ANOREXIE MENTALE D'après la synthèse des recommandations HAS de juin 2010
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ANOREXIE MENTALE D’après la synthèse des recommandations HAS de juin 2010
I- Repérage
n L’anorexie mentale = > trouble du comportement alimentaire n Origine multifactorielle : facteurs personnels et facteurs d’environnement n Gravité potentielle du pronostic : risque de décès, et complications somatiques et psychiques nombreuses
Intérêt du repérage précoce n Prévenir l’évolution vers une forme chronique n Prévenir les complications somatiques, psychiatriques ou psychosociales n Permettre une information sur l’anorexie mentale et ses conséquences n Faciliter l’instauration d’une véritable alliance thérapeutique avec le patient et ses proches
Ce repérage doit être ciblé n Population à risque : adolescentes, danseurs, sportifs (notamment en compétition), pathologies impliquant des régimes tels que le diabète de type 1, hypercholestérolémie familiale… n Présence de signes d’appel : cf
Modalités du repérage ciblé n Poser 1 ou 2 questions sur l’existence du trouble du comportement alimentaire (TCA) : « Avez-vous eu un problème avec votre poids ou votre alimentation? » « Est-ce que quelqu’un de votre entourage pense que vous avez eu un problème avec votre alimentation? »
Modalités du repérage ciblé n Questionnaire DFTCA : 2 réponses positives sont fortement prédictives d’un TCA : 1- Vous faites-vous vomir parce que vous vous sentez mal d’avoir trop mangé? 2 - Vous inquiétez-vous d’avoir perdu le contrôle de ce que vous mangez? 3 - Avez-vous récemment perdu plus de 6 Kg en 3 mois?
Modalités du repérage ciblé 4 - Pensez-vous que vous êtes gros(se) alors que d’autres vous trouvent trop mince? 5 – Diriez-vous que la nourriture domine votre vie?
Suivi des paramètres anthropométriques n Suivre systématiquement les courbes de croissance en taille, poids et corpulence chez les enfants et adolescents pour identifier toute cassure des courbes. n Calculer les IMC+++
Signes évocateurs d’une anorexie mentale n Chez l’enfant dès 8 ans : - Ralentissement de la croissance staturale - Changement de couloir, vers le bas, lors du suivi de la courbe de corpulence (courbe IMC) - Nausées ou douleurs abdominales répétées
Signes évocateurs d’une anorexie mentale n Chez l’adolescent : - Adolescent amené par ses parents pour un problème de poids, d’alimentation ou d’anorexie. - Retard pubertaire - Aménorrhée primaire ou secondaire, spanioménorrhée plus de 2 ans après les premières règles
Signes évocateurs d’une anorexie mentale - Hyperactivité physique - Hyper investissement intellectuel
II – Premiers soins spécialisés et filiaires de prise en charge
Différents niveaux de soins n Selon les moments et la gravité : en ambulatoire ou en hospitalisation n Toute prise en charge doit être initialement ambulatoire, sauf en cas d’urgence somatique ou psychiatrique
Différents niveaux de soins n Veiller à la cohérence et à la continuité de ces soins dans la durée entre les différentes étapes de la prise en charge et entre les différents intervenants : - relai des soins hospitaliers par des soins ambulatoires car les patients ne sortent pas guéris - échanges téléphoniques fréquents, réunions de synthèse entre partenaires, envoi rapide du compte rendu d’hospitalisation
Différents niveaux de soins - le patient et son entourage doivent être associés à l’organisation des soins
Intervenants n Le professionnel de premier recours organise les soins ambulatoires multidisciplinaires une fois le diagnostic posé, dans le respect de l’alliance thérapeutique n Soins assurés par une équipe d’au moins 2 soignants : - un psychiatre ou pédopsychiatre ou psychologue
Intervenants - un somaticien : peut-être le médecin de premier recours s’il est prêt à en assumer les exigences
Organisation de la prise en charge multidisciplinaire n Choix du médecin coordinateur : - dépend de la situation du patient : âge, évolution et sévérité de la maladie, parcours de soins, choix du patient - l’intervenant ayant la plus grande expérience et la plus grande disponibilité
Evaluation de la gravité n Evaluation somatique, nutritionnelle et psychique, incluant aussi la dynamique familiale et sociale n Répéter dans le temps, au moins mensuellement dans les formes avérées et d’autant plus souvent que l’état du patient est fluctuant ou évolutif
Objectif pondéral n En discuter progressivement avec le patient afin de le rassurer n Fonction de l’âge, des antécédents pondéraux, et du poids permettant de restaurer les menstruations et l’ovulation pour les femmes n L’arrêt de la perte de poids est un premier objectif avant d’envisager un gain de poids
Objectif pondéral n En phase de reprise : 1 Kg par mois n En début de renutrition : surveillance du bilan hydroélectrolytique (phosphorémie++)
Objectifs des interventions psychologiques n Varient en fonction du patient et de son entourage (âge, motivation, stade d’évolution de la maladie) n Différentes formes de psychothérapies pouvant être individuelles, familiales ou de groupe : - thérapie de soutien - psychothérapies psychodynamiques ou d’inspiration analytique
Objectifs des interventions psychologiques - thérapies comportementales et cognitivo- comportementales - thérapies systémiques et stratégiques
Objectifs des interventions psychologiques n Les thérapies familiales sont recommandées pour les enfants et les adolescents n Les approches motivationnelles ont montré leur intérêt en début de prise en charge n La psychothérapie choisie doit durer au moins 1 an après une amélioration clinique. n Elle dure souvent plusieurs années en raison de la dimension de chronicité le l’anorexie mentale
III – Critères d’hospitalisation à temps plein
Critères somatique d’hospitalisation
Critères anamnestiques n Perte de poids rapide : > 2 Kg/semaine n Refus de manger : aphagie totale n Refus de boire n Lipothymies ou malaises d’allure orthostatique n Fatigabilité voire épuisement évoqué par le patient
Critères cliniques n IMC < 14 au-delà de 17ans ou IMC < 13.2 à 15 et 16 ans ou IMC < 12.7 à 13 et 14 ans n Ralentissement idéique et verbal, confusion n Syndrome occlusif n Bradycardie extrême : FC < 40/min n Tachycardie
Critères cliniques n PA < 80/50 mmHg, hypotension orthostatique n Hypothermie < 35.5°C n Hyperthermie
Critères paracliniques n Acétonurie (BU), hypoglycémie < 0.6 g/l n Troubles hydroélectrolytiques ou métaboliques sévère, en particulier : hypokaliémie, hyponatrémie, hypophosphorémie, hypomagnésémie n Elévation de la créatinine (>100 umol/L) n Cytolyse (> 4N) n Leuconeutropénie (
Critères psychiatriques d’hospitalisation
Risque suicidaire n Tentative de suicide réalisée ou avortée n Plan suicidaire précis n Automutilations répétées
Comorbidités n Tout trouble psychiatrique associé dont l’intensité justifie une hospitalisation : - dépression - abus de substance - anxiété - symptômes psychotiques - troubles obsessionnels compulsifs
Anorexie mentale n Idéations obsédantes intrusives et permanentes, incapacité à contrôler les idées obsédantes n Nécessité d’une renutrition par sonde, ou autre modalité nutritionnelle non réalisable en ambulatoire n Activité physique : exercice physique excessif et compulsif (associé à une autre indication) n Incapacité à contrôler seul des conduites de purge
Motivation, coopération n Echec antérieur d’une prise en charge ambulatoire bien conduite n Patient peu coopérant, ou coopérant uniquement dans un environnement de soins très structuré n Motivation insuffisante rendant impossible l’adhésion au soins ambulatoires
Critères environnementaux d’hospitalisation
Disponibilité de l’entourage n Problèmes familiaux ou absence de famille pour accompagner les soins ambulatoires n Epuisement familial
Stress environnemental n Conflits familiaux sévères n Critiques parentales élevées n Isolement social sévère
Disponibilité des soins n Pas de traitement ambulatoire possible par manque de structure (impossibilité du fait de la distance)
Traitements antérieurs n Echec des soins ambulatoires (aggravation ou chronicisation)
Remarque n Il est recommandé que le patient stabilise le poids atteint au sein du service hospitalier avant sa sortie, afin de diminuer le risque de rechute
Diagnostics différentiels Causes d’amaigrissements et examens complémentaires
Causes d’amaigrissement
Endocrinopathies et maladies métaboliques n Hyperthyroïdie n Diabète décompensé n Hyperparathyroïdie n Phéochromocytome n Insuffisance anté-hypophysaire n Insuffisance surrénalienne
Néoplasies n Cancers ORL n Cancers digestif n Autres cancers…
Malabsorptions digestives n Insuffisance pancréatique ou hépatobiliaire n Maladie coeliaque n Maladie de Crohn n Entéropathie exsudative n Résection ou court-circuit digestif n Pullulation microbienne n Parasitoses…
Syndrome infectieux n Tuberculose n VIH
Maladies systémiques n Sarcoïdose n Lupus n Maladie de Horton…
Défaillance d’organes vitaux n Insuffisance cardiaque n Insuffisance respiratoire n Insuffisance rénale
Examens complémentaires
Biologiques n Hémogramme n Ionogramme, Ca, Ph n Albuminémie n Créatininémie n Transaminases, GGT n TSH n Glycémie
Biologiques n Anticorps anti-endomysium n Electrophorèse des protéines n Dépistage d’une malabsorption : vit B12, folates, ferritine, stéatorrhée, TP
Morphologiques n Echographie abdominale n Radiographie du thorax n Endoscopie digestive haute
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