Dysplasies osseuses héréditaires et voies de signalisation associées aux récepteurs FGFR3 et PTHR1 Hereditary skeletal dysplasias and FGFR3 and ...

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Dysplasies osseuses héréditaires et voies de signalisation associées aux récepteurs FGFR3 et PTHR1 Hereditary skeletal dysplasias and FGFR3 and ...
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M/S : médecine sciences

Dysplasies osseuses héréditaires et voies de signalisation
associées aux récepteurs FGFR3 et PTHR1
Hereditary skeletal dysplasias and FGFR3 and PTHR1 signaling
pathways
Jacky Bonaventure and Caroline Silve

Maladies génétiques                                                                 Article abstract
Volume 21, Number 11, novembre 2005                                                 Skeletal development is a highly sophisticated process involving, as a first step,
                                                                                    migration and condensation of mesenchymal cells into osteoprogenitor cells.
URI: https://id.erudit.org/iderudit/011961ar                                        These cells further differentiate into chondrocytes and osteoblasts through
                                                                                    multiple differentiation stages requiring a set of specific transcriptional
See table of contents                                                               factors. Defective endochondral ossification in human is associated with a
                                                                                    large number of inherited skeletal dysplasias caused by mutations in genes
                                                                                    encoding extracellular matrix components, growth factors and their receptors,
                                                                                    signaling molecules and transcription factors. This review summarizes some of
Publisher(s)                                                                        the recent findings on a series of chondrodysplasias caused by mutations in
SRMS: Société de la revue médecine/sciences                                         FGFR3 and PTHR1, two receptors expressed in the cartilage growth plate and
Éditions EDK                                                                        mediating two main signaling pathways. Data from human diseases and
                                                                                    relevant animal models provide new clues for understanding how signaling
                                                                                    molecules and their interaction with key transcription factors control and
ISSN
                                                                                    regulate the development and growth of long bones.
0767-0974 (print)
1958-5381 (digital)

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Cite this article
Bonaventure, J. & Silve, C. (2005). Dysplasies osseuses héréditaires et voies de
signalisation associées aux récepteurs FGFR3 et PTHR1. M/S : médecine sciences,
21(11), 954–961.

Tous droits réservés © M/S : médecine sciences, 2005                               This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit
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                                                                                   This article is disseminated and preserved by Érudit.
                                                                                   Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal,
                                                                                   Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to
                                                                                   promote and disseminate research.
                                                                                   https://www.erudit.org/en/
MEDECINE/SCIENCES 2005 ; 21 : 954-61

                                                                                         Dysplasies
                                                                                         osseuses
                                                                                         héréditaires
              > La croissance des os longs se fait selon un
                                                                                         et voies de
              processus complexe impliquant la migration et                              signalisation
              la condensation de cellules mésenchymateuses                               associées aux
              en cellules chondrogéniques qui se différencient
              en chondrocytes produisant la matrice cartila-
                                                                                         récepteurs FGFR3
              gineuse pour former la plaque de croissance. De                            et PTHR1
              nombreux facteurs protéiques sont impliqués                                Jacky Bonaventure, Caroline Silve
              dans la régulation de ces phénomènes parmi les-
              quels des facteurs transcriptionnels, des facteurs
              de signalisation et des protéines de la matrice
              extracellulaire dont le rôle a été révélé grâce
              aux études de génétique moléculaire sur des
              dysplasies osseuses humaines et à la création de                                                                J. Bonaventure : CNRS UMR 146,
                                                                                                                              Institut Curie, Bâtiment 110,
              modèles animaux reproduisant certaines de ces
                                                                                                                              Centre Universitaire Paris Sud,
              maladies. Cet article se focalise sur deux récep-                                                               91405 Orsay, France.
              teurs, FGFR3 et PTHR1, dont l’importance dans la                                                                C. Silve : Inserm U.426, Faculté
              croissance des os longs est illustrée par le groupe                                                             de Médecine Xavier Bichat, 16,
              de dysplasies osseuses qui leurs sont associées.                                                                rue Henri Huchard, 75870 Paris,
              Des résultats récents indiquent que prolifération                                                               France.
              et différenciation chondrocytaires sont étroi-                                         dans plusieurs gènes     caroline.silve@bichat.inserm.fr
                                                                                                     (exemple : dysplasie
              tement liées et que la croissance harmonieuse
                                                                                                     polyépiphysaire) (Tableau I) [2]. Enfin, certaines
              des os longs repose sur un équilibre strict entre                                      de ces pathologies sont associées à des anoma-
              différentes voies de signalisation dont celles                                         lies du métabolisme des ions calcium et phosphate
              contrôlées par ces facteurs. <                                                         essentiels au développement et au maintien de la
                                                                                                     structure du cartilage et de l’os. La multiplicité des
                                                                                                     gènes et la complexité des systèmes de régulation
                                                                                                     mis en jeu dans les dysplasies osseuses sont telles
                           Les manifestations cliniques des maladies osseuses                        qu’il serait illusoire de prétendre en faire une syn-
                           héréditaires (ostéochondrodysplasies et dysostoses)                       thèse exhaustive dans un seul article. Nous avons
                           sont multiples et peuvent conduire à des phénotypes                       donc choisi de présenter les mécanismes généraux
                           de sévérité extrêmement variable. La classification                       régulant le développement du squelette, de décrire
                           internationale des maladies osseuses constitu-                            les étapes et les principaux facteurs contrôlant le
                           tionnelles recense plus de 200 entités nosologiques                       développement des membres et de nous focaliser sur
                           distinctes [1]. La similitude des anomalies squelet-                      les chondrodysplasies associées à des anomalies des
                           tiques a permis de définir des familles de chondro-                       voies de signalisation régies par le FGFR3 (fibroblast
                           dysplasies dont la validité clinique a été confirmée                      growth factor receptor-3) et le PTHR1 (récepteur de
                           par l’analyse moléculaire et renforcée dans de                            l’hormone parathyroïdienne, PTH et de son peptide
                           nombreux cas par la création de modèles murins. Les                       apparenté, PTHrP, encore appelé récepteur PTH/
                           études moléculaires ont également montré qu’une                           PTHrP). Ces deux voies jouent un rôle majeur dans
                           même entité clinique peut résulter de mutations                           l’ossification enchondrale [3]. De plus, certaines des
                                                                                                     pathologies dues à des mutations de PTHR1 fournis-
                                                                                                     sent un exemple de dysplasies liées à des troubles du
                           Article reçu le 28 avril 2005, accepté le 5 septembre 2005.               métabolisme phosphocalcique.

    ­954                   M/S n° 11, vol. 21, novembre 2005

954_961.indd 954                                                                                                                                                 21/11/05 15:58:08
Développement du squelette des vertébrés                                         montre la présence d’un repli de cellules épithéliales
                                                                                                                      formant la crête apicale ectodermique, située le long
                              Le développement du squelette des vertébrés, soit                                       de l’axe antéro-postérieur (Figure 2). Cette structure
                              plus de deux cent os formés de deux tissus (os et                                       est impliquée, via une interaction de type épithélio-
              cartilage), met en jeu deux types d’ossification : enchondrale et                                       mésenchymateuse, dans le maintien de la prolifération
              membranaire. L’ossification enchondrale concerne les os longs, les                                      des cellules localisées sous la crête apicale qui restent

                                                                                                                                                                                             REVUES
              vertèbres et quelques os de la base du crâne et dépend de l’existence                                   indifférenciées et définissent la zone de progrès. Une
              d’une maquette cartilagineuse synthétisée par les chondrocytes. Elle                                    troisième zone située postérieurement, appelée zone
              repose sur une structure très particulière nécessaire à la croissance                                   d’activité polarisante, détermine la polarité antéro-
              des os en longueur et à la différenciation de l’os primaire, la plaque                                  postérieure [7].
              de croissance. L’ossification membranaire1 concerne les os plats et se                                  Parmi les facteurs de signalisation contrôlant la mise
              caractérise par une différenciation directe de cellules ostéoprogéni-                                   en place et la croissance du bourgeon de membre, le
              trices en pré-ostéoblastes puis en ostéoblastes matures dont certains                                   facteur le plus précocement exprimé est le FGF8, l’un
              deviennent des ostéocytes enclavés dans la matrice osseuse. Les deux                                    des 22 membres de la famille des FGF (facteurs de
              types d’ossification font appel à des processus complexes incluant la                                   croissance fibroblastique) identifiés chez l’homme2.

                                                                                                                                                                                                SYNTHÈSE
              migration et la condensation de cellules mésenchymateuses (morpho-                                      FGF8 est sécrété par les cellules de la crête apicale et
              genèse) ainsi que leur différenciation en cellules cartilagineuses et/ou                                semble responsable du maintien de la prolifération
              osseuses (organogenèse) [4]. Au niveau embryonnaire, les cellules                                       des cellules de la zone de progrès. De plus, il intervient
              mésenchymateuses chondrogéniques et ostéogéniques peuvent dériver                                       dans l’induction de la zone polarisante en déclenchant
              de la crête neurale, des somites ou des plaques
              latérales du mésoderme [5]. Un troisième type                                           Cellules souches
              cellulaire, l’ostéoclaste (ou chondroclaste),                                         mésenchymateuses
              dérivé de la lignée hématopoïétique (monocyte/
              macrophage) est responsable de la résorption du                           Prolifération                    Condensation
                                                                                                                         mésenchymateuse
              tissu squelettique minéralisé. Les gènes impliqués
                                                                             Faible signal                                  Fort signal
              dans la morphogenèse sont essentiellement des                                                                 βcaténine/Wnt
                                                                             βcaténine/Wnt
              facteurs de transcription [6], tandis que l’or-                                                               Runx2
              ganogenèse requiert des protéines de la matrice         Préchondrocytes                  COLII        COLI              Pré-ostéoblastes
              extracellulaire, des facteurs de signalisation et                                     Sox9            ALP            Osx
                                                                                                    Sox5/6                         NFATc1
              des facteurs transcriptionnels (Figure 1).                  Chondrocytes                 COLII
                                                                                                                                        Différenciation

                                                                          articulaires                 PTHrP       COLI
                                                                                                                   BSP                    Ostéoblastes
              Étapes et principaux facteurs impliqués                     Chondrocytes
                                                                                                       COLII       OC
                                                                                                       IHH
              dans le développement des membres                           prolifératifs                FGFR3
                                                                                                    Runx2
                                                                         Chondrocyte                                                    Ostéocyte
                                                                         hypertophique                 COLX
              Formation du bourgeon de membre et facteurs
              de signalisation régulant sa croissance                                     Cartilage                          Os
              Chez l’humain, la formation du bourgeon de
              membre supérieur débute au 24e jour de déve- Figure 1. Formation et régulation par des facteurs transcriptionnels des lignées chon-
              loppement embryonnaire et se manifeste sous la drocytaire et ostéoblastique. Après l’étape de condensation, l’intensité de la signali-
              forme d’une protubérance issue du mésoderme sation β-caténine/Wnt va déterminer la différenciation des cellules ostéoprogénitrices
              latéral au niveau des sclérotomes C4 à C8. Le en chondrocytes ou en ostéoblastes. Les molécules de la matrice extracellulaire syn-
              bourgeon de membre inférieur apparaît un peu thétisées par les différents types cellulaires sont notées en noir (COL I : collagène I ;
              plus tard à la fin de la 4e semaine de gestation. COL II : collagène II ; COL X : collagène X ; BSP : bone sialoprotein ; OC : ostéocalcine ;
              Chaque bourgeon se compose d’un noyau cen- ALP : phosphatase alcaline) et les facteurs transcriptionnels régulant la différenciation
              tral de cellules mésenchymateuses d’origine des chondrocytes et des ostéoblastes sont notés en rouge (Osx : Osterix, facteur codé
              mésodermique recouvertes d’une couche de cel- par le gène Sp7 et contenant un domaine en doigt de zinc ; NFATc1 : nuclear factor of
              lules ectodermiques. L’extrémité du bourgeon activated T cells) [6]. NFATc1 régule l’activité transcriptionnelle de Osx. Les molécules
                                                                                               de signalisation sont représentées en vert (PTHrP : parathyroid hormone related pep-
              1
                Il est à noter que la clavicule s’ossifie en mettant en jeu les deux proces-   tide ; IHH : Indian hedgehog ; FGFR3 : fibroblast growth factor receptor 3). Les osté-
              sus d’ossification, endochondrale et membranaire.
              2
                Bien qu’il existe un FGF23 chez l’homme, le FGF15 n’a pas été identifié. La    oblastes synthétisent une matrice osseuse dans laquelle certains ostéoblastes sont
              famille des FGF dans l’espèce humaine comporte ainsi 22 membres.                 enclavés et convertis en ostéocytes.

                                     M/S n° 11, vol. 21, novembre 2005                                                                                                                   ­955

954_961.indd 955                                                                                                                                                                    21/11/05 15:58:11
Chondrodysplasie                                    Transmission                 Gène                Type de protéine
              Achondrogenèse II (ACG2)                            Dominante                    COL2A1              Matrice extracellulaire
              Hypochondrogenèse (HCG)                             Dominante                    COL2A1              Matrice extracellulaire
              Dysplasie spondyloépiphysaire congénitale           Dominante                    COL2A1              Matrice extracellulaire
              (SEDc)
              Syndrome de Kniest                                  Dominante                    COL2A1              Matrice extracellulaire
              Syndrome de Stickler                                Dominante                    COL2A1              Matrice extracellulaire
                                                                  Dominante                    COL11A2             Matrice extracellulaire
              Syndrome de Marshall                                Dominante                    COL11A2             Matrice extracellulaire
              Dysplasie oto-spondylo-méga épiphysaire             Récessive                    COL11A2             Matrice extracellulaire
              (OSMED)
              Dysplasie poly-épiphysaire (MED)                    Dominante                    COL9A1              Matrice extracellulaire
                                                                  Dominante                    COL9A2              Matrice extracellulaire
                                                                  Dominante                    COL9A3              Matrice extracellulaire
                                                                  Dominante                    COMP                Matrice extracellulaire
                                                                  Dominante                    Matrilin 3          Matrice extracellulaire
                                                                  Récessive                    DTDST               Transporteur de sulfate
              Dysplasie métaphysaire type Schmid (SCMD) Dominante                              COL10A1             Matrice extracellulaire
              Pseudo-achondroplasie                               Dominante                    COMP                Matrice extracellulaire
              Achondrogenèse IB (ACG1B)                           Récessive                    DTDST               Transporteur de sulfate
              Atélostéogenèse 2 (AO2)                             Récessive                    DTDST               Transporteur de sulfate
              Dysplasie diastrophique                             Récessive                    DTDST               Transporteur de sulfate
              Chondrodysplasie ponctuée                           Liée à l’X                   ARSE                Enzyme (arylsulfatase)
              Achondroplasie (ACH)                                Dominante                    FGFR3               Récepteur tyrosine kinase
              Hypochondroplasie (HCH)                             Dominante                    FGFR3               Récepteur tyrosine kinase
              Nanisme thanatophore (TD)                           Dominante                    FGFR3               Récepteur tyrosine kinase
              Syndrome de Robinow                                 Récessive                    ROR2                Récepteur tyrosine kinase
              Brachydactylie type B                               Dominante                    ROR2                Récepteur tyrosine kinase
              Dysplasie acro-mésomélique                          Récessive                    CDMP1               Facteur morphogénétique
              Brachydactylie type C                               Dominante                    CDMP1               Facteur morphogénétique
              Dysplasie acro-capito-fémorale                      Récessive                    IHH                 Facteur de signalisation
              Brachydactylie type A1                              Dominante                    IHH                 Facteur de signalisation
              Dysplasie métaphysaire                              Dominante                    PTHR1               Récepteur hormonal
              type Jansen (JMC)
              Dysplasie de Blomstrand                             Récessive                    PTHR1               Récepteur hormonal
              Dysplasie campomélique                              Dominante                    SOX 9               Facteur transcriptionnel
              Dyschondrostéose                                    Pseudo-autosomique           SHOX                Facteur transcriptionnel
              Dysplasie chondro- ectodermique (Evc)               Récessive                    EVC1                Facteur transcriptionnel
                                                                                               EVC2                Facteur transcriptionnel
              Tableau I. Liste des chondrodysplasies dont le gène responsable et la protéine correspondante ont pu être identifiés et partiellement caractérisés.

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954_961.indd 956                                                                                                                                                    21/11/05 15:58:12
l’expression de Sonic hedgehog (SHH), un médiateur          plasie létale, la dysplasie campomélique [15].
                              de la polarisation antéro-postérieure [8]. FGF8 est
                              également capable d’induire l’expression de FGF10           Plaque de croissance et chondrogenèse
                              qui s’exprime dans la partie distale du mésenchyme          Au fur et à mesure que progresse la condensation des
              du bourgeon et assure une régulation en retour de l’expression de           cellules mésenchymateuses en chondrocytes, il devient
              FGF8. Cette régulation réciproque des deux facteurs s’effectue par le       possible d’identifier certaines zones correspondant à des

                                                                                                                                                                    REVUES
              biais de FGFR2, un des récepteurs des FGF pour lequel deux isoformes        sous-populations de chondrocytes à différents stades
              majeurs ont été identifiées. L’isoforme IIIb s’exprime dans les cellules    de différenciation (Figure 3). Les chondrocytes localisés
              épithéliales et se lie au FGF10, alors que l’isoforme IIIc s’exprime dans   à l’extrémité de l’épiphyse sont immatures et définis-
              les cellules mésenchymateuses et se lie au FGF8 [9]. D’autres facteurs      sent la zone de réserve. Les cellules les plus distales
              sont synthétisés par les cellules ectodermiques dorsales notamment          ont la capacité d’entrer en division pour engendrer la
              engrailed 1 (En-1) et Wnt7a. Ce dernier agit par l’intermédiaire de         zone proliférative qui montre un empilement de cellules
              Lmx-1 exprimé dans le mésoderme sous-jacent pour contrôler la               formant des groupes isogéniques. Les chondrocytes de
              formation des membres selon l’axe dorso-ventral [7]. L’ensemble de          la partie distale de cette zone cessent de proliférer et
              ces facteurs définit un réseau de signalisation impliqué dans la mise       commencent à se différencier en chondrocytes préhy-

                                                                                                                                                                       SYNTHÈSE
              en place des trois axes de symétrie du membre (Figure 2). Ces mêmes         pertrophiques dont la taille est supérieure à celle des
              facteurs sont capables de réprimer leur propre activité en induisant la     chondrocytes prolifératifs. La différenciation se poursuit
              synthèse d’antagonistes (Pbx, Meis) formant des complexes avec les          et s’accompagne d’un accroissement de la taille des cel-
              gènes Hox exprimés dans la partie distale du membre, notam-
              ment les gènes Hoxa13 et Hoxd13, pour assurer un contrôle             AA                  BB                  CC      FGF8 D
                                                                                                                                   FGF8  D        FGFR1
              strict de la croissance des membres [10].                                                            AER

              Condensation des cellules mésenchymateuses                                                              PZ
              L’étape de condensation des cellules mésenchymateuses pour
              former les éléments préchondrogéniques joue un rôle décisif          E                       Antérieur
              dans l’architecture finale de chacun des éléments du sque-                                            (Wint7a)
              lette, mais reste mal comprise au niveau moléculaire. L’ini-                             Hox                 Ventral
              tiation de la condensation dans la région proximale du mem-
              bre supérieur va permettre la formation de l’humérus, puis le                           Pbx-Meis               PZ
              processus se propage selon l’axe proximo-distal pour générer        Proximal                                                 Distal
                                                                                                FGFR2c                               AER
              le radius et le cubitus. Finalement, par des mécanismes de                                                            (FGF8 + FGFR2b)
              branchement et de segmentation, les carpes, métacarpes et                                             ZPA
              phalanges apparaissent. Les mêmes étapes, décalées dans le                     Dorsal                        (SHH)
              temps, opèrent pour le membre inférieur. La condensation des                                   Postérieur
              cellules souches mésenchymateuses repose sur des interac-
              tions cellules-cellules qui établissent un centre d’agrégation    Figure 2. Organisation du bourgeon de membre et voies de signalisation
              capable de recruter des cellules à partir des tissus environ-     impliquées dans sa mise en place. A. Bourgeons de membres inférieurs
              nants. Ce processus implique plusieurs classes de molécules       chez un embryon humain de 30 jours. B. Coupe transversale du bourgeon de
              dont la N-cadhérine et la N-CAM [11]. Le processus de diffé-      membre montrant la crête apicale ectodermique (AER) et la zone de pro-
              renciation de ces cellules ostéoprogénitrices en chondrocytes     grès (PZ). C. Expression de FGF8 au niveau de la crête apicale ectodermique.
              ou en ostéoblastes dépend de la voie Wnt/β caténine [12]          D. Expression de FGFR1 (fibroblast growth factor receptor 1) dans les cel-
              (Figure 1). Le facteur transcriptionnel Sox-9 joue également      lules mésenchymateuses des bourgeons de membres supérieurs (embryon
              un rôle majeur dans la différenciation chondrocytaire puisque     de 30 jours). E. Développement spatial du bourgeon selon les trois axes :
              son inactivation dans le bourgeon de membre de la souris          antéro-postérieur, dorso-ventral et proximo-distal. Les cellules de la
              empêche la condensation et conduit à une mort cellulaire          crête apicale ectodermique (AER) sécrètent le FGF8 qui active SHH (Sonic
              accélérée des cellules mésenchymateuses. Son expression           hedgehog) au niveau de la zone d’activité polarisante (ZPA). SHH exerce
              serait contrôlée par les FGF et il est lui-même un régulateur     un rétro-contrôle sur l’expression des FGF (facteurs de croissance fibro-
              de l’expression des gènes codant pour les collagènes de type      blastique). Wnt7a est exprimé au niveau de l’ectoderme dorsal et régule
              II et XI ainsi que des gènes Sox-5 et Sox-6 impliqués dans        l’expression de Lmx-1dans le mésenchyme dorsal. Les homéoprotéines Pbx
              la formation du cartilage [13, 14]. Ces fonctions multiples       et Meis (myeloid ecotropic insertion site) forment des complexes capables
              expliquent en partie pourquoi des mutations perte de fonction     d’interagir avec les produits de certains gènes Hox pour les réguler négati-
              de Sox-9 sont responsables chez l’homme d’une chondrodys-         vement et favoriser l’activation de la boucle FGF/SHH.

                             M/S n° 11, vol. 21, novembre 2005                                                                                                  ­957

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lules qui deviennent hypertrophiques. La     à des mutations du gène FGFR3
                              zone d’hypertrophie, dont la taille varie    La démonstration qu’une mutation ponctuelle récurrente du gène
              au cours du développement fœtal, serait, selon certains      FGFR3 était responsable de la quasi-totalité des cas d’achondropla-
              auteurs, le moteur essentiel de la croissance osseuse        sie [20] a ouvert un nouveau champ d’investigation en pathologie
              [3]. Les chondrocytes hypertrophiques en différenciation     osseuse. À l’instar de l’achondroplasie, des mutations ponctuelles
              terminale vont contrôler la minéralisation de leur matrice   récurrentes affectant différents domaines de FGFR3 ont été identi-
              et entrer en apoptose. Les travées calcifiées laissées       fiées chez des patients atteints d’hypochondroplasie, de syndrome
              libres sont progressivement envahies par les ostéoblas-      SADDAN ou de nanisme thanatophore de type I et II [21, 22]. Histolo-
              tes et les canaux vasculaires pour former une véritable      giquement, l’ampleur des anomalies de la plaque de croissance chez
              matrice d’os spongieux (spongiosa). À chaque stade, les      les patients reflète la sévérité de la maladie (Figure 3). La réduction
              cellules expriment des marqueurs spécifiques. Les chon-      de la zone proliférative s’accompagne d’une perte de l’organisation
              drocytes de la zone de repos et de la zone proliférative     des chondrocytes en colonne et de la présence de chondrocytes de
              synthétisent majoritairement le collagène de type II et      petite taille dans la zone d’hypertrophie suggérant une anomalie de
              l’agrécane et en plus faible quantité les collagènes de      la différenciation [23]. Les mutations de FGFR3 localisées dans le
              type IX et XI ainsi que des protéines non collagéniques      domaine extracellulaire créent des résidus cystéines surnuméraires
              (COMP ou cartilage oligomeric matrix protein, matrilin,      capables de former des ponts disulfures entre deux molécules de
              chondroadherin, fibromodulin...), tandis que les chon-       récepteur mutant. Les mutations du domaine catalytique entraînent
              drocytes hypertrophiques synthétisent du collagène de        une modification de la conformation du domaine qui semble inter-
              type X. La progression phénotypique linéaire des chon-       férer avec le transport vers la membrane plasmique du récepteur
              drocytes au niveau de cette structure hautement diffé-
              renciée qu’est la plaque de croissance est un processus
              finement régulé. Deux voies de signalisation jouent un                                    PTHrP          FGF18 (?)
              rôle essentiel dans la coordination de la prolifération et      A                                                              R
                                                                                            +                                                P
              de la différenciation des chondrocytes, la voie régie par                                                                      PH
              le FGFR3 et celle régie par le PTHR1 [16-18]. Ces conclu-                                                                      H
              sions reposent sur les études de chondrodysplasies dues
              à des mutations des gènes FGFR3 et PTHR1 et l’analyse de      � différenciation                        FGFR3 � � prolifération
                                                                                                        PTHR1
              souris génétiquement modifiées.                               � prolifération                                        � différenciation
                                                                                                          IHH
              Chondrodysplasies et voies de signalisation                      � croissance                                         � croissance
              transmises par le FGFR3 et le PTHR1

              Récepteur FGFR3 et ossification enchondrale                             B                       C                       D
                                                                                  R
              FGFR3 fait partie d’une famille de quatre récepteurs à
              activité tyrosine kinase qui présentent une organisation           P
              structurale commune incluant un domaine extracellu-               PH
              laire avec trois boucles de type immunoglobuline (Ig),             H
              un domaine transmembranaire hydrophobe d’ancrage                  OT
              du récepteur dans la membrane et un domaine intracel-                       Témoin                                              TD1
              lulaire responsable de l’activité kinase. Ces récepteurs
              fixent normalement les FGF au niveau de la troisième         Figure 3. Schéma de la plaque de croissance d’un os long. A. Plaque de crois-
              boucle Ig. Les études tridimensionnelles ont montré que      sance. Deux voies principales de signalisation sont impliquées dans la régu-
              deux molécules de ligand sont nécessaires pour induire       lation de la prolifération et de la différenciation des chondrocytes, la voie
              la dimérisation du récepteur, l’ensemble formant un          IHH/PTHR1 et la voie FGF/FGFR, détaillées dans le corps de l’article. PTHrP :
              complexe ternaire dans lequel un protéoglycane de sur-       parathyroid hormone related peptide ; PTHR1 : parathyroid hormone receptor 1 ;
              face à base de sulfate d’héparane (HSPG) agit en qua-        IHH : Indian hedgehog. B. Coupe de cartilage fémoral d’un fœtus témoin de 25
              lité de corécepteur [19]. FGFR3 est exprimé au niveau        semaines montrant les différentes zones de la plaque de croissance. R : zone de
              de la plaque de croissance par les chondrocytes de la        repos ; P : zone proliférative ; PH : zone de pré-hypertrophie ; H : zone d’hyper-
              zone proliférative et de préhypertrophie.                    trophie ; OT : os trabéculaire. C. Coupe de cartilage d’un fœtus de 24 semaines
                                                                           atteint de nanisme thanatophore de type I (TD I) porteur d’une mutation de
              Chondrodysplasies dues                                       FGFR3 (S249C). D. Grossissement illustrant la désorganisation de la plaque de
                                                                           croissance.

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muté [24]. Dans les deux cas, il en résulte une phosphorylation              Chondrodysplasies associées à des mutations du
              constitutive du récepteur en l’absence de ligand et une activation           PTHR1
              de la voie de signalisation STAT (signal transducers and activators          Quatre chondrodysplasies rares, mais dont le phénotype
              of transcription). Les molécules Stat 1, 3 et 5 sont phosphorylées et        illustre les rôles endocrines et paracrines assurés par le
              transloquées dans le noyau où elles activent l’inhibiteur des cyclines       PTHR1, ont été associées à des mutations de ce gène.
              kinases-dépendantes p21CIP1. Cette activation ferait entrer de façon         Les mutations activatrices du PTHR1 causent la chon-

                                                                                                                                                             REVUES
              prématurée les cellules de la zone proliférative dans la voie d’hyper-       drodysplasie métaphysaire de Jansen [30]. Cette chon-
              trophie. Cependant, ces chondrocytes préhypertrophiques semblent             drodysplasie, de transmission autosomique dominante,
              incapables d’atteindre la phase ultime de différenciation impliquée          est caractérisée par un nanisme sévère et des anomalies
              dans l’élongation de l’os. Une mort prématurée par apoptose pour-            biologiques qui sont celles rencontrées chez les patients
              rait expliquer leur incapacité à s’hypertrophier efficacement. Ces           atteints d’hyperparathyroïdie primaire ou du syndrome
              conclusions tirées des travaux sur le cartilage et les chondrocytes de       d’hypercalcémie humorale maligne. Les lésions méta-
              patients atteints de nanisme thanatophore sont confortées par les            physaires observées radiologiquement rappellent celles
              résultats de l’étude de modèles murins dans lesquels les mutations           du rachitisme par carence en vitamine D et témoignent
              responsables de l’achondroplasie et du nanisme thanatophore ont              d’une augmentation de prolifération et d’un retard

                                                                                                                                                                SYNTHÈSE
              été reproduites [25-27]. L’ensemble de ces résultats, ainsi que le           de différenciation des chondrocytes (élargissement
              phénotype des souris invalidées pour le gène Fgfr3, confirment le rôle       des métaphyses, présence de structures irrégulières
              de régulateur négatif de la croissance osseuse de FGFR3 [22].                inégalement calcifiées). Quatre mutations hétéro-
                                                                                           zygotes faux-sens ont été identifiées chez des patients
              Voie de signalisation PTHR1                                                  atteints de chondrodysplasie de Jansen. Une corrélation
              Le PTHR1 appartient à la famille II de récepteurs à sept domaines            génotype/phénotype est décrite en fonction du degré
              transmembranaires couplés aux protéines G hétérotrimériques. Ce              d’activation constitutive démontrée in vitro. En accord
              récepteur assure les fonctions endocrines de la PTH et celles autocri-       avec les anomalies métaphysaires des patients atteints
              nes/paracrines du PTHrP. La PTH joue un rôle essentiel dans le maintien      de chondrodysplasie de Jansen, les souris transgéniques
              de l’homéostasie phosphocalcique. Le PTHrP, décrit initialement dans         exprimant dans les chondrocytes prolifératifs le PTHR1
              des hypercalcémies humorales malignes, n’est pas détectable physio-          humain porteur de la mutation His223Arg, la plus fré-
              logiquement dans la circulation systémique. Comme le PTHR1, il est           quente et la plus sévère, montrent un retard majeur de
              exprimé dans de nombreux tissus et exerce de multiples actions phy-          différenciation des chondrocytes au niveau de la plaque
              siologiques qu’il n’est pas possible de résumer dans cette revue (voir       de croissance.
              [28] et revue de J.J. Helwig à paraître dans médecine/sciences). En          Les mutations inactivatrices du PTHR1 sont responsa-
              particulier, c’est un régulateur de la prolifération et de la différencia-   bles de la chondrodysplasie de Blomstrand [30]. Image
              tion cellulaire, notamment lors du développement osseux enchondral.          en miroir de la chondrodysplasie de Jansen, cette dys-
              Ses effets biologiques sur la prolifération cellulaire dans certains types   plasie, de transmission récessive, est létale et carac-
              de cellules sont opposés, suivant qu’il agit de façon auto/paracrine         térisée par un syndrome dysmorphique marqué par une
              via la stimulation du PTHR1 ou intracrine via sa translocation dans          extrême brièveté des membres, une avance majeure de
              le noyau des cellules. Dans le tissu squelettique, il est établi que         l’ossification enchondrale avec hyperdensité osseuse.
              l’activation du PTHR1 (exprimé par les chondrocytes prolifératifs et         Ce phénotype est semblable à celui observé chez les
              préhypertrophiques) par le PTHrP sécrété par les chondrocytes périar-        souris invalidées de façon homozygote pour les gènes
              ticulaires et les cellules périchondriales stimule la prolifération des      PTHrP ou PTHR1. Quatre mutations perte de fonction
              chondrocytes préhypertrophiques et inhibe leur différenciation. La           (faux sens, anomalie d’épissage, décalage du cadre
              production du PTHrP est stimulée par Indian hedgehog (IHH), un mor-          de lecture, délétion de la région promotrice) ont été
              phogène membre de la famille hedgehog, qui est fortement exprimé             rapportées. Comme pour les mutations activatrices,
              dans la zone de transition entre chondrocytes préhypertrophiques et          une corrélation génotype/phénotype a été décrite en
              hypertrophiques. L’activation du PTHR1 entraîne donc une diminution          fonction du degré d’inactivation du récepteur in vitro,
              de différenciation des cellules productrices de IHH, assurant ainsi un       le phénotype étant toujours létal [30].
              contrôle très fin de l’équilibre entre prolifération et différenciation au   Très récemment, une mutation du gène PTHR1, que
              niveau de la plaque de croissance. Certains modèles murins suggèrent         nous appellerons « régulatrice », a été identifiée
              l’existence d’une interaction entre les voies PTHR1/FGFR3 qui ne serait      dans une forme familiale récessive de chondrodys-
              pas présente chez l’homme [29].                                              plasie de Eiken. Cette pathologie se caractérise
                                                                                           par une dysplasie épiphysaire multiple et un retard
                                                                                           majeur de l’ossification endochondrale avec ano-
                                                                                           malies du modelage et persistance de cartilage dans

                             M/S n° 11, vol. 21, novembre 2005                                                                                           ­959

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certains os, sans anomalie du métabolisme phospho-          β-caténine/Wnt dans la différenciation chondrocytaire et ostéoblas-
              calcique. On a donc une transmission récessive avec         tique. Néanmoins, face à un nombre croissant de nouveaux gènes dont
              des signes cliniques compatibles avec une activation        les fonctions régulatrices dans la formation osseuse sont encore mal
              constitutive du PTHR1, mais sans hyperparathyroï-           comprises, il est nécessaire d’établir les relations précises entre les
              die. La mutation identifiée, Arg485X, entraîne la           produits de ces gènes et ceux déjà connus et de déterminer comment
              délétion des 108 derniers acides aminés du PTHR1. Le        les différentes voies de signalisation interagissent entre elles et sont
              récepteur tronqué serait responsable d’un déséqui-          affectées par des mutations de ces gènes. Les modèles murins dans
              libre entre les deux voies de transduction ou d’une         lesquels il est possible, grâce au système Cre-ER, d’induire de façon
              anomalie de trafficking [31].                               tissu spécifique et à un moment précis du développement des muta-
              La dernière pathologie associée à une mutation du           tions identiques à celles identifiées chez l’homme, offrent de nou-
              gène PTHR1 est la maladie d’Ollier. La maladie d’Ol-        velles perspectives pour mieux comprendre les phénotypes observés.
              lier, ou enchondromatose, est définie par la présence       Cette connaissance précise des mécanismes intimes de la croissance
              de tumeurs cartilagineuses bénignes qui se dévelop-         osseuse est un préalable indispensable à la mise au point de thérapies
              pent dans l’os. Il s’agit d’une affection le plus souvent   médicamenteuses ou cellulaires destinées à corriger les dysplasies du
              sporadique, cependant des formes familiales ont été         squelette. ‡
              rapportées. Les résultats de l’analyse moléculaire
              suggèrent une hétérogénéité génétique de l’enchon-          SUMMARY
              dromatose. Une mutation (Arg150Cys) dans le gène            Hereditary skeletal dysplasias and FGFR3 and PTHR1 signaling
              PTHR1 a été identifiée chez deux malades atteints           pathways
              de maladie d’Ollier [32]. Le récepteur mutant PTHR1         Skeletal development is a highly sophisticated process involving, as a
              Arg150Cys paraît être activé de façon constitutive,         first step, migration and condensation of mesenchymal cells into oste-
              cependant la mutation est associée à un défaut d’ex-        oprogenitor cells. These cells further differentiate into chondrocytes
              pression à la membrane cellulaire. Les souris tra nsgé-     and osteoblasts through multiple differentiation stages requiring a set
              niques exprimant de façon ciblée le récepteur PTHR1         of specific transcriptional factors. Defective endochondral ossifica-
              mutant dans les chondrocytes pré-hypertrophiques            tion in human is associated with a large number of inherited skeletal
              développent des tumeurs similaires à celles observées       dysplasias caused by mutations in genes encoding extracellular matrix
              chez les patients atteints d’enchondromatose, tout          components, growth factors and their receptors, signaling molecules
              comme les souris surexprimant le régulateur trans-          and transcription factors. This review summarizes some of the recent
              criptionnel Gli2, régulateur en aval de IHH. Il apparaît    findings on a series of chondrodysplasias caused by mutations in FGFR3
              donc que l’activation de la voie IHH, PTHrP, PTHR1 joue     and PTHR1, two receptors expressed in the cartilage growth plate and
              un rôle important dans le développement des enchon-         mediating two main signaling pathways. Data from human diseases
              dromes. Il faut souligner que les malades atteints          and relevant animal models provide new clues for understanding how
              d’une chondrodysplasie de Jansen, donc associée             signaling molecules and their interaction with key transcription factors
              à une mutation activatrice du récepteur PTHR1, ne           control and regulate the development and growth of long bones. ‡
              présentent pas d’enchondromes. À l’inverse, contrai-
              rement aux malades atteints de chondrodysplasie             RÉFÉRENCES
              de Jansen, les malades atteints d’enchondromatose
                                                                           1. Hall CM. International nosology and classification of constitutional disorders of bone (2001).
              associée à une mutation du gène PTHR1 (même germi-              Am J Med Genet 2002 ; 113 : 65-77.
              nale) ne présentent pas d’anomalies du métabolisme           2. Chapman KL, Mortier GR, Chapman K, et al. Mutations in the region encoding the von
                                                                              Willebrand factor A domain of matrilin-3 are associated with multiple epiphyseal dysplasia.
              phosphocalcique. L’origine de ces différences n’est             Nat Genet 2001 ; 28 : 393-6.
              pas connue.                                                  3. Kronenberg HM. Developmental regulation of the growth plate. Nature 2003 ; 423 : 332-6.
                                                                           4. Karsenty G. The complexities of skeletal biology. Nature 2003 ; 423 : 316-8.
                                                                           5. Zelzer E, Olsen BR. The genetic basis for skeletal diseases. Nature 2003 ; 423 : 343-8.
              Conclusions                                                  6. Kobayashi T, Kronenberg H. Minireview : transcriptional regulation in development of bone.
                                                                              Endocrinology 2005 ; 146 : 1012-7.
                                                                           7. Johnson RL, Tabin CJ. Molecular models for vertebrate limb development. Cell 1997 ; 90 : 979-
              L’étude de dysplasies squelettiques rares affectant le          90.
              développement et la croissance osseuse a permis de           8. Lewandoski M, Sun X, Martin GR. Fgf8 signalling from the AER is essential for normal limb
              localiser et d’identifier certains des gènes responsa-          development. Nat Genet 2000 ; 26 : 460-3.
                                                                           9. Xu X, Weinstein M, Li C, et al. Fibroblast growth factor receptor 2 (FGFR2)-mediated reciprocal
              bles (plus de 75 à ce jour) et de révéler de nouvelles          regulation loop between FGF8 and FGF10 is essential for limb induction. Development 1998 ;
              voies de signalisation impliquées dans les processus            125 : 753-65.
                                                                          10. Vogt TF, Duboule D. Antagonists go out on a limb. Cell 1999 ; 99 : 563-6.
              d’ossification enchondrale et membranaire. Outre les        11. Hall BK, Miyake T. All for one and one for all : condensations and the initiation of skeletal
              voies contrôlées par les récepteurs FGFR3 et PTHR1,             development. Bioessays 2000 ; 22 : 138-47.
              des travaux récents ont démontré le rôle clé de la voie     12. Kolpakova E, Olsen BR. Wnt/beta-catenin: a canonical tale of cell-fate choice in the
                                                                              vertebrate skeleton. Dev Cell 2005 ; 8 : 626-7.

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24. Lievens PM, Mutinelli C, Baynes D, et al. The kinase activity of fibroblast
              13. Akiyama H, Chaboissier MC, Martin JF, et al. The transcription factor Sox9
                                                                                                    growth factor receptor 3 with activation loop mutations affects receptor
                  has essential roles in successive steps of the chondrocyte differentiation
                                                                                                    trafficking and signaling. J Biol Chem 2004 ; 279 : 43254-60.
                  pathway and is required for expression of Sox5 and Sox6. Genes Dev
                                                                                                25. Segev O, Chumakov I, Nevo Z, et al. Restrained chondrocyte proliferation
                  2002 ; 16 : 2813-28.
                                                                                                    and maturation with abnormal growth plate vascularization and
              14. Bi W, Deng JM, Zhang Z, et al. Sox9 is required for cartilage formation.
                                                                                                    ossification in human FGFR-3(G380R) transgenic mice. Hum Mol Genet
                  Nat Genet 1999 ; 22 : 85-9.
                                                                                                    2000 ; 9 : 249-58.
              15. Wagner T, Wirth J, Meyer J, et al. Autosomal sex reversal and campomelic
                                                                                                26. Iwata T, Chen L, Li C, et al. A neonatal lethal mutation in FGFR3
                  dysplasia are caused by mutations in and around the SRY-related gene
                                                                                                    uncouples proliferation and differentiation of growth plate chondrocytes
                  SOX9. Cell 1994 ; 79 : 1111-20.

                                                                                                                                                                                           REVUES
                                                                                                    in embryos. Hum Mol Genet 2000 ; 9 : 1603-13.
              16. Long F, Zhang XM, Karp S, et al. Genetic manipulation of hedgehog
                                                                                                27. Chen L, Li C, Qiao W, et al. A Ser(365)->Cys mutation of fibroblast growth
                  signaling in the endochondral skeleton reveals a direct role in the
                                                                                                    factor receptor 3 in mouse downregulates Ihh/PTHrP signals and causes
                  regulation of chondrocyte proliferation. Development 2001 ; 128 : 5099-
                                                                                                    severe achondroplasia. Hum Mol Genet 2001 ; 10 : 457-65.
                  108.
                                                                                                28. Clemens TL, Cormier S, Eichinger A, et al. Parathyroid hormone-related
              17. Karsenty G, Wagner EF. Reaching a genetic and molecular understanding
                                                                                                    protein and its receptors : nuclear functions and roles in the renal and
                  of skeletal development. Dev Cell 2002 ; 2 : 389-406.
                                                                                                    cardiovascular systems, the placental trophoblasts and the pancreatic
              18. Beier F, Ali Z, Mok D, et al. TGFbeta and PTHrP control chondrocyte
                                                                                                    islets. Br J Pharmacol 2001 ; 134 : 1113-36.
                  proliferation by activating cyclin D1 expression. Mol Biol Cell 2001 ; 12 :
                                                                                                29. Cormier S, Delezoide AL, Benoist-Lasselin C, et al. Parathyroid hormone
                  3852-63.
                                                                                                    receptor type 1/Indian hedgehog expression is preserved in the growth
              19. Schlessinger J. Cell signaling by receptor tyrosine kinases. Cell 2000 ;
                                                                                                    plate of human fetuses affected with fibroblast growth factor receptor
                  103 : 211-25.
                                                                                                    type 3 activating mutations. Am J Pathol 2002 ; 161 : 1325-35.
              20. Rousseau F, Bonaventure J, Legeai-Mallet L, et al. Mutations in the gene

                                                                                                                                                                                              SYNTHÈSE
                                                                                                30. Jüppner H, Schipani E, Silve C. Jansen’s metaphyseal chondrodysplasia
                  encoding fibroblast growth factor receptor-3 in achondroplasia. Nature
                                                                                                    and Blomstrand’s lethal chondrodysplasia : two genetic disorders caused
                  1994 ; 371 : 252-4.
                                                                                                    by PTH/PTHrP receptor mutations. In : Bilezikian J, Raisz L, Rodan G, eds.
              21. Vajo Z, Francomano CA, Wilkin DJ. The molecular and genetic basis of
                                                                                                    Principles of bone biology, vol. 2. San Diego, CA : Academic Press, 2002 :
                  fibroblast growth factor receptor 3 disorders : the achondroplasia family
                                                                                                    1117-35.
                  of skeletal dysplasias, Muenke craniosynostosis, and Crouzon syndrome
                                                                                                31. Duchatelet S, Ostergaard E, Cortes D, et al. Recessive mutations in
                  with acanthosis nigricans. Endocrinol Rev 2000 ; 21 : 23-39.
                                                                                                    PTHR1 cause contrasting skeletal dysplasias in Eiken and Blomstrand
              22. Ornitz DM, Marie PJ. FGF signaling pathways in endochondral and
                                                                                                    syndromes. Hum Mol Genet 2005 ; 14 : 1-5.
                  intramembranous bone development and human genetic disease. Genes
                                                                                                32. Hopyan S, Gokgoz N, Poon R, et al. A mutant PTH/PTHrP type I receptor in
                  Dev 2002 ; 16 : 1446-65.
                                                                                                    enchondromatosis. Nat Genet 2002 ; 30 : 306-10.
              23. Legeai-Mallet L, Benoist-Lasselin C, Munnich A, et al. Overexpression
                  of FGFR3, Stat1, Stat5 and p21Cip1 correlates with phenotypic
                  severity and defective chondrocyte differentiation in FGFR3-related                                                    TIRÉS À PART
                  chondrodysplasias. Bone 2004 ; 34 : 26-36.
                                                                                                                                         J. Bonaventure

                                                                          médecine/sciences ­
                                                            a reçu­
                                                le 2 Prix du meilleur éditorial
                                                           e

                                                          Le SNPM a décerné au Professeur Axel
                                                          Kahn, le 11 octobre dernier à l’EASA
                                                          du Val de Grâce, en présence de
                                                          Monsieur Xavier Bertrand, Ministre de
                                                          la Santé et des Solidarités, le 2e Prix
                                                          du meilleur Éditorial pour son article
                    Le Dr Gérard Kouchner,                              « Télomères, maladies et
                    Président du SNPM,                                  vieillissement », paru dans
                    et Mr Xavier Bertrand,                              le numéro de mai 2005 de
                                                                                                                                            Article
                              Le Dr François Flori,                     médecine/sciences.                                                    Télomères, maladies et
                               Directeur d’édition                      Pour cette sixième                                                    vieillissement
                             de m/s depuis 1987,                        édition du Grand Prix                                               Auteur
                                                                        Éditorial, 14 catégories                                              Axel Kahn
                                                                        de Prix ont été décernées.                                          Revue
                                                                       médecine/sciences a été sélectionné                                    médecine/sciences
                                                                                                                                              N°5 – volume 21 - Mai 2005
                                                          dans une catégorie (Prix du meilleur article sur la vie
                                                          professionnelle et l’économie de la santé) pour l’article
                                                          du Dr Patrick Zylberman « Eugénique à la scandinave, le
                                                          débat des historiens », paru dans le numéro d’octobre
                    Le Pr Bernard Devulder,               2005 de médecine/sciences et a été lauréat du 2e Prix du
                    Rédacteur en chef de La Revue
                    de Médecine Interne et le Dr          meilleur Éditorial. Le jury était composé de médecins, de
                    François Mignon, Président du         professionnels de santé et de journalistes.
                    Jury, entourant
                    le Pr Loïc Capron, lauréat

                                  M/S n° 11, vol. 21, novembre 2005                                                                                                                    ­961

954_961.indd 961                                                                                                                                                                  21/11/05 15:58:36
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