Cancer : relever les défis au travail - Un guide pour les employés et les employeurs - Boutique de la ...
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Cancer : relever les défis au travail Un guide pour les employés et les employeurs Un guide de la Ligue contre le cancer pour les personnes touchées, leurs proches, les employés et les employeurs
Les ligues contre le cancer en Suisse : proximité, soutien individuel, confidentialité et professionnalisme Vous et vos proches pouvez vous appuyer sur les activités de conseil et soutien proposées gratuitement près de chez vous. Près de 100 profession- nels, répartis sur plus de 60 sites en Suisse, offrent un suivi individuel et confidentiel pendant et après la maladie. En parallèle, les ligues cantonales développent des actions de prévention auprès de la population. Objectif : diminuer les facteurs de risque qui pré- disposent au développement de la maladie. Impressum Nous remercions la Ligue vaudoise contre le Caroline Gisin, responsable du service Conseil et c ancer, éditrice de la version originale, de nous soutien de la Ligue vaudoise contre le cancer avoir autorisés à reprendre le manuscrit pour Filip Grund, chef du service du personnel de l’État l’adapter à l’échelon suisse. de Vaud Pierre Hoesli, oncologue aux Établissements Éditrice hospitaliers du Nord vaudois et membre du comité Ligue suisse contre le cancer de la Ligue vaudoise contre le cancer Effingerstrasse 40, case postale, Isabelle Erard Honorez, sous-directrice et cheffe 3001 Berne, tél. 031 389 91 00, du département Réinsertion et rentes de l’Office info@liguecancer.ch, www.liguecancer.ch de l’assurance-invalidité pour le canton de Vaud Direction du projet Marc Hubacher, responsable des ressources Cristina Blanco, spécialiste Cancer et travail, humaines du Centre patronal Ligue suisse contre le cancer Valérie Jaggi Wepf, municipale à la Ville Nicole Bulliard, spécialiste Publications, d’Yverdon-les-Bains Ligue suisse contre le cancer Catherine Lazor-Blanchet, spécialiste en médecine Collaborateurs de la Ligue contre le cancer du travail, médecin-cheffe de l’unité Médecine du Chantal Diserens, directrice de la Ligue v audoise personnel et d’entreprise du CHUV contre le cancer Eric Monnard, adjoint au directeur des ressources Erika Gardi, responsable Accompagnement, humaines du CHUV Ligue suisse contre le cancer Révision de l’édition originale Erika Karlen-Oszlai, spécialiste Cancer et travail, Cristina Blanco, spécialiste Cancer et travail, Ligue suisse contre le cancer Ligue suisse contre le cancer Patricia Mueller, spécialiste Conseil juridique, Marianne Blondel Ligue suisse contre le cancer Eusebio Bochons Relecture Anita Droz, ancienne directrice, Ligue vaudoise Evelyne Carrel, Arzier contre le cancer Romina Garruso Rédaction de l’édition originale Yves Hochuli, juriste, adjoint de direction, Christine Bitz, swisstain Ligue vaudoise contre le cancer Béatrice Tille, Ligue vaudoise contre le cancer Thierry Lepinette Relecture de l’édition originale Cristina Martínez, spécialiste Traduction Christine Theumann-Monnier, conseillère en et r évision, Ligue suisse contre le cancer relations publiques, rédactrice et traductrice Patricia Mueller, spécialiste Conseil juridique, indépendante Ligue suisse contre le cancer Françoise Pellet Conseils scientifiques pour l’édition originale Nathalie Restani, assistante sociale, service Brigitta Danuser, Prof. Dr med., spécialiste FMH Conseil et soutien, Ligue vaudoise contre le cancer en médecine du travail, directrice du pôle Santé à l’Institut universitaire romand de santé au travail Photos Chantal Diserens, directrice de la Ligue vaudoise Couverture : Shutterstock contre le cancer pp. 4, 8, 10, 16, 32, 38 : Shutterstock Françoise Favre, cheffe de l’Instance juridique pp. 22, 28 : iStock chômage et cheffe adjointe du service de l’emploi Conception graphique de l’État de Vaud Ligue suisse contre le cancer, Berne Léa Fazenda, responsable de l’unité Prévention et appui social du service de prévoyance et d’aide Impression sociales de l’État de Vaud Jordi AG, Belp Cette brochure est aussi disponible en allemand et en italien. © 2019, Ligue suisse contre le cancer, Berne LSC | 9.2019 | 2000 F | 021830012111
Sommaire Avant-propos5 L’essentiel en bref 6 Les conséquences physiques, psychiques et sociales du cancer 6 Absence de longue durée : un défi de taille 9 Annonce de la maladie et communication 11 Que dire du diagnostic ? 11 Créer un climat de confiance réciproque 11 Maintien de l’activité professionnelle ou arrêt de travail 15 Poursuite de l’activité pendant les traitements 15 Arrêt de travail : certificat médical, salaire et licenciement 15 Les indépendants, un groupe particulièrement vulnérable 20 Assurance-invalidité et détection précoce 21 Fiches pratiques à détacher 23 Reprise du travail 27 Préparer le retour 27 Reprise thérapeutique 27 Adaptation du poste et de l’activité 29 Fin des rapports de travail 31 Bénéficier d’une rente de l’assurance-invalidité 31 Licenciement pendant la maladie 33 Recherche d’un nouvel emploi 33 Démission et retraite anticipée 34 Huit messages-clés en guise de conclusion 35 Ressources à disposition 37 Sources39 Conseils et informations 41 Cancer : relever les défis au travail 3
Chère lectrice, cher lecteur, Pour faciliter la De plus en plus de personnes sur- assurances sociales, les régle- lecture, nous vivent au cancer. Cette évolution, mentations en matière de droit n’utilisons par la suite que la dont on ne peut que se réjouir, va du travail et les ressources dispo- forme mascu- à l’encontre des représentations à nibles en Suisse. line. Nous re- l’œuvre dans notre société, dans mercions nos lectrices de laquelle le terme de cancer reste Le dialogue est primordial pour leur compré- encore trop souvent indissociable une reprise réussie, qui est dans hension. de celui de mort. Elle s’explique l’intérêt de tous. Pour les em- par les formidables avancées de ployés, renouer avec le travail est la médecine ces trente dernières souvent synonyme d’un retour à années. Mais elle entraîne dans la normale, avec la restauration son sillage un défi de taille pour d’un rôle, de liens sociaux, d’une la collectivité, celui du retour à la routine et d’un revenu. Pour les vie active d‘un nombre croissant employeurs, poursuivre la colla- d‘anciens malades. boration après un diagnostic de cancer permet de conserver un L’enjeu est double : l’employeur savoir-faire au sein de l’entreprise. doit pallier l’absence de son col- C’est aussi donner un message laborateur qui, de son côté, peut positif de soutien, de responsabi- craindre de perdre pied sur le mar- lité et d’engagement à l’ensemble ché de l’emploi – un défi auquel du personnel et à la personne at- ces deux partenaires ne sont pas teinte dans sa santé. toujours préparés. Cette brochure ne peut répondre à Cette brochure vise à donner des toutes les questions : chaque situa- clés pour favoriser le maintien tion reste singulière. N’hésitez pas de l’activité professionnelle et à nous solliciter si vous avez besoin le retour au travail. Employeurs de renseignements complémen- et employés y trouveront des taires ( voir pp. 46 et 47 ). Nous vous informations sur la maladie, ses souhaitons une agréable lecture. répercussions sur la sphère pro- fessionnelle, les prestations des Votre Ligue contre le cancer Cancer : relever les défis au travail 5
L’essentiel en bref Les conséquences la radiothérapie, la chimiothérapie, physiques, psychiques et l’immunothérapie, l’hormonothéra pie et les thérapies moléculaires sociales du cancer ciblées. Elles sont en constante évo- Les progrès réalisés dans la lutte lution, grâce aux progrès de la re- contre le cancer se reflètent dans les cherche. Les patients ne répondent statistiques. Aujourd’hui en Suisse, cependant pas tous de la même ma- près de 70 % des patients sont en- nière à la thérapie qui leur est propo- core en vie cinq ans après le diagnos- sée. Certains traitements sont lourds tic (toutes localisations cancéreuses à supporter et accompagnés de nom- confondues), ce qui correspond à breux effets secondaires. une diminution de la mortalité d’en- viron un tiers depuis les années 1980. Les personnes en rémission peuvent présenter des séquelles physiques En rémission, reprendre le cours de qui se manifestent même après la fin sa vie à l’identique ne constitue tou- des traitements. Les suites de cer- tefois pas la norme. Plusieurs années taines opérations mammaires, par après la maladie, une grande partie exemple, peuvent fragiliser l’usage des personnes soignées pour un can- d’un bras, et une opération du sys- cer font encore état de séquelles ou tème digestif peut altérer le transit se plaignent des répercussions des intestinal. Certaines chimiothérapies traitements. Les problèmes de santé modifient durablement la sensibi- sont, dans les grandes lignes, aussi lité ou peuvent occasionner une hy- fréquents que les difficultés non persensibilité au froid. médicales, qui peuvent être d’ordre psychologique, social ou financier. La majorité des effets secondaires Ces complications ont un impact disparaissent rapidement après l’ar- sur la qualité de vie et, dans certains rêt des traitements et sont nettement cas, sur la capacité à reprendre le mieux contrôlés aujourd’hui. Il n’en travail dans la même configuration reste pas moins que certaines sé- qu’avant la maladie. quelles peuvent limiter la reprise de l’activité professionnelle, imposer Un corps guéri, mais pas toujours une adaptation du poste de travail indemne ou parfois même une reconversion. Le traitement du cancer se fait « au cas par cas ». Différentes formes de De nombreux patients rapportent thérapie peuvent être combinées ou également une fatigue persistante non. Les principales sont la chirurgie, en cours de traitement, mais aussi 6 Cancer : relever les défis au travail
au terme de celui-ci. Cette fatigue, de l’expérience que la personne a contre laquelle le repos n’est que faite de sa propre fragilité. partiellement efficace, peut elle aussi avoir des répercussions sur l’organi- Déstabilisants, tous ces éléments sation de la vie quotidienne des pa- mènent le plus souvent les person tients et leur retour au travail. nes en rémission à réévaluer leurs valeurs et leurs priorités, qu’elles Une profonde remise en question soient d’ordre privé ou profession- Ces manifestations physiques se nel. Le rapport au travail n’est, dans doublent de difficultés psycholo- bien des cas, plus le même après la giques. La maladie suscite une large maladie. palette de sentiments, du stress à la peur en passant par l’impuissance. Répercussion sociales Parfois, la dépression s’immisce Gérer les conséquences physiques dans la vie des personnes chez qui et psychiques du cancer nécessite un cancer a été diagnostiqué. une grande capacité d’adaptation. Il en va de même pour faire face aux Ces émotions, qui évoluent au gré répercussions sociales de la mala- de l’état de santé, sont tout à fait die. Le quotidien prend un autre normales. La maladie constitue une visage pendant le traitement. Des rupture biographique marquante. aménagements sont requis dans Elle provoque une profonde remise l’organisation familiale (garde des en question, pousse à s’interroger enfants, transports vers les lieux sur les perspectives d’avenir et sou- de soins, etc.). Un nouvel équilibre lève des questions existentielles. Les doit être trouvé avec les proches et patients doivent trouver d’autres re- l’entourage, déstabilisés eux aussi pères, un nouvel équilibre et, dans le par l’irruption de la maladie dans cas de chirurgies mutilantes, faire le leur vie. deuil d’une partie d’eux-mêmes. Le cancer, c’est aussi parfois des Une fois les traitements terminés, il errances administratives lorsqu’il arrive donc fréquemment que des s’agit d’entreprendre des démarches patients se sentent totalement diffé- auprès des assurances sociales. La rents, physiquement et psychique- maladie peut également mener à la ment. À ce changement vient sou- précarisation à la suite de la perte de vent s’ajouter la peur de la récidive, la capacité de travail, momentané- qui découle de la confrontation à une ment ou à plus long terme. maladie potentiellement mortelle et Cancer : relever les défis au travail 7
Absence de longue durée : Des situations variables un défi de taille Le cancer ne constitue jamais une trajectoire linéaire. Les situations Le cancer constitue, avec les mala- varient d’un cas à l’autre. La re- dies cardio-vasculaires, la troisième prise professionnelle dépend ainsi cause d’absence de longue durée au de nombreux facteurs, comme le travail, après les troubles musculo- type de cancer, le traitement, mais squelettiques et les problèmes psy- aussi le métier exercé. En principe, chiques. Le défi est de taille pour les il est plus facile de réaménager les entreprises, qui doivent gérer des ar- postes de travail dans un bureau rêts de travail aux conséquences or- que sur un chantier, par exemple. ganisationnelles évidentes et opérer La taille de l’organisation joue éga- des changements au cas par cas. lement un rôle important. Les pos- sibilités d’adaptation et de réinser- Éviter la double peine tion sont généralement plus faibles L’enjeu est également primordial dans les entreprises de moins de pour les employés fragilisés par le 250 employés, a fortiori dans celles sort. Chaque année en Suisse, plus de de moins de 50 salariés et dans les 15 000 personnes en âge de travailler micro-entreprises. D’autres facteurs, apprennent qu’elles sont malades. tels la culture d’entreprise, le climat Un peu plus de 60 % des personnes de travail, la communi cation ou le atteintes d’un cancer sont à nouveau management, sont aussi détermi- actives professionnellement un an nants. Les ressources personnelles et plus après le diagnostic. Pour les des collaborateurs touchés – ressour autres, la peine est double : en plus ces psychologiques, soutien de l’en- d’être frappées par la maladie, elles tourage, âge, formation, etc. – jouent se voient éloignées du marché du également un rôle prépondérant. travail. Pour limiter ces effets, il convient d’être au clair sur la protection offerte par les assurances sociales ainsi que sur les possibilités d’aménagement du poste de travail et de l’activité en vue d’une éventuelle reprise. Cancer : relever les défis au travail 9
10 Cancer : relever les défis au travail
Annonce de la maladie et communication Que dire du diagnostic ? et ce d’autant plus si les absences sont de longue durée ou répétées. La maladie relève de la sphère privée. Le travailleur n’a aucune obligation Lorsque le climat se prête au dia- de dire à son employeur qu’il a un logue, celui-ci ne peut être que po- cancer. Ce dernier peut uniquement sitif. S’il fait le choix de parler de sa exiger des informations concernant maladie au sein de l’entreprise, l’em- la durée prévue de l’arrêt de travail ployé devra définir précisément à et la cause de cet arrêt (accident, ma- qui il souhaite annoncer la nouvelle ladie ou grossesse). Dans le cas où et sous quelle forme il souhaite le l’arrêt de travail ne serait pas total, faire. Cette étape est importante : elle l’employeur peut également exiger influencera les relations de travail à de savoir si des limitations ou des venir. restrictions sont à prévoir au niveau des tâches assumées par l’employé. Créer un climat de La décision d’annoncer ou non le dia- confiance réciproque gnostic est difficile à prendre pour l’employé : il peut craindre un licen- La manière d’affronter la maladie et ciement ou des réactions négatives. de communiquer est propre à cha- Employeur, supérieurs, RH et collè- cun. La valeur accordée au travail est gues peuvent, de leur côté, se sentir également relative et individuelle. démunis face à cette nouvelle. Un Il est essentiel qu’employé et em- manque de transparence ou d’infor- ployeur explicitent leurs besoins et mation peut cependant, en fonction attentes respectifs. de la situation, avoir un impact né- gatif sur les relations entre les di- La garantie d’un échange constructif verses personnes impliquées (par ex. passe par l’organisation d’entretiens confiance, entraide, empathie, etc.), réguliers, à commencer par un pre- Le saviez-vous ? Certaines ligues cantonales et régionales contre le cancer interviennent dans les entreprises sur demande ou sur mandat de l’AI. Il existe égale ment une offre de coaching téléphonique pour toute question à ce sujet : 0848 114 118, www.liguecancer.ch. Cancer : relever les défis au travail 11
mier entretien entre le collaborateur, motivation et le bien-être des colla- le service des ressources humaines borateurs. L’organisation du travail, ou le supérieur, ainsi que le méde- la structuration des tâches, l’enca- cin du travail si l’entreprise en em- drement, l’ergonomie et l’aména- ploie ou mandate un. Un suivi et une gement du poste de travail sont bonne communication entre parte- autant d’éléments sur lesquels il est naires contribuent à créer un climat possible d’agir au cas par cas si né- de confiance qui facilitera les choses cessaire pour parvenir aux objectifs quand il s’agira de déterminer com- précités. Ces facteurs peuvent égale- ment s’organiser si la personne ment jouer un rôle crucial lorsqu’un touchée peut continuer à travailler collaborateur est atteint de cancer. pendant son traitement ou de pla- Que l’on travaille dans le domaine nifier un retour au travail si elle doit public ou privé, il est donc conseillé s’absenter. Ce constat est d’autant de se renseigner auprès de son em- plus vrai au sein des petites entre- ployeur pour savoir s’il propose un prises. De manière générale, la trans- dispositif de soutien interne et de parence incite également les collè- convenir conjointement de mesures gues susceptibles de voir leur charge à mettre en place en fonction des de travail augmenter à faire preuve besoins. d’une certaine compréhension. Fiche à détacher en milieu Les grandes entreprises disposent de brochure en principe d’un système de gestion de la santé en entreprise (GSE), dont l’objectif est de favoriser la santé, la Le saviez-vous ? Les collaborateurs des ligues cantonales et régionales contre le cancer apportent conseils et soutien aux personnes atteintes de cancer et à leurs proches. Ils les épaulent notamment sur les plans social, adminis- tratif et financier. La Ligue suisse contre le cancer complète ces disposi- tifs en assurant un soutien par téléphone et par voie électronique : www.liguecancer.ch. 12 Cancer : relever les défis au travail
En pratique Employé : solliciter un entretien et le préparer Avant l’entretien • Aborder avec l’oncologue ou le médecin traitant les questions qui ont un impact sur l’activité professionnelle (durée du traitement, pronostic, absence à envisager ou non, limitations à prévoir, etc.). • Exprimer son ressenti à des personnes de confiance. • Déterminer l’information qui sera donnée au sein de l’entreprise (qui, quoi, par qui, quand, comment, etc.). • Se préparer à une certaine réserve de la part de l’entourage profes- sionnel : l’annonce de la maladie peut déstabiliser. Pendant l’entretien • Exprimer ses incertitudes face à la situation. • Se renseigner sur les ressources mises à disposition par l’entreprise et les conditions-cadre (assurances sociales, durée du versement du salaire, etc.). • Expliciter ses besoins ou souhaits concernant la manière de garder contact et de communiquer durant la maladie (interlocuteur(s), fréquence et forme des contacts, etc.). Cancer : relever les défis au travail 13
Employeur, supérieurs, RH : organiser et mener l’entretien avec l’employé Avant l’entretien • Prévoir suffisamment de temps pour préparer, puis mener l’entretien. • Choisir un endroit calme pour l’entretien. • S’assurer de ne pas être dérangé pendant l’entretien. Pendant l’entretien • Écouter le collaborateur avant de proposer son aide. • Faire preuve d’empathie et d ’authenticité. • Accepter les silences et les émotions qui peuvent survenir. • Déterminer les besoins du collaborateur (communication, informa- tions sur les assurances sociales, etc.). • Présenter le soutien offert par l’entreprise, mais aussi les besoins de celle-ci pour gérer l’absence. • Ne rien promettre qui ne puisse être tenu. • Éviter les formules toutes faites (par ex. « ça va aller », « ça pourrait être pire » ou « ça va s’arranger »). • Prendre la mesure de ce que ressent l’employé et de ce que l’on ressent soi-même. • Éviter de comparer les situations et se concentrer sur la personne et ses besoins. • Oser poser des questions. • Reporter la discussion si nécessaire ou fixer un nouvel entretien. Informer l’équipe • S’entendre en amont avec le collaborateur sur l’information à donner (quoi, comment, quand, etc.). • Si le collaborateur l’autorise, communiquer ouvertement sur la maladie et ses conséquences sur le travail. • Écouter les inquiétudes, peurs et problèmes des autres collaborateurs. • Chercher des solutions ensemble (répartition du travail, remplace- ment(s), communication, etc.). • Valoriser les élans de solidarité. • Faire régulièrement le point et surveiller l’évolution du climat de travail. Fiche à détacher en milieu de brochure 14 Cancer : relever les défis au travail
Maintien de l’activité professionnelle ou arrêt de travail Poursuite de l’activité ment valables pour les personnes pendant les traitements qui maintiennent leur activité pro- fessionnelle durant la maladie. Il est Parfois, le travailleur arrive à pour- primordial qu’une bonne communi- suivre son activité professionnelle cation soit établie entre l’employeur parallèlement au traitement. De et l’employé, que l’ambiance de tra- mieux en mieux ciblées, certaines vail soit favorable, que les horaires thérapies le permettent, car elles restent flexibles et que le poste de présentent des effets secondaires travail et l’activité soient réadaptés moindres et mieux tolérés. si nécessaire. Bien entendu, tous ces aspects doivent faire l’objet ll faut tout de même garder à l’esprit de mûres réflexions, discussions que chaque personne réagit diffé- et « négociations » en fonction des remment aux traitements et qu’une possibilités et des besoins de cha- thérapie peut provoquer des effets cun (collaborateur, employeur, etc.), qui varient d’une cure à l’autre. C’est ainsi que des spécificités du poste et notamment le cas pour les patients de la fonction. qui suivent une chimiothérapie. Leur forme peut ainsi fluctuer rapide- ment, avec des hauts et des bas im- Arrêt de travail : certificat portants. médical, salaire et licencie- Vivre « comme avant » ment Ceux qui s’arrêtent le moins sont Dans la majeure partie des cas, un ar- les indépendants – pour des raisons rêt de travail s’impose. L’irruption de économiques évidentes –, les per- la maladie, couplée à la nécessité de sonnes qui ont des postes à respon- débuter rapidement les traitements, sabilité et celles à qui les traitements bouleverse les repères de l’employé le permettent. Si cela est possible, et de l’employeur. De nombreuses continuer à travailler pendant les questions se posent : quelle sera la traitements équivaut notamment à durée de l’arrêt de travail ? Le salaire maintenir une forme de normalité et continuera-t-il à être versé et, si oui, à garder le contrôle de sa vie. pendant combien de temps ? Com- ment organiser la suite ? Quel sera Une partie des conseils donnés dans l’impact de la maladie sur le quoti- cette brochure au chapitre « Reprise dien et le travail ? Un éventuel licen- du travail » (pp. 27–30) sont égale- ciement est-il à craindre ? Cancer : relever les défis au travail 15
Autant d’interrogations qui néces- Droit au salaire sitent que l’on soit au clair sur le fonc- Le maintien ou non du salaire sur tionnement des assurances sociales la durée en cas de maladie dé- et qui, une fois encore, présupposent pend des dispositions prises par qu’employeur et employé main- les employeurs. En Suisse, la loi ne tiennent le contact. Des échanges les oblige pas à s’assurer contre ce réguliers durant l’arrêt de travail per- risque, mais, de manière générale, mettent de rassurer l’employé sur sa la grande majorité des entreprises place dans l’entreprise. Du côté de contractent une assurance perte de l’employeur, ils permettent de com- gain maladie. muniquer de manière efficace à l’in- terne, de garantir un bon climat de Selon le type de contrat conclu, cette travail ainsi que de maximiser les assurance permet à l’employé at- chances de retour de l’employé et, teint dans sa santé de percevoir une ainsi, de garder un savoir-faire pré- indemnité journalière équivalant cieux au sein de l’entreprise. généralement à 80 % de son salaire durant 720 jours sur une période de Certificat médical 900 jours. Le versement intervient En règle générale, l’employé doit après un délai de carence prévu fournir un certificat médical dès le contractuellement. quatrième jour d’absence. Dans cer- tains cas, le certificat doit être délivré Si l’employeur n’a pas souscrit une dès le premier jour d’absence déjà. telle assurance et n’a pris aucune Il est donc essentiel de se référer au autre disposition particulière, la ju- contrat de travail et de respecter les risprudence impose le versement délais qui y figurent. En cas d’arrêt de du salaire complet pendant une du- longue durée, l’envoi de certificats rée qui varie en fonction du barème médicaux renouvelés est l’occasion appliqué. L’ancienneté de l’employé de prendre contact avec l’employeur. est aussi déterminante. Il existe trois Il est parfois possible de déterminer types de barèmes différents, à savoir approximativement la durée de l’ar- l’échelle bâloise, l’échelle bernoise rêt avec le médecin. Cela aidera l’em- et l’échelle zurichoise. Le versement ployeur à planifier au mieux le rem- du salaire se fait selon le tableau à la placement du collaborateur. page suivante. Cancer : relever les défis au travail 17
Echelles bâloise Echelle bernoise Echelle zurichoise BS, BL BE, AG, OW, SG, ZH, GR Suisse romande 1er année 3 semaines 3 semaines 3 semaines de service 2e année 2 mois 1 mois 8 semaines de service 3e année 2 mois 2 mois 9 semaines de service 4e année 3 mois 2 mois 10 semaines de service 5e année 3 mois 3 mois 11 semaines de service 6e année 3 mois 3 mois 12 semaines de service 7e année 3 mois 3 mois 13 semaines de service 8e année 3 mois 3 mois 14 semaines de service 9e année 3 mois 3 mois 15 semaines de service 10e année 3 mois 4 mois 16 semaines de service 11e année 4 mois 4 mois 17 semaines de service Source : Secrétariat d’État à l’économie (Seco), www.seco.admin.ch/seco/fr/home.html 18 Cancer : relever les défis au travail
Le barème le plus répandu est Ce n’est qu’au terme du délai de pro- l’échelle de Berne. Celle-ci prévoit tection que l’employeur peut licen- en principe le versement du salaire cier un collaborateur, en respectant pendant une durée croissante : trois le délai de congé. Ce dernier varie semaines dès la première année de lui aussi en fonction de l’ancienneté service au sein de l’entreprise ; un dans le poste. Il est en principe d’un mois durant la deuxième année de mois durant la première année de service ; deux mois durant la troi- travail, de deux mois de la deuxième sième et la quatrième année de ser- à la neuvième année et de trois mois vice ; trois mois de la cinquième à la dès la dixième année. À noter que neuvième année de service, et ainsi d’autres délais peuvent être appli- de suite. Il est donc important que qués selon des dispositions prévues l’employé s’informe sur la protec- par accord écrit, par contrat-type ou tion financière à laquelle il peut pré- par le biais d’une convention collec- tendre en cas d’arrêt maladie. Si les tive de travail à laquelle l’entreprise prestations de son employeur sont adhère. Il convient donc de bien se minimales, il peut conclure une as- renseigner individuellement sur ses surance perte de gain privée. droits en consultant son contrat de travail. Protection contre le licenciement et délai de congé Protection contre le licenciement et Un employé en arrêt maladie peut droit au salaire ne vont pas de pair être licencié, mais il bénéficie d’un Il est important de distinguer la pro- délai de protection qui varie selon tection contre le licenciement du la durée des relations de travail, à droit au salaire. Bien qu’un employé savoir, en principe : 30 jours dès la malade ne puisse pas être licencié première année de service, 90 jours pendant le délai de protection, cela de la deuxième à la cinquième année ne signifie pas pour autant qu’il per- de travail, 180 jours dès la sixième cevra un salaire sur toute cette durée. année. Tout renvoi signifié durant le En effet, si l’employeur ne dispose délai de protection est, en principe, pas d’une assurance perte de gain nul et non avenu. À noter que ces maladie, les barèmes minimaux, tels conditions diffèrent par exemple si que l’échelle de Berne évoquée pré- l’employé est en période d’essai, s’il cédemment (p. 18), s’appliqueront a un contrat à durée déterminée ou (par ex. un mois de salaire versé si s’il a commis une faute grave justi- la personne est en poste depuis plus fiant une résiliation immédiate. d’un an). Cancer : relever les défis au travail 19
Si l’employé continue à travailler d’assurance perte de gain maladie. pendant ses traitements, la maladie Ils doivent alors compter sur leurs ne lui garantit en principe aucune économies pour pallier la perte de protection particulière. Sauf excep- revenu liée à l’incapacité de travail. tion, il est alors susceptible d’être Ils sont aussi contraints de trouver licencié comme tout autre collabo- des solutions pour maintenir leur en- rateur. treprise à flot pendant leur absence. À noter que les règles et les droits Aide sociale en vigueur dans le secteur public Les indépendants n’ayant en prin- et privé peuvent être différents. Il cipe pas droit aux indemnités de est par conséquent recommandé chômage, leur seul recours consiste, de consulter les dispositions figu- en dernier ressort, à soumettre une rant dans le contrat de travail ainsi demande d’aide financière au ser- que dans le règlement du personnel vice d’aide sociale de leur commune (du canton, de la commune ou de la ou de leur canton de résidence. Une Confédération). telle aide financière, dont le mon- tant et les modalités peuvent diffé- rer d’un canton à l’autre ou d’une Les indépendants, un situation à l’autre, est une prestation groupe particulièrement sous condition de ressources. Cela signifie que, pour l’obtenir, il faut dé- vulnérable montrer n’avoir ni revenu (suffisant), Les indépendants sont lourdement ni fortune (au sens large du terme). pénalisés par la maladie. Qu’ils tra- Il faut encore noter que la mise en vaillent seuls ou qu’ils soient à la œuvre peut elle aussi diverger d’un tête d’une microentreprise ou d’une canton à l’autre, voire d’une com- PME, toute absence est susceptible mune à l’autre. d’avoir une incidence sur la bonne marche de leurs affaires. La conclusion d’une assurance perte de gain maladie auprès d’une assu- Autre difficulté : les travailleurs indé- rance privée – si cela est possible – pendants sont généralement moins constitue le meilleur rempart contre protégés que les salariés contre les la péjoration de la situation finan- risques liés à la maladie. Une par- cière du travailleur indépendant et tie d’entre eux ne contractent pas de sa famille. 20 Cancer : relever les défis au travail
Assurance-invalidité d’une activité professionnelle ne et détection précoce sera pas envisageable. En cas d’arrêt de travail prolongé, le L’entretien de détection précoce qui travailleur, l’employeur, l’assureur suit vise à faire le bilan de la situa- perte de gain maladie ou le médecin tion médicale et professionnelle du peuvent annoncer le cas à l’Office de travailleur et à évaluer l’opportu- l’assurance-invalidité dès 30 jours nité d’une demande de prestations. d’arrêt de travail, consécutifs ou iso- Lorsque le dépôt d’une demande est lés. Cette démarche est très fréquem- indiqué, la phase d’intervention pré- ment entreprise par l’assureur. Elle coce qui succède permet à l’office AI concerne la majorité des patients d’entrer en contact avec l’employeur. traités pour un cancer qui, souvent, la perçoivent ou l’interprètent néga- L’objectif est d’évaluer les possibili- tivement. tés d’adaptation du poste de travail, de reprise progressive ou de reclas- L’annonce ne suggère toutefois pas sement dans une autre activité au que l’octroi de prestations de l’assu- sein de l’entreprise. Si une solution rance-invalidité (AI) est imminent. interne n’est pas envisageable, l’of- Elle vise uniquement à détecter fice AI examine les possibilités de de manière précoce des situations soutien externes. Dans tous les cas, complexes, dont les spécialistes de le but est de permettre à la personne l’AI doivent être rapidement mis au de retrouver sa place dans le monde courant. Elle peut aussi permettre au du travail et un maximum d’autono- médecin de signaler à l’assurance- mie. Conformément au principe se- invalidité des situations médicale- lon lequel la réadaptation prime la ment très graves, dans lesquelles il rente, l’examen du droit à une rente apparaît rapidement que la reprise AI est subsidiaire et n’intervient qu’en dernier lieu. Le saviez-vous ? Une personne en activité présentant un problème de santé qui compro- met ou rend difficile l’exercice de son métier peut bénéficier du soutien de l’assurance-invalidité afin de faciliter son insertion sur le marché du travail. Consultez l’office AI de votre canton (voir p. 37). Cancer : relever les défis au travail 21
Fiche pratique à détacher Récapitulatif des actions à entreprendre Annonce de la maladie et communication Pour l’employé : solliciter un entretien et le préparer Avant l’entretien • Aborder avec l’oncologue ou le médecin traitant les questions qui ont un impact sur l’activité professionnelle (durée du traitement, pronostic, absence à envisager ou non, limitations à prévoir, etc.). • Exprimer son ressenti à des personnes de confiance. • Déterminer l’information qui sera donnée au sein de l’entreprise (qui, quoi, par qui, quand, comment, etc.). • Se préparer à une certaine réserve de la part de l’entourage professionnel : l’annonce de la maladie peut déstabiliser. Pendant l’entretien • Exprimer ses incertitudes face à la situation. • Se renseigner sur les ressources mises à disposition par l’entreprise et les conditions-cadre (assurances sociales, durée du versement du salaire, etc.). • Expliciter ses besoins ou souhaits concernant la manière de garder contact et de communiquer durant la maladie (interlocuteur(s), fréquence et forme des contacts, etc.). Cancer : relever lesCancer défis au et travail 23
Fiche pratique à détacher Récapitulatif des actions à entreprendre Reprise de travail Pour l’employé : identifier les besoins et les limitations Avant l’entretien • Se préparer intérieurement à la reprise. • Déterminer ses besoins en termes de communication, par ex. : quels collègues informer ou non, quelles informations donner précisément. • Identifier les limitations dues à la maladie et aux traitements. • Informer l’employeur de ses limitations physiques ou psychologiques. • Évaluer son énergie et sa productivité ; se laisser le temps. • Le cas échéant, élaborer un plan de reprise avec l’employeur. 24 Cancer :etrelever travailles défis au travail
Fiche pratique à détacher Récapitulatif des actions à entreprendre Annonce de la maladie et communication Pour l’employeur, les supérieurs, les RH : organiser et mener l’entretien avec l’employé Avant l’entretien • Prévoir suffisamment de temps pour préparer, puis mener l’entretien. • Choisir un endroit calme pour l’entretien. • S’assurer de ne pas être dérangé pendant l’entretien. Pendant l’entretien • Écouter le collaborateur avant de proposer son aide. • Faire preuve d’empathie et d ’authenticité. • Accepter les silences et les é motions qui peuvent survenir. • Déterminer les besoins du c ollaborateur (communication, informations sur les assurances sociales, etc.). • Présenter le soutien offert par l’entreprise, mais aussi les besoins de celle-ci pour gérer l’absence. • Ne rien promettre qui ne puisse être tenu. • Éviter les formules toutes faites (par ex. « ça va aller », « ça pourrait être pire » ou « ça va s’arranger »). • Prendre la mesure de ce que ressent l’employé et de ce que l’on ressent soi-même. • Éviter de comparer les situations et se concentrer sur la personne concernée et ses besoins. • Oser poser des questions. • Reporter la discussion si nécessaire ou fixer un nouvel entretien. Informer l’équipe • S’entendre en amont avec le collaborateur sur l’information à donner (quoi, comment, quand, etc.). • Si le collaborateur l’autorise, communiquer ouvertement sur la maladie et ses conséquences sur le travail. • Écouter les inquiétudes, peurs et problèmes des autres collaborateurs. • Chercher des solutions ensemble (répartition du travail, remplacement(s), communication, etc.). • Valoriser les élans de solidarité. • Faire régulièrement le point et surveiller l’évolution du climat de travail. Cancer : relever lesCancer défis au et travail 25
Fiche pratique à détacher Récapitulatif des actions à entreprendre Reprise de travail Pour l’employeur, les supérieurs, les RH : assimiler la situation et élaborer des mesures en faisant preuve de souplesse • S’informer sur les répercussions d’un cancer et les ressources à disposition. • Prendre le temps de « digérer » la nouvelle et ses implications, ainsi que ses propres émotions. • Faire preuve d’empathie, d’écoute et de patience. • Informer l’équipe de la reprise, préparer l’accueil du collaborateur et organiser régulièrement des entretiens et séances. • Si nécessaire, convenir d’une « reprise thérapeutique ». • Établir avec le collaborateur un plan de reprise prévoyant un taux d’activité graduel. • Autoriser des pauses et des absences (notamment pour les consultations médicales). • Aménager le poste en termes de charge et d’horaires de travail (flexibilité). • Adapter le cahier des charges pour supprimer les tâches particulièrement difficiles. • Fractionner le travail en petites tâches. • Ajuster le poste si nécessaire (ergonomie). • Organiser un accompagnement en entreprise interne ou externe (si cela est possible). • Penser à l’équipe, aux collègues de travail et prendre les mesures qui s’imposent. • Garder en tête que les proches aidants vivent également une situation difficile et ont eux aussi des besoins. 26 Cancer :etrelever travailles défis au travail
Reprise du travail Préparer le retour Le travailleur en rémission va de- voir refaire sa place au sein de l’en- Tout comme la maladie, la phase treprise, celle-ci ayant poursuivi sa de l’après-traitement peut être diffi- marche durant son absence, avec les cile à vivre. Le suivi médical intensif changements et les nouveautés que s’arrête. Les rendez-vous et contacts cela implique. L’employé peut avoir réguliers avec les professionnels de gardé des séquelles plus ou moins la santé laissent place à une forme importantes de sa maladie et des de vide, ce qui peut générer un sen- traitements dont il faudra également timent d’abandon, des angoisses, tenir compte dans le cadre profes- voire une dépression. En fonction de sionnel. la situation et des besoins, le colla- borateur peut envisager de suivre un programme de réadaptation oncolo- Reprise thérapeutique gique qui pourra avoir de nombreux effets bénéfiques tels que la remise Recommencer le travail au taux d’ac- à niveau sur le plan physique (condi- tivité initial après plusieurs mois tion physique, force, souplesse, etc.), de traitement est souvent irréaliste. la réduction des limitations fonction- C’est pourquoi le médecin traitant nelles, l’amélioration de la santé psy- peut prescrire une « reprise théra- chique, la diminution de l’anxiété, peutique », sans exigence de ren- l’augmentation des compétences en dement et couverte par l’assurance santé et de l’autonomie, etc. Ces ef- perte de gain maladie si l’employeur fets facilitent notamment la reprise en a contracté une. L’assureur doit professionnelle. évidemment avoir donné son ac- cord. Cette phase permet à l’employé La reprise du travail peut jouer un de renouer avec son environnement rôle majeur dans le rétablissement professionnel, et ce de façon pro- du collaborateur. Pour l’employeur, gressive, puisqu’il travaille en suref- le retour de l’employé est le signe fectif. L’employeur, quant à lui, a ainsi qu’il assume sa responsabilité so- la possibilité de parer à d’éventuels ciale et qu’il est capable de maintenir problèmes si l’employé n’arrive pas un savoir-faire au sein de l’entreprise à suivre le rythme. et de gérer des situations complexes. Si elle est positive pour toutes les Autre élément bénéfique : l’établis- parties, cette reprise ne s’improvise sement, avec le médecin et l’em- pas. Mieux elle est préparée, meil- ployeur, d’un plan de reprise pré- leures sont les chances de réussite. voyant un taux d’activité graduel, Cancer : relever les défis au travail 27
plan qui devra être réévalué de ma- L’accompagnement du travailleur par nière périodique, idéalement toutes un professionnel formé à la santé les deux semaines. au travail (infirmier, médecin du tra- vail, etc.) contribue à favoriser la re- prise. Ces spécialistes sont à même Adaptation du poste d’apporter appui et conseils tant au et de l’activité travailleur qu’à l’employeur, et de jouer le rôle de facilitateurs. À noter Les répercussions du cancer im- que l’AI peut aussi mandater des job- posent souvent une adaptation du coaches. poste et de l’activité, que cet ajuste- ment porte sur l’ergonomie (poste de Après la reprise travail), sur le cahier des charges ou Que la reprise de l’activité profes- sur les modalités de travail (flexibi- sionnelle soit « thérapeutique » ou lité au niveau du temps et du lieu de non, il est important qu’employeur travail). L’assurance-invalidité peut, et employé fassent régulièrement le selon les cas, financer cette adapta- point dans les semaines qui suivent tion. De même, l’AI est habilitée à oc- le retour au travail, au minimum une troyer une mesure de reclassement fois tous les quinze jours. Ce suivi dans une autre fonction au sein de permet, si nécessaire, de procéder l’entreprise ou, si cette solution n’est à des adaptations. Ces échanges pas envisageable, à examiner les peuvent ensuite être espacés (par ex. possibilités qui se présentent à l’ex- une fois par mois). terne. Elle peut également financer des mesures pour accompagner le retour progressif à l’emploi. Le saviez-vous ? Des médecins du travail assurent des consultations spécialisées à l’intention des employés. Renseignez-vous auprès des ressources hu- maines de votre entreprise, de votre médecin traitant ou des o rganismes spécifiques actifs dans votre canton. Une démarche coordonnée entre les diverses personnes ou instances concernées (personne touchée par la maladie, employeur, assurance d’indemnités journalières en cas de maladie, assurance-invalidité, ser- vice de gestion de cas, médecins, etc.) s’avère décisive pour déterminer efficacement les étapes du retour au travail et les mesures ad hoc. Cancer : relever les défis au travail 29
En pratique Employé : identifier les besoins et les limitations • Se préparer intérieurement à la reprise. • Déterminer ses besoins en termes de communication, par ex. : quels collègues informer ou non, quelles informations donner précisément. • Identifier les limitations dues à la maladie et aux traitements. • Informer l’employeur de ses limitations physiques ou psychologiques. • Évaluer son énergie et sa productivité ; se laisser le temps. • Le cas échéant, élaborer un plan de reprise avec l’employeur. Employeur, supérieurs, RH : assimiler la situation et élaborer des mesures en faisant preuve de souplesse • S’informer sur les répercussions d’un cancer et les ressources à disposition. • Prendre le temps de « digérer » la nouvelle et ses implications, ainsi que ses propres émotions. • Faire preuve d’empathie, d’écoute et de patience. • Informer l’équipe de la reprise, préparer l’accueil du collaborateur et organiser régulièrement des entretiens et séances. • Si nécessaire, convenir d’une « reprise thérapeutique ». • Établir avec le collaborateur un plan de reprise prévoyant un taux d’activité graduel. • Autoriser des pauses et des absences (notamment pour les consulta- tions médicales). • Aménager le poste en termes de charge et d’horaires de travail (flexibilité). • Adapter le cahier des charges pour supprimer les tâches particulière- ment difficiles. • Fractionner le travail en petites tâches. • Ajuster le poste si nécessaire (ergonomie). • Organiser un accompagnement en entreprise interne ou externe (si cela est possible). • Penser à l’équipe, aux collègues de travail et prendre les mesures qui s’imposent. • Garder en tête que les proches aidants vivent également une situation difficile et ont eux aussi des besoins. Fiche à détacher en milieu de brochure 30 Cancer : relever les défis au travail
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