UBS real estate focus - Bauma Immobilier
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UBS real estate focus Research Suisse Janvier 2012 Le marché immobilier en Suisse 2012 Moteurs du marché Des taux d’intérêt extrêmement bas Immeubles d’habitation La montée des prix devient préoccupante Immeubles commerciaux Des divergences entre les grandes villes Immobilier coté en bourse Les investisseurs toujours avantagés
Sommaire Editorial...................................................................................................... 3 UBS real estate focus 2012 Ce rapport a été rédigé par UBS SA. En bref........................................................................................................ 4 Les performances passées ne présagent pas des performances futures. Les cours de Moteurs du marché marché mentionnés correspondent aux La conjoncture et les taux d’intérêt............................................................. 5 cours de clôture sur les marchés de cotation Population et emploi................................................................................... 7 respectifs. Aperçu des moteurs du marché immobilier................................................. 8 Editeur UBS SA, Wealth Management Research, Immeubles d’habitation case postale, CH-8098 Zurich Logements en propriété – une bonne valeur refuge?............................... 9 Rédacteur en chef Logements locatifs – construction en hausse.......................................... 11 Claudio Saputelli Aperçu des immeubles d’habitation.......................................................... 12 Head Global Real Estate Research En point de mire Rédaction L’engorgement des travaux d’assainissement et le rôle de l’Etat............. 13 Viviane Vajda Les projets d’infrastructure de transport Auteurs ne stimulent que partiellement l’immobilier........................................... 15 Alessandro Farsaci*, Urs Fäs*, Reto Gamper*, Planification urbaine et densification des conurbations.......................... 17 Béatrice Gollong*, Elias Hafner, Amine Hamdani*, Gunnar Herm*, Matthias Holzhey, Bruno Kurz*, Caesar Lack, Till Leisner*, Immeubles commerciaux Dalibor Maksimovic*, Stefan R. Meyer, Surfaces de bureaux – des différences nettes entre régions.................... 19 Marcin Paszkowski*, Claudio Saputelli, Surfaces de vente – des rendements décroissants................................... 21 Stefanie Schneuwly, Marc A. Soguel-dit-Pi- Aperçu des immeubles commerciaux........................................................ 22 quard*, Thomas Veraguth, Markus Wagemann* En point de mire Terre en vue! Innovations dans l’évaluation foncière et la localisation..... 23 Auteurs externes Prof. Kees Christiaanse*, Niels Lehmann*, La planification générale de villégiatures en Suisse................................. 25 Anne Mikoleit*, Moritz Pürckhauer*, Nouveautés dans le lease accounting et Prof. Dr Felix Schindler* conséquences pour les transactions....................................................... 27 Clôture de la rédaction 3e janvier 2012 Immobilier coté en bourse Actions immobilières – le prix de la solidité............................................ 29 Mise en page Fonds immobiliers – le pari gagnant dans le contexte actuel................... 31 Werner Kuonen, Margrit Oppliger, Aperçu de l’immobilier coté en bourse...................................................... 32 Linda Sutter En point de mire Traduction Un vent nouveau requiert et encourage le 2e pilier................................. 33 24translate, Saint-Gall, Suisse Placements immobiliers mondiaux Photos comme compléments de portefeuille..................................................... 35 Igor Stramyk / Dreamstime.com Les actions immobilières mondiales Impression trois ans après la crise............................................................................ 37 Druckerei Flawil AG, Flawil, Suisse Langues Questions et réponses Publié en français, anglais, allemand et Questions et réponses autour de l’immobilier............................................ 39 italien Contact Sélection de publications de recherche...................................................... 42 ubs-research@ubs.com * Ces auteurs sont externes ou d’entités extérieures à Wealth Management Research. Les dispositions légales relatives à l’indépendance de la recherche financière ne s’appliquent pas à toutes ces entités, pas plus que les «Directives sur l’indépendance de la recherche finan- cière» du Conseil d’administration de l’Association suisse Commande ou abonnement des banquiers (ASB). En tant que client ou cliente d’UBS, vous pouvez commander des exemplaires supplémentaires de cette publication ou vous abonner à UBS real estate focus par l’intermédiaire de votre conseiller ou par la Printed & Branded Products Mailbox: sh-iz-ubs-publikationen@ubs.com SAP no 83518F-1201 Vous pouvez également vous abonner sur Internet via le portail WMR. 2 UBS real estate focus janvier 2012
Editorial Chère lectrice, cher lecteur, Si une notion qualifie bien la situation économique récente, c’est celle de limite dans toutes ses formes: que ce soit la limite du taux de change EURCHF imposé par la Banque nationale suisse en septembre dernier, les débats aux Etats-Unis sur la limite de la dette, qui ont failli entraîné l’incapacité de paiement de la principale éco- nomie au monde, ou le dépassement massif des limites fixées par Maastricht par les gouvernements européens surendettés – limites dont ces derniers tenteront de se Daniel Kalt rapprocher à coups de plans de rigueur ces prochaines années. Le marché immobilier suisse, lui aussi, atteint ses limites. Le potentiel de baisse des taux d’intérêt est quasiment épuisé; pour les obligations fédérales à court terme, la limite de zéro a même été franchi cet été, générant des intérêts négatifs. En outre, les conditions avantageuses de financement attisent la demande immobilière. En effet, le boum de la construction a presque épuisé les réserves de surfaces foncières dans certaines grandes agglomérations; et la législation actuelle sur l’aménagement des terres limite les possibilités de nouvelles mises en valeur. Les emplacements péri- phériques gagnent certes en attrait du fait des récents projets d’infrastructures de transport, mais la croissance démographique soutenue en limite les effets. Claudio Saputelli Or les limites ne cessent d’être redéfinies: ainsi, la croissance effrénée du marché hypothécaire et le risque accru qui en résulte pour l’octroi de crédits au logement ont suscité l’intervention de la Finma, l’Autorité de surveillance des marchés. De nouvelles directives sur l’octroi de crédits ont été approuvées, qui concrétisent les critères qualitatifs existants. Aussi, les exigences de capitaux propres bancaires ont été provisoirement relevées, notamment pour les crédits ne respectant pas les limi- tes internes aux établissements. Certaines limites doivent être respectées; d’autres sont faites pour être franchies. Dans cet UBS real estate focus 2012, nous dépassons les limites de notre banque et des frontières du pays: outre les articles rédigés par nos experts en immobilier, ce numéro vous présente les contributions de deux professeurs venant d’institutions renommées. Par ailleurs, nous franchirons les frontières nationales pour étudier quelques aspects des marchés immobiliers à l’étranger. Nous vous souhaitons une agréable lecture! Daniel Kalt Claudio Saputelli Chief Economist Switzerland Head Global Real Estate Research Wealth Management Research Wealth Management Research UBS real estate focus janvier 2012 3
En bref Immeubles d’habitation Immeubles commerciaux Immobilier coté en bourse L’immobilier est considéré comme une Le marché des bureaux évolue de façon 2012 devrait être une année solide pour catégorie de placement sûre. Avec les divergente dans les deux métropoles fi- les actions immobilières, mais peu specta- turbulences actuelles des marchés, il nancières suisses. Durant cette année culaire par rapport aux dernières années. n’est donc pas étonnant que toujours de taux d’intérêt bas, on ne détecte pas Les grands titres demeurent un placement plus de capitaux affluent vers le marché non plus de potentiel d’appréciation de base pour les investisseurs conserva- du logement en Suisse – une tendance des biens immobiliers. Page 19 teurs. Page 29 dangereuse. Page 9 L’offre de surfaces de vente dépasse de Les fonds immobiliers suisses cotés en Au recul attendu de l’immigration du fait beaucoup la demande potentielle. Il faut bourse combinent bonne performance et du ralentissement conjoncturel s’ajoute donc s’attendre à des rendements et diversification du portefeuille. Vu la fai- la hausse de l’offre sur le marché locatif. loyers en baisse pour l’année en cours. blesse actuelle des taux, la demande en Il faut donc s’attendre à une légère aug- Page 21 fonds immobiliers devrait rester robuste mentation du taux de vacance et à un en 2012, malgré une valorisation assez fléchissement de la croissance des loyers. élevée. Page 31 Page 11 En point de mire En point de mire En point de mire L’engorgement des travaux Terre en vue! Innovations dans Un vent nouveau requiert et d’assainissement et le rôle de l’Etat l’évaluation foncière et la localisation encourage le 2e pilier On parle beaucoup de l’engorgement Un concept d’utilisation concret et bien Les institutions de prévoyance investissent du marché de l’assainissement en Suisse. situé géographiquement pose les bases une bonne part de leurs fonds dans l’im- Dans une économie de marché, les in d’un investissement immobilier durable. mobilier, les détiennent encore en grande vestissements sont réalisés uniquement Les nouvelles méthodes d’évaluation fon- partie directement et les évaluent elles- s’ils en valent la peine. L’Etat intervient cière permettent une localisation globale mêmes. Or la tendance vers la profession- certes par le biais de diverses réglemen et spécifique à chaque groupe cible, ce nalisation, suite à la réforme structurelle, tations, mais les effets sont limités. Le qui diminue d’autant le risque lié à l’inves- les contraint à repenser leur stratégie. marché suisse de l’assainissement est tissement. Page 23 Page 33 intact. Page 13 La planification générale de Placements immobiliers mondiaux Les projets d’infrastructure de trans- villégiatures en Suisse comme compléments de portefeuille port ne stimulent que partiellement L’offre hôtelière suisse s’oriente de plus Les placements immobiliers internatio- l’immobilier en plus vers un concept global incluant naux sont attractifs pour les investisseurs La bonne accessibilité d’une région la loisirs, logements et commerces. Pourtant, actifs sur les marchés mondiaux des ac- rend plus attractive en matière d’immo sur les 50 nouveaux projets de grands tions et des obligations, car ils améliorent bilier. Mais de nouvelles infrastructures complexes de villégiature récemment le profil rentabilité/risque du portefeuille. de transport n’ont un effet sur les prix annoncés, plus de la moitié ont été annu- La diversification mondiale est encore que si la région possède véritablement lés ou reportés. Ils impliquent une plani plus importante pour l’immobilier que un potentiel de développement. fication et un financement complexes, ce pour les actions. Page 35 Page 15 dernier étant la raison principale de l’abandon de nombreux projets. Les actions immobilières mondiales Planification urbaine et densification Page 25 trois ans après la crise des conurbations Les actions immobilières ont perdu 70% La croissance de la population suisse Nouveautés dans le lease accounting de leur valeur entre 2007 et 2009. Fin s’accompagne de celle de la demande en et conséquences pour les transactions 2011, elles ont rattrapé près de la moitié logements. Les ressources foncières sont Les deux ensembles de normes que sont de ces pertes. Ces fortes fluctuations cependant limitées. Le mot clé est le l’IFRS et les US GAAP s’efforcent d’harmo- sont notamment dues à des valorisations désenclavement des agglomérations. Afin niser le lease accounting, c’est-à-dire la distordues. La reprise est lente et les de garantir un développement durable comptabilisation au bilan des locations et risques ne doivent pas être sous-estimés. des villes, une coopération intercommu- crédits-baux. Les effets sur les transactions Page 37 nale à grande échelle est indispensable. de cession-bail devraient rester restreints Lausanne, Zurich et Genève ont chacune dans toute la Suisse, car peu d’entreprises trouvé leur solution. Page 17 utilisent ces normes. Page 27 4 UBS real estate focus janvier 2012
Vichaya Kiatying-angsulee / Dreamstime.com Moteurs du marché La conjoncture et les taux d’intérêt L’économie suisse ne peut échapper au du ralentissement économique en Suisse. Ces Caesar Lack ralentissement conjoncturel mondial. Or exportations constituant 54% du PIB du pays, Wealth Management Research UBS SA l’activité domestique est robuste, les reve- la demande extérieure détermine en grande nus augmentent et les taux d’intérêt res- partie la conjoncture suisse. La force du franc tent bas. ne fait qu’accentuer cette tendance: le volume des exportations suisses ne devrait guère aug- La dynamique économique s’est sensiblement menter cette année. Si les prix devaient chuter ralentie vers la fin de l’année, non seulement encore, le chiffre d’affaires à l’export pourrait dans le monde mais aussi en Suisse. En 2012, même reculer; cela rognerait encore plus les notre économie devrait croître bien plus lente- marges des exportateurs et pèserait sur l’inves- ment que les quelque 2% de 2011. Malgré tout, tissement en Suisse. comme ces dernières années, la conjoncture domestique devrait moins souffrir que celle Le seul espoir réside dans les pays émergents; des voisins européens: entre 2006 et 2011, eux seuls sont en mesure de faire progresser l’économie suisse a progressé en moyenne de le volume de nos exportations. Bien que moins 1% de plus par an que la zone euro. Même si de 10% des exportations suisses soient desti- cette dernière essuie une récession en 2012, nés aux pays BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), cela ne devrait pas nécessairement être le cas ceux-ci ont participé pour près de 30% à leur pour la Suisse. augmentation ces deux dernières années. Tant que la croissance se poursuit dans les pays L’économie suisse, arrimée à l’étranger émergents, la demande en exportations suisses L’affaiblissement conjoncturel mondial, qui devrait persister, voire augmenter. En revanche, s’accompagne d’un recul de la demande pour si la croissance dans ces pays se ralentissait les exportations suisses, est la principale cause brusquement – ce que nous n’envisageons pas UBS real estate focus janvier 2012 5
Moteurs du marché pour l’instant –, l’économie suisse pourrait leurs zones économiques souffrent toujours entrer en récession en 2012. fortement des séquelles de l’éclatement de la bulle d’endettement. Pour maîtriser l’appré- Une activité domestique saine ciation du franc, la Banque nationale suisse Contrairement au secteur de l’export, l’écono- (BNS) n’a d’autre choix que de s’y rallier. mie domestique est en relativement bonne santé. Cela est essentiellement dû au fait que Tant que la BNS maintiendra son plancher de la Suisse, n’ayant pas participé directement aux 1,20 CHF par EUR, elle ne pourra ni relever ses excès du crédit et de l’immobilier dans le mon- taux ni détruire les liquidités excédentaires, car de, ne souffre pas de problème d’endettement; cela ferait remonter le franc. Si les marchés bien au contraire, les bilans des ménages, des décidaient de mettre à l’épreuve la résolution entreprises et des institutions publiques sont de la BNS, elle aurait à faire marcher la planche en fort bon état. En outre, l’immigration de- à billets et/ou à acheter des devises. La quan- vrait rester soutenue, stimulant l’activité. C’est tité de monnaie Banque centrale augmenterait pourquoi la consommation privée devrait aug- alors encore, ce qui en retour accentuerait la menter cette année aussi, malgré le moral pression à la baisse sur les taux d’intérêt à plutôt morose des consommateurs. Bien que le court terme. La BNS a donc temporairement taux de chômage ait connu une légère hausse, perdu le contrôle de sa politique monétaire – nous prévoyons pour 2012 une reprise de l’em- au profit de la stabilité du taux de change. Tant ploi. D’après l’enquête UBS réalisée à l’autom- que le plancher du taux de change subsiste, les ne 2011, on peut tabler sur une augmentation taux d’intérêt devraient rester faibles. Les pla- nominale de 1,1% des salaires en 2012. Le cements suisses, dont les emprunts obligatai- revenu devrait ainsi croître notablement, pro- res, font figure de refuge sûr. Jusqu’à ce que la bablement plus rapidement que le PIB, ce qui crise d’endettement européenne s’atténue, profiterait au marché immobilier en général. l’argument de la sécurité devrait prendre le pas sur les craintes d’inflation si bien que les taux Le plancher du cours de l’euro implique d’intérêt à plus long terme ne devraient aug- des taux d’intérêt bas… menter que très lentement. Outre l’immigration et le revenu en hausse, les bas taux d’intérêt devraient eux aussi profi- …et une hausse de l’inflation ter au marché immobilier. La Suisse est indirec- Les effets de change bénéfiques dans le com- tement concernée par la crise mondiale de merce de détail conduisent à une inflation la dette, dans la mesure où la politique moné- négative, la part des biens importés dans le taire internationale est dictée par les instituts panier de l’indice suisse des prix à la consom- d’émission américain et européen. Ceux-ci mation étant de 27%. En supposant que le mènent une politique très expansionniste, car franc suisse cesse de s’apprécier, ce «rabais La conjoncture s’affaiblit Produit intérieur brut (PIB) en glissement annuel, taux de chômage et inflation annuelle (tout en %) 4,5 Prévision 3,5 2,5 1,5 0,5 –0,5 –1,5 –2,5 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 Produit intérieur brut, valeur réelle Taux de chômage Inflation annuelle Sources: Seco, BNS, UBS WMR 6 UBS real estate focus janvier 2012
Moteurs du marché euro» octroyé aux consommateurs devrait prendre fin au cours de l’année. Les effets mo- dérateurs devraient alors s’arrêter et l’inflation redémarrer. Pour l’ensemble de l’année, nous tablons donc sur un taux d’inflation tout juste supérieur à zéro. A plus long terme cependant, les prix à la consommation devraient augmen- ter, en particulier du fait de la politique moné- taire expansive. Nous prévoyons que l’inflation reprendra dès la mi-2012 et qu’à partir de la fin 2013, elle se maintiendra durablement au-des- sus des 2% visés par la BNS. Dtguy / Dreamstime.com Population et emploi La population suisse est en constante nous tablons pour 2012 sur une croissance Elias Hafner augmentation, tout comme le nombre démographique plus faible, mais qui devrait Wealth Management Research UBS SA d’actifs occupés, et la tendance ne sem- rester autour de 1%. Une chose est sûre: la ble pas se renverser. On constate des barre des 8 millions d’habitants sera bientôt migrations régionales suite à des réac- franchie. tions de refoulement. C’est surtout le secteur tertiaire qui profite à l’emploi. Migration hors des régions chères A court terme, la croissance démographique Depuis l’introduction de la libre circulation des pousse les prix immobiliers à la hausse. Or personnes au 1er juin 2007, le taux de croissance cette relation entre démographie et demande annuel de la population suisse a dépassé 1%. de logements, donc entre démographie et Les données mensuelles de l’Office fédéral de la prix de l’immobilier, est à double tranchant: statistique laissent même prévoir une croissance des prix élevés dans les localités les plus de 1,2% pour 2011. Cette augmentation est due convoitées ont pour conséquence une migra- en grande partie au solde migratoire; la migra- tion de la population vers les régions voisines, tion internationale devrait quant à elle représen- qui accueillent ainsi l’augmentation démogra- ter plus de 80% de la croissance. phique. Une augmentation continue Par exemple, le canton de Zoug a certes connu L’année à venir n’annonce pas de changement ces dernières années un afflux d’étrangers, de tendance; la Suisse demeure un lieu de tra- mais a simultanément perdu un nombre con vail et d’habitation attrayant. Les mesures d’aus- sidérable d’habitants au profit des cantons térité et les hausses d’impôts probables dans les avoisinants, qui offrent des conditions de loge- pays de la zone euro devraient d’ailleurs accen- ment plus attractives. Nous prévoyons que tuer la pression migratoire. Du fait du ralentisse- cette tendance se poursuivra dans diverses ment conjoncturel qui se dessine en Suisse, régions chères. UBS real estate focus janvier 2012 7
Moteurs du marché La croissance de l’emploi devrait ralentir plus forte augmentation. En revanche, les prin- Avec la croissance démographique, l’emploi a cipaux secteurs d’importance pour les surfaces lui aussi augmenté. De 2006 à 2011, le nombre de bureaux ont affiché une très forte dynami- d’emplois à temps complet en Suisse a aug- que, avec +1,4% en tout. Ainsi, les services menté de près de 7,5%, ce qui représente une informatiques ont fait état d’une forte progres- croissance moyenne annuelle de 1,5%. Cette sion. Le commerce de détail, moteur des sur évolution a connu des accrocs: il a fallu deux faces commerciales, a déçu avec un recul de ans pour retrouver le pic atteint avant la crise 1,4%. financière de 2008 à 2009. Les chiffres de l’Office fédéral de la statistique pour les neuf Les données du marché du travail laissent pré- premiers mois confirment que l’emploi a égale- voir que la croissance de l’emploi ne se main- ment progressé en 2011. tiendra pas pendant toute l’année 2011: en octobre dernier, on a de nouveau enregistré une Le secteur manufacturier, important pour le hausse du taux de chômage. D’après nos extra- marché des surfaces industrielles, a connu une polations, le nombre de postes équivalents croissance de ses actifs de 1,0% aux trois pre- plein-temps devrait croître de 1,1% cette année, miers trimestres 2011 par rapport à l’année tandis que 2012 devrait connaître une augmen- précédente. C’est l’horlogerie qui a connu la tation plus modérée, de 0,5%. Aperçu des moteurs du marché immobilier Sauf mention contraire, toutes les données sont en % de croissance par rapport à l’année précédente 20121 20112 2010 2009 10 ans3 Conjoncture et revenus Produit intérieur brut, valeur réelle 0,4 1,7 2,7 – 1,9 1,7 Investissements dans la construction, valeur réelle 1,5 2,1 3,5 3,0 1,6 Croissance des salaires, valeur réelle 0,8 1,2 0,5 2,6 0,7 Inflation et intérêts Inflation annuelle moyenne 0,3 0,3 0,7 – 0,5 0,8 Libor à 3 mois en CHF 4 0,0 0,1 0,2 0,3 0,9 Rendement des obligat. (10 ans) de la Confédération 4 1,4 0,8 1,7 1,9 2,1 Population et emploi Effectif de la population 0,9 1,2 1,1 1,1 0,9 Emploi, en équivalents temps plein 0,5 1,1 0,6 – 0,3 0,9 Taux de chômage 3,1 3,1 3,9 3,7 3,3 1 Prévision UBS WMR Sources: Seco, OFS, UBS WMR 2 Extrapolations et/ou prévisions UBS WMR (situation au 3.1.2012) 3 Moyenne: 2002 à 2011 4 Fin d’année 8 UBS real estate focus janvier 2012
Immeubles Lightzoom / Dreamstime.com d’habitation Logements en propriété – une bonne valeur refuge? L’immobilier est considéré comme une ca- mobilier suisse ferait-il l’affaire? La pierre est Claudio Saputelli tégorie de placement sûre. Avec les turbu- généralement considérée comme solide, dura- Wealth Management Research UBS SA lences actuelles des marchés, il n’est donc ble et résistante aux intempéries; c’est pour pas étonnant que toujours plus de capitaux cela qu’elle a la préférence des architectes et affluent vers le marché du logement en des maîtres d’œuvre. Suisse – une tendance dangereuse. On prête ces qualités à l’immobilier aussi, qui Le 6 septembre 2011 restera une grande date est réputé comme un placement sûr. Or cette dans l’histoire de la Banque nationale suisse. impression peut être trompeuse: l’immobilier a Par un bref communiqué de presse, dans sa servi de détonateur aux six dernières grandes lutte contre l’appréciation du franc, elle fixait crises bancaires du monde industrialisé – dans un taux de change minimal de 1.20 CHF par les années 70 en Espagne, les années 80 en EUR. Environ trois semaines plus tard, le métal Norvège, les années 90 en Suède, en Finlande or perdait de son lustre et son cours 12%, suite et au Japon, et à présent aux Etats-Unis. aux perspectives négatives de la Federal Re- Qu’est-ce qui rend l’immobilier d’habitation si serve américaine. Ces deux parangons de va- dangereux? leurs refuges ont donc subi des revers très rapprochés, et ce dans un contexte de troubles Le risque augmente avec la taille du marché structurels pour le dollar US comme pour Dans une économie industrialisée, le secteur l’euro. immobilier comporte un risque massif du fait de son volume sur les marchés. Avec 42%, La pierre, un placement sûr? cette catégorie de placement représentait en On cherche donc une forme de placement 2010 le plus gros actif dans le patrimoine des capable de se substituer à l’or et au franc. L’im- ménages privés suisses (contre 6,4% pour les UBS real estate focus janvier 2012 9
Immeubles d’habitation actions et 3,5% pour les obligations). Au cours des ménages, mais aussi dans ceux des établis- des sept dernières années, la valeur de l’immo- sements financiers, ces derniers doivent tirer un bilier en propriété privée a gonflé de plus de trait sur une bonne partie de leurs actifs. Et la 40%, passant à 1415 milliards de francs envi- crise se met inexorablement en marche. ron. Ces chiffres montrent bien l’impact énor- me de toute fluctuation des prix du logement En Suisse, des déséquilibres menaçants sur la situation patrimoniale des ménages. Les données de base de l’immobilier d’habita- tion en Suisse sont solides. Le bas niveau des L’impact de la politique monétaire taux d’intérêt fait le bonheur des acquéreurs Si un institut d’émission suit une politique mo- (potentiels) à la propriété. Et depuis 2007, la nétaire expansive, c’est souvent le marché population augmente chaque année de l’équi- immobilier qui, du fait de sa taille, absorbe les valent d’une ville comme Winterthour. Pour- liquidités nouvelles. La baisse des taux d’intérêt tant, des fissures apparaissent dans la confian- due à l’expansion de la masse monétaire sti- ce générale: en cinq ans seulement, les prix mule la demande et aussi, de trois façons, la des appartements en propriété ont en moyen- croissance économique. Tout d’abord, la haus- ne augmenté de 35% à travers le pays (40% se des prix immobiliers accroît la profitabilité pour la région de Zurich, 70% autour du lac du secteur du bâtiment et donc son activité. Léman). Deuxièmement, l’appréciation des logements augmente l’impression de richesse des ména- Une spirale infernale n’est certes pas encore ges et encourage donc la consommation pri- en vue, mais le marché ne semble pas se cal- vée. Enfin, les risques de défaillance de crédit mer. L’UBS Swiss Real Estate Bubble Index reculant, les banques ont à faire moins de pro- reste au beau fixe, mais les déséquilibres n’ont visions, ce qui mène à un gonflement du vo- cessé de s’accroître ces dernières années: des lume des crédits hypothécaires. taux d’intérêt anormalement bas, des attentes trop optimistes de la part des investisseurs, En revanche, dans le cas d’une politique mo- ainsi que des perspectives moroses pour la nétaire restrictive, avec des taux d’intérêt en zone euro jointes à l’absence de placements forte hausse – c’est-à-dire un durcissement alternatifs – un mélange dangereux. Aussi, des conditions de crédit –, ces trois effets se malgré la mauvaise conjoncture, nous nous retournent contre la croissance. Dans beau- attendons à ce que la hausse des prix se pour- coup de pays industrialisés, la différence est suive au cours des douze prochains mois, considérable entre la croissance économique d’environ 4,0% pour les appartements et de moyenne sur les cinq années qui précèdent 3,5% pour les maisons unifamiliales. l’éclatement d’une bulle immobilière et sur les cinq qui la suivent: elle peut aller de 3 points de pourcentage (en Suisse dans les années 90) à 8 points (en Irlande actuellement). Un cercle vicieux potentiel Marché de l’immobilier en plein essor La raison principale de telles contractions UBS Swiss Real Estate Bubble Index, situation au 3e trimestre 2011 conjoncturelles réside dans un cercle vicieux implicite qui peut s’étendre sur plusieurs an- 3 Bulle nées. La Suisse en a fait l’expérience doulou- 2 Risque reuse dans les années 90. En réaction à la bais- 1 Boom se des prix immobiliers, les banques durcissent 0 Equilibre leurs conditions de crédit; en conséquence, les –1 emprunteurs sont de plus en plus nombreux à –2 Baisse ne pas pouvoir remplir leurs obligations et se –3 voient forcés de vendre leur bien. Les prix chu- 1983 1987 1991 1995 1999 2003 2007 2011 tent encore; comme l’immobilier ne figure pas UBS Swiss Real Estate Bubble Index seulement en première place dans les bilans Source: UBS WMR 10 UBS real estate focus janvier 2012
Immeubles d’habitation Chercher un financement stable Mais le plus gros risque, nous le voyons surgir dès que la conjoncture mondiale redémarrera et que l’économie suisse connaîtra un regain de croissance: il se pourrait alors que le pays entre dans une phase de hausse des taux d’in- térêt avec son marché immobilier nettement surévalué, auquel cas on ne peut exclure des corrections de prix douloureuses, et des consé- quences sur l’ensemble de l’économie. Voilà pourquoi nous conseillons, lors de l’acqui- sition d’un logement, de prendre en compte Mcech / Dreamstime.com l’éventualité d’un tel scénario dans le choix du financement: la pierre suisse est certes résis- tante aux intempéries, mais pas invulnérable aux séismes. Logements locatifs – construction en hausse Au recul attendu de l’immigration du fait (et même de 43,7% pour Zurich et 21,9% pour Marcin Paszkowski du ralentissement conjoncturel s’ajoute la Genève). Le nombre des logements livrés est Global Asset Management UBS SA hausse de l’offre sur le marché locatif. Il lui aussi en hausse dans ces agglomérations faut donc s’attendre à une légère augmen- pour l’année 2011. Pourtant, on ne peut pour tation du taux de vacance et à un fléchisse- l’instant parler de boum dans la construction: ment de la croissance des loyers. au T3 2011, 43 700 logements neufs avaient été mis sur le marché au cours des douze mois La dynamique de la construction résidentielle précédents, ce qui se rapproche de la moyenne s’est accentuée en 2011. Alors qu’au même à long terme. Un passage à un marché dit «du trimestre l’année précédente, 69 000 unités locataire» (excédent d’offre) n’est donc pas étaient en construction, le chiffre a augmenté envisagé à ce stade, le taux de vacance restant de 2,3% pour passer à 70 600 au T3 2011. sous les 1% pour la troisième année d’affilée. Quant aux permis de construire délivrés au cours des neuf premiers mois de 2011, ils Fléchissement de la croissance des loyers étaient en hausse de 14,5%. Les loyers proposés avaient augmenté en septembre de 1,9% en Suisse par rapport à Concentration dans les villes, pas de boum l’année précédente. Les hausses les plus fortes des constructions ont eu lieu en Suisse centrale (3,1%), dans Les logements neufs se construisent de plus l’arc lémanique (2,9%) et en Suisse orientale en plus en zone urbaine. Comparé à l’année (1,8%). Comme l’immigration devrait fléchir précédente, le nombre de permis de construi- du fait de la conjoncture, la croissance prévue re délivrés dans les cinq principales agglomé- de l’offre devrait entraîner une légère aug- rations (Zurich, Genève, Bâle, Berne et Lau- mentation des taux de vacance et un ralentis- sanne) au cours des neuf premiers mois de sement des loyers. En particulier, trouver loca- 2011 a augmenté dans l’ensemble de 19,2% taire pour les grands appartements haut de UBS real estate focus janvier 2012 11
Immeubles d’habitation gamme devrait devenir plus difficile, car ceux- attribuable à la forte participation des investis- ci sont en concurrence directe avec le loge- seurs privés, plus endettés que les investisseurs ment plus abordable en propriété, surtout institutionnels, et généralement satisfaits par un dans le contexte actuel de taux d’intérêt bas. rendement initial modeste, au vu des faibles Du fait de la faiblesse du taux de référence, taux d’intérêt. Pour les habitations multifamilia- les loyers existants (des contrats locatifs en les au volume d’investissement supérieur à cours) devraient également rester stables. 10 millions de francs, l’enchérissement devrait être moindre; le nombre de transactions dans Des niveaux de prix toujours élevés et ce segment a déjà nettement reculé. des problèmes de capacité Sous la pression des investisseurs, la demande Du fait de la force du franc, de l’incertitude d’immobilier a fortement augmenté au premier économique et de la faible pression inflation- semestre 2011; cela s’est traduit par une nou- niste, nous ne tablons pas sur une hausse nota- velle hausse des prix des habitations multifami- ble des taux d’intérêt. Les montants des transac- liales. Ainsi, les rendements de premier ordre de tions devraient donc rester élevés, et les Zurich ont donc diminué, passant de 3,4% au possibilités de placement à rendement durable T4 2010 à 3,1% au T3 2011. En particulier, pour rares. Du côté de l’offre, le niveau élevé des prix les propriétés jusqu’à 5 millions de francs, les actuel constitue un excellent point de départ rendements initiaux nets (revenus locatifs nets la pour les remaniements de portefeuille, car les première année rapportés au prix d’achat), déjà emplacements périphériques et les biens de très bas, devraient rester sous pression. La haus- moindre qualité jouissent eux aussi d’une forte se des cours dans ce segment est largement demande. Aperçu des immeubles d’habitation Sauf mention contraire, toutes les données sont en % de croissance par rapport à l’année précédente. 20121 20112 2010 2009 10 ans 3 Construction de logements et logements vacants Augmentation nette du nombre de logements 52 000 49 000 45 005 38 977 40 221 Taux de logements vacants 1,0 0,9 0,9 0,9 1,0 Logements locatifs Prix de l’offre pour logements locatifs 1,5 2,5 1,7 3,5 3,2 Prix de l’offre pour logements locat. nouvel. construits – 0,5 – 2,0 – 1,4 – 4,5 3,0 Indice des prix des loyers existants 1,0 1,3 1,1 2,4 1,6 Taux hypothécaire de référence 4 2,3 2,5 2,8 3,0 – Logements locatifs vacants (nombre) – 30 816 28 947 26 343 28 976 Rendement total de l’invest. direct dans le logement 5,5 5,5 5,8 5,3 5,5 Logements en propriété Prix de l’offre pour logements en propriété 4,0 4,5 5,2 6,4 4,2 Prix de transaction pour logements en propriété – 7,5 5,8 3,2 5,1 Prix de l’offre pour maisons individuelles 3,5 4,0 4,7 5,0 3,2 Prix de transaction pour maisons individuelles – 6,0 2,8 0,4 3,4 Taux hypothécaire variable, toutes les banques4 2,7 2,7 2,7 2,7 3,1 Progres. des crédits hypothécaires, toutes les banques 5,1 4,8 5,0 4,9 4,4 Logements en propriété vacants (nombre) – 7 601 7 766 8 418 7 849 1 Prévision UBS WMR Sources: Wüest & Partner, OFS, BNS, IPD, UBS WMR 2 Extrapolations et/ou prévisions UBS WMR (situation au 3.1.2012) 3 Moyenne: 2002 à 2011 4 Fin d’année 12 UBS real estate focus janvier 2012
En point de mire Immeubles d’habitation L’engorgement des travaux d’assainissement et le rôle de l’Etat On parle beaucoup de l’engorgement L’Etat influence le marché de Matthias Holzhey du marché de l’assainissement en Suisse. l’assainissement Wealth Management Research UBS SA Dans une économie de marché, les in Le marché immobilier est largement réglemen- vestissements sont réalisés uniquement té. On peut se demander si l’Etat joue aussi un s’ils en valent la peine. L’Etat intervient rôle central sur celui de l’assainissement. Les certes par le biais de diverses réglemen obligations légales, les subventions et les dé- tations, mais les effets sont limités. Le ductions fiscales peuvent influer considérable- marché suisse de l’assainissement est ment sur la décision de rénover. intact. Les interventions étatiques dans le marché sont L’usure du temps fait inéluctablement son justifiées dans la mesure où elles permettent œuvre sur le parc immobilier suisse. Ainsi, les un taux de réhabilitation optimal. C’est le cas édifices érigés durant le boum des années par exemple lorsqu’une rénovation cause des 60 ont atteint un âge qui nécessite des réhabi- effets externes positifs, c’est-à-dire des effets litations à grande échelle. Or, d’après l’Office sur des tiers – comme une belle façade réno- fédéral de la statistique, les investissements de vée, qui réjouit aussi les voisins. rénovation n’ont pas explosé ces dernières années. Y a-t-il un engorgement? La hausse des coûts due à la protection du patrimoine historique n’empêche que Les statistiques officielles ne permettent pas peu de rénovations de dire si le marché de l’assainissement dé- Un exemple classique d’effets externes positifs: faille. Si l’on compare les investissements la préservation de bâtiments d’importance devant théoriquement être effectués (sur la historique et de paysages naturels. Or respec- base des amortissements de la valeur des ter les consignes de protection du patrimoine logements existants), soit 10 à 15 milliards de bâti ou naturel enchérit fortement les travaux francs par an, avec les données recueillies d’assainissement. Les propriétaires de bâti- (environ 4 milliards de francs), l’écart est ments classés devraient être indemnisés lors considérable. Ces dernières ne comprennent qu’ils effectuent des travaux d’assainissement toutefois que les assainissements soumis à conformes à la réglementation. En pratique, déclaration, et l’estimation des travaux à faire les subventions prévues ne couvrent qu’une est très imprécise. On ne peut donc ni exclure petite partie des coûts. Le propriétaire se trou- ni confirmer l’existence d’un engorgement ve donc face à une alternative: des travaux du marché de l’assainissement. d’assainissement coûteux conformes à la régle- mentation ou le délabrement. L’effort doit en valoir la peine Comme l’avait découvert le fondateur de En réduisant automatiquement le nombre des l’économie politique classique, Adam Smith, il travaux d’assainissement, le surplus de coût y a plus de deux siècles, la libre concurrence est le meilleur moyen de maximiser le bien commun. Dans une économie libérale de mar- Nombre important d’assainissements à venir ché, les investissements ne sont effectués que Nombre de logements après la période de construction et de rénovation si l’utilité additionnelle obtenue dépasse le 700 000 supplément de coût. En bref: l’effort doit en 600 000 valoir la peine. Pour le marché immobilier, cela 500 000 signifie que dans une économie de marché il 400 000 ne peut y avoir aucun engorgement des tra- 300 000 vaux d’assainissement. Un propriétaire ne fera 200 000 rénover sa maison que si l’utilité de l’opéra- 100 000 tion est égale ou supérieure à ses coûts. Mais 0 1946 –1960 1961–1970 1971–1980 1981–1990 1991–2000 2001–2010 des facteurs externes, du côté des coûts com- me de l’utilité, peuvent affecter fortement Nombre de logements construits par période Logements déjà rénovés depuis 1970 l’effort de rénovation. Sources: décompte des logements 2000, UBS WMR UBS real estate focus janvier 2012 13
En point de mire Immeubles d’habitation entraîne un engorgement. Mais il est difficile de rénovation de grande ampleur, de dénon- de savoir si cela a un effet notable sur l’activité cer toutes les parties au contrat. Grâce à un de rénovation. Selon la protection du patri- assainissement et un nouveau bail, les loyers moine, les bâtiments classés constituent 5 à peuvent donc être augmentés, ce qui en vaut 10% du parc total. Or comme un cinquième la peine sur les marchés tendus des centres environ des maisons suisses sont classées histo- urbains. Comme 50 à 70% des coûts d’une riques (construites avant 1920), probablement rénovation peuvent être transférés au loca- plus de 10% des travaux seront soumis aux taire, il se peut même que le nouveau loyer consignes de la préservation des édifices histo- dépasse la norme locale. En fin de compte, ces riques. Sans alternatives, l’enchérissement ré- mesures n’expliqueraient un excédent de réno- sultant de ces obligations ne devrait freiner que vation que dans certains marchés urbains. très peu de rénovations. Le marché de la rénovation est indemne Les subventions à l’efficacité énergétique Une ou deux façades délabrées ne signifient causent un faible excédent de rénovations pas que la «main invisible» du marché a échoué Le principal exemple d’intervention étatique ou qu’il règne un engorgement sur le marché dans l’assainissement en Suisse est l’incitation de l’assainissement. D’ailleurs, les travaux n’en aux économies d’énergie. La réduction de CO2 valent souvent pas la peine dans une région où qui en résulte a un effet bénéfique sur la com- les prix immobiliers baissent. Dans l’ensemble, munauté; mais comme les économies générées on peut dire que le marché de l’assainissement ne couvrent pas les coûts de l’assainissement, en Suisse est indemne: tout d’abord, l’influence des subventions publiques sont nécessaires. de l’Etat reste faible malgré la réglementation; Cela peut créer un excédent de rénovation par ensuite, les incitations en place encourageraient rapport aux capacités. Or les moyens employés plutôt un excédent de rénovation. sont considérables: d’une part, des subventions directes et d’autre part, la déductibilité fiscale totale des investissements. Les subventions directes à la rénovation énergé- tique totalisent, à partir de 2010, 280 à 300 millions de francs annuellement; du fait de leur Rénover avant de vendre? succès, elles se sont jusqu’ici rapidement épui- sées. Ce montant représente à peu près 15 à 20% de l’effort total de rénovation. Outre ces Lorsqu’on déménage, on n’a guère envie de consacrer plus de temps mesures d’incitation directes, la pleine déducti- et d’argent à son ancienne demeure. Mais il peut valoir la peine de bilité des frais de rénovation a entraîné, selon le rénover une maison ou un appartement avant la vente. D’abord, le Département des finances, un manque à gagner vendeur connaît son logement et les entrepreneurs locaux: cela lui fiscal de 1,1 à 1,7 milliard de francs pour les coûte donc moins d’effort qu’à l’acheteur, et ces informations peuvent communes, les cantons et la Confédération. Ces se convertir en plus-value. En effet, beaucoup d’acheteurs sont prêts à chiffres suggèrent que les mesures ont un effet payer plus pour un logement rénové. Des études aux Etats-Unis ont remarquable sur le marché de la rénovation. montré que rénover une salle de bains ou une cuisine entraîne une Mais comme 70 à 80% des travaux auraient été hausse du prix de vente pouvant aller jusqu’à deux fois le coût des effectués même sans subventions, selon l’Office travaux. Ensuite, l’achat d’un logement est souvent une décision émo- fédéral de l’énergie, l’excédent généré devrait tionnelle; une rénovation peut alors être un facteur décisif. L’impor- être limité. tance de l’élément psychologique est telle que des entreprises offrent des services de «home styling» ou de «home staging», visant à rehaus- Le droit locatif encourage un excédent de ser l’image – et le prix – du bien, par l’emploi de meubles de marque rénovation dans les centres urbains ou des opérations de «chirurgie esthétique». Même de simples travaux Des obstacles réglementaires empêchent sou- de peinture semblent rentables. Une rénovation nécessite certes des vent l’ajustement des loyers des baux existants. moyens financiers adéquats, mais elle peut générer assez facilement Le droit locatif offre toutefois une niche: un une plus-value substantielle. arrêt du Tribunal fédéral (2008) permet, en cas 14 UBS real estate focus janvier 2012
En point de mire Immeubles d’habitation Les projets d’infrastructure de transport ne stimulent que partiellement l’immobilier La bonne accessibilité d’une région la rend décliner à mesure qu’on s’éloigne des centres Claudio Saputelli Wealth Management Research plus attractive en matière d’immobilier. urbains; mais les facteurs fiscaux et la situation UBS SA Mais de nouvelles infrastructures de trans- géographique jouent aussi un rôle sur les prix. port n’ont un effet sur les prix que si la Des études menées à l’étranger démontrent que Stefanie Schneuwly Wealth Management Research région possède véritablement un poten- les prix immobiliers à proximité d’une connexion UBS SA tiel de développement. aux infrastructures de transport dépassent de 25% en moyenne ceux des propriétés éloignées La démographie du district jurassien de Porren- de 15 km ou plus. Les écarts de prix immobiliers truy, à la frontière française, se trouve depuis entre les régions de Suisse montrent que la bien longtemps en hibernation: depuis le pic de centralité peut se répercuter sur les prix ici aussi 25 000 habitants à peine en 1995, sa popula- – mais ce n’est pas toujours le cas. tion a stagné, voire diminué dans certaines com- munes. Le marché du logement en souffre; il Le tunnel du Lötschberg n’a pas entraîné n’est donc pas étonnant que la région se tourne de hausse notable des prix de plus en plus vers les centres urbains afin de En 2007, la carte spatiale du territoire suisse a profiter de leur dynamisme. été fortement impactée par le percement du tunnel de base du Lötschberg, qui, en ralliant C’est pourquoi, les communes jurassiennes es l’Oberland bernois au canton du Valais, a consi- pèrent beaucoup de deux grands projets d’in- dérablement réduit les temps de voyage en train frastructure: avec le raccordement récent au – presque de moitié entre Berne et Visp. Pour réseau du TGV, Porrentruy est désormais la ville les communes touristiques du Haut-Valais et du de Suisse la plus proche de Paris. A cela s’ajoute Bas-Valais, ce n’est pas négligeable: beaucoup l’extension de la Transjurassienne, qui facilite les constatent une augmentation du chiffre d’affai- trajets vers Bienne et se raccorde au réseau auto- res dû à la forte affluence. Quant aux régions routier français. Pourtant la hausse attendue des centrales du Haut-Valais, elles ont constaté un prix immobiliers devrait se faire attendre. afflux de personnes actives en provenance de villages isolés, et qui cherchent à se rapprocher La situation (des prix) de l’immobilier de leur lieu de travail dans le Plateau suisse. Plusieurs facteurs influent sur la valeur de l’im- Ainsi, le solde migratoire de la localité de Viège mobilier: outre les caractéristiques de l’objet, il est devenu positif en 2006 et ne cesse de croître faut considérer sa situation au niveau local et depuis. Or l’activité dans le bâtiment a augmen- dans un contexte plus vaste. La situation dite té elle aussi en 2006 et 2007, entraînant une «microscopique» qualifie sa situation au sein hausse de 2% du stock de logements. Cela n’a d’une localité, tandis que celle dite «macroscopi- cependant pas eu d’effet sur les prix de l’immo- que» décrit sa situation d’un point de vue plus bilier local, la hausse de l’offre augmentant la global; c’est ici qu’entre en jeu la «centralité» de quantité de logements vacants. l’objet, à savoir l’accessibilité du centre urbain le plus proche. De bonnes infrastructures menant à des centres urbains sont un facteur détermi- Evolution des prix relatifs de l’immobilier en raison de l’A4 dans nant pour deux raisons: de par leur densité, ces le Knonaueramt centres offrent une grande variété de produits Prix de l’offre des logements en propriété dans le segment supérieur (en francs par m² de surface utile principale) et de services, comme par exemple les soins de 14 000 Hausse des prix causée Hausse des prix causée santé. En outre, ils concentrent les opportunités 12 000 par «l’effet de centre» par «l’effet de centre» 10 000 professionnelles. et «l’effet fiscal» Raccordement à l’A4 Raccordement à l’A4 8 000 Raccordement Raccordement 6 000 L’accessibilité de grands centres urbains n’est 4 000 à l’A4 à l’A4 toutefois pas le seul critère décisif dans l’évalua- 2 000 0 tion de l’attractivité d’un lieu et donc de son h n A. n n A. n au am ug prix: il y a aussi la durée du trajet et les coûts ric iko tte ge tte a. a. on Zo Ch Zu din te ste all il rn Kn tsw ns St He te en d’opportunité associés (le «manque à gagner» Bo ol tm et Aff W et M résultant du temps passé en déplacement). Prix 2005 Hausses des prix 2005–2011 Logiquement, les prix de l’immobilier devraient Sources: Wüest & Partner, UBS WMR UBS real estate focus janvier 2012 15
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