéristiques de la langue et les variations
tionnellement, les termes employés pour décrire un            existantes. Enfin, la société Pirurvik, d’Iqaluit, travaille
mois, ou plutôt une période de l’année, correspon-            en collaboration avec Microsoft au développement
daient à des activités de chasse ou de pêche, selon le        d’une interface adaptée pour les divers programmes et

                                                                                                                                                                 Photo : Stéphane Cloutier
cas. Mais, toujours en raison de l’éloignement géogra-        logiciels. » (Voir l’article à la page 12)
phique des villages, la saison du phoque n’arrive pas             Si le monde du Nord vous attire, la vie à Iqaluit est
nécessairement au même moment dans chaque                     agréable, au dire de M. Douglas et d’autres interlocu-
région. Il y a donc beaucoup d’information contex-            teurs, qui insistent sur l’aspect humain en particulier.
tuelle à ajouter dans les lexiques. »                         Au bénéfice de ceux qui désireraient s’installer là-haut
     À propos des dialectes, on sait que la Conférence        pour y travailler quelques années, M. Douglas ajoute
circumpolaire inuit a amorcé, il y a quelques années,         que le gouvernement embauche en effet des traduc-
des travaux et des rencontres visant à raviver les liens      teurs, vers l’anglais et le français, puisqu’il faudra
entre les Inuits des différentes régions arctiques            offrir les services en trois langues. Les services de tra-
(Russie, Alaska, Nunavut, Nunavik, Groenland), qui se         duction sont répartis dans trois villes, soit Kugluktuk,
comprennent à des degrés divers, selon le cas. Selon          Iqaluit et Igloolik. Néanmoins demeure la difficulté
M. Douglas, il existe parfois des différences très mar-       que représente l’apprentissage de la langue. Les fonc-
quées, un terme dans un dialecte pouvant avoir un             tionnaires ont accès à des cours, si le cœur leur en dit.
sens opposé dans un autre. « C’est le cas du Groenland,       C’est que, par exemple, à la différence des langues
par exemple, où la séparation étant très ancienne et          indo-européennes, l’inuktitut est une langue aggluti-
l’île ayant été colonisée par le Danemark, la langue          nante, c’est-à-dire que les mots, unités de sens, peu-
s’est éloignée de celles du Nunavut. Dans l’ensemble,         vent s’ajouter les uns aux autres pour former une
cependant, les Inuits perçoivent les différences régio-       phrase. « Sans compter le fait que c’est une langue
nales, même celles entre les villages, et, ils adaptent       très précise et que les variétés langagières sont
leur façon de parler de manière à se faire bien com-          grandes. On peut l’apprendre durant toute une vie. »
prendre. C’est certain que cela représente un défi pour       Après neuf années sur place, la parle-t-il ? « I am still a
la normalisation. »                                           learner », répond-il. C’est tout dire.
                                                                  Pour les curieux, naviguer sur le site du gouverne-
Asuilaak : dictionnaire interactif                            ment du Nunavut est fort intéressant. On y apprendra
                                                              notamment que les résidents de ce territoire s’appel-
avec moteur de recherche                                      lent les Nunavummiut. Pour les questions linguis-
    L’un des résultats très visibles de ces travaux ter-      tiques, Louis-Jacques Dorais, réputé professeur de
minologiques, c’est le Dictionnaire vivant et Living          l’Université Laval, a publié une série d’ouvrages au
Dictionary, aussi appelé Asuilaak2, « celui qu’on a at-       sujet de la langue inuite, dont un dictionnaire interdia-
tendu longtemps », les Inuits ne manquent pas d’hu-           lectal, intitulé Inuit uqausingit 1,000 Words/Mots, qui
mour ! On le consulte sur Internet, en trois langues, et      regroupe 14 dialectes parlés sur un territoire qui
selon les deux alphabets. Comme son nom l’indique,            s’étend du Mackenzie jusqu’au Groenland. Bon
c’est un ouvrage en évolution, qui fait appel aux             voyage !
                                                                                                                                                                                             Circuit • Automne 2005

connaissances des locuteurs. Chacun peut envoyer              M e s re m e rc i e m e n t s à St é p h a n e C l o u t i e r, g e s t i o n n a i re d e s
des commentaires à propos des termes, et on peut              s e r v i c e s e n f ra n ç a i s a u M C L A J d u N u n a v u t , p o u r l a p r é p a -
                                                              ra t i o n d e c e t t e e n t re v u e a ve c C h r i s D o u g l a s e t l e s c o n t a c t s
aussi discuter avec les administrateurs. Par exemple,         q u’ i l n o u s a p ro p o s é s a u c o u r s d e c e d o s s i e r.
un aîné peut inscrire le terme particulier qu’il connaît
et en donner le sens, ce qui contribue à enrichir le dic-     1 . w w w. g ov. n u . c a
tionnaire et à faire connaître des spécificités culturelles   2 . w w w. a s u i l a a k . c o m

                                                                                                                                                                 11
DOSSIER       TOUT    AU     NORD

                                                            A Localization Project
                                                            in Inuktitut with Microsoft
                                                     G     avin Nesbitt is a founding partner of the Pirurvik
                                                           Centre. Bringing a unique ability to bridge the
                                                     cultural and the technical, he manages Pirurvik’s pro-
                                                                                                                          words into Inuktitut. When we’re done, anyone will be
                                                                                                                          able to download and install a special Inuktitut
                                                                                                                          “Language Interface Pack” on top of their existing
                              An interview with      duction work, specifically as regards creating informa-              Windows or Office software.
                              Gavin Nesbitt,         tion technologies in support of the Inuktitut language.              C.: What kind of language issues does this project
                                                     He is currently managing the development of an Inuk-                 present?
                              Director of            titut language version of Microsoft Windows and                           G.N.: Judging from people’s initial reaction, I think
                              Innovation and         Office software. Prior to his role at Pirurvik, Gavin was
                                                     a consultant in Internet technologies and training in a
                                                                                                                          we’ve managed to develop some really good terms, but
                                                                                                                          just the sheer volume of words we have to come up
                              Technology at          number of govermental organizations in the North.                    with poses a challenge. It’s like fast-tracking an entire
                                                     Circuit: What is the Pirurvik Centre?                                new vocabulary for Inuktitut. As a result, we really do
                              the Pirurvik               Gavin Nesbitt: Pirurvik is the long-term vision of my            look at it as a first effort in getting things going.
                              Centre in Iqaluit,     colleague, Leena Evic, to create a centre of excellence for               One of the other issues we’ve faced is that the Inuk-
                                                     Inuit culture, language and well-being. The meaning of               titut language pack for Windows XP and Office 2003 is
                              Nunavut.               Pirurvik is “a place for growth” — in this instance, it is           going to be in the standardized Roman alphabet
                                                     intended in the holistic sense of personal growth and                instead of in syllabics. This has created a number of
                                                     development. At the moment, Pirurvik is still quite                  challenges, but the biggest one has been character
                                                     young; we were formally incorporated only about two                  length. Roman text is usually 11/2 times as long as syl-
                                                     years ago, but we have been extremely busy since then.               labic text. Some of the words in Inuktitut can easily be
                                                     C: What kind of work does the Pirurvik Centre do?                    25 characters long. When you’re working with limited
                                                         G.N.: We’re loosely organized into four divisions —              space on the computer screen, this poses a problem. I
                                                     program, production, consulting and accommodation.                   can tell you that there’s a real look of satisfaction on the
                                                     The specific kind of work we do is quite varied — we’ve              translator’s faces when they find a word variant that
                                                     been running a seminar series entitled “Principles of                fits! The good news is that we know any future syllabic
                                                     Leadership and Cross-Cultural Management,” we pro-                   versions won’t have to deal with character lengths.
                                                     vide cultural orientation, terminology development,                  C.: What is the timeline on the project?
                                                     some occasional consulting and facilitation work, and                     G.N.: Our hope is to have everything done and
                                                     run the “Kajjaarvik Bed & Breakfast” — a meeting and                 available by the end of the year. The development
                                                     retreat space in Iqaluit. In our production area, we                 team is currently using a working draft Inuktitut ver-
                                                     recently released an Inuktitut language children’s music             sion of Outlook, Word, Excel and PowerPoint. There
                                                     CD called “Inuttaqalauqpuq” (“And there were Inuit”),                are lots of things to be corrected and added, but it is
                                                     we’re also running a unique multilingual website devel-              very impressive to see. Even our e-mail messages use
                                                     opment and hosting service called “Attavik.net” and                  Inuktitut headers now.
                                                     we’re working with Microsoft to develop an Inuktitut                 C.: Are there any other components to this project?
                                                     language version of Windows XP and Office 2003. As                        G.N.: One of the major developments, in addition to
                                                     you can see, we initiate a lot of our own work, but fre-             the terminology, has been the creation of an Inuktitut
                                                     quently we get requests for specific things.                         “locale.” The locale is the regional/country information
                                                     C.: What is the project with Microsoft?                              that defines a language. In our case, that includes time
                                                         G.N.: It’s quite exciting really. A little over a year           and date formats, keyboards, sort orders and so forth.
                                                     ago, we were approached by Microsoft Canada to                       It’s rather like a home base for Inuktitut within the
                                                     undertake the localization of Windows and Office into                system. Windows XP now has an Inuktitut locale and
                                                     Inuktitut. This involves developing new terminology                  Windows Vista (the next version) will have full support
                                                     and translating literally hundreds of thousands of                   for both a syllabic and Romanized Inuktitut locale.
Circuit • Automne 2005

                                                                    Outlook 2003 (alpha version; for testing purposes only) — New e-mail message

                         12
La traduction juridique
       officielle en français au
       Nunavut : un défi technique
       mais aussi ethnolinguistique
Circuit : Décrivez-nous un peu votre travail et ce qui
vous a amenée là-bas ?
    Emmanuelle Pedneaud Jobin : J’ai étudié le droit
                                                                                                                                             Jusqu’à tout
civil à l’Université d’Ottawa et je suis devenue avocate                                                                                     récemment,
en 1996. Après deux années passées à étudier l’his-
toire à Paris, je suis revenue chez moi, à Gatineau, où                                                                                      Emmanuelle
j’ai exercé mon métier en pratique privée pendant
trois ans. Je me suis ensuite retrouvée à Iqaluit sans
                                                                                                                                             Pedneaud Jobin
expérience en traduction. Mon patron de l’époque,                                                                                            a exercé les
André Samson, qui a mis sur pied le service de traduc-
tion législative du gouvernement du Nunavut, m’a
                                                                                                                                             fonctions de chef
formée pendant deux ans avant de lui-même quitter le                                                                                         du service de
Nunavut, et je suis alors devenue chef du service,
poste que j’ai occupé pendant deux ans, jusqu’au                                                                                             traduction
24 juin 2005. Le rôle du chef du service de traduction
juridique est de s’assurer que les lois et les règle-
                                                                                                                                             juridique au
ments sont traduits dans les délais impartis et avec
                                                              25 avril 2005. Un concours de construction d’igloos dans le cadre des acti-
                                                              vités du Toonik Thyme, qui célèbrent le retour du soleil. Il ne fait jamais
                                                                                                                                             ministère de
une qualité totale. Ils doivent refléter l’intention du lé-
gislateur au même titre que les textes en anglais puis-
                                                              nuit complète à Iqaluit, mais à compter du solstice d’été les jours raccour-
                                                              cissent jusqu’à la nuit la plus longue le 30 décembre, où le soleil se lève
                                                                                                                                             la Justice du
qu’ils ont force de loi.
                                                              vers 10 h et se couche vers 14 h. Inversement la journée la plus longue est
                                                              celle du 30 juin où le soleil se couche vers 2 h et se lève vers 4 h, ce qui   gouvernement
    L’équipe compte deux traducteurs. Leur seul               veut dire qu’il ne fait jamais tout à fait nuit. On met des papiers d’alumi-
mandat est de travailler aux lois et règlements. Bien         nium dans les fenêtres pour pouvoir dormir. Dans la poche de mon amauti        du Nunavut.
                                                              (vêtement inuit traditionnel) mon bébé Marie-Hélène dort paisiblement. Je
sûr, il leur arrive d’aider à la production de certains       suis en compagnie de mon mari, Marcel Fleurent, et de ma fille aînée, Isa-     Elle nous fait
documents importants pour le ministère de la Justice,         belle. Nos deux enfants sont nées à Iqaluit.

mais leur tâche principale est vraiment la traduction                                                                                        part de son
et la révision des textes législatifs. Les textes à tra-
duire sont remis par les rédacteurs de notre division,        vision sans que le chef de service ne l’ait révisé. Cela
                                                                                                                                             expérience
et les échanges sont nombreux et faciles quand des            permet de s’assurer que la terminologie utilisée est                           professionnelle
éclaircissements sont nécessaires. Vu la petite taille        conforme aux textes déjà traduits.
de l’équipe — trois rédacteurs, deux traducteurs de           C. : Qu’est-ce qui vous a incitée à travailler dans cette
                                                                                                                                             sur le terrain.
langue française, deux traducteurs de langue inuite —,        région ?
la version anglaise évolue régulièrement selon les be-             E. P. J. : Après trois ans de pratique en droit de la                          Propos recueillis
soins des traducteurs de langue inuite ou française.          famille et de la jeunesse en Outaouais, je souhaitais                            par Éric Poirier, trad. a.
Les traducteurs d’une même langue se révisent l’un            essayer autre chose. Je cherchais une porte de sortie
l’autre afin que tous les textes soient vus par au moins      et c’est celle du Nord qui s’est ouverte. J’ai eu la
deux personnes.                                               chance d’être embauchée par un avocat, traducteur ju-
    Pour ce qui est du travail du chef de service, il         ridique depuis des années, qui m’a formée. J’ai habité
consiste principalement à traduire les lois et les règle-     à Iqaluit pendant trois ans et huit mois. Je suis de
ments. Mais le chef de service est parfois également          retour à Gatineau depuis le 30 juin 2005.
appelé à donner des opinions juridiques sur des               C. : Sur le plan professionnel, quels défis avez-vous eu
textes en français et à rédiger de la correspondance          à relever dans votre travail ?
                                                                                                                                                                                 Circuit • Automne 2005

pour le ministre de la Justice. L’interprétation ne fait           E. P. J. : La division des Affaires législatives produit
pas partie de ses fonctions. Par ailleurs, il révise les      les versions des projets de loi en français et en inukti-
textes traduits à l’extérieur. Vous comprendrez               tut pour qu’ils puissent être introduits par l’Assemblée
qu’avec le volume de textes que nous devons traduire,         législative. Un des grands défis auquel nous faisons
il est nécessaire de faire appel à des traducteurs de         face est qu’une bonne partie de la terminologie juri-
l’extérieur. Cependant aucun texte ne sort de notre di-       dique technique en inuktitut doit être créée à mesure.

                                                                                                                                                                            13
DOSSIER   TOUT    AU     NORD

                                               Par ailleurs, selon leur région d’origine, les traduc-       gens sont très agréables et détendues. J’ai beaucoup
                                               teurs n’utilisent pas la même langue inuite, ce qui crée     aimé travailler en étroite collaboration avec certaines
                                               une autre difficulté : cela donne souvent lieu à des         traductrices de langue inuite. On apprend énormé-
                                               désaccords et à des débats sur le choix approprié de         ment au contact de cette culture linguistique qui est
                                               la terminologie.                                             riche et fascinante.
                                                    Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, ces     C. : Et le fait de vivre dans une région nordique ?
                                               difficultés ont une incidence directe sur le travail des          E. P. J. : Vivre à Iqaluit, c’est comme vivre un road
                                               traducteurs francophones puisqu’ils jouent un rôle           trip sans la route… Les rencontres qu’on y fait sont
                                               d’aide et de soutien dans la création de la terminolo-       aussi brèves qu’intenses. Les difficultés et les renon-
                                               gie juridique auprès des traducteurs de langue inuite        cements sont semblables. La même magie y fait aussi
                                               qui ne sont pas juristes. En tant que spécialistes, nous     son effet. On vit chaque jour plus intensément, on pro-
                                               sommes donc appelés à conseiller les traducteurs             fite de chaque rencontre. Comme les gens vont et
                                               pour ce qui est de la vulgarisation des notions de droit     viennent, on est toujours sur le qui-vive, pas de sur-
                                               et de leur adaptation dans une troisième langue, ce          place. Cela pose des défis d’organisation et de forma-
                                               qui ajoute une dimension absolument fascinante à             tion. Les gens partent quand ils maîtrisent leurs
                                               notre travail.                                               tâches. Il faut les remplacer et s’assurer que le travail
                                                    Le travail de traduction en inuktitut et en innuinaq-   continue efficacement.
                                               tun est si complexe et comporte tant de facettes qu’un            Le climat ? Je répète un conseil que m’avait donné
                                               seul article ne suffit pas. Le magazine Le toit du           mon patron en m’embauchant. Si vous avez la moindre
                                               monde, publié par Nunafranc, organisme francophone           tendance à la dépression, évitez le Grand Nord. Mais
                                               du Nunavut, en traite abondamment.                           on s’y habitue vite. Et on s’habille en conséquence.
                                               C. : Quels sont les véritables besoins de la région en       Vraiment, pour moi ce n’est pas un problème.
                                               matière de traduction en français ?                          C. : En terminant, quelles sont les possibilités profes-
                                                    E. P. J. : Il y a un besoin criant de généralistes au   sionnelles là-bas ?
                                               ministère de la Culture, de la Langue, des Aînés et de            E. P. J. : À ce jour, mon poste n’a pas encore été
                                               la Jeunesse. À la Cour de justice du Nunavut, on             comblé. Il sera affiché de nouveau bientôt. Il y a régu-
                                               cherche parfois des interprètes qui ont de l’expérience      lièrement des postes vacants. Il faut consulter le site
                                               dans le domaine juridique. Au ministère de la Justice,       Internet du gouvernement du Nunavut, sur lequel sont
                                               pour la traduction législative, la politique est de n’em-    affichés tous les postes disponibles dans les différents
                                               baucher que des gens qui ont une formation en droit.         ministères1 (le site est offert uniquement en anglais
                                               C. : Qu’avez-vous aimé dans votre travail ?                  pour le moment). On consultera aussi le site Internet
                                                    E. P. J. : Travailler pour le gouvernement du Nuna-     de Défi Nunavut2, qui facilite la recherche d’emploi en
                                               vut est très satisfaisant puisque la taille réduite de la    français dans le territoire.
                                               fonction publique fait en sorte que chaque personne
                                                                                                            1 . w w w. g ov. n u . c a / N u n a v u t / E n g l i s h / d e p a r t m e n t s / H R /
                                               joue un rôle important et qu’elle le sent à chaque               h u m a n re s o u rc e s / j o b s /
                                               étape de son travail. De plus, les relations entre les       2 . w w w. d e f i n u n a v u t . c o m / d e f i n u n a v u t / e _ c a r re f o u r. p h p

                                                     Quelques chiffres sur le français au Nunavut
                                                     Créé le 1er avril 1999, le Nunavut est le troisième territoire du Canada. Il est né de la division des Terri-
                                                     toires du Nord-Ouest et sa création en fait le premier territoire du monde à s’être donné un gouver-
                                                     nement composé d’une majorité d’autochtones. Francophones : 422 ou 2,6 % de la population
                                                     (Enquête auprès des ménages du Nunavut, 2001)
                                                     La Loi sur les langues officielles donne un statut égal au français et à l’anglais. Cette loi des Terri-
                                                     toires du Nord-Ouest a été adoptée par le Nunavut lors de sa création, le 1er avril 1999. Une modifica-
                                                     tion à la loi (1990) accorde le statut de langue officielle à l’inuktitut (ce qui comprend l’inuvialuktun
                                                     et l’inuinnaqtun). La loi exige que tous les services gouvernementaux soient offerts en français à son
                                                     siège social ainsi qu’à ses bureaux régionaux et communautaires s’il existe une demande significa-
                                                     tive ou si le genre de services offerts l’exige. Tous les règlements et les lois sont publiés en anglais et
                                                     en français et ont un statut égal devant les tribunaux.
Circuit • Automne 2005

                                                     Une école française a ouvert ses portes à Iqaluit en janvier 2002. Une garderie francophone est éta-
                                                     blie à Iqaluit depuis 2003. La radio communautaire francophone d’Iqaluit, CFRT, diffuse en français
                                                     24 heures sur 24. Les réseaux TVA, TV5, Musique Plus, RDS et d’autres encore sont à la portée des
                                                     abonnés aux services satellites ou de câblodiffusion dans certaines régions du Nunavut.

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