Au service de tous les agriculteurs - RecheRche, innovation et développement - Chambres d'agriculture ...
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DÉCEMBRE 2019 L E S H O M M E S - L E S P R O D U I T S - L E S T E R R I T O I R E S Recherche, innovation et développement Au service de tous les agriculteurs CLIMAT DÉVELOPPEMENT ALIMENTATION w Gestion de l’eau : des animaux w Le Geda de l’Ozon : un groupe w Les Syam, ces “ ovnis ” qui abreuvés par quatre sources ouvert et innovant relocalisent l’économie
Sommaire Décembre 2019 CLIMAT w Regard d’expert /« Le changement climatique impose de revoir les systèmes de production » p.4 w Projection / S’adapter pour survivre au changement climatique p.5 w Gestion de l’eau / Des animaux abreuvés par quatre sources p.6&7 w Paroles d’éleveurs / p.8 Recherche, innovation et RÉDUCTION DES PHYTOS dévelopement au service de tous les agriculteurs LA RÉGION w Désherbage / Le binage retrouve tout son intérêt p.8&9 w Rencontre / « Trouver un ensemble de méthodes qui s’adaptent à chaque environnement » p.10 w Désherbage mécanique / Le Dephy du maïs sans phyto p.11 w Techniques alternatives / Le vignoble des Côtes-du-Rhône L’ S’ENGAGE septentrionales relève le défi ! p.12&13 innovation et les actions de vos chambres d’agriculture en matière de recherche w ÉCOPHYTO II+ / Mobilisation générale pour préparer la sortie du glyphosate p.13 innovation developpement sont au programme de ce nouveau numéro de TERROIRS Auvergne-Rhône-Alpes ! POUR SES AUTONOMIE ALIMENTAIRE L’occasion pour nous de mettre en avant le travail réalisé w Pratiques culturales / DESCInn se poursuit jusqu’en 2021 depuis 3 ans. Le premier chantier a été de fédérer tous les dans de nouvelles exploitations p.14&15 acteurs de la recherche et du développement d’Auvergne- w Organisation / Concilier pâturage et traite robotisée p.16 Rhône-Alpes (R&D). Cela s’est concrétisé par une convention de partenariat1, signée en octobre 2018. Nous w Recherche-innovation / Viser l’autonomie alimentaire p.17 AGRICULTEURS partageons aujourd’hui une vision globale des actions de R&D à conduire au service de nos filières et nos territoires. AGRICULTURE NUMÉRIQUE Le second chantier a été de s’organiser pour que les comités de Filière, rassemblés autour de la chambre régionale d’agriculture, expriment leurs besoins en matière de w Développement / Le Geda de l’Ozon : un groupe ouvert et recherche, innovation, développement (RID) et apportent un regard sur les projets innovant p.18 proposés par les différents acteurs. Objectif : répondre aux besoins du terrain et éviter w Agriculture de précision / L’imagerie agronomique, porte les doublons, toujours si couteux. Défense de nos terroirs d’entrée de l’agriculture du futur ? p.19 Cela a été possible grâce à la volonté de vos chambres d’agriculture de s’impliquer, en w Service / MesParcelles, le pilote de votre exploitation p.20 tant que véritable interface entre les filières et le monde de la recherche. Cela s’est Aide à l’installation traduit par la mise en place d’une équipe d’ingénieurs RID, chargés de faire le lien entre tous les acteurs. Soutien aux agriculteurs AGRICULTURE BIOLOGIQUE w Aviculture / L’œuf bio : une voie d’avenir p.21 L’agriculture d’Auvergne-Rhône-Alpes est maintenant dotée d’une force de frappe qui lui permet de répondre à ses besoins soit en participant à des projets de recherche, w Stratégie / Diversifier et valoriser pour durer en bio p.22&23 nationaux ou européens ; soit en bâtissant des projets spécifiques régionaux. Cela a La Région Auvergne-Rhône-Alpes - 2019 Crédit photo :© M. Peres été rendu possible grâce au soutien important de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, via le dispositif Pepit2. ALIMENTATION DE PROXIMITÉ Vous allez découvrir dans ce numéro de Terroirs Auvergne-Rhône-Alpes, les premières réalisations concrètes de ce travail de coordination et de concertation, même si w Commercialisation / Les Syam, ces « Ovnis » qui relocalisent l’économie p.24 certains d’entre eux sont liés à des programmes existants depuis plus de 3 ans ! Ce sont des résultats d’expérimentations, des références, des présentations d’innovation w Initiative / Une première édition réussie pour le forum du terrain,... et ce dans pratiquement toutes les filières de notre région ! Food’Attitude p.25 Bonne lecture à tous. w Récompense / “ Ce Fermier d’Or, nous en sommes l GILBERT GUIGNAND très fiers ! ” p.26 Président de la chambre régionale d’agriculture Auvergne-Rhône-Alpes 1 Les partenaires de la convention RID régionale en Auvergne-Rhône-Alpes sont : - Chambre régionale d’agriculture Auvergne-Rhône-Alpes, - Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf), INSTALLATION - Institut national de la recherche agronomique (Inra), - Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Irstea), - Association de coordination des techniques agricoles (Acta), w Accompagnement / Un « Rendez-vous de l’installation » très - Institut supérieur d’agriculture et d’agroalimentaire Rhône-Alpes (Isara), satisfaisant p.27 - Association régionale des industries agroalimentaires d’Auvergne-Rhône-Alpes (Aria), - Institut d’enseignement supérieur et de recherche en alimentation, santé animale, sciences agronomiques et environnement. 2 Pôles d’expérimentations partenaires pour l’innovation et le transfert vers les agriculteurs d’Auvergne-Rhône-Alpes. Terroirs Auvergne-Rhône-Alpes est édité par la Sept (Société d’édition de presse de nos terroirs) l Directeur : Romain Longefay l Rédaction : Apasec / Pamac - Gérant : Jean-Pierre Royannez - Rédacteur en chef : Sébastien Duperay, 04 72 72 49 08 l Réalisation PAO : Apasec (69) l Imprimerie : rotochampagne - 47310 Estillac l Publicité et opérations de partenariat : ARB, Agrapole, 23 rue Jean Baldassini, Lyon Cedex 07 - Contact : Christophe Joret, 04 72 72 49 94 l ISSN : 2556-3386 l Nombre Terroirs Auvergne-Rhône-Alpes est un supplément des journaux suivants : d’exemplaires : 30 000. arb Agri Rhône-Alpes Bourgogne Publicité Plus d’informations sur L'Agriculture Une région bien gérée, Drômoise 23 rue Jean Baldassini / 69364 Lyon Cedex 07 www.auvergnerhonealpes.fr rubrique Mes aides, mes services une région d’avenir. 9, allée Pierre de Fermat / 63170 Aubière DÉCEMBRE 2019 / Terroirs AUVERGNE-RHÔNE-ALPES / 3
PROJECTION C limat Climat REGARD D’EXPERT S’adapter pour survivre « Le changement climatique au changement climatique impose de revoir les Dans la Loire, Pierre Vergiat, conseiller élevage climatiques. Et la constitution de stocks de fourrages est devenue vitale pour la pérennité. systèmes de production » de la chambre d’agriculture, suit de près les conséquences En 2050… L’étude Climfourel a trouvé son prolongement dans le projet AP3C (Adaptation des pratiques culturales au changement climatique) mené par le service in- Michel Duru est directeur de recherche à l’Inra de Toulouse. des évolutions climatiques terdépartemental pour l’animation du Massif central sur les exploitations de son qui œuvre à l’échelle de 11 départements. Avec la Le changement climatique est une réalité qui impacte directement volonté affichée par la chargée de mission, Marie Tis- l’agriculture. L’enjeu dans les années à venir sera d’adapter département. L’heure n’est sot, de passer du constat à la projection climatique et surtout en transformant ces données en conseils les systèmes de production pour gagner en flexibilité. plus simplement au constat agronomiques concrets au profit des agriculteurs. Les mais aux préconisations travaux menés par un climatologue, compilant des Tout d’abord, le changement climatique, est-il millions de données, permettent d’estimer l’évolu- une réalité ou une fiction ? peut faire pâturer et des périodes en matière d’adaptation tion sur les 30 prochaines années (2020 à 2050). La où ce n’est pas possible. Ce qui est Michel Duru : « C’est une réalité. D’abord, parce que à ce nouveau contexte température moyenne devrait progresser d’au moins très important, c’est la variabilité de ça a déjà commencé. J’ai participé il y a quelques an- un degré. Si les précipitations seront toujours à peu ce qui se passe au printemps. On nées à une étude dans le Sud de la France, au cours peut avoir des printemps, parfois Michel Duru. météorologique. près équivalentes, il tombera plus d’eau en automne de laquelle nous avons suivi l’évolution des données et moins au printemps. L’évapotranspiration sera plus humides, ou bien très secs. Et E recueillies entre les années 80 et le début des an- n quatre ans, la Loire a vécu trois étés ca- supérieure à aujourd’hui entraînant des déficits hy- ces phénomènes sont de plus en nées 2000. En vingt ans, il y a eu un déplacement niculaires et autant de moments de grande driques importants. Les jours de gel seront moins plus fréquents ! Et c’est cela qui pose un problème comme c’était traditionnellement le cas. Autre pro- Lors de la canicule de juillet 2019, Pierre climatique : le climat de Montpellier s’est aujourd’hui fragilité pour les exploitations. Une évolution nombreux mais ils seront d’autant plus impactants en agriculture, tout particulièrement en élevage. Ce blème, il y a les phénomènes d’échaudage, dus à des Vergiat a dressé des bilans fourragers déplacé à Toulouse. On s’aperçoit également qu’au climatique qui emmène tout droit les éleveurs du dé- que la végétation démarrera plus précocement. En n’est donc pas la moyenne annuelle qui compte, mais excès de températures. Il peut aussi y avoir des pé- alarmistes tant dans le Roannais niveau mondial, les prévisions qui ont été faites par partement dans une impasse. Cet été, Pierre Vergiat, céréales, les risques d’échaudage et de déficit hy- que dans les Monts du Forez. les événements saisonniers, au moment des semis, au riodes fortement pluvieuses, avec des conséquences les spécialistes du climat il y a vingt ans, se réalisent. » conseiller élevage, s’est transporté avec l’ensemble drique seront multipliés entraînant des pertes de moment des récoltes, et pour l’herbe, tout au long de érosives. Il peut enfin y avoir des problèmes de por- des OPA, des collectivités locales et des représen- récoltes significatives. à trouver à l’échelle de chaque exploitation. Et le plus l’année. Et donc, on peut arriver à avoir en élevage des tance, après des hivers doux où l’herbe pousse et des Comment ce changement climatique se tra- périodes d’affouragement plus longues l’été que l’hi- printemps extrêmement précoces, où l’on ne peut tants de l’État sur les « points chauds », en plein cœur tôt sera le mieux pour anticiper le changement et de la canicule de juillet. Il y a dressé les bilans four- Plan de bataille pas seulement le subir rappellent les responsables duit-il ? ver. Traditionnellement, les foins et les ensilages sont pas exploiter l’herbe… Globalement, il faut s’attendre rages des exploitations inquiétants : prévisions de Après les constats, les organisations agricoles vont professionnels ligériens. Et dans toutes les simula- M.D. : « On assiste à un changement moyen, avec des utilisés en priorité à l’hiver, et ensuite au printemps si à des variations moyennes de rendement plutôt li- récolte en chute, achats de fourrages extérieurs en travailler sur les pistes concrètes pour déterminer tions qui commencent à voir le jour, la solution la plus températures plus élevées ; des périodes caniculaires nécessaire. On peut avoir des hivers qui soient plus mitées mais à des écarts interannuels beaucoup plus hausse, trésorerie des exploitations mises à mal… C’est comment une exploitation peut dégager une rému- efficace pour résoudre cette équation climato-éco- plus fortes en été ; des étés plus précoces et, surtout, courts avec de bons automnes, un printemps précoce grands qu’ils n’ont été observés jusqu’à aujourd’hui. » dans le cadre de l’étude Climfourel (visant à mesurer nération suffisante pour pallier la diminution de ré- nomique est l’augmentation des cours du lait et de la des variabilités interannuelles et des aléas beaucoup et des étés qui commencent dès le printemps et n’en l’impact du changement climatique sur les ressources colte liée au réchauffement estimée à 10 %. Pierre viande. À bon entendeur… plus forts. C’est cette dernière manifestation du chan- finissent pas. Ceci est très déstabilisant pour l’agri- Quels choix l’agriculture devra-t-elle faire pour fourragères) que l’ingénieur a participé à l’analyse en Vergiat rappelle en préambule que des marges de Le 23 octobre, la chambre d’agriculture de la Loire a gement climatique qui est la plus importante en agri- culture ; et le fait que cette variabilité soit aléatoire s’adapter à ces évolutions ? détail des données météorologiques sur la période progrès existent sur de nombreuses exploitations, voté à l’unanimité une délibération portant l’enga- culture. On pourra, par exemple, avoir des différences accentue la situation. S’il y avait des inversions de M.D. : « La stratégie d’esquive pour les productions 1980 à 2011. La hausse des températures se matérialise avant même de se lancer dans un changement radi- gement de la profession à s’adapter au changement entre les printemps bien plus marquées d’une année saisons régulières, on s’y adapterait plus facilement. végétales peut être, par exemple, de décaler les semis sans surprise à raison de + 0,4° par décennie mais il cal de son système d’exploitation. Parmi les pistes à climatique. Un véritable plan de bataille pour les pro- à l’autre. » Ce qui est également à craindre, ce sont les enchaî- pour échapper à une période probable de sécheresse. est à noter qu’elle est très concentrée au printemps explorer ont été abordés la diversification des pro- chaines années. Près d’une trentaine d’organisations nements de saisons difficiles : un printemps sec, suivi Sur le long terme, il faudra également adapter les (+ 1,4° pour les maximales de cette saison-là). Le niveau ductions, les circuits courts, la sélection variétale, la professionnelles agricoles ont signé le document et Quelles sont les conséquences directes pour d’un été sec et un printemps tardif l’année suivante. » choix variétaux et recourir davantage à la génétique. global de la pluviométrie est resté à peu près équi- baisse du chargement à l’hectare via une augmenta- les collectivités locales ont été invités à en débattre. l’agriculture ? En élevage, le comportement doit devenir opportu- valent (autour de 700 mm/an à la station de Saint- tion de surfaces rendue possible par les nombreux La victoire ne pourra être que le fruit d’un engage- M.D. : « Dans les modèles macroscopiques, on parle Que constate-t-on d’autre ? niste, pour compenser les préjudices dus à la variabi- Étienne-Bouthéon) mais les variations interannuelles départs en retraite dans les années à venir, et bien sûr, ment collectif et d’objectifs partagés par tous les des variabilités de pluviométrie, d’évaporation ou de M.D. : « De plus en plus, il y a une injonction à avoir lité et aux aléas. En cas de printemps extrêmement demeurent fortes. Le ratio des “années sèches“, un an l’engagement dans la bataille de l’eau pour permettre acteurs du territoire. températures moyennes annuelles. Mais dans le do- une couverture permanente du sol, pour stocker le précoce, il s’agira d’anticiper la mise à l’herbe et de sur six, a depuis la fin de l’étude largement augmenté. le développement de projets d’irrigation… Il n’y aura maine de l’agriculture, il faut être plus précis. Il faut carbone et éviter l’érosion. Et cela nécessite de semer ne pas suivre des routines annuelles. S’il y a des re- l DAVID BESSENAY pas de solution miracle mais des solutions multiples raisonner par saison. En agriculture, on a des cultures au milieu de l’été, après une récolte de céréales. La pousses d’automne, il faudra absolument les utiliser. d’hiver, de printemps, et en élevage il faut alimenter réussite de ces semis devient aujourd’hui aléatoire En élevage toujours, l’idée est de développer des Conséquences les animaux tous les jours. Il y a des périodes où l’on par manque d’eau, car il ne pleut plus après le 15 août cultures à double, voire triple fin. Par exemple, les sur la production d’herbe Durant la période de 1980 à 2010, la date moyenne de méteils sont des mélanges céréaliers avec des légu- mise à l’herbe a été avancée de 5 jours, celle des foins mineuses. Ce type de couvert végétal peut être pâ- précoces de 12 jours. Le volume de récolte d’herbe turé, récolté en ensilage et les graines peuvent elles subit une baisse durant l’été mais il est plus important “ Ce sont les exploitations les plus diversifiées qui aussi être récoltées. Le changement climatique im- pose que l’on modifie les systèmes et que l’on gagne au printemps et surtout à l’automne. Les durées de supportent mieux les dérèglements climatiques. pâturage du troupeau peuvent s’étendre sur une plus “ Au niveau mondial, les prévisions qui ont été faites par en flexibilité. » longue période, tant à la sortie d’hiver qu’à l’entrée. Et la constitution de stocks de fourrages les spécialistes du climat il y a vingt ans, se réalisent ” l PROPOS RECUEILLIS PAR SÉBASTIEN DUPERAY Pour Pierre Vergiat, ce sont les exploitations les plus est devenue vitale pour la pérennité ” diversifiées qui supportent mieux les dérèglements Michel Duru, directeur de recherche à l’Inra de Toulouse Pierre Vergiat, conseiller élevage chambre d’agriculture 4/ Terroirs AUVERGNE-RHÔNE-ALPES / DÉCEMBRE 2019 DÉCEMBRE 2019 / Terroirs AUVERGNE-RHÔNE-ALPES / 5
C limat GESTION DE L’EAU Des animaux Où implanter son point abreuvés d’abreuvement ? Le choix d’un système adapté est lié à la proximité du réseau d’alimentation, à la par quatre sources topographie de la parcelle, à la surface de cette dernière et la taille du troupeau. En été, une vache laitière peut consommer jusqu’à 140 litres par jour, 70 litres pour un bovin allaitant, 10 litres pour un veau et 20 litres lac de La Landie à quelques kilomètres de là. Une pour un ovin. La distance parcourue par les La journée de l’agriculture situation extrême, issue des conditions climatiques animaux influence la fréquence des buvées et la qualité d’eau absorbée à chaque passage. innovante dans le Puy-de- de cet été mais qui n’est pas exceptionnelle pour Si l’abreuvoir est situé à moins de 200 mètres, autant. Éleveurs allaitants à Saint-Genès-Champespe Dôme était consacrée depuis plus de 30 ans, Michèle et Marc Plane en ont le troupeau s’abreuve par petit groupe, sans vu d’autres. « Ce n’est pas la première année que empressement ni risque d’endommager le à la valorisation de nous sommes obligés d’aller chercher l’eau au lac. » système. Les abreuvoirs gravitaires doivent la ressource en eau Conscients que ce problème risque de se répéter da- avoir un débit qui permet un remplissage vantage dans l’avenir, ils ont donc décidé de revoir la en moins de quatre heures. À contrario, si sur les exploitations. gestion de la ressource sur leur exploitation. L’année l’abreuvoir est situé à plus de 200 mètres, le dernière, ils ont entamé des travaux pour recapter les troupeau se déplace massivement et chaque H asard du calendrier ou réelle volonté de sources présentes dans l’une de leurs parcelles. animal s’abreuve plus longtemps avec le risque marquer les esprits, la chambre d’agricultu- de détériorer l’équipement et surtout de boire re du Puy-de-Dôme a organisé son annuelle Captage des sources : insuffisamment. Dans ce cas, les abreuvoirs journée Innov’action, consacrée à la gestion de la « moins de 1 000 m³/an » gravitaires doivent avoir une capacité égale ressource en eau, sur la commune de Saint-Genès- Sur la parcelle de 54 hectares du Gaec, plusieurs au quart des besoins journaliers en eau du Champespe. Dans ce petit coin de l’Artense, les ha- zones sont classées en zone humide (environ 15 ha). troupeau et un débit permettant de remplir bitants de la commune n’ont plus d’eau au robinet De ces dernières s’écoulent des sources captées le bac en une heure. Attention toutefois, les depuis quelques semaines (NDLR au moment de la de longue date. « Les anciens bacs avaient plus de animaux ne doivent pas avoir à parcourir plus rédaction de cet article). Du moins, ils n’ont plus d’eau 50 ans », précise Marc Plane. Jusque-là en parfait état de 400 mètres pour accéder au point d’eau dans leur château d’eau. La municipalité le ravitaille de fonctionnement, ils ont commencé à montrer sous peine de négliger le pâturage. à grands frais via camion-citerne. Dès lors, qui dit des défaillances. « Les sources étaient mal captées. » Marc et Michèle Plane, éleveurs de bovins allaitants à Saint-Genès- moins d’eau au robinet dit obligation pour les éle- Champespe, ont recapté les sources pour abreuver les animaux. Commence alors un projet long d’une année. Déci- veurs de ne plus utiliser l’eau du réseau pour abreu- dés à réaménager ces points d’eau, ils ont d’abord ver leurs animaux (sauf les éleveurs laitiers). Ils sont pris contact avec la DDT 63. « Nous savions que nous sources. Damien Legleye, agent à la Police de l’eau toute l’année », souligne Géraldine Dupic, conseillère sement surtout que ce sont des systèmes qui peuvent alors contraints de réaliser plusieurs allers-retours ne pouvions pas faire n’importe quoi. » Et en effet, a suivi les travaux. « C’est la règle des 1 000. La lé- fourrage à la chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme. être installés sur un bâtiment déjà existant pour peu par jour avec leur tracteur et leur citerne, jusqu’au une réglementation stricte entoure le captage des gislation autorise le drainage des zones humides sur D’autant plus qu’il existe bien d’autres solutions pour de frais », précise Eliane Teissandier, conseillère bâti- moins de 1 000 m². Quant au captage des sources, valoriser la ressource en eau puisqu’il n’est pas impos- ment à l’EDE. De multiples idées à développer dans le prélèvement est autorisé s’il est inférieur à sible de récupérer l’eau de pluie. Ainsi, une toiture de les années à venir notamment dans les zones à risques 1 000 m³/an pour l’ensemble des captages de l’ex- 2 180 m² avec, entre octobre et avril, 12 jours de pré- tel que Saint-Genès-Champespe. ploitation. Au-delà, nous entrons dans des démarches cipitations/mois de 1 mm, fournira 2 m³ d’eau par jour l MÉLODIE COMTE beaucoup plus lourdes avec des mesures compensa- ou avec 5 mm environ 10 m³ par jour. À savoir que les besoins en eau d’un troupeau de 90 mères avec leurs w Contact : Chambre d’agriculture du Puy-de- toires. » veaux, plus 18 génisses de 1 an et 18 génisses de 2 ans Dôme - Service eau - Arnaud Mullié - Michèle et Marc Plane ont déposé leur dossier auprès sont évalués à 5 m³/jour. « Il faut y réfléchir sérieu- T. : 04 73 44 45 76 de la DDT fin septembre 2018 pour recevoir l’auto- risation de travaux en décembre 2018. Dès le prin- temps, ils ont pu entamer le chantier. Les drains ont été repositionnés et de nouveaux bacs équipés d’un “ Nous avons maintenant quatre captages à différents trop-plein ont été installés. « Nous avons maintenant endroits de la parcelle. Ils offrent en moyenne Photo d’archive quatre captages à différents endroits de la parcelle », explique Michèle. Ils offrent en moyenne un débit de un débit de 240 l/heure ” 240 l/heure. « Nous n’avons pas eu besoin d’apporter Michèle Plane, agricultrice de l’eau en citerne de tout l’été sur cette parcelle. » L’eau de pluie, une solution B Bien que strictement encadrés, les prélèvements d’eau dans le milieu naturel ne sont pas interdits. Attention tout de même à ne pas surestimer, ou sous-estimer, la valeur de ces zones humides pré- sentes dans les exploitations. « Ces zones participent pleinement à l’autonomie fourragère. Elles ne sont pas Une déclaration à la DDT et quelques travaux plus tard, la récoltables mais pâturables ! Leurs valeurs alimen- parcelle dispose de points d’eau continuellement alimentés. taires sont intéressantes et surtout elles produisent 6/ Terroirs AUVERGNE-RHÔNE-ALPES / DÉCEMBRE 2019 DÉCEMBRE 2019 / Terroirs AUVERGNE-RHÔNE-ALPES / 7
C limat réduction DÉSHERBAGE des phytos PAROLES D’ÉLEVEURS Le binage retrouve tout son intérêt Dans le cadre d’Innov’action, la chambre d’agriculture de la Drôme, en partenariat avec le Groupe ail - Ecophyto 30 000, a organisé une journée sur le thème : « Désherbage mécanique de l’ail : des outils performants et innovants ». P our répondre aux attentes sociétales, la pro- Drôme. Le 17 avril, dans le cadre du Groupe ail (plan fession agricole est amenée à réduire l’emploi Ecophyto 30 000), il a reçu près de cent vingt per- de produits phytosanitaires et de s’engager sonnes sur l’exploitation de Ludwig Blanc à Chabrillan Le changement climatique, et notam- dans des pratiques alternatives et durables », ex- pour une après-midi de démonstration de matériels ment les sécheresses successives qui y plique Mikaël Boilloz, conseiller légumes, spécialiste destinés au désherbage mécanique de l’ail. En pré- sont associées, est une des questions de la culture d’ail, à la chambre d’agriculture de la sence de constructeurs et concessionnaires, plusieurs importantes que se posent les éle- démonstrations ont été effectuées sur une parcelle veurs pour l’avenir. Ce thème était d’ail, cultivée en conventionnel, avec 45 centimètres l’un des sujets abordés au cours d’un d’écartement entre les rangs. « Les outils alterna- tifs présentent un fort intérêt agronomique. Ils de- séminaire, organisé dans le cadre du viennent incontournables pour les producteurs », projet Comu1, rassemblant éleveurs, poursuit le conseiller. Quelque peu délaissé, le binage chercheurs et conseillers. Nous y retrouve aujourd’hui tout son intérêt en termes de avons rencontré 2 éleveurs. destruction des adventices, d’amélioration du sol, de destruction de la croûte de battance, d’activation de la minéralisation, etc. Solène, éleveur laitier bio à Saint-Germain-les- Paroisses, dans l’Ain : La robotique, un sujet d’avenir « Je participe à ce projet car pour moi, le change- Côté innovation, le robot Dino de chez Naïo Tech- ment climatique est une des questions importantes nologies, destiné au maraîchage, a été au cœur des que je me pose pour l’avenir. Concrètement sur ma discussions. Commercialisé depuis 2016 à un prix ferme, notre maïs a grillé sur pieds cet été. Nous avoisinant les 90 000 euros, Dino est un robot de sommes à la recherche d’une solution pour assurer désherbage autonome grâce à son système guidage notre stock de fourrage., en essayant éventuelle- GPS RTK. Les outils du robot sont guidés par camé- ment le sorgho. Pourquoi pas ? Mais nous avons ra, lui permettant de détecter les lignes de cultures besoin d’outils, de références avant de nous lancer. » légumières. L’arrivée de la robotique dans le monde agricole permettrait ainsi de répondre à la pénurie David, éleveur allaitant à Virieu-sur-Bourbre de main-d’œuvre mais aussi d’apporter une meilleure en Isère : précision et un gain de temps aux producteurs. Le « Je participe à ce projet étant bien sûr éleveur, mais constructeur travaille actuellement sur un prototype aussi car j’ai des responsabilités professionnelles. d’outil destiné à la lavande et au lavandin. Distribué Alors je porte la voix de mes collègues et je leur par Valsoleil, le robot est également en test grandeur présenterai le projet aussi en retour. Pour nous, le Mikaël Boilloz, conseiller légumes nature sur l’exploitation BBL à Eurre aussi membre La herse étrille Carré est conçue pour un travail horizontal, avec un système à la chambre d’agriculture de la Drôme. changement climatique ce sont les sécheresses du groupe Dephy 30 000 (cf. encadré page suivante). de doubles dents permettant de s’adapter aux cultures spécialisées. estivales qu’on connaît depuis quelques années. Et qui nous pénalisent en tant qu’allaitants, forcément Le rendement, très dépendants de la qualité et de la quantité de la hantise des producteurs l’herbe de nos prés. Autrement dit la question de Le Groupe ail (plan Ecophyto 30 000) animé par Ludwig Blanc, membre du réseau Dephy l’autonomie fourragère est stratégique pour nous. la chambre d’agriculture de la Drôme a réalisé de- Des études, des expérimentations, des références puis 2015 des essais afin de comparer l’impact du L’après-midi de démons- du blé dur, et de l’ail. « Il fallait jour-là, et notamment le robot existent et proposent des solutions concrètes et désherbage mécanique sur le rendement, avec ou trations s’est déroulée sur se développer et produire des Dino de Naïo Technologies, pratiques ! Comment faire pour que les partager sans utilisation de produits phytosanitaires. Aucune l’exploitation de Ludwig Blanc, cultures à valeur ajoutée », Ludwig Blanc avoue : « C’est une avec un maximum d’agriculteurs ?» différence significative n’est apparue sur les trois agriculteur depuis 2004 sur la explique-t-il. Ludwig Blanc fait belle idée d’innovation. Dans essais effectués. Fin 2019, une nouvelle expérimen- ferme familiale à Chabrillan. également partie du groupe cinq à dix ans, cet outil finira par 1 Comu est un projet partenarial rassemblant les chambres d’agri- tation sera réalisée sur le site d’Etoile-sur-Rhône, L’exploitant cultive trente huit Dephy Ecophyto 30 000 : « Je se démocratiser. C’est d’ailleurs culture d’Auvergne-Rhône-Alpes, Idele, Inra, la Fédération des dans le cadre du dispositif Pepit1, pendant trois ans : hectares, principalement en produis en conventionnel et en une bonne chose que Valsoleil ait coopératives, le Ceraq. Deux grandes thématiques en plus du change- « L’objectif sera de comparer quatre conduites : une plantes aromatiques : du basilic, culture irriguée, sous certification mis le pied dedans. Il n’est pas ment climatique y sont traités : Comment maîtriser mes charges, dont chimique, une biologique et deux mixtes, et de me- du thym et de la coriandre pour Global Gap. Je suis dans une impossible que la coopérative mes investissements ? Comment mieux vivre mon métier d’éleveur, surer l’impact du salissement de la parcelle et le ren- la surgélation, ainsi que de la logique de baisse des intrants, nous fasse des prestations d’ici par rapport aux attentes sociétales et dans mon exploitation au dement », explique Mikaël Boilloz. mélisse pour l’huile essentielle à la recherche de solutions pour quelques années. Les profes- quotidien ? Comu est une action financée dans le cadre du CasDAR. l AMANDINE PRIOLET et l’herboristerie. Parmi ses le désherbage en fin de cycle de sionnels y montrent de plus en 1. Pôles d’expérimentations agricoles partenariales pour l’innova- autres activités, il cultive du cultures notamment ». Quant plus d’intérêt… Il n’y a qu’à voir le Le robot Dino de chez Naïo Technologies. tion et le transfert aux agriculteurs d’Auvergne-Rhône-Alpes. tournesol et du maïs semence, aux innovations présentées ce monde aujourd’hui… ». 8/ Terroirs AUVERGNE-RHÔNE-ALPES / DÉCEMBRE 2019 DÉCEMBRE 2019 / Terroirs AUVERGNE-RHÔNE-ALPES / 9
réduction RENCONTRE des phytos réduction DÉSHERBAGE MÉCANIQUE des phytos « Trouver un ensemble Le Dephy du maïs sans phyto de méthodes qui s’adaptent Les associés du Gaec Combes. Pour le groupe Dephy, l’objectif de cet essai biologique et susceptibles d’être intéressés par ce à chaque environnement » était de vérifier les résultats de production d’un maïs matériel. » cultivé sans phyto et de chiffrer le coût d’utilisation de Celange à Faverolles du matériel. Faire un essai de désherbage mécanique Bilan technique et économique (Cantal), adhérents du était l’occasion d’expérimenter plusieurs matériels. Le coût d’un roto étrille est beaucoup plus élevé La parcelle a été divisée en 3 parties : une bande té- 18 000 € contre 7 000 € pour une herse étrille, la Alors que les demandes sociétales s’accentuent en termes réseau Dephy au Pays moin qui n’a pas été désherbée, ensuite une partie de 1re est plus rapide que la seconde lors du désherba- de réduction de l’usage des produits phytosanitaires, de Saint-Flour, ont testé la parcelle désherbée avec une herse étrille et l’autre ge. Si les machines sont utilisées dans le cadre d’une avec un roto étrille. Lors de cet essai 3 critères ont CUMA le coût du désherbage (hors main-d’œuvre et la chambre d’agriculture Auvergne-Rhône-Alpes travaille un essai de désherbage été observés : la gestion de l’enherbement, le coût de traction) sera de 6,40 €/ha avec la herse étrille et de en ce sens depuis une vingtaine d’années. Rencontre avec mécanique sur une parcelle production mécanique comparé au « chimique » et 10,90 €/ha avec le roto étrille et de 9,7 €/ha pour un les avantages et inconvénients de cette technique. La désherbage chimique. A cette charge d’autres charges Sophie Stevenin, chargée de mission recherche innovation de maïs. Retour. fédération des Cuma du Cantal a apporté son exper- de mécanisation doivent être ajoutées : labour, épan- tise en comparant un achat individuel avec un achat dage de fumier, semis, binage qui seront identiques et développement à la chambre régionale. collectif. quelque soit le choix du désherbage. Ce qui amène J érémy Combes et Arnaud Vigier sont les asso- les charges de mécanisation à 206 €/ha pour un dés- Quel rôle la chambre régionale d’agriculture désherbage chimique, autre réponse à la réduction ciés du Gaec de Celange situé à Faverolles dans Herse étrile vs roto-étrille herbage avec la herse étrille, 209 €/ha en chimique et joue-t-elle quant à la réduction des intrants ? des produits phyto. Pour ce qui concerne le désher- le Sud-Est du Cantal. L’exploitation est compo- La démonstration a satisfait l’ensemble des partici- 210 €/ha avec le roto étrille. Par ailleurs, les charges Sophie Stevenin : « Notre but est avant tout de bage mécanique, les exploitants trouvent alors des sée de 158 hectares : 9 hectares de céréales, 7 ha de pants. Pour Jérémy Combes cette démonstration a d’intrants (désherbants, semences, ammonitrate) ont répondre au besoin des filières, en les mettant en réponses quant à l’utilisation de la machine, à son maïs, 44 ha de prairies temporaires et 98 ha de prai- permis de comparer les deux matériels : « la herse été évaluées. Elles sont de 388 €/ha pour un désher- relation avec les instituts de recherche concernés. entretien, aux modifications culturales que cela en- Sophie Stevenin est chargée de mission ries permanentes. Jérémy Combes et Arnaud Vigier étrille est intéressante parce qu’elle peut être utili- bage chimique, 318 €/ha pour un désherbage avec la Nous avons un rôle d’accompagnement auprès des traîne, etc. Par ces journées, les conseillers montrent Recherche innovation et développement à la chambre régionale d’agriculture élèvent 60 vaches laitières pour une production de sée sur prairie pour gratter la mousse ou le lisier. La herse étrille ou le roto étrille. Lorsque l’on additionne porteurs de projets : nous les aidons à trouver des que plusieurs solutions sont envisageables, comme Auvergne-Rhône-Alpes et directrice de la lait AOP cantal et 20 vaches allaitantes. Depuis 2 ans, roto étrille travaille mieux les plantes au pied mais les charges de mécanisation et les charges d’intrants, financements pour la mise en place d’expérimen- le paillage, l’enherbement permanent. Ce sont aussi Sefra à Étoile-sur-Rhône. ils adhèrent au réseau Dephy du Pays de Saint-Flour elle est moins intéressante sur prairie. Son coût est on constate que le coût d’un désherbage chimique tations. De plus, il est important de bien les guider des techniques favorisant la réduction des intrants. » piloté par la chambre d’agriculture du Cantal. En juin élevé. Il faut voir avec la Cuma mais l’inconvénient est le plus élevé : 597 €/ha alors qu’il est de 524 €/ puisqu’un programme nécessite des partenariats 2019, ils ont décidé d’accueillir l’essai de désherbage est que la fenêtre d’utilisation est réduite, il faudra ha pour la herse étrille et de 528 €/ha pour la roto entre la recherche et le développement. Mais prin- Le biocontrôle est-il la solution de demain ? de plants sains et la sélection de porte-greffes per- mécanique sur une parcelle de maïs. « Nous sommes bien s’organiser en collectif pour l’utiliser ». Quentin étrille. Il reste maintenant à la Cuma de décider de cipalement, notre équipe de recherche innovation et S.S. : « Les premières méthodes de biocontrôle et met également d’intervenir en amont sur le risque adhérents au réseau Dephy du Pays de Saint-Flour car Pelligry, président de la Cuma du Lac de Faverolles l’acquisition d’un matériel et aussi de prévoir une or- développement, créée en fin d’année 2018, a comme les seuils d’intervention sont étudiés depuis les an- de maladies, et donc, d’utilisation de produits phy- nous souhaitons limiter le plus possible l’utilisation était présent à la démonstration, il avoue être arrivé ganisation pour son utilisation de manière à ce que mission de favoriser la valorisation et le transfert nées 1970. L’objectif est de remplacer les produits tosanitaires. » de produits phyto sur notre exploitation. Cette an- avec un à priori sur la roto étrille : « j’avais peur de l’ar- chaque adhérent puisse s’en servir dans les meilleures vers les agriculteurs. Nous diffusons ainsi toutes les chimiques par des méthodes plus naturelles. Depuis née, le réseau a souhaité faire un essai de désherbage rachement des pieds. Mais j’ai constaté une véritable conditions. informations par le biais des conseillers terrain des de nombreuses années, des suivis sont réalisés chez Quid des pratiques agroécologiques ? mécanique. Depuis pas mal de temps, nous pensions efficacité sur le travail à partir de l’intérieur jusqu’au chambres d’agriculture départementales afin qu’elles certains producteurs afin de définir le seuil d’inter- S.S. : « Des essais système sont en cours. Si le pro- au désherbage mécanique mais le coût des machines rang tout en évitant l’arrachement des pieds de maïs. w Contact : Eva Fichet, conseillère spécialisée en soient divulguées à grande échelle. » vention pour quantifier le nombre de ravageurs et blème impacte la plante, il est nécessaire d’étudier nous freinait. Le projet de cet essai a été une oppor- Maintenant, il faut en discuter avec les adhérents de agronomie - Chambre d’agriculture du Cantal - la présence de maladies. Cela nécessite donc une son environnement, son sol, et la biodiversité afin tunité et nous nous sommes portés volontaires pour la Cuma et aussi d’autres agriculteurs de la région qui T. : 04 71 45 55 15 / 06 38 61 48 90 Les chambres départementales organisent régu- surveillance accrue, permettant d’utiliser des mo- de favoriser les auxiliaires. Il ne faut pas oublier que l’accueillir sur notre exploitation » explique Jérémy sont en cultures maraîchères ou encore en agriculture lièrement des journées techniques. Qu’en est-il dèles de prévision des risques. Ces données précises la plante est influencée par ce qui l’entoure. Ce type réellement ? servent aux conseillers des chambres départemen- de recherche a été peu pratiqué pendant une pé- S.S. : « Ces journées d’information « Innov’action » tales, d’une part pour la rédaction de bulletins tech- riode, puisque les produits chimiques répondaient permettent d’apporter une connaissance supplémen- niques, d’autre part pour le conseil aux agriculteurs. aux attentes. Aujourd’hui, l’objectif est de trouver taire aux agriculteurs, arboriculteurs, horticulteurs, Le nombre de produits de biocontrôle homologués un ensemble de méthodes qui s’adaptent à chaque etc. Elles portent, entre autres, sur les alternatives au est en augmentation, mais il s’agit toujours d’un sujet environnement : on remplace les produits par des d’avenir. Certaines firmes phytosanitaires demandent techniques culturales, de la prophylaxie, des produits d’ailleurs aux stations de recherche davantage d’ex- de biocontrôle, du matériel végétal… périmentations sur les produits de biocontrôle. C’est Des tests grandeur nature une évolution logique qui répond aux attentes socié- Où en est la Sefra1 sur ce sujet ? avec les groupes Dephy tales. C’est dans l’ère du temps. » S.S. : « Nous avons des programmes de suivi variétal sous faible ou zéro intrant pour pousser la variété Initié en 2008, le plan Ecophyto permet de mettre Le matériel végétal semble lui aussi jouer un rôle dans son retranchement. Auparavant, nous étions en place de nombreuses actions structurantes en prépondérant dans la réduction des produits dans une recherche de qualité et de rendement, ce vue de la réduction des produits phytosanitaires : phytosanitaires. Qu’en pensez-vous ? qui nous poussait à ne pas prendre de risques phyto- réseaux Dephy (ferme et expérimentation), S.S. : « Les recherches en termes de matériel végétal sanitaires. Aujourd’hui, c’est plutôt l’inverse. Nous vi- Certiphyto, Bulletin de santé du végétal (BSV), tendent à prévenir et limiter l’installation et le déve- sons à sélectionner une variété, certes parfois moins projets de recherche, communication… loppement de bioagresseurs sur la culture. L’Inra, par productive mais qui nécessite moins de traitement. « La chambre régionale a structuré à la mise en exemple, travaille sur la création de nouvelles varié- Les producteurs sont d’ailleurs à la recherche de va- place des groupes Dephy, portés par les chambres tés résistantes ou tolérantes. Cela s’est démontré par riétés peu sensibles aux maladies et ravageurs, afin départementales », explique Sophie Stevenin. En exemple sur le développement de plusieurs variétés de réduire l’utilisation des produits phyto, tout en Auvergne-Rhône-Alpes, plus de 300 exploitations de pommes, résistantes à la tavelure, une maladie rentabilisant l’investissement que demande l’instal- pilotes se sont engagées pour tester des techniques qui impliquait un nombre important de traitements. lation d’un verger. » de protection des cultures nécessitant un faible Cependant, ces études nécessitent bien souvent, l PROPOS RECUEILLIS PAR AMANDINE PRIOLET recours aux intrants. entre vingt et trente ans de recherche. L’utilisation 1 Sefra : Station expérimentale fruits Auvergne-Rhône-Alpe.s Essais de désherbage mécanique dans le cadre du réseau Dephy du Pays de Saint-Flour piloté par la chambre d’agriculture du Cantal. 10 / Terroirs AUVERGNE-RHÔNE-ALPES / DÉCEMBRE 2019 DÉCEMBRE 2019 / Terroirs AUVERGNE-RHÔNE-ALPES / 11
réduction TECHNIQUES ALTERNATIVES des phytos ÉCOPHYTO II+ Mobilisation générale pour préparer la sortie du glyphosate Le vignoble des L’équipe Écophyto de la chambre rain pour ne pas les laisser face à des impasses tech- Côtes-du-Rhône régionale d’agriculture Auvergne- niques en leur proposant des solutions nouvelles, des techniques alternatives et efficaces. Il faut aussi Rhône-Alpes et la Direction diffuser plus largement les connaissances et les résul- régionale de l’agriculture, de tats d’expérimentations auprès des agriculteurs pour l’alimentation et de la forêt (Draaf) les emmener vers des pratiques limitant ou excluant septentrionales ont organisé le 19 novembre dernier l’usage de produits phytosanitaires. Les 90 partici- une journée destinée aux conseillers pants ont pu partager et échanger avec les inter- agricoles intitulée : préparer la sortie venants sur les solutions scientifiques et pratiques du glyphosate et réduire les alternatives au glyphosate déjà testées en région. relève le défi ! S’appuyant sur le réseau des fermes Dephy et sur herbicides, quelles solutions le dispositif des groupes Écophyto 30 000 (fermes techniques pour quels débouchés ? engagées en agro-écologie), les techniciens ont pu témoigner des résultats obtenus sur les alternatives L ors de la clôture des États généraux de l’ali- testées par des agriculteurs volontaires dans les prin- mentation, le gouvernement a annoncé un cipales filières régionales : l’arboriculture, les grandes Depuis près de dix ans, de nombreux vignerons en Côtes-du- plan d’actions sur les produits phytopharma- cultures, le maraîchage et la viticulture. L’Inra et la Se- ceutiques et une agriculture moins dépendante aux fra (station expérimentale fruits de Rhône-Alpes) ont Rhône septentrionales sont engagés dans la réduction pesticides qui a été publié le 25 avril 2018. Puis, le également pu partager le fruit de leurs expérimenta- plan de sortie du glyphosate d’ici trois ans au plus des produits phytosanitaires. Le point avec Amandine tard pour les principaux usages et d’ici cinq ans pour tions respectives : l’arrêt de l’utilisation des désher- bages chimiques sur le rang en production de fruits à Fauriat, conseillère en viticulture Côtes-du-Rhône l’ensemble des usages a été publié le 22 juin 2018. noyau pour la Sefra et la réduction des herbicides et Le plan Écophyto II a donc été révisé pour intégrer du glyphosate en grandes cultures pour l’Inra. Enfin, septentrionales à la chambre d’agriculture de l’Ardèche. les nouvelles priorités issues de ces deux plans. Éco- dans le prolongement des exploitations, des acteurs phyto II+ apporte une nouvelle impulsion pour at- de l’aval comme la Maison François Cholat, la Fédé- Comment avance la réduction des intrants sur pour la vigne. Le trèfle souterrain a également été teindre l’objectif de réduire l’utilisation des produits ration des vignerons indépendants, Frutas Sanchez du le secteur ? testé sur plusieurs parcelles. Les résultats sont pro- phytopharmaceutiques de - 25 % d’ici 2020 par la marché de gros de Corbas ou encore la coopérative Amandine Fauriat : « Une grande partie du vignoble bants sur certaines parcelles, beaucoup moins sur généralisation des pratiques et systèmes économes La Dauphinoise ont été conviés à une table ronde est située dans des zones de fortes, voire très fortes d’autres, en pente et en sols peu profonds. Nous tes- en intrants disponibles ; et de - 50 % à l’horizon 2025 pour faire part des attentes des consommateurs et pentes, non mécanisables, où il y a moins de moyens tons aussi de nouvelles méthodes, par exemple un par la mutation profonde des systèmes de produc- témoigner de la valorisation et des débouchés pos- à disposition pour réduire les phyto. La méthode op- paillage ou un enherbement sous le rang et un dés- tion et des filières. sibles pour des produits issus d’une agriculture plus tidose, employée de manière courante aujourd’hui herbage mécanique ou tonte dans l’inter-rang. économe en produits phytosanitaires. dans les parcelles de plaine, est plus compliquée à 2020, c’est demain ! mettre en œuvre en pentes. Les matériels de désher- Outre l’enherbement, quelles sont les pistes en Pour tenir les objectifs du plan Écophyto II+, il faut ac- l C. DÉZERT bage évoluent et sont de plus en plus performants, matière de paillage? compagner concrètement les agriculteurs sur le ter- mais ne sont pas toujours adaptés à ces vignobles où A.F. : « Nous avons testé un paillage de chanvre, dont il faut trouver d’autres solutions. » les résultats sont peu encourageants, et un paillage de miscanthus sur deux parcelles, 15 cm au-dessus Quelles sont les alternatives au désherbage du sol. Sur la première parcelle, avec une vigne déjà chimique sur ces vignobles de pentes ? en place, cela n’a pas été concluant : sans doute le Démonstration de désherbage A.F. : « Le désherbage est effectué avec le treuil ou sol n’avait pas été suffisamment travaillé en amont. mécanique dans l’inter-rang. le cheval dans ces terrains. Par ailleurs, avec le De- Sur la seconde parcelle, avec un plantier, les résultats Les six axes phy viticole Côtes-du-Rhône septentrionales, nous ont été bien meilleurs. Mais les coûts de matière pre- expérimentons depuis 2009 la pratique de l’enher- mière sont très importants : au-delà de 30 000 €/ha, Qu’en est-il de l’usage de drône ? modalités mises en œuvre (période et méthode de du Plan Écophyto II+ En chiffres bement qui donne des pistes intéressantes, mais pas sans compter la main-d’œuvre nécessaire à sa mise en A.F. : « La loi Egalim permet l’expérimentation, sur plantation, etc.). Nous avons aussi travaillé sur la mise de solutions miracles. Pour les bandes en- place. L’un des vignerons expérimente depuis février trois ans, d’épandage par drône sur des pentes de en place de haies en fonction des différents objectifs 1 - Faire évoluer les pratiques et la déclinaison territoriale Avec 72 035 tonnes de herbées, nous privilégions les es- un paillage en laine issue des déchets de la coopé- plus de 30 % avec des produits bio. Nous avons ain- visés (biodiversité, anti-dérive). Nous avons égale- les systèmes ; du Plan en cohérence avec substances actives de produits pèces peu concurrentielles rative Ardelaine, qui s’est très bien comporté mais si organisé une première démonstration d’épandage ment expérimenté la méthode « Merci » qui consiste les contraintes et poten- phytopharmaceutiques 2 - amplifier les efforts de et peu poussantes. Nous dont le coût est là encore prohibitif. Nous avons aussi par drône, réalisée avec de l’eau, en mars dernier, et à mesurer la biomasse de chaque espèce présente tialités locales, renforcer vendues au secteur agricole en recherche, développement et avons notamment tes- pris contact avec le chocolatier Valrhona pour expé- venons de déposer un dossier pour valider l’autori- dans un couvert végétal, afin de calculer les quantités l’appropriation du Plan par France, notre pays se situe au innovation ; té la piloselle, avec rimenter un paillage en fèves de cacao. » sation d’expérimenter cette technique sur trois ans. d’éléments présents dans le couvert. Cela permet de les acteurs du territoire et deuxième rang européen, après déterminer le rapport (carbone/azote) et par consé- 3 - réduire les risques et les des réussites par L’IFV1 a par ailleurs déjà commencé à expérimenter des filières et veiller à la l’Espagne (76 940 tonnes) et quent sa capacité à fournir de l’azote au sol. impacts des produits phyto- endroits, moins dans Comment se passe-t-on d’insecticides ? la pulvérisation de colorants alimentaires par drône, cohérence des politiques devant l’Italie (59 963 tonnes). Enfin, nous allons bientôt expérimenter la technique pharmaceutiques sur la santé d’autres parcelles A.F. : « Le secteur est épargné par la flavescence en Alsace et à Cornas. Nous espérons quant à nous publiques ; En termes d’utilisation, la du test du slip, qui consiste à enterrer des slips en humaine et sur l’environne- elles ont engendré dorée, mais la tordeuse est présente de manière lo- pouvoir commencer les essais dès 2020. » France est au 9e rang européen ment ; 6 - s’appuyer sur une une concurrence calisée sur certaines parcelles, c’est pourquoi nous coton dans le sol à 15 cm de profondeur durant trois selon le nombre de kilogrammes 4 - supprimer l’utilisation de communication dynamique hydrique trop avons mis en place un système de comptage qui nous Quelles autres pistes sont explorées ? mois. Une fois déterrés et en fonction de la dégrada- de substances actives vendues produits phytopharmaceutiques et des approches partici- importante permet de décider au cas par cas des parties à traiter. A.F. : « Nous avons testé différents produits de tion, cela nous donnera une idée de l’activité biolo- rapporté à l’hectare, avec partout où cela est possible patives, pour instaurer un Nous tâchons ainsi de modérer l’utilisation d’insec- biocontrôle, afin de limiter les usages de cuivre par gique des sols. Cette opération peut aussi être réali- 3,7 kg/ha, derrière l’Espagne, dans les jardins, les espaces débat citoyen constructif ticides au strict nécessaire. Sur les secteurs histori- exemple. Un travail sur les engrais verts, plutôt pour sée avec des sachets de thé. » l’Italie ou encore l’Allemagne. végétalisés et les infrastruc- quant à la problématique quement touchés par ce ravageur, la pratique de la les vignes de plaine cette fois-ci, a également été l PROPOS RECUEILLIS PAR MYLÈNE COSTE des produits phytopharma- Source ministère de l’Enseignement tures ; supérieur, de la Recherche et de l’Inno- Amandine Fauriat, confusion est par ailleurs largement employée avec conduit. Chaque producteur a testé des espèces dif- 1. Institut français du vin et de la vigne. ceutiques, et instaurer une conseillère en viticulture. de bons résultats. » 5 - encourager, en favorisant vation. férentes, et le but est de recenser les résultats et les 2. Méthode d’estimation des éléments restitués par les cultures gouvernance simplifiée. intermédiaires. une mobilisation des acteurs, http://draaf.auvergne-rhone-alpes.agriculture.gouv.fr/Le-plan-Ecophyto 12 / Terroirs AUVERGNE-RHÔNE-ALPES / DÉCEMBRE 2019 DÉCEMBRE 2019 / Terroirs AUVERGNE-RHÔNE-ALPES / 13
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