REVUE DE PRESSE ET DES RESEAUX SOCIAUX - Vendredi 17 mai 2019 Outre-mer - Mayotte

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REVUE DE PRESSE ET DES RESEAUX SOCIAUX - Vendredi 17 mai 2019 Outre-mer - Mayotte
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    REVUE DE PRESSE
ET DES RESEAUX SOCIAUX
     ˂˂ Outre-mer ˃˃
  Vendredi 17 mai 2019

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A LA UNE
 ESSAIM DE SEISMES;
Pages, 7 à 8, 49 à 61.
Mayotte, phénomène géologique exceptionnel, découverte de la
naissance d’un volcan sous-marin à l’Est de l’île.

 CONGES BONIFIES;
Pages, 9 à 10, 31, 36, 76 à 80.
Outre-mer, réforme des Congés bonifiés, un sujet qui nécessite
une concertation: Les députés David Lorion et Lénaïck Adam
appellent à une concertation préalable avec les syndicats et
associations ultra-marines.

 ELECTION PROVINCIALES;
Pages, 13, 64.
Nouvelle-Calédonie, les présidents des trois provinces élus.

 JUSTICE DROGUE;
Pages, 17 à 19.
Guyane, traînées de poudre à travers l’Hexagone. Expédiée de
Cayenne, réceptionnée à Orly, la cocaïne est désormais prête à
inonder la France.

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L’OUTRE-MER
DANS LA PRESSE
MÉTROPOLITAINE

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Mayotte: naissance d'un nouveau volcan sous-marin, à l'origine des séismes
Paris, France | AFP | jeudi 16/05/2019 - 19:38 UTC+3 | 567 mots
Une mission scientifique a mis en évidence la naissance d'un nouveau volcan sous-marin, à 50 km à l’est de
Mayotte et à 3.500 m de profondeur, ce qui permet d'expliquer les séismes constatés sur l'île depuis un an, ont
annoncé jeudi conjointement le gouvernement à Paris et des scientifiques à Mayotte.
Ce volcan est "récent" et pourrait avoir été formé "à l'été ou à l'automne dernier", a indiqué lors d'une
conférence de presse à Mamoudzou Nathalie Feuillet, physicienne rentrée la veille à Mayotte d'une mission en
mer qui a mobilisé une vingtaine de scientifiques.
Depuis le 10 mai 2018, Mayotte connait un phénomène de séismes "en essaim", subissant plus de 1.800
secousses de magnitude supérieure ou égale à 3,5, selon le Bureau de recherches géologiques et minières
(BRGM). La plus forte jamais recensée dans l'île a été enregistrée à 5,8.
La taille du nouveau volcan "est évaluée à 800 m de hauteur avec une base de 4 à 5 km de diamètre. Le panache
de fluides volcaniques de 2 km de hauteur n’atteint pas la surface de l’eau", ont indiqué dans un communiqué
commun les ministères des Outre-mer, de la Transition écologique, de l'Intérieur et de la Recherche, parlant
d'un "phénomène géologique exceptionnel".
"On pense que le volcan a grandi depuis que l'essaim de séismes a débuté", a avancé Nathalie Feuillet, mais il
faudra attendre de nouveaux relevés pour savoir si cette croissance continue. "L'avantage maintenant, c'est
qu'on sait ce que c'est", s'est réjoui la physicienne qui a ajouté que des prélèvements de roches volcaniques
avaient été faits.
D'autre part, la chercheuse de l'Institut de physique du globe de Paris (IPGB) a affirmé que Mayotte s'était
affaissée de 13 centimètres et qu'elle s'était déplacée vers l'Est d'environ 10 centimètres. Cet affaissement, qui
se fait "à des taux assez rapides", se poursuit, a-t-elle précisé. Il pourrait être dû à "la vidange d'un réservoir
d'une poche de magma profonde".
Ces annonces interviennent après une mission scientifique menée par le Comité national de la recherche
scientifique (CNRS), avec notamment le BRGM et l'IPGP, et une campagne océanographique réalisée par le
navire Marion Dufresne, rentré à quai mercredi.
L'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer), l’université de la Réunion, l’Institut de
physique du globe de Strasbourg (IPGS), l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN),
l’École normale supérieure (ENS), le Centre nationale d’études spatiales (CNES) et le Service hydrographique
et océanographique de la marine (SHOM) ont également participé à la mission.
"Les scientifiques sont mobilisés pour traiter, analyser et interpréter la multitude de données acquises durant ces
derniers mois. Cette exploitation nécessitera des travaux approfondis pour évaluer les risques induits pour
Mayotte en matière de risque sismique, risque volcanique et de tsunami", ajoutent les ministères.
Trois spécialistes de la sécurité civile arriveront sur l'île dès vendredi, a dévoilé le préfet Dominique Sorain.
Face à un phénomène "nouveau sur la zone océan indien", "l'objectif du gouvernement, c'est de continuer les
recherches", a-t-il précisé. "Ça va nécessiter de travailler sur ces données, ça va prendre un peu de temps", a
ajouté le préfet, qui souhaite "une meilleure connaissance du phénomène (...) pour adapter les réponses en
termes de sécurité" et "informer et rassurer la population".
"On va certainement augmenter la couverture en instruments" de surveillance, a-t-il ajouté. Selon Mme Feuillet,
le réseau de sismomètres à terre va être "amélioré" et il y aura des "déploiements de sismomètres fonds de mer
réguliers".
caz-ol/cs/spe
© Agence France-Presse

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17/05/2019

Phénomène géologique exceptionnel, un nouveau volcan sous-marin découvert à
Mayotte
par Sophie Bécherel

Pour tenter de comprendre pourquoi l'île de Mayotte était secouée par d'incessants séismes depuis un an, une
vaste campagne scientifique a été mise sur pied. Elle vient de révéler la naissance récente d'un volcan à 3,5 km
de profondeur.

                                                         Un nouveau volcan sous-marin a été découvert à 50 km à l'Est de Mayotte. Une
                                                         découverte qui permet de mieux comprendre
                                                         les séismes ressentis à Mayotte depuis un an. © AFP / Biosphoto / Gabriel
                                                         Barathieu

                                                         "C'est extraordinaire car c'est très rare d'assister à la naissance
                                                         d'un volcan!" s'exclame Anne Le Friant, directrice adjointe des
                                                         Observatoires à l'Institut de Physique du Globe de Paris, qui
                                                         partage avec ses collègues l'enthousiasme de découvrir, quasiment
                                                         à sa naissance, un nouveau volcan à 50 km au large de Petite
                                                         Terre, l'une des deux îles principales de l'archipel de Mayotte.

                                                         C'est parce que l'île connaît un phénomène de séismes "en essaim"
depuis un an, que le CNRS a lancé un appel d'offres à la communauté scientifique. De nombreux organismes (Ifremer,
IPGP, BRGM, IGN, ENS, CNES, Shom) ont répondu et en quatre mois, l'expédition Thélus était mise sur pied et confiée
à Nathalie Feuillet, chercheuse à l'IPGP. Deux campagnes à terre pour installer des sismomètres et une troisième pour
profiter de la présence dans la région du navire Marion Dufresne afin de déposer des sismomètres sous l'eau et de réaliser
des relevés bathymétriques pour mesurer la topographie du sol de la mer. C'est ainsi qu'est apparu le volcan, invisible sur
les dernières cartes réalisées par le Service hydrographique et océanographique de la Marine (Shom) il y a quatre ans.

Un volcan invisible depuis la surface de la mer

"C'est un beau bébé" sourit Eric Humler, directeur adjoint scientifique à l'Institut National des Sciences de l'Univers du
CNRS qui a coordonné le projet. Le volcan fait 4,5 km de diamètre et 800 mètres de haut. Un panache de gaz s'échappe
sur 2 km de hauteur, sans atteindre la surface de la mer puisqu'il reste une épaisseur d'eau d'1 km. De la surface, le
nouveau relief est donc totalement invisible. Cette découverte a permis de relier ce phénomène géologique à l'épisode
sismique de Mayotte, un archipel où aucune activité notable n'avait jusque là marqué les esprits.

Pour Anne Le Friant, quand un volcan naît, le processus est associé à des secousses. "Une hypothèse serait que le début
de la construction volcanique date de juillet", hypothèse qui reste à confirmer, insiste t-elle. Actuellement "les séismes
ont cessé" ajoute Eric Humler pour qui il faut continuer la surveillance du volcan régulièrement. "Il faut dans l'idéal y
retourner tous les deux mois afin de suivre son évolution car nous ne sommes pas capables de prédire l'avenir". Les
premiers résultats ont permis d'estimer la zone d'activité sismique, entre 5 et 10 km de Petite Terre, "plus près que ce que
l'on avait imaginé" explique le scientifique. Pour l'auteur de Quand la terre tremble, séismes et éruptions volcaniques aux
Editions CNRS, "la bonne nouvelle, c'est que leur origine se situe à 20 ou 30km de profondeur, ce qui atténue les
conséquences à terre".

Un plan d'action pour surveiller et rassurer

Pour les autorités locales, la question est en effet de taille : rassurer la population, améliorer l'information voire
l'éducation au risque dans le 101e département français, l'un des plus pauvres de la République. Dans un communiqué
commun, quatre ministères ont annoncé un plan d'action en cinq points. Il est notamment prévu de compléter les
dispositifs de surveillance et les instruments de mesure, de parfaire par de futures missions la connaissance scientifique et
de renforcer le dispositif de gestion de risques. En lien avec le préfet, une mission est attendue ce vendredi 17 mai sur
place à ces fins.
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Congés bonifiés des fonctionnaires ultramarins: un sujet qui nécessite une concertation (députés)
Paris, France | AFP | jeudi 16/05/2019 - 13:09 UTC+3 | 363 mots
Les congés bonifiés dont bénéficient les fonctionnaires ultramarins de l'Hexagone font l'objet d'une réforme du
gouvernement qui cristallise les tensions, soulignent jeudi des députés, appelant à plus de "concertation" sur ce
sujet "épidermique".
Instaurés en 1978, les congés bonifiés sont des jours de congés supplémentaires accordés aux fonctionnaires
ultramarins installés dans l'Hexagone (ou aux agents hexagonaux en poste en outre-mer), soit un total de 35.000
agents publics. Ces congés se composent de 65 jours (dont 35 jours de bonification) que les fonctionnaires
ultramarins peuvent prendre d'affilée pour rentrer dans leur territoire d'origine et maintenir les liens familiaux,
tous les trois ans. Ils bénéficient alors d'une prise en charge de leurs frais de voyage et d'une prime de vie chère
pour le temps de résidence sur place.
Dans un rapport d'information adopté jeudi par la délégation Outre-mer de l'Assemblée nationale, les députés
David Lorion (LR, La Réunion) et Lenaïck Adam (LREM, Guyane) soulignent que ces congés bonifiés ne
constituent "pas un privilège", mais sont "la contrepartie de l'éloignement", "un acquis social" qui résulte "de
l'histoire".
Emmanuel Macron a annoncé en juin 2018 une réforme de ces congés bonifiés, pour qu'ils soient moins longs
mais tous les deux ans, notamment pour éviter la désorganisation des administrations lors des absences des
fonctionnaires. La réforme, prévue pour juillet, doit passer par décret. Mais "l'absence de dialogue" et "le
sentiment d'un mépris insupportable" vis-à-vis des ultramarins ont conduit syndicats et associations de
fonctionnaires à se mobiliser contre le projet, créant un collectif des "foulards marrons", a rappelé David
Lorion.
"Pour les plus modestes (...), les congés bonifiés constituent souvent le seul moyen de +retourner au pays+,
visiter ses parents, conserver un lien familial et affectif", remarquent les rapporteurs. "Un aménagement des
règles (...) ne paraît pas illégitime", ajoutent-ils, mais "la concertation la plus large doit être organisée" et "le
gouvernement ne doit pas craindre de repousser l'échéance" de juillet. Selon une extrapolation des rares chiffres
disponibles des administrations, les congés bonifiés coûteraient 75 millions d'euros par an aux finances
publiques. Le premier poste de dépense concerne l'absence des agents et la désorganisation des services (42%),
devant le prix des billets d'avion (37%) et l'indemnité de vie chère (21%).
caz/ggy/sp

                                          Le Bulletin Quotidien
                                                    17/05/2019

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16/05/2019

Réforme des Congés bonifiés en Outre-mer:
Les députés David Lorion et Lénaïck Adam
appellent à une concertation préalable avec
les syndicats et associations ultramarines
                                                                  © Twitter Lénaick Adam

                                                                  Alors que l’Assemblée nationale examine le
                                                                  projet de loi de transformation de la
                                                                  fonction publique, les députés David Lorion
                                                                  et Lénaïck Adam ont présenté devant la
                                                                  délégation outre-mer de l’Assemblée
                                                                  nationale leur rapport d’information sur les
                                                                  congés bonifiés.

                                                                  « On connait mal les congés bonifiés. Ils sont
                                                                  encore considérés comme des avantages
                                                                  perçus par les DOM» a indiqué le député de
La Réunion David Lorion. Début janvier, la découverte d’une note interministérielle prévoyant la réforme des
congés bonifiés provoque la colère des syndicats, associations et les fonctionnaires ultramarins. toutefois, «cette
note ne prévoyait pas la suppression sèche des congés bonifiés mais une nette péjoration des conditions
d’obtention de ces séjours» précise David Lorion.

Ce dispositif mis en place en 1978, les congés bonifiés sont des jours de congés supplémentaires accordés aux
fonctionnaires ultramarins travaillant dans les différents administrations dans l’Hexagone.«Loin de constituer
un privilège, les congés bonifiés sont la contrepartie de l’éloignement et résultent de l’histoire de notre
administration. Ils ont pour objectif de permettre aux agents concernés de conserver le contact avec leurs
famille», ont indiqué les deux députés.

« Moins longtemps et plus souvent » avait annoncé le Président de la République à propos des congés bonifiés
lors de l’ouverture des Assises des outre-mer en Guyane en juillet 2017 et réitéré en juillet 2018 lors de la
restitution de ces Assises à l’Elysée.

Pour faire aboutir cette réforme, les deux députés préconisent plusieurs actions comme favoriser la concertation
préalable à la réforme en entendant les fonctionnaires ultramarins, leurs représentants professionnels et
associatifs, leurs élus et en prenant leurs arguments en considération, placer un marché interministériel pour
acheter des billets permettant d’acheter des billets d’avion au meilleur prix et avec un maximum de souplesse,
acheter le plus précocement possible les billets d’avion, examiner les critères relatifs au CIMM, appliquer
strictement les mêmes critères à tous les demandeurs de congés bonifiés, porter à dix ans la périodicité
d’examen des CIMM (centres d’intérêts moraux et matériels°, appliquer strictement les mêmes critères à tous
les demandeurs de congés bonifiés, étendre le dispositif des congés bonifiés aux collectivités du Pacifique.

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Colis postaux en Outre-mer: une proposition de loi pour supprimer les différences de prix
avec la métropole
Paris, France | AFP | jeudi 16/05/2019 - 17:25 UTC+3 | 371 mots
Envoyer un colis postal depuis ou à destination des Outre-mer coûte "plus cher que dans l'Hexagone", ce qui
constitue "une discrimination", a dénoncé jeudi le député LFI de La Réunion Jean-Hugues Ratenon, auteur
d'une proposition de loi pour supprimer cette différence de prix du service public postal.
Le texte, signé par 37 députés de tous les groupes politiques - dont le président LREM de la délégation aux
Outre-mer de l'Assemblée nationale Olivier Serva -, fait le constat que les colis postaux de plus de 100
grammes en provenance ou à destination des Outre-mer "connaissent des tarifs très éloignés de ceux envoyés
sur le territoire hexagonal" et qu'il s'agit d'"une entorse à l'universalité du service postal".
Ainsi, un colis de 2 kg coûte 8,80 euros s'il est envoyé en métropole, mais 19,50 euros s'il part vers (ou vient
de) Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion ou Mayotte, et 30,10 euros s'il part de Nouvelle-Calédonie,
Wallis-et-Futuna ou Polynésie, a énuméré le député Ratenon, lors d'une conférence de presse.
La différence est encore plus importante pour les colis de 10 kg: 19,50 euros en métropole, et de 47, 10 à 98,50
euros en Outre-mer. "Il n'est pas normal que nous payons plus cher. C'est un grand combat pour l'accès à
l'égalité de traitement", a ajouté le député, regrettant que les prix soient les plus élevés "là où la vie est plus
chère".
"La directive postale européenne interdit ce genre de pratique", a souligné le secrétaire général du syndicat Sud-
PTT, Nicolas Galépidès, qui envisage des actions sur le terrain et auprès des députés pour faire cesser "cette
injustice hallucinante".
"Considérant les bénéfices engrangés chaque année par le groupe La Poste (798 millions d’euros en 2018) et la
part marginale des bénéfices provenant de la différence de prix pour les envois postaux depuis ou vers les
territoires (ultra-marins), nous ne pouvons considérer que l’alignement desdits prix sur ceux pratiqués sur le
territoire hexagonal puisse constituer une perte mettant en danger la viabilité de l’entreprise ou une entrave
majeure à la libre-concurrence", explique l'exposé des motifs de la proposition de loi.
La loi Egalité réelle Outre-mer a déjà validé en 2017 la fin des surcoûts sur les envois depuis les outre-mer de
lettres n'excédant pas 100 grammes.
caz/ib/
© Agence France-Presse

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16/05/2019

Colis postaux en Outre-mer: une proposition de loi pour
supprimer les différences de prix avec l’Hexagone

Envoyer un colis postal depuis ou à destination des Outre-mer coûte « plus cher que dans l’Hexagone »,
ce qui constitue « une discrimination », a dénoncé jeudi le député LFI de La Réunion Jean-Hugues
Ratenon, auteur d’une proposition de loi pour supprimer cette différence de prix du service public
postal.

Le texte, signé par 37 députés de tous les groupes politiques – dont le président LREM de la délégation aux
Outre-mer de l’Assemblée nationale Olivier Serva -, fait le constat que les colis postaux de plus de 100
grammes en provenance ou à destination des Outre-mer « connaissent des tarifs très éloignés de ceux envoyés
sur le territoire hexagonal » et qu’il s’agit d' »une entorse à l’universalité du service postal ».

Ainsi, un colis de 2 kg coûte 8,80 euros s’il est envoyé en métropole, mais 19,50 euros s’il part vers (ou vient
de) Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion ou Mayotte, et 30,10 euros s’il part de Nouvelle-Calédonie,
Wallis-et-Futuna ou Polynésie, a énuméré le député Ratenon, lors d’une conférence de presse.

La différence est encore plus importante pour les colis de 10 kg: 19,50 euros en métropole, et de 47, 10 à 98,50
euros en Outre-mer. « Il n’est pas normal que nous payons plus cher. C’est un grand combat pour l’accès à
l’égalité de traitement », a ajouté le député, regrettant que les prix soient les plus élevés « là où la vie est plus
chère ».

« La directive postale européenne interdit ce genre de pratique », a souligné le secrétaire général du syndicat
Sud-PTT, Nicolas Galépidès, qui envisage des actions sur le terrain et auprès des députés pour faire cesser
« cette injustice hallucinante ».

« Considérant les bénéfices engrangés chaque année par le groupe La Poste (798 millions d’euros en 2018) et la
part marginale des bénéfices provenant de la différence de prix pour les envois postaux depuis ou vers les
territoires (ultramarins), nous ne pouvons considérer que l’alignement desdits prix sur ceux pratiqués sur le
territoire hexagonal puisse constituer une perte mettant en danger la viabilité de l’entreprise ou une entrave
majeure à la libre-concurrence », explique l’exposé des motifs de la proposition de loi.

La loi Egalité réelle Outre-mer a déjà validé en 2017 la fin des surcoûts sur les envois depuis les outre-mer de
lettres n’excédant pas 100 grammes.

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Nouvelle-Calédonie: les présidents des trois provinces élus

Nouméa, France | AFP | vendredi 17/05/2019 - 08:19 UTC+3 | 483 mots

Les présidents des trois provinces de Nouvelle-Calédonie ont été élus vendredi, dans la foulée des élections
provinciales de dimanche, alors que des négociations sont en cours pour trouver une majorité à l'échelle
territoriale, a constaté l'AFP.

Six mois après le référendum sur l'indépendance remporté par les pro-français (56,7%), ces scrutins marquent
l'ouverture du dernier mandat de l'accord de Nouméa, au cours duquel deux autres référendum peuvent être
organisés en 2020 et 2022.

Dans la province sud, la plus riche où se trouve Nouméa, Sonia Backés, chef de file de l'Avenir en confiance
(droite proche LR), succède à Philippe Michel de Calédonie ensemble (centre droit).

A 43 ans, cette ingénieure en informatique a été élue au deuxième tour avec 23 voix sur 40, bénéficiant en plus
de ses 20 élus du renfort de trois élus de l'Eveil Océanien, parti communautaire wallisien et futunien.

Mme Backès a largement emporté le scrutin dimanche, sa liste obtenant plus de 40% des voix alors que son
rival à droite, Calédonie ensemble (CE), s'est effondré. Engagée en politique depuis une dizaine d'années, elle
était dans la précédente mandature chef du groupe Les Républicains au Congrès.

CE n'a pas présenté de candidat à la présidence du Sud et les indépendantistes du FLNKS ont proposé Roch
Wamytan, qui a obtenu les 7 voix de son groupe. Les trois postes de vice-présidents sont également revenus à
l'Avenir en confiance, suscitant l'amertume des membres de l'Eveil océanien et de CE.

Dans la province nord, l'indépendantiste Paul Néaoutyine, en poste depuis 1999, entame un cinquième mandat à
la tête de cette collectivité où dominent l'industrie minière et l'agriculture.

Signataire de l'Accord de Nouméa (1998), cet ancien compagnon de route de Jean-Marie Tjibaou, leader kanak
historique assassiné en 1989, a été élu à l'unanimité avec 22 voix.

Il a rassemblé les 10 élus de son groupe UNI-FLNKS, les 9 élus de l'UC-FLNKS mais également les trois élus
de droite, proches de l'Avenir en confiance.

Enfin, dans la province des îles Loyauté, où la population est presque exclusivement kanak, Jacques Lallié
(UC-FLNKS) a été élu avec 12 voix sur 14. Dans cette assemblée où ne siègent que des partis indépendantistes,
les vice-présidences ont été partagées avec le Palika et Dynamique autochtone.

La semaine prochaine, le président du Congrès, composé de 54 des 76 élus provinciaux, doit à son tour être
désigné puis d'ici le 15 juin, un gouvernement collégial sera élu par le Congrès.

Des tractations sont en cours pour trouver des majorités car le Congrès compte 25 non indépendantistes, 3 élus
de l'Eveil océanien plutôt proches des loyalistes, et 26 indépendantistes.

Jeudi, les discussions entre les frères ennemis de la droite, Avenir en confiance et CE, ont tourné au vinaigre.
En position charnière entre indépendantistes et pro-français, l'Eveil océanien a déclaré vouloir être "un faiseur
de démocratie, plus qu'un faiseur de roi", sans autre précision.

cw/shu

© Agence France-Presse

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Traînées de poudre à travers l’Hexagone
Par Alexandre Kauffmann

Expédiée de Cayenne, réceptionnée à Orly, la cocaïne est désormais prête à inonder la France. Les Guyanais
revendent la marchandise à des réseaux rompus à la distribution au détail, qui, depuis Paris, arrosent l’ensemble
du territoire métropolitain.

Cocaïne, les filières guyanaises (3/3). « Salut, C Mehdi, dispo 24/24 avec de la frappe ! 60 € le gr. Offre
spéciale guyanaise 70 €. Ponctualité aux rdv. » Mehdi – les noms de certains témoins et de tous les trafiquants
cités dans cette enquête ont été modifiés –, dealeur en région parisienne, a envoyé ce message à ses clients par
WhatsApp, l’une des messageries qui résistent aux interceptions de la police.

Tous les jours, à partir de 17 heures, il livre de la cocaïne à domicile dans le nord de la capitale. Ce soir, le voici
dans le 11e arrondissement. Il sonne chez Eric, un traducteur indépendant âgé d’une trentaine d’années. La
porte s’ouvre sur un deux-pièces envahi de poils de chat. « Tu me fais la guyanaise à 60 euros ? », essaie le
client. « Pas moyen, répond le livreur. C’est de la foudre ! » Eric devra débourser 70 euros pour son gramme de
« guyanaise ».

Mehdi a 24 ans et un CV judiciaire déjà bien rempli. Il sort juste de prison, où il purgeait une peine de quatorze
mois. « J’avais une petite centrale téléphonique, confie-t-il. En mode autoentrepreneur. » Au centre
pénitentiaire de Fresnes (Val-de-Marne), il était en cellule avec un Guyanais, incarcéré pour transport de
cocaïne entre Cayenne et Paris. Ce codétenu lui a glissé le numéro d’un fournisseur, qu’il s’est empressé
d’appeler une fois libre. Les clients ont aussitôt plébiscité la marchandise. A telle enseigne qu’Eric, le
traducteur, le rappelle une semaine plus tard. Sauf que cette fois, la ligne du livreur ne répond plus : une
connaissance de Mehdi nous apprend qu’il s’est fait « claquer » (« interpeller ») par la police trois jours plus
tôt : « Sa guyanaise, c’était trop du caillou [“de la bonne qualité”], il a fait des jaloux… »

La cocaïne acheminée par les passeurs de la ligne Cayenne-Paris (deux vols quotidiens à destination d’Orly)
représenterait 20 % du produit disponible sur le marché français.

Les « mules » habituées à officier sur cette liaison aérienne (600 personnes interpellées pour la seule région
parisienne en 2018, soit trois fois plus que l’année précédente) se retrouvent souvent dans les mêmes prisons. A
la maison d’arrêt de Fresnes, les passeuses en provenance de Guyane sont si nombreuses (40 % des détenues)
que le règlement interne a été traduit en nenge tongo, la langue de la communauté bushinenge, établie sur les
rives françaises et surinamaises du fleuve Maroni, le point de départ de ce trafic.

Le trajet se poursuit

L’administration pénitentiaire a pu constater que beaucoup de ces femmes étaient en possession de documents
relatifs à leurs enfants : attestation de scolarisation, carnet de vaccination, livret de famille… Pourquoi
s’encombrer de tels papiers quand on transporte de la cocaïne ? En cas de détention, ils permettent d’apporter
des arguments au juge d’application des peines pour obtenir une libération conditionnelle parentale.

Cette précaution montre à quel point les mules anticipent l’option « incarcération » sur leur feuille de route.
D’une manière plus générale, elles manifestent peu d’inquiétudes face aux dangers qui entourent leur voyage :
aucune d’elles n’évoque spontanément la peur des contrôles de police, l’appréhension d’un accès de panique
ou, pour celles qui ont avalé des « ovules », le risque d’une intoxication à la cocaïne – assez faible, il est vrai, le
dernier décès connu remontant à 2017. Une insouciance dont témoigne parfois leur attitude dans l’avion entre
Cayenne et Paris, où les passeuses d’un même réseau peuvent échanger en pouffant des selfies avec des nez et
des oreilles de lapin !

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                                                   Samyna, 27 ans, mère de deux enfants, est en détention depuis
                                                   novembre 2018. Les douaniers de l’aéroport d’Orly avaient
                                                   alors trouvé 1,4 kilo de cocaïne scotché sur son ventre.
                                                   Condamnée à deux ans de prison ferme, elle s’est retrouvée à
                                                   Fresnes, comme tant d’autres. « Plein de filles détenues ici
                                                   viennent de Saint-Laurent-du-Maroni, comme moi, confie-t-
                                                   elle quand nous la rencontrons dans le quartier des femmes.
                                                   Pour la plupart, on se connaissait avant la prison. Je jouais
                                                   au football à Saint-Laurent : j’ai retrouvé ici deux membres
                                                   de mon équipe ! » Samyna ne se sent pas moins seule : ce
                                                   matin, l’une de ses amies, enceinte de 8 mois, a rejoint un
                                                   établissement pénitentiaire doté d’une nurserie – il n’y en a
                                                   que deux en région parisienne. Ne recevant pas de mandats de
                                                   l’extérieur, Samyna travaille à la bibliothèque de la maison
                                                   d’arrêt pour 10 euros par jour. « En Guyane, je n’avais pas
                                                   vraiment besoin d’argent, précise-t-elle en réajustant sa
                                                   blouse bleu-ciel. Avec mon boulot de secrétaire, je m’en
                                                   sortais plutôt bien. C’est ma famille qui n’arrêtait pas de me
                                                   taxer, surtout mon père. »

                                                  Samyna reconnaît avoir fait cinq voyages pour passer de la
cocaïne, chacun rémunéré en moyenne 5 000 euros. « J’ai travaillé pour trois réseaux différents, précise-t-elle,
tous des amis de Saint-Laurent. J’étais avec eux à l’école. »

Chaque kilo de cocaïne transporté offre aux organisateurs du trafic des gains substantiels : acquis 3 500 euros
au Suriname, ou 5 000 en Guyane, il se revend au minimum 23 000 euros en métropole. « Comme je
connaissais bien les commanditaires, ils me plaçaient sur des destinations bien payées », poursuit Samyna.

Les destinations en question sont des villes de province où la cocaïne se vend cher du fait de sa rareté, autour de
35 000 euros le kilo, contre 30 000 en moyenne en région parisienne, mieux approvisionnée en raison
notamment de l’afflux de transporteurs et d’une forte présence guyanaise (la moitié de la communauté établie
en métropole, soit environ 15 000 personnes). Dès lors, le trajet de la jeune femme se finissait rarement à Paris.
Elle poursuivait sa route en train vers Bourges, Mâcon ou Saint-Etienne.

Filières peu sophistiquées

Le trafic de cocaïne sur la ligne aérienne Cayenne-Paris a longtemps été géré par des étrangers. Au début des
années 1990, on comptait peu de Guyanais parmi les mules et les organisateurs. « A l’époque, bien sûr, il y
avait beaucoup moins de passeurs, se souvient le commandant Philippe J., en poste depuis vingt-cinq ans à
l’antenne de police judiciaire de Cayenne. Les transporteurs étaient envoyés de Paris pour faire l’aller-retour
en Guyane. On a eu des Lituaniens, des Malaisiens, et même un Moldave d’origine surinamaise ! »

La situation a changé au début des années 2000, avec la mise en place de contrôles drastiques sur les vols entre
le Suriname et les Pays-Bas. Cette liaison était en effet assaillie par les « fantassins de la cocaïne ».

En 2004, l’installation d’un scanner à rayons X à l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol et la création d’un régime
juridique spécial ont permis de saisir d’importantes quantités de drogue. D’une année à l’autre, le trafic a alors
basculé sur la ligne Cayenne-Paris, moins risquée pour les trafiquants. La position géographique de la
communauté bushinenge, établie sur les deux rives du fleuve Maroni, a facilité cette transition.

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« Les quantités peuvent paraître importantes, mais ces réseaux sont souvent faits de bric et de broc. On est loin
des barons de la drogue de la région parisienne »
David Cazeneuve, avocat

« On a alors commencé à voir quelques Guyanais parmi les mules », poursuit Philippe J. Les services de police
constatent aussi qu’il ne s’agit pas d’une simple dérivation du trafic entre le Suriname et les Pays-Bas.
L’essentiel du produit reste en France et ne « remonte » pas vers le nord. A partir de 2011, le contingent des
passeurs amorce une montée en puissance sur les vols Cayenne-Paris, au point d’atteindre des proportions
inquiétantes en 2015.

« Depuis lors, indique une note interne du ministère de l’intérieur, les trafics ont inexorablement continué à se
développer sans que les services locaux aient les moyens de rehausser leurs capacités d’interception. »
Aujourd’hui, les deux tiers des mules arrêtées sur cette ligne sont de nationalité française. Quant à la cocaïne
transportée, 90 % seraient destinés au seul marché métropolitain. Parallèlement, des Guyanais se sont installés à
la tête des réseaux aux dépens des Surinamais et des Néerlandais, lesquels demeurent toutefois actifs, en
particulier dans la gestion de la chaîne logistique. Le vecteur aérien offre divers avantages à ces filières peu
sophistiquées : l’organisation est moins complexe que par voie maritime, les risques financiers sont limités – les
pertes en cas d’interpellation étant amorties par d’autres passeurs – et les failles dans les dispositifs de contrôle
sont nombreuses.

En métropole, les trafiquants guyanais ne s’impliquent pas dans la distribution au détail. Leur but est au
contraire de se débarrasser au plus vite de la marchandise. Certains ouvrent même des groupes WhatsApp en
commun pour vendre à l’encan leurs « litrons », le terme d’usage pour désigner les kilos de cocaïne. « Les
quantités peuvent paraître importantes, mais ces réseaux sont souvent faits de bric et de broc, observe Me
David Cazeneuve, avocat de plusieurs trafiquants. On est loin des barons de la drogue de la région
parisienne. »

« Francs-tireurs »

C’est pourquoi les enquêteurs de l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis) qui
travaillent sur ces réseaux n’ont pas été longs à identifier un cadre employé par l’un d’entre eux : Jérémie, un
Guyanais de 28 ans, communiquait avec les mules sur sa propre ligne, au lieu d’utiliser des cartes SIM
prépayées, comme le font tous les dealeurs débutants. Les policiers l’ont interpellé à Bagneux (Hauts-de-Seine),
dans la chambre d’un établissement pour mères isolées où il avait pris ses quartiers. En cette matinée hivernale,
auditionné dans des bureaux de la police judiciaire, il nie toute implication dans le trafic : « La seule chose que
je reçois de Saint-Laurent, c’est du poulet boucané. » Tripotant avec nervosité ses tresses plaquées, Jérémie
affirme aussi ne pas connaître Dominique, l’homme chargé de réceptionner les passeurs à Orly, arrêté un peu
plus tôt chez sa sœur, en Seine-Saint-Denis. « Commencer par nier, c’est courant, soupire le brigadier chargé
de l’auditionner. On appelle ça le “PV de chique”. Mais avec l’afflux des mules, on a moins de temps. »

Dominique, 31 ans, se montre plus coopératif. « Je veux bien vous parler, annonce-t-il aux enquêteurs. Mais il
faut d’abord mettre un truc au clair : vous n’allez pas me donner ces spaghetti dégueulasses pendant toute la
garde à vue ? » Le jeune homme, installé en métropole depuis cinq ans, suit une formation de moniteur d’auto-
école. Il croule sous les dettes, principalement des arriérés de loyer et des amendes SNCF majorées. « Je devais
toucher 2 500 euros pour aller chercher une mule à Orly. C’est propre [“bien payé”], non ? », lance-t-il aux
policiers.

A l’évidence, Dominique n’a rien d’un trafiquant professionnel. Il s’est d’abord trompé sur la date du vol, se
présentant un jour trop tôt à l’aéroport. De retour le lendemain, il a attendu en vain la passagère, dont il avait
reçu le signalement par SMS. Et pour cause : elle était retenue par les douaniers. Bref, tout porte à croire qu’il
n’est pas fait pour ce type de mission : sur la planche de huit photos que lui soumettent les enquêteurs, il ne
reconnaît même pas son propre portrait !

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 « Ces équipes de pieds nickelés prouvent qu’il n’est pas difficile de monter une filière entre la Guyane et la
métropole, analyse le responsable d’une cellule de renseignements opérationnels au sein de la police judiciaire.
Il y a une trentaine d’années, le marché du haschisch en France a connu une évolution comparable. Les jeunes
des cités ont utilisé leurs contacts dans le Rif marocain pour court-circuiter les réseaux établis. Ils agissaient
en francs-tireurs, comme le font aujourd’hui les Guyanais. Le business va sûrement se structurer avec le temps,
mais on en est encore loin. » Un détail parmi d’autres : en général, les passeurs de la liaison Cayenne-Paris
rapportent eux-mêmes aux commanditaires l’argent liquide issu des transactions, alors que dans les filières de
haschisch, des collecteurs spécifiques sont depuis longtemps affectés à cette tâche.

Montparnasse sous étroite surveillance

En Ile-de-France, les Guyanais approvisionnent pourtant des réseaux rompus aux trafics de stupéfiants. L’hiver
dernier, la police judiciaire parisienne a démantelé l’une de ces structures dans le 19e arrondissement.

Les frères S., d’origine malienne, distribuaient leur marchandise via un « cocaïne call-center », deux terrains de
vente autour de leur cité, et une filière destinée aux modous, dealeurs de crack œuvrant dans la rue ou le métro
– le crack étant obtenu à partir de la cocaïne, dont il est la formule fumable. Ils pouvaient écouler plusieurs
kilos par semaine. A en croire les conversations téléphoniques interceptées par les enquêteurs, ils se plaignaient
souvent du conditionnement de la cocaïne guyanaise : des sachets en forme de « pieds » – après avoir été
cachés sous les semelles des passeurs – ou de « doigts » – en référence à la silhouette oblongue des ovules
insérés dans le rectum.

Pour les grossistes guyanais, c’était au contraire la preuve que le produit en question n’avait pas été coupé après
sa traversée de l’Atlantique. Les arrivages de Cayenne étant irréguliers, les frères S. – dont l’aîné exerçait le
métier d’éboueur – cherchaient désespérément d’autres fournisseurs.

Près d’un tiers des passeurs interpellés en métropole en 2018 l’ont été dans des gares SNCF

L’organisation aléatoire des réseaux guyanais fait aussi leur force. L’absence de structure pyramidale rend leur
démantèlement d’autant plus délicat que les enquêteurs n’ont pas accès aux segments logistiques pilotés depuis
le Suriname, pays rétif à toute coopération judiciaire avec la France.

En métropole, les filières s’appuient sur l’implantation de la communauté guyanaise, trouvant des relais d’Agen
à Châlons-en-Champagne ou de Rennes à Castres. En dehors de la région parisienne, c’est le quart sud-ouest de
l’Hexagone qui accueille le plus de natifs de ce département d’outre-mer, avec près de 7 000 personnes. Chaque
année, d’importantes saisies sont réalisées dans les villes de Nouvelle-Aquitaine et d’Occitanie, à Toulouse,
Niort ou Bordeaux. La gare Montparnasse, point de départ des trains à destination du Sud-Ouest, est donc
placée sous l’étroite surveillance des douanes, en particulier durant les heures suivant l’arrivée des deux vols
matinaux Cayenne-Paris à Orly. Près d’un tiers des passeurs interpellés en métropole en 2018 l’ont été dans des
gares SNCF.

                                                       Nous rejoignons une brigade des douanes au pied d’un
                                                       TGV à destination de Bordeaux : six agents en civil alignés
                                                       sur le quai, dissimulant des gilets pare-balles et des
                                                       pistolets Sig-Sauer sous leurs vestes. Un labrador au poil
                                                       crème les accompagne. Avant le départ du train, ils
                                                       effectuent une première sélection parmi les passagers.
                                                       « Certains signes ne trompent pas, affirme un inspecteur
                                                       devant la foule des voyageurs. Une personne en chemisette
et en claquettes, alors qu’on est en plein hiver, va forcément nous intéresser… »

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Lignes à grande vitesse

A bord du TGV, les agents, labrador en laisse, commencent par inspecter les voitures de première classe. Sur
les plates-formes, d’autres douaniers passent en revue les étiquettes attachées aux bagages, à la recherche du
code « ORY », qui désigne l’aéroport d’Orly. Plus de deux kilos de cocaïne en provenance de Guyane ont été
trouvés sur cette ligne en janvier – soit deux fois plus que l’ensemble des saisies ferroviaires de 2017 en
Nouvelle-Aquitaine. En abordant les voitures de 2nde classe, le labrador marque un temps d’arrêt devant un
jeune passager aux yeux rougis. Douze grammes de marijuana sont découverts dans sa valise. Le lycéen de
19 ans s’en sort par une simple transaction qui permet aux douaniers de détruire le produit.

Les recherches de la brigade se poursuivent en gare de Bordeaux, dans les couloirs des correspondances. C’est
là, au milieu des passagers pressés, qu’Eugénie, une jeune Guyanaise, a été interpellée à l’automne 2018 avec
110 ovules de cocaïne dans le ventre.

Lors de son audition, les policiers recueillent assez d’éléments pour ouvrir une information judiciaire.
L’enquête les conduit vite jusqu’aux commanditaires, un couple de trentenaires originaires de Saint-Laurent-
du-Maroni mais domiciliés à Agen, dans le Lot-et-Garonne. Thomas et Pétra sont d’anciens passeurs qui se sont
mis à leur propre compte. Pris de court par l’arrestation d’Eugénie, ils organisent vite un autre voyage. Dans
l’urgence, faute de candidat au départ, Pétra décide de faire elle-même le déplacement. A son retour de Guyane,
elle est interceptée en gare de Bordeaux, transportant un kilo de cocaïne in corpore. Avec six enfants à charge,
le couple, sans emploi, vivait officiellement des prestations sociales.

Antoine, 36 ans, reconnaît quant à lui cinq livraisons de cocaïne à Bordeaux, une ville où il était autrefois
étudiant en langues étrangères appliquées. Interpellé à Orly en février, cet homme originaire de Cayenne
interrompt vite les enquêteurs chargés de son audition : « Attention, je ne suis pas une mule ! Je suis un
revendeur de cocaïne qui gère son petit trust. » Le trafiquant autoentrepreneur énumère volontiers les avanies
du « métier » : « La police du Suriname te rackette, on te refile de la mauvaise came, les clients se tirent sans
payer. “Monde de stups, monde de putes.” Je me donne quand même du mal pour faire les choses bien… »

Marché semi-rural

A Bordeaux, la plupart des filières guyanaises semblent faire la part belle à l’improvisation, même quand elles
mobilisent de nombreux protagonistes. « En 2018, nous avons arrêté une vingtaine de personnes autour d’une
seule affaire, indique un officier de la police judiciaire locale. Les mules, qui n’étaient pas censées se connaître,
voyageaient en train avec le même numéro de réservation ! Un jour, deux membres de ce réseau ont trouvé des
clients à Montpellier. Ils se sont fait braquer en les livrant… »

En souvenir de cette enquête, l’officier conserve les radiographies d’une mule sur les vitres de son bureau. On
devine des formes ovulaires au niveau de l’estomac. Plusieurs clients de ce réseau ont eux aussi été interpellés.
A l’évidence, ils ne prenaient pas plus de précautions que leurs fournisseurs. Un certain Brahim, revendant en
semi-gros autour de Bordeaux, se répandait sur son business dans les casinos, où il claquait des dizaines de
milliers d’euros. « Sur les écoutes, se rappelle l’enquêteur, il se vantait en permanence de boire des mojitos
à 12 euros à La Corniche, un établissement chic sur le bassin d’Arcachon. »

L’afflux massif de cocaïne guyanaise dans les chefs-lieux de province a favorisé l’émergence d’un marché
semi-rural, dont les conséquences s’avèrent désastreuses en termes de sécurité publique, selon un magistrat de
Niort désireux de rester anonyme : « L’arrivée de ce produit dans la région a entraîné des flambées de violence
inédites. Cette effervescence n’est pas tant le fait des trafiquants guyanais – souvent de discrets pères de famille
– que des réseaux de cités auxquels ils revendent leur marchandise. Dans la campagne de Niort, on est
confronté à des homicides, des séquestrations ou des actes de tortures à la broche de barbecue… » Ce
magistrat considère que les services de police s’épuisent dans une lutte stérile contre le trafic guyanais, dont les
filières s’étendent désormais sur l’ensemble du territoire national.

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Ce diagnostic pessimiste, que partagent d’autres intervenants interrogés par Le Monde, ne fait pas dévier le
gouvernement de sa ligne répressive. Le plan interministériel de lutte contre le « phénomène des mules »
présenté en mars prévoit en effet de renforcer les contrôles – en Guyane comme en métropole –, de simplifier
les procédures judiciaires et de mener une politique pénale de fermeté. Cette feuille de route mise résolument
sur une hausse des arrestations, quand bien même l’explosion du nombre de défèrements devant la justice
a contribué, ces dernières années, à alléger les sanctions à l’encontre des mules, et in fine à inciter toujours plus
de candidats au départ…

Avertissement symbolique

Pour tenter d’échapper à cette impasse, le dispositif gouvernemental s’en remet avec discrétion à une stratégie
récemment expérimentée par le parquet de Cayenne.

D’abord à travers des actions préventives : trois jours avant d’embarquer pour la métropole, certains passagers
peuvent être avisés par téléphone qu’ils subiront une fouille à l’aéroport, où ils restent libres de se présenter.
Ensuite par un acte administratif : un arrêté préfectoral permet désormais à la police aux frontières d’interroger
les voyageurs sur les motifs de leur déplacement, un entretien qui peut conduire à un refoulement en cas de
réponses jugées insatisfaisantes. Cette mesure, dont la légalité est contestée par des avocats, aurait empêché
plusieurs centaines de personnes de prendre leur vol.

Si la stratégie du parquet de Cayenne a l’avantage de contourner la chaîne pénale, elle n’autorise en revanche
aucune saisie, contrairement au dispositif mis en œuvre avec succès par les Pays-Bas au début des années 2000.

La marchandise semble pourtant importer plus aux organisateurs du trafic que d’éventuelles poursuites
judiciaires, comme le prouve leur réaction lorsqu’une mule disparaît avec leur produit. Ainsi, à l’automne 2018,
un transporteur qui avait volé ses « employeurs » a été liquidé au Suriname. A Saint-Laurent-du-Maroni, les
« passeurs-escrocs » qui ont de la chance peuvent s’en sortir avec un avertissement, dont l’un des plus sérieux –
fortement symbolique – consiste à leur couper les tresses.

Alors que la production mondiale de cocaïne a doublé au cours des deux dernières décennies, atteignant
aujourd’hui 2 000 tonnes par an, la France se heurte à deux réalités : d’un côté de l’Atlantique, une frontière
poreuse et un inépuisable vivier de passeurs ; de l’autre, une demande qui ne cesse de croître. Au milieu, les
avions continuent de tracer de longues lignes blanches…

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