UNE RETRAITE POUR TOUS - CONTRIBUTION DE L'UNION DES ENTREPRISES LUXEMBOURGEOISES AU DÉBAT NATIONAL SUR L'AVENIR DES RETRAITES, 17 JUIN 2011 ...
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UNE RETRAITE POUR TOUS CONTRIBUTION DE L’UNION DES ENTREPRISES LUXEMBOURGEOISES AU DéBAT NATIONAL SUR L’AVENIR DES RETRAITES, 17 JUIN 2011 www.uel.lu
UNE RETRAITE uel POUR TOUS UNE RETRAITE POUR TOUS CONTRIBUTION DE L’UNION DES ENTREPRISES LUXEMBOURGEOISES AU DéBAT NATIONAL SUR L’AVENIR DES RETRAITES, 17 JUIN 2011 page 3
UEL S sommaire sommaire AVANT-PROPOS04 1 - Quelles sont les caractéristiques du système de pension luxembourgeois ? 06 1.1 Des prestations de pensions extrêmement généreuses 08 1.2 Un modèle de financement qui préserve actuellement la compétitivité 12 de l’économie luxembourgeoise 2 - Quels sont les risques qui pèsent sur le système de pension ? 14 2.1 Une évolution démographique atypique 15 2.2 L’impact financier de l’augmentation des dépenses consacrées aux pensions 18 3 - Que va-t-il se passer si rien ne change ? 20 3.1 Que va-t-il se passer si la croissance du PIB réel est de 3.2% par an ? 24 3.2 Que va-t-il se passer si la croissance du PIB réel est de 3.0% par an ? 28 3.3 Que va-t-il se passer si la croissance du PIB réel est de 2.0% par an ? 30 3.4 Conclusions de l’étude de sensibilité 33 4 - Quels principes devront guider la réforme du système de pension ? 34 5 - Quelles sont les options envisageables ? 36 5.1 Vers une augmentation des prélèvements ? 37 5.2 Vers une réduction de la masse des prestations ? 38 5.2.1 Supprimer l’ajustement des pensions à l’évolution réelle des salaires 38 5.2.2 Abaisser le plafond cotisable à 4 X SSM 41 5.2.3 Augmenter la durée de la carrière cotisable 42 5.2.4 Encourager le recours aux mécanismes de pension complémentaire 48 6 - A quel moment agir ? 50 6.1 Définir ensemble un seuil d’action objectif 52 6.2 Introduire un coefficient de durabilité pour garantir l’équité intergénérationnelle 54 7 - CONCLUSION 56 ANNEXE58 BIBLIOGRAPHIE60 L'UEL EN BREF 64 page 5
UEL UNE RETRAITE POUR TOUS AVANT-PROPOS AVANT-PROPOS M. Michel WURTH, Président de l’Union des Entreprises Luxembourgeoises (UEL) L’UEL et avec elle toutes les entreprises repré- En parallèle à toute réforme, il est tout aussi sentées au sein de ses organisations membres nécessaire et primordial d’agir pour améliorer s’engagent pour une économie luxembour- la compétitivité du Luxembourg. Seule une geoise prospère, offrant du travail au plus économie compétitive est capable d’accroître grand nombre et donnant des revenus attractifs l’activité des entreprises luxembourgeoises, sous forme de salaires, de prestations sociales et ce d’autant plus que le Luxembourg est et de profits à tous ceux qui contribuent ou ont une petite économie fortement orientée vers contribué à la richesse de notre pays. C’est l’extérieur. Seule une activité économique forte dans cet esprit et avec une vue de durabilité permettra de maintenir un taux de création que l’UEL exprime au moyen de ce document d’emplois vigoureux. Et sans croissance de ses propositions pour une réforme des pen- l’emploi et accroissement de la masse coti- sions réaliste et de bon sens. sable, les équilibres macroéconomiques de la sécurité sociale ne peuvent, même par une L’UEL est d’avis qu’il est nécessaire d’agir réforme de taille, être maintenus. et d’agir dès maintenant en vue de réaliser une réforme du régime général des pensions Voilà pourquoi une hausse des cotisations qui soit de nature à tenir compte des réalités sociales, voire une fiscalisation accrue du finan- économiques et démographiques présentes et cement de la sécurité sociale en général et du surtout futures. régime des pensions n’est pas une solution. De telles propositions signifieraient une ponction Il est du devoir des responsables politiques et supplémentaire sur l’appareil productif - seul des partenaires sociaux d’œuvrer dans cette créateur de richesse économique – et réduiront direction afin de maintenir un système de in fine notre capacité de croissance et donc la pensions généreux qui puisse non seulement soutenabilité de notre modèle social. C’est pour protéger les personnes profitant de la retraite cette raison que l’UEL se bat systématiquement actuellement mais également les générations contre toute hausse des cotisations sociales et futures. Les jeunes qui entrent sur le marché a obtenu tant dans l’accord tripartite de 2006 du travail aujourd’hui ne bénéficieront pas de la que dans l’accord bipartite de 2010 l’enga- retraite avant une quarantaine d’années. Il faut gement de ne pas augmenter les cotisations donc que les pouvoirs politiques mettent sur sociales. De même, la fiscalisation à outrance pied un système de pension doté d’une vision de la sécurité sociale n’est pas une solution car, qui va au-delà de simples projections de 10 à dans notre pays, plus de 35% des charges so- 20 ans. ciales sont d’ores et déjà financés par l’impôt. Il est clair que cet objectif ne peut unique- Une réforme digne de ce nom s’appuyant ment être atteint par une réforme de fond, une sur une économie compétitive est donc la réforme courageuse et ambitieuse. Ceux qui ne condition sine qua non pour limiter les consé- voient pas la nécessité d’une réforme profonde quences futures qu’engendrera l’inéluctable du système de pension prônent et encou- évolution démographique de la population ragent, que ce soit de manière consciente actuelle (active ou non) du Luxembourg, voire ou non une pyramide « de Ponzi ». Ils devront pour œuvrer vers un système de pensions endosser la responsabilité de leur immobilisme soutenable et cohérent qui puisse assurer un dont les conséquences seront désastreuses avenir aux générations futures. pour les générations futures. page 7
01 Quelles sont les caractéristiques du système de pension Quelles sont luxembourgeois ? les caractéristiques du système de pension luxembourgeois ? Le Luxembourg est confronté à un paradoxe- Pourtant, le Luxembourg fait face à un para- qui peut prêter à confusion: derrière une très doxe : à court terme, le régime général de grande générosité et malgré de « plantureuses » pension se porte très bien. Malgré la crise réserves, le système de pension luxembour- financière et économique mondiale que vient geois n’est tout simplement pas financièrement de traverser le Luxembourg, le régime de pen- soutenable à terme. sion présente un excédent annuel de l’ordre de 800 millions EUR par an au cours des années Dans un avenir rapproché, la sécurité sociale 2007 à 2010. Selon les prévisions de la 12ème dans son ensemble sera soumise aux effets actualisation du programme de stabilité et de du vieillissement de la population. Ce déficit croissance du Grand-Duché de Luxembourg démographique ayant jusqu’à présent pu être pour la période 2011-2014, cet excédent pallié par l’afflux massif d’immigrés et de jeunes devrait continuer à osciller autour de 1.5% du frontaliers, deviendra un facteur générateur de 01 PIB tous les ans. Ces excédents récurrents déficits publics qui sera difficilement gérable ont permis d’accumuler une réserve dépassant pour les générations futures. De plus, cette les 10,5 milliards d’euros fin 2010, réserve qui évolution exponentielle de la population active correspond à 3,7 fois le montant annuel des et du nombre total de résidents aura des prestations et 25% du PIB nominal. En compa- conséquences très importantes sur de nom- raison avec les autres pays européens, aucun breux domaines tels que les infrastructures, le régime de pension public faisant application du coût du logement, la nature et le « mal vivre » système de financement par répartition ne peut inhérent à une société toujours plus dichoto- se targuer d’une telle performance. mique dans laquelle nos concitoyens ont de plus en plus de mal à se reconnaître. Mais si rien ne change, si le système actuel devait perdurer, avec le niveau de cotisation et Aussi bien le FMI, que l’OCDE, le Conseil la formule de calcul des prestations afférente, européen, la Commission européenne ou le un « cash drain » formidable surviendra. Bureau international du travail (BIT) ont sou- Il absorbera les réserves dans un laps de ligné le caractère insoutenable à long terme temps restreint, alors que le nombre de bénéfi- du système de pension luxembourgeois. Tous ciaires de pensions progressera fortement par les experts étrangers concluent à l’impérieuse rapport au nombre de cotisants. nécessité d’une réforme. Au niveau national, ces analyses sont relayées par de nombreuses institutions renommées comme la Banque centrale du Luxembourg-Eurosystème, l’IGSS, le STATEC, la CNAP, l’UEL et même par le Premier Ministre qui a consacré la notion de « Rentenmauer ». page 9
UNE RETRAITE POUR TOUS uel 01 Quelles sont les caractéristiques du système de pension luxembourgeois ? 1.1 Des prestations de pensions extrêmement généreuses Taux de remplacement brut moyen au Luxembourg, dans les pays voisins et moyenne de l’OCDE (en % du salaire) 100% 1.1 Des prestations de pensions Par conséquent, le régime général d’assurance extrêmement généreuses pension au Luxembourg présente plusieurs 80% particularités : des prestations fortes, des pré- Le régime de pension offre un niveau de pres- lèvements faibles et un âge effectif de départ à 60% tation inégalé en Europe : la retraite faible. La corrélation de ces éléments ’âge de départ en retraite anticipée sans L permet de conclure que le système luxembour- 40% réduction actuarielle du montant de la geois de pensions est extrêmement généreux. pension (57 ans) est parmi les plus faibles Il s’agit à la fois d’un système extrêmement d’Europe ; généreux en comparaison internationale et 20% d’un système dont le financement est favorisé à e taux de remplacement semi-net de la L 1 l’heure actuelle par la compétitivité des entre- 0% pension de vieillesse après 40 ans de coti- prises luxembourgeoises et par l’attractivité sations est en moyenne supérieur à 85% des salaires. Belgique allemagne france ocde luxembourg du revenu moyen cotisable (revalorisé) de la carrière d’assurance et peut atteindre Source : OCDE 106% pour une carrière d’assurance L’objectif de l’UEL est de garantir la viabilité basée sur le salaire social minimum ; du régime de pensions tout en préservant e taux de réversion de la pension de L un système performant et son impact positif survie du conjoint est supérieur à 75% de sur la compétitivité. Selon l’OCDE2 , le taux de remplacement Le graphique ci-dessus illustre le niveau la pension du défunt (sans application des brut moyen3 au Luxembourg est de 87.40% particulièrement généreux des prestations dispositions anti-cumul) ; en 2010. Ce taux n’est que de 57.30% en de pensions au Luxembourg alors même que La générosité du système luxembourgeois de moyenne dans les pays de l’OCDE. L’écart est les rémunérations au Luxembourg sont déjà es pensions bénéficient de l’indexation L pension est parfaitement illustrée par le taux de particulièrement sensible avec les trois pays beaucoup plus importantes que dans les pays automatique à l’échelle mobile des salaires remplacement brut moyen et par l’âge effectif voisins : en France, ce taux de remplacement limitrophes. pour éviter la perte du pouvoir d’achat de départ à la retraite. Le premier figure parmi brut moyen n’est que de 49.10%, en Belgique due à l’inflation et bénéficient en outre de les plus élevés de l’ensemble des pays déve- et en Allemagne il atteint seulement 42%. l’ajustement au niveau réel des salaires loppés. Le second est parmi les plus faibles de et bénéficie ainsi de l’augmentation de la l’ensemble des pays développés. productivité de la population active. Les bénéficiaires du système luxembour- geois des pensions profitent non seulement de prestations plus élevées que leurs voisins limitrophes et européens mais en profitent également beaucoup plus tôt. 2 OCDE, Indicateurs de l’OCDE sur les pensions, dernière mise à jour le 28 janvier 2011, disponible à l’adresse suivante : http://www.oecd.org/document/14/0,3746, fr_2649_37411_45565646_1_1_1_37411,00.html 3 le taux de remplacement brut correspond au montent de la notes 1 Après déduction des cotisations pour assurance pension notes pension perçue au titre de la retraite par rapport au salaire page 10 www.uel.lu page 11
UNE RETRAITE POUR TOUS uel 01 Quelles sont les caractéristiques du système de pension luxembourgeois ? 1.1 Des prestations de pensions extrêmement généreuses âge effectif moyen et âge officiel moyen de départ à la retraite au Luxembourg, dans les pays voisins et moyenne OCDE pour les hommes au cours de la période 2004-2009 En plus du fait que les prestations sont Les graphiques ci-contre comparent la 66 extrêmement généreuses au Luxembourg, moyenne de l’âge effectif et de l’âge officiel 64 l’âge effectif de départ à la retraite au Luxem- de départ à la retraite pour les hommes et les 62 bourg est l’un des plus faibles de l’OCDE 4 . femmes au Luxembourg, dans les pays voisins Tandis que l’âge officiel de départ à la retraite et la moyenne des pays de l’OCDE entre 2004 60 est de 65 ans, l’âge effectif moyen n’est que et 2009. 58 de 57,3 ans pour les hommes et de 58 ans 56 pour les femmes 5 . A titre de comparaison, en moyenne dans les pays de l’OCDE, cet 54 âge effectif moyen est de 63,9 ans pour les 52 hommes et de 62,5 ans pour les femmes. luxembourg Belgique france allemagne ocde Source : OCDE Âge effectif de départ à la retraite Âge officiel de départ à la retraite âge effectif moyen et âge officiel moyen de départ à la retraite au Luxembourg, dans les pays voisins et moyenne OCDE pour les femmes au cours de la période 2004-2009 66 64 62 60 58 56 54 luxembourg Belgique france allemagne ocde Source : OCDE Âge effectif de départ à la retraite Âge officiel de départ à la retraite 4 OCDE, « Statistiques sur l’âge effectif moyen et officiel de la retraite dans les pays de l’OCDE », disponible à l’adresse suivante : http://www.oecd.org/document/54/0,3746, fr_2649_37411_39374006_1_1_1_37411,00.html 5 Entre 2004 et 2009. Pour l'année 2010, d’après les données les plus récentes de l’IGSS, l’âge de départ effectif à la retraite notes serait de 59 ans. page 12 www.uel.lu page 13
UNE RETRAITE POUR TOUS uel 01 Quelles sont les caractéristiques du système de pension luxembourgeois ? 1.2 Un modèle de financement qui préserve actuellement la compétitivité de l’économie luxembourgeoise Le taux de prélèvements sur salaires destinés à financer le régime des pensions dans les pays de l’OCDE en 2009 pologne italie 1.2 Un modèle de financement qui préserve ’accroître l’attractivité du Luxembourg : d rép.tchèque pays-bas actuellement la compétitivité de l’attractivité des salaires constitue un espagne l’économie luxembourgeoise des piliers du modèle de développe- hongrie ment luxembourgeois. Sans des salaires france Le régime général d’assurance pension se rép. slovaque attractifs, l’économie luxembourgeoise ne caractérise par un taux de cotisations relati- autriche parviendra plus à attirer les compétences ocde vement faible en comparaison internationale. nécessaires à son développement (travail- finlande Comme l’indique le graphique ci-contre, le taux leurs immigrés ou travailleurs frontaliers) grèce de cotisation au Luxembourg correspond à turquie et ne sera plus capable de préserver la 16% 6 du salaire brut (8% à charge des salariés allemagne qualité de vie de ses habitants ; suède et 8% à charge des employeurs). Ce taux est belgique bien inférieur à celui de la plupart des pays de ’accroître le pouvoir d’achat des salariés : d luxembourg l’OCDE (la moyenne OCDE est de 21%). des cotisations de pension relativement japon etat-unis faibles permettent d’offrir aux salariés, à coût Ce taux est bien inférieur à celui des principaux suisse du travail constant, une rémunération très canada pays voisins : en France ce taux de prélèvement attractive en comparaison internationale. corée sur salaires est de 24%, en Allemagne il est de 19.5%. 0 5 10 15 20 25 30 35 40 Le taux de prélèvement sur salaires destinés Tout relèvement des cotisations sociales Source : OCDE à financer le régime des pensions constitue pour financer le régime général d’assurance un avantage compétitif très important pour le pension constituerait un très mauvais signal Luxembourg. Il permet à la fois : pour les entreprises et les investisseurs e préserver la compétitivité-coût des d étrangers. Cela signifie que toute dérive du Reconnaissant le bien-fondé de cette entreprises luxembourgeoises : des coti- régime général d’assurance pension serait approche, le Gouvernement s’est défendu sations de pension relativement faibles compensée par une augmentation du coût de relever les cotisations sociales pendant en comparaison internationale permettent du travail et donc une réduction de la com- de la période législative en cours et en de maintenir le coût du travail à un niveau pétitivité-coût des entreprises implantées particulier dans le cadre de la réforme de compétitif par rapport aux principaux pays au Luxembourg ou désirant s’y implanter. l’assurance pension envisagée. voisins ; Les taux de cotisation actuels doivent demeurer inchangés étant donné qu’il s’agit du principal avantage compétitif du Luxem- bourg. 6 Notons que l’assiette de cotisation (les revenus allant jusque 5x SSM) au Luxembourg est plus grande que celle de la majorité des pays de l’OCDE et qu’il y a une partcipation de l’Etat notes lluxembourgeois à hauteur de 8% (total de 24%) page 14 www.uel.lu page 15
02 Quels sont les risques qui pèsent sur le système Quels sont de pension ? 2.1 Une évolution démographique atypique les risques qui pèsent sur le système de pension ? Population du Luxembourg et personnes protégées au titre du régime de sécurité sociale par sexe et par âge en 2008 hommes + de 85 femmes 80-84 75-79 70-74 65-69 60-64 55-59 50-54 45-49 40-44 35-39 30-34 25-29 20-24 02 15-19 10-14 5-9 0-4 40 35 30 25 20 15 10 5 0 âge 0 5 10 15 20 25 30 35 40 milliers milliers Source : IGSS et OCDE Personnes protégées par le système de sécurité sociale au Luxembourg Population du Luxembourg L’épée de Damoclès qui pèse sur le système 2.1 Une évolution démographique atypique luxembourgeois de pension trouve son origine La situation démographique est préoccupante. dans la structure démographique de notre pays A l’heure actuelle, la structure de la population et dans l’augmentation massive du nombre de et la situation du marché du travail (notamment cotisants du fait à la fois de l’immigration et de du fait de l’afflux massif de travailleurs fron- l’afflux de travailleurs frontaliers. Cette situation taliers) permettent au régime de pension de fait peser des risques insoutenables sur les fonctionner de manière apparemment opti- finances publiques du Luxembourg. male. Au regard du graphique ci-dessus, les personnes actuellement actives sur le marché du travail permettent de financier abondam- ment les pensions des personnes actuellement retraitées. page 17
UNE RETRAITE POUR TOUS uel 02 Quels sont les risques qui pèsent sur le système de pension ? 2.1 Une évolution démographique atypique Évolution du nombre de cotisants pour garantir la soutenabilité financière du régime des pensions entre 2011 et 2100 (avec un taux de croissance de l’emploi de 3.4%, constant sur toute la période) Avec le temps, le nombre de personnes ayant 8.000.000 En revanche, ce que les analystes et les droit à une retraite supportée par le régime décideurs ignorent, c’est l’évolution future général d’assurance pension va croître de 7.000.000 du nombre de cotisants. Cette évolution manière substantielle sans pour autant qu’il dépendra de la capacité de l’économie soit envisageable que la croissance de l’emploi 6.000.000 luxembourgeoise de rester compétitive et (et notamment de l’emploi frontalier) suive de créer des emplois supplémentaires, forcément la même tendance que celle de ces 5.000.000 mais également de sa capacité d’attirer des dernières années. travailleurs étrangers (immigrants ou fronta- 4.000.000 Comme le rappelle l’OCDE dans son évalua- liers) au Luxembourg. tion de la situation économique datant de mai Cette évolution dépendra également de 3.000.000 2010 : la possibilité pratique du Luxembourg de « Dans l’immédiat, il y a peu de pressions sur pouvoir accueillir tous ces emplois en ce 2.000.000 la viabilité budgétaire. Toutefois, la situation compris de supporter le coût des infrastruc- budgétaire à long terme est beaucoup plus fra- tures, le coût du logement et l’impact sur la 1.000.000 gile, en raison de l’ampleur des engagements nature. futurs de retraite. Si la croissance potentielle 0 2010 2014 2018 2022 2026 2030 2034 2038 2042 2046 2050 2054 2058 2062 2066 2070 2074 2078 2082 2086 2090 2094 2098 devait ralentir nettement à la suite de la crise, cela accentuerait les tensions budgétaires. Pour les optimistes qui pensent que l’évolution Le financement à court terme du système de des vingt-cinq dernières années va se pour- retraite repose actuellement sur un faible taux suivre à l’avenir, on peut calculer qu’avec une de dépendance des personnes âgées ainsi Source : Statec et prévisions IGSS croissance annuelle de l’emploi de 3.4% par que sur les cotisations acquittées par des an 8 , on réussira à maintenir l’équilibre financier travailleurs frontaliers relativement jeunes. À du système de pension. Mais cet équilibre l’avenir, ces deux facteurs s’inverseront et l’on financier s’accompagnera d’une croissance prévoit une hausse considérable du coût des exponentielle de l’emploi intérieur : l’emploi Quelle société voulons-nous laisser à retraites. » 7 intérieur qui est de 357 200 en 2010 attein- nos enfants ? Sommes-nous condamnés drait 1 360 000 emplois en 2050 (7 240 000 à faire de notre pays une mégalopole emplois en 2100). où les tours pousseraient comme des En matière de pensions, il n’existe qu’une champignons ? Le pays est-il capable seule certitude : au cours des quarante Ceci signifie concrètement que pour un jeune de faire face à une telle explosion de prochaines années, à politique constante, assuré qui a vingt ans en 2011, la condition la population ? Saura-t-il prévoir suffi- le système luxembourgeois de pensions qu’il pourra toucher à 60 ans (en 2051), la pen- samment d'infrastructures : autoroutes sera confronté à une augmentation massive sion promise par la législation actuelle sera un supplémentaires, logements, gardes de ses dépenses, lorsque les nombreux nombre de cotisants de 1 400 000 en 2051. d'enfants, écoles toute la journée etc. cotisants supplémentaires de ces dernières Et la condition de continuer de bénéficier de tout en tenant compte de l'environne- décennies se transformeront en bénéfi- cette pension jusqu’à l’âge de 80 ans sera de ment ? ciaires de pension. 2 000 000 de cotisants en 2071. OCDE, « Etudes économiques de l’OCDE – Luxembourg », 7 Synthèse, Mai 2010, pp. 4-5. 8 Ce taux de 3.4% correspond à la moyenne historique de notes croissance de l’emploi des dernières années. page 18 www.uel.lu page 19
UNE RETRAITE POUR TOUS uel 02 Quels sont les risques qui pèsent sur le système de pension ? 2.2 L’impact financier de l’augmentation des dépenses consacrées aux pensions Part des dépenses publiques de retraite dans le PIB en 2010 et en 2060 (en % du PIB) année 2060 part des dépenses publiques de retraite dans le PIB 2.2 L’impact financier de l’augmentation % Les réserves substantielles du régime des dépenses consacrées aux pensions 30 général d’assurance pension, même à sup- Les dépenses consacrées au paiement des poser qu’elles revêtent un caractère liquide, 25 pensions augmenteront de manière très forte ne suffiront pas pour garantir la viabilité du lux grc au cours des prochaines années 9 . En 2009, système à moyen et long terme. 20 les dépenses courantes du régime de pensions Les prestations de retraite sont très élevées s’élevaient à 2,865 milliards EUR, soit 7.5% du 15 bel fra au regard de la moyenne de l’OCDE et le esp hun PIB. Les dépenses courantes ont augmenté fin prt aut ita régime ne peut pas être maintenu durable- nld deu en moyenne de l’ordre de 5% par an au cours 10 irl cze svk ment sans une réforme de fond. swe des 10 dernières années (1999-2009). Cette gbr dnk pol augmentation devrait continuer de croître à un D’ailleurs, le Luxembourg est l’un des très 5 rythme très soutenu. Ce rythme devrait être rares pays de l’OCDE à n’avoir pas entre- largement supérieur à la création de richesse. pris de réformes majeures. 0 Selon les estimations de l’OCDE illustrées par 5 10 15 20 25 30 le graphique ci-contre, les dépenses publiques % consacrées aux retraites devraient atteindre année 2010 24% du PIB en 2060. Source : Commission européenne10 et OCDE11 L'impact financier des dépenses consa- crées aux pensions place le Luxembourg comme étant le pays le plus à risque de l’Union européenne : c’est en effet au Luxembourg que le coût du vieillisse- ment augmentera le plus au cours des prochaines décennies. 9 Cette affirmation repose sur des projections de croissance du PIB telle que l'OCDE et la Commission européenne l'ont estimée. Contrairement à la section précédente, ces estimations 10 EUROPEAN COMMISSION (2009), « Sustainability Report2009 », ne reposent pas sur une croissance annuelle de l'emploi de European Economy, Issue 9, Brussels. notes 3.4% par an. notes 11 OCDE, Les pensions dans les pays de l’OCDE 2009 page 20 www.uel.lu page 21
03 Que va-t-il se passer si rien ne change ? Que va-t-il se passer si rien ne change ? Le régime général d’assurance pension repose Les recettes et dépenses courantes sont sur le principe de la répartition des charges et reproduites à l’exclusion des charges d’intérêt ainsi sur un contrat entre générations. Dans un ou produits du patrimoine. Les dépenses cou- tel système, les cotisations qui sont prélevées rantes en proportion du PIB sont estimées par auprès des actifs à un moment donné servent à la Commission européenne12 . financer les pensions de ceux qui sont retraités Cette section va s’attacher à montrer, pour au même moment. Ensemble avec le niveau différents scénarios de croissance du PIB réel, des cotisations et prestations, le rapport entre les dates clés suivantes : les deux types de personnes mentionnés ci-dessus détermine largement le caractère ate à partir de laquelle les dépenses D pérenne ou non d’un système de pension. Il courantes annuelles du régime général importe partant de surveiller l’évolution de ces d’assurance pension seront supérieures 03 différents agrégats pour pouvoir procéder, le aux recettes courantes annuelles cas échéant, aux ajustements nécessaires afin ate à partir de laquelle les réserves D de maintenir durablement le régime général commenceront à diminuer pour compenser d’assurance pension et ses prestations perfor- le déficit courant annuel du régime général mantes. d’assurance pension, autrement dit la date Dans le régime général des pensions, les à partir de laquelle les revenus financiers recettes courantes générées par les cotisa- générés par les réserves du système géné- tions doivent pouvoir faire face à l’ensemble ral des pensions ne seront plus suffisants des dépenses courantes afin d’assurer les pour compenser le déficit courant annuel prestations promises au titre de pension. De du régime général d’assurance pension la soustraction des dépenses courantes des ate à partir de laquelle les réserves D recettes courantes résulte le résultat/déficit seront épuisées et le déficit annuel devra courant annuel. être financé par une autre source, proba- blement de l’endettement public. 12 EUROPEAN COMMISSION (2009), « Sustainability Report2009 », notes European Economy, Issue 9, Brussels. page 23
UNE RETRAITE POUR TOUS uel 03 Que va-t-il se passer si rien ne change ? L’analyse de ces différents scénarios va per- Hypothèses de simulation (2015-2050) Allongement de la durée de la vie mettre de mettre en lumière la sensibilité du système général d’assurance pension au taux Taux d’inflation : 2% par an en moyenne Les différentes projections tiennent compte de croissance du PIB réel. De fait, le taux de (IPCH) du vieilissement de la population résidente croissance du PIB réel est la seule donnée au Luxembourg. En effet, la durée de vie qui varie lors des différents scénarios. Les Croissance de la productivité : 1.7% par an de la population active au Luxembourg variations des différents scénarios sont donc en moyenne s’allonge progressivement de l’ordre de uniquement déterminées par les effets directs Taux d’intérêt réel : 3% par an en moyenne 1 mois par an. Dans le cadre de ses pro- et indirects (notamment en termes de créations jections, l’UEL prend comme hypothèse d’emploi) qu’engendre un niveau de PIB réel Elasticité des recettes par rapport à que l’allongement de la durée de vie serait donné. l’emploi : 2,6 constant au cours de la période 2011-2050. Projections démographiques : stabilisation Ceci implique qu’en 2050 les hommes au- Les hypothèses suivantes sont constantes du solde migratoire autour de 2 800 per- ront une espérence de vie de l’ordre de 85 pour chaque scénario. sonnes par année (population de 570 000 ans (contre 81 actuellement) et les femmes habitants en 2030 et de 619 000 habitants auront une espérance de vie de l’ordre de en 2050) 88 ans (contre 84 actuellement). Selon le Statec, entre 2010 et 2060, le nombre de Attention : Les hypothèses retenues personnes à la retraite pourrait passer de pour la période 2011-2014 sont celles 70 046 personnes en 2010 à 197 354 en présentées par la 12ème actualisation du 2060, soit une augmentation de 181.7%. Programme de Stabilité et de Croissance du Grand-Duché du Luxembourg pour la Cette situation aura pour conséquence une période 2011-201413 : dégradation du rapport entre le nombre d’actifs et le nombre de retraités qui est taux de croissance du PIB réel est actuellement de 2,5 actifs pour un retraité. estimé à 3.2% en 2011, 3.5% en 2012, 3.7 en 2013 et 4.0% en 2014 ; taux d’inflation (IPCH) est estimée à 3.6% en 2011, 2.1 % en 2012, 1.7% en 2013 et 1.8% en 2014 ; taux de création d’emploi est estimée à 1.9% en 2011, 1.9% en 2012, 2.4 en 2013 et 2.5% en 2014. 13 La 12ème actualisation du « Programme de Stabilité et de Croissance du Grand-Duché du Luxembourg pour la période 2011-2014 » a été présentée le 29 avril 2011 et est disponible à l’adresse suivante : http://www.Gouvernement. lu/salle_presse/actualite/2011/04-avril/29-frieden-krecke/ notes PSC_12_FINAL.pdf page 24 www.uel.lu page 25
UNE RETRAITE POUR TOUS uel 03 Que va-t-il se passer si rien ne change ? 3.1 Que va-t-il se passer si la croissance du PIB réel est de 3.2% par an ? Résultat courant Résultat financier Résultat total de l’exercice de l’exercice de l’exercice 2017 + + + 3.1 Que va-t-il se passer si la croissance du PIB réel est de 3.2% par an ? 2018 - + + Ce scénario se base sur un taux de croissance du PIB réel de 3.2% et taux de création d’em- 2022 - + - ploi de 1.5% au cours de la période 2015-2050, soit le taux de croissance du PIB réel estimé 2030 - - - par l’Inspection générale de la sécurité sociale (IGSS) et servant de base de calculs pour la réforme de l’assurance pension de 2011. A politique inchangée, et avec un taux de croissance du PIB réel de 3.2% au cours de la période 2015-2050, l’UEL estime que le régime général d’assurance pension devrait évoluer de la manière suivante : En 2018 : les dépenses courantes annuelles du régime général d’assurance pension seront supérieures aux recettes courantes annuelles. Entre 2019 et 2021 : les revenus financiers provenant des réserves compenseront le déficit courant annuel du régime général d’assurance pension. En 2022 : les réserves commenceront à diminuer pour compenser le déficit courant annuel du régime général d’assurance pension. En 2030 : les réserves seront épuisées et le déficit annuel devra être financé par une autre source, probablement de l’endettement public. En 2050 : le déficit cumulé pourrait atteindre (au moins) 111.7% du PIB. page 26 www.uel.lu page 27
UNE RETRAITE POUR TOUS uel 03 Que va-t-il se passer si rien ne change ? 3.1 Que va-t-il se passer si la croissance du PIB réel est de 3.2% par an ? Dépenses courantes, recettes courantes et déficit/excédent courant annuel (en % du PIB) avec un taux de croissance du PIB réel à 3.2% Comme le montre le graphique ci-contre, compensent ce déficit courant. Cependant, le 15 % l’équilibre courant est assuré jusqu’en 2018. déficit courant augmente tellement vite que les A partir de 2019, les recettes courantes sont recettes financières ne parviennent à le com- 10 % insuffisantes pour assurer les dépenses cou- penser que jusqu’en 2021. En conséquence, rantes de sorte qu’il se crée un déficit courant à partir de 2022, il s’installe un déficit total an- 5% annuel récurrent qui ne cesse de croître pour nuel récurrent qui croît chaque année de plus dépasser la barre des 10 milliards à partir de en plus pour atteindre 9.4% du PIB en 2050. 0% 2036. Entre 2022 et 2030, la réserve sert à financer 2011 2013 2015 2017 2019 2021 2023 2025 2027 2029 2031 2033 2035 2037 2039 2041 2043 2045 2047 2049 ce déficit total annuel. Il est remarquable de -5 % Il est évident que la source du problème noter qu’en l’espace de seulement 8 ans, la provient d’une croissance sans aucun contrôle réserve sera totalement épuisée alors que la -10 % des dépenses courantes dont un des cataly- réserve pourrait atteindre plus de 20 milliards seurs principal est l’évolution démographique. EUR au cours de la période 2020-2022. Les réserves en 2010 sont estimées à 10 600 Dépenses courantes totales (en % du PIB) Sources : IGSS, calculs UEL A l’horizon 2050, le déficit cumulé du régime Recettes courantes totales (en % du PIB) millions EUR et génèrent donc des recettes général d’assurance pension atteindrait 111.7% Déficit/excédent courant annuel (en % du PIB) financières considérables dans les premières du PIB. années de sorte que, même s’il existe un déficit courant annuel à partir de 2019, les recettes financières provenant de cette réserve (capital) Évolution des réserves entre 2011 et 2050 (en % du PIB) avec un taux de croissance du PIB réel à 3.2% 40 % 20 % 0% 2011 2013 2015 2017 2019 2021 2023 2025 2027 2029 2031 2033 2035 2037 2039 2041 2043 2045 2047 2049 -20 % -40 % -60 % -80 % -100 % -120 % Sources : IGSS, calculs UEL page 28 www.uel.lu page 29
UNE RETRAITE POUR TOUS uel 03 Que va-t-il se passer si rien ne change ? 3.2 Que va-t-il se passer si la croissance du PIB réel est de 3.0% par an ? Dépenses courantes, recettes courantes et déficit/excédent courant annuel (en % du PIB) avec un taux de croissance du PIB réel à 3.0% 3.2 Que va-t-il se passer si la croissance du PIB réel est de 3.0% par an ? 18 % A politique inchangée, et avec un taux de croissance du PIB réel de 3.0% et un taux de créa- 13 % tion d’emplois de 1.5% au cours de la période 2015-2050, l’UEL estime que le régime général d’assurance pension devrait évoluer de la manière suivante : 8% En 2018 : les dépenses courantes annuelles du régime général d’assurance pension seront supérieures aux recettes courantes annuelles. 3% Entre 2019 et 2021 : les revenus financiers provenant des réserves compenseront le déficit -2 % courant annuel du régime général d’assurance pension. 2011 2013 2015 2017 2019 2021 2023 2025 2027 2029 2031 2033 2035 2037 2039 2041 2043 2045 2047 2049 -7 % En 2022 : les réserves commenceront à diminuer pour compenser le déficit courant annuel du régime général d’assurance pension. -12 % En 2030 : les réserves seront épuisées et le déficit annuel devra être financé par une autre source, probablement de l’endettement public. En 2050 : le déficit cumulé pourrait atteindre 119.8% du PIB. Source : Statec et prévisions IGSS Dépenses courantes totales (en % du PIB) Recettes courantes totales (en % du PIB) Il n’y aurait donc pas de modifications des dates clés du régime général d’assurance pension Déficit/excédent courant annuel (en % du PIB) mais une amplification des déficits à l’horizon 2050 : déficit courant annuel total (en % du PIB) de 10.2% et déficit cumulé (en % du PIB) de 119.8%. Évolution des réserves entre 2011 et 2050 (en % du PIB) avec un taux de croissance du PIB réel à 3.0% 30 % 10 % Résultat courant Résultat financier Résultat total de l’exercice de l’exercice de l’exercice -10 % 2017 + + + 2011 2013 2015 2017 2019 2021 2023 2025 2027 2029 2031 2033 2035 2037 2039 2041 2043 2045 2047 2049 2018 - + + -30 % 2022 - + - -50 % 2030 - - - -70 % -90 % L’IGSS se base sur une croissance écono- un déficit cumulé de 120% causé par la dérive mique réelle de l’ordre de 3.2% par an pendant su système de pension. Il est supposé que la -110 % les prochaines soixante années. Avec une baisse de l’activité économique n’implique pas croissance seulement légèrement inférieure de variation du taux de création d’emploi qui -130 % à 3.0% par an, l’UEL estime que l’Etat luxem- reste donc inchangé à 1.5% par an. bourgeois devrait supporter à l’horizon 2050 Source : IGSS, calculs UEL page 30 www.uel.lu page 31
UNE RETRAITE POUR TOUS uel 03 Que va-t-il se passer si rien ne change ? 3.3 Que va-t-il se passer si la croissance du PIB réel est de 2.0% par an ? Dépenses courantes, recettes courantes et déficit/excédent courant annuel (en % du PIB) avec un taux de croissance du PIB réel à 2.0% 3.3 Que va-t-il se passer si la croissance du PIB réel est de 2.0% par an ? 30 % A politique inchangée, et avec un taux de croissance du PIB réel de 2.0% et un taux de créa- tion d’emplois de 1% au cours de la période 2015-2050, l’UEL estime que le régime général 20 % d’assurance pension devrait évoluer de la manière suivante : 10 % En 2017 : les dépenses courantes annuelles du régime général d’assurance pension seront supérieures aux recettes courantes annuelles. 0% 2011 2013 2015 2017 2019 2021 2023 2025 2027 2029 2031 2033 2035 2037 2039 2041 2043 2045 2047 2049 Entre 2018 et 2019 : les revenus financiers provenant des réserves compenseront le déficit -10 % courant annuel du régime général d’assurance pension. En 2020 : les réserves commenceront à diminuer pour compenser le déficit courant annuel du -20 % régime général d’assurance pension. En 2028 : les réserves seront épuisées et le déficit annuel devra être financé par une autre Dépenses courantes totales (en % du PIB) Source : IGSS, calculs UEL source, probablement de l’endettement public. Recettes courantes totales (en % du PIB) Déficit/excédent courant annuel (en % du PIB) En 2050 : le déficit cumulé pourrait atteindre 222.6% du PIB. Évolution des réserves entre 2011 et 2050 (en % du PIB) avec un taux de croissance du PIB réel à 2.0% 50 % 0% 2011 2013 2015 2017 2019 2021 2023 2025 2027 2029 2031 2033 2035 2037 2039 2041 2043 2045 2047 2049 -50 % -100 % -150 % -200 % -250 % Source : IGSS, calculs UEL page 32 www.uel.lu page 33
UNE RETRAITE POUR TOUS uel 03 Que va-t-il se passer si rien ne change ? 3.3 Que va-t-il se passer si la croissance 3.4 Conclusions de l’étude de sensibilité du PIB réel est de 2.0% par an ? Un taux de croissance du PIB réel à 2% par an Si on s’appuie sur une hypothèse de crois- en moyenne sur la période 2015-2050 impli- sance sensiblement inférieure, soit à 2.0% par querait un rapprochement sensible des dates an, on arrive à des résultats encore plus alar- En conclusion, en s’appuyant sur les hypothèses optimistes du Ministère de la Sécurité clés du régime général d’assurance pensions. mants : à l’horizon 2050, le déficit cumulé du sociale, le Luxembourg sera en 2050 dans la situation suivante : En effet, la régime général d’assurance pension atteindrait le déficit courant du régime général d’assurance pension serait de l’ordre de 10% du plus de 220% du PIB (222.6%). PIB en 2050 ; ate à partir de laquelle les dépenses d courantes annuelles du régime général Il est à noter qu’avec une économie se le déficit cumulé du régime général d’assurance pension serait de l’ordre de 110% d’assurance pension seront supérieures développant moins rapidement, le nombre du PIB en 2050. aux recettes courantes annuelles se rap- d’emplois nécessaires pour faire fonctionner procherait d’1 an ; le système économique et partant le taux de Enfin, l’horizon de projection est confiné à 2050. Or, c’est surtout à la fin de la période de création d’emploi sont nettement inférieurs. Il projection que la situation budgétaire deviendra préoccupante. Une simple prolongation date à partir de laquelle les réserves com- des courbes relatives aux dépenses et recettes donnerait lieu à un déficit cumulé de est supposé ici un taux de création d’emploi de menceront à diminuer pour compenser le l’ordre de 150% du PIB en 2060. 1% alors que les simulations précédentes se déficit courant annuel du régime général basaient sur un taux de création d’emplois de L’UEL souligne que les différents scenarios de croissance impliquent une croissance d’assurance pension se rapprocherait de 1.5% par an. substantielle de l’emploi d’ici 2050. Sans création nette d’emplois, la situation du régime 2 ans ; de pension serait encore plus dramatique que celle décrite dans l’étude de sensibilité ate à partir de laquelle les réserves seront d réalisée ci-dessus. De ce point de vue, le Luxembourg est non seulement tenu d’avoir épuisées et le déficit annuel devra être une croissance économique élevée au cours des prochaines décennies, mais également financé par une autre source, probable- une croissance de l’emploi très soutenue. Pour limiter les risques que font peser sur le ment de l’endettement public, se rappro- Luxembourg un éventuel ralentissement des créations d’emploi, il conviendra d’amélio- cherait de 2 ans ; rer substantiellement la productivité du travail. Résultat courant Résultat financier Résultat total de l’exercice de l’exercice de l’exercice Croissance du PIB Croissance du PIB Croissance du PIB réel de 3.2% réel de 3.0% réel de 2.0% 2016 + + + Période à partir de laquelle 2017 - + + le résultat courant annuel 2018 2018 2017 sera négatif 2020 - + - Période à partir de laquelle le résultat 2028 - - - annuel (y compris les prélèvements 2022 2022 2020 sur les réserves) sera négatif Période à partir de laquelle 2030 2030 2027 la réserve sera épuisée Déficit annuel total 10.6% 11.3% 20.1% en % du PIB en 2050 Déficit cumulé 111.7% 119.8% 222.6% en % du PIB en 2050 page 34 www.uel.lu page 35
04 Quels principes devront guider la réforme Quels principes du système de pension ? devront guider la réforme du système de pension ? Un taux de croissance du PIB réel à 2% par an de 1% alors que les simulations précédentes L’UEL estime que toute réforme du régime Principe 4 – Veiller à ce que toute prestation en moyenne sur la période 2015-2050 impli- se basaient sur un taux de création d’emplois général d’assurance pension doit nécessaire- soit générée par une cotisation : querait un rapprochement sensible des dates de 1.5% par an. ment répondre aux principes suivants : L’UEL est d’avis que toute prestation devrait clés du régime général d’assurance pensions. Principe 1 – Maintenir la compétitivité de l’éco- reposer sur des cotisations préalables (prin- En effet, la nomie luxembourgeoise : cipe « prestations si cotisations »), le tout dans ate à partir de laquelle les dépenses d la perspective d’une plus grande neutralité Un premier grand principe est que le défi du courantes annuelles du régime général actuarielle. financement ne peut être résolu sur le versant d’assurance pension seront supérieures des recettes. Toute hausse du taux des cotisa- Principe 5 – Assurer la soutenabilité à terme aux recettes courantes annuelles se rap- tions de pension, qui représente actuellement du système et le respect de l’équité intergéné- procherait d’1 an ; 24% de la masse cotisable, serait en effet de rationnelle : date à partir de laquelle les réserves com- nature à affecter gravement la compétitivité Le troisième grand principe, abordé ci-dessus, 04 menceront à diminuer pour compenser le de nos entreprises, l’évolution des finances se rapportait à l’équité appréhendée au sein déficit courant annuel du régime général publiques et le pouvoir d’achat des salariés. de la population existante de pensionnés. Il d’assurance pension se rapprocherait 2 Il en résulterait un cercle vicieux qui réduirait la importe également de veiller à une répartition ans ; croissance économique du Luxembourg et qui équitable des charges et des prestations entre in fine accélérerait le caractère déficitaire du ate à partir de laquelle les réserves seront d les générations actuelles et futures de béné- système. épuisées et le déficit annuel devra être ficiaires et d’assurés. Il serait éminemment financé par une autre source, probable- Principe 2 – Déterminer les prestations en critiquable de verser des pensions excessi- ment de l’endettement public se rappro- fonction des ressources financières dispo- vement élevées aux générations actuelles au cherait de 2 ans ; nibles : détriment des générations futures. En d’autres termes, la soutenabilité du régime de pension Il importe par conséquent de bien mieux doit être garantie : il s’agit-là du cinquième encadrer les prestations de pension, qui sont grand principe. déjà extrêmement généreuses en comparai- Si on s’appuie sur une hypothèse de crois- son internationale, second grand principe que sance sensiblement inférieure, soit à 2,0% par l’UEL entend promouvoir. L’allongement de la an, on arrive à des résultats encore plus alar- durée effective du travail paraît incontournable mants : à l’horizon 2050, le déficit cumulé du de ce point de vue. régime général d’assurance pension atteindrait Principe 3 – Sauvegarder, voire renforcer le plus de 220% du PIB (222.6%). caractère social du régime : Il est à noter qu’avec une économie se L’UEL formule dans le présent rapport des développant moins rapidement, le nombre propositions concrètes visant à limiter les d’emplois nécessaires pour faire fonctionner prestations de pension, toujours en veillant à le système économique et partant le taux de un degré élevé d’acceptation par la masse des création d’emploi sont nettement inférieurs. Il bénéficiaires et cotisants et à la préservation est supposé ici un taux de création d’emplois des titulaires de petites pensions. Ce dernier aspect est d’ailleurs le troisième grand principe qui inspire l’UEL. page 37
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