Travail sécurité - Travail & Sécurité
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travail sécurité & LE mensuel DE LA PRÉVENTION DES RISQUES PROFESSIONNELS dossier La grande distribution N° 759 – mars 2015 – 5,20 e n en images n grand entretien n une journée avec n services Dans les Raphaël Haeflinger, Une brigade fière Dispositif juridique coulisses directeur d’Eurogip de sa cuisine relatif à la pénibilité de l’Opéra
sommaire 12Raphaël Haeflinger, directeur d’Eurogip, réalise un état des lieux des pratiques en Europe en matière de santé et sécurité © Patrick Delapierre pour l’INRS au travail, alors que la Commission européenne vient d’adopter un nouveau cadre stratégique pour la période 2014-2020. 30 15 À l’occasion de la rénovation d’une brasserie parisienne, 100 m2 de sous-sol ont été © Grégoire Maisonneuve pour l’INRS créés pour y installer toute la partie technique, à savoir la cuisine. Vaste secteur aux métiers variés, la grande distribution présente une forte sinistralité. Les efforts déployés par le réseau Assurance maladie–risques professionnels commencent à payer. © Gaël Kerbaol/INRS 04 ACTUALITÉS 15 DOSSIER n Baromètre. Nouveaux chiffres sur la place La grande distribution de la santé au travail dans les TPE n Risque routier. Vers une interdiction des kits 16. Un secteur en mouvements mains-libres ? 18. De l’anticipation à la réalisation n Infirmiers du travail. La Carsat Centre tisse 19. Dans le « drive » du bout du monde un réseau n Suicide. La police s’arme pour lutter contre le fléau 20. Aux caisses, le confort n’est pas en option n Plan santé au travail 2015-2019. L’approche positive du travail, facteur de santé 22. Des résultats à la hauteur des espérances n Écophyto 2. Un nouveau plan de baisse des pesticides 24. Repenser les liens au travail 26. Le nécessaire respect des normes 12 Le Grand entretien existantes Raphaël Haeflinger, directeur d’Eurogip « Nous sommes à la croisée 30 une journée avec des chemins » Une brigade fière de sa cuisine travail & sécurité – n° 759 – mars 2015
Amélioration du réseau de ventilation générale, réaménagement de l’espace, modernisation 32 © Gaël Kerbaol/INRS des postes de travail… La rénovation de l’atelier décoration-costumes du Palais Garnier, au cœur de la capitale, a réuni plusieurs directions autour d’un projet de prévention des risques professionnels. Photo de couverture : Gaël Kerbaol/INRS Revue mensuelle publiée par l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles. 65, boulevard Richard-Lenoir - 75011 Paris. Tél. : 01 40 44 30 00. Fax : 01 40 44 30 41. 46 Dépôt légal 1950-9005. ISSN 0373-1944. www.travail-et-securite.fr – www.inrs.fr E-mail rédaction : ts@inrs.fr. Prix au numéro : 5,20 e. Abonnement annuel : 46 e. © Gaël Kerbaol/INRS Une entreprise qui produit des herbes aromatiques surgelées mène une politique d’amélioration continue Directeur de la publication : Stéphane Pimbert. des conditions de travail de ses salariés avec pour Rédactrice en chef : Delphine Vaudoux. principal axe de réflexion les manutentions manuelles Assistante : Marie-Thérèse Margato, 01 40 44 30 40. aux postes de conditionnement et de palettisation. Secrétaire de rédaction : Alexis Carlier. Rédaction : Antoine Bondéelle, Grégory Brasseur, Leslie Courbon, Céline Ravallec. Ont collaboré à ce numéro : Claude Almodovar, Patrick Delapierre, Grégoire Maisonneuve, 32 EN IMAGES Albert Pereira, Guillaume J. Plisson. Rédacteur-graphiste : Amélie Lemaire. Art vivant. Dans les coulisses de l’Opéra Reporter-photographe : Gaël Kerbaol. Iconographes : Estelle Paulin, Nadia Bouda. Responsable de fabrication : Sophie Schwab. 40 EN ENTREPRISE Documents officiels : assistance juridique, 40. Poussières de bois 01 40 44 31 63 ou 01 40 44 31 57. Abonnements-diffusion : 01 55 56 71 03. Un objectif ambitieux Photogravure : Made for com. 42. Amiante Impression : Imprimerie de Compiègne- Se former à des pratiques éprouvées Groupe des imprimeries Morault. 44. Agroalimentaire Ce journal est imprimé par une imprimerie certifiée Objectif : rendre les risques insipides Imprim’vert®, avec des encres à base d’huile végétale sur papier issu de forêts gérées durablement. 46. Charge physique de travail Couper l’herbe sous le pied des TMS 50 services 10-31-1668 / Certifié PEFC / pefc-france.org n Questions-réponses n Droit en pratique n Extraits du Journal Officiel travail & sécurité – n° 759 – mars 2015
ACTUALITÉS Le chiffre 04 05 822 petites entreprises (dont 652 PE de 10 à 49 salariés et 170 TPE de 1 à 9 salariés) ont été questionnées en novembre et décembre 2014 par ViaVoice pour réaliser une étude pour l’INRS. © Gaël Kerbaol/INRS Baromètre Nouveaux chiffres sur la place de la santé au travail dans les TPE Les résultats de la troisième étude TPE « Risques professionnels et prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles » réalisée pour l’INRS par l’institut de sondage ViaVoice ont été dévoilés. Premières tendances. Q uel est le regard par les personnes interro- l’information et la formation des sources d’information des dirigeants gées, l’activité physique et des salariés. « Il s’agit des de référence. « Une tendance d ’e n t r e p r i s e s le risque routier pour les mesures qui apparaissent générale assez inattendue de moins de PE, l’activité physique et les comme les plus évidentes, et ce, quels que soient la 50 salariés sur la chutes pour les TPE, ont ten- observe Patrick Laine. Dans taille ou le secteur d’acti- santé et la sécurité dans leur dance à être sous-estimés, ou cette enquête, 15 % des TPE vité », poursuit Patrick Laine. activité ? Depuis 2007, l’INRS alors sont considérés comme déclarent ne prendre aucune L’utilisation d’internet est en réalise un baromètre pour bien maîtrisés. La perception mesure, un chiffre qui a aug- hausse tandis que celle des suivre les évolutions sur cette des risques, en lien avec la menté depuis 2010. » Par ail- supports papier est en baisse question. Deux catégories sinistralité de l’activité, est leurs, la plupart des entre- et se limite le plus souvent à d’entreprises sont concer- différente selon les secteurs : prises n’anticipent pas les la presse quotidienne et pro- nées : les très petites entre- dans les PE, le BTP se montre actions de prévention : elles fessionnelle. Les chefs d’en- prises (TPE, de 1 à 9 salariés) par exemple plus concerné déclarent ne pas avoir l’in- treprise présentent un com- et les petites entreprises (PE, que le commerce. tention d’aller plus loin dans portement plutôt attentiste et de 10 à 49 salariés), dans les Parmi les mesures de pré- ces actions durant les deux n’effectuent pas forcément de secteurs de l’artisanat, l’in- vention mises en œuvre, le prochaines années. recherche active : « Si l’infor- dustrie, le BTP, le commerce port des équipements de L’étude montre que les notices mation est importante, elle et le transport. Les résultats protection individuelle arrive techniques des fournisseurs arrivera jusqu’à nous » est le de la troisième enquête (lire largement en tête, suivi par deviennent de plus en plus raisonnement observé. l’encadré ci-contre) viennent La taille des entreprises joue d’être dévoilés. sur leur maturité en matière Par rapport aux précédentes la 3e édition du baromètre de santé et sécurité au tra- études, la santé au travail Réalisée par téléphone en novembre et décembre 2014 vail (SST) : les PE sont ainsi se révèle moins présente. auprès de près de 1 000 dirigeants d’entreprises de moins plus à jour sur leur document Les deux premières préoc- de 50 salariés, le baromètre prolonge deux études menées unique, ont déjà désigné plus cupations des chefs d’entre- en 2007 et 2010. Les entreprises sondées ne sont pas largement un salarié com- prise sont d’ordre financier forcément les mêmes mais la majorité des questions restent pétent en SST et mettent en et commercial. « Ce n’est pas identiques. Quelques entretiens approfondis ont été menés place plus d’actions de pré- une surprise étant donné le dans un second temps par téléphone au tout début vention. Elles sont également contexte économique », com- de l’année 2015 (salon de coiffure, boulanger-pâtissier, moins isolées, en adhérant mente Patrick Laine, chargé atelier de soudure, BTP) pour recueillir des éclairages plus facilement à une organi- de mission TPE à l’INRS. Les sation professionnelle. n complémentaires, plus qualitatifs. risques professionnels cités C. R. travail & sécurité – n° 759 – mars 2015
actualitéS Risque routier RPS L’entretien individuel, Vers une interdiction facteur de soutien des kits mains-libres ? des salariés Selon l’enquête Sumer 2010, un tiers des salariés déclarent Face à une augmentation importante de la mortalité n’avoir ni entretien individuel routière en 2014, le ministère de l’Intérieur envisage d’évaluation, ni objectifs chiffrés l’interdiction des kits mains-libres à oreillette au volant, dans l’année. En revanche, l’entretien individuel d’évaluation, dans un avenir proche. fondé sur des critères « précis E et mesurables » mais sans n 2014, la morta- objectifs chiffrés, concernerait, lité routière a pro- lui, 20 % des salariés. Ces gressé de 3,7 %, derniers déclarent d’ailleurs soit 120 décès de bénéficier d’autonomie et de plus sur les routes soutien social de la part de leur par rapport à l’année pré- hiérarchie ou de leurs collègues, cédente (3 388 décès en et ressentir moins souvent que 2014). Une étude de l’Inserm les autres salariés des conflits démontre que l’usage du kit éthiques ou de l’insécurité dans mains-libres ne rend pas leur emploi. À l’inverse, ceux qui moins dangereuse l’utilisa- ont des objectifs chiffrés sans tion du portable au volant : bénéficier d’un entretien 10 % des accidents auraient individuel d’évaluation fondé pour cause, ou impliqueraient, sur des critères précis l’usage du téléphone. L’étude et mesurables, soit 13 % pointe également un vide des salariés, sont surexposés © Gaël Kerbaol/INRS au niveau réglementaire : si à la plupart des facteurs l’usage du téléphone pris en de risques psychosociaux, main au volant est sanctionné selon leurs déclarations : d’un retrait de deux points leur travail comporte plus de permis et d’une amende de de demande psychologique 135 €, l’usage du kit reste toléré. et émotionnelle, plus de conflits Or, le danger serait sensible- tation, la première depuis Malgré l’interdiction éthiques et d’insécurité, moins ment le même, l’attention du douze ans, Bernard Caze- de téléphoner en de soutien social. Ils signalent conduisant et le conducteur étant captée par neuve, ministre de l’Inté- aussi plus souvent être développement des la conversation. S’appuyant rieur, a présenté un projet kits mains-libres, en mauvaise santé physique sur une étude australienne, La de plan d’action composé de 400 personnes seraient et mentale. Ligue contre la violence rou- 26 mesures. Parmi celles-ci, tuées chaque année tière estime que l’utilisation outre l’abaissement du taux sur les routes françaises Ebola à cause du téléphone du kit multiplie le risque d’ac- limite d’alcoolémie pour les au volant. Naissance cidents par trois. Selon cette jeunes conducteurs (moins de d’un site web belge association, l’utilisation d’un 0,2 g/l), figure la possibilité d’informations téléphone au volant tuerait (mesure n° 22) d’une inter- 400 personnes sur les routes diction du kit mains-libres à Un site officiel d’information chaque année, en France. oreillette. n sur Ebola vient d’ouvrir, Afin d’enrayer cette augmen- A. B. à la mi-janvier, à destination des citoyens et des professionnels de la santé vivant Substances psychoactives en Belgique. Initiative commune Un outil d’aide au repérage de l’Institut de médecine tropicale Alcool, tabac, cannabis : ces trois substances psychoactives, dont la dernière d’Anvers, des différentes est illégale, sont les plus consommées en France. La Haute Autorité de Santé (HAS) autorités de santé publique vient de publier un outil d’aide au repérage précoce et à l’intervention brève (RPIB) lié et de l’Institut scientifique à leur consommation afin que les professionnels de la santé apportent une réponse de santé publique, ce site fournit individuelle à des consommations à risque de dommages individuels, sociaux et les informations récentes sur professionnels de leurs patients. Cet outil a pour objectif : l’épidémie en Afrique occidentale, • de repérer les consommations à risque ; en lien avec la Belgique. Il propose • d’intervenir auprès des consommateurs pour qu’ils réduisent leurs risques une foire aux questions ainsi de dommages ; qu’une rubrique détaillant • d’accompagner et soutenir leurs efforts vers un changement de comportement les directives et procédures durable. à l’intention des professionnels Ce travail s’inscrit dans le cadre du plan gouvernemental de lutte contre les drogues de santé. et les conduites addictives 2013-2017, coordonné par la Mission interministérielle En savoir plus : www.info-ebola.be/fr de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Midelca). et www.inrs.fr. travail & sécurité – n° 759 – mars 2015
ACTUALITÉS Le chiffre 06 07 3436 infirmiers en prévention et soins en entreprise étaient en activité en France au 1er janvier 2014. © Guillaume J.Plisson pour l’INRS (source : Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques). Les infirmiers du travail constituent un véritable pilier de l’entreprise, en matière de prévention des risques professionnels et même au-delà. Afin de leur permettre d’échanger entre eux et de les informer régulièrement, la Carsat Centre est à l’initiative, en partenariat avec le GIT (Groupement des infirmiers du travail), de journées d’études « infirmiers du travail ». Infirmiers du travail La Carsat Centre tisse un réseau N ous sommes assez se sont ensuite interrompues de sensibiliser au moins prise pour y faire des mesures isolés, chacun avant de reprendre en 2006, 200 salariés », s’enthou- de bruit… J’ai ensuite trans- dans notre travail. à la demande d’infirmières, siasme Christine Roques. mis à notre direction et le Cir- Et c’est donc inté- sur des sujets beaucoup plus « Pour ma part, je vais à celle cop est venu faire des mesures ressant pour nous larges, comme les cancers qui est organisée à Chartres, et nous aider à réfléchir aux de pouvoir nous rencontrer professionnels, les risques explique Philippe Poirrier. Ça mesures de prévention à pour échanger, confronter psychosociaux, la pénibilité, me permet de discuter avec mettre en place. » nos expériences », estime les nanoparticules, etc. Et les collègues du département, Ces journées permettent aussi Philippe Poirrier, infirmier du depuis 2013, les infirmières d’échanger sur des probléma- de conforter le rôle de référents travail chez B. Braun Medi- des services interentreprises tiques parfois similaires mais et de formateurs d’entreprise cal, à Nogent-le-Rotrou, en de santé au travail prennent avec un contexte différent. Ces que tiennent les infirmiers Eure-et-Loir. Brigitte Danet, part à ces journées. réunions sont toujours bien du travail. « Les infirmiers infirmière du travail chez Sur la région Centre, faites et permettent de renfor- du travail connaissent tous Asco-Joumatic, à Lucé, à une 362 entreprises ont plus de cer les liens entre nous, mais les salariés, leurs problèmes, cinquantaine de kilomètres de 200 salariés et pourraient également avec la Carsat. » leurs souffrances au travail, Nogent, fait la même analyse : donc bénéficier d’un infirmier Les journées sont préparées et insiste Christine Roques. « Nous sommes assez focali- du travail. Mais toutes n’ont co-organisées avec le GIT et Ils recueillent les premières sés sur nos entreprises, il est pas n’ont pas fait ce choix. les thématiques sont choisies informations et constituent important pour nous de pou- Néanmoins, le service forma- à partir de l’exploitation des le véritable pouls de l’entre- voir nous voir régulièrement. » tion de la Carsat a, au fil des questionnaires d’évaluation. prise. » « Nous avons la pos- Consciente de ce problème, la ans, constitué un fichier de Brigitte Danet est elle aussi sibilité de redistribuer ensuite Carsat Centre a mis en place il 215 infirmiers du travail, qui satisfaite de ces journées qui cette information à l’ensemble y a près de dix ans des jour- sont régulièrement invités lui permettent de maintenir de nos partenaires internes : nées d’études destinées aux aux journées d’études. « Nous ses connaissances à jour sur directions, médecins du tra- infirmiers du travail au niveau en organisons environ deux les textes réglementaires ou sa vail, CHSCT, salariés et res- de la région. ou trois par an, sur un même pratique quotidienne d’infir- ponsables sécurité… », com- Initiées dans un premier temps sujet mais dans des villes dif- mière du travail, et d’échanger plète Brigitte Danet. en 1995 et 1996 par Chan- férentes pour toucher le maxi- avec des collègues. Parfois, En 2016, Christine Roques tal Sebert, alors infirmière mum de personnes », explique cela peut même aller au-delà. espère bien fêter les dix ans du travail dans une entre- Christine Roques, ingénieur- « Il y a trois-quatre ans, le de ces rencontres. n prise de la région et déléguée conseil à la Carsat Centre et thème abordé pendant cette 1. GIT : Groupement des infirmiers régionale du Groupement des responsable de la formation. journée était le bruit. Les orga- du travail. Site internet : infirmiers du travail (GIT) 1 en Au final, ce sont environ nisateurs avaient fait interve- www.git-france.org. région Centre, ces journées 120 personnes qui participent nir l’ingénieur du Circop 2 ainsi 2. Circop : Centre interrégional étaient alors essentiellement à ces journées chaque année. que deux techniciens. Cela de contrôles physiques de la Carsat centrées sur les formations en « Un infirmier du travail m’a donné l’idée de les faire Centre. lien avec le secourisme. Elles informé, c’est l’opportunité intervenir dans mon entre- D. V. travail & sécurité – n° 759 – mars 2015
actualitéS Suicide Chariots automoteurs Alerte aux La police s’arme pour lutter intoxications contre le fléau oxycarbonées Au cours de la saison froide, quand les portes des entrepôts C sont fermées, les cas inquante-cinq morts : c’est le compagnement des personnels », agent d’intoxications au monoxyde de chiffre officiel du nombre de volontaire spécifiquement formé et sus- carbone (CO) sont plus nombreux. décès par suicide dans la police ceptible de les assister et de les orienter En effet, certains chariots en 2014. Une première depuis le cas échéant vers les professionnels de automoteurs fonctionnant 1998, bien que les chiffres soient soutien ; au gaz, même en conformité avec restés élevés (une quarantaine de suicides • la signature d’une convention entre la la réglementation, présentent par an les années précédentes). Direction générale de la police natio- des niveaux très élevés Le ministre de l’Intérieur a réuni les princi- nale et un établissement de soins, dans d’émission de monoxyde paux représentants des syndicats de police le cadre du suivi des retours en service après un congé de longue maladie ; de carbone, d’oxydes d’azote afin de leur présenter des mesures desti- nées à renforcer la prévention des suicides. • la poursuite de l’expérimentation du et d’autres polluants. Parfois, Notamment : dispositif permettant aux policiers de ces engins sont récents ou neufs. • le recrutement, dès le mois de février, déposer leur arme de service à la fin de À l’heure actuelle, de psychologues au sein du service de leur vacation grâce à des casiers indivi- la réglementation européenne soutien psychologique opérationnel, la duels. Ceux-ci équiperont dans quelques limitant les émissions des cellule dédiée à l’écoute des agents en jours l’ensemble du département du Val- moteurs des véhicules non souffrance ; d’Oise (dix suicides sur les trois dernières • la création de postes supplémentaires de années). Au total, 2 300 casiers seront psychologues cliniciens, dans le cadre de installés ; l’accompagnement des élèves policiers • la refonte des cycles de travail, pour amé- de tous grades durant leur scolarité ; liorer la conciliation entre vie profession- • la diffusion d’une instruction rappelant nelle et vie privée ; l’obligation qu’ont les chefs de service L’ensemble de ces mesures fera l’objet d’un © Yves Cousson/INRS de s’assurer que les policiers répondent suivi et d’une évaluation tous les quatre réellement aux convocations des méde- mois, en présence des syndicats de la cins de prévention ; police nationale. • l’identification d’un « référent de l’ac- A. B. routiers (directive 97/68/CE Selon l’analyse d’une série d’études parue modifiée) ne prend pas en compte les moteurs à allumage dans le courant du mois de janvier 2015 1, commandé (moteurs à essence et à gaz) d’une puissance une trop longue durée de travail, plus supérieure ou égale à 19 kW. de 48 heures par semaine, accroîtrait Pour autant, il est possible de trouver sur le marché des d’environ 13 % le risque d’une consommation moteurs équipés de systèmes excessive d’alcool. de dépollution efficaces. « Les utilisateurs et acquéreurs 1. Source : The British Medical Journal. Les études analysées ont été menées auprès de 400 000 personnes de matériels doivent être à travers 14 pays dits « développés ». sensibilisés à l’existence de chariots dont les moteurs sont équipés de filtres catalytiques Rapport trois voies, très peu émetteurs Les femmes dirigent encore trop peu les entreprises de monoxyde de carbone L’Organisation internationale du travail (OIT) a récemment publié un rapport mettant et d’oxydes d’azote », indique en évidence le fait que les femmes étaient encore sous-représentées dans les sphères Bruno Courtois, ingénieur chimiste dirigeantes des entreprises, même si le nombre de femmes cadres a fortement progressé à l’INRS. Des recommandations ces vingt dernières années. L’OIT avance des pistes d’actions pour favoriser la présence sur le contrôle des émissions des femmes aux postes de direction : des moteurs à gaz, et notamment • inciter les salariés de sexe masculin à s’engager dans leur vie familiale ; sur les concentrations • nommer des femmes cadres dirigeants à des postes stratégiques ; en monoxyde de carbone • veiller à confier des responsabilités et projets complexes aux jeunes femmes ; maximales acceptables dans • offrir des conditions de travail plus flexibles pour gérer les obligations familiales les gaz d’échappement, seront et professionnelles ; incluses dans un aide-mémoire • faciliter les solutions de gardes d’enfants ; technique sur la prévention • adopter des politiques de lutte contre le harcèlement sexuel ; des expositions aux gaz • mettre en place des politiques de réinsertion après une interruption de carrière ; d’échappement que l’INRS • instituer un système de parrainage jusqu’aux postes de direction. publiera prochainement. travail & sécurité – n° 759 – mars 2015
ACTUALITÉS Le Comité permanent du Conseil d’orientation des conditions 08 NORD- PICARDIE de travail (Coct) a validé, lors de sa réunion du 27 janvier 09 NORMANDIE ILE-DE- FRANCE ALSACE MOSELLE dernier, les grandes orientations du Plan santé au travail NORD-EST BRETAGNE PAYS DE LA LOIRE CENTRE pour la période 2015-2019. BOURGOGNE FRANCHE-COMTÉ CENTRE-OUEST Plan santé au travail 2015-2019 L’approche positive du travail, RHÔNE-ALPES AUVERGNE AQUITAINE LANGUEDOC facteur de santé MIDI-PYRÉNÉES ROUSSILLON SUD-EST L a réunion du comité permanent des règles de prévention en vue d’une plus Les régions du Coct (Conseil d’orientation des grande protection des salariés, notam- n Aquitaine conditions de travail) (lire l’encadré ment dans les TPE-PME. Au mois de mars, la Carsat ci-contre) qui s’est tenue le 27 jan- • Faire de la qualité de vie au travail (QVT) Aquitaine organise, avec la CPAM vier dernier, en présence de François un objectif stratégique . et le service médical, six Rebsamen, ministre du Travail, a permis de • Prioriser certains risques. En particulier, matinées 1 pour les employeurs valider les orientations du troisième Plan les risques récurrents – chutes de hau- sur les thèmes des maladies santé au travail (PST3), pour la période teur et de plain-pied, exposition aux pro- professionnelles (MP) ; 2015-2019. Ces orientations sont l’expres- duits classés cancérogènes, mutagènes la sinistralité et le coût ; sion d’une ambition partagée entre l’État et toxiques pour la reproduction (CMR), la procédure d’instruction et de et les partenaires sociaux qui affirme une risques psychosociaux (RPS) –, mais aussi reconnaissance des MP ; les règles approche positive du travail et de la santé les risques émergents, comme l’exposition d’imputation au compte employeur comme condition de performance des entre- aux produits nano-manufacturés,ainsi ou au compte spécial ; ainsi qu’un prises. Cette présentation s’inscrit en cohé- que les risques multifactoriels. Avancer zoom sur les TMS et les MP liées rence avec le cadre stratégique européen sur la prévention des pratiques addictives aux CMR. en matière de santé et de sécurité au travail au travail et des maladies cardiovascu- 1. Les dates et lieux de ces rendez-vous pour la période 2014-2020 1. L’analyse préli- laires. sont sur www.carsat-aquitaine.fr. minaire s’appuie sur trois constats : n Centre • alors que la culture française de prévention La Carsat Centre et l’agence demeure globalement en mode mineur, les comité permanent du Coct Centre de l’OPPBTP ont signé une acteurs de la santé au travail disposent Le groupe permanent du Coct est convention de partenariat pour la d’une expérience collective de la préven- composé de partenaires sociaux : prévention du risque de chute de tion, à la fois réelle et qui présente aussi organisations syndicales de salariés hauteur dans le secteur du BTP. des marges de progression ; (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, CGT-FO), La convention, conclue pour • le plan est nommé « Plan santé au tra- organisations professionnelles et d’employeurs (CGPME, FNSEA, Medef, une période de quatre ans, définit vail », et non plus « plan de prévention des UNAPL, UPA) ; de représentants des les modalités d’accompagnement risques professionnels », ce qui suggère pouvoirs publics (ministères chargés des entreprises du BTP dans la une approche positive à traduire dans la du Travail et de l’Agriculture) ; prévention du risque de chute. réalité. En particulier, le PST3 devrait pro- de la branche Accidents du travail- Elle cible plus particulièrement mouvoir le travail en faisant en sorte que maladies professionnelles (CnamTS) ; les entreprises exerçant celui-ci devienne un « facteur de santé » 2 ; et de personnalités qualifiées. des travaux de : • les acteurs de la santé au travail devront, • couverture, travaux de à l’avenir, se doter d’outils d’évaluation charpentes en bois, travaux externe des effets du Plan santé au travail, • Rassembler et mettre en perspective les d’étanchéité ; qui ont manqué pour dresser un bilan du données de santé au travail, pour aboutir • menuiserie de bâtiment, à un système d’informations plus lisibles, plan précédent (PST2). menuiserie métallique ; partagées entre tous et au service de l’ac- • isolation, traitement de l’amiante Sept axes tion en matière de prévention. en place, métallerie ; Sept grandes orientations ont été retenues • Améliorer la complémentarité opéra- • gros œuvre et organisation pour le PST3. tionnelle des acteurs de la santé au tra- de chantier. • Faire de la prévention dite « primaire » 3 une vail, pour renforcer l’efficacité de l’action Les actions engagées vers priorité, en rupture avec une approche qui publique et privée dans ce domaine. n les entreprises porteront sur : • l’organisation de l’entreprise fait valoir la réparation. L’accent est mis sur 1. Communication de la Commission européenne et de ses chantiers ; l’appropriation de la culture de prévention du 6 juin 2014 relative à un cadre stratégique • les moyens et techniques des risques au travail, à tous les niveaux et de l’UE en matière de santé et de sécurité au travail (2014-2020). constructives : méthodes de par tous les acteurs. • Prévenir la désinsertion professionnelle, 2. Selon la définition établie par l’OMS, la santé travail et matériels adaptés, est un état complet de bien-être, physique, mental moyens de protection collective en organisant une offre coordonnée de et social, qui ne consiste pas uniquement (échafaudages MDS, protections services aux personnes confrontées à une en une absence de maladie et d’infirmité. mécaniques de trémies et restriction d’aptitude pour raison de santé, 3. En santé au travail, la prévention dite « primaire » d’ouvertures…) ; afin de favoriser le maintien au travail , (ou à la source) consiste à éviter l’apparition de problèmes de santé ou de sécurité ou à réduire • le développement des et en déclinant une offre de services aux les facteurs connus pour en être la source. compétences (sensibilisation, entreprises, notamment les TPE. formations). •S implifier le droit pour renforcer l’efficacité A. B. travail & sécurité – n° 759 – mars 2015
actualitéS L’IMAGE DU MOIS Montage d’un gigantesque échafaudage en gare Saint-Jean de Bordeaux en vue de la rénovation de la grande halle voyageurs. Quarante-trois personnes y travaillent cinq nuits par semaine dès que la circulation des trains cesse. Les caténaires sont consignées pendant le travail (aucun courant n’y circule) pour assurer la sécurité des ouvriers qui évoluent parfois à cinquante centimètres des fils électriques. La structure s’étendra progressivement sur toute la longueur de la halle. Elle supportera un plancher étanche sur lequel les ouvriers en charge de la rénovation de la voûte pouront travailler sans danger et sans gêner la circulation des passagers et des trains. © Rodolphe Escher pour l’INRS travail & sécurité – n° 759 – mars 2015
ACTUALITÉS Écophyto 2 10 11 Un nouveau plan de baisse des pesticides E n 2008, à l’issue du Grenelle de l’envi- ronnement, le pre- mier plan Écophyto voyait le jour et Le monde visait à réduire « si possible » © Serge Morillon pour l’INRS de 50 % le recours aux pesti- n Allemagne cides (herbicides, insecticides Quatre nouvelles maladies sont et fongicides) en dix ans, reconnues comme étant d’origine soit d’ici à 2018. À la fin de professionnelle. Il s’agit de l’année 2014, le ministère de certaines formes du « cancer l’Agriculture publiait un bilan blanc de la peau », causées par mettant en évidence l’échec une exposition aux rayons de ce plan, avec un usage en du soleil pendant des années, hausse de plus de 9 % des médiaire de - 25 % en 2020. du syndrome du canal carpien, pesticides pour l’année et de Ce qu’a confirmé Stéphane des syndromes du marteau 5 % en moyenne entre 2009 Le Foll, ministre de l’Agricul- hypothénar et du marteau et 2013… Loin des objectifs ture, en présentant le plan thénarien et du cancer du larynx du Grenelle. Écophyto 2. Il s’appuie pour causé par des vapeurs d’acide En décembre dernier, le député cela sur l’exemple des 2 000 sulfurique. PS de Meurthe-et-Moselle, fermes pionnières Écophyto n Espagne Dominique Potier, remettait qui ont réussi à faire baisser Le tribunal Supremo a donné un rapport servant de base leur consommation de pes- raison à une femme, agent de de réflexion au gouverne- ticides de 12 % en moyenne propreté, atteinte du syndrome ment. Il suggère de maintenir sur 2013. « Cela doit être une du canal carpien. Elle s’était l’objectif de diviser par deux démarche globale, a précisé pourvue en cassation après l’usage des pesticides, notam- le ministre de l’Agriculture, le refus des autorités ment du fait de leur impact dans laquelle l’agriculteur doit compétentes de reconnaître sur la santé humaine, mais également trouver un intérêt sa pathologie comme maladie en fixant comme échéance économique. » n professionnelle. Cette décision 2025, et avec une étape inter- D. V. fera jurisprudence. n Irlande Si les accidents mortels le chiffre 64 % ont baissé dans la construction, la pêche et les transports- stockage, le secteur de l’agriculture accuse, lui, des salariés agricoles déclarent subir au moins trois une hausse de 87 %, avec des contraintes physiques citées dans le cadre d’une 30 personnes tuées en 2014 étude de la Dares (rester longtemps debout, ou dans comparativement à 16 en 2013. Il s’agit de la plus mauvaise année une autre posture pénible ; effectuer des déplacements depuis 20 ans. à pied longs ou fréquents ; porter des charges lourdes ; subir des vibrations). Les salariés de la construction n japon Au pays du Soleil levant, l’État sont 63 % à affirmer être dans la même situation envisage d’imposer 5 jours de contre 52 % dans la fonction publique hospitalière. vacances minimum aux salariés pour lutter contre le surinvestissement au travail, ÉTUDE néfaste à la santé des employés Le travail de nuit augmente la mortalité et à la productivité des entreprises. Même si les Si l’on sait déjà que le travail de nuit perturbe l’horloge biologique et a des conséquences travailleurs nippons bénéficient sur la santé (obésité, effets cardiovasculaires…), il semble se confirmer qu’il augmente de 20 jours de congés annuels, les risques de mortalité, et ce, à partir de six années de pratique. Une étude publiée une large partie d’entre eux se dans l’American Journal of Preventive Medicine a suivi une cohorte de 75 000 infirmières contente de prendre tout ou américaines sur 22 ans. À partir de six ans de travail de nuit, les participantes étaient partie des 15 jours fériés de exposées à un risque accru de 11 % de mortalité, toutes causes confondues. Cette l’année, certains allant jusqu’à augmentation réelle confirme de précédentes études. Depuis 2007, l’Organisation mondiale n’en prendre aucun. de la santé considère le travail de nuit comme un cancérogène probable. travail & sécurité – n° 759 – mars 2015
actualitéS Les parutions L’Agenda n Les commerces alimentaires matériaux métalliques (aluminium, bronze...) de proximité ou de tôle mince. L’outil, une lame de scie n Nancy, du 8 au 10 avril 2015 Le guide Les commerces de proximité. Aide circulaire, doit être adapté au matériau Risque chimique au repérage des risques professionnels à usiner et sa vitesse de rotation doit L’INRS organise une conférence s’adresse aux chefs d’entreprise correspondre à l’usage qui en est fait. scientifique pluridisciplinaire de commerces alimentaires de proximité Afin de guider les professionnels dans sur le thème « Le risque concernés par la convention collective leur choix, ce guide examine tout d’abord chimique. Méthodes et nationale des commerces de détail les différents types de scies circulaires techniques innovantes » en fruits et légumes, épicerie et produits disponibles selon plusieurs critères : avec le soutien du Partenariat laitiers (épiciers, crémiers fromagers, avantages et limitations, composants pour la recherche européenne détaillants en fruits et légumes, cavistes, essentiels, accessoires proposés par en santé et sécurité au travail dépôts de pain...), exerçant leur activité les fabricants. Il apporte également (Perosh). Cette réunion, destinée en magasin, sur les marchés ou par vente des éléments de réponse aux questions aux chercheurs, experts ambulante. Il est destiné à aider que l’on doit se poser avant l’achat en prévention et médecins les chefs d’établissement dans l’analyse d’une scie circulaire portative. du travail s’intéressant et l’évaluation des risques dans leur ED 6182 à l’évaluation ou à la réduction entreprise et dans la mise en œuvre du risque chimique, s’inscrit des mesures de prévention. La maîtrise n La désinfection des surfaces dans un cycle de conférences des risques professionnels est en laboratoire de biologie organisées par l’INRS sur indissociable de la maîtrise de la qualité Des micro-organismes ou des échantillons la recherche en santé au travail. et concourt à l’amélioration de celle-ci, contenant des micro-organismes sont L’édition 2015 porte ainsi qu’à celle de l’image de marque manipulés dans les laboratoires de biologie essentiellement sur le caractère de l’entreprise. et peuvent contaminer les surfaces innovant et original de méthodes ED 925 (paillasses, équipements, sols...). dédiées à l’évaluation ou à la réduction du risque La brochure intitulée La désinfection n Transport routier de marchandises des surfaces en laboratoire de biologie chimique. Ce dépliant de sensibilisation sur les présente tout d’abord les modes de Pour tout renseignement et inscription : www.inrs-risque- principaux risques rencontrés dans le colonisation des surfaces par les micro- chimique2015.fr/accueil. transport routier des marchandises, organismes et les voies de contamination intitulé Transport routier de marchandises des opérateurs. Elle décrit ensuite les n Helsinki (Finlande), – La santé de votre entreprise passe par la techniques et les produits utilisables pour du 12 au 15 avril 2015 santé de vos salariés !, présente les nettoyer et désinfecter les surfaces, ainsi Sécurité des nanomatériaux chiffres clés en matière d’accidents que les mesures de prévention des risques Le congrès SENN 2015 du travail et maladies professionnelles liés à ces pratiques : utilisation de « International Congress dans ce secteur. Il rappelle également détergents ou de désinfectants, traitement on safety of engineered les trois situations principales à l’origine par application manuelle, désinfection nanoparticles and d’accidents du travail ainsi que les trois des surfaces par voie aérienne (DSVA). nanotechnologies », organisé étapes clés pour passer à l’action. Les principes de nettoyage et de par le Finnish Institute of ED 6193 désinfection doivent être connus et Occupational Health (FIOH), respectés afin d’effectuer ces opérations portera sur la sécurité n Choisir sa scie circulaire portative de façon efficace, en toute sécurité des nanomatériaux Surtout utilisées pour le sciage du bois pour les personnes. En annexe, figurent et des nanotechnologies, et de matériaux à base de bois, tels que les des indications sur la normalisation et notamment : panneaux, les scies circulaires portatives européenne des désinfectants de surface. • les méthodes de détection peuvent aussi servir à la découpe de ED 6188 ou d’évaluation des expositions ; Les brochures sont à consulter et à télécharger sur www.inrs.fr • les mécanismes impliqués dans ou à demander auprès des Caisses régionales (Carsat, Cramif et CGSS). la toxicité des nanomatériaux ; • les impacts environnementaux ; • l’évaluation et la gestion des risques générés par les Amiante nanomatériaux et dans Cancers et exposition professionnelle les nanotechnologies. Ce congrès est principalement Le nombre de cas de cancers (mésothéliomes pleuraux, destiné aux chercheurs cancers broncho-pulmonaires, cancers du larynx et de aux experts en toxicologie, l’ovaire) attribuables à une exposition professionnelle sciences des matériaux, à l’amiante est estimé, en 2012, entre 2 002 et 5 094 métrologie et techniques chez les hommes et entre 179 et 315 chez les femmes, d’évaluation des risques © Patrick Delapierre pour l’INRS selon l’InVS. Cela signifie donc que 6,3 % à 16 % et aux spécialistes de la de ces cancers seraient attribuables à une exposition prévention dans le domaine professionnelle à l’amiante chez les hommes et de 1,1 % des nanomatériaux à 1,9 % chez les femmes. Par ailleurs, de nombreux cas et nanotechnologies. de cancers du poumon et de mésothéliomes, Pour tout renseignement et diagnostiqués chez des salariés relevant du régime inscription : www.ttl.fi/partner/ général de la Sécurité sociale, ne feraient pas l’objet senn2015/Pages/default.aspx. d’une reconnaissance en maladie professionnelle. travail & sécurité – n° 759 – mars 2015
le grand entretien 12 13 Le 19 mars 2015, les débats annuels d’Eurogip porteront sur le thème « L’Europe et la santé-sécurité au travail : quels acquis ? Quelles perspectives ? ». L’occasion, alors que la Commission européenne vient d’adopter un nouveau cadre stratégique pour la période 2014-2020, de réaliser un état des lieux des pratiques en matière de santé et sécurité au travail et de dégager des tendances. Entretien avec Raphaël Haeflinger, directeur d’Eurogip. « Nous sommes à la croisée des chemins » Après avoir occupé plusieurs postes à la commande. À nous de regarder en permanence ce CnamTS, vous êtes, depuis 2007, directeur Repères qui se passe autour de nous, d’apporter des idées, d’Eurogip. Quelles sont les activités de cet n Titulaire d’un DEA d’échanger sur les pratiques et d’encourager les organisme ? de droit privé. acteurs à réagir. C’était par exemple ce que nous Raphaël Haeflinger. Eurogip est un groupement n Entre à la CnamTS en voulions en abordant la question de la prévention d’intérêt public créé en 1991 par la CnamTS et 1993. Raphaël Haeflinger de la désinsertion professionnelle. Cette année, il l’INRS. Il a pour mission d’étudier les questions est d’abord chargé nous a semblé nécessaire de prendre un peu de relatives à l’assurance et à la prévention des de la négociation recul sur les évolutions en cours. Nous souhaitions accidents du travail et des maladies profession- des conventions délaisser un temps les aspects techniques et réunir nelles sur les plans européen et international. avec les professions l’ensemble des acteurs pour partager leurs visions Notre effectif est de onze personnes et nos acti- de la santé. Il devient sur l’avenir de la santé et la sécurité au travail. vités couvrent cinq domaines : la normalisation, la ensuite chef coordination des organismes notifiés, les études de cabinet du Quel regard portez-vous justement sur les et enquêtes, les projets, l’information et la com- directeur général évolutions de ces dernières décennies en munication (NDLR : lire l’encadré page 14). Cette (de 1998 à 2002) matière de santé et sécurité au travail en dimension protéiforme et la diversité de nos mis- avant de prendre Europe ? sions font que nous n’avons pas d’équivalent au la responsabilité R. H. Nous sommes passés progressivement d’une sens strict dans les autres pays européens, mais d’une mission sur problématique de sécurité au travail à une pro- des partenaires. En Allemagne, la commission l’hospitalisation blématique de santé au travail. Attention, il ne pour la sécurité et la santé au travail et la norma- à domicile. Il intègre s’agit pas de dire que les accidents du travail sont lisation (KAN) est par exemple notre interlocuteur la direction des risques totalement endigués, mais les questions de santé privilégié sur les questions de normalisation. professionnels au travail ont changé la donne. Les maladies pro- en 2003, lors fessionnelles se développent, avec des origines Le 19 mars 2015 se tiendront les débats de la négociation multifactorielles difficiles à tracer dans le temps. d’Eurogip sur le thème « L’Europe et la san- de la première Parallèlement, on parle de prévention de la désin- té-sécurité au travail : quels acquis ? Quelles convention d’objectifs sertion professionnelle, de vieillissement au tra- perspectives ? ». Quel est l’objectif de cette et de gestion de la vail, de pénibilité… L’un des principaux enjeux va manifestation ? branche AT-MP et, porter sur l’adaptation des systèmes d’assurance R. H. Les débats d’Eurogip, qui existent depuis à la suite de cette et de prévention à cette évolution du risque. Com- 2001, sont au centre de notre activité d’information mission, prend ment l’entreprise, son assureur AT-MP (accidents et de communication. Sur un thème d’actualité en la responsabilité du travail/maladies professionnelles), les pou- matière d’assurance ou de prévention des accidents du département voirs publics vont-ils se positionner vis-à-vis de du travail-risques professionnels (AT-MP), nous de l’Assurance des substances ou de produits dont on suppose qu’ils convions les participants – représentants d’orga- risques professionnels. peuvent avoir des effets sur la santé que l’on ne nismes nationaux des pays de l’Union européenne, maîtrise pas encore ? Je pense par exemple à la n Prend la direction instances communautaires, partenaires sociaux, question des nanomatériaux ou des pathologies d’Eurogip en 2007. entreprises... – à échanger et partager leurs expé- multifactorielles. Les lignes bougent et le système riences et points de vue. Ces dernières années, tend à se complexifier. Nous avons de beaux acquis ces débats ont notamment porté sur les dispositifs en matière de prévention des risques profession- en Europe pour inciter les entreprises à améliorer nels et de nouveaux défis à relever. Nous sommes la santé et la sécurité au travail et à réduire leur à la croisée des chemins. sinistralité, ou encore sur le maintien dans l’emploi en Europe à travers les politiques de réadaptation Quel est le positionnement de la politique et de retour au travail. À mon sens, nous devons européenne en matière de santé et sécurité dépasser l’idée de ne faire que répondre à une au travail face à cette situation ? travail & sécurité – n° 759 – mars 2015
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