Le Monde En finir avec la faim! L'agriculture bio. Et les récoltes sont abondantes.
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Le Monde N° 1 / Janvier 2015 JAB 1004 Lausanne www.swissaid.ch En finir avec la faim! L’agriculture bio. Et les récoltes sont abondantes.
2 éditorial Focus: agriculture bio – Colombie: comment les paysans de Bahía Solano récoltent-ils leur riz quotidien ? 4 – En finir avec la faim! Interview avec Justin Lekoto, expert agricole bio en Afrique de l'Ouest 6 Lutte contre la violence conjugale en Inde «Ma belle-fille a réussi à me dissuader de la rouer de coups» 8 Stop à l'excision en Guinée-Bissau ! Pour la première fois, des parents sont jugés pour avoir fait exciser leur fille 9 Négoce des matières premières La transparence oubliée par le Conseil fédéral 10 Chère lectrice, cher lecteur, Sous haute surveillance Glencore déverse du pétrole en pleine nature au Tchad 11 En Suisse, les aliments bio ne cessent de gagner de nouvelles parts de Dialogue entre paysannes marché. Un phénomène également constaté par Max Havelaar : chez Retour sur les coulisses et les insolites du Tour de Suisse 12 nous, les produits certifiés bio et commerce équitable ont la cote. C’est pourquoi les bananes portent aussi bien l’étiquette Max Havelaar que le Legs label bio du bourgeon. L'engagement de Cäcilia Koch pour les femmes au Tchad 15 Dans les pays pauvres, cependant, les petits producteurs peuvent rare- ment faire certifier leurs produits par des labels internationaux : les exi- gences de qualité sont trop élevées, les coûts trop importants, et les mécanismes de contrôle trop complexes. Ces familles produisent pour leur propre subsistance et pour les marchés locaux et régionaux. Pour- tant, elles cultivent souvent du «bio». Car loin d’être un luxe, le «bio» est tout simplement la meilleure stratégie de survie. Le travail que nous menons depuis des décennies avec des organisa- Le Monde N° 1 / Janvier 2015 JAB 1004 Lausanne www.swissaid.ch Couverture : Rosa Moreno, petite paysanne colombienne de Bahía Solano, tions paysannes prouve que les investissements dans l’agriculture biolo- se réjouit des dernières tomates de la saison qui poussent dans son jardin potager bio. gique portent leurs fruits. J’ai par exemple récemment rendu visite à des En finir avec la faim! L’agriculture bio. Et les récoltes sont abondantes. groupes de femmes au Myanmar (Birmanie), qui m’ont fièrement montré leurs potagers et m’ont expliqué comment la nouvelle installation de compostage leur a permis d’accroître la productivité. Aujourd’hui, elles cultivent des produits variés et ont une alimentation bien plus saine et diversifiée. Photo : Gabriel Castro Nos collègues des programmes de SWISSAID en Amérique latine sont celles qui ont recueilli le plus d’expériences en matière d’agriculture éco- Impressum logique. Dans cette région, les méthodes biologiques, qui demandent Edité par SWISSAID, beaucoup de travail mais qui sont gratuites, donnent des récoltes si abon- Fondation suisse pour la coopération au développement Bureau de Berne : Lorystrasse 6a, 3000 Berne 5, centrale dantes que les familles de paysans sont de plus en plus nombreuses à les téléphonique 031 350 53 53, rédaction 031 350 53 73, adopter. En Equateur, les aliments sans produits chimiques sont même fax 031 351 27 83, courriel : postmaster@swissaid.ch Antenne romande : rue de Genève 52, 1004 Lausanne, vendus avec succès sur les marchés locaux sous la marque «Bio Granja». téléphone 021 620 69 70, fax 021 620 69 79, courriel : postmaster@swissaid.ch Rédaction : Pia Wildberger, Zora Schaad, Nombre de paysans souhaitent se perfectionner en agriculture écolo- Catherine Morand, Amandine Etter, Sébastien Dutruel Rédaction gique. Grâce à vous, chers donateurs et donatrices, nous pouvons leur photos : Eliane Baumgartner Traduction : cb service Lausanne. Graphisme, mise en pages et prépresse : Brandl & Schärer AG, proposer des cours et permettre ainsi à des familles parmi les plus dému- Olten. Impression : Stämpfli AG, Berne. Imprimé sur papier FSC. nies de prendre leur destin en main et de vivre du produit de leur terre. Le Monde SWISSAID paraît au minimum quatre fois par an. Une fois par année, un montant de 5 francs est déduit des dons à titre Je vous en remercie de tout cœur. de taxe d’abonnement, afin de pouvoir bénéficier du tarif postal réduit pour les journaux. Compte postal : CP 30-303-5 IBAN: CH20 0900 0000 3000 0303 5 BIC/SWIFT: POFICHBEXXX SWISSAID porte le label de qualité du ZEWO attribué aux institutions d’utilité publique. Il garantit une affectation Caroline Morel, directrice de SWISSAID désintéressée des dons, effectuée en connaissance de cause. Swissaidle monde 1/2015
V ente d ' i ns i gnes 3 Les élèves de Dombresson motivés pour aider Une classe de Dombresson s’est beaucoup investie dans la vente d’insignes de SWISSAID, et a en- suite eu le privilège de rencontrer le président de la Confédération Didier Burkhalter, neuchâtelois comme eux. Les élèves ont entonné l'hymne neuchâtelois lors de leur rencontre avec Didier Burkhalter. Ci-dessous, l'insigne 2015 – un taille-crayon amusant. C haque début d’année, des milliers d’élèves de toute la Suisse vendent des insignes pour le compte de SWIS- «La vente des insignes a permis à mes élèves de solidarité, confirme Mélanie Rey- mond. Ils ont été très motivés pour la vente, et plusieurs d’entre eux ont de vivre un acte de SAID. L’argent ainsi récolté permet acheté un petit animal en bois, l’insigne d’appuyer de nombreux projets. Les solidarité. Ils étaient 2014, pour leur usage personnel.» classes qui se sont le plus investies très motivés.» dans cette belle action de solidarité in- La vente des insignes 2015 ternationale sont ensuite invitées au a démarré ! Palais fédéral à Berne, pour y rencon- passée. «Ils ont adoré, témoigne Méla- Avant d’aller vendre ces petits objets trer le président de la Confédération. nie Reymond, leur enseignante. Le fait fabriqués par des artisans en Inde, les C’est ainsi que le 6 novembre au qu’il vive toujours à Neuchâtel les a élèves étudient avec leur enseignant(e) matin, une vingtaine d’élèves d’une touchés, et ils ont apprécié qu’il chan- les conditions dans lesquelles ils ont classe de l’école primaire de Dombres- tonne avec eux l’hymne neuchâtelois». été produits; et à quoi l’argent récolté son dans le canton de Neuchâtel, Une journée dont ils se souviendront va servir. Ce sont souvent pour elles et conduits par leur enseignante Mélanie longtemps, impressionnés qu’ils furent eux leur premier contact avec d’autres Reymond, ont embarqué pour Berne à par la disponibilité et l’amabilité du pré- réalités, ainsi qu’avec une action bord d’un bus spécialement affrété. sident qui a pris le temps de leur signer concrète de solidarité internationale. Auparavant, les élèves avaient des autographes. «Et cela permet également de travailler consciencieusement préparé les ques- Didier Burkhalter n’a pas manqué de des notions scolaires différemment tions qu’ils souhaitaient poser à Didier féliciter les élèves de Dombresson, qu’avec des fiches et des exercices», Burkhalter, comme par exemple «est- ainsi que ceux des classes venues de apprécie encore Mélanie Reymond. Les Photos : Eliane Baumgartner, SWISSAID ce que c’est difficile d’être président ?», Spiegel (Berne), Engelburg (Saint-Gall) échos recueillis aussi bien auprès des ou encore «vouliez-vous déjà devenir et Altendorf (Schwyz) pour la solidarité élèves qu’auprès des enseignants président lorsque vous étiez jeune ?» dont ils ont fait preuve à l’égard d’en- montrent que cette vente d’insignes fants et de leurs parents moins favori- représente une bien belle aventure. La L’hymne neuchâtelois sés qu’eux, en vendant des insignes vente d’insignes 2015 a lieu aux mois sous la coupole destinés à soutenir des projets de de février et mars. A nous tous et toutes Visiblement, la rencontre entre les pe- SWISSAID en Afrique, en Asie et en de faire un bel accueil à ces élèves mo- tits Neuchâtelois et leur président, ori- Amérique latine. «La vente des insignes tivés et engagés en faveur d’un monde ginaire du même canton, s’est très bien a permis à mes élèves de vivre un acte meilleur ! Catherine Morand 1/2015 Swissaidle monde
4 a g r i c u lt u r e b i o Toute la communauté s’investit dans la bonne humeur pour la pénible récolte du riz. La renaissance des riziculteurs de Río Valle Fortuno et Mariangela, Chino, inondées : elles sont au sec, comme nés. Parfois, ils sont obligés de couper Negrita, Tres Meses . . . tels sont ailleurs les champs de blé et de seigle. des branches pour dégager le passage. les noms poétiques des variétés L’eau n’est pourtant pas loin. Située à locales de riz, à nouveau cultivées seulement un ou deux mètres de pro- Remédier aux effets pervers de la en Colombie depuis le début des fondeur, la nappe phréatique est ali- mondialisation années 2000, grâce à l’appui de mentée presque quotidiennement. La Aussi reculé soit-il, l’endroit n’a pas été SWISSAID. région reçoit en effet quatre à six fois épargné par la mondialisation. Dans les plus de précipitations que le Plateau années 90, la Colombie a commencé à suisse, qu’on ne peut pas vraiment importer du riz bon marché, diminuant qualifier d’aride. progressivement sa propre production. D ans le hameau d’El Valle, sur la côte pacifique de Colombie, on pourrait croire que le couple formé par Alberto Mais Alberto Arías et Nubia Bermu- dez sont loin d’être arrivés. Leur pi- rogue les attend au bord du Río Valle; Au lieu de cultiver eux-mêmes du riz, les habitants d’El Valle devaient alors dépenser de l’argent pour acheter des Arías et Nubia Bermudez part en ils y placent leurs outils et une marmite aliments. Ce n’est qu’après le passage voyage. Mais tel n’est pas le cas : leurs avant de se mettre en route. «Mainte- à l’an 2000 qu’ils ont recommencé à Photos : Hans Haldimann, Gabriel Castro outils sur l’épaule, ils se mettent sim- nant, nous allons nous baigner», plai- planter davantage de riz, et ce avec plement en route pour aller récolter le sante Nubia Bermudez en montant Les riziculteurs de l’aide de SWISSAID. Ici poussent riz. El Valle fait partie de la commune de dans la fine embarcation instable. Mais Río Valle tiennent jusqu’à 14 variétés locales qui portent Bahía Solano, deux localités difficile- elle n’en dira pas plus, car c’est le mo- beaucoup à ce que des noms comme Fortuno et Marian- ment accessibles. Aucune route ne les ment de ramer. Le couple remonte gela, Chino, Negrita, Tres Meses. Cha- les hommes et les relie au reste du pays ; on ne peut s’y d’abord le large et lent Río Valle avant cune a ses propriétés et ses utilisations rendre qu’en bateau ou à bord d’un de s’engager sur l’étroit Río Angía. femmes se relai- particulières. petit avion. Deux heures de traversée au beau ent pour couper et Autrefois, les gens vivaient en haut Contrairement à ce que l’on pourrait milieu de la végétation, croisant en che- pour ramasser les à côté de leurs rizières. Mais les jeunes croire, les rizières d’El Valle ne sont pas min des oiseaux et des arbres déraci- récoltes. sont descendus au village, où il y a plus Swissaidle monde 1/2015
a g r i c u lt u r e b i o 5 vient dans la région, la riziculture a pris un nouvel élan. «Ils nous apportent de nouvelles connaissances concernant les engrais, la lutte contre les maladies, etc.», explique Leonor Murillo. «Autre- Les riziculteurs de Bahia Solano fe- fois, nous ignorions tout cela. Mainte- ront une apparition sur la RTS, dans nant, nous savons comment combattre l'émission «ensemble». Celle-ci sera les nuisibles.» diffusée le dimanche 15 février 2015 Les binômes continuent de couper à 12h30 sur RTS1 et 19h55 sur et de frapper à un rythme qui repose RTS2. La version italienne sera elle sur de longues années d’expérience. visible le samedi 14 février 2015 sur «Nous faisons cela depuis notre en- LA1. L'émission sera consacrée à ce fance, raconte Ismael Cordoba, ce sont projet de SWISSAID et à la lutte des des gestes que nos parents nous ont familles paysannes pour améliorer appris !» Lorsque les petits conteneurs leurs conditions de vie. en forme de bateau sont remplis, on retire les feuilles et les restes de pani- cule jusqu’à ce qu’il n’y ait plus que des grains de riz. Une récolte rythmée Des serres improvisées Aujourd’hui, c’est jour de récolte. Al- A présent, le riz doit être séché. Autre- berto Arías aiguise sa faucille et sa fois, les riziculteurs du Río Valle machette, vérifie le tranchant des ramenaient leur récolte au village et lames avec le pouce, puis sourit : «Avec l’étalaient dans la rue pour la faire sé- Ci-dessus: Alberto Arías ça, je peux tout raser ici !» Peu après, cher. Cette méthode fonctionnait à peu et Nubia Bermudez en route pour leurs champs une petite procession se fraye un che- près, mais il y avait toujours une voiture de riz. Ci-contre: la pay- min à travers les fourrés : deux hommes pour passer dessus et éparpiller les sanne Sixta Tulia Rivas portant une sorte de canoë court sur la grains. Et comme il s’agit de voies non dans son jardin potager. tête, suivis de femmes et d’hommes goudronnées, il n’était pas rare que de Ses récoltes de légumes et de riz ont presque dou- munis de faucilles. Ils récoltent par petites pierres se mêlent au riz. blé depuis sa conversion groupe de deux : Alberto Arías coupe à Avant la récolte, les paysans ont à l'agriculture bio. plusieurs reprises des brins de riz construit un abri à l’aide de bâches en jusqu’à ce qu’il ait rassemblé une touffe plastique, une sorte de serre que le vent d’animation et où leurs enfants peuvent assez grande. Il passe ensuite cette peut traverser. Désormais, le riz sèche fréquenter l’école. En contrepartie, ils dernière à sa compagne Nubia, qui la en quelques heures. «Autrefois, il fallait acceptent d’effectuer les deux heures frappe trois fois sur le petit bateau, le deux à trois jours de séchage, indique de trajet pour rejoindre leurs champs. conteneur pour le riz. Les grains se Ruperto Nagles, aujourd’hui, en un seul Une fois sur place, ils y restent une se- détachent de la panicule et tombent jour, tout est sec !» maine : ils amènent avec eux des provi- dans le canoë. Nubia Bermudez jette Les innovations portent leurs fruits. sions et des ustensiles de cuisine et les tiges qui, par terre, vont se décom- «C’est notre repas !» se réjouit Leonor campent dans une hutte de paille per- poser et fertiliser le sol. Le tout se passe Murillo tandis qu’elle coupe une nou- manente. Tous cuisinent et mangent à un rythme effréné. velle touffe et la fait passer. «En plus, ensemble. nous gagnons de l’argent dessus ! Car Egalité hommes femmes pour la ce que nous ne consommons pas, nous récolte le vendons au marché.» co loMb iE Les riziculteurs du Río Valle tiennent Hans Haldimann beaucoup à ce que les hommes et les Colombie CARAÏBES femmes se relaient, c’est-à-dire à ce que les rôles soient régulièrement in- Votre Cartagena versés. «Nous pratiquons cette activité aide comme un sport, déclare Leonor Mu- concrète PANAMA Sincelejo Montería rillo, l’une des paysannes les plus Simití VÉNÉZUÉLA âgées, qui vient de prendre la place et 75 francs la faucille d’Alberto, «celui ou celle qui Avec cette somme, vous financez par coupe le plus a gagné !» exemple dix mètres de bâche pour Cupica Pueblorico Nuquí Caramanta Mais c’est la communauté toute faire sécher le riz en Colombie, afin Sogamoso entière qui gagne. Ici, personne ne que celui-ci ne soit plus étendu sur la Manizales bogotá parle du fait que le riz est cultivé selon route. Une clôture, qui protège les PACIFIQUE Buenaventura des méthodes biologiques – cela va de cultures des animaux sauvages, coûte soi. Après tout, on ne parle pas non 135 francs. plus du fait que la terre tourne autour SWISSAID – Aider avec courage. du soleil. Depuis que SWISSAID inter- ÉQUATEUR BRÉSIL 1/2015 PÉROU Swissaidle monde
6 a g r i c u lt u r e b i o «On peut vivre confortablement d’un hectare de terre agricole» Au centre Songhaï, les formations ont lieu à ciel ouvert, dans des champs d’essai. Le Bénin abrite un centre diversification des cultures, qui est dé- «L’agriculture Quelles sont les caractéristiques de formation à l’agriculture terminante. Car on peut vivre conforta- de l’agriculture au Bénin ? bio permet au biologique que les chargés blement d’un hectare de terre agricole. Chez nous, c’est l’agriculture tradition- producteur de de programme de SWISSAID nelle qui prédomine. Elle se passe de pour l’Afrique de l’Ouest ont Pouvez-vous nous donner un dégager un fertilisants et vit des produits de la forêt visité récemment. Rencontre exemple ? bénéfice plus et de sols sans produits chimiques. Là avec Justin Lekoto, responsable Lorsque l’on cultive 15 hectares de important dans où on élève du bétail, le fumier sert d’information du centre coton avec usage intensif de produits la mesure d’engrais. De l’autre côté de l’échelle, Songhaï. chimiques, on doit vendre le produit à où il n’achète se trouvent les producteurs de coton Photos : Sarah Mader, SWISSAID profit afin de pouvoir acheter ensuite ni pesticides qui doivent utiliser des engrais des aliments. Et c’est exactement là chimiques sur des sols déjà épuisés, ni engrais.» Les méthodes de culture que le bât blesse. Il faut intégrer la pro- afin de stabiliser les récoltes. écologiques sont-elles efficaces duction alimentaire aux exploitations. pour lutter contre la faim ? Un producteur de coton peut vivre Comment voyez-vous l’agriculture Justin Lekoto : Quand on a faim, il faut confortablement de ses terres et même écologique au Bénin ? se demander pourquoi. Au Bénin, le gagner de l’argent s’il mise sur des Les méthodes de culture traditionnelles principal problème réside dans la cultures mixtes, en plus du coton. doivent être modernisées et amélio- Swissaidle monde 1/2015
a g r i c u lt u r e b i o 7 rées. Et nous devons trouver les Le centre Songhaï moyens de protéger les sols et l’envi- ronnement. Ici, au centre Songhaï, les Justin Lekoto est responsable d’information du internationaux au centre Songhaï. L’objectif était paysans voient que c’est possible. centre Songhaï, premier centre de formation pour de développer leurs propres programmes et pro- Nous essayons, dans le cadre d’une la diffusion de l’agriculture biologique en Afrique jets dans le domaine de l’agriculture écologique. approche intégrée, d’associer élevage de l’Ouest, situé au sud du Bénin. Des paysans y Actuellement, ils s’occupent des questions de et production agricole. Notre priorité suivent des formations continues, qui leur per- mise en œuvre de l’approche intégrée dans les est la diversification, mais ce n’est pas mettent de se former en méthodes de culture éco- pays où SWISSAID est active. simple, car tous les paysans ne peuvent logique améliorées. pas devenir éleveurs. Les mentalités, Les chargés de programme de SWISSAID du les traditions ou les moyens financiers Tchad, du Niger et de la Guinée-Bissau ont derniè- l’interdisent. On peut cependant déve- rement assisté à un cours dispensé par des experts www.songhai.org lopper l’élevage des chèvres ou celui des poules dans les champs. Il est éga- lement essentiel d’investir dans la fu- ture génération, en formant les jeunes proposer leurs produits – on les connaît «Le principal paysans. sur le marché. Ils les vendent bien, car argument en faveur leurs marchandises ont un meilleur de nos produits Quelle est la politique agricole du goût. Au Bénin, il existe aujourd’hui Bénin ? une catégorie de consommateurs qui bio est leur durée La politique agricole du pays est entiè- se préoccupent des questions de santé de conservation rement axée sur l’exportation. Mais en rapport avec l’alimentation. Ils ne qui est nettement l’Etat doit changer d’orientation ! Le sont pas nombreux, mais ils demandent plus élevée.» président a toutes les cartes en main des produits bio. pour offrir une plate-forme aux idées de l’agriculture biologique et créer Comment voyez-vous l’avenir de d’autres centres agricoles comme le Plus besoin de désherber : les bâches l’agriculture biologique au Bénin ? nôtre. empêchent les mauvaises herbes de Les jeunes se forment et je suis proliférer. convaincu que l’agriculture biologique est promise à un bel avenir. Les pay- Quelles difficultés rencontrez- sans ont également commencé à prati- vous ? quer la culture mixte. Mais tout cela L’une des principales difficultés est que prend du temps. Récemment, j’ai vu l’agriculture écologique demande plus des paysans acheter de la matière orga- de travail que les méthodes conven- nique pour fabriquer des engrais – cela tionnelles. En outre, les paysans ont un me donne de l’espoir ! Les champs d'essai du centre Songhaï permettent aux paysannes énorme déficit d’informations. Pour Propos recueillis par Sarah Mader et paysans d'identifier les plantes l’élevage, enfin, ils n’ont souvent pas les plus prospères. accès à des microcrédits, pourtant es- sentiels. Comment diffuser plus largement l’agriculture écologique ? Il faut mettre en avant les succès et aménager des champs d’essai dans des exploitations modèles afin que les paysans puissent apprendre les mé- thodes sur le terrain. Il est également Votre important de se focaliser sur les béné- aide fices potentiels. Au Bénin, les prix des concrète produits bio sur les marchés ne sont pas encore supérieurs à ceux des pro- 50 francs duits conventionnels. Mais dans la Ce certificat cadeau permet l’achat de 100 pous- mesure où il ne doit acheter ni engrais sins qui permettent de démarrer un petit élevage ni pesticides, le producteur dégage un de volaille. Outre la vente des œufs, une famille bénéfice plus important. de paysans peut utiliser la fiente des animaux comme engrais pour ses champs. Il en résulte Qu’en est-il de la commercialisa- des sols plus fertiles et de meilleurs rendements. tion des produits ? Une chèvre qui nécessite peu de soins et dont Le principal argument en faveur de nos le fumier améliore la qualité des sols coûte produits bio est leur durée de conserva- 35 francs. tion qui est nettement plus élevée. Les SWISSAID – Aider avec courage. agriculteurs bio savent aussi comment 1/2015 Swissaidle monde
8 violence domestique «Ma belle-fille a réussi à me dissuader de la rouer de coups» En Inde, la violence domestique contre les femmes est répandue dans toutes les couches de la population – et l’Etat ne fait pas grand-chose pour enrayer le phéno- mène. SWISSAID soutient une organisa- tion qui aide les femmes victimes de mal- traitances et qui sensibilise les hommes pour éviter qu’ils ne deviennent violents. ranzösisch P lus d’unEtiers Equat u r des Indiennes ont déjà été l’objet de violences au sein de leur foyer. Le coupable n’est pas un inconnu, mais leur propre c oloMbi E mari, père ou beau-père. Dans toutes les CARAÏBES PACIFIQUE couches de la population indienne, soumettre COLOMBIE Cartagena les femmes en les frappant n’étonne personne. Mais la violence n’en est pas moins doulou- PANAMA Sincelejo Montería reuse, dégradante et brutale. Ibarra Elle n’est pas lé- Hommes et femmes s’engagent pour lutter contre la violence domestique. Simití VÉNÉZUÉLA gale non plus. Néanmoins, il reste du chemin à quito parcourir jusqu’à ce que l’Etat protège les vic- Wadagaon dans l’Etat de Maharashtra ; il in- de manière ciblée aux hommes non mariés. Ils times de maltraitance et en punisse les auteurs. COTOPAXI carneCupica désormaisPueblorico un modèle de comportement doivent être sensibilisés avant de commencer Latacunga Caramanta Nuquí au sein exemplaire de sa communauté. Sogamoso eux aussi à lever la main sur leur femme.» Ambato Manizales La volonté est là, mais . . . TUNGURAHUA bogotá Guaranda Riobamba PourBOLÍVAR changer ce mode de fonctionnement pa- CHIMBORAZO Ta, ma, notre PACIFIQUE maison Buenaventura Impliquer l’Etat triarcal, il faut de laAlausí persévérance, un long travail La collaboration avec les autorités se trouve à HMF encourage les femmes à faire valoir leurs RAÏBES de persuasion, de la volonté. Et, parfois, l’espoir PÉROU un tournant. Un pas en avant a été réalisé grâce droits et les soutient dans leurs démarches au- renaît, après le récit d’un changement radical à l’enregistrement en commun de la propriété près de la police ou des tribunaux. Comités de de comportement : «Autrefois, pour moi, c’était foncière par les couples mariés. «Le maire nous médiation qui viennent en renfort de la police, normal de frapper ma belle-fille. Depuis qu’elle aÉQUATEUR présenté le registre foncier sur lequel figurent cours pour les responsables des groupes d’en- fréquente le comité des femmes, elle connaît les noms des deux époux, témoigne Sigrid Bur- BRÉSIL traide et sensibilisation et collaboration avec les ses droits et elle se révolte. Cela m’a ouvert les ri, collaboratricePÉROU de SWISSAID, après sa visite fonctionnaires constituent les autres piliers de yeux. Ma belle-fille a réussi à me dissuader de dans cette commune. Les femmes sont désor- son action. Derrière tout ce travail de convic- la rouer de coups.» La personne qui raconte sa mais propriétaires de la terre à part égale avec tion, il y a l’espoir que l’Etat s’intéressera «conversion» est un vieil homme à barbe leur mari !» Elle a pu constater le profond désir bientôt à cette question et que la violence do- blanche, un notable que les hommes de l’admi- de changement auquel aspire ce village. Le long mestique au sein de la société indienne ne sera nistration communale respectent. Shankar et patient travail de persuasion mené par l’orga- plus acceptée de manière tacite. Zora Schaad Pandurang iNd E Patil est le chef du petit village de nisation partenaire de SWISSAID a sans aucun taN zaNiE doute contribué à ce nouvel état d’esprit. Inde Chercher le dialogue, avant de recourir Votre à la violence KENYA aide Depuis 1992 dans la région d’Osmanabad, la concrète PAKISTAN CHINE Halo Medical Foundation (HMF)KILIMANJARO BURUNDI s’occupe des femmes et de leurs blessures physiques et psy- TNAM New delhi NÉPAL chiques. L’organisation propose des conseils et MADHYA PRADESH travaille étroitement avec différents groupes 125 francs Photo : Lorenz Kummer, SWISSAID BANGLADESH dodoma Bhopal d’entraide où les femmes peuvent parler de Avec cette somme, vous pouvez par exemple Indore Jabalpur leurs blessures à l’âme, en savoir Darplus sur leurs es Salaam financez, en Inde, une formation complète Nagpur Raipur Chandrapur MYANMAR droits, et remettre en question la violence des d'animateur en faveur d'un homme. Des thè- Mumbai Beed hommes. Ces groupes sont dirigés par des ani- mes tels que la masculinité, les bases légales Ratnagiri Pune CHHATTISGARH Sagara mateurs, hommes et femmes, formés par HMF, et les stratégies d'action contre les violences ZAMBIE GOLFE DU qui se sont distingués par leur engagement et envers les femmes sont abordés. MAHARASHTRA BENGALE jouissent de la confiance de la population.Lindi Sigrid SWISSAID – Aider avec courage. Mtwara Burri raconte : «Certains animateursMasasi s’adressent MALAWI Nanyumbu SRI LANKA MOZAMBIQUE Swissaidle monde 1/2015
EN B R E F 9 Nicaragua: succès pour l’aide d’urgence aux victimes de la sécheresse B onne nouvelle pour les plus de 1300 familles de paysans au Nicaragua qui ont bénéficié de l’aide d’urgence de SWISSAID, après la ter- cette sécheresse ait été la pire depuis 32 ans, l’Etat s’était contenté de distribuer quelques colis alimentaires. Les familles de petits pay- rible sécheresse de 2014. Grâce aux pluies, par- sans étaient pourtant dans le dénuement le plus fois abondantes, du mois d’octobre, les produc- total : les sacs de récolte étaient désespérément teurs ont réalisé fin novembre une récolte de vides et il n’y avait plus de semences pour les haricots et de maïs satisfaisante. Malgré des prochaines semailles, car les paysans, en déses- pertes de maïs en raison du manque de précipi- poir de cause, les avaient consommées. tations peu après les semailles de septembre, la SWISSAID a alors mis à disposition des com- Après la sécheresse, les semailles de septembre récolte suffit à remplir les banques de semences munautés paysannes des semences tradition- ont enfin donné une récolte satisfaisante. des villages. nelles améliorées et des pompes pour amener Au cours des six premiers mois de l’année l’eau des rares ruisseaux restants aux champs. passée, la sécheresse s’était abattue sur de La priorité de cette action était de réapprovi- méthodes de culture écologiques. Il était égale- vastes zones de ce pays extrêmement pauvre : sionner les banques de semences pour que les ment essentiel de prodiguer une aide d’urgence les plantes avaient séché dans les champs et les familles puissent recommencer à cultiver leurs simple et rapide, ce que nous avons pu réaliser récoltes de haricots et de maïs – les aliments de champs et ainsi assurer eux-mêmes leur survie. grâce à la précieuse contribution de nos dona- base – avaient été totalement perdues. Bien que Cet objectif a été atteint, notamment grâce aux teurs. PW Guinée-Bissau : non à l’excision ! L ’excision est interdite depuis 3 ans en Guinée-Bissau, petit Etat d’Afri- que de l’Ouest. En novembre dernier, et pour la deuxième fois depuis l’entrée en vigueur de cette loi, deux exciseu- ses et quatre parents ont été traduits devant la justice pour leur implica- tion dans sept cas d’excision. Selon l’agence de presse AFP, tous les préve- Affiches utilisées pour le travail de sensi- nus ont déclaré à la Cour avoir agi en bilisation. Ci-dessus : ensemble, nous mettons un terme à l’excision. A droite : accord avec leur foi. Stop ! Ça suffit s’il vous plaît ! Il y a dix ans, l’excision était encore un sujet tabou. Aujourd’hui, la situation s’est améliorée dans les villes, grâce à la sensibilisation, à l’ouverture d’esprit soient traduites en justice. C’est abso- «C’est absolu- ciseuses d’autres sources de revenus, des chefs religieux et à l’interdiction de lument nécessaire. Mais la loi seule ne ment nécessaire par exemple en tant que couturière ou cette pratique. Mais dans les commu- suffit pas à mettre un terme à cette productrice d’huile. que les personnes nautés rurales comme celles des pratique, c’est pourquoi le travail de A Bafatá, une petite ville à l’est du soient traduites Photos : SWISSAID Guinée-Bissau Mandinka, des Fula et des Biafada, la sensibilisation et de prévention est tout pays, deux exciseuses avaient déjà été pratique reste largement répandue. Se- aussi important», explique Alfredo en justice.» condamnées il y a deux ans à trois ans lon un rapport du ministère de la Santé Handem, représentant de SWISSAID de prison. Aujourd’hui, le procureur re- de 2012, sur une population de 1,7 mil- en Guinée-Bissau. quiert au moins sept ans d’emprison- lion de personnes, au moins 320 000 SWISSAID lutte contre ce phéno- nement à l’encontre des parents et des femmes et filles sont encore touchées mène en menant un travail de sensibi- exciseuses. Le verdict n’était pas enco- par cette mutilation génitale. «Nous lisation auprès des chefs de village, des re tombé, lors du bouclage de ce maga- nous réjouissons que ces personnes filles et des mères et en offrant aux ex- zine. PW 1/2015 Swissaidle monde
10 m at i è r e s p r e m i è r e s HONDURAS Rancho Grande Waslala Jinotega Matagalpa Matiguas Terrabona San Dionisio CARAÏBES Managua Rivas PACIFIQUE COSTA RICA Mya N Mar Transparence dans le négoce des matières premières : KACHIN STATE le Conseil fédéral INDE Myitkyina BANGLADESH Bhamo CHINE VIÊTNAM Lashio rate le coche parence des paiements dans SHAN Mandalay le secteur négoce ne pose pas de problème en termes concurrence – un fait que STATE du de LAOS le Conseil fédéral, Naypyidaw avec sa politique timorée, semble continuer à Le débat sur la transparence des flux ignorer.GOLFE Le projet DU de loi est actuellement en nanciers des entreprises actives dans le fi BENGALE consultation et sera ensuite Rangun délibéré au Parle- secteur des matières premières se trouve ment. THAÏLANDE en Suisse dans une phase décisive. SWISSAID va continuer à s’engager en fa- veur d’une plus grande transparence dans le secteur des matières premières. Cela repré- sente un instrument de premier plan pour lutter L e Conseil fédéral a procédé fin novembre 2014 à la mise en consultation du volumi- neux projet de loi sur la révision du droit de la obtenir du Parlement la compétence d’étendre l’obligation de transparence au négoce par voie d’ordonnance, si d’autres pays devaient fran- contre ce qu’il est convenu d’appeler la «malé- diction des matières premières». C’est en effet la seule possibilité pour les populations des société anonyme. Ce projet contient également chir ce pas. pays producteurs de pouvoir demander des des dispositions relatives à la transparence des comptes à leurs autorités quant à l’utilisation paiements effectués aux Etats et aux entre- SWISSAID va continuer à s’engager N i gEr des richesses générées par les ressources natu- prises publiques par les sociétés actives dans le En novembre 2014, le géant du négoce Trafi- relles. SWISSAID et la Déclaration de Berne ont secteur des matières premières. Reste que, se- gura, dont le siège se trouve en Suisse, a annon- récemment publié une étude qui illustre l’am- lon le Conseil fédéral, seuls les paiements rela- cé son intention de publier, dès 2015, les pleur de ces paiements dans le négoce des tifs aux opérations extractives seront soumis à paiements effectués à des sociétés d’Etat, dans matières premières. Entre 2011 et 2013, les ALGÉRIE cette obligation. Les opérations de négoce se- les pays membres de l’ITIE. Ainsi l’une des prin- négociants suisses ont payé quelque 55 mil- ront exemptées, alors qu’elles constituent l’es- cipales sociétés de négoce a devancé le Conseil liards de dollars à des gouvernements africains sentiel de l’activité des traders suisses. fédéral en matière de transparence des paie- pour des livraisons de pétrole. Cela correspond Le projet de loi sur la transparence des paie- ments. Cet exemple montre aussi que la trans- à 12% des revenus de ces Etats, et représente ments proposé par le Conseil fédéral est étroi- plus du double MALI de la totalité du volume d’aide tement calqué sur les dispositions adoptées au développement octroyée à ces pays. au sein de l’Union européenne. La Grande- TILLABÉRI Abala Lorenz Kummer Dankassari Bretagne est le premier pays européen à les Téra Arzérori Niamey concrétiser par une loi, entrée en vigueur le 1er Dogondoutchi Photos : Michael Würtenberg Torodi Harikanassou décembre 2014. Dans le cas de la Suisse, l’ex- Koygolo DOSSO clusion du négoce des matières premières ré- NIGÉRIA Gaya duit cependant l’exercice à un simple alibi, car les activités extractives de toutes les grandes sociétés de négoce basées en Suisse sont déjà soumises aux règles de transparence euro- Lien vers l'étude «Big Spenders» : péennes. Le Conseil fédéral souhaite cependant www.swissaid.ch/fr/etude-negoce-petrole Swissaidle monde 1/2015
PACIFIQUE COLOMBIE Cartagena PANAMA Sincelejo Montería m at i è r e s p r e m i è r e s 11 Ibarra Simití VÉNÉZUÉLA quito COTOPAXI Glencore sous Latacunga Ambato Cupica Nuquí Pueblorico Caramanta Sogamoso haute surveillance TUNGURAHUA Manizales Guaranda Riobamba bogotá PACIFIQUE BOLÍVAR CHIMBORAZO Buenaventura Alausí au Tchad PÉROU Une organisation de la société civile tchadienne a donné l’alerte ÉQUATEUR BRÉSIL après avoir constaté un déverse- PÉROU ment de brut en pleine nature par la société suisse Glencore. i N dE ta N z a N iE KENYA Le pétrole a été déversé par un chauffeur de PAKISTAN CHINE cBURUNDI amion dans une KILIMANJARO carrière proche d'un village. New delhi NÉPAL MADHYA PRADESH mières Indore Bhopal mierNagpur L e géant suisse des matières Glencore Jabalpur plan dans Raipur joue BANGLADESH un rôle de pre- pre- l’exploitation du pétrole qu’utilisent dodoma les paysans pour se rendre aux champs et au village voisin». Dar es Salaam avec les autorités, la CNPCIC vient de régler une amende de 400 millions de dollars pour pouvoir continuer à exploi- MYANMAR Mumbai au Tchad, Beed l’un des pays les plus pauvres Chandrapur Glencore veut limiter la liberté ter le pétrole tchadien. Les autorités en Ratnagiri de laPune planète, où CHHATTISGARH SWISSAID appuie des de circulation ont également profité pour renégocier organisations Sagara de la société civile, qui ZAMBIE La société suisse a entrepris des tra- en leur faveur les contrats qui les lient. GOLFE DU jouent un rôle de lanceur MAHARASHTRA BENGALEd’alerte. vaux de pompage Lindi et de réhabilitation C’est le cas de la CPPL, la Commis- de la zone sinistrée. Mtwara Mais aux yeux de La population proteste contre Masasi sion Permanente Pétrole Local, qui a la CPPL, ce n’est pas suffisant. Elle a la vie chère envoyé une mission sur le terrain pour SRI LANKA Les servicesMALAWI de Nanyumbu demandé aux autorités d’envoyer une Reste aux autorités tchadiennes à constater les dégâts environnemen- sécurité de commission d’enquête indépendante, MOZAMBIQUE mieux prendre en compte l’améliora- taux qui lui avaient été signalés, géné- Glencore ont pour s’assurer de la qualité et de la fia- tion des conditions de vie d’une popu- rés par le déversement sauvage de tenté d'intimider bilité des travaux de dépollution. lation qui souffre de la cherté de la vie. pétrole sur le site de Bémangra, exploi- Les services de sécurité de Glencore Des manifestations ont eu lieu le 11 la mission de té par la société suisse Glencore. Dans ont tenté d’intimider la mission de la novembre 2014 pour protester, entre Photos : Ldd. CPPL un rapport publié le 26 octobre 2014, la la CPPL venue CPPL en leur confisquant leur appareil autres, contre la pénurie de carburant t ch ad mission de la CPPL confirme la pré- constater g u iN Ea les -b i s s au de photo, avant de le leur restituer, et des prix de l’essence qui ont été mul- sence d‘ «une étendue de brut pétrolier dégâts sur suite aux interventions d’autres organi- tipliés par trois. Le comble pour un pays dans une carrière non loin de la route le terrain. sationsSÉNÉGAL basées dans la capitale N’Dja- pétrolier ! Catherine Morand mena. Dans son rapport, l’organisation estime Farimd’ailleurs «inconcevable et hors Bigene Contuboel Cacheu Djalicundaque Glencore restreigne la de question Votre aide OÏO Tchad Tchur Brick liberté de circulation» Sao Vicente Bafatá sur le site pétro- Bula Calequisse Canchungo lier, ce qui empêcherait les habitants de BAFATA concrète CACHEU Bambadinca NIGER pouvoir donner l’alerte, et les organisa- bissau Ilha de Pecixe tions de la Xitole société civile de jouer pleine- ment leur rôle. 75 francs SOUDAN Arquipélago Avec cette somme, vous financez par dos Bijagós L’amende payéeGUINÉE par la Chine exemple une heure d'émission de ra- En juillet dernier, la société pétrolière dio au Tchad. Celle-ci informe les pay- NIGÉRIA N’djaména chinoise CNPCIC (China Petroleum sans au sujet de leurs droits, mais aus- Mongo ATLANTIQUE Company International Chad) s’était vu si sur les techniques agricoles Gélendeng retirer ses 5 permis d’exploitation après écologiques. Dans les pays du Sud, la Pala avoir également déversé du brut en radio est un des principaux moyens de Sarh Moundou Koumra pleine nature. La société civile s’était là communication. Doba aussi mobilisée pour lui demander des SWISSAID – Aider avec courage. CAMEROUN RÉP. CENTRAFRICAINE comptes. Après un intense bras de fer 1/2015 Swissaidle monde
12 D i a lo g u e e n t r e pays a n n e s Les paysannes des 4 continents, accompagnées de Markus Ritter, président de l'Union suisse des paysans et de Barbara Dürr, présidente des paysannes saint-galloises. Dans les coulisses du Tour de Suisse des paysannes E n octobre 2014, huit paysannes du Myanmar (Birmanie), du Tchad, de la Colombie et du Canada ont sillonné – appuyées par SWISSAID dans leur pays respectif – séjournaient à l’étran- ger pour la première fois. Leurs impres- leur a semblé bénéficier leur statut de paysanne. la Suisse pendant deux semaines en sions ont été aussi intenses que va- Découvrir d’autres réalités compagnie de SWISSAID, pour aller à riées. En plus des échanges avec leurs Cet événement a représenté une belle la rencontre de leurs collègues helvé- collègues sur des sujets liés à l’agricul- opportunité d’en savoir plus sur la réa- tiques, dans leurs fermes. ture, d’autres questions ont ponctué ce lité de paysannes sous d’autres cieux. Lors de sept haltes en Suisse ro- Tour de Suisse. Des situations inédites Comme le résume parfaitement Yvonne mande et alémanique, ces paysannes pour elles ont éveillé leur curiosité, Grendelmeier de l’Union suisse des d’ici et d’ailleurs ont échangé sur de comme lorsqu’elles ont utilisé pour la paysannes et des femmes rurales, qui a nombreux thèmes : le rôle déterminant première fois un ascenseur. Les petits co-organisé avec SWISSAID ce dia- qu’elles assument sur les exploitations déjeuners à base de pain et de fromage logue entre paysannes : «Ces échanges familiales, les innombrables tâches ou encore la douche quotidienne à et la découverte de parcours de vie qu’elles accomplissent au quotidien ; l’eau chaude courante ont également aussi différents nous ont ouvert les mais aussi sur des questions plus tech- suscité de nombreuses questions. yeux, à moi ainsi qu’à beaucoup de niques concernant l’acquisition de Durant ce Tour de Suisse inédit, les mes collègues.» Fabio Leippert connaissances en matière d’agroécolo- paysannes des quatre continents ont gie ou de semences. Ces partages été très sollicitées par les médias. Elles d’expériences ont fait apparaître de ont chaque fois répondu aux interviews nombreux points communs entre pay- avec beaucoup de pertinence, sans se sannes des quatre continents. laisser intimider : leur énergie positive, «Ces échanges et la leur décontraction et leur plaisir à Photos : SWISSAID Nombreuses sollicitations échanger étaient palpables. Elles ont découverte de par- édiatiques m également été impressionnées par le cours de vie aussi La plupart des paysannes venues du sens de l’organisation de leurs collè- différents nous ont Tchad, de la Colombie et de Birmanie gues suisses, et la considération dont ouvert les yeux.» Swissaidle monde 1/2015
D i a lo g u e e n t r e pays a n n e s 13 Paroles de paysannes San Wai, Myanmar : Marta Cecilia Pinto «C’est formidable de rencon- Senejoa, Colombie : trer des femmes qui sont fières «Ici, en Suisse, les paysannes d’être paysannes. Dans mon ont beaucoup de bétail. En Co- pays, c’est malheureusement lombie, c’est plutôt la culture très rare.» des légumes et des céréales qui prédomine. C’est pourquoi j’ai particulièrement apprécié la vi- site des serres et l’échange avec des spécialistes de la culture maraîchère et des semences.» Dorcas Ndigueroïm, Nancy Caron, Canada : Tchad : «Le fait que des animaux diffé- «Que ce soit dans les fermes rents soient aussi proches les ou dans les parkings, en uns des autres m’a beaucoup Suisse, il y a des machines étonnée. Au Canada, il est in- pour tout.» terdit pour des raisons d’hy- giène de mettre des poules, des cochons et des vaches à un même endroit. Les fermes bio ne fonctionneraient jamais de cette façon.» Yaini Contreras Jimenez, Lar Mya Mee, Myanmar : Colombie : «Je peux enfin cueillir l’une de «Avec le Ribelmais, les pay- ces pommes directement sur sans en Suisse préparent des l’arbre. Chez moi, elles sont plats très similaires à ceux que hors de prix.» nous cuisinons avec nos varié- tés de maïs traditionnelles. Et la préservation des semences locales vous tient tout autant à cœur qu’à nous.» Monia Grenier, Canada : Momini Serrobé, Tchad : «La passion de l’agriculture «On m’a dit qu’en Suisse, il y nous unit. La terre n’appartient avait parfois trop de fumier. pas au paysan. Il n’est là que Chez nous, c’est exactement le pour s’en occuper et la trans- contraire. Nous n’en avons pas mettre en bon état aux généra- assez et nous devons payer les tions suivantes. C’est l’une des nomades pour qu’ils campent raisons pour lesquelles notre dans nos champs et que leurs rencontre a été si fructueuse.» troupeaux fertilisent ainsi les sols.» 1/2015 Swissaidle monde
14 forum La vie au fil de l’eau au Niger et à Genève F aire couler son robinet, boire un coup, arro- ser son potager, laver ses légumes puis sa vaisselle. Des gestes anodins ? Pas pour tous ! A l’occasion de la Journée mondiale de l’eau et en collaboration avec la commune de Vernier (GE), l’association SWISSAID Genève vous con- vie à une soirée de discussions avec projection de courts-métrages. De l’accès public à l’eau à son utilisation dans l’agriculture et l’industrie, des spécialistes compareront les défis qu’une ville comme Genève et un pays rural comme le Niger doivent relever, à travers des exemples concrets, notamment les projets «eau» de SWISSAID au Niger. Rendez-vous est pris le jeudi 19 mars, à 19h00 dans le Centre de quar- tier de Poussy, 56 ch. de Poussy, 1214 Vernier. www.swissaid.ch/fr/vernier-eau «J’espère que le moratoire L’agriculture écologique, sur les OGM en Suisse ne sera pour en finir avec la faim jamais levé !» E n novembre 2014, SWISSAID Ge- nève a organisé un débat à l’issue de la projection du film argentin «De- P our lutter contre la faim, SWISSAID promeut une agriculture écologique, qui donne d’excellents résultats. Dans le livre passionnant publié il y a quelques mois par Bruno Parmentier, sierto verde», diffusé dans le cadre du spécialiste français des problèmes agricoles et alimentaires, festival «Filmar en América Latina» à l’encouragement aux techniques de production agroécologique, Genève. Ce film époustouflant raconte et le soutien à l'agriculture familiale sont présentés comme au- par le menu la véritable catastrophe tant de solutions pertinentes pour lutter contre la faim dans le que représente pour l’Argentine la monde et relever les défis du futur en matière d’alimentation. culture de soja transgénique, qui em- Dans sa préface, Olivier de Schutter, rapporteur spécial des poisonne riverains et paysans, «sprayés Nations Unies sur le droit à l’alimentation de 2008 à 2014, rend comme des plantes» par des tonnes de hommage au livre de Bruno Parmentier, qui met en perspective pesticides et d’engrais extrêmement les défis posés par des fléaux tels que la sous-alimentation, la toxiques. malnutrition et l’obésité, «triple fardeau qui continue à peser sur Ce documentaire met en scène des les gouvernements», tout en proposant des pistes pour en sortir. mères, elles-mêmes souvent victimes «La faim est politique, son éradication aussi», rappelle Bruno de cancer, qui se battent à Cordoba Parmentier, qui demeure optimiste, malgré le réchauffement de pour que leurs enfants puissent vivre la planète, l’accaparement des terres ou la production d’agrocar- dans un environnement sain. «Le fossé burants au détriment des aliments. Il est toujours plus grand entre les finan- compte sur l’engagement des citoyens ciers qui profitent du tout-soja transgé- exportait jadis. La faim guette désor- et des ONG actives sur ces questions, nique et celles et ceux qui en souffrent mais l’Argentine, un comble pour ce dont SWISSAID, pour faire reconnaître dans leur corps», a estimé le réalisateur grand pays agricole. «J’espère que le par leurs gouvernements la faim Ulises de la Orden lors du débat à l’is- moratoire sur les OGM en Suisse ne comme le principal problème que doit Photos : SWISSAID Niger / Ldd. sue du film. sera jamais levé», a-t-il lancé en appre- affronter l’humanité en ce 21e siècle. Et Son film est un réquisitoire impla- nant par le vice-président de SWIS- les encourager à faire les bons choix cable contre l’agro-industrie qui a SAID Genève Laurent Jimaja que le pour l’éradiquer. transformé son pays en un «désert moratoire sera remis en cause en 2017. vert», où ne pousse pratiquement plus Dans cette perspective, ce film mérite- «Faim Zéro, en finir avec la faim dans que du soja transgénique, au détriment rait en tout cas d’être largement diffu- le monde» de Bruno Parmentier, La des nombreuses autres cultures qu’il sé. Catherine Morand Découverte, juillet 2014 Swissaidle monde 1/2015
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