Dyspraxie développementale: Le point de vue médical Dr Sophie Ghariani CUSL - La Manivelle - La Lanterne
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Dyspraxie développementale: Le point de vue médical Dr Sophie Ghariani CUSL - La Manivelle – La Lanterne
Sommaire Introduction Définition Cadre théorique Description clinique Diagnostic Comorbidités Traitements Pronostic Conclusions
Dyspraxie développementale - introduction Sens étymologique (grec): dys = difficulté; praxie = action, le mouvement, de l’adaptation du mouvement au but recherché La dyspraxie est un trouble cognitif qui affecte le développement neurologique et entraîne des difficultés dans la capacité de planifier, d’exécuter et d’automatiser des séquences appropriées de mouvements. Ce n’est pas la réalisation du schéma moteur qui est en cause, ni sa finalité (processus conscient), mais sa planification, son organisation (processus inconscients). Il s’agit d’un trouble électif, développemental M Mazeau, L’enfant dyspraxique et les apprentissages, …, Ed Elsevier Masson, 2010
Dyspraxie développementale Incidence: d’après les études de 5 à 7 % des enfants de 5 à 11 ans Il s’agit d’un trouble chronique qui peut affecter de manière importante la vie quotidienne Au moins 2 % des enfant ayant une intelligence normale sont considérablement affectés dans leur vie quotidienne par ces troubles et 3 % présentent des difficultés dans leurs activités de la vie journalière ou dans leur scolarité.
Sommaire Introduction Définition Cadre théorique Description clinique Diagnostic Comorbidités Traitements Pronostic Conclusions
Définition Selon l’European Academy of Childhood Disability (2010), ces troubles se retrouvent sans distinction de race, de culture, ni de condition socio-économique. Il s’agit d’un trouble idiopathique. Il s’agit d’un trouble développemental qui peut survenir seul, de manière isolée ou être associé à de nombreuses comorbidités. Selon le DSMV, les troubles dyspraxiques sont déterminés selon 4 critères: Atteintes des compétences quotidiennes requérant des activités motrices Ces troubles interfèrent avec la vie quotidienne et/ou les apprentissages Ces troubles ne sont pas dus à une maladie sous-jacente (Il n’y a pas de retard mental)
Sommaire Introduction Définition Cadre théorique Description clinique Diagnostic Comorbidités Traitements Pronostic Conclusions
Dyspraxie développementale, un tableau clinique controversé Il existe de nombreuses controverses autour de la dyspraxie développementale Terminologie: Dyspraxie ? Dyspraxie développementale ? Trouble de l’acquisition motrice (TAC)? Trouble développemental de la coordination ? … Modèles théoriques différents (par ex intégration des différents modèles des praxies (Lussier & Flessas, 2001) Critères diagnostiques Hétérogénéité des troubles praxiques Controverses autour des traitements En l’absence de modèle théorique concernant les praxies gestuelles chez l’enfant, les réflexions théoriques se basent sur l’apraxie acquise chez l’adulte. Il s’agit pourtant de troubles différents, puisque le premier concerne l’acquisition et l’apprentissage de nouvelles habiletés motrices et le second représente un désordre dans l’exécution de mouvements qui ont déjà été acquis. (Costini O et al, Rev de Neuropsychol 2013; Vaivre-Douret L, Neurophysiol Clin, 2014)
Dyspraxies: types décrits en se référant à l’apraxie acquise chez l’adulte Différentes types de dyspraxie, selon Mazeau: - dyspraxie idéatoire (outil) - dyspraxie idéomotrice (geste sans outil) - dyspraxie de l’habillage - dyspraxie constructive (gestes d’assemblage) visuospatiale (regard et organisation de l’espace) - dyspraxie constructive non visuospatiale
Trouble organique ? Selon Katschmarsky, il pourrait s’agir d’un dysfonctionnement pariétal (minimal brain lesion): l’auteur se base sur le fait que les enfants nés avant- terme souffrent plus souvent de dyspraxie; Variabilité génétique ? Goez et al retrouvent en effet plus de dyspraxiques dans une population de gauchers que de droitiers; Modèle avec atteinte frontale (trouble de la planification du mouvement et de sa conceptualisation); Troubles d’intégration sensorielle; Troubles perceptifs; Katschmarsky et al, Exp Brain Res 2001; Goez H et al, J Child Neurol 2008
Imagerie cérébrale et dyspraxie développementale Certaines études suggèrent que plusieurs régions cérébrales sont impliquées dans la neurophysiopathologie de la dyspraxie. Peters et al, comme Katschmarscky émettent l’hypothèse que chez certains enfants présentant une dyspraxie, il existe un « déficit neuronal minimal » comme on peut en retrouver chez les enfants présentant une infirmité motrice cérébrale. D’autres études émettent l’hypothèse d’une implication cérébelleuse dans les modèles explorant le fonctionnement visuospatial et visuomoteur (études sur des enfants nés avant terme). De même des études en imagerie fonctionnelle chez des enfants dysgraphiques suggèrent une implication cérébelleuse, mais également d’aires corticales cérébrales (frontal, temporal, pariétal et occipital). Peters LH et al, Dev Med Child Neurol 2013; Van Braeckel KN and Taylor HG, Dev Med Child Neurol 2013; Van Hoorn et al, Dev Med Child Neurol 2013
Vers un autre modèle ? Mme V Dasse, neuropsychologue, Alternatives
Sommaire Introduction Définition Cadre théorique Description clinique Diagnostic Comorbidités Traitements Pronostic Conclusions
Manifestations possibles dans le quotidien (retard de l’acquisition de la marche) Difficultés pour l’apprentissage de : vélo, natation, habillage, boutonnage, puzzles, dessins, lacets, … Difficultés pour couper sa viande, peler un fruit, … Difficultés pour se brosser les dents, … Tombe souvent, se cogne à tout, mange salement, laissé de côté au foot ou à tout jeu plus physique Manque de soin Langage > motricité Difficultés dans les activités sportives, plus particulièrement les jeux de ballon en équipe Lenteur, fluctuations dans ses compétences, …
Symptômes associés Troubles du tonus musculaire Troubles de la motricité fine, vertige, troubles visuomoteurs Troubles visuospatiaux Difficultés pour l’enfant à repérer le positionnement de son corps dans l’espace Troubles proprioceptifs Troubles de la coordination motrice Troubles de la mémoire visuelle 03/10/2015
Manifestations à l’école Difficultés en : graphisme, travaux manuels, mathématiques (géométrie, grandeurs, fractions), géographie, parfois lecture laborieuse; l’orthographe est difficile; Recopier du tableau ou recopier d’une feuille est difficile; tracé à la latte; découper, … : difficile Excellent à l’oral Se fatigue vite
Sommaire Introduction Définition Cadre théorique Description clinique Diagnostic Comorbidités Traitements Pronostic Conclusions
Dyspraxie développementale - Diagnostic Evaluation pluridisciplinaire chez un enfant chez lequel le diagnostic est suspecté - partir des difficultés de l’enfant - rechercher ses points forts - évaluation visuospatiale, psychomotrice, en ergothérapie, intellectuelle (ICV >IRP) et si nécessaire ophtalmologique (et orthoptique) - éliminer une cause neurologique - rechercher une fluctuation des performances - rechercher les comorbités
Critères d’exclusion (Retard mental) Infirmité motrice cérébrale Maladies neurodégénératives Traumatisme crâniocérébral Pathologie tumorale ou cancéreuse Pathologie neuromusculaire Trouble du spectre autistique …
Dyspraxie développementale : enfants < 5 A Démarche diagnostique difficile car : Retard moteur simple chez un enfant dont le développement moteur se normalisera ultérieurement ? La collaboration des enfants lors des évaluations diagnostiques est souvent variable et peu fiable dans le jeune âge L’acquisition des compétences permettant l’autonomie dans les activités de la vie quotidienne est variable à cet âge
Sommaire Introduction Définition Cadre théorique Description clinique Diagnostic Comorbidités Traitements Pronostic Conclusions
Co-morbidités les plus fréquemment retrouvées Trouble du déficit d’attention +/- hyperactivité Retard spécifique de langage Trouble spécifique des apprentissages Dyslexie développementale, …
La question des troubles de l’attention Lorsqu’un enfant dyspraxique présente des troubles de l’attention, il est important de réaliser une étude précise du trouble attentionnel et exécutif pour déterminer s’il est primaire (càd dans le cadre d’un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité) ou secondaire à la dyspraxie développementale et aux troubles visuospatiaux éventuellement associés et cela par 2 mécanismes distincts: L’enfant n’arrive pas à automatiser le schéma moteur complexe et est donc mis en difficulté en situation de double tâche (attention divisée) Répercussion des troubles perceptifs sur les capacités attentionnelles. Enfin les troubles attentionnels peuvent être d’origine mixtes, càd entrer dans le cadre d’un trouble déficitaire de l’attention et être accentués par les troubles praxiques
Conséquences autres ? Troubles comportementaux Troubles des interactions sociales Manque de confiance en soi Anxiété
Sommaire Introduction Définition Cadre théorique Description clinique Diagnostic Comorbidités Traitements Pronostic Conclusions
Dyspraxie développementale Prise en charge Établir avec l’enfant, ses parents et l’équipe pluridisciplinaire les objectifs à atteindre: il n’y a pas de plan de rééducation type, mais des projets de rééducation spécifiques à chaque enfant Partir des objectifs prioritaires définis avec l’enfant et sa famille Ces objectifs doivent rester le fil conducteur de la prise en charge et des adaptations à mettre en œuvre L’objectif n’est pas uniquement de rééduquer le mouvement, le graphisme, par exemple, mais également et surtout d’aménager les situations entraînant des difficultés pour l’enfant et de l’aider à les contourner, les éviter (pc) Collaboration avec les enseignants : l’école étant un des domaines dans lesquels l’enfant/l’adolescent est mis en grande difficulté, il est important que des concertations entre les différents thérapeutes, les parents et les enseignants soient régulièrement réalisées pour mettre en œuvre les adaptations nécessaires.
Dyspraxie développementale Prise en charge Outils adaptés: bord d’assiette, couverts, crayon, lutrin, … Spécialistes: kiné, ergo, logo, neuropsy, ophtalmo, neurologue, médecin généraliste, … PARENTS Certains traitements restent controversés, pour les mêmes raisons que la définition, le diagnostic, … et ne font pas encore l’objet de consensus
Dyspraxie développementale et scolarité Devant face au tableau Outils d’aide à la lecture (surlignage), latte spéciale, méthodes d’apprentissage spécialisées en lecture (par exemple méthode syllabique sonore) « Oralisation » de l’orthographe Support A3, Arial 14 Eviter le recto/verso Limiter le graphisme (« secrétaire » par exemple) Supports informatiques de certains manuels scolaires (Eureka par exemple) Utilisation du PC pour le graphisme, utilisation de certains logiciels particuliers comme par exemple des logiciels d’aide à la lecture
Dyspraxie et études secondaires d’après M Mazeau Limiter les orientations « à risque » et favoriser les branches littéraires Limiter la prise de notes: pq ? comment ? (pc, photocopies, magnétophone, …) Être exigeant à l’oral Tolérer les échecs dans les matières « à risque » comme les maths, la géométrie ou la géo; éviter les cartes, schémas, utiliser des logiciels spécialisés … L’aider dans sa gestion et dans son organisation des travaux, des matières, des documents, …(famille, tutorat, secrétaire, …) Dissocier raisonnements et calculs numériques
Dyspraxie et secondaires, d’après M Mazeau Descriptions verbales très précises Calculettes et programmes informatisés spécialisés Eviter le redoublement lié exclusivement aux mathématiques Eviter l’éparpillement de l’information L’aider dans la lecture (surlignement, relire avec lui, logiciels d’aide à la lecture, …)
Sommaire Introduction Définition Cadre théorique Description clinique Diagnostic Comorbidités Traitements Pronostic Conclusions
Pronostic ? Les troubles persistent et l’enfant, l’adolescent puis l’adulte va devoir mettre en place des méthodes de compensation Troubles des apprentissages: lecture (perception), graphisme, attention, mathématiques (perception, visuospatial) Différentes études montrent que ces enfants ont un devenir scolaire moins élevé que les enfants qui n’en sont pas atteints Une étude montre que les garçons auront plus tendance à développer une obésité
Sommaire Introduction Définition Cadre théorique Description clinique Diagnostic Comorbidités Traitements Pronostic Cas clinique Conclusions
Dyspraxie - « Take home message » Tableau clinique hétérogène, controversé, ayant grand besoin de modèles cognitifs spécifiques à l’enfant afin de clarifier le tableau clinique, le diagnostic, le pronostic, et les traitements et adaptations à mettre en place Enfant intelligent, capable de réussites à condition d’être soutenu et de bénéficier d’adaptations adaptées à ses besoins, et aux objectifs fixés par l’ensemble des protagonistes Exclure des troubles praxiques secondaires Rechercher les comorbidités Enfant, parents et école doivent être des partenaires à part entière Importance de l’interdisciplinarité
Démarche diagnostique : recommandations EACD Blank R et al EACD 2012, Dev Med & Chil Neurol 03/10/2015
Démarche diagnostique : recommandations EACD Blank R et al EACD 2012, Dev Med & Chil Neurol 03/10/2015
Traitement: indication, plan, interventions, évaluation 03/10/2015
Vous pouvez aussi lire