CAMEROUN INVESTIR AU - Investir ...
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
INVESTIR AU GRANDS CHANTIERS AGRICULTURE CAMEROUN ENERGIE MINES Février 2018 - N° 70 INDUSTRIE SERVICES FINANCE Produits agricoles camerounais Une demande croissante, nationale et internationale Modeste Mopa Atlantic Cocoa, première Fatoing : « les installation dans la zone nouvelles pistes industrielle de Kribi d’élargissement de l’assiette fiscale » GRATUIT – NE PEUT ÊTRE VENDU
INVESTIRAU CAMEROUN .COM Retrouvez chaque jour l’actualité économique du Cameroun Compatible tablettes et smartphones APP DISPONIBLE POUR IOS ET ANDROID
EDITORIAL 3 Yasmine Bahri-Domon, directrice de la publication Fiers de nos produits locaux « Nous devons nous accoutumer à consommer ce que nous produisons et à produire ce que nous consommons », plai- dait récemment Paul Biya, dans un de ses traditionnels discours à la Nation. Cet appel semble prendre corps. Les matières premières locales, longtemps snobées, sortent de plus en plus des étals traditionnels pour approvisionner notre tissu industriel naissant. C’est le cas, par exemple, du brasseur anglais Diageo, propriétaire de la marque Guinness, dont la commande annuelle est passée de 2700 tonnes, en matières premières locales, à 17 000 tonnes, en ce qui concerne particulièrement le manioc, le sorgho et le maïs, avec tout ce que cela représente comme améliora- tion de revenus pour nos agriculteurs. Le poivre de Penja, le soja et bien d’autres matières premières locales ne sont pas en reste, d’où la nécessité de promouvoir des partenariats économiques durables entre les différents acteurs du secteur qui participent au maillage de cette nouvelle économie. Les industriels ont bien compris tout l’avantage qu’il y a à insérer nos produits locaux dans la composition de leurs productions. Certes, la démarche est encore timide, mais elle s’ancre petit à petit dans les habitudes des consommateurs et des opérateurs économiques. Bien sûr, l’Etat et le secteur bancaire se doivent de stimu- ler, à leurs niveaux, les projets de transformation de nos produits, inciter les industriels, encourager les produc- teurs locaux et sensibiliser davantage les consomma- teurs aux qualités des matières premières locales. Toutes choses qui permettront que l’on retrouve sur les étals, dans le panier de la ménagère comme dans les rayons des supermarchés, le « made in Cameroon » et qui rédui- ront d’autant notre dépendance aux importations. N° 70 / Février 2018
4 AU SOMMAIRE DOSSIER FOCUS 08 • A l’assaut des matières premières locales odeste Mopa Fatoing : « Il nous faudra, outre 14 • M les acquis, continuer à explorer les nouvelles 09 • A près le Nescafé au café camerounais, Nestlé pistes d’élargissement de l’assiette fiscale » veut introduire le poivre de Penja dans son cube Maggi 10 • C amlait a investi 3 milliards FCFA dans une INVESTIR AU CAMEROUN usine de production de yaourts Editeur à base de soja local Stratline Limited 10 • G râce à des achats de 30 000 tonnes de sucre Directrice de la publication par an, le brasseur Sabc consomme 20% de la Yasmine BAHRI-DOMON production de Sosucam Rédaction Brice R. MBODIAM, Sylvain ANDZONGO, Idriss LINGE. 12 • L es besoins de Guinness Cameroon en matières Opérateur premières locales atteindront 17 000 tonnes, en Médiamania Sàrl 2018 www.mediamania.pro Maquette : Jérémie FLAUX, Réalisation web : Christian ZANARDI, 12 • U ne enveloppe de 3 milliards FCFA injectée Corrections : Stéphane ALIDJINOU dans un projet de production de sorgho Régie publicitaire regiepub@investiraucameroun.com 13 • U n projet gouvernemental de 50 milliards FCFA Au Cameroun pour approvisionner les agro-industries en Albert MASSIMB, almassimb@yahoo.fr Tel : 00 237 694 66 94 59 maïs, sorgho et manioc Impression LEADER DU MOIS Rotimpres, Aiguaviva, Espagne 34 • L a Camerounaise Nadine Distribution Cameroun Tinen prend la tête de la Albert MASSIMB, almassimb@yahoo.fr Tel : 00 237 694 66 94 59 région Afrique francophone Gratuit – Ne peut être vendu subsaharienne, au sein de PwC France info@investiraucameroun.com - www.investiraucameroun.com N° 70 / Février 2018
5 L’ACTUALITÉ EN BRÈVES GESTION PUBLIQUE P 17-21 MINES P 29 FINANCE P 22-23 INDUSTRIE P 30-31 AGRICULTURE P 24-27 TIC & TELECOM P 32 ENERGIE P 28 SERVICES P 33 N° 70 / Février 2018
6 CASTING PAUL ZAMBO Expert des Tic et promoteur d’Arintech Cameroun, Paul Zambo était l’un des panélistes de la conférence de haut niveau, organisée le 24 janvier 2018, à l’Ecole nationale supérieure des Postes, des Télécoms et des TIC (Sup’Ptic) de Yaoundé, la capitale camerounaise. Au cours de cette conférence sur le thème « Les nouveaux environnements des télécommunications face aux défis de l’économie numé- rique », cet expert est revenu sur le don de 500 000 ordina- teurs fait aux étudiants camerounais par le chef de l’Etat, et qui est actuellement au centre d’une polémique dans le pays. « Je suis généralement très critique. Mais, je puis vous dire que c’est un projet extraordinaire. Parce que ce projet-là apporte un déclic. Avoir 500 000 jeunes étudiants, avec 500 000 ordi- nateurs, c’est quelque chose d’inédit. Pourquoi ? Parce qu’en fait, ces jeunes-là ont besoin d’être recadrés vers le futur et le futur du monde aujourd’hui, c’est l’informatique », a-t-il confié. PHILÉMON ZOO ZAME Dans un communiqué signé le 16 janvier 2018, Philémon Zoo Zame, le directeur général de l’Agence de régulation des télécommunications (ART) du Cameroun, attire l’atten- tion des opérateurs de la téléphonie sur la détérioration de la qualité des services fournis aux consommateurs, depuis plusieurs semaines. « Les mesures effectuées sur les plateformes font apparaître un taux élevé d’échecs des appels, des coupures fréquentes des communications, ainsi qu’une détérioration de la qualité auditive », précise le DG de l’ART qui laisse entendre que l’organe, qu’il dirige, s’apprête à prendre les mesures règle- mentaires requises en pareilles circonstances. Pour rappel, le gouvernement a révélé, le 27 octobre 2017, les résultats du premier audit de la qualité de service des réseaux de com- munications électroniques dans le pays, qui a conclu à une « détérioration continue de la qualité de service ». N° 70 / Février 2018
7 ZACHARIE DR TAÏGA PEREVET 108 000. C’est le nombre total des emplois que le gou- Selon le Dr Taïga, ministre camerounais de l’Elevage, des vernement camerounais entend créer, dans le cadre du Pêches et des Industries animales, l’année 2018, dans son Programme de promotion des emplois verts (PPEV), que département ministériel, sera placée sous le signe de la peaufine actuellement le Ministère de l’emploi et de la protection de la santé des petits ruminants, au moyen formation professionnelle. En prélude à l’implémentation du renforcement des actions en faveur des opérateurs de du PPEV, qui allie lutte contre le chômage et préservation cette filière. de l’environnement, le gouvernement vient de lancer un Pour ce faire, ce membre du gouvernement, à l’occasion appel à manifestation d’intérêt, à l’effet de pré-qualifier de la cérémonie de réception des vœux du nouvel an de des cabinets locaux devant participer à l’appel d’offres res- ses collaborateurs, le 19 janvier 2018, a instruit tous les treint, pour l’élaboration de la cartographie des emplois services déconcentrés de son département ministériel, à verts au Cameroun. l’effet d’intensifier la lutte contre les infections virales des « Il est apparu nécessaire d’élaborer une nomenclature et petits ruminants. Le Dr Taïga a particulièrement insisté une cartographie des métiers verts, pour mieux amorcer sur le cas de la peste des petits ruminants, qui, selon lui, l’opérationnalisation du Programme de promotion des em- tue souvent jusqu’à 90% des chèvres et des moutons in- plois verts », a expliqué Zacharie Perevet, le ministre de fectés sur le territoire camerounais. l’Emploi et de la Formation professionnelle. FREDERIK PHILISIWÉ KLINKE SIBIYA Sur une période de 12 ans, Douala International Terminal Le 31 janvier 2018, l’experte comptable sud-africaine, (DIT), le concessionnaire du terminal à conteneurs du port Philisiwé Sibiya, a officiellement quitté ses fonctions de de Douala, dans la capitale économique du Cameroun, a directrice générale de MTN Cameroun, après avoir été la vu le volume de ses activités passer du simple au triple, toute première femme à diriger cette entreprise, leader sur pratiquement. C’est ce qu’a révélé, le 12 janvier dernier à le marché du mobile. Ce départ du Cameroun, apprend- Douala, Frederik Klinke, le directeur général (DG) de cette on, scelle également la fin de la carrière de Philisiwé Sibiya entreprise, au cours d’une cérémonie de remise de mé- au sein du groupe MTN International, qu’elle quitte par la dailles d’honneur et du travail à 77 de ses collaborateurs. même occasion. Dans le détail, a-t-on appris, les volumes manutentionnés Pendant 3 ans, le management de cette Sud-africaine, à la par DIT sur le terminal à conteneurs de Douala, sont pas- tête de MTN Cameroun, a été marqué par de lourds inves- sés de 131 994 Evp (conteneurs équivalents vingt pieds), tissements, en vue du déploiement de la 4G et l’extension au début de la concession, en 2005, à près de 386 500 Evp de la 3G ; le retour de l’entreprise dans le sponsoring du en 2017, soit une hausse de plus de 190% ; ce qui permet à championnat national de football et, surtout, la conser- cette entreprise de revendiquer un chiffre d’affaires d’envi- vation du leadership sur le marché du mobile, en dépit ron 55 milliards de francs Cfa, de nos jours. de la forte concurrence qui a grignoté quelques parts de marché. N° 70 / Février 2018
8 DOSSIER A l’assaut des matières premières locales Autosuffisance alimentaire. Voilà une de l’utilisation des matières pre- voisins (Gabon, Guinée équatoriale, expression qui inonda les discours mières locales. République centrafricaine, Tchad, politiques au Cameroun dans les A l’observation, cette réalité semble Congo et Nigeria) que par les entre- années 80. A cette époque, l’ambition avoir pris tout le monde au dé- prises agro-industrielles, le pays des gouvernants était de garantir pourvu, au point où, de nos jours, tient là une opportunité inédite : aux populations une production le Cameroun, qui brandissait son celle d’exploiter ses 25% de terres agricole suffisante, en vue d’assurer autosuffisance alimentaire comme cultivables, pour devenir le grenier la consommation des ménages. Dix un trophée de guerre, a fini par de la région Afrique centrale, voire de ans plus tard, cet objectif fut atteint, revêtir les attributs d’importateur l’Afrique tout entière. et le Cameroun se targue, depuis lors, invétéré de denrées alimentaires. Par C’est heureusement l’objectif pour- d’être un pays autosuffisant sur le exemple, pour la seule année 2015, suivi par le Plan directeur d’indus- plan alimentaire. rapporte le ministre de l’Industrie, trialisation (PDI), adopté par le gou- Sauf que, depuis quelque temps, Ernest Gwaboubou, le Cameroun vernement en 2017. L’un des piliers cette autosuffisance est mise à a importé 1,388 million de tonnes de ce PDI est le développement de mal par les effets conjugués de la de produits alimentaires, pour une l’agro-industrie locale, dont le corol- croissance démographique (alors enveloppe de plus de 800 milliards laire est inéluctablement la disponi- que la production agricole stagne de francs CFA, dépassant ainsi, bilité des matières premières locales, depuis des années), la demande pour la 1ère fois, les hydrocarbures auxquelles les entreprises installées des pays voisins, qui est de plus en (1,294 million de tonnes) et le clinker sur le territoire camerounais font de plus croissante, et la demande des (1,323 million de tonnes). plus en plus les yeux doux. unités agro-industrielles, résolument Pourtant, avec une demande aussi engagées dans des programmes de croissante, impulsée aussi bien par Brice R. Mbodiam réduction des importations, au profit les populations locales et les pays N° 70 / Février 2018
DOSSIER 9 Après le Nescafé au café camerounais, Nestlé veut introduire le poivre de Penja dans son cube Maggi Au bout d’un processus qui aura finalement duré 4 ans, Nestlé Cameroun commercialise officielle- ment, depuis le 29 janvier 2015, sa boisson Nescafé faite à base du café camerounais. Après cette étape, apprend-on de sources internes à l’entreprise, la filiale camerounaise du géant suisse de l’agroalimentaire ambitionne d’introduire le poivre de Penja parmi les ingrédients de son cube Maggi. Ce projet permettra aux produc- teurs de ce poivre camerounais désormais labélisé, de s’offrir un débouché exceptionnel. Ceci, dans la mesure où le cube Maggi, à lui tout seul, revendique 90% de la production de l’usine Nestlé de Douala (la seule en Afrique cen- trale), dont l’ensemble des produits (Cube Maggi, lait Nido en sachet, Nescafé) procure au groupe Nestlé, 5 milliards de francs CFA de chiffre d’affaires mensuel dans les six pays de la Cemac que sont le Cameroun, le Gabon, le Congo, le Tchad, la malgré une demande existante. pour des dépenses atteignant 300 République centrafricaine et la La conquête des matières pre- millions de francs CFA) et le sel de Guinée équatoriale. mières locales par la filiale cuisine, des ingrédients entrant Au demeurant, ce projet de Nestlé camerounaise de la firme Nestlé, dans la production du cube Maggi. Cameroun pourrait se heurter participe d’un projet global de réo- En plus des contacts déjà établis au défi de l’augmentation de la rientation des approvisionnements, avec deux entreprises de produc- production du poivre de Penja, du qui vise à acheter sur place environ tion de sel, basées à Douala, auprès nom de cette localité de la région 75% des matières premières de desquelles Nestlé Cameroun ambi- du Littoral du pays, où pousse ce cette unité agro-industrielle, a-t-on tionne de s’approvisionner à hau- condiment très prisé et vendu aux appris de sources internes à l’entre- teur de 100% de ses besoins en sel quatre coins du monde. prise. Mathématiquement, ce pro- de cuisine, la filiale camerounaise En effet, la production annuelle jet correspondrait à une réduction du géant suisse de l’agroalimentaire de cette épice tourne officielle- des importations de l’ordre de 70%. lorgne sur la production d’amidon ment autour de 70 tonnes, dont En effet, actuellement, 84% des de la Société de transformation de près de 40 tonnes pour la société matières premières utilisées dans manioc de Sangmélima (Sotramas), des plantations du Haut Penja l’usine Nestlé de Douala, ainsi que dont la mise en service se heurte (PHP), et environ 30 tonnes pour 59% des emballages servant au malheureusement à d’énormes les plantations villageoises. Du fait conditionnement des produits de difficultés structurelles et mana- de l’importance du marché local, Nestlé Cameroun, sont importés. gériales. Pour rappel, la Sotramas apprend-on de sources autorisées, Ces importations, apprend-on, projette de transformer, quotidien- à peine 15 tonnes de poivre de sont dominées par l’amidon de nement, 120 tonnes de manioc en Penja sont exportées chaque année, manioc (1500 à 1800 tonnes par an, amidon. N° 70 / Février 2018
10 DOSSIER Camlait a investi 3 milliards FCFA dans une usine de production de yaourts à base de soja local Avec la concurrence qui se fait de tallent dans la durée. Nous sommes importé à grands frais. plus en plus rude sur le marché du obligés d’explorer d’autres axes de Le succès de « River », ce yaourt à yaourt au Cameroun, notamment croissance, pour pouvoir résister dans base d’une matière première locale, depuis l’arrivée des entreprises telles ce marché », affirme Paulin Toukam ne s’est pas fait attendre. Le 13 sep- que Dolait ou encore Royal Crown, Zuko, le PDG de Camlait, qui révèle tembre 2016, à Yaoundé, la capitale la Société camerounaise des pro- par ailleurs que les coûts de produc- du pays, l’Organisation africaine de duits laitiers (Camlait) a décidé de tion du yaourt à base de soja sont de la propriété intellectuelle (Oapi) a diversifier ses produits, en ajoutant 50% inférieurs à celui fait à base de décerné à ce produit le tout premier à sa gamme de yaourts des variétés lait. « Grand Prix Award de la marque faites à base de soja produit loca- La dernière trouvaille de Camlait Oapi ». lement. Pour ce faire, a-t-on appris est d’autant plus stratégique que, Ce prix, fruit d’un concours que de sources officielles, l’entreprise apprend-on, cette entreprise agroa- l’Oapi a lancé cette année-là, en par- a dû investir 3 milliards de francs limentaire ambitionne désormais de tenariat avec le Groupement inter- CFA dans une nouvelle chaîne de réaliser 65% de son chiffre d’affaires patronal du Cameroun (Gicam), production. avec ses produits à base de soja. récompense, apprend-on, un produit « La croissance (la demande en Ce, d’autant plus que cette dernière ou un service à forte réputation dans yaourts augmente de 25% par an, matière première est produite le pays. Ndlr) est telle que les concurrents s’ins- localement, alors que le lait, lui, est Grâce à des achats de 30 000 tonnes de sucre par an, le brasseur Sabc consomme 20% de la production de Sosucam La Société anonyme des Brasseries du Cameroun (Sabc), filiale locale du groupe Castel, effectue, chaque année, des achats de 30 000 tonnes de sucre granulé auprès de la Société sucrière du Cameroun (Sosucam), annonce le leader du marché brassi- cole local. Outre la Sosucam, la Sabc est éga- Sabc, ces achats locaux de matières Avec ces volumes d’achats, la Sabc lement un important contributeur premières sont complétés par des consomme, à elle toute seule, 20% de au chiffre d’affaires de la Maïserie du importations, du fait d’une pro- la production de la filiale camerou- Cameroun (Maïscam), unité agro- duction nationale limitée ; laquelle naise du groupe français Somdiaa industrielle située dans la partie sep- est appelée à satisfaire, à la fois, les qui revendique des livraisons tentrionale du pays, dont elle achète, besoins des agro-industries et une moyennes de 55 000 à 60 000 tonnes chaque année, 100% de la production consommation des ménages tou- de sucre aux unités agro-industrielles du gritz de maïs, soit 10 000 tonnes. jours plus croissante. du pays, chaque année. Au demeurant, souligne-t-on à la N° 70 / Février 2018
12 DOSSIER Les besoins de Guinness Cameroon en matières premières locales atteindront 17 000 tonnes, en 2018 Guinness Cameroon, la filiale pales matières premières locales ment et de développement des mar- locale de la firme agroalimentaire usitées par Guinness au Cameroun. chés agricoles). Ce projet de 5 ans, britannique Diageo, qui a utilisé Dans la perspective de cette aug- financé à hauteur de 50 milliards de 2700 tonnes de matières premières mentation substantielle des besoins francs CFA par la Banque mondiale, locales en 2014, pour la production en produits locaux, confiait alors vise à booster la production locale de ses boissons alcoolisées ou non M. Pouth, « des travaux d’implanta- du manioc, du sorgho et du maïs, (Guinness, Guinness Smooth, Malta tion d’un cuiseur sont actuellement en afin d’approvisionner les industries Guinness, Harp, etc.), verra ses cours au sein de notre usine, avec pour agroalimentaires du pays, à l’instar besoins en produits locaux décupler but de favoriser une utilisation plus des sociétés brassicoles. pour atteindre 17 000 tonnes en 2018, importante des matières locales telles « Notre ambition est, d’ici 2018, de soit une hausse de plus de 600% par que le sorgho, le maïs et le manioc ». nous approvisionner essentiellement rapport aux besoins actuels. Dans cette même optique, l’on se en matières premières locales. Notre Cette information révélée en souvient que Guinness Cameroon investissement global, d’ici là, ira juillet 2015 par Christian Pouth, fut la toute première entreprise au-delà de deux milliards de francs Corporate Relations Director chez agroalimentaire à signer avec le CFA, afin de nous doter des ressources Diageo pour l’Afrique centrale et de gouvernement camerounais, le humaines et technologiques néces- l’Ouest, est une excellente nouvelle 17 décembre 2013, à Yaoundé, une saires à la réussite de ce projet », pour les producteurs de sorgho, de convention de partenariat dans le soulignait M. Pouth. maïs et de manioc du pays, les princi- cadre du Pidma (Projet d’investisse- Une enveloppe de 3 milliards FCFA injectée dans un projet de production de sorgho La filiale camerounaise du brasseur bri- Brasseries du Cameroun, envisageait tannique Diageo, Guinness Cameroon, de ramener à 50% en 2015, le volume de a injecté un montant total de 3 milliards ses importations de matières premières, de francs CFA, dans un programme alors estimé à 80%. d’investissements qu’il conduit depuis Il est concrètement question, apprend- 2009 dans le septentrion camerounais, on, de substituer progressivement les en vue de booster la production du sor- céréales importées telles que le malt gho, a-t-on appris au cours d’une visite par des produits locaux, comme le d’entreprise organisée par cette société sorgho, dont les quantités achetées brassicole, le 4 novembre 2014 dans la par Guinness aux producteurs du Nord ville de Douala. Cameroun depuis 2009, oscillent entre Au moyen de cet investissement, 250 et 400 tonnes par an, selon Mariam apprend-on officiellement, la société Haman Adama, coordonnatrice du brassicole, numéro 2 sur le marché Conseil régional des organisations camerounais des boissons alcooli- paysannes de la partie septentrionale sées, derrière le groupe Castel avec les du Cameroun (Cropsec). N° 70 / Février 2018
DOSSIER 13 Un projet gouvernemental de 50 milliards FCFA pour approvisionner les agro-industries en maïs, sorgho et manioc Le gouvernement camerounais et la Banque mondiale ont lancé, pour la période 2014-2019, un projet doté d’une enveloppe d’un montant total de 50 milliards de francs CFA, en vue de financer l’implémentation du « Projet d’investissement et de déve- loppement des marchés agricoles (PIDMA) », piloté par le Ministère de l’agriculture. Ces fonds sont essen- tiellement investis dans les appuis techniques et financiers, au bénéfice des opérateurs des filières maïs, sorgho et manioc. Concrètement, apprend-on des ges- tionnaires du Pidma, les bénéficiaires de ce projet gouvernemental ont la possibilité de négocier préalable- ment des contrats de livraison avec des unités agro-industrielles, ou bien d’autres potentiels acheteurs, avant de se lancer dans la production. Ce qui garantit, non seulement l’écoule- ment de la production, mais aussi un certain niveau de revenus. Démarré en 2014, le Pidma ambi- tionne de satisfaire la demande institutions bancaires partenaires tives de producteurs, bénéficiaires annuelle des entreprises agro-in- ont quitté le navire. Il s’agit d’Afri- du projet, ont du mal à remplir dustrielles en maïs (200 000 tonnes), land First Bank et de la filiale locale leurs cahiers des charges respectifs, sorgho (30 000 tonnes) et manioc du groupe bancaire panafricain du fait de difficultés organisation- (1,4 million de tonnes). Les projets Ecobank, annonce-t-on au Pidma, nelles. Idem pour les agro-industries sont financés par le programme sans donner plus de détails. « Il partenaires du projet. « Certains ont (sous la forme de subventions) ne reste plus que la SGC [Société pris des engagements pour acheter à hauteur de 50%, tandis que les Générale Cameroun] et la Bicec des tonnes de maïs à 200 francs CFA coopératives bénéficiaires, qui sont [ filiale du groupe Bpce] », confie le kilogramme. Aujourd’hui, comme assujetties à un apport personnel Thomas Ngue Bissa, le coordon- le prix sur le marché est de 160 francs équivalent à 10% du montant de nateur du Pidma, qui regrette, par CFA, ils abandonnent les produc- l’investissement, recherchent les 40% ailleurs, que « les taux d’intérêt des teurs avec leurs commandes et vont restants auprès d’un pool bancaire crédits accordés » aux organisations acheter ailleurs », confie le coordon- partenaire du projet. de producteurs, dans le cadre de ce nateur du Pidma, projet qui touche Cependant, en 2017, au cours d’une projet « restent très élevés, en plus des 120 000 agriculteurs camerounais et session de la plateforme de dialogue/ lenteurs dans leur mise à disposition ». leurs familles. concertation mise en place dans le De plus, a-t-on appris au cours de cadre de ce projet, deux des quatre la même concertation, les coopéra- BRM N° 70 / Février 2018
14 FOCUS Modeste Mopa Fatoing : « Il nous faudra, outre les acquis, continuer à explorer les nouvelles pistes d’élargissement de l’assiette fiscale » Après environ une décennie de pause partenariat économique (APE) avec depuis quelques années ont-elles fiscale, matérialisée par la non- l’Union européenne, qui contribuent, été restaurées (à l’instar de celle de création de nouveaux impôts et la depuis bientôt 2 ans, à obérer les 5% sur l’importation du riz), et de non-revalorisation de ceux existants, recettes douanières. nouvelles taxes, vu le jour (taxes sur le gouvernement camerounais a dé- les jeux de hasard, les appartements cidé, depuis 2016, de relever le niveau Face à cette conjoncture, fallait-il meublés, les séjours dans les hôtels, de pression sur les entreprises. Une maintenir la pause fiscale ? Oui ! le droit d’accise sur les communica- décision visiblement dictée par une soutiennent les opérateurs éco- tions électroniques, etc.). météo nationale et internationale nomiques qui plaident davantage plutôt orageuse. pour une réforme en profondeur de la fiscalité au Cameroun. Il est plus En effet, sur le plan international, intéressant, selon le patronat, de depuis fin 2015, le pays fait face à une « changer de paradigme fiscal », dixit réduction des recettes pétrolières, le président du Gicam (la plus impor- consécutivement à la baisse des prix tante association patronale du pays), du baril du brut sur le marché mon- en mettant l’entreprise au cœur du dial, privant ainsi le Cameroun d’une développement économique, et non bonne partie des 25% des recettes plus en la considérant simplement budgétaires que constituaient, comme une vache à traire jusqu’à jusqu’ici, les revenus issus de la vente épuisement. de l’or noir. Un avis patronal que ne semblent pas Sur le plan national, en plus des partager les pouvoirs publics, notam- chantiers d’infrastructures lancés en ment le directeur général des Impôts, 2012, le Trésor public camerounais qui soutenait encore, il y a quelques est mis sous pression par les dé- mois, lors d’une conférence annuelle penses imposées par la lutte contre des responsables du ministère des Boko Haram, dans l’Extrême-Nord, Finances, que la pression fiscale et la sécurisation de la frontière avec au Cameroun est plus faible que la la Centrafrique, à l’Est du pays. Tout moyenne africaine. Aussi, depuis Modeste Mopa Fatoing : « En 2018, la DGI devra mobiliser 1845 milliards FCFA, au titre des recettes ceci dans un contexte marqué par 2 ans, face aux tensions de trésorerie fiscales non pétrolières, et 91,5 milliards FCFA pour l’entrée en vigueur des Accords de que vit l’Etat, des taxes supprimées le compte de l’impôt sur les sociétés pétrolières. » N° 70 / Février 2018
FOCUS 15 Dans cette même mouvance, certaines taxes ont été revalorisées (droit du timbre d’aéroport, taxe à l’exportation du bois en grumes), tandis que d’autres ont été simple- ment réformées (droit de timbre automobile, taxe d’aéroport, taxe foncière, etc.). Deux administrations sont au cœur des mutations susmen- tionnées : la douane et les impôts. Mais, plus que sa consœur, le fisc est devenu, ces dernières années au Cameroun, le premier laboratoire des réformes, confortant en même temps son statut de principal pourvoyeur des recettes publiques. Evocation du bilan des réformes effectuées, jusqu’ici, et des défis qui attendent l’administration fiscale camerou- naise, avec le directeur général « Un total de 1936 milliards FCFA. Ce montant représente 61% des recettes propres de l’Etat, qui se des Impôts (DGI) du ministère des chiffrent pour 2018 à 3175 milliards FCFA », rappelle Modeste Mopa Fatoing. Finances. Comme c’est le cas depuis plusieurs années déjà, les objectifs de collecte de consolider les acquis, notamment « Améliorer la qualité du service édictés à la Direction générale des les réformes qui nous ont permis de rendu à l’usager ? » Voilà le mot impôts (DGI) sont en hausse pour réaliser les résultats positifs de ces lâché. Mais, comment y parve- l’année 2018. Mais, la réalisation de dernières années. A titre d’illustra- nir, lorsque le droit du timbre ces objectifs ne semble pas être hors tion, pour l’exercice 2017 qui vient d’a éroport pour les voyages de portée de l’administration fiscale, de s’achever, dans un environne- internationaux (dont la collecte en dépit d’un contexte économique ment particulièrement difficile, la a été transférée aux compagnies plutôt morose. « En 2018, la DGI DGI a collecté des recettes fiscales aériennes depuis 2015) est revu à la devra mobiliser 1845 milliards FCFA, non pétrolières de 1734 milliards hausse (de 20 à 25 000 FCFA), alors au titre des recettes fiscales non pétro- FCFA, contre un objectif de 1719 que des passagers ont acheté des lières, et 91,5 milliards FCFA pour milliards FCFA. L’administration billets d’avion, bien avant l’entrée le compte de l’impôt sur les sociétés fiscale de notre pays a ainsi réussi en vigueur de la revalorisation de pétrolières. Soit un total de 1936 mil- à dépasser les objectifs de collecte cette taxe, et peuvent voyager après ladite revalorisation ? « Comme cela a été le cas par le passé, pour « Améliorer la qualité du service rendu des changements de cette nature, les autorités ont mis en place des à l’usager ? » Voilà le mot lâché. mesures transitoires pour ne pas pénaliser ceux des voyageurs qui liards FCFA. Ce montant représente de recettes qui lui étaient assignés. avaient déjà acquis leur titre de 61% des recettes propres de l’Etat, qui C’est la traduction de la solidité de transport avant le 1er janvier 2018. se chiffrent pour 2018 à 3175 milliards notre système fiscal. Pour l’avenir, Leurs billets sont utilisables sans FCFA », rappelle Modeste Mopa il nous faudra, outre les acquis, coûts additionnels jusqu’à la fin du Fatoing. continuer à explorer les nouvelles 1er trimestre 2018. C’est-à-dire que, pistes d’élargissement de l’assiette jusqu’au 31 mars 2018, est ouverte Et le patron du fisc camerounais de fiscale, améliorer le contrôle fiscal une période transitoire au cours de poursuivre : « Ce que nous comp- pour mieux lutter contre la fraude et laquelle aucun paiement supplémen- tons faire, toute l’équipe de la DGI renforcer notre capacité à recouvrer taire ne sera réclamé à un voyageur et moi-même, avec l’appui de notre les arriérés fiscaux. Mais, par-dessus qui se trouverait dans ce cas de hiérarchie, le ministre des Finances, tout, il faudra améliorer la qualité figure », explique Modeste Mopa Alamine Ousmane Mey, c’est d’abord du service rendu à l’usager ». Fatoing, dont les services affirment N° 70 / Février 2018
16 FOCUS que les recettes relatives à cette 2017, des économies considérables taxe ont pris la courbe ascendante, sur les dépenses de commande et de à la faveur de cette réforme. gestion des figurines, encore appelées vignettes, qui faisaient par ailleurs Mais, la réforme dont on parle le plus l’objet de contrefaçon. Au-delà de cette au sein de l’administration fiscale économie, les performances de cette camerounaise, ces dernières années, taxe, collectée à hauteur de 8,2 mil- est celle sur la taxe foncière, non seu- liards FCFA, en seulement onze mois, lement à cause de sa nouveauté, mais au titre de l’exercice 2017, ont large- probablement du fait du potentiel ment dépassé les montants collectés que recèle cet impôt. Pour gonfler le sur des exercices pleins de douze mois, fichier des contribuables assujettis à avant la réforme. Si on ajoute qu’en cette taxe, le fisc a d’abord décidé de plus la réforme a induit une exonéra- faire du porte-à-porte, au moyen des tion complète des véhicules adminis- déclarations pré-remplies distri- tratifs et donc un manque à gagner buées aux contribuables à domicile ; important, on saisit la portée positive ensuite, une amnistie sur les arriérés de cette réforme pour laquelle les pro- de paiement a été accordée à tous jections pour 2018, année de sa pleine les contribuables qui décidaient de application, sont de 9,5 milliards s’enregistrer pour la première fois sur FCFA. […] C’est l’occasion pour moi, le fichier au titre de cette taxe ; enfin, ici, au nom des autorités, de remercier la taxe foncière a été la première à les compagnies d’assurances qui, dans bénéficier du paiement via le mobile le cadre d’un partenariat constructif, au Cameroun, pour faciliter le plus comme nous souhaitons en bâtir avec possible la tâche aux contribuables. le secteur privé, ont collaboré de façon satisfaisante à la réussite de cette Aujourd’hui, en dépit du rejet par le réforme », confie-t-il. gouvernement, de la proposition faite par l’administration fiscale de cou- Au demeurant, à la DGI, les réformes pler le paiement de cette taxe à celui ne concourent pas seulement à de la facture mensuelle d’électricité, renflouer les caisses. Elles visent éga- se réjouit le DGI, « toutes ces réformes lement à les sécuriser, grâce notam- Modeste Mopa Fatoing : «Toutes ces réformes ont conduit à une amélioration record, ment à la dématérialisation des ont conduit à une amélioration record, à la fois du à la fois du nombre de redevables et procédures, qui a le bonheur, selon nombre de redevables et des montants collectés en matière de taxe foncière. » des montants collectés en matière de Modeste Mopa Fatoing, de « limiter taxe foncière. La réflexion se poursuit les mauvaises pratiques » tant repro- pour continuer à améliorer l’efficacité chées aux agents du fisc par les orga- de cette taxe ainsi que les modalités nismes de lutte contre la corruption. tion de nos autorités à cet égard, sont de son recouvrement. Car, dans les Cependant, les mauvaises pratiques manifestes. Je voudrais rappeler, à ce années à venir, elle sera en matière de ne sont pas l’apanage de ces agents, titre, la tenue récente, à Yaoundé, au ressources, le pivot de la décentralisa- puisque les entreprises elles-mêmes mois de novembre 2017, sous le très tion. Je rappelle, en effet, que le produit y excellent, à travers diverses fraudes. haut patronage du président de la de cette taxe est entièrement dédié aux République, de la 10ème édition de la Collectivités territoriales décentrali- Sur ce plan également, la DGI est Conférence du Forum mondial sur la sées (CTD) ». plutôt montée bien haut au filet, ces transparence et l’échange de rensei- dernières années. « Au plan interne, gnements à des fins fiscales, qui, dois- SÉCURISATION DES RECETTES la coopération accrue que l’admi- je le souligner, est le plus grand regrou- Au même titre que la taxe foncière ou nistration fiscale développe, depuis pement en matière fiscale au monde, encore le droit de timbre d’aéroport, quelque temps, avec sa consœur des pour traiter de ces questions. Cette la réforme sur la vignette automo- douanes, entre autres, permet d’entre- conférence, organisée en coopération bile, avec notamment le transfert de voir des pistes intéressantes de lutte avec l’OCDE, a donné lieu à “l’Appel de sa collecte aux compagnies d’assu- contre la fraude et de sa réduction Yaoundé”, qui fera certainement date rances, a été salutaire pour le Trésor drastique, à moyen terme. De même, dans le mouvement mondial de lutte public camerounais. A double titre au plan international, l’intense activité contre la fraude et l’évasion fiscales d’ailleurs, selon le directeur général de notre administration dans le cadre internationales », croit savoir le des Impôts. « Cette réforme a permis des regroupements dédiés à la lutte patron du fisc camerounais. aux autorités de faire, à partir de contre ce phénomène et la détermina- Brice R. Mbodiam N° 70 / Février 2018
17 GESTION PUBLIQUE Un audit en cours pour déterminer le volume des créances des PME sur l’Etat Exposant devant ses collègues du gouvernement, réunis en conseil de cabinet, le 25 janvier 2018, dans les services du Premier ministre, à Yaoundé, la capitale camerounaise, le ministre des Finances, Alamine Ousmane Mey, a révélé qu’un audit est en cours pour déterminer le volume et la nature des créances des PME sur l’Etat. A la fin de cet audit, le gouvernement devrait mettre en place une straté- gie d’apurement de cette dette qui a fait l’objet d’une attention parti- culière du chef de l’Etat, dans son discours à la nation camerounaise, le 31 décembre 2017. « La conjoncture internationale défavorable, en raison notamment de la baisse persistante des cours des matières premières, a négativement impacté la croissance économique et le progrès social [au Cameroun]. Il Et le chef de l’Etat camerounais de particulière sera accordée à la situa- en est, en outre, résulté des difficultés promettre : « Nous allons, à cet égard, tion des PME, notamment pour ce qui de trésorerie, dont les fournisseurs de poursuivre nos efforts en faveur de est du règlement prioritaire de la dette l’Etat, et particulièrement les Petites et l’optimisation de la collecte des reve- qui leur est due, comme de l’améliora- moyennes entreprises, ont fortement nus de l’Etat et de la rationalisation tion de leur accès au crédit bancaire ». pâti », a reconnu le président Biya. de la dépense publique. Une attention En 2017, 19 entreprises installées au Cameroun ont été agréées au régime tarifaire préférentiel de la Cemac Au cours de l’année 2017, 19 entre- nul dans le marché de cet espace com- préférentiel de la Cemac est assujetti prises installées sur le territoire ca- munautaire », a révélé le secrétaire au respect de certains quotas dans la merounais ont été déclarées éligibles général du Ministère du commerce, production industrielle. Par exemple, au régime tarifaire préférentiel de la Achille Bassilekin (photo), lors de la ne peuvent être éligibles que des Cemac. Cette éligibilité, apprend-on, cérémonie de présentation des vœux produits fabriqués à base d’au moins porte sur 174 produits au total. du Nouvel An, le 25 janvier 2018, à 40% de matières premières locales. « Ces différents produits jouissent, de Yaoundé. ce fait, d’un accès à droit de douane Pour rappel, le régime tarifaire N° 70 / Février 2018
18 GESTION PUBLIQUE En 2018, le fisc camerounais entend collecter 91,5 milliards FCFA, au titre de l’impôt sur les sociétés pétrolières Selon le directeur général des Impôts, Modeste Mopa Fatoing, au cours de cette année 2018, les entreprises exploitant les ressources pétro- gazières au Cameroun, devront verser à l’admi- nistration fiscale, une enveloppe totale de 91,5 milliards de francs CFA, au titre de l’impôt sur les sociétés pétrolières. A cette enveloppe, il faut ajouter les 362 milliards de francs CFA prévus au titre des recettes pétro- lières qui sont directement mises à la disposition du Trésor public par la Société nationale des hydrocarbures (SNH), le bras séculier de l’Etat dans l’exploration et l’exploitation pétrolières. Il s’agit, concrètement, du fruit de la vente du pétrole brut par cette entreprise publique, à la faveur des contrats de partage de production signés avec les majors de l’exploitation pétro- lière, en activité sur le territoire camerounais. Le Cameroun ouvre un compte séquestre à la BEAC, pour garantir le remboursement des crédits TVA aux entreprises Le ministre camerounais des A titre d’exemple, révèle le ministre des crédits. Les fonds y afférents Finances, Alamine Ousmane Mey, des Finances, à la faveur de l’appro- doivent leur être remboursés dans un a annoncé le 25 janvier 2018, au visionnement régulier du compte délai règlementaire de deux mois, qui cours d’un Conseil de cabinet, que le séquestre susmentionné, couplé à est rarement respecté par l’Etat. gouvernement a finalement consenti la réforme sur le dépôt et le suivi en En effet, excipant généralement à ouvrir un compte séquestre dans ligne des demandes de rembour- des difficultés financières, le Trésor les livres de la Banque des Etats de sement des crédits TVA, le Trésor public a pris l’habitude de retenir l’Afrique centrale (BEAC), afin de ga- public camerounais a pu rembourser par-devers lui ces fonds, souvent rantir le remboursement des crédits aux entreprises pour 82 milliards de pendant des années, plombant TVA aux entreprises exportatrices. francs CFA de crédits TVA, en 2017, ainsi la trésorerie des entreprises, L’approvisionnement automatique contre seulement 56 milliards de lesquelles sont pourtant en quête mensuel (promesse faite par le francs CFA, en 2016. perpétuelle de financements pour ministre) de ce compte tant réclamé Pour rappel, selon la réglementation développer leurs activités. par le Groupement inter-patronal du fiscale en vigueur au Cameroun, L’ouverture par l’Etat d’un compte Cameroun (Gicam), la plus impor- les entreprises exportatrices, que séquestre devrait permettre de ren- tante organisation patronale du l’application du taux zéro en matière verser cette tendance préjudiciable, pays, permettra d’ôter du pied des de TVA met en situation de crédits aussi bien aux entreprises qu’au déve- entreprises le boulet du non-rem- structurels, doivent introduire une loppement de l’activité économique boursement des crédits TVA, qu’elles demande de remboursement de cette dans le pays. traînent depuis plusieurs années. taxe, au bout de trois mois de cumul N° 70 / Février 2018
GESTION PUBLIQUE 19 La Commission de la Cemac encourage les opérateurs économiques marocains à investir en Afrique centrale à Daniel Ona Ondo qu’ils l’ont invité au Maroc, dans le prolongement du Fès-Meknès Economic Forum, dont il fut un des hôtes de marque, en mai 2017. « Les investisseurs marocains ont réaffirmé leur volonté de prospecter les opportunités d’affaires dans la sous- région d’Afrique centrale. A cet effet, ils ont prévu une série de visites et de rencontres officielles dont l’objectif est clairement affirmé », peut-on lire dans un communiqué de la Commission de la Cemac. En réponse, Daniel Ona Ondo a évoqué des axes de coopération économique dans les secteurs de l’agriculture, du tourisme et du commerce, entre autres, qui per- mettraient de densifier les échanges entre le royaume chérifien et la Cemac. « Les six Etats de la commu- nauté [Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Centrafrique, Tchad] étant engagés dans un vaste Arrivé le 27 janvier 2018 au Maroc, échangé avec une délégation de la processus de diversification écono- le président de la Commission de la Chambre de commerce de Fès. mique, le Maroc est, et représente un Communauté économique et moné- Mohamed el Harti, le député de Fès, partenaire de choix dans la mise en taire de l’Afrique centrale (Cemac), et le président délégué du Conseil ré- œuvre de cette politique », a conclu le le Gabonais Daniel Ona Ondo, a gional, Ahmed Sentissi, ont expliqué président de la Commission. Des douaniers camerounais découvrent 75 kg d’amphétamine dans un conteneur en provenance de Chine Les agents du secteur des douanes Les documents administratifs d’être en réalité un dealer, a été du Littoral 2, dans la capitale éco- accompagnant le conteneur dans interpellé par la police et sera bientôt nomique camerounaise, viennent lequel la drogue était dissimulée, mis à la disposition de la justice, de mettre la main sur une cargaison indiquaient plutôt que celui-ci conte- selon les responsables de la douane de 75 kg d’amphétamine (drogue), nait principalement des préservatifs camerounaise. dissimulée dans un conteneur en et bien d’autres marchandises. provenance de Chine, a révélé le Le propriétaire du conteneur, de quotidien gouvernemental. nationalité chinoise, soupçonné N° 70 / Février 2018
20 GESTION PUBLIQUE La réforme sur la vignette automobile a permis au fisc camerounais de collecter 8,5 milliards FCFA en 2017 Le transfert de la collecte du droit de de francs CFA, au cours des onze l’année 2016. timbre automobile aux compagnies premiers mois de l’année 2017. Le DGI fait remarquer qu’à la pro- d’assurances, décidé par le gouver- Cette enveloppe révélée par le gression sensible de l’enveloppe ainsi nement camerounais, dans le cadre directeur général des Impôts (DGI), collectée, il faut ajouter les écono- d’une réforme entrée en vigueur le Modeste Mopa Fatoing, est de mies réalisées grâce à la « suppres- 1er janvier 2017, a permis à l’admi- 1,5 milliard de francs CFA, supérieure sion de la production de la vignette qui nistration fiscale de collecter une aux 7 milliards collectés pour le servait de support de paiement par le enveloppe globale de 8,5 milliards compte de la même taxe, au cours de passé ». L’Etat du Cameroun traîne une dette de près de 2000 milliards FCFA vis-à-vis des entreprises publiques C’est le Fonds monétaire inter- national (FMI) qui le révèle dans son dernier rapport produit sur le Cameroun, le 16 janvier. « Le niveau de la dette de l’Etat vis-à-vis des entreprises publiques a sensible- ment augmenté en 2016 et atteint 17% (2262,7 milliards FCFA) du PIB [24,2 milliards de dollars, soit envi- ron 13 310 milliards FCFA]. » Selon le FMI, cette augmentation s’explique par une hausse de 290% de la dette de la Société nationale de raffinage (Sonara). Toujours d’après le FMI, le niveau de la dette à « court terme » des entreprises publiques, qui est égal à 6% du PIB, pose le plus gros risque pour le budget. De cette dette à court terme, 73% (1651 mil- liards FCFA) sont dus par seulement quatre entreprises publiques. Dans la catégorie des dettes à « court terme », les quatre entreprises publiques les plus endettées sont Ces dettes, selon le FMI, représentent de 1860 milliards FCFA. la Sonara, la Camtel, le Chantier d’importants passifs conditionnels Pour comprendre comment on en est naval et industriel du Cameroun et pour l’Etat, car trois des quatre entre- arrivé à cette dette colossale, il faut le Port autonome de Douala. Dans prises en question ont des marges noter que cette somme représente la catégorie de la dette à « moyen et d’exploitation négatives. La dette l’argent que la Sonara a dépensé long terme », les quatre entreprises envers la Sonara est la plus énorme, pendant plus de 5 ans pour gérer les d’Etat les plus endettées sont Sonara, car en 2015 déjà, l’Etat du Cameroun pénuries des produits pétroliers à la Camtel, Camwater et Electricity était débiteur auprès de la Société pompe, durant les périodes de crise. Development Corporation (EDC). nationale de raffinage de la somme N° 70 / Février 2018
Vous pouvez aussi lire