Expositions Vie des arts - Érudit

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Expositions Vie des arts - Érudit
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Vie des arts

Expositions

Volume 30, numéro 119, juin–été 1985

URI : https://id.erudit.org/iderudit/54150ac

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Éditeur(s)
La Société La Vie des Arts

ISSN
0042-5435 (imprimé)
1923-3183 (numérique)

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Citer ce compte rendu
(1985). Compte rendu de [Expositions]. Vie des arts, 30(119), 72–79.

Tous droits réservés © La Société La Vie des Arts, 1985                Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des
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                                                                       Cet article est diffusé et préservé par Érudit.
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                                                                       l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à
                                                                       Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche.
                                                                       https://www.erudit.org/fr/
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chrysalide et cocon, nid ou ca-
EXPOSITIONS                                                                                                                      veau...
                                                                                                                                    S'en extraire pour danser, à la
                                                                                                                                 manière des grands oiseaux, dans
MONTREAL                                                                                                                         une prodigalité de plumes («Pro-
                                                                                                                                 gressivement, j'ai orienté mon ac-
                                                                                                                                 tion vers une célébration»2), avec le
LES STRATAGÈMES                                                                                                                  bruit vif, impatient et sec des ailes
D'ANDRÉ BLOUIN                                                                                                                   frappant la terre brûlée, mais non
   Coiffes Indiennes froissées,                                                                                                  sans un doute rétrospectif, habi-
nids, larges coups d'ailes, gerbes                                                                                               tuellement repoussé; le plus sou-
d'herbes dures, humides; plumes                                                                                                  vent surmonté, on l'a dit.
robustes, danses tribales, rien de                                                                                                  Mais n'insistons pas outre me-
strictement figuratif pourtant, si-                                                                                              sure sur les symboles. André
non quelque silhouette de chien au                                                                                               Blouin a pleine confiance au pou-
repos... André Blouin exposait1, en                                                                                              voir salvateur de la peinture et
février dernier, une dizaine de toiles                                                                                           d'elle seulement; il sait traquer la
exécutées depuis l'automne. Les                                                                                                  couleur, jalouse de ses puissances
crises et les transes de son pin-                                                                                                encore inexprimées, et la sortir de
ceau nuptial et belliqueux cher-                                                                                                 ses retranchements pour la pro-
chent à nous persuader que, si l'art                                                                                             duire au jour. Couleur de daim
est un leurre, il n'en reste pas moins                                                                                           mouillé; oranges et rouges d'au-
recommandable absolument.                                                                                                        tomne intenses, où la blancheur
                                                                                                                                 soudain, crée des effrois de lu-
   Un stratagème, dirait Blouin. Il
                                                                                                                                 mière. On sent qu'il y a eu, sur la
est ici question de prédateurs et de
                                                                                                                                 table rituelle, des luttes, des be-
proies - d'appâts aussi - , et les uns                                                                                           soins irrépressibles de culbuter les
comme les autres tentent de                                                                                                      structures rigoureuses, et l'artiste
confondre leurs antagonistes. Non               ment où l'art procure de telles sa-      1. André BLOUIN Mutation et envol,
                                                                                            1985. Acrylique sur toile;           s'est interrompu avant que ne
à proprement parler une théma-                  tisfactions, est à l'origine de tels
                                                                                                                                 flanche l'équilibre. Il y a là fran-
tique, mais plutôt des phéno-                   affranchissements, qu'il faut re-           101,6 cmx121.
                                                                                                                                 chise, offrande et feu. Il y a là tem-
m è n e s , des m é t h o d e s de              connaître qu'on s'est peut-être mé-      surface, et c'est d'après, avec ou
                                                                                                                                 pérament.
camouflage, sans duperie toute-                 pris naguère sur l'utilité de la mort.   contre lui que se cambre le phéno-
fois: «D'une certaine façon, l'exé-                Souvent un rectangle (ou seule-       mène, cette touffe de traits et de
                                                                                                                                 1. A la Galerie Alliance, de Montréal, du 6 fé-
cution de cette série de toiles est             ment une trace de rectangle) à           couleurs expansifs. Règle géné-            vrier au 1er mars 1985.
elle-même un stratagème». Jamais                l'horizontale ou à la verticale, oc-     rale, l'écheveau bondit hors de ce      2. In Cahiers 19.
vain, cependant: il arrive un mo-               cupe le quart, parfois le tiers de la    rectangle, à la fois incubateur,                           François TÉTREAU

UNE PEINTURE D'INTUITION AUX COULEURS D'AMÉRIQUE                                         nudé une piste meurtrière de clair-     sente une femme teintée de blanc,
                                                                                         obscur. C'est dans la subtilité de la   aux contours charnels agrandis de
Ma nouvelle vie québécoise est fantastique et le bonheur de peindre,                     mutation extériorisée que disparaît     pourpre et de rosé. Elle pose et mi-
présent dans mon quotidien.                           (Yvone Duruz)                      à tout jamais la magie de l'amour.      roite devant le regardeur par l'in-
                                                                                         Duruz d é m y t i f i e le classique    termédiaire d'une énorme coupe
                                                                                         Love Story d'Amérique et peint          de crème glacée à cinq boules, gé-
    D'origine Suisse, Duruz habite                  La mutation sujet-objet cache le     l'impossible contact de ces per-        néreuse et dégoulinante de cara-
le Québec depuis quatre ans. Ar-                thème d'inspiration et dévoile dans      sonnages d'Harlem glaciaux, au          mel. C'est une œuvre à lecture
tiste renommée, sa peinture trans-              l'imaginaire de l'interprète des af-     regard dur, un soir de crépuscule.      multiple. Se complètent: le silence,
pire une liberté nourrie au contact             finités multiples par rapport à l'his-      L'apparition des étoiles, des cor-   l'expression d'un réalisme senti, un
de la jeunesse. Peintre graveur et              toire de l'être. La non-couleur          nets de crème glacée, des micros,       code d'esthétique intelligible et une
écrivaine, Yvone Duruz exprime                  sépare des espaces bidimension-          laissent une note humoristique qui      grande créativité. «La dualité dans
d'une façon consciente les mille et             nels aux formes érodées, blan-           équilibre les tensions. Le réel ne      la lutte de cette série de toiles,
une facettes cachées de la vie mo-              chies et sans artifice. Seuls, les       serait-il pas dans l'illusion éphé-     prend sa source grâce à l'impor-
d e r n e dans son é v o l u t i o n            couleurs métalliques et les rouges       mère de la vie? Elle manifeste les      tance des médias. Ces informa-
précipitée1.                                    indiquent le drame.                      plaisirs: America, une chaleur de       tions dé p e r s o n n i f i e n t les
   La nature violente des rouges                    L'architecture d'environnement       volupté féminine. Cette toile repré-    individus», explique Yvone Duruz.
agresse des personnages et les                  est dégrossie grâce à de fortes
métamorphose. Cette manière de                  teintes bleutées qui contournent
représenter les affections sociales             ces personnages lunaires. Un si-
se qualifie d'archétype. La roboti-             lence nocturne cache le drame
sation de l'être humain est, ici, éla-          d'où surgit une agitation froide ou
borée par la danse fantomatique.                chaude suivant le chromatisme de
Se manifeste et s'articule à parts              la toile.
égales l'anonymat de ces corps à                    Dans le triptyque Spotlight, de
l'état primitif dans leurs ombres               grands mouvements obliques,
renversées.                                      rouges et blancs, s'acharnent à
   Que ce soit dans Spotlight, dans             voiler la lecture. Ils ondulent et
Love Story ou dans America, l'exu-              marquent le temps d'une transfor-
bérance, l'individualisme et le ca-             mation. Tant de jour que de nuit,
ractère revendicateur de ces êtres              des personnages s'entrelacent,
dénudés, soulignent le geste spon-              pataugent sur des fonds dégarnis
tané du peintre. La juxtaposition de            et luttent d'une façon féroce. Leurs
zones de peinture brute s'oppose,               visages se définissent dans
dans ces toiles, au traitement des              l'ombre où seuls des yeux aux
couleurs en aplat, d'apparence                  contours souples et discrets sont
crues et nettes. L'espace exploité              évidents. Les mains, prolonge-
des corps tordus par l'émotion dont             ment de bras ouverts, visibles seu-
le cycle extérieur-intérieur nous               lement par la mutation de l'ombre,       2. Yvone DURUZ
ramène à la consommation sen-                   servent d'appui afin de mettre en          Love Story, N° 8,
s o r i e l l e , n ' e s t - e l l e pas une   évidence cette lutte acharnée.             1984.
manifestation de notre société au               Dans Love Story, les six mains             Acrylique sur toile;
cadre social presque inexistant?                rouges tracent sur le rivage dé-           121 cmx 92.

72
Expositions Vie des arts - Érudit
Les dernières œuvres, Ritual 1 et     riques avec une adresse surpre-                 ses réflexions sur la photographie              grille; ou encore celui-ci debout de-
2, trouvent un compromis par rap-        nante. Ils soulèvent leurs jupes                et sur le métier d'artiste (de l'ar-            vant une clôture, le nez humant
port à cette réalité sociale. Les fan-   étoilées au rythme d'une musique                tiste?). Quant aux œuvres de Ru-                l'air. Dans les dessins, nous repé-
tômes revêtent un habit de               inconnue de Broadway.                           wedel, il nous est difficile de croire,         rons aisément des éléments appa-
protection argenté, symbole d'une           L'omission de certains thèmes                en 1985, au regard moderne, clair               raissant en sculpture: le chien
lumière réfléchie. Plus verticaux,       qui ont référence à l'histoire pré-             et objectif qu'il pose sur les jardins          dessiné devant une fenêtre où l'on
les personnages se dédoublent en         sente ici une caractéristique évi-              et sur les salles de cinéma, alors              voit un soleil couchant est égale-
mutants. Les jaunes prennent             dente. Le renouveau de la palette               que notre environnement social                  ment exécuté en terre et des élé-
place et l'expression des blancs         d'Yvone Duruz ne fait qu'augmen-                nous confronte quotidiennement à                ments de l'environnement dans
annule le temps de la revendica-         ter la tentation de la suivre dans sa           plus de subjectivité et de confu-               lequel il est représenté serviront de
tion. Leur danse est splendide,          démarche artistique.                            sion.                                           piédestal à une autre sculpture.
froide et méditative. Le corporel                                                            Bien que séparées par un es-                    L'utilisation du dessin par l'ar-
abdique, le combat est autre.            1 A la Galerie Art 45. du 13 mars au 10 avril   pace idéologique, ces deux propo-               tiste rend caduque la traditionnelle
                                           1985.
   Ces mirages armés contre tout                                                         sitions ont néanmoins un point                  aliénation de celui-ci par la pein-
assaut extérieur prônent les Amé-                          Stella SASSEVILLE             commun, qui est celui de leur lieu              ture et la sculpture. Ayant long-
                                                                                         de diffusion: Vespace de la galerie             temps été perçu comme étude
                                                                                         où elles sont exposées.                         préparatoire, il est ici juxtaposé aux
MARK RUWEDEL ET                                                                              Il est quelque peu ironique de              autres moyens d'expression dans
                                         tographiques en noir et blanc d'amis                                                            une partielle autonomie. Par le re-
CHARLIE MURPHY                           et d'amies de l'artiste, d'objets               constater que les photographes de
                                                                                         diverses tendances doivent s'ins-               cours à la couleur et au grand for-
    L'exposition récente des tra-        trouvés, de bas-reliefs en plâtre et                                                            mat, Suzanne Gauthier confère à
                                                                                         crire, pour assurer leur crédibilité
vaux photographiques de Mark             de matériaux pauvres: agrafes, po-                                                              son dessin le statut de tableau en lui
                                                                                         artistique, dans ce lieu maintes fois
Ruwedel et de Charlie Murphy 1 ,         lyester, bois pressé.
                                                                                         décrié, tant par les uns que par les            conservant la trace du travail de la
met en relief d'une façon particu-                                                       autres, qu'est la galerie d'art, là où          main de l'artiste et les couleurs at-
lièrement saisissante, Vespace qui                                                       la photographie reprend ce que                  ténuées qui lui sont propres. Avec
sépare ces deux pratiques photo-                                                         Walter Benjamin croyait qu'elle                 les pièces de terre, le travail au
graphiques, exemplaires par cer-                                                         avait définitivement perdu: son                 crayon sur papier établit un dia-
tains de leurs aspects, de la                                                            aura.                                           logue constant où il importe peu de
photographie actuelle.                                                                                                                   savoir lequel est en conformité
    Mark Ruwedel, qui est originaire                                                     1 A la Galerie Dazibao, du 9 janvier au 3 fé-   avec l'autre. Chacun des moyens
des États-Unis, nous présentait, à                                                         vrier 1985.                                   fait voir une interprétation diffé-
cette occasion, des images de jar-                                                                           Michel GABOURY              rente du motif mais aucun n'a la
dins et de façades de salles de ci-                                                                                                      prétention d'en atteindre la vérité.
néma. Ses photographies en                                                                                                                Les dessins-peintures créent en
couleur, réalisées avec une ca-                                                          SUZANNE GAUTHIER                                couleur une certaine illusion d'es-
méra de grand format (qui permet                                                                                                         pace; la sculpture s'affirme davan-
                                                                                            Suzanne Gauthier, une artiste                tage en coincidence avec notre
d'obtenir des images de haute dé-
                                                                                         originaire de Winnipeg, est connue              espace réel. L'œuvre ouverte
finition) soulignent certaines ca-
                                                                                         depuis peu sur la scène artistique              laisse chacun des différents types
 ractéristiques modernes que l'on a
                                         3. Mark RUWEDEL                                 montréalaise. L'année dernière,                 de représentation juxtaposés
attribuées à la technique photogra-         Coliseum, Seattle, 1984.                     elle exposait à la Galerie Interac-             comme fragments autonomes. Ils
 phique. Par exemple, sa capacité
                                                                                         tion des assemblages de terre                   s'exhibent tour à tour comme lieu
de reproduire tous les détails d'une     4. Charlie MURPHY
                                            Aunt Wawi In My Mother's Kitchen,            combinant des formes biomor-                    convoquant le spectateur comme
scène, ou encore, pour reprendre
                                            1984.                                        phiques de toute sorte. Cette                   spectateur, chacun à sa manière
 une expression de Jean Baudril-
                                            Photographies, plâtre et peinture;           a n n é e , dans le c a d r e d ' u n e         propre.
 lard, de rendre «plus que visible, le
                                            71 cm 1 x68,6.                               installation de dessins et de sculp-
visible».

                                                           5. Suzanne GAUTHIER
                                                              (Phot. R.S. Diamond)
   Ce type d'images nous propose            Ces diverses manipulations pic-              tures intitulée Black and White to                 Dans les œuvres sur papier, là
par ailleurs, une reproduction de la     turales permettent à l'artiste de re-           Full Colour1, l'artiste expérimente             où d'autres réutilisent des motifs
réalité exempte d'aspérités ou de        prendre, d'agrandir et de réfléchir             les possibilités d'expression de ces            abandonnés par l'histoire de l'art,
poussières, aussi bien sur la sur-       ces portraits, dans un contexte                 deux formes d'art en faisant inter-             Suzanne Gauthier choisit de repré-
face de l'image que sur Voptique         photographique élargi, où l'on re-              venir un répertoire d'images tirées             senter encore des scènes fami-
qui la met en scène.                     trouve des concepts théoriques                  des menus gestes des chiens en                  lières de la vie urbaine impliquant
   Rien ne vient donc troubler la ra-    comme ceux de la chambre (noire),               milieu urbain. Elle dépose huit                 des chiens. Ce motif très anthro-
tionalité de ce processus photogra-      de la fenêtre (qui encadre), du mi-             sculptures d'argile cuite sur le                pomorphique est retiré de son
phique, ni la tranquillité de son        roir (qui reproduit), ou encore de la           plancher, au centre de la galerie, et           contexte initial, puis l'artiste le ré-
thème préféré, le paysage naturel        perspective. Ces œuvres inti-                   accroche sur les murs, de chaque                pète pour conserver sa puissance
ou urbain, figé par l'obturateur de      mistes sont aussi un rappel trou-               côté, neuf grands dessins colorés.              d'évocation. Sa récurrence dans
l'appareil photographique.               blant (par les matériaux, par les               Une pièce de céramique abstraite                toute la nouvelle peinture figura-
   Les grands collages sur bois de       intérieurs, par la façon) de la pau-            à une extrémité et un tas d'ordures             tive ne fait qu'ajouter à son expres-
Charlie Murphy ne prétendent             vreté économique des provinces de               très stylisées à l'autre encadrent              sivité potentielle. La figuration n'est
guère, quant à eux, à une précision      l'Atlantique, d'où Murphy est origi-            une série de six chiens sommaire-               donc pas le but premier de ces
visuelle ou encore à une surface         naire.                                          ment mis en situation par leur base             œuvres; elle sert plutôt comme
lisse, exempte d'aspérités, puis-           De ces deux attitudes esthé-                 respective: un chien, la patte haute,           motif qui canalise l'énergie et
qu'ils sont réalisés à partir d'un       tiques, celle de Charlie Murphy est             urinant au pied d'un escalier, un               anime la toile d'un dynamisme ex-
amalgame bricolé de portraits pho-       sans doute la plus intéressante par             autre menaçant, placé devant une                 pressif. Nous pourrions en dire de

                                                                                                                                                                             73
Expositions Vie des arts - Érudit
même de la gestualité, du travail de            primer complètement ou encore                 façon spontanée sur une toile non
la couleur: ces éléments picturaux              problème à trouver un mode d'ex-              montée, qui se juxtapose sur une
agissent comme carrefour dans                   pression original. L'ensemble du              autre aux symboles différents.
une image construite de motifs. Ils             travail fait penser à une période             L'effet s'accorde bien au thème
aménagent et complexifient le ré-               naive, comme un enfant qui décou-             proposé. Le néo-expressionnisme
seau des renvois et des appels, di-             vrirait la culture, les couleurs et le        a ses adeptes ainsi que le hard
rigent la visibilité et simultanément           reste, et qui veut jouer avec tout à          edge et l'abstrait lyrique.
la lisibilité pour solliciter le specta-        la fois. Mais cette façon d'utiliser             L'exposition démontre surtout
teur d'une façon obligatoirement                toutes sortes de références produit           l'ouverture d'esprit du directeur sur
active et dynamique. La surface,                une œuvre sensible et poétique et,            le plan esthétique et permet d'au-
liant de ce tout fragmenté, est ani-            finalement, intensément person-               gurer une carrière intéressante
mée d'une énergie toujours cou-                 nelle.                                        pour cette nouvelle galerie.
lante et changeante qui entraîne le
                                                1. Son exposition a été présentée au Centre   1. Présentée à la Galerie John A. Schweitzer,
regard du spectateur â la re-                      Saidye Bronfman, du 10 janvier au 14 fé-      qui occupe le local de l'ancienne Galerie
cherche d'une réponse impossible                   vrier 1985.                                   France Morin, du 13 janvier au 8 février
                                                2. Catalogue Paris-Couleur-Montréal, p. 21.      1985.
et sans importance...
                                                                 Hedwidge ASSELIN                               Hedwidge ASSELIN
1. A la Galerie Articule, du 30 janvier au 17
   février 1985.                                                                                                                              8. S i m o n PANTIN I
                                                                                               7. Vue partielle de l'exposition
                                                                                                  Impulsion totémique.                           Sucrier, 1715-1716.
                     Marie PERRAULT
                                                                                                                                                 Argent.
                                                                                                                                                 Don de M m e Henry P. Markey.

BERTHA SHENKER
                                                                                                                                              lignes bien simples répondant au
   Jeune artiste montréalaise, di-
                                                                                                                                              penchant naturel des Anglais pour
plômée de l'Université Concordia,
                                                                                                                                              le dépouillement, et qui sut s'im-
Bertha Shenker1 participe à cet in-                                                                                                           poser tout au long du dix-huitième
térêt nouveau des peintres pour le                                                                                                            siècle.
tableau anecdotique. Il s'agit du re-
                                                                                                                                                 Aidés par la prospérité grandis-
jet du formalisme au profit d'un art
                                                                                                                                              sante de la nouvelle aristocratie, à
figuratif au contenu dramatique. La
                                                                                                                                              l'affût des nouveautés, les artisans
toile devient un constat ou un
                                                                                                                                              huguenots connurent un grand
commentaire sur les problèmes so-
                                                                                                                                              succès - malgré un boycottage des
ciaux ou politiques actuels.
                                                                                                                                              orfèvres anglais - , dû également
                                                                                                                                              au style qu'ils préconisaient ainsi
                                                                                                                                              qu'à leur habilité technique remar-
                                                                                                                                              quable. Leur esthétique reposait
                                                L'IMPULSION TOTÉMIQUE                                                                         sur un agencement de formes de
                                                   L'Impulsion totémique: la tradi-           L'ARGENTERIE HUGUENOTE                          base: le balustre, forme ronde, oc-
                                                tion continue est une exposition qui             Il est assez rare d'avoir le plaisir         togonale ou hexagonale, forme
                                                tente de réunir sous ce thème les             de voir une exposition d'art déco-              agencée, moulée, coulée et déli-
                                                travaux récents de dix-huit artistes          ratif au Musée des Beaux-Arts de                catement ciselée avec de fines
                                                de Montréal, Toronto et New-York1             Montréal. Car les arts dits mineurs             moulures en courbes de cymes ou
                                                et qui veut illustrer une récapitula-         ont proportionnellement droit aux               de grecques. Comme la plupart
                                                tion de l'énergie primordiale à l'ori-        cimaises. Quel dommage! Puisque                 des surfaces étaient plates et dé-
                                                gine du picturalisme. Selon le                le secteur des arts décoratifs, au              pouillées, elles permettaient de ci-
                                                directeur de la Galerie, les artistes         sens large, est peut-être l'une des             seler les chiffres et les armes des
                                                s'inspirent de sources aussi di-              formes d'art, avec l'architecture,              familles qui acquéraient ces
6. Bertha SHENKER                               verses que l'anthropologie, la my-            qui fait le plus partie intégrante de           pièces. Les inscriptions pouvaient
                                                thologie, le surréalisme. Les styles          notre quotidien.                                être faites par d'autres corps de
    Les paysages urbains sont des               vont de l'interprétation littérale du            Pour cet intermède, le conser-               métier comme les graveurs, ce qui
masses de couleur lumineuse, cer-               motif du totem jusqu'aux défini-              vateur des arts décoratifs, Robert              eut pour effet de faciliter l'indus-
nées de contours sombres qui for-               tions sublimées ou transcendées               Little, nous propose, au chapitre               trialisation et d'amener, par une
ment une structure uniquement                   de cet instinct primitif.                     des petites expositions didac-                  plus grande communication entre
composée de surfaces, parfois de                   Les artistes sont Pierre Belle-            tiques Au fil des collections, Argen-           les artisans, de nouveaux registres
surfaces qui se heurtent violem-                mare, Liliana Berezowsky, John                terie huguenote: le style dépouillé'1,          de formes.
ment. La représentation de l'es-                Heward, R. Schuyler Lake, David               et ce, afin de mieux mettre en va-                  Parmi les objets présentés, fi-
pace fait défaut, les motifs sont in-           Moore, Daniel Oxley, Kenneth M.               leur et de faire connaître une mince            gurent des pièces utilitaires alors
terchangeables à volonté. Leur                  Peters, Richard Roblin, Michael               partie de la magnifique collection              en pleine vogue, comme de belles
forme résulte d'une synthèse entre              Smith, Françoise Sullivan, de Mon-            d'argenterie ancienne que pos-                  boîtes à thé aux lignes sobres, des
les impressions que suscite le                  tréal, Paterson Ewen, Victoria                sède le Musée, malheureusement                  plateaux sur pied, de magnifiques
monde extérieur de l'artiste.                   LeBlanc, Ted Rettig et Judith                 présentée dans un espace trop                   c a f e t i è r e s , chocolatières et
    «L'architecture joue un rôle im-            Schwarz, de Toronto, et Nene                  exigu.                                          théières, dont une par William
portant comme élément histo-                    Humphrey, Nancy Smith, Joseph                    Les objets présentés regroupent              Spacman. L'exposition regroupe
rique; c'est un symbole du temps                Szilva et Brian Wood de New-York.             de fins exemples d'un style dé-                 quelques vingtaines de pièces des
qui ne bouge pas, c'est là la ratio-               Les sculptures, en général, qui            pouillé faisant opposition à la sur-            artistes les plus représentatifs de
nalité parmi les émotions qui sont              respirent bien dans cet espace, tra-          charge décorative qui avait alors               ce style dépouillé, qui connut sa
toujours changeables»2. Une tour                duisent de façon plus heureuse le             cours en Angleterre. Après la ré-                plus grande vogue entre 1700 et
revient dans plusieurs images.                  thème invoqué. A noter particuliè-            vocation de l'Édit de Nantes, plus               1730.
Pour l'artiste, elle symbolise la               rement VAIthear de Berezowsky,                de 400,000 huguenots 2 durent                       Malgré une présentation sobre
pensée prisonnière de la boîte crâ-             qui représente un lieu habitable re-          trouver exil en Hollande et en An-              et de bon goût allant dans le sens
nienne, ouverte ou présente au                  posant sur trois minces pattes trai-          gleterre, et, parmi eux, plusieurs              des nouvelles tendances de la mu-
monde extérieur par ses fenêtres                tées différemment. Le lieu a des              maîtres de métiers rapportèrent de              séologie, il est cependant regret-
que sont les sens de l'odorat, la               réminiscences de structures an-               France cette tendance au dépouil-               table que les présentoirs nous lais-
vue, l'ouïe et le goût.                         ciennes. Le Palmyra de Joseph                 lement. Revalorisant cette esthé-               sent voir tous les fils électriques,
     Le monde extérieur qu'elle dé-             Szilva est compose de deux écus               tique de la sobriété, où la forme               chose qui aurait pu être corrigée
crit est peuplé de somnambules,                 patines bronze qui ont une réson-             parle par la ligne et non plus par              par des vitrines plus hautes d'une
ponctué d'oiseaux sombres, sous                 nance africaine.                              une accumulation d'ornements et                 dizaine de pouces seulement.
 un ciel orageux. Un monde de so-                  Côté peinture, l'œuvre de John             de bosselages qui font oublier la
 litude et de références. Références                                                          nature première de l'objet. Pour les            1. Du 28 février au 2 juin.
                                                Heward Untitled (Maskpiece) est la                                                            2. Les estimations vont de cent cinquante à
                                                                                              huguenots, la forme doit être utili-
 à un corpus pictural historique                plus intéressante. Un cercle, un tri-                                                            quatre cent mille.
                                                                                              taire et son exécution s'allie à des
 comme si il y avait timidité à s'ex-           angle et un carré sont disposés de                                                                           Martin-Philippe CÔTÉ
74
Expositions Vie des arts - Érudit
il place des objets miniatures            une multitude de branchettes im-
                                                                                              commémorant la mort de Louis Riel         mobilisées dans un socle de béton.
                                                                                              (The Sting of the Wasp: Requiem for          Sauf en ce qui concerne Ross,
                                                                                              Louis Riel): une croix à laquelle il      tous les artistes ont remarquable-
                                                                                              ajoute un gibet, un cercueil rempli       ment soigné l'exécution et la fini-
                                                                                              de grains, un coffret renfermant          tion de chacune de leurs pièces, ce
                                                                                              une médaille de saint Christophe,         qui nous ramène à la tradition his-
                                                                                              deux hampes au bout desquelles            torique de la sculpture et nous
                                                                                              flottent les drapeaux britannique et      éloigne des ready-made de Du-
                                                                                              québécois. Deux de ces œuvres             champ, soit de la remise en ques-
                                                                                              sont déjà très représentatives des        tion de l'artiste comme artisan et du
                                                                                              convictions sociales de l'artiste:        questionnement du statut de l'ob-
                                                                                               son engagement envers les dému-          jet d'art. Le déplacement en de-
                                                                                               nis, les travailleurs manuels et         hors du champ de l'art s'effectue
                                             9. Céline B A R I L
                                                                                               autres victimes du système.              aussi chez Sawchuk, alors que
L HISTOIRE DE LA CRÉA TION                      Une histoire de la création, 1984.
                                                Installation.
DE CÉLINE BARIL
    Une Histoire de la création, ra-           Fiction de la réalité ou réalité de
contée par Céline Baril, est certai-        la fiction? L'exposition de Céline
nement une drôle d'histoire1. C'est         Baril me semble poser un pro-
une installation qui interroge sous         blème tout à fait actuel: la tension
plusieurs aspects le moyen d'ex-            entre le politique et le poétique.
pression photographique comme               Dans cette Histoire, les deux ins-
véhicule idéologique. L'artiste a           tances cohabitent et entrent par-
installé cinq photographies à l'ex-         fois en conflit mais suscitent le
térieur de la Galerie. Quatre d'entre       questionnement. Entre l'intérieur et
elles sont placées à l'extérieur des        l'extérieur, entre l'objectif et le sub-
fenêtres tout autour de la Galerie et       jectif, pas de juste milieu mais une
sont visibles de l'intérieur. La cin-       friction d'où surgit le sens de
quième fait face à la rue, sur le           l'œuvre.
b a l c o n . L ' a c c r o c h a g e est
                                            1. A la Galerie Appart', du 7 novembre au 1er
particulièrement signifiant: les               décembre 1984. Cette installation s'inspire     10. Direction Est chez Optica: En haut: Tommie GALLIE Sans titre, 1985.
photos sont accrochées à la base               d'Une histoire de la création de l'auteur de        au mur et au sol: Marcel GOSSELIN Passage, 1983. et
                                               l'article.
de la fenêtre, et ce que l'on voit          2. L'exposition Le Musée des sciences par             Mirador, 1983-1984. (Phot. D. Farley)
alors est une portion du paysage               Lyne Lapointe, Martha Fleming et Monique
                                               Jean, février 1984, en a démontré plusieurs       Rick Ross et Tommie Gallie of-         Johnson et Gallie s'intègrent aux
urbain encadré. Cette série cein-              aspects. Voir aussi l'article de Pierre
ture en quelque sorte l'installation,          Boogaerts, Perspectives, photographie          frent un message plus léger et,           courants de l'art contemporain.
                                               et encadrement, dans Parachute, N° 30,         dans le cas de Gallie, la métaphore       Quant à Iveson et Gosselin, l'un est
elle instaure des intervalles, bri-            p. 33-41.
sant ainsi la narration qui risque de                                                         est architecturale. Deux petites          peut-être trop littéral et l'autre trop
devenir prédominante.                                        Chistiane GAUTHIER               sculptures sont placées dans des          méthodique pour avoir une grande
    Cette Histoire de la création est                                                         endroits stratégiques (un coin de         portée, du moins dans les œuvres
organisée sous la forme de sta-                                                               fenêtre et entre deux avancées du         présentées.
                                            VENT D'OUEST                                      plafond), comme si elles étaient
tions où se côtoient les person-
                                                                                              des supports structuraux: ce sont         1. Présentée à la Galerie Optica, du 29 janvier
nages de Dieu et de Napoléon.                   Comme on pouvait s'y attendre,                                                             au 23 février 1985.
Dieu est représenté par une pho-            le bois est à la fois le thème et le              des tiges de bois flexibles, cour-
tographie de la tête d'une statue:          matériau principal, le concept et le              bées sous la pression des blocs de                            Pascale BEAUDET
un patriarche au regard fou-                contenu de l'exposition Wood of                   bois qui les enserrent. Rick Ross
droyant. Accrochée très près du             the West/Direction Est, dont les ar-              combine un dessin et sa réalisation
                                            tistes viennent de la Plaine et de la             concrète, soit une patère (une            SIMONIN
plafond, elle domine le spectateur.
Napoléon figure sous l'aspect d'un          Colombie-Britannique1.                            branche peinte en blanc) à laquelle       LES FILMS INTÉRIEURS
jouet miniature photographié avec               Robert Iveson présente deux                   est accrochée un chapeau rouge...         D'UN DESTIN
une lentille «macro». De l'agrandis-        objets dont l'un est de facture plus              en bois.                                          Ce jeune garçon pauvre qui
sement, résulte un flou, une sorte          artisanale qu'abstraite (A Step Clo-                 Terence Johnson expose aussi               tient un jeune chien à peine né
d'inflation de l'image faisant écho         ser/Un pas ensemble), et composé                  un dessin et sa matérialisation, ce        dans ses mains et penche sa joue
peut-être à la fascination exercée          de planches vernies fixées sous un                qui semble être la carène d'un na-          vers lui (Kertész, 1928), regarde
par le personnage historique. La            panneau central par des boulons,                  vire. Toutefois, les sculptures et les           l'objectif de ses yeux tristes,
place occupée par la représenta-            eux aussi en bois. Son autre                      dessins, très épurés, sont proches             jaloux, peureux... En fait, il ne
tion de Napoléon mérite qu'on s'y           œuvre, Harrows, exclusivement en                  de l'art conceptuel (ce n'est pas                   regarde rien; il retient vers
attarde. Manifestement, Céline Ba-          bois elle aussi, est formée de                    tant de la navigation marine que de         le dedans son amour et sa peur;
ril a choisi deux représentants qui         quatre sections faites de plan-                   la céleste dont il est question). Un                     c'est cela, le Regard.
incarnent fortement l'image du              chettes entrecroisées, posées sur                 lien physique est créé entre le des-                          (Roland Barthes,
père. Je dois dire que j'ai été frap-       le sol, s'apparentant soit à une                  sin et l'objet (contrairement à Rick                        La Chambre claire)
pée par l'ampleur donnée à la re-            herse, comme son nom l'indique,                  Ross): le support des bateaux est
présentation de l'homme au sein             soit aux rideaux de fer qu'utilisent              placé entre les deux dessins et des           Par bonheur, pourtant, qu'est-
de l'exposition. Dans la majorité           certains magasins. La démarche                    traits de craie indiquent l'axe où les       ce l'être? - Il est que des façons
des œuvres, il y a une prédilection         d'Iveson (s'inspirer plus ou moins                poser.                                      d'être, successives. Il en est au-
pour le motif de la tête et elle est,       exactement d'un objet utilitaire, le                  Enfin, Marcel Gosselin se sert de       tant que d'objets. Autant que de
dans la plupart des cas, détachée            recréer en changeant de matériau                 matériaux fragiles pour signifier la                battements de paupières.
du corps. Au delà de la dichotomie          et le rendre inutilisable, c'est-à-dire           fuite du temps, la vie et le déclin des                         (Francis Ponge,
corps/esprit, il faudrait peut-être          le transformer en objet d'art) s'in-             choses. Sa manière nous renvoie                        L'Atelier contemporain)
voir la coupure effectuée par le rec-       verse chez George Sawchuk, qui                    aux gestes physiques de la cueil-            Vouloir dire l'œuvre de Francine
tangle photographique: mutilation            incorpore des objets usuels à l'in-              lette puis de la mise en forme, de la     Simonin, c'est accepter de lever les
du corps. Les similitudes entre             térieur de ses sculptures. Ces ob-                mise en ordre. Dans Passage,              barrières de toutes les nomencla-
l'appareil photographique et les            jets témoignent de la présence                    Gosselin assemble branchettes,            tures formelles qui veulent décrire
armes sont connues. La guerre est           d'un monde extérieur à l'art: celui               papier de riz, peaux très fines, al-      une démarche. Si, dans un premier
une e n t r e p r i s e d ' h o m m e et     de la vie quotidienne. Sawchuk                   lumettes, aiguilles, ampoules mi-         moment, nous aurions pu être
Napoléon2, un militaire dont la re-          équarrit partiellement des troncs                niatures, sur un panneau troué.           amenés à nommer sa trajectoire
nommée n'est plus à faire. Par des           d'arbre et introduit dedans un livre              L'accrochage sur le mur est plus un      par les vocables de l'abstraction ly-
subterfuges, il devient ici la cible         de Lénine (dans New, New Testa-                  rappel pictural que sculptural, ce        rique, rapidement nous avons
d'une caméra, même si l'avène-              ment), ou, dans Granary, une cais-                qui n'est pas le cas pour Aile et         abandonné ces terres de la restric-
ment de la photographie lui est              sette remplie de grains. Autre                   Flèche, branches dont le recouvre-        tion pour n'écouter que les appels
postérieur.                                  manière: il bâtit un autel sur lequel             ment s'écaille, ou pour Mirador,         de sa création.
                                                                                                                                                                                   75
Expositions Vie des arts - Érudit
Dès les débuts de son aventure,         Dressés sur un tabouret ou courbés
nous avons été tentés de la com-          vers le limon, ils errent à la re-
parer à la force d'un Mishima dont         cherche d'un lieu juste où, semble-
le nom signifie littéralement en           t-il, pourraient s'inscrire les bon-
japonais «Trois îles» que nous             heurs de la totalité.
n'hésitons pas à nommer Beauté,                La vie apparaissant comme un
Érotisme et Mort. Car sa quête in-        jeu de colin-maillard où l'on tâ-
terroge l'absolu et répond à un cri       tonne dans les sentiers obsédants
essentiel. Que ce soit à travers le       d'un questionnement infini, l'on
Primordial Final, les Circuits inté-      n'est point étonné que l'artiste ait
rieurs, Aires de femmes ou Topolo-        eu besoin de créer par pulsations
gies, Simonin obéit à une pulsion         séquentielles des corps tourbillon-
lointaine des commencements. Si           nants jusqu'au vertige. Pareilles à
l'on songe aux premiers créateurs         un film dont on aurait arrêté chaque
dont l'histoire a conservé une trace      plan, ces images décomposées,
- on pense ici aux grottes de Las-        cette quête anxieuse conduisent là       11. Francine SIMONIN Films d'intérieurs, 1984. Dessin, craie et encre de chine
caux - , l'artiste ici semble avoir re-   où subsiste, au delà des affleure-           sur papier; 80 cm x 120. (Phot. David Steiner)
tenu, de ces élans originels, la          ments du dehors et du dedans, l'in-
puissance du geste.                       tolérable et douloureuse tentation       crets, l'artiste les a décomposés           toiles, à une fête rituelle qu'en-
    Semblable à une mer (mère) de         de s'approcher, de prendre pos-          jusqu'à en faire un présent agrandi.        chantent des couleurs vives. Elle
fertilité1 qui se déploie sur les ri-     session d'autrui. D'un coup d'œil,       Leur déploiement en impressions             ensorcelle les bleus pour faire bra-
vages de l'interrogation, Simonin a       Simonin fait tomber les cloisons de      fugitives presque indéfinissables           mer des corps couchés, enserrés,
écrit à travers son œuvre les signes      l'inconscient; le mouvement le plus      devient un long trait fragmenté qui         créés par son geste vigoureux de
d'une profonde intégrité. Ses Films       fugitif la révèle plus que les para-     rappelle la mémoire littéraire d'un         peintre. A la surface de ces lacs en-
d'intérieurs qu'elle vient récem-         vents de la vraisemblance. Si le         Proust qui essayait «d'aller jusqu'à        diablés, se dessinent des voûtes
 ment de nous présenter 2 , crai-         temps ici devient un courant rapide      ce fond extrême où gît la vérité,           splendides portant l'immensité des
gnent moins les bonheurs de la            qui pousse les intrigues de nos          l'univers réel, notre impression            horizons. Et cet univers nous
séduction. Ces corps qui chantent,        films intérieurs, au regardeur de se     authentique.» Hélas! Ce fond total,         amène à ce mot de Rilke qui pour-
sautent et gambillent, appellent les      servir de ses propres miroirs et des     s'il existait, aurait permis, depuis        rait bien résumer les dernières
 regards de l'intériorité. Si, dans un    reflets qu'il y aperçoit pour tenter     quelques millénaires déjà, que les          œuvres de Simonin: «En une seule
 premier élan, l'on peut y recon-         d'arracher au dessin son mystère.        frémissements angoissés de                  pensée créatrice revivent mille
 naître la fête du mouvement, ces             Au niveau technique, le regard       l'homme s'apaisent dans un si-              nuits d'amour oubliées qui en font
 larges traits campent à la fois ces      de Simonin s'empare à son gré de         lence serein. C'est pourquoi en-            la grandeur et le sublime.»
 divinités de chair et de sang dans       ses modèles, les étire, les aban-        core, l'artiste retourne la terre des       1. Avant de se donner la mort, Mishima écrivit
 une aire de grande solitude. Ces         donne, les pulvérise, les aplatit, les   passés et des présents, fragmente              un grand cycle romanesque, de la nais-
                                                                                                                                  sance à la mort, sous un seul titre La Mer
 êtres esseulés jusqu'à la nudité se      grossit, les comprime pour les obli-     les traits de sa pensée pour y cher-           de la fertilité qui se morcelle en quatre vo-
 prostrent dans des joncs de lignes       ger à lui faire entendre une voix es-    cher quelques instants d'éternité.             lumes: Neige de printemps, Chevaux
                                                                                                                                  échappés, Le Temple de l'aube, L'Ange en
 noires, voire se cambrent pour dé-       sentielle qu'elle s'efforce de               Au delà de ces moments sé-                 décomposition.
 fier la mort. Ces personnages don-       percevoir et qui pourrait bien être      quentiels et fragiles, Simonin a            2. A la Galerie 13, du 7 au 31 mars 1985, ainsi
                                                                                                                                  qu'aux Services Culturels de la Délégation
 quichottesques oscillent souvent         la sienne propre. Pour mieux             dépassé les ombres pour                        du Québec à Paris, en avril 1985.
 entre le sublime et le dérisoire.        comprendre ces mouvements se-            s'abandonner, à travers quelques                                    Normand BIRON

QUÉBEC                                                                                                                         quées et parfois rehaussées au po-
                                                                                                                               choir, les œuvres d'Irénée Lemieux
VERS L'ART ACTUEL                                                                                                              démontrent ostensiblement que
   Quelques-unes des galeries ré-                                                                                              l'art existe en toute chose et que,
centes orientent leurs regards en                                                                                              souvent, il suffit de se pencher pour
fonction de l'art qui se fait, s'ana-                                                                                          le trouver.
lyse ou, tout simplement, existe.                                                                                                  En constante référence avec lui-
   Chez René Bertrand, l'art actuel                                                                 12. Paul LACROIX           même, Richard Mill4 retrouve son
accapare toute la nouveauté, sur-                                                                       Sans titre, 1984.      public, ses pinceaux et ses idées
prenante en un lieu triste et morne                                                                     Pigment, décalque
                                                                                                        et crayon sur
                                                                                                                               formalistes. L'expérience doulou-
(presque atone) où, dans l'espace                                                                       papier de Rives;       reuse renvoie constamment à l'ar-
rude et gris, rien n'existe que les                                                                     75 cmx 106.            tiste en quête du sens mystique de
œuvres. Un peu d'air pourtant ne                                                                        (Phot. Guy Couture)    l'art, du geste, de la couleur et de
saurait nuire aux excellents des-                                                                                              leur présence ou, mieux, de leur
sins de Paul Lacroix1.                    sportif, une marche vers l'immobile      proche du courant impression-               absence aiguë, significative en elle-
   Misérablement épingles, ces            alors que tout semble vibrer. Peut-      n i s t e . M a l g r é une p a l e t t e   même.
grands papiers blancs, vus de loin,       être, y décèle-t-on une théorie du       transparente, les textures demeu-               Cette fois, l'artiste (séduit par les
semblent flotter au vent et ne rien       montage qui essaye la coexistence        rent fermes et, en son apparente            discours américains) découvre la
supporter d'autre que leur propre         de l'image, précise et objective, et     légèreté, Mercedes Malo exécute             transparence. Et le chemin tracé
poids. A tel point qu'on est surpris      de l'impression, fugace et subjec-       des toiles-céramiques dont les sa-          sur le support (toile ou bois), ra-
d'y découvrir, tracées avec habi-         tive. Subrepticement, la double as-      vants glacis durcissent la neige            conte une aventure indiscible, mul-
leté, les formes équivoques et na-        sociation de cette vision simultanée     omniprésente des tableaux. A la li-         tiple, existentielle, potentielle et,
turelles de l'anatomie humaine.           rappelle aussi le microcosme en          mite, la forme disparaît et le pay-         malgré tout, incomprise. Sauf de
Équivoques, parce que justement           macrocosme: le détail anatomique         sage déroule son mystère infini.            quelques rares initiés. Car, juste-
ce que l'on croit deviner s'estompe       - ce fameux ralenti - renvoie à              Irénée Lemieux 3 s'amuse à              ment, voici un art fièrement her-
et se dissout en une autre forme. La      l'image complète - ce calque bel-        créer des sculptures étonnantes.            métique: à rejeter ou à accepter,
fluidité des traits rappelle la mou-      lâtre - d'où émerge le sens du des-      Ramassés au hasard, pierres, ga-            sans demi-mesure. Voilà l'essen-
vance des dunes sous l'action du          sin comme un jeu adulte entre            lets et roches de toutes tailles sont       tiel de sa qualité. La déroute est
vent.                                     l'échelle des plans et les valeurs       assemblés pour la joie de l'artiste         heureuse: six grands tableaux
   Énigmatiques, les dessins de           sensorielles.                            et le plaisir de l'œil. Créations mor-      laissés en pâture aux interpré-
Paul Lacroix sont conçus comme                Une humble sagesse caracté-          phologiques pour la plupart, ces            tations les plus vastes, les moins
une suite aux subtiles variations en      rise la Galerie La Minerve. Forte        montages de cailloux deviennent             restrictives.
gris, aux allers et retours de l'œil      d'un métier acquis chèrement pen-        des sculptures minérales pleines               Textures, graffiti, gestes amples
entre la forme et le fond (Gestalt),      dant vingt-cinq ans, Mercedes            d'humour et de candeur. Animaux,            ou saccadés traduisent l'abandon
entre les lignes floues et les images     Malo2 expose des toiles rafraîchis-      groupes sociaux, stylisations, figu-        de la linéarité au profit de la multi-
claires (transfert d'image). Alors, se    santes, poétiques et sensibles. Le       rations, rien n'échappe au regard           plicité. Au tournant de son art,
dégage une sensualité à fleur de          pays de Charlevoix tombe aisé-           inventif d'un artiste complet. Le           ayant foi au discours pictural, Ri-
peau, évanescente même. Existe            ment sous sa dictée et le discours       traitement formel inclut toujours           chard Mill renvoie le regardeur au
et se ressent un indubitalbe ralenti      pictural qu'elle prononce la rap-        une présentation soignée. La-               regardé. La vibration, à peine rete-
76
Expositions Vie des arts - Érudit
nue, remplace allègrement le sta-                                                  Francine Dubois (Véhicule VII),            Par delà le connu transformé,
tisme antérieur. La juxtaposition        Mobilier d'artistes                       Maxime Rioux (Chaise accordéon)         l'originalité de Bradley Struble (Pa-
des plans bannit le dessin, et le jeu       Une bonne douzaine d'artistes          et Pierre Larochelle (Tables de         nier à linge) force à reconnaître la
des masses souligne la recherche         ont succombé à cette manifesta-           chevet).                                banalité des objets usuels pour dé-
plus ou moins contrôlée de l'effet.      tion hors zone. La décoration ou                                                  passer les canons mêmes du de-
   Pour Monique Voyer5, la joie du       même la création d'un objet s'ap-                                                 sign actuel. Sagement mais avec
papier transgresse les lois de           parente davantage au design               13. Richard MILL                        distinction, Michel Parent réalise
                                                                                       Sans titre, 1985.                   une structure environnementale
l'ordre, dépasse l'équilibre et ap-      qu'aux beaux-arts. En confiant
                                                                                       Acrylique sur toile;
porte la mouvance dans les teintes,      cette pratique à l'esprit d'inven-                                                complète et autonome conçue
                                                                                       181 c m 4 x 1 6 7 , 6 .
les bruns, les orangés, les bleus,       tion, la Chambre Blanche interroge                                                comme une méditation esthétique
les rouges, couleurs sourdes et ter-     habilement la manière et la mé-                                                   sur l'objet.
reuses, mouillées et vibrantes. Il lui   thode. A la fois sérieuse et fantai-                                                 Cette fois, le mobilier s'efface au
faut briser la douceur, la casser,       siste, l'exposition thématique                                                    profit de l'Art dont il n'est, en défi-
pour ouvrir une brèche sur l'inédit.     Mobilier d'artistes6 proposait avec                                               nitive, q u ' u n e des variations
Des échelles se tissent, des lignes      bonheur une expérience singu-                                                     possibles.
échafaudent en silence (Les Pierres      lière.
                                                                                                                           1. Galerie René Bertrand, Janvier 1985. Des-
silencieuses) un réseau de souve-           Aux aspects décoratifs exploités                                                  sins en format unique (75 cm x 106); papier
nirs habités du dedans (Ceci est la      par Suzanne Joubert (cabinet à                                                       de Rives, graphite, décalque.
                                                                                                                           2. et 3. Galerie La Minerve du 10 au 19 mars
couleur de mes songes) pour tra-         musique rehaussé d'une figuration                                                    1985 et du 10 au 24 février 1985.
duire des m o m e n t s i m a g é s      minutieuse et romantique), Pierre                                                 4. Galerie des Arts Visuels de l'Université La-
                                                                                                                              val, Février 1985.
proches de la légende (La Bête du        Train (Table) et Gaétan Cantin                                                    5. Galerie du Grand-Théâtre de Québec, Jan-
Memphrémagog), comme en-                 (Carré bleu de nuit) s'ajoute la di-                                                 vier 1985.
                                                                                                                           6. Du 15 février au 24 mars 1985
foncés dans la magie des lieux et        mension artisanale et débridée des
du temps abolis.                         constructions allégoriques de                                                                     Daniel Morency DUTIL

OTTAWA                                    tiques, quoique anonymes, em-
                                          preintes d'une silencieuse dignité
                                          et d'une humanité bien à elles.
LA MAISON
                                             Du vestibule, le visiteur passe
    Habituellement, ies galeries          dans un lieu qui se révèle certai-
d'art parallèles, telle la Galerie        nement un atrium des plus origi-
Saw1, d'Ottawa, n'attirent pas un         naux; en fait, une aire centrale
très grand nombre de visiteurs. Ce        parée d'un panachage d'objets
ne fut toutefois pas le cas de ce pe-     symbolisant la procréation, la vie,
tit espace d'exposition sans pré-         la mort, la renaissance et la magie.
tentions, sis dans le quartier du         Ces sculptures suggestives et sai-
marché Byward de la capitale, qui,        sissantes sont l'œuvre de Carol
en décembre dernier, vit défiler un       Bretzloff, qui peint et sculpte en se
flot régulier de curieux, tous venus      servant à la fois de fibres synthé-
découvrir une exposition intitulée        tiques et de matières organiques
La Maison.                                pour évoquer les divers cycles et
    Pièce majeure d'art environne-        rites existentiels.
mental, La Maison est un ouvrage             S'ouvrant sur l'atrium, appelé Le
en bois grandeur nature, peint de         Jardin, la Chambre utérine de Su-
rose et de bleu, et comportant cinq       san Géraldine Taylor, une réplique
espaces intérieurs décorés par Ca-        très réelle de l'utérus d'une femme
rol Bretzloff, Suzanne Joubert,           adulte, où l'on ne peut s'introduire     14. La Maison.                              Dans cet esprit, Suzanne Jou-
Jane Martin, Merijean Morrissey-          qu'en se glissant dans un tunnel            (Phot. David Knowles)                bert convoqua les quatre artistes
Clayton et Susan Géraldine Taylor,        étroit et douillet. Une fois à l'inté-                                           qui participeraient ultérieurement
artistes bien connues de la vallée        rieur, le visiteur découvre une en-                                              à La Maison. Il naquit de cette pe-
outaouaise. Cette élégante                ceinte de nylon rose, tout emplie        On ne s'étonnera pas de ce que les      tite réunion initiale l'idée d'un cadre
construction au toit pointu et aux        d'un bruit qui rappelle les batte-       meubles principaux soient un lit        qui abriterait leur art et qui se
corniches bleues sert en quelque          ments de cœur du foetus.                 conjugal et un berceau.                 concrétiserait sous la forme d'une
sorte de vitrine à leur art. Néan-           Au sortir de l'espace confiné de          Critique d'art pour Le Droit, Su-   maison ou d'un intérieur.
moins, dans une perspective diffé-       la Chambre utérine, il n'y a que          zanne Joubert faisait, en 1981, un          La construction effective de La
rente, elle apparaît comme un            quelques pas pour atteindre la            compte rendu sur une installation       Maison débuta à l'automne de
fascinant répertoire de souvenirs et     Chambre des tapis magiques de             d'art environnemental - une             1984, dans le sous-sol d'un im-
de visions. C'est peut-être pour          Merijean Morrissey-Clayton: des          chambre de femme - exposée à la         meuble du centre d'Ottawa. Alec
cette raison qu'elle a touché à ce       sculptures peintes, figurant des ta-      Galerie 101, d'Ottawa, lorsque          Anderson, sculpteur originaire de
point tant de regardeurs et qu'elle      pis volants, sont montées sur fibre       l'idée de La Maison lui vint pour la    Montréal, établit les plans de la
est devenue l'un des sujets d'ex-        de verre de façon à flotter et à on-      première fois. Composée par Su-         structure et conçut les pièces
position artistique dont on parle le     doyer, produisant ainsi une impres-       san Géraldine Taylor, l'œuvre re-       d'emboîtement permettant de
plus à Ottawa.                           sion de mouvement. A l'instar du          créait un univers féminin en            monter et de démonter la maison
    On entre dans La Maison comme        tapis magique mythique, ils sym-          miniature qui sut si bien émouvoir      aisément. Trois charpentiers lui
on pénètre dans un sanctuaire:           bolisent l'évasion vers un monde          et enthousiasmer Mme Joubert            prêtèrent leur concours: Colleen
avec vénération. Cependant, plu-         imaginaire où n'existe aucune li-         que celle-ci résolut aussitôt de        McMackon, Dana Wardrop et Jo-
tôt que d'emprunter une porte, le        mite à la libre expression.               «réaliser quelque chose de très         nathan Deachman.
visiteur franchit un portique ouvert         De l'autre côté du vestibule, mais    féminin» elle-même. Les vitraux             Précisons, enfin, que La Maison
qui le mène à un vestibule austère,      donnant également sur l'atrium, se        qu'elle avait conçus pour le Palais     a bénéficié d'une aide financière
aux murs duquel sont accrochés           trouve une zone qui fleure la nos-        des Congrès de Hull étant sur le        du Conseil des Arts du Canada, du
dix portraits à l'huile exécutés par     talgie, la Chambre des souvenirs.         point d'être achevés, c'était le mo-    Ministère des Affaires Culturelles
Jane Martin. Brossés avec minu-           Le décor de cet espace faiblement        ment de commencer à explorer            du Québec, de la Commission des
tie, dans des couleurs sourdes, ils      éclairé revient à l'artiste, auteure et   quelques idées pouvant mener à          Échanges Culturels Ontario-Qué-
représentent des femmes posant           professeure Suzanne Joubert, ins-         de nouvelles réalisations. Cette pe-    bec, ainsi que de donateurs privés.
devant un papier peint à motifs de       tigatrice du projet. Elle y a disposé     tite personne débordante d'éner-
boutons de roses. Comme dans             diverses pièces du mobilier d'une         gie se mit donc à songer à un           1. L'exposition La Maison a été présentée à
                                                                                                                              la Galerie SAW, du 4 au 29 décembre 1984,
tous les portraits de Martin, les        chambre à coucher, qu'elle a              ouvrage d'art environnemental, qui         et à Montréal, à la Galerie VQAM, du 13 au
 personnages, stylisés, présentent       peintes et couvertes de sérigra-          se fonderait sur une thématique fé-        24 février 1985.
 un caractère grotesque. On y re-        phies et de photographies, souve-         minine et témoignerait du talent                             Valerie KNOWLES
 connaît malgré tout, dans l'instant,    nance de son passé et évocation de        d'un groupe de femmes artistes
 des figures féminines authen-           la mémoire collective des femmes.         ayant une affinité de conceptions.        (Traduction de Laure Muszynski)

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