Un plaidoyer en faveur de la nature - Perte de biodiversité, protection de la nature et action de l'UE pour la nature

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Un plaidoyer en faveur de la nature - Perte de biodiversité, protection de la nature et action de l'UE pour la nature
Un plaidoyer en faveur
          de la nature

Perte de biodiversité, protection de la nature et
         action de l’UE pour la nature

                     Environnement
Table des matières

La nature est importante, car…                                                                                           3
Nous sommes en train de détériorer le monde naturel
plus rapidement que jamais…                                                                                              4
Les effets de la perte de biodiversité sont déjà visibles                                                                6
Ces effets vont s’aggraver si nous ne changeons pas
radicalement notre rapport à la nature                                                                                   7
Mais est-ce vraiment important?                                                                                          8
Quelles sont les implications pour les entreprises?                                                                      9
Alors, pourquoi constatons-nous une perte de biodiversité?                                                             10
Que se passe-t-il dans nos océans?                                                                                     11
Le lien entre la perte de biodiversité et les pandémies                                                                12
Le lien entre le changement climatique et la crise de la nature                                                        13
La société est-elle consciente de l’importance de la biodiversité?                                                     14
Comment pouvons-nous mettre fin à ce déclin?                                                                           14
Y a-t-il de bons exemples à suivre?                                                                                    16
Que fait l’Europe pour résoudre le problème à l’intérieur
de ses frontières?                                                                                                     17
Que fait l’Europe pour résoudre le problème hors de ses frontières?                                                    19
Qu’est-ce que la COP 15 à la CDB, quelle est son
importance et quelle est la position de l’UE la concernant?                                                            20
Que puis-je faire à mon échelle?                                                                                       21

Manuscrit achevé en mai 2021
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cas de réutilisation.
© Union européenne, 2021

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La nature est importante, car…
✖     … la biodiversité est à la base de toute vie sur Terre,
✖     … la perte de biodiversité entraîne le déclin des services vitaux dont les sociétés dépendent,
✖     … les écosystèmes terrestres et marins absorbent le carbone, nous aidant ainsi à limiter les effets
      du changement climatique.

De la biodiversité dépend la diversité de la vie sur la Terre. Ce réseau d’êtres vivants est le tissu
de la vie: il nettoie l’eau que nous buvons, pollinise nos cultures, purifie l’air que nous respirons, régule le
climat, assure la fertilité de nos sols, nous fournit des remèdes ainsi que de nombreux éléments de base
pour l’industrie.

Les écosystèmes fournissent des services essentiels qui maintiennent le mécanisme régulateur
de la biosphère. Lorsque nous détruisons la biodiversité, nous sapons ce système et scions la branche sur
laquelle nous sommes assis. Les écosystèmes endommagés sont plus fragiles et ont une capacité limitée
à faire face aux événements extrêmes et aux nouvelles maladies. En revanche, des écosystèmes bien
équilibrés nous protègent des catastrophes imprévues et, lorsque nous les utilisons de manière durable, ils
offrent dans la plupart des cas les meilleures solutions aux problèmes urgents.

Nous avons besoin d’écosystèmes sains et de la biodiversité pour de nombreuses raisons. En plus
de leur valeur intrinsèque et des bénéfices immatériels qu’ils apportent, tels que l’enrichissement spirituel
et la valeur esthétique, les écosystèmes sont le fondement de toutes les économies et sociétés. Ils forment
l’infrastructure essentielle assurant notre prospérité et notre existence.

Plus de la moitié de l’oxygène que nous respirons provient d’organismes marins. Les eaux marines
absorbent un quart des émissions de CO2 que nous rejetons dans l’atmosphère chaque année. En outre,
ces eaux constituent le plus grand réservoir de carbone actif de la planète (50 fois supérieur à celui de
l’atmosphère).

La perte de biodiversité est dangereuse. Cette perte pose…

✖     … un problème climatique, car la destruction et la dégradation des écosystèmes et des habitats
      accélèrent le réchauffement climatique;

✖     … un problème de santé, car la nature améliore la qualité de l’air, de l’eau et du sol, réduit
      l’exposition aux polluants et refroidit nos villes;

✖     … un problème commercial, car le capital naturel fournit des ressources essentielles pour
      l’industrie;

✖     … un problème de sécurité, car la perte de ressources naturelles, en particulier dans l’hémisphère
      Sud, peut déclencher des conflits;

✖     … un problème de sécurité alimentaire, car les pollinisateurs ainsi que les organismes marins et
      du sol jouent un rôle essentiel dans notre système alimentaire;

✖     … un problème d’éthique, car la perte de biodiversité touche surtout les plus pauvres, creusant les
      inégalités;

✖     … un problème intergénérationnel, car nous privons les générations futures des ressources
      nécessaires leur permettant d’avoir une vie épanouie;

✖     … un problème moral, car nous ne devons pas détruire la planète vivante.

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La nature est à la base de tous les                               … elle est le fondement de la société, sur
objectifs de développement durable des                            laquelle repose notre économie.
Nations unies:

Source: https://www.stockholmresilience.org/images/18.36c25848153d54bdba33ec9b/1465905797608/
sdgs-food-azote.jpg

Nous sommes en train de détériorer le monde naturel plus rapidement que
jamais…
✖     Les activités humaines poussent la planète vers une sixième extinction massive, avec un million
      d’espèces menacées d’extinction.
✖     Entre 1970 et 2014, la population mondiale d’animaux sauvages a diminué de 60 %.
✖     La biodiversité sur terre, sous terre et en mer est en déclin dans toutes les régions du monde à une
      vitesse sans précédent.
✖     Ce déclin est étroitement lié au changement climatique et s’inscrit dans le cadre d’une crise
      écologique générale.

Les taux d’extinction actuels dans le monde entier sont environ 100 à 1 000 fois plus élevés
aujourd’hui qu’avant l’apparition de l’homme. Il s’agit de la plus vaste extinction depuis la disparition
des dinosaures. Quelque 42 % des espèces animales et végétales terrestres dont nous connaissons les
tendances ont vu leur population diminuer au cours de la dernière décennie.

Les forêts tropicales se détériorent à un rythme rapide: une surface équivalente à la superficie
de la Grèce disparaît chaque année. Ces forêts abritent la majeure partie de la biodiversité de la planète.
Les zones forestières mondiales ne couvrent plus que 68 % de la superficie couverte à l’ère préindustrielle.

Si la température mondiale augmente de 2 °C, les récifs coralliens tropicaux disparaîtront, détruisant
les moyens de subsistance d’un demi-milliard de personnes. En outre, les déchets marins et la pollution
menacent gravement la biodiversité des océans. On estime que l’accumulation de plastique dans
les océans dépasse largement 150 millions de tonnes à l’échelle mondiale, tandis que 4,6 à 12,7 millions
de tonnes continuent de s’y déverser chaque année. À ce rythme, les océans pourraient contenir plus de
plastique en poids que de poissons à l’horizon 2050.

Les sols abritent une diversité de vie incroyable: 25 à 30 % de toutes les espèces terrestres vivent dans
le sol pendant la totalité ou une partie de leur vie. Les activités humaines ont une forte incidence sur la
biodiversité des sols. La dégradation des terres et des sols, à l’échelle de la planète, réduit la biodiversité
et les services écosystémiques tels que la fourniture d’eau propre et d’aliments nutritifs, le stockage du
carbone ou la protection contre l’érosion.

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Le déclin des insectes est particulièrement inquiétant. Les insectes sont importants, car ils servent
de nourriture à de plus grands animaux comme les oiseaux, les chauves-souris, les reptiles, les amphibiens
et les poissons: s’ils sont privés de cette source de nourriture, tous ces animaux mourront de faim. À long
terme, cela entraînerait la dégradation des écosystèmes terrestres et la perte de l’espace de fonctionnement
sécurisé pour les humains. Les insectes sont également utiles et participent par exemple à la pollinisation,
à la lutte contre les parasites et au recyclage des nutriments. Trois cultures fruitières ou semencières sur
quatre dans le monde dépendent, du moins en partie, des pollinisateurs. Sans eux, de nombreux producteurs
verraient leurs bénéfices diminuer ou feraient faillite. La valeur totale de la contribution directe des insectes
pollinisateurs à la production agricole de l’UE est estimée à environ 15 milliards d’euros par an.

De nombreuses études attestent de tels déclins aux quatre coins du globe. En 2018, une étude sur les forêts
tropicales de Porto Rico a révélé des pertes de biomasse depuis les années 80: entre 98 % et 78 % pour les
arthropodes se nourrissant au sol et pour ceux vivant dans la canopée, avec des pertes annuelles d’envi-
ron 2,5 %. Par conséquent, on constate des déclins similaires chez les oiseaux, les grenouilles et les lézards
dans les mêmes régions.

En 2019, un examen de 73 rapports historiques sur le déclin des insectes a conclu que les taux de déclin
actuels pourraient entraîner l’extinction de 40 % des espèces d’insectes dans le monde au cours des
prochaines décennies.

Les mers sont également soumises à des pressions multiples et cumulatives. On compte aujourd’hui plus
de 400 zones mortes dans les océans à l’échelle mondiale, principalement en raison de l’écoulement des
engrais dans ces eaux. En outre, les déchets marins et les plastiques ont des conséquences dévastatrices
sur la vie marine.

En Europe, la nature connaît aussi un déclin alarmant. En effet, plus de 80 % des habitats sont dégradés. Les
habitats des tourbières, des prairies et des dunes sont les plus touchés. En Europe occidentale, centrale et
orientale, les zones humides ont diminué de 50 % depuis 1970, tandis que 71 % des poissons et 60 % des
amphibiens ont disparu au cours de la dernière décennie. En Europe occidentale et centrale ainsi que dans
les régions occidentales de l’Europe de l’Est, au moins 37 % des poissons d’eau douce et environ 23 % des
amphibiens sont actuellement menacés d’extinction.

L’agriculture et la sylviculture intensives, l’expansion urbaine et la pollution sont les principales causes à
l’origine de ce déclin spectaculaire de la biodiversité en Europe, qui menace la survie de milliers d’espèces
animales et d’habitats et met en péril la santé et la prospérité de l’humanité.

Liens

IPBES, https://ipbes.net/news/ipbes-global-assessment-preview

Liste rouge européenne des arbres, https://www.iucn.org/news/species/201909/over-half-europes-
endemic-trees-face-extinction

Étude allemande sur les insectes (Hallmann e. a., 2017).

Étude sur Porto Rico (Lister et Garcia, 2018)

Étude de 2019 sur le Royaume-Uni: Insect declines and why they matter (Le déclin des insectes et leur
importance)

Étude de 2019 sur le déclin des insectes: Worldwide decline of the entomofauna: A review of its drivers
(Le déclin mondial de l’entomofaune: un examen de ses facteurs)

Commission européenne, «Our Oceans, Seas and Coasts» (Nos océans, nos mers et notre littoral)

Rapport de 2020 sur l’état de conservation de la nature (Commission européenne, AEE), dépliant et
brochure dans toutes les langues

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Les effets de la perte de biodiversité sont déjà visibles
✖       Les nombreux bienfaits que nous tirons de la nature s’amenuisent en raison de la perte de
        biodiversité.
✖       Ces bienfaits comprennent le maintien de l’habitat, de la pollinisation, de la régulation de la
        quantité et de la qualité de l’eau douce, de la formation des sols, de la régulation des inondations et
        du stockage du carbone.

Le monde a perdu 60 % de l’ensemble des populations d’animaux sauvages vertébrés depuis 1970.
Cela signifie que plus de la moitié des oiseaux, mammifères, reptiles, amphibiens et poissons ont disparu
en seulement 50 ans.

Ce processus est causé par les modes de production et de consommation mondiaux — les nôtres inclus.
Entre 30 et 50 % des mangroves sont mortes ou ont été déplacées de leur environnement au cours des
50 dernières années, et près de 50 % des récifs coralliens ont été détruits. Des pertes importantes ont
également été constatées en Europe: une étude allemande de 2017 a révélé un déclin de 76 % de la
biomasse des insectes volants dans les zones protégées depuis 1990, soit une perte de près de 3 % par an.

Si nous ne changeons pas de cap, c’est toute l’humanité qui sera affectée. Nous avons besoin
d’un changement profond et transformateur pour mettre un terme à la perte de biodiversité, aussi bien sur
terre que sous terre. À l’heure actuelle, les personnes les plus touchées sont les communautés rurales de
l’hémisphère Sud qui dépendent de la nature pour satisfaire leurs besoins quotidiens, mais les répercussions
ultérieures seront beaucoup plus étendues.

Il ne s’agit pas seulement de la perte d’animaux sauvages: lorsque nous perdons en biodiversité, nous
perdons également les services écosystémiques, c’est-à-dire les processus qui entretiennent la vie sur
Terre, que la nature nous offre. Nous détruisons les fondements des économies, des moyens d’existence,
de la sécurité alimentaire, de la santé et de la qualité de vie à l’échelle planétaire. L’existence d’un quart de
la population pauvre du monde et de plus de 90 % des personnes vivant dans l’extrême pauvreté dépend
en partie des forêts. Les forêts tropicales sont pourtant l’un des principaux foyers de perte de biodiversité.

Dans le monde industrialisé, la valeur globale de la production agricole a triplé depuis 1970, tandis que
les autres apports de la nature, comme le carbone organique du sol et la diversité des pollinisateurs, ont
diminué, ce qui souligne le caractère non durable de ces gains de productivité à court terme.

La dégradation des terres a déjà réduit la productivité de près d’un quart de la surface terrestre mondiale.
La diversité et l’abondance des pollinisateurs sauvages européens diminuent de façon spectaculaire et
nombre d’entre eux sont aujourd’hui en voie d’extinction. Selon la liste rouge européenne des arbres, près
de la moitié des arbres endémiques d’Europe sont menacés d’extinction. L’idée selon laquelle les ressources
des mers et des océans sont riches et abondantes, peuvent absorber les déchets humains et être exploitées
par l’homme sans limites n’est plus d’actualité.

Liens

International Union for Conservation of nature (IUCN) (Union internationale pour la conservation de la
nature, UICN), https://www.iucn.org/tags/work-area/red-list

WWF, Living Planet Report 2020 (Rapport Planète vivante 2020)

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Ces effets vont s’aggraver si nous ne changeons pas radicalement notre
rapport à la nature
✖     La perte de biodiversité entraîne un effet de dominos: l’extinction d’une espèce entraîne la
      disparition d’une autre, qui cause à son tour l’extinction d’une troisième…
✖     Dans les scénarios relatifs à l’utilisation des terres et au changement climatique pour l’avenir,
      jusqu’à 5 milliards de personnes seront touchées par une pollution de l’eau plus importante et une
      pollinisation insuffisante pour leur permettre de se nourrir.
✖     Lorsque nous endommageons les écosystèmes, ceux-ci libèrent le carbone au lieu de le stocker. Ces
      «boucles de réaction» accélèrent le processus de changement climatique.

La perte de biodiversité rend la réalisation des objectifs de développement durable des Nations
unies impossible. La réalisation de la moitié des 44 objectifs liés à la pauvreté, à la faim, à la santé, à
l’eau, aux villes, au climat et à la dégradation des océans et des sols est déjà compromise par des tendances
négatives importantes constatées dans la nature ainsi que sur les populations.

L’existence de points de basculement est l’une des plus grandes préoccupations en matière de
changement climatique et de perte de biodiversité. Franchir un point de basculement peut entraîner des
changements importants et brusques, faisant basculer un système dans un état différent. Ces changements
sont difficiles, voire impossibles à inverser et peuvent avoir des effets négatifs considérables. Si la perte
d’espèces provoque souvent des dommages progressifs plutôt qu’une chute brutale, la perte de biodiversité
pourrait bien déclencher un point de basculement concernant le changement climatique ou les océans. Pire
encore, les scientifiques nous avertissent que nous sommes dangereusement proches de franchir des points
de basculement en cascade. Le franchissement d’un point de basculement entraîne le franchissement d’un
autre, comme dans un effet de domino.

Plusieurs grands points de basculement ont été recensés pour l’environnement mondial, notamment
la calotte glaciaire du Groenland, les glaciers alpins, les sols désertifiés et les récifs coralliens. Ces points de
basculement pourraient constituer des points de non-retour, entraînant des boucles de réactions renforcées
avec un risque d’effondrement environnemental.

Près d’un tiers des coraux formant les récifs, des requins et des espèces de la famille des requins, et plus
d’un tiers des mammifères marins sont aujourd’hui menacés d’extinction.

La perte de biodiversité est une cause profonde de conflit et de migration affectant les intérêts vitaux de
toutes les sociétés. C’est également une très mauvaise nouvelle pour les entreprises.

Le Forum économique mondial a récemment établi un lien entre l’environnement et tous les risques les plus
importants et les plus susceptibles d’affecter le bien-être humain (phénomènes météorologiques extrêmes,
échec des mesures climatiques, perte de biodiversité et catastrophes environnementales d’origine humaine).
Environ 25 % de ces facteurs environnementaux sont liés à des maladies faisant des ravages au niveau
mondial et pourraient être évités.

Le biologiste américain Paul Ehrlich a comparé la perte d’espèces au détachement hasardeux de rivets sur
l’aile d’un avion. L’avion continuerait à voler pendant un certain temps, mais ne pourrait éviter à un certain
point une défaillance catastrophique.

MAIS — il y a encore de l’espoir! Nous avons encore le temps de renverser la tendance, d’endiguer la
perte de biodiversité et d’éviter les conséquences les plus néfastes du changement climatique, à condition
d’agir concrètement, rapidement et à grande échelle! Le temps est notre plus grand défi. Selon les derniers
rapports spéciaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) (Rapport spécial
sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C), les dix prochaines années seront décisives. Il
est nécessaire de réduire de moitié les émissions mondiales de gaz à effet de serre et d’enrayer et d’inverser
la destruction de la nature. Sans mesures de transformation au cours de cette décennie, l’humanité prend
des risques colossaux concernant son avenir commun. Les sociétés risquent de faire face à des changements
à grande échelle irréversibles affectant la biosphère, et nos vies.

Il est désormais nécessaire, pour assurer la poursuite de notre existence, de bâtir des économies et des
sociétés qui soutiennent l’harmonie du système terrestre, et non qui le perturbent.

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Liens

World Economic Forum Global Risk Report 2020 (Rapport sur les risques mondiaux 2020 du Forum
économique mondial), https://www.weforum.org/reports/the-global-risks-report-2020

The European environment — state and outlook 2020 (L’environnement en Europe — état et
perspectives 2020) (SOER 2020), Agence européenne pour l’environnement: https://www.eea.europa.eu/
publications/soer-2020

Rapport spécial du GIEC [SR 1.5 report on global warming of 1.5 °C (Rapport spécial sur les conséquences
d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C)]

Stockholm Resilience Center, Planetary boundaries (Les frontières planétaires), https://www.
stockholmresilience.org/research/planetary-boundaries/planetary-boundaries/about-the-research/the-nine-
planetary-boundaries.html

Mais est-ce vraiment important?
✖       La perte de biodiversité et l’effondrement des écosystèmes constituent l’une des principales
        menaces auxquelles l’humanité sera confrontée au cours de la prochaine décennie.
✖       Depuis les années 70, l’humanité utilise chaque année plus de ressources que la Terre ne peut en
        produire en un an. Il faudrait désormais 1,6 Terre pour répondre aux exigences que nous imposons
        chaque année à la nature.
✖       Jusqu’à 300 millions de personnes sont déjà confrontées à un risque plus élevé d’inondations et
        d’ouragans en raison de la perte d’habitats et de protection sur les côtes.
✖       Aucun des 20 objectifs d’Aichi pour la biodiversité n’a été pleinement atteint en 2020, ce qui
        compromet la réalisation des objectifs de développement durable et sape les efforts visant à
        résoudre la crise de la biodiversité et la crise climatique.

Notre impact collectif sur la nature est sans précédent dans l’histoire de la planète. L’action
humaine a modifié de manière significative les trois quarts de l’environnement terrestre et les deux tiers de
l’environnement marin. En 2019, le 29 juillet était le jour du dépassement de la Terre, c’est-à-dire le jour où
nous avons utilisé plus de ressources que la Terre ne peut en reconstituer en un an.

Plus d’un tiers de la surface terrestre mondiale et près des trois quarts des ressources en eau
douce sont aujourd’hui consacrés aux cultures agricoles et à l’élevage.

La perte de biodiversité réduit nos choix pour l’avenir, en ce qui concerne notamment la mise au
point de nouveaux médicaments. Quelque 70 % des médicaments contre le cancer sont des produits
naturels ou synthétiques inspirés de la nature, et 4 milliards de personnes se soignent principalement grâce
à des remèdes naturels. Le déclin de la biodiversité entraîne la perte d’innombrables médicaments avant
même qu’ils ne soient découverts, un déficit irréparable pour l’humanité.

Avec ses nombreux effets préventifs et réparateurs sur la santé, la nature est également importante
au niveau personnel. Un contact régulier avec la nature peut réduire le stress et encourager l’activité
physique, ce qui a un effet positif sur l’humeur, la concentration et la santé, et réduit les risques inhérents
aux modes de vie inactifs. Des rapports récents de la convention des Nations unies sur la diversité
biologique (CDB) et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) confirment que des écosystèmes sains
sont essentiels à la prévention des maladies et doivent être considérés comme un pilier fondamental pour
des soins de santé rentables.

Les systèmes d’agriculture intensive sont devenus un facteur important responsable de la perte de
biodiversité: le recours généralisé aux pesticides et aux engrais, l’érosion des sols et la transformation des
forêts intactes en terres agricoles sont autant de facteurs qui ont un effet négatif sur les écosystèmes
mondiaux. Lorsque les sols se dégradent, ils deviennent moins fertiles, nécessitent plus d’apports
chimiques et perdent leur capacité à retenir l’eau et le carbone. Cela augmente la fréquence et l’intensité
des inondations et contribue aux émissions de gaz à effet de serre, tandis que les excès d’engrais se
retrouvent dans la mer et étouffent la vie marine.

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En plus des pressions que notre système alimentaire exerce aujourd’hui sur l’eau, les écosystèmes et
la biodiversité, environ un tiers de toute la nourriture produite dans le monde est gaspillé, soit environ
1,3 milliard de tonnes par an. Dans l’UE, environ un cinquième de notre production alimentaire est perdu ou
gaspillé, l’équivalent de 88 millions de tonnes de nourriture pour un coût de 143 milliards d’euros.

Liens

CBD Biodiversity and health (CDB, Biodiversité et santé), https://www.cbd.int/health/stateofknowledge/

Overshoot Day (Jour du dépassement), https://www.overshootday.org/

CBD Global Biodiversity Outlook (GBO5) Report (CDB, Rapport sur les perspectives relatives à la
biodiversité mondiale)

Les 20 objectifs d’Aichi pour la biodiversité

Chiffres relatifs au gaspillage alimentaire dans l’UE: http://www.eu-fusions.org/phocadownload/
Publications/Estimates %20of %20European %20food %20waste %20levels.pdf

Quelles sont les implications pour les entreprises?
✖       Plus de la moitié du produit intérieur brut (PIB) mondial dépend de la nature et de la valeur qu’elle apporte.
✖       L’inaction a un coût élevé qui devrait augmenter.
✖       La conservation de la biodiversité peut présenter des avantages économiques directs pour de
        nombreux secteurs d’activité.

La perte de biodiversité et l’effondrement des écosystèmes menacent également les fondements de
notre économie. Selon le Forum économique mondial, plus de la moitié du PIB mondial dépend de la nature
et des services qu’elle apporte: trois secteurs économiques clés, le bâtiment, l’agriculture et l’industrie
agroalimentaire, en sont fortement tributaires. Entre 1997 et 2011, la modification de la couverture
terrestre a entraîné une perte de services écosystémiques évaluée entre 3 500 et 18 500 milliards d’euros
par an et la dégradation des sols une perte de 5 500 à 10 500 milliards d’euros par an.

Les entreprises commencent à se rendre compte qu’elles dépendent des ressources naturelles pour
s’approvisionner en aliments, en fibres et en matériaux de construction. Les écosystèmes pollinisent
les cultures, filtrent l’eau, aident les déchets à se décomposer et régulent le climat. Le déclin de la nature
entraîne des coûts immédiats pour les entreprises en matière de risques opérationnels, de continuité des
chaînes d’approvisionnement, de risques de responsabilité et de risques pour la réputation, les parts de
marché et les financements. Ainsi, au rythme actuel, et sans précédent, de la destruction de la nature, le
capital naturel devient un enjeu important pour la plupart des entreprises, entraînant des problèmes de
pénurie et de qualité.

Les grandes entreprises reconnaissent ces risques, mais leur sensibilisation à ces enjeux ne s’est pas encore
généralisée. La façon dont les modèles commerciaux et l’approvisionnement en matériaux dépendent de la
nature et de la biodiversité est souvent méconnue, de même que les liens entre l’utilisation efficace des
ressources, les services écosystémiques, la biodiversité, le coût de l’inaction et le changement climatique.
Les décideurs politiques doivent fournir de meilleurs cadres comptables qui permettent aux entreprises
de comprendre leur incidence et leur dépendance vis-à-vis de la nature.

Outre la prise en compte de cette incidence et de cette dépendance, lorsque les entreprises investissent dans
la restauration des écosystèmes, cela peut également leur procurer des avantages tangibles. La conservation
des ressources halieutiques pourrait augmenter les bénéfices annuels de l’industrie des produits de la mer
de plus de 49 milliards d’euros, tandis que la protection des zones humides côtières pourrait permettre au
secteur des assurances d’économiser près de 50 milliards d’euros par an en réduisant les dommages dus aux
inondations. L’investissement dans le capital naturel, notamment la restauration des habitats riches
en carbone et l’agriculture respectueuse du climat, est reconnu comme faisant partie des cinq politiques
de relance budgétaire les plus importantes, qui ont des retombées économiques significatives et une
forte incidence positive sur le climat.

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Liens

Forum économique mondial (2020), The future of nature and business (L’avenir de la nature et de
l’économie), http://www3.weforum.org/docs/WEF_The_Future_Of_Nature_And_Business_2020.pdf

The economics of biodiversity: the Dasgupta review (L’économie de la biodiversité: le rapport Dasgupta),
https://www.gov.uk/government/publications/final-report-the-economics-of-biodiversity-the-dasgupta-review

Plateforme de l’UE sur les entreprises et la biodiversité,
https://ec.europa.eu/environment/biodiversity/business/index_en.htm

Alors, pourquoi constatons-nous une perte de biodiversité?
✖       La perte d’habitat, la surexploitation, le changement climatique, la pollution et les espèces exotiques
        envahissantes sont autant de facteurs qui contribuent à la perte de biodiversité.
✖       Mais les activités humaines non durables en sont la cause sous-jacente.
✖       Nos besoins en nouvelles ressources entraînent la déforestation, modifient les modes d’utilisation
        des terres et détruisent les habitats naturels partout dans le monde.

La principale raison de la crise climatique et écologique est attribuée au caractère non durable
des modes de production et de consommation. L’effet cumulatif d’un modèle économique dans lequel
nous concevons, fabriquons, utilisons, puis jetons plutôt que de réduire, réutiliser ou recycler a eu des effets
secondaires imprévus.

Selon le Groupe international d’experts sur les ressources, l’extraction et la transformation des
matériaux, des combustibles et des aliments sont à l’origine de 90 % de la perte de biodiversité
et de la moitié des émissions de gaz à effet de serre.

Dans notre modèle économique consumériste, les cycles politiques ainsi que les institutions publiques et
financières ont souvent tendance à se concentrer sur des préoccupations à court terme, faisant fi des
répercussions globales à long terme.

Le changement climatique a déjà un impact sur la perte de biodiversité en interagissant avec
d’autres facteurs et en les aggravant. Il est également probable que les effets des autres causes de la
perte de biodiversité s’intensifient dans le futur. Ces effets seront encore plus marqués à mesure que la
température continue d’augmenter.

En Europe, la principale cause de perte de biodiversité est due au changement d’affectation des
terres et d’utilisation des mers. Les pratiques agricoles et forestières sont devenues plus intensives,
avec plus d’additifs chimiques, moins d’espaces entre les champs et moins de variétés de cultures. Ce
manque de variété entraîne entre autres la diminution de la population des insectes, et donc des oiseaux,
dans les champs. Les subventions à la production, qui encouragent la quantité au détriment de la qualité et
de la variété, sont également un facteur. Les mers européennes sont aussi soumises à un certain nombre
de facteurs ayant une incidence sur la biodiversité, notamment la pêche, la dégradation des fonds marins,
la pollution et la prolifération des espèces non indigènes.

Le développement considérable des villes et des zones urbaines provoque l’imperméabilisation des sols et laisse
moins de place à la nature. Or, quand les terres arables et le développement urbain ne laissent pas de place à
la nature, cela entraîne un déclin des milieux naturels. Bon nombre de citoyens et d’entreprises ignorent à quel
point notre société dépend de la biodiversité. L’utilisation du produit intérieur brut (PIB) comme principale mesure
du développement économique peut également occulter l’ampleur de notre incidence sur l’environnement.

Liens

SDGs Global Resources Outlook 2019 (Perspectives des ressources mondiales 2019), https://wedocs.unep.
org/bitstream/handle/20.500.11822/27518/GRO_2019_SPM_EN.pdf?sequence=1&isAllowed

https://sdg.iisd.org/news/global-outlook-highlights-resource-extraction-as-main-cause-of-climate-change-
biodiversity-loss/

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Que se passe-t-il dans nos océans?
✖       Les océans jouent un rôle essentiel pour réguler le climat de notre planète et produire de l’oxygène
        à l’échelon mondial.
✖       Les principaux facteurs d’appauvrissement de la biodiversité marine sont la surpêche, les pratiques
        de pêche non durables et la pollution.
✖       Des solutions existent, mais elles doivent être mises en œuvre à grande échelle.

Plus de la moitié de l’oxygène que nous respirons provient d’organismes marins, un quart des
émissions annuelles de CO2 d’origine humaine dans l’atmosphère est absorbé par les eaux marines et
l’océan est le plus grand réservoir de carbone subissant un cycle actif de la planète (50 fois supérieur
à l’atmosphère).

En Europe, parmi les stocks qui font l’objet d’une évaluation complète dans la partie nord-est de l’océan
Atlantique, la proportion des stocks surexploités a reculé, passant d’environ 75 % à près de 40 % au cours
des dix dernières années. Cependant, malgré certains progrès, 75 % des stocks demeurent encore
surexploités en Méditerranée. On considère qu’en Europe, environ 43 % de la zone de plateau/pente et
79 % des fonds marins côtiers sont détériorés.

En raison des pressions exercées par notre système alimentaire et en particulier la pêche, les captures
accidentelles continuent de peser principalement sur les espèces menacées telles que les requins et
les raies (dont entre 32 et 53 % de toutes les espèces sont menacées), ainsi que sur les oiseaux et les
mammifères marins menacés.

La pollution de nos mers et océans affecte également la biodiversité marine. Si les niveaux de
contaminants rejetés dans les mers européennes ont diminué, les nouveaux polluants, tels que les
déchets marins et la pollution sonore sous-marine, augmentent. Par exemple, 93 % des oiseaux marins
de l’espèce Fulmarus glacialis examinés dans le nord-est de l’Atlantique contenaient du plastique dans
leur estomac et les cas d’enchevêtrement et d’ingestion de déchets plastiques ont augmenté de 49 %
au cours des deux dernières décennies. Il est donc essentiel de prendre des mesures visant à prévenir,
réduire et contrôler la pollution du milieu marin d’origine terrestre, notamment celle des fonds marins et
de leur sous-sol.

Mais il existe des solutions. Même pour nos mers, il existe des solutions politiques pour enrayer la perte
de biodiversité marine et commencer à rétablir la résilience de certains écosystèmes marins. L’UE a mis
en place un cadre législatif solide qui permet d’exploiter les mers d’Europe de façon durable. Toutefois,
si des solutions sont déjà prévues dans la législation existante (par exemple, la limitation du recours aux
engins de pêche agressifs, les zones marines protégées et les zones interdites à la pêche, l’élimination
des prises accessoires, etc.), elles doivent être mises en œuvre de manière plus efficace et plus rapide.

Liens

Rapport sur la mise en œuvre de la directive-cadre «stratégie pour le milieu marin», COM(2020) 259

Review of the status of the marine environment in the European Union (Examen de l’état du milieu marin
dans l’Union européenne), SWD(2020) 61, partie no 1 — partie no 2 — partie no 3

Rapport de l’AEE, Marine messages II (Messages marins II) (2020)

Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), Plastics and Shallow Water Coral Reefs
(Plastiques et récifs coralliens dans les eaux peu profondes), 2019

Rapport de la FAO, The state of the Mediterranean and Black Sea fisheries 2020 (La situation des pêches en
Méditerranée et en mer Noire 2020), https://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/CB2429EN.pdf

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Le lien entre la perte de biodiversité et les pandémies
✖       Les pandémies surviennent parce que nous détruisons la nature. Le risque de pandémies
        augmentera à l’avenir si nous ne favorisons pas des rapports harmonieux avec la nature.
✖       En détruisant la nature, nous permettons des contacts plus rapprochés entre les animaux sauvages,
        le bétail et les humains, ce qui favorise la transmission des microbes des animaux à l’espèce
        humaine et augmente les risques de pandémie.
✖       Les approches intégrées telles que le concept «Un monde, une seule santé» de l’OMS peuvent nous
        aider à concevoir des politiques plus efficaces qui tiennent compte de la santé des personnes, des
        animaux et des écosystèmes dont nous dépendons.
✖       La reprise économique qui a fait suite à la pandémie constitue une occasion unique de repartir sur
        de meilleures bases.
La COVID-19 a montré combien la santé des personnes est intimement liée à celle de notre planète. Il est de plus
en plus évident que l’exploitation non durable de la nature (c’est-à-dire la déforestation, le commerce et la
consommation d’espèces sauvages) est liée à un risque accru de propagation des maladies infectieuses.
Lorsque nous abattons des forêts et détruisons des écosystèmes, nous abattons les remparts naturels qui
nous protègent normalement des agents pathogènes. La mauvaise gestion continue du monde naturel
par la déforestation, l’extraction des ressources, l’urbanisation, l’agriculture industrielle et le commerce des
espèces sauvages a créé les conditions qui ont permis à la pandémie actuelle de voir le jour. Cette mauvaise
gestion est également à l’origine de l’apparition récente de nouvelles maladies telles que l’Ebola, le MERS, le
SRAS et la grippe aviaire, et pourrait provoquer des pandémies encore plus meurtrières à l’avenir.
La meilleure façon d’éviter les pandémies est de laisser suffisamment d’espace aux animaux sauvages et
de maintenir leurs populations en grand nombre. Ainsi, ils servent de tampon contre les maladies qui n’ont
pas leur place chez les humains et contribuent à prévenir les pandémies.
L’approche «Un monde, une seule santé» de l’Organisation mondiale de la santé permet de concevoir des
politiques globales, à l’échelle du gouvernement et de la société, qui associent la santé humaine, la santé
animale et le bien-être environnemental. Cette approche permet non seulement de réduire les risques de
pandémies, mais aussi de tenir compte du lien étroit entre la biodiversité et la santé humaine.
La reprise économique après la COVID-19 constitue une occasion sans précédent de bâtir une économie plus
durable qui protège, restaure et soulage les systèmes qui sont à la base même de la vie sur Terre, au lieu de les
détruire. La protection et la restauration de la nature peuvent jouer un rôle de premier plan dans ce processus.
Le plan de relance de l’UE prévoit 1 800 milliards d’euros pour aider à créer une Europe plus verte, plus
numérique et plus résiliente. Près de 750 milliards d’euros sont affectés aux efforts de relance immédiats, dont
37 % sont consacrés à la transition verte respectueuse du climat. La stratégie de l’UE en faveur de la
biodiversité, dans la lignée du pacte vert pour l’Europe, constitue un élément central de ce plan de relance et
offre des perspectives immédiates en matière de commerce et d’investissement en vue de relancer l’économie.
Dans le même temps, un récent rapport du PNUE souligne que seuls 18 % des fonds actuellement débloqués
par les gouvernements du monde entier pour faire face aux conséquences de la pandémie font l’objet
d’investissements durables. Jusqu’à présent, les dépenses mondiales en faveur de la reprise n’ont pas mobilisé
d’investissements verts.
Liens

Nuclear Threat Initiative (NTI) (2019), https://www.nti.org/newsroom/news/inaugural-global-health-security-
index-finds-no-country-prepared-epidemics-or-pandemics/
Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services (IPBES) (2020),
Pandemics report: escaping the ’Era of pandemics’ (Rapport sur la biodiversité et les pandémies: échapper à
l’«ère des pandémies») https://ipbes.net/pandemics
PNUE (2020), communiqué de presse intitulé «Sommes-nous sur la voie d’une relance verte? Pas encore»,
https://www.unep.org/fr/actualites-et-recits/communique-de-presse/sommes-nous-sur-la-voie-dune-relance-
verte-pas-encore
Approche «Un monde, une seule santé» de l’Organisation mondiale de la santé

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Le lien entre le changement climatique et la crise de la nature
✖       Sur le plan des conséquences, la crise mondiale de la biodiversité est tout aussi grave que le
        changement climatique.
✖       La perte de biodiversité et la crise climatique sont étroitement liés et leurs effets se renforcent
        mutuellement.
✖       La protection de la biodiversité et la restauration des écosystèmes sont toutefois un excellent
        moyen de contrer les effets du changement climatique.

La lutte contre la crise climatique est le défi majeur de notre époque. Si nous ne parvenons pas
à relever ce défi, les conséquences pour l’environnement, notre santé et nos moyens d’existence seront
bien pires que celles de la pandémie de COVID-19. Les décisions que nous prenons concernant le climat
détermineront l’avenir de notre économie, de notre société et de l’humanité.

La crise climatique a des répercussions fortes et directes sur la biodiversité. Le changement climatique
fragilise les écosystèmes et intensifie les effets d’autres facteurs du déclin de la biodiversité, tels que
la perte et la fragmentation des habitats, la pollution, la surexploitation et la prolifération des espèces
exotiques envahissantes.

Les paysages marins et polaires subissent déjà des mutations rapides. L’augmentation des températures
accroît la fréquence et l’intensité des incendies de forêt et nuit à la vie sauvage. Les mers absorbent plus
de 90 % de l’excès de chaleur de la Terre et, à mesure qu’elles se réchauffent, elles libèrent davantage de
carbone dans l’atmosphère et deviennent moins hospitalières pour la vie marine. Elles enregistrent en outre
une baisse de l’oxygène qu’elles contiennent, qui a diminué de 3 % depuis 1960. En raison de la hausse des
températures, les prairies et les savanes se désertifient et se dégradent plus rapidement que tout autre type
d’habitat sur la planète.

Cette perte de biodiversité a également un effet négatif sur le climat. Au lieu de stocker le carbone dans
les sols et la biomasse, les écosystèmes le rejettent dans l’atmosphère. La déforestation augmente quant
à elle la quantité de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, ce qui aggrave la perte de biodiversité.

La perte de biodiversité et le changement climatique sont liés et interdépendants. Nous ne
pouvons pas lutter contre la perte de biodiversité sans nous attaquer à la crise climatique et nous ne
pouvons pas lutter contre la crise climatique sans nous attaquer en même temps à la perte de biodiversité.

Sur le plan positif, la conservation et la restauration de la biodiversité et des écosystèmes peuvent
apporter une contribution essentielle à la lutte contre le changement climatique, à tel point que 30 % de
nos objectifs d’atténuation des changements climatiques pourraient être atteints grâce à des solutions
ancrées dans la nature, telles que la restauration des forêts, des sols et des zones humides. Changer
les comportements et les modes de consommation, comme la consommation excessive de viande,
permettrait de réduire davantage les pressions sur la biodiversité et notre climat.

Liens

Global trends to 2030 report (European Strategy and Policy Analysis System, ESPAS, 2019) (Tendances
mondiales pour 2030), https://espas.secure.europarl.europa.eu/orbis/sites/default/files/generated/
document/en/ESPAS_Report2019.pdf

Le changement climatique et la perte de biodiversité sont deux aspects d’une même question,
https://wwf.panda.org/our_work/climate_and_energy/climate_nature_future_report/

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La société est-elle consciente de l’importance de la biodiversité?
✖       La prise de conscience de l’importance de la biodiversité est encore faible, mais elle augmente,
        comme l’a révélé l’enquête Eurobaromètre de 2019 sur la biodiversité.
✖       Le changement climatique est incontestablement considéré comme le principal défi mondial ayant
        des répercussions sur l’avenir de l’UE.

Des études telles que l’évaluation mondiale de la plateforme intergouvernementale scientifique et politique
sur la biodiversité et les services écosystémiques de 2019 et des programmes télévisés comme la série
Planète Terre de David Attenborough contribuent à sensibiliser le grand public.

L’enquête mondiale menée par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), qui a
interrogé 1,2 million de personnes dans 50 pays (dont beaucoup de jeunes), a révélé que 64 % des personnes
consultées pensent que le changement climatique est une urgence mondiale et appellent à une action de
grande ampleur (PNUD, 2021). Dans une enquête Eurobaromètre publiée en mai 2019 et réalisée auprès
de plus de 27 000 personnes dans tous les États membres, 95 % des personnes interrogées reconnaissent
qu’il est de notre responsabilité de prendre soin de la nature et qu’il est essentiel de le faire afin de lutter
contre le changement climatique. Environ 93 % des personnes interrogées ont également reconnu que notre
santé et notre bien-être sont liés à la nature et à la biodiversité. Un nombre croissant de citoyens prennent
conscience du rôle positif que jouent la nature et les écosystèmes, notamment dans les domaines de la
santé et de la sécurité alimentaire, ainsi que pour atténuer le changement climatique et s’y adapter.

Alors que la dynamique en faveur de la biodiversité se développe parmi les différents acteurs, y compris les
entreprises, les différents niveaux de gouvernement ou les citoyens, tous ne sont pas sur la même longueur d’onde
en ce qui concerne le besoin urgent de s’attaquer aux facteurs directs et indirects de la perte de biodiversité.

Grâce à des initiatives européennes telles que #EUBeachCleanup ou la directive relative au plastique à
usage unique, la sensibilisation aux déchets marins, notamment le plastique, figure parmi les priorités des
pouvoirs publics.

Liens

Enquête Eurobaromètre, https://ec.europa.eu/commfrontoffice/publicopinion/index.cfm/survey/
getsurveydetail/instruments/special/surveyky/2194

Conference of Europe Eurobarometer (Enquête Conférence sur l’Europe) (2021)

Directive de l’UE relative au plastique à usage unique,
https://ec.europa.eu/environment/topics/plastics/single-use-plastics_en

Rapport de l’IPBES, https://ipbes.net/news/ipbes-global-assessment-preview

Enquête mondiale menée par le PNUD (2021), https://www.undp.org/content/undp/en/home/news-centre/
news/2021/Worlds_largest_survey_of_public_opinion_on_climate_change_a_majority_of_people_call_
for_wide_ranging_action.html

Comment pouvons-nous mettre fin à ce déclin?
✖       Nous devons réduire fortement les émissions de carbone et élargir le panel des solutions disponibles.
✖       Comme le prévoit le pacte vert pour l’Europe, nous avons besoin d’un accord mondial ambitieux
        pour mettre un terme à la perte de biodiversité lors de la COP 15 à la CDB en Chine cette année,
        comme le prévoit la stratégie de l’UE en faveur de la biodiversité à l’horizon 2030.
✖       Le cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020 doit permettre à la nature de se reprendre,
        ainsi que d’initier des changements rapides et profonds.

Les scientifiques affirment que les dix prochaines années sont critiques. Nous devons modifier en
profondeur notre mode de vie et nos activités, tant au niveau de nos systèmes énergétiques et de l’utilisation
des terres qu’au niveau des bâtiments, des villes, des transports et de l’alimentation. Nous devons cesser de

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