Agents électrophysiques et cancer - Par Philippe Bussières, pht

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Agents électrophysiques
       et cancer

     Par Philippe Bussières, pht
    http://pbussier.iquebec.com
Questionnement
Quels sont les problèmes avec les agents
électrophysiques et le cancer ?
Est-ce réel, imaginaire, fondé sur les données
probantes ?
Y-a-t-il des lignes directrices pour nous aider ?
Quel est l’importance des zones grises ?
Comment interpréter ces zones grises ?
Comment dispenser des traitements sécuritaires,
efficaces et bénéfiques au patient ?
Les patients cancéreux
 éprouvent souvent plusieurs
problèmes physiques pouvant
  être traités en réadaptation
 physique, comme la douleur,
les faiblesses musculaires, les
    spasmes ou les tensions
 musculaires et les pertes de
            mobilités.
État du problème
On croit généralement que l’application des
techniques électrophysiques à un patient
cancéreux peut occasionner des effets néfastes
sur la progression de la maladie et constitue
ainsi un danger potentiel.
Plusieurs agents électrophysiques sont
considérés à tort ou à raison comme étant plus
problématiques que d’autres.
Pour cette clientèle, plusieurs physiothérapeutes
ne sont pas certains s’il est pertinent ou non
d’appliquer ces techniques et s’abstiennent donc
de les utiliser.
Cependant …
Si c’est réellement un problème, alors il est clair
que nous ne devrions pas utiliser ces techniques
avec les patients cancéreux.
Si ce n’est pas un problème et que l’on
s’abstient, il est possible que le patient soit
privé d’un traitement qui pourrait lui être
bénéfique.
Il y aura toujours plusieurs zones grises mais on
devrait essayer de reposer nos décisions
cliniques sur des guides de bonne pratique.
Obligation d’informer les patients sur les risques
et les bénéfices et les alternatives
Jugement fondé sur …
La connaissance des effets néfastes ou bénéfiques
des différents agents physiques
La spécificité de ces techniques sur différents types
de cancers
La fragilité des tissus à traiter
L’ancienneté du diagnostic, des traitements
dispensés et du risque de récidives
Les précautions et contre-indications proviennent-
elles d’une spéculation sur les effets physiologiques
ou plutôt d’observations cliniques ?
Les précautions et contre-indications sont-elles
basés sur une absence d’évidence que la technique
est inoffensive ou au contraire sur des évidences
cliniques qu’elle est néfaste.
Phases du cancer

Initiale
De survie prolongée : subaiguë, rémission
Rémission
Guérison
Terminale
Phase initiale
Période de survie à court terme
Prise de conscience d’une mort possible
Traitement anticancéreux intensifs
Beaucoup d’effets secondaires
En physiothérapie, ne rien faire qui puisse augmenter le
taux de croissance des tumeurs et des métastases
Favoriser les agents physiques qui peuvent avoir un effet
destructeur sur la tumeur ou qui peuvent augmenter
l’efficacité locale des médicaments anticancéreux (ex. courant
direct de faible intensité)
Favoriser les agents physiques pouvant lutter contre certains
effets secondaires (ex. laser pour les ulcères buccaux)
Attention aux tissus fragilisés par les traitements
anticancéreux, dont la sensibilité devient défaillante ou dont
la vascularisation devient déficiente (ex. attention à la
cryothérapie et aux différentes formes de thermothérapie)
Phase de survie prolongée
Période subaiguë (jusqu’à 6 mois post-traitement) et
de rémission (entre 6 mois et 5 ans post-traitement)
Cessation des traitements anticancéreux et de
soutien
Patient dans la crainte d’une rechute
Atteintes physiques et sociales secondaires
possibles
En période de rémission, en l’absence de signes
ou symptômes de récidives, il est possible
d’appliquer sans restriction tous les agents
physiques. On respectera toujours les précautions
d’usage, en s’assurant de l’état des tissus à traiter
et en vérifiant les précautions et contre-indications
habituelles.
Phase de guérison permanente
          probable
Atteintes physiques et sociales
secondaires possibles
En période de guérison probable, il est
possible d’appliquer sans restriction tous
les agents physiques (N.B. il faut néanmoins
toujours prêter une attention particulière aux
signes et symptômes de récidives).
On respectera toujours les précautions
d’usage, en s’assurant de l’état des tissus
à traiter et en vérifiant les précautions et
contre-indications habituelles.
Phase terminale

Échec des traitements
Patient reçoit des soins palliatifs visant à
soulager la douleur et à l’accompagner
jusqu’au seuil de la mort dans les
meilleures conditions possibles
Tous les traitements à visée antalgique
sont possibles et recommandés s’ils
démontrent une bonne efficacité sur le
patient.
L’électrothérapie

Plusieurs techniques d’électrothérapie possible :
   Courants polarisés : courant continu constant,
   courant Haut voltage pulsé, microcourant,
   courants diadynamiques, courant
   monophasique pulsé
   Courants biphasiques asymétriques plus ou
   moins dépolarisé, à moyenne nulle ou non :
   TENS, courants stimulomoteurs biphasiques
   pulsés, courants interférentiel et prémodulé …
   CEMP
Courants polarisés
Les courants électriques sont souvent considérés
comme étant contre-indiqué malgré que plusieurs
essais cliniques aient plutôt démontré des effets
bénéfiques :
– Von Euler, H. : « Electrochemical Treatment of Tumours », Doctoral Thesis
  Swedish University of Agricultural Sciences, Uppsala 2002
– Jarm, T. et coll. : « Perturbation of blood flow as a mechanism of anti-
  tumour action of direct current electrotherapy », Physiol. Meas. 24 (2003)
  75–90
– O' Clock, G. D. (1997). « The effects of in vitro electrical stimulation on
  eukaryotic cells : suppression of malignant cell proliferation », J Orthomol-
  Med. 1997 3rd qtr; 12(3): 173-181
– Habal, M. B. (1980). « Effect of applied dc currents on experimental tumor
  growth in rats » , J Biomed Mater Res 14(6): 789-801.
– Taylor, T. Engler, P. et al. (1994). « Ablation of neoplasia by direct current »,
  Br J Cancer 70(2): 342-345.
– Griffin, D. T., N. J. F. Dodd, J. V. Moore, B. R. Pullan and T. V. Taylor. 1994.
  The effects of low-level direct current therapy on a preclinical mammary
  carcinoma: tumor regression and systemic biochemical sequelae. Brit. J.
  Cancer 69:875-878.
– Dodd, N. J. F., J. V. Moore, T. V. Taylor and S. Zhao. 1993. Preliminary
  evaluation of low-level direct current therapy using magnetic resonance
  imaging. Physica Medica 9:285-289.
Courants polarisés (suite)
L’électrothérapie, particulièrement le microcourant,
a prouvé son efficacité comme traitement
antitumeur chez l’animal
  David, S. L., et coll, : « Effect of low level direct current on in
  vivo tumor growth in hamsters », Cancer Res, 1985, 45 :
  5625-5631 ;
  Habal, M. B. : « Effect of applied DC currents on
  experimental tumor growth in rats », J. Biomed Mat Res,
  1980, 14 : 789-801 ;
  Marino, A. A., Morris, D., Arnold, T. : « Electrical treatment of
  lewis lung carcinoma in mice », J Surg Res, 1986, 41 : 198-
  201 ;
  Sersa, G., Miklavcic, D. : « The feasibility of low level direct
  current electrotherapy for regional cancer treatment », Reg
  Cancer Treat, 1992 ;
  Schauble, M. K., Habal, M. B., Gullick, H. D. : « Inhibition of
  experimental tumour growth in hamsters by small direct
  currents », Arch Pathol Lab Med, 1977, 101 : 294-297
Courants polarisés (suite)
L’électrothérapie a aussi démontré son efficacité
comme traitement antitumeur chez l’humain
  Matsushima, Y., J. S. Liu, E. Tajika et al. 1990. Direct current therapy
  for local control of malignant tumors. Nippon Geka Gakkai Zasshi
  91:23-28
  Nordenstrom, B. E. W. 1989. Electrochemical treatment of cancer. I:
  Variable response to anodic and cathodic fields. Amer. J. Clin. Oncol.
  12:530-536.
  Watson, B. W. 1991. The treatment of tumors with direct electric
  current. Med. Sci. Res. 19:103-105
  Azavedo, E., G. Svane and B. E. W. Nordenstrom. 1991. Radiological
  evidence of response to electrochemical treatment of breast cancer.
  Clin. Radiol. 43:84-87.
  Heiberg, E., W. J. Nalesnik and C. Janney. 1991. Effects of varying
  potential and electrolytic dosage in direct current treatment of
  tumours. Acta Radiol. 32:174-177.
  Lao, Y. -H., T. -E. Zheng, J. -Z. Zhang, Y. -W. Hua, S. -M. Mao and X.
  Feng. 1994. Electrochemical therapy for intermediate and advanced
  liver cancer: a report of 50 cases. Eur. J. Surg. (Suppl.) 574:51-53.
Courants polarisés (suite)

Bénéfices plus élevés que les risques
TENS et cancer
Quelques études suggèrent l’efficacité du TENS dans
le cas de douleur cancéreuse :
Wen, H.L. : « Cancer pain treated with acupuncture and
electrical stimulation », Modern Medicine in Asia, 1977, 13(2) :
12-17
Ostrowski, M.J. : « Pain control in advanced malignant disease
using transcutaneous nerve stimulation », British Journal of
Clinical Practice, 1979, 33 : 157-162
Ventafridda, V. et coll. : « Transcutaneous nerve stimulation in
cancer pain », dans : Bonica, J.J. et Ventafridda, V. Eds.,
Advances in Pain Research and Therapy, 1979 Vol. 2. New
York, Raven Press, pp.509-515
Avellanosa, A. et West, C.R. : « Experience with
transcutaneous electrical nerve stimulation for relief of
intractable pain in cancer patients », Journal of Medicine,
1983, 13 : 203-213
Reuss R, Meyer SC. The use of TENS in the management of
cancer pain. Clin Manage Phys Ther. 1985 Sep-Oct.
TENS et cancer (suite)

Bénéfices plus élevés que les risques
CEMP et cancer
Bien que souvent placé dans les contre-indications
en raison du manque d’essais cliniques contrôlés
sur le sujet, quelques essais, surtout des pays de
l’Est ont démontré des effets bénéfiques des CEMP
dans le traitement du cancer
  Bakhmutskii, N.G. et coll.: « The Growth Dynamics of Walker
  Carcinosarcoma During Exposure to a Magnetic Eddy Field »,
  Vopr Onkol, 37 : 705-708, 1991
  Omote, Y. : « An Experimental Attempt to Potentiate
  Therapeutic Effects of Combined Use of Pulsing Magnetic Fields
  and Antitumor Agents », Nippon Geka Gakkai Zasshi, 89 :
  1155-1166, 1988
  Ogorodnikova, L.S. et coll. : « Morphological Criteria of Lung
  Cancer Regression Under the Effect of Magnetotherapy », Vopr
  Onkol, 26 : 28-34, 1980
  Rodin, I. et coll. : « Use of Low-Intensity Eddy Magnetic Field in
  the Treatment of Patients with Skin Lymphomas », Voen Med
  Zh, 317(12): 32-34, 1996
CEMP et cancer (suite)
Chou, C.K. et coll. : « Development of Electrochemical Treatment at
the City of Hope », Second World Congress for Electricity and
Magnetism in Biology and Medicine, 8-13 June 1997, Bologna, Italy.
Yunqin, S. et coll. : « Electrochemical Therapy in the Treatment of
Malignant Tumours on the Body Surface », European Journal of
Surgery, 160(574 Suppl) : 41-43. 1994
Randoll, U. et R.M. Pangan : « The Role of Complex Biophysical-
Chemical Therapies for Cancer », Bioelectrochem Bioenerg, 27 : 341-
346, 1992
Smirnova, V. : « Anti-Tumorigenic Action of an Eddy Magnetic Field »,
Vrach, 2 : 25-26, 1994
Bakhmutskii, N.G. et coll. : « A Case of Successful Treatment of a
Patient with Breast Cancer Using a Rotating Electromagnetic Field »,
Soviet Medicine, 8 : 86-87, 1991
Lubennikov, V.A. et coll. : « First Experience in Using a Whole-Body
Magnetic Field Exposure in Treating Cancer Patients », Vopr Onkol,
41: 140-141, 1995
CEMP et cancer (suite)

Pour l’instant, consensus que les bénéfices
sont plus élevés que les risques.
Cancer vs Laser
In vitro :
                           : Le Laser de 670 nm pourrait
Pinheiro, A. L. et coll. 2002
accélérer la croissance des cellules cancéreuses du
larynx à des dosages variant entre 0,04 et 4,8104
J/cm2.
Shaffer et coll. 1997 : Réactions variées entre différentes
cellules de carcinomes humains avec différents
dosages thérapeutiques.
In vivo :
Plusieurs essais sur le Laser, démontrent des
résultats positifs dans la diminution des signes de
toxicité dû au traitement de certains cancer par
chimiothérapie ou radiothérapie (ex. ulcération des
muqueuses de la bouche) : Cowen et coll. 1997, Bensadoun et
coll. 1999.
D’autres essais ne démontrent aucun effet négatif sur
l’évolution du cancer ou sur la progression des
cellules cancéreuses chez les petits animaux.
Cancer vs Laser (suite)

Pour l’instant, consensus que les bénéfices
sont plus élevés que les risques.
Donc aucune contre-indications à traiter les
séquelles des traitements du cancer (ex.
ulcération de la bouche)
Comme il demeure possible que certaines
cellules cancéreuses prolifèrent davantage
avec le Laser, il convient d’éviter de traiter
les sites de cancer.
Ultrasons et cancer
Les ultrasons peuvent augmenter la taille de la
tumeur et disséminer les métastases (Sicard-Rosenbaum
1995).
Cependant, ils peuvent aussi supprimer la mitose des
cellules cancéreuses sans affecter le tissu sain (Yu et
coll. 2004)
Les cellules dérivées de certains types de cancer,
comme celles des mélanomes malins et des
carcinomes du sein ont été réduites respectivement
de 96% et 65% suite à une irradiation à des ultrasons
de faible intensité (2 MHz, 0,33 W/cm2, jusqu’à 4 minutes
d’irradiation) (Lejbkowicz, F., Mordechai Zwiran, M. et S. Salzberg :
« The response of normal and malignant cells to ultrasound in vitro »,
Ultrasound in Medicine & Biology, 1993, 19:75-82)
Les ultrasons de basse intensité pourraient aussi
potentialiser les médicaments anticancéreux (Yu, T.,
Wang, Z. et Jiang, S. : « Potentiation of cytotoxicity of adriamycin on
human ovarian carcinoma cell line 3AO by low level ultrasound »,
Ultrasonics, 2001, 39 : 307–309)
Ultrasons et cancer (suite)

Le dosage idéal pour induire des effets
bénéfiques au niveau de la condition
musculosquelletique ou du cancer, sans
augmenter les risques d’aggravation de la
condition cancéreuse, est encore à déterminer.
Pour l’instant, le consensus est que les risques
sont plus élevés que les bénéfices
Thermothérapie superficielle et cancer
   Sauf en phase initiale, bénéfices plus élevés
   que les risques en autant que les précautions
   et contre-indications soient respectées.
   En général, éviter de réchauffer le site de
   tumeur.
Diathermie et cancer
Pour l’instant : consensus que les risques
sont plus élevés que les bénéfices
Ultraviolet et cancer
Risques plus élevés que les bénéfices
Biofeedback et cancer
Aucun risque
Bénéfices probables, par exemple pour
contrôler les tensions musculaires
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