Grippe aviaire Situation actuelle et risques - Hervé Fleury Département de Virologie et Immunologie, CHU de Bordeaux
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Grippe aviaire • Situation actuelle et risques • Hervé Fleury • Département de Virologie et Immunologie, CHU de Bordeaux H Fleury Hygiène hospitalière Bx 2006
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Génome du virus grippal
Réplication du virus grippal
HA1 1 980 80 H5 sd 240
Antigènes et variations antigéniques • Les antigènes internes (NP et M) conditionnent le type de virus (A,B,C) • Les antigènes d’enveloppe (HA et NA) sont spécifiques de sous-types et de variants • En fait, les sous-types ne sont décrits que dans le type A : H1 à H16 et N1 à N9
Nomenclature des souches A depuis 1918 • 1918 H1N1 • 1957 A/Singapour/1/57 H2N2 • 1968 A/Hong Kong/1/68 H3N2 • Glissements depuis 1968 en attente de nouvelle cassure : H5N1 ?
Type B Type C Type A H1N1 H2N2 H3N2 H5N1
Rationnel des variations antigéniques (type A) • Cassures : recombinaison entre souches humaines et animales • Glissements : mutations ponctuelles • Provenance de la souche Hong Kong 1968 (A/Duck/Ukraine/1/63 Hav7=H3) • Incident de Fort Dix et role du porc • Transmission directe du poulet à l’homme (H5N1; Hong Kong 1997)
• De mauvaises nouvelles de 1918 ! • Les cadavres congelés • L’oiseau empaillé de Washington • Conclusion : la grippe de 1918 était liée à un virus aviaire non recombinant
Transmissions interespèces des virus grippaux de type A
Le réservoir aviaire de virus grippaux • 16 sous types d’HA • 9 sous types de NA • Réservoir naturel : les oiseaux aquatiques sauvages et en particulier les canards • Les virus grippaux se multiplient dans la tractus gastro-intestinal, sont émis dans les selles et transmis par voie oro-fécale
• Etat d’équilibre probable chez les oiseaux aquatiques depuis des siècles ; les oiseaux infestés ne présentent généralement pas de signes cliniques • Les virus H5 et H7 peuvent devenir hautement pathogènes après introduction chez les oiseaux domestiques (poulets, canards, pintades, dindes, oies, faisans…) = highly pathogenic avian influenza (HPAI) • Virus LPAI (low pathogenic avian influenza) ont une arginine au site de clivage de HA0 ; clivage dans l ’appareil respiratoire et le tractus digestif
• Virus HPAI possèdent de multiples aa basiques (arginine et lysine) au site de clivage de HA0 et peuvent etre clivés par une protéase ubiquitaire ; ils se multiplient dans plus de tissus et d’organes chez l’animal en entrainant une pathologie plus sévère voire mortelle
Les épidémies de grippe aviaire chez les oiseaux domestiques • Comment se fait la contamination des oiseaux domestiques ? • 1-Par les oiseaux sauvages infectés • 2-Par l’introduction (parfois illégale) d’oiseaux infectés et/ou le déplacement d’oiseaux infectés
Transmission des virus grippaux à d’autres animaux • Porcs, baleines, phoques, chevaux • H1N1 et H3N2 sont passés de l’homme au porc ; H5N1 a été isolé chez des porcs (en Chine) • H7N7 est passé au cheval puis au chien • H3N8 transmis du cheval à des lévriers en 2004 • H5N1 peut etre transmis au chat, au tigre ; au léopard ; la transmission inter-tigres a été démontrée dans un zoo en Thailande ; atteinte du poumon, du cerveau, du foie avec signes hémorragiques !!
L’épizootie de H5N1 et la contamination humaine • Oiseaux sauvages et domestiques infectés notamment depuis 2004 • Cambodge, Chine, Corée du Sud, Indonésie, Japon, laos, Thailande, Vietnam plus récemment Russie, Turquie, Roumanie, Croatie, Inde, Nigeria, Chypre, Grèce, Italie, Irak, Allemagne (oiseaux + chat ), France, Israel • Note : H5N1 retrouvé chez des oiseaux morts en quarantaine au Royaume uni
AS Lipatov et al, J Virol 2004 ; 78 : 8951-8959. I Stephenson et al, Lancet Infectious Diseases 2004 ; 4 : 499-509
• Les H5N1 ayant contaminé des humains sont bien des virus aviaires car aucune recombinaison n’a été mise en évidence (les différents gènes « clusterisent » avec les souches aviaires) • Les cas humains mortels de H5N1 appartiennent aux clades 1 et 3 ; ceci pourrait etre du à une substitution S129L dans l’HA qui permet au virus de se fixer sur le récepteur sialique dominant chez l’homme (liaison alpha2,6 avec acide sialique et galactose) ; chez les oiseaux, la liaison dominante est alpha2,3
Comment se transmet H5N1 chez les oiseaux et les animaux ? • Présent dans les sécrétions nasopharyngées et les selles des oiseaux ; contamination de l’eau par le contenu cloacal • Oiseaux se contaminent entre eux par voie respiratoire ou par l’eau • Baleines et phoques contaminés par l’eau • Tigres et chats contaminés par des carcasses de poulet
• Homme contaminé par contact étroit avec oiseaux malades ou morts de grippe aviaire ; role de l’eau non exclu et role des mains sales dans la contamination conjonctivale ; role des poussières à partir des sols • Transmission suspectée lors de l’ingestion de canard peu cuit et/ou de sang frais de canard • Contamination interhumaine peu efficace mais possible (Ungchusak et al NEJM janvier 2005)
Pouvoir pathogène chez les animaux • Oiseaux • Incubation de 3 à 7 jours • Anorexie, fièvre, plumes hérissées, diarrhée profuse, pétéchies, marche difficile, œdème de la face et du cou, ataxie, torticolis • Anapath : foyers de nécrose dans poumon, rate, foie, rein ; hémorragies dans larynx, trachée, myocarde, poumon, foie, rein, intestin ; gliose cérébrale et dégénérescence neuronale
• Etude sur le furet (Maines et al J Virol sept 2005) montre que les souches les plus récentes de H5N1ont une pathogénicité accrue chez cet animal : atteinte poumon, rate, thymus, SNC, intestin, foie • Role de substitution Glu/lys à la position 627 de PB2 ?
Autopsie des tigres : écoulement nasal séro- sanguinolent associé à une sévère thrombocytopénie, congestion pulmonaire hémorragique, pleurésie, méningoencéphalite, hépatite
Pouvoir pathogène chez l’homme • Incubation : 3 jours (2-4) • Fièvre, toux, angine, rhinorrée, myalgies, conjonctivite, diarrhée aqueuse • Leucopénie, lymphopénie, thrombocytopénie • Evolution possible vers ARDS (acute respiratory distress syndrome) • A noter des formes intestinales de la maladie
$ $ $ $ $ !" # Total number of cases includes number of deaths. WHO reports only laboratory- confirmed cases.
Traitement par les antiviraux • 2 familles de molécules • Amantadanes : amantadine et rimantadine ; actives sur les souches A ; agissent sur la protéine M2 qui est un canal ionique permettant l’arrivée de protons dans le virus et la décapsidation . Résistance fréquente et les virus résistants se transmettent ; dans le cas de H5N1, une étude récente montre que 35% des isolats aviaires de la région Chine/Sud Est Asiatique ont des mutations de résistance dans M2
Les inhibiteurs de neuraminidase Oseltamivir (Tamiflu ® ) Zanamivir( Relenza ® ) • Forme orale • Poudre pour inhalation • Gélules et suspension • Diskalher • Diffusion systémique • Déposition principalement au niveau de l’oropharynx • Traitement curatif adulte • Traitement curatif adulte • Traitement curatif enfant >1• Pas d’indication • Traitement prophylactique adultes • Pas d’indication • Tolérance : troubles • Tolérance : rares digestifs bronchospasmes modérés et transitoires
% • Grippe expérimentale adulte sain 4.5 Placebo Administration du produit 4.0 Oseltamivir 3.5 log10 TCID50/ml médiane 3.0 2.5 2.0 p=0.02 1.5 1.0 0.5 0.0 -36 -24 -12 0 12 24 36 48 60 72 84 96 108 120 132 144 156 Temps (h) Inoculation Hayden et coll. 1999a
! Durée de la maladie chez les patients traités en fonction du délai entre les premiers signes et la première prise médicamenteuse 48 h 36 h - 1.1 j 24 h - 2.2 j 12 h - 3.1 j 0h - 3.8 j 0 1 2 3 4 5 Modélisation en fonction du début du traitement p < 0.0001 Durée de la maladie Réduction de la durée de la maladie comparée à un début de traitement à 48 h (jours)
Action sur H5N1
Résistance aux inhibiteurs de NA • Données acquises sur souches A et B • Tamiflu : taux de résistance : 0,4% chez les adultes ; 4% et 18% chez les enfants dans 2 études différentes ; les mutants résistants peu transmissibles car handicapés (viral fitness) ? Mutations dans NA détectées dès le 4 eme j de traitement ; Glu119val, Arg292Lys, Asn294ser (N2) ; His274Tyr (N1)
• Résistance H5N1 objectivée (NEJM décembre 2005) : deux fillettes Vietnamiennes infectées par H5N1 et traitées par Tamiflu ; mutation de résistance en position 274 apparaît en 4 jours avec augmentation de la charge virale et décès des patientes • Relenza : résistance objectivée en culture cellulaire ; existe -il une résistance croisée entre Tamiflu et Relenza ?
Vaccin • Essai aux USA par NIH • Phase 1 chez 450 volontaires de 18 à 64 ans • Contrat avec Sanofi Pasteur
Diagnostic virologique Détection du virus ou de ses différents constituants sur prélèvements naso-pharyngés écouvillon nasal / gorge aspiration trachéo-bronchique liquide de lavage broncho-alvéolaire précocité du prélèvement (48 h) rapidité/qualité de l’acheminement (
Amplification (durée 55 minutes) Les capillaires sont placés dans le carrousel du Light Cycler Roche (pièce des automates PCR) et après avoir centrifugé rapidement celui-ci. le programme PCR en temps réel grippe est lancé. Programme de PCR : - 10 min à 55°C (transcription inverse) - 30 s à 95°C (dénaturation) - 45 cycles: 5s à 95°C 15s à 55°C (amplification) 13s à 72°C - - 30s à 40°C (refroidissement) Fragment synthétisé= 153 paires de bases
T+H5N1c
Scénarios ? • Arrivée en France de patients infectés dans les zones H5N1(SARS like) • Entrée d’oiseaux migrateurs infectés remontant par exemple d’Afrique début 2006 ; contamination d’oiseaux domestiques ; cas potentiels de transmission chez aviculteurs, chasseurs … • Adaptation à l’homme de H5N1 et pandémie
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