Giessbach, comme un chateau de conte de fee - Fondation Franz Weber
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Janvier | février | mars 2011 | No 95 | Fr. 5.– | AZB/P.P. Journal 1820 Montreux 1 | Postcode 1 Giessbach, comme un chateau de conte de fee Animaux de zoo Corrida La petite chronique que et de cirque Le tournant viendra-t-il d’Equateur ? personne ne lit: Jeux au bord de l’abîme Production de courant électrique par le sport 7 19 26 www.ffw.ch
Fondation Franz Weber: la griffe d’une protection animale efficace En faveur des animaux et de la nature Notre travail est au service de la collectivité Les actions de la Fondation sont motivées par la con- viction que les animaux dans leur ensemble en tant que partie intégrante de la création, ont droit à l'exis- tence et à l'épanouissement dans un habitat conven- able, et que l'animal individuel en tant qu'être sensi- ble a une valeur et une dignité que l'homme n'a pas le droit de mépriser. Aussi bien dans ses campagnes de protection et de sauvetage de paysages, que dans celles d'animaux per- sécutés et torturés, la Fondation s'efforce inlassable- ment d'éveiller en l'homme sa responsabilité vis-à-vis de la nature et d'obtenir pour les peuples d'animaux un statut juridique parmi les institutions humaines Quand tout semble vain, quand tous les leur garantissant protection, droits et survie. espoirs s’en vont, quand on est saisi La FFW, reconnue d'utilité publique, est exonérée d’accablement face à la destruction de la d'impôts. Pour pouvoir continuer à remplir ses gran- des tâches au service de la nature et du monde ani- nature et à la misère des animaux persécutés mal, la Fondation devra toujours faire appel à la gé- et torturés…on peut encore se tourner vers la nérosité du public. Politiquement indépendante, subventionnée ni par l'économie, ni par les pouvoirs Fondation Franz Weber . publics, elle dépend entièrement des seuls dons, do- nations, legs, etc... Aidez-nous ! Chaque don, aussi modeste soit-il, est important et reçu avec gratitude. Comptes: SUISSE: Banque Landolt & Cie, ch de Roseneck 6, CH-1006 Lausanne, CCP 10-1260-7, compte Fondation Franz Weber, IBAN CH76 0876 8002 3045 00003 ou compte postal 18-6117-3 Fondation Franz Weber, 1820 Montreux 1 IBAN CH3109000000180061173 FRANCE: Crédit Agricole Mutuel Alpes Provence, Avignon, Compte no 9483909 3 133, Code établissement 11306, Code Guichet 00084, Clé R.I.B 59, BIC AGRIFRPP813, IBAN FR76 1130 6000 8494 8390 9313 359 SVP, préférez le E-Banking www.ffw.ch Renseignements FONDATION FRANZ WEBER Case postale, CH-1820 Montreux, Tel. 021 964 42 84 oder 021 964 24 24, Fax 021 964 57 36, E-mail: ffw@ffw.ch, www.ffw.ch
No 95 janvier | février | mars 2011 JFW | Editorial 3 Editorial Animaux Franz Weber, rédacteur en chef Communication avec les animaux Une nouvelle discipline vétérinaire >>4 Zoos et parcs animaliers La grande faune sauvage n’y a plus sa place >>7 Corrida Le tournant viendra-t-il d’Equateur ? >>15 Chères lectrices, chers lecteurs Australie Le sauvetage des chevaux du Lake Gregory >>17 Comme d’autres pays, le nôtre aussi recense de nombreux moutons noirs.A Oiseaux migrateurs Escrinet col libre pour les pigeons ramier >>22 savoir, les hordes de spéculateurs qui se sont mis en tête de transformer le Pla- teau suisse en un désert de béton, qui ravagent nos vallées alpestres par la spé- culation immobilière et le cimentage, et qui s’apprêtent maintenant à sacrifier nos derniers paysages intacts, et même nos forêts, à l’industrialisation par l’éo- Suisse lien, autrement dit à la consommation d’énergie sans limites et au gaspillage effréné de courant.A savoir aussi la violence grandissante de nombreux jeunes, Eoliennes Une technologie hautement nuisible à l’environnement >>9 leur alcoolisme, leur toxicomanie. Mais cela n’est pas vraiment la Suisse, bien que cela en fasse partie. Non, ce qui distingue la Suisse est ce qui est durable. Et ce qui est durable, ce Nature n’est pas seulement le Cervin, le plus beau sommet au monde, pas seulement la magnifique Jungfrau, la chaîne alpestre et ses névés scintillants. C’est aussi et Paysage et rêve L’influence de la nature sur notre sommeil >>24 surtout nos institutions dont nous pouvons être fiers. C’est notre démocratie directe. C’est notre histoire, riche de 720 ans d’existence. Quel pays peut-il s’enorgueillir d’une telle histoire? Nous avons plein de raisons Société d’aimer notre pays, en dépit de carences – presque, devrais-je dire – forcées. Nous devons être fiers de ce que la Suisse a réalisé au cours de ses 720 ans A Paris il y a 50 ans Bruno Coquatrix, le roi du Music-Hall >>27 d’existence. Dans cette abondance, un seul exemple : la Suisse a donné au mon- de la Croix-Rouge, pour l’heure, la plus remarquable conquête de l’humanité. La voix de la Suisse a un retentissement certain dans le monde. Dans chaque JFW plus domaine, que ce soit les arts, la musique, la poésie, la philosophie ou la théolo- gie, que ce soit la technique, et même les sports, le cinéma, la Suisse a ses héros La petite chronique que personne ne lit >>26 et ses héroïnes. En rapport à sa population, la Suisse possède le plus grand nom- Courrier des lecteurs >>32 bre de Prix Nobel au monde! Une autre face de Lavaux – un nouveau livre >>34 Nous pourrions nous glorifier de centaines, voire de milliers d’exemples si nous La palette végétarienne >>36 dressions ici la liste des Suisses célèbres. Il ne s’agit pas de se vanter mais bien Programme de la saison à Giessbach: >>39 d’être fier pour une fois de la polyvalence, de la diversité, de l’hétérogénéité de notre population, fier de nos quatre langues nationales, fier de nos 23 cantons, Impressum fier de la beauté de notre nature et de nos paysages, fier du cœur de l’Europe que nous sommes. La Suisse n’est pas seulement le cœur géographique de Editeur: Franz Weber pour la Fondation Franz Weber et Helvetia Nostra l’Europe ; elle est aussi le cœur de la liberté en Europe. Rédacteur en chef: Franz Weber Rédaction: Judith Weber, Walter Fürsprech,Vera Weber, Alika Lindbergh Au-delà de ces avantages, il apparaît en toute clarté que nous ne pouvons nous Mise en page: Vera Weber satisfaire de cette seule fierté mais que nous devons nous battre encore et enco- Impression: Ringier Print Adligenswil AG re pour notre pays, pour notre chère nature encore inviolée. Si nous ne crions pas Rédaction, Administration: Journal Franz Weber, case postale, CH-1820 Montreux (Suisse), halte maintenant et ne répandons pas ce «halte» à l’ensemble du pays, il en est tél 021 964 24 24 ou 964 37 37. Fax: 021 964 57 36. E-mail: ffw@ffw.ch – Site internet: http://www.ffw.ch fait de la réputation mondiale de la beauté paysagère unique de la Suisse, car Abonnements: Journal Franz Weber, abonnements, case postale, 1820 Montreux, Tél. 021 964 24 24 ou 964 37 37 nous menace demain déjà ou après-demain non seulement la désertification de Tous droits réservés. Reproduction de textes, de photographies ou d’illustrations avec la permission de la nos vallées et de nos montagnes, mais encore l’image grimaçante d’un seul rédaction seulement. Toute responsabilité pour des manuscrits, des livres ou autres documents (photos, etc) espace urbain entre Genève et Romanshorn. non commandés est déclinée. CCP: Si vous désirez soutenir le journal ou l’œuvre de Franz Weber par un don, veuillez l’adresser au CCP 18-6117-3, Fondation Franz Weber, 1820 Montreux. Une fois de plus, c’est par la vertu de nos institutions très enviées qu’il nous est permis, à nous, citoyens et citoyennes, d’intervenir dans un processus pernicieux, dans le cas présent grâce à l’initiative fédérale aboutie, dénommée « Initiative Communiquez-nous votre changement d’adresse! pour le paysage » et celle, également aboutie, intitulée « Pour en finir avec les constructions envahissantes de résidences secondaires ». La votation sur ces La poste ne communique plus les changements d’adres- deux initiatives approche à grand pas. se des abonnés aux maisons d’éditions. Si vous déména- gez, n’oubliez donc pas de nous communiquer à temps Chères lectrices et chers lecteurs, à vous va ma prière de promouvoir dès main- votre nouvelle adresse par mail, ffw@ffw.ch, par télé- tenant auprès de vos parents, amis et connaissances, un double OUI massif à ces phone, 021 964 37 37 ou par fax, 021 964 57 36 afin que deux initiatives. Notre combat commun est une bataille pour nous-mêmes et nous puissions garantir la distribution régulière de no- pour l’avenir de nos enfants! tre journal. Merci! Franz Weber
4 JFW | Animaux No 95 janvier | février | mars 2011 Télépathie avec les animaux ■ Alika Lindbergh Une fabuleuse discipline vé- rellement pour dialoguer tunité unique de connaître phie ou l’abandon de tous les térinaire nouvelle est créée : avec elle, la communauté par elle ce qu’est l’esprit d’un autres), outre que le menson- communication avec les ani- scientifique fut contrainte gorille, ses pensées, son âme, ge lui devint facile, il s’est sin- maux d’admettre que les animaux enfin. gulièrement isolé des autres ont une pensée, et même des espèces vivantes, ne dialogu- La légende veut que le roi Sa- états d’âme. Les amis des bê- Il est évident dés qu’on les ob- ant plus qu’avec ceux de sa lomon « … parlait aux mam- tes le savaient depuis long- serve, que non seulement les propre espèce baragouineu- mifères, aux oiseaux, et aux temps, bien sûr, mais quelle animaux pensent, mais qu’ils se. Ce ne fut pas un progrès, poissons.» Qui de nous, amis satisfaction ce fut de clouer le réfléchissent, et que l’esprit mais, au contraire, une perte des bêtes, n’a rêvé de pouvoir bec aux incrédules bornés en qui anime leur grande ou mi- inestimable, que nous ressen- en faire autant ? leur opposant des arguments nuscule carcasse est bel et tons douloureusement lors- « scientifiquement démon- bien l’essentiel d’eux-mêmes, que notre animal familier Leur parler vraiment, mais trés ! » tout comme il l’est pour l’ho- est malade et que nous vou- surtout comprendre les ré- mo sapiens. drions tant l’interroger sur ponses qu’ils tentent de nous Il n’en reste pas moins que, ce qu’il ressent. Quel bon vé- faire entendre, et avant tout, pour être fascinante, cette ex- Lorsque l’homme a dévelop- térinaire n’a rêvé de pouvoir découvrir enfin ce qu’ils pen- périence s’est étrangement li- pé un langage articulé qui al- interroger son patient, plu- sent… Connaître les pensées mitée à poser à Koko des lait devenir son moyen de tôt que le propriétaire, affolé qui dorment ou s’agitent dans questions simplettes, plutôt communication privilégié et démuni de toute donnée l’esprit de notre chat, du ca- que de profiter d’une oppor- (au point d’entraîner l’atro- valable ? nari, ou de cet âne qui nous regarde de ses grands yeux magnifiques, avec tant d’élo- quente douceur !... Qui de nous n’a envié ceux qui murmurent à l’oreille des chevaux ? et qui de nous n’a dit à un animal qui le fixait gravement, jusqu’au fond de l’âme : « Qu’essayes-tu de me dire ? » Et comme il est frustrant, dans ces moments là, quelle que soit la confiance que nous ayons dans les capacités de l’amour, de ne pouvoir en fait que supposer une répon- se, ou, pire, l’inventer ? Une opportunité unique ratée Lorsque l’éthologue Penny Patterson eut apprit le langa- ge des sourd-muets à la fe- melle Gorille Koko, et que celle-ci s’en servit tout natu- Les animaux ne parlent pas avec des mots et n’écrivent pas de lettres. Mais ils lisent dans nos pensées.
No 95 janvier | février | mars 2011 JFW | Animaux 5 Cette crainte cartésienne dire ». Lorsqu’un chien plon- parlé. C’est la télépathie qui, ce que personne ne s’avisait J’ai toujours pensé que nos ge son bon regard dans le nô- tel un téléphone naturel, ap- d’utiliser la télépathie pour frères inférieurs - comme on tre, et qu’il est évident qu’il prend à notre petit compa- les perspectives qu’elle nous les nomme - nous sont très cherche à nous dire quelque gnon que nous venons de ouvrirait dans nos recher- supérieurs, en fait, à de nom- chose, directement d’esprit à prendre la route pour reve- ches sur les animaux, et nos breux égards (mais, bien sûr, esprit, nous craignons trop nir à la maison, et il est aussi rapports avec eux. cette conviction n’engage souvent de rêver le message, sûr du message que nous que moi). d’affabuler, et cette crainte d’un appel téléphonique : il Oh ! miracle ! – ENFIN cela cartésienne augmente notre s’installe donc devant la por- change ! ENFIN un vrai pro- En tout cas, on ne peut nier incapacité para-psychique. te pour nous attendre et ces- grès ! que ceux qui vivent au con- se de s’inquiéter. C’est la té- tact des animaux et les ob- Enkysté, lépathie qui l’avertit que Aujourd’hui, voici que se dé- servent sans préjugés, avec notre sixième sens ? nous dissimulons un chagrin veloppe timidement mais amour et respect, acquièrent Sans doute, l’animal se rend- et, alors qu’aucun de nos sûrement, une discipline pa- très tôt la certitude que les il compte que notre esprit, proches n’a rien ressenti, lui ra-vétérinaire nouvelle : le animaux, eux, nous comp- contrairement au sien, est vient se coller à nous pour métier de communicateur rennent fort bien, parfois atteint d’une surdité plus ou nous dire « Je suis là ! »… avec les animaux. même d’une manière stupé- moins grave, et cela l’attris- C’est elle, cette merveilleuse fiante – soit par le truche- te-t-il tout comme nous. faculté, qui lui permet de li- Il y a quelques années à pei- ment des mots (que rapide- Mais pour peu que de temps re dans les tréfonds secrets ne, des reportages télévisés ment ils identifient et dont en temps nous saisissons ce d’un visiteur, et de savoir s’il nous ont montré les pre- ils connaissent le sens) soit qu’il veut nous dire, il est bienveillant ou dange- miers balbutiements d’une par la perception extra-sen- n’abandonnera jamais, et re- reux quoi qu’il prétende… pratique vétérinaire ponctu- sorielle qu’ils ont de la signi- commencera encore et enco- elle qu’en Belgique notam- fication de notre discours. re à émettre dans le langage Tout ami des animaux a eu ment, vient au secours du de l’âme : il sait bien, lui, quelquefois ou très souvent praticien aux prises avec des Il est clair que les animaux que nous pourrions nous « l’occasion de vérifier cette difficultés de diagnostic peuvent lire dans nos pen- parler » par ce canal extra- extra-lucidité chez ses ani- dans certaines pathologies sées. Nous, en revanche, sensoriel que parfois nous maux de compagnie et il est animales d’autant plus com- nous n’y arrivons guère. appelons notre intuition ; intéressant d‘y adjoindre les plexes parfois, que, tout Alors, comme nous, nous le pour lui, le sixième sens est plantes, dont les recherches comme chez l’homme elles ferions en face d’un humain naturel, et il le serait pour de pointe ont prouvé qu’el- peuvent dépendre de « dur de la feuille », les ani- nous si notre évolution si les perçoivent parfaitement facteurs psycho-somatiques. maux qui essayent de dialo- particulière ne l’avait enkys- les intentions des humains guer avec nous compensent té en nous, nous laissant qui les approchent, que ce La communication télépa- notre infirmité en adoptant bien seuls sur cette terre !... soit pour les soigner ou les thique avec les animaux évi- des mimiques, des attitudes, détruire. te bien des tâtonnement qui des gestes et toute sortes de Enkysté, notre sixième sens. souvent retardent ou com- grognements et gémisse- Voire… car il nous reste une Bien étudiée, en particulier promettent la guérison. Cer- ment expressifs. Parfois, et voie de communication à re- par le célèbre Rhine et ses tains vétérinaires, comme surtout en nous regardant, trouver, à ranimer en nous, à disciples, la télépathie est la Anne Evans, par exemple, sachant comme les plus sen- rééduquer, comme on le fe- seule faculté extra-sensoriel- en Belgique, soit se serrent sibles d’entre nous que les rait d’un membre traumatisé le qui ne soit pas rejetée ni eux-mêmes de la télépathie yeux sont les fenêtres de et momentanément paraly- niée par la Science officielle, (s’ils sont doués pour cela et l’âme. sé : c’est la télépathie, ce et cela au point d’être très l’ont développée) soit font Ma foi, dans un bon couple moyen d’expression venu du sérieusement étudiée par les appel à un médium pour in- humain/animal comme fond des âges, et dont beau- laboratoires des armées terroger l’animal malade. dans ces très vieux couples coup d’entre nous, cons- (dans le but douteux de ser- humains qui, comme le ciemment ou non, gardent vir, bien entendu, au cours Et les résultats sont stupéfi- chantait Jacques Brel, se encore quelques capacité d’horribles guerres, en parti- ants, car ils démontrent non parlent « du bout des yeux ». tout au fond d’eux-mêmes. culier aux services d’espion- seulement et une fois de Cela marche plutôt bien. nage…) plus que la communication Hélas, même avec un être ai- Tel un téléphone naturel sans langage fonctionne, mé aussi proche de nous que La télépathie est communé- Des possibilités mais que les réponses appor- notre chien, nous ne som- ment utilisée par tous les extraordinaires tées par les animaux témoi- mes jamais sûrs à cent pour animaux, comme elle le fut En revanche, nous sommes gnent d’un bon sens et d’une cent d’avoir bien saisi son sans doute par nos lointains quelques uns à nous être intelligence souvent bluf- message « sans mots pour le ancêtres d’avant le langage ponctuellement indignés de fants.
6 JFW | Animaux No 95 janvier | février | mars 2011 Bien entendu, il va falloir ont tendance à tâter leurs vi- sion est d’étendre la compas- tion sera certainement beau- rester prudent et bien s’in- siteurs ou à les regarder au sion à tous les êtres vivants, coup plus discuté et mis en former avant de faire confi- fond des yeux pour capter ce Kim Sheridan avec son doute que lors de son utilisa- ance à un communicateur : qu’ils pensent, et, donc, époux dirige un refuge pour tion vétérinaire. Mais pour ses dons peuvent être trop leurs intentions réelles. les rats (apprivoisés) aban- les esprits ouverts, elle ap- peu développés et il peut Quant à mon propre petit donnés ou maltraités, ainsi porte un extraordinaire apai- mal traduire ce qui lui est chien Elfie, traumatisé par qu’un service de garde et de sement, car si l’on en croit communiqué mais, surtout, il les conditions que lui avait promenade pour les chiens. les témoignages boulever- ne faut pas perdre de vue que imposées le trafic de chiens Très connue aux U.S.A., cet- sants rapportés par Kim She- tout ce qui relève de la médi- venus d’Europe centrale, il te très jolie blonde au visage ridan, nos animaux défunts umnité est encombré de to- était, quand je l’ai vu pour la serein est devenue peu à peu sont pleins de gratitude et qués, de charlatans et de my- première fois, abattu et ex- une experte en communica- d’amour envers ceux qui les thomanes, comme, hélas, trêmement méfiant à l’égard tion avec les animaux et prô- ont soignés et aidés, et apai- tous les domaines para-psy- des humains. mais, à peine ne le développement d’une sent invariablement les re- chologiques, y compris et arrivé chez moi, il est venu véritable formation professi- proches que nous nous fai- surtout les plus probants. me regarder de tout près, onnelle en la matière. sons parfois de n’avoir pas truffe contre nez, et les yeux été toujours à la hauteur Je me contenterai de rappe- dans les yeux (c’est un com- Mais son livre : «Les ani- dans nos rapports avec eux ler que ce n’est pas parce portement fréquent chez les maux et l’au-delà» va beau- ou nos décisions. qu’un témoin à la vue basse grands singes, mais que je coup plus loin. Ayant elle- décrit de travers ce qu’il a n’avais jamais rencontré même horriblement souffert Leurs réponses aux doutes vu, que ce qu’il a vu n’existe chez un chien). Il est resté des premiers décès d’ani- exprimés sont invariable- pas, ou parce que la traducti- comme cela près d’une mi- maux qu’elle a endurés, elle ment compréhensives et on d’un livre est détestable nute, me reniflant et le re- s’intéresse à développer les empreintes d’une simplicité qu’il n’est pas un chef gard plongé dans le mien. A connaissances issues d’expé- et d’une douceur merveil- d’œuvre dans sa langue partir de cet instant, il riences dites «de mort appro- leuses. d’origine. Pouvant, certes savait, et sa confiance exclu- chée» propres à assurer aux étés mal utilisé, le langage sive en moi est totale. Il ré- gens en deuil d’un animal fa- Nous consacrerons d’ailleurs sans mots de la télépathie pète souvent ce comporte- milier, un réconfort valable. un article à la mort de nos n’en est pas moins valable ment depuis, renouvelant animaux familiers et à tout lorsqu’un bon communica- cette lecture des tréfonds de Réponses de «l’autre côté» ? ce que les expériences et les teur s’en sert, tout comme mon esprit, et, lorsqu’il re- Je n’hésite pas à écrire qu’à preuves testimoniales récen- on ne peut juger de la valeur part, il est comme un ami cet égard, son livre (hélas ! si tes nous apprennent sur leur de la médecine à travers les qui a obtenu la réponse à des mal traduit en français !) est vie après la vie, mais, en at- erreurs d’un mauvais méde- questions essentielles… aussi important que le très tendant, comment ne pas se cin (et Dieu sait qu’il y en a !) célèbre «La vie après la vie» réjouir d’apprendre qu’il est Vers une vraie communi- du Dr. Moody, prisonnier de possible de mieux compren- En tout cas, cette réserve fai- cation avec les animaux la recherche sur les expéri- dre et mieux soigner nos te et la prudence étant de Avec un peu de bonne volon- ences humaines de mort ap- compagnons ou les animaux mise, l’idée est enthousias- té, le dialogue est donc possi- prochée. Ce livre qui ras- que nous secourons soit en mante et ouvre d’extraordi- ble, par cette voie. J’en ai eu semble une multitude de développant nos capacités naires possibilités. une nouvelle confirmation à preuves testimoniales de la télépathiques si par chance la lecture d’un ouvrage éton- survivance de l’âme des ani- nous en avons en nous, soit Les yeux dans les yeux nant traduit (très mal) de maux souligne une évidence en consultant ces vétérinai- En fait, en télépathie chacun l’américain, et dont l’auteur, capitale : la télépathie, qui res de pointe qui s’adjoi- traduit en mots ce qui est Kim Sheridan, semble une permet à ceux qui la prati- gnent un ou des «communi- signification à l’état pur. personnalité hors du com- quent de dialoguer avec les cateurs»? (Cette particularité des mun à la fois pour sa com- animaux (par exemple, de échanges télépathiques est préhension et son amour leur demander ce qu’ils res- Espérons que cette discipli- d’ailleurs exploitée abon- sans réserve pour les ani- sentent) étant un échange ne va se développer et aider damment dans les œuvres maux et pour les possibilités d’esprit à esprit, reste utilisa- à la compréhension de ceux de science-fiction ou E. T. et qu’elle ouvre à une meilleu- ble après que l’esprit ait quit- qu’une humanité arrogante autres petits hommes verts re communication avec eux, té son enveloppe corporelle a traité jusqu’ici comme des traduisent en n’importe quel à la fois par ses écrits et par – par conséquent, un bon objets. dialecte les pensées humai- ses conférences qui, aux communicateur peut obte- nes et extra-terrestres !) Plus U.S.A. suscitent un grand in- nir des réponses d’un animal près de nous, les Indiens térêt. Fondatrice du Com- parti « de l’autre côté ». d’Amazonie, par exemple, passion Cèrcle, dont la mis- Cet aspect de la communica- ■
No 95 janvier | février | mars 2011 JFW | Animaux 7 Animaux de zoo et de cirque en une sorte de prison… Petit à petit les conflits se feront Ils jouent au bord de l’abîme plus fréquents et problémati- ques. Les parents rejetteront leurs jeunes, l’espace vital in- dividuel se réduisant comme ■ Pierre Demeure peau de chagrin conduira à des comportements stéréotypés et Ils jouent, insouciants, sous plus grande satisfaction aussi bien aménagé soit-il, ne sera ce que les visiteurs non avertis l’oeil attentif de leur mère. Ils des autorités qui donnent ainsi jamais un territoire à ours dans prendront pour des promena- ne savent pas qu’ils sont dans spectacle aux visiteurs au nom lequel vivre tout simple- des ne sera en fait que le té- le couloir de la mort, condam- du blason de la ville. ment… une existence d’ours ! moignage pitoyable d’un im- nés en quelque sorte par les ri- mense ennui chez l’animal qui res des enfants et les regards Hélas, il leur faut prévoir les Ennui mortel répètera à l’infini les mêmes amusés des grands…Ils, ce mois à venir. Car des oursons, Les responsables ont bien gestes, parcourra les mêmes sont les deux oursons de la çà grandit vite… Les boules de conscience que dans peu de dizaines de mètres d’une piste Fosse aux Ours, à Berne, Urs et poils deviennent chaque jour temps la situation deviendra tracée par les va-et-vient inces- Berna, (ou plutôt Ursa et Berna plus imposantes. Les jeux difficile. Dans la nature, les sants, toujours les mêmes, jus- puisqu’ils se sont avérés être tournent au défi, la mère a de oursons quitteraient leur mère qu’à l’usure du sol… deux femelles). Deux petites plus en plus de mal à surveiller vers deux ans pour vivre leur boules de poils toutes atten- les jeunes qui grimpent aux ar- vie d’adultes dans un espace Seuls les moments de nourris- drissantes. La foule se presse bres, cassent les branches, éloigné de celui de leurs géni- sage viendront rompre la mo- pour les contempler, pour rire creusent le sol et cherchent à teurs. En parc, cette prise d’au- notonie des heures, triste sort de leurs facéties et s’émouvoir s’échapper en passant sous les tonomie n’est pas possible et la pour ces rois des forêts et des à l’heure de la tétée. Pour la clôtures… Car un parc, aussi cellule familiale de transforme grands espaces. Les jeux tournent au défi, la mère a de plus en plus de mal à surveiller les jeunes…
8 JFW | Animaux No 95 janvier | février | mars 2011 environnement correct ou se- blic qui a maintenant toutes ront-ils condamnés à tourner les possibilités d’admirer la vie en rond sur un sol de ciment ? sauvage grâce aux nombreux Qui assurera la charge finan- films et documentaires. cière de leur entretien ? Se- ront-ils dépendants de la chari- Des pas vers une réparation té de Fondations dévouées à la Il existe aussi suffisamment de protection animale ? Ne vont- lieux d’accueil pour les ours en ils pas servir à donner le jour à Europe pour que chacun puis- de nouveaux jeunes pour atti- se voir ces animaux dans un rer le public ? environnement adapté. Il s’agit pour la plupart d’ani- Que dire aussi d’une forme de maux sauvés de mauvaises chantage affectif consistant à conditions de détention dans brandir la menace d’euthana- des cirques, des zoos et même Où sont les forêts et les grands espaces ? L’ourson les cherche obstinément en essayant sie si aucune place n’est trou- chez des particuliers. Grâce de passer sous les clôtures. vée pour les jeunes devenus aux organisations, associations trop encombrants ? Véritable et fondations qui financent ces La prison à vie ou l’injecti- quelques mois plus tard, pour appel au secours pour une si- sanctuaires, les plantigrades on létale le plus grand amusement tuation imprévue ou tactique reprennent goût à la vie et vi- Pour éviter ce lamentable d’une nouvelle génération de délibérée pour de débarrasser vent en harmonie avec leurs spectacle, seules deux soluti- bambins et de leurs parents… des animaux à problèmes ? Et congénères. ons sont possibles : trouver un lorsqu’une solution convenab- nouveau lieu d’accueil pour Que penser de ces solutions et le sur tous les plans est propo- Il n’est certes pas évident de les oursons ou les euthanasier. des options retenues par les re- sée, a-t-on le droit à ce mo- faire de longs voyages pour ad- La relocalisation en pleine na- sponsables des parcs et zoos ? ment de se montrer très exige- mirer les animaux en liberté. ture est impossible : c’est dans S’ils font le choix de l’euthana- ant et de temporiser les choix ? Mais si notre société acceptait les premiers mois de sa vie que sie, pourquoi ne pas avoir au la véritable biodiversité, celle l’ourson apprend de sa mère préalable choisi l’alternative Intolérable qui laisse un peu d’espace au- les comportements qui lui per- de la stérilisation qui eut évité Il serait plus que temps de por- thentique à la faune sauvage, y mettront de grandir dans la na- les naissances ? L’argument se- ter un nouveau regard sur la compris à des prédateurs qui ture et de faire sa vie d’ours… lon lequel il est bon de laisser condition des animaux dans parfois prélèvent un mouton, Le lieu d’accueil ne pourra la femelle avoir des jeunes les parcs et espaces de présen- c’est à portée de nos yeux que donc être qu’un zoo ou un sous prétexte que cela la rend tation au public. Les représen- nous pourrions observer «en sanctuaire spécialisé dans l’ac- heureuse est-il valable ? Même tants de la grande faune sauva- vrai» ce que les photographes cueil de ces animaux. En espé- si dans la nature un pourcenta- ge n’ont plus leur place dans et cinéastes animaliers nous rant qu’ils aient à leur offrir au- ge non négligeable de jeunes des lieux inadaptés aux ca- invitent à découvrir au travers tre chose que quelques mètres meurent d’une mort « na- ractéristiques de leur espèce. de leurs magnifiques images. carrés de béton déguisés en ro- turelle » inhérente à leur espè- Il n’est plus tolérable de se ser- chers et dépourvus de toutes ce (conditions climatiques, ac- vir d’eux pour amuser un pu- ■ ces plantes et ces fleurs qui cidents, attaque par le mâle font la joie d’un ours libre… avide d’une nouvelle repro- duction,…), a-t-on le droit de La seconde solution est hélas sacrifier sans remords tous les plus rapide et définitive. Un deux ans une génération jour, loin des regards, dans d’oursons ? Ne faut-il pas plu- l’obscurité de la cage de nuit, tôt voir dans cette pratique une injection létale évitera les une volonté délibérée de re- problèmes à venir. nouveler périodiquement des objets d’amusement destinés à De l’équivoque et attirer de nouveaux visiteurs ? de l’inavoué Une fois les oursons indésirab- Appel au secours ou chan- les disparus, le cycle infernal tage aux sentiments ? retrouvera son cours… L’ours Si la relocalisation est retenue, et l’ourse séparés depuis long- quelles seront les conditions temps se retrouveront et de d’hébergement des exilés ? L’ennui mortel et la solitude désespérante du mâle dont tous les instincts le poussent nouveaux oursons naîtront Pourront-ils bénéficier d’un vers la compagne tenue éloignée de lui…
No 95 janvier | février | mars 2011 JFW | Suisse 9 Les sommets du Jura Et si une turbine d’éolienne s’effondrait lors d’une tempê- te? Le fait que ce scénario ne s’industrialisent pour puisse être exclu a été déjà évoqué à maintes reprises. Rappel : les plus hautes turbi- l’énergie « verte » nes éoliennes culminent à plus de 180 mètres ! Au bruit audible, par l’oreille humaine, des éoliennes s’ajoutent en ou- ■ Fabian Dreher tre les basses fréquences inau- dibles, qui elles aussi s’avèrent nocives pour la santé. Des étu- des spécialisées rapportent la prévalence de symptômes tels que maux de tête, équilibre in- stable, nausées, troubles du sommeil, irritabilité, dépressi- on, problèmes de concentrati- on et de mémoire à une dis- tance jusqu’à trois kilomètres des installations. À quelques pas, derrière le nouveau centre électrique, on aperçoit les premières éoliennes. Imposantes, elles jurent dans le paysage ambi- ant comme un cheveu sur la soupe. Le courant des grands parcs éoliens ne peut pas être diffusé directement dans le réseau. Il est nécessaire de construire un bâtiment Des zones naturelles uniquement pour remplir cette fonction. Ci-dessus, la construction du Mont-Crosin a été implantée directement dans la nature sensi- converties en ble des Crêtes jurassiennes. zones industrielles Les installations du Mont-Cro- Le Vallon de St-Imier est enco- dessus des crêtes. Le bruit pro- dustrie, la construction et les sin ont été saluées comme pi- re plongé dans le brouillard duit par les éoliennes s’appa- arts et métiers »), le bruit audi- onnières. Pourtant, sur le plan quand, tôt en ce matin d’au- rente à une sorte de gratte- ble au niveau du moyeu s’élè- écologique, elles sont le signe tomne, je démarre l’ascension ment sourd et s’accroît à mesu- ve à 107 décibels (dB), mais avant-coureur d’un scénario du Mont-Crosin. Au bout d’une re que je me rapproche. Au augmente avec la distance de catastrophe qui menace toutes heure de marche environ à tra- pied des installations, il est façon exponentielle. (100 déci- les montagnes et les collines vers les sous-bois humides, omniprésent et strident. Mais bels correspondent à la valeur de Suisse. Depuis l’aménage- j’arrive à la ferme « Le Sergent pas fort ; une conversation est moyenne du bruit enregistré ment au printemps et à l’été », à hauteur des collines qui, tout à fait possible à proximité. lors de concerts et dans les dis- 2010, seize éoliennes ont été outre le Mont-Crosin, comp- Sur la durée en revanche, le cothèques.) Selon une étude construites sur le Mont-Soleil rennent également plus au bruit vous pénètre jusqu’aux de l’EMPA réalisée en janvier et Mont-Crosin. Les premiè- nord le Mont-Soleil. Les éoli- os et empêche presque toute 2010, des dépassements des res, installées entre 1996 et ennes du Mont-Crosin sont en- pensée claire et sensée. valeurs seuils sont enregistrés 2004, avaient une hauteur core cachées par la gigantes- à moins de 450 mètres dans les comprise entre 60 et 80 mè- que forêt de sapins, et le guide Une pollution sonore zones agricoles. Dans de nom- tres. Elles étaient relativement fait état d’une vingtaine de mi- inouïe, en pleine nature ! breux pays européens, la dis- petites, comparé aux huit der- nutes de marche restantes À ce jour, il n’existe que peu tance minimale entre les nières qui culminent à une pour atteindre le site. Mais mê- d’études sur les risques pour la éoliennes et les immeubles hauteur comprise entre 120 et me ici, on les entend déjà de santé des émissions sonores d’habitation est passée de 150 mètres dans le paysage ju- façon distincte. Non que cette des éoliennes. Selon une étude 300 mètres à 600, voire 900 rassien. journée soit particulièrement de EMPA (« Laboratoire fédéral mètres. Mais pas en Suisse. venteuse. Non, les nuages bas pour l’essai des matériaux et Dans notre pays, elle est en- Les douces collines du Jura se déplacent lentement au- institut de recherche pour l’in- core fixée à 300 mètres. ont vu leur paysage modifié
10 JFW | Suisse No 95 janvier | février | mars 2011 par les éoliennes et leurs tours pair avec un grave empiète- Mont-Soleil. Des souvenirs propices à la construction s’élevant du sol. Pendant des ment sur l’environnement. d’enfance ressurgissent. Ma fa- d’éoliennes en Suisse. siècles, l’homme ne laissait Non seulement elles imprèg- mille, en effet, a effectué de son empreinte sur la nature nent le paysage, mais elles né- très nombreux séjours dans L’autre facette de la RPC que pour cultiver la terre et as- cessitent aussi une infra- cette région, en quête de cal- Il y a encore une dizaine d’an- surer sa survie alimentaire. structure massive qui doit être me et de nature. Mais le paysa- nées, l’énergie éolienne en Des pâturages luxuriants et construite en plein cœur de la ge autour de moi a totalement Suisse n’était guère à l’ordre du des forêts couvraient les colli- nature. Toute éolienne re- perdu son innocence. Alors jour. Toutes les enquêtes, en nes et offraient à l’homme et à quiert une tour sur laquelle re- qu’il est encore officiellement effet, avaient conclu à des con- la nature asile et repos, loin de pose son installation, ainsi considéré comme une zone ditions trop peu favorables : l’agitation des villes. qu’une voie d’accès pour sa agricole, son industrialisation, vent insuffisant et instable. maintenance ; des kilomètres qui a démarré avec la con- Vis-à-vis de la campagne de Là où, jadis, les vaches de câbles doivent être posés struction des éoliennes, est dé- peur orchestrée par les gran- paissaient, paisibles… afin d’acheminer dans le ré- sormais presque inévitable. des entreprises qui fournissent De par la construction d’éoli- seau électrique l’électricité Certes, la société d’exploitati- l’électricité et leurs lobbyistes ennes et leur regroupement produite. En outre, des li- on Juvent SA, filiale de la BKW quant à une menace de pénu- en « parcs éoliens », le paysage gnes électriques doivent être FMB AG (Bernische Kraftwer- rie d’électricité, les politiciens, est rattrapé à vitesse grand V construites ou étendues, ke AG), ne prévoit pas à l’heu- après de longues négociations, par l’industrialisation. Là où, auxquelles s’ajoutent égale- re actuelle de construction de ont réagi par la création de la hier, les vaches paissaient, pai- ment, hormis le parc éolien, nouvelles éoliennes sur le rétribution de l’injection à prix sibles, s’élèvent de gigantes- un centre de distribution Mont-Crosin. Mais le répit se- coûtant (RPC). ques tours en béton, des voies supplémentaire. ra de courte durée, jusqu’à ce d’accès sont créées et des rése- que la ruée vers l’or ne susci- Cette mesure gouvernementa- aux de câbles installés. Les Je poursuis mon périple sur le te de nouvelles convoitises le bien intentionnée (c’est-à- éoliennes, en effet, vont de Mont-Crosin en direction du vis-à-vis des rares endroits dire financée par les contribu- A l’occasion de l’implantation d’une éolienne, l’étendue de la destruction de la nature et du paysage est bien visible sur les Crêtes jurassiennes.
No 95 janvier | février | mars 2011 JFW | Suisse 11 ables et les consommateurs en Suisse restent mauvaises struites durant l’été 2010, nature. Il faut une bonne dose d’électricité), destinée à pro- pour la production d’électrici- avant d’être mises en service de cynisme et de mépris du vi- mouvoir les énergies renou- té. Cependant, grâce à la RPC, en novembre de la même an- vant pour donner des appa- velables, s’apparente de plus elles permettront néanmoins née. Là encore, les éoliennes rences écologiques à cette de- en plus à un cheval de Troie aux promoteurs et aux entre- ont été implantées dans un struction organisée de la na- pour les promoteurs et les prises d’électricité de réaliser paysage naturel idyllique. Prés ture et de l’environnement, grandes entreprises d’énergie. des affaires juteuses. Une au- et champs ont été détruits comme le fait à l’heure actuel- Les mesures relatives à la pro- baine pour une minorité à pour aménager des voies d’ac- le l’industrie de l’électricité. Et tection du paysage et de l’envi- gros moyens, mais sur le dos cès, des fondations en béton les villes se rendent complices ronnement sont systématique- d’un paysage et d’une nature ont été ouvertes dans le sol et de cette exploitation insensée. ment amendées et levées en exploités. des tranchées ont été creusées Pour la population locale et ru- faveur de la production de cet- pour les câbles. Un morceau rale, il ne reste rien, à part des te prétendue « énergie verte ». 800 éoliennes en Suisse ? de Suisse, que depuis des siè- paysages dévastés. Même des zones cantonales et Je parviens au Mont-Soleil, où cles l’homme a utilisé en har- nationales protégées ne sont le reste des seize installations monie avec la nature, a été dé- La résistance s’organise pas à l’abri de cette tendance, est implanté, par un agréable truit pour toujours pour des Mais tout espoir n’est pas per- comme le prouvent les projets sentier menant de Cerneux- profits à court terme. Et ce qui, du. Bien qu’à l’heure actuelle, de planification du canton de Veusil à Le Peuchapatte (JU). au Mont-Crosin, à Le Peucha- la supériorité du lobby de Neuchâtel. Et ce, en dépit du Les trois plus récentes éoli- patte et à St-Brais, est déjà une l’électricité et des promoteurs fait que les conditions de vent ennes de Suisse y ont été con- réalité, menace nombre de semble massive, des initiatives paysages, de montagnes et de locales mobilisent de plus en collines en Suisse. Suisse Eole, plus la population contre les le lobby de l’industrie électri- éoliennes. Le consensus selon que, fait état de 108 installati- lequel l’énergie éolienne était ons planifiées dans dix-neuf bonne en soi, qui prévalait il y emplacements jusqu’à 2015. a quelques années encore, a D’ici 2030, jusqu’à 800 éoli- du plomb dans l’aile. Au ennes sont envisagées en Suis- Schwyberg (FR) et à Heiters- se, la plupart implantées dans berg (AG), la population con- des régions agricoles précieu- cernée lutte contre la de- ses et des espaces naturels sen- struction de la nature et du sibles. paysage. Dans le canton de Neuchâtel, un comité d’initia- Une destruction de la na- tive fortement soutenu par la ture et de l’environnement Fondation Franz Weber a pré- déguisée en vert senté une initiative grâce à la- Tout cela, pour combler les be- quelle la population aura son soins énergétiques sans cesse mot à dire dans la construction croissants des villes et des ag- d’éoliennes. Comme il devrait glomérations. Car cette pro- aller de soi dans une démocra- duction « verte et locale » tie directe... d’électricité par les éoliennes n’alimente pas, bien que tout Grâce au concours de la Fon- soit mis en place pour donner dation Franz Weber, la popula- l’impression contraire, les « tion peut désormais se mobili- foyers de la région », mais bien ser pour la protection des colli- le réseau public général, où el- nes du Jura et renvoyer dans le est vendue au prix fort du- leurs cordes les promoteurs et rant les heures de pic de con- les grandes entreprises d’éner- sommation. gie. Partout en Suisse, où les in- térêts privés et l’enrichisse- La destruction du paysage est ment personnel menacent no- tacitement acceptée, voire dé- tre paysage naturel, notre voix libérément encouragée, par se fait entendre. les grandes entreprises pro- ductrices d’électricité et les Construction, activité et entretien des éoliennes nécessitent des accès qui portent at- technocrates qui n’entretien- teinte à ce paysage sensible. nent plus aucun lien avec la ■
12 JFW | Animaux No 95 janvier | février | mars 2011 Chasse aux sangliers dans les réserves naturelles ■ Anne Bachmann Au printemps 2010, la Fon- rise l’aération du sol, le ment une excellente mé- Malheureusement, le san- dation Franz Weber s’est drainage de l’eau, le mélan- moire, qui hiérarchise no- glier devra apprendre que battue avec succès pour ge de l’humus, le rajeunis- tamment la harde. La fe- l’homme n’a aucun scrupu- sauver d’une destruction sement naturel de la forêt, melle dont l’âge est le plus le à l’abattre dans ces lieux massive la couvaison annu- la germination et la dissé- élevé et l’expérience la plus de refuge et qu’il n’existe elle des cormorans au sein mination de diverses se- grande prend la fonction de bientôt plus aucun havre de de la réserve naturelle du mences. (Entre le prin- meneuse. Cette faculté et paix, où la faune peut se re- Fanel, sur les bords du lac temps et l’automne, il peut cette structure sociale, asso- poser en totale insouciance. de Neuchâtel. Ces oiseaux remuer chaque jour env. ciées à l’instinct de survie migrateurs ne sont pas la 120 m2 de sol, soit 4 ter- propre à toute espèce, con- Outrages à la fonction seule espèce sur laquelle les rains de football par année stituent un système de dé- des réserves naturelles ! autorités exercent une pres- !). En tant qu’espèce omni- fense important face aux re- Au mois de décembre, le sion de plus en plus forte. vore, le sanglier se nourrit doutables fusils des chasse- Service vaudois de la faune En effet, le sanglier est tra- autant de végétaux (plan- urs. Constatant et a organisé une battue aux qué depuis plusieurs an- tes, champignons, racines, mémorisant qu’il était chas- sangliers dans la réserve na- nées dans les réserves natu- graines, châtaignes, etc.) sable sur de vastes surfaces, turelle d’importance natio- relles des bords du lac de que d’animaux vivants ou le sanglier des régions du nale et internationale de Neuchâtel, à travers des bat- morts (insectes et leurs lar- Plateau se réfugie fréquem- Cheyres-Yvonand. Ayant tues organisées par l’Etat et ves, vers, rongeurs). ment dans les réserves na- obtenu confirmation de cet- depuis des tours d’affût (mi- Cette espèce possède égale- turelles. te information, la Fondation radors) installées par les chasseurs au bord de certai- nes réserves. Bien que con- sidéré par de nombreuses personnes comme nuisible, le sanglier est un acteur écologique à part entière et rien ne devrait justifier la traque de la faune jusqu’aux rares lieux de refuge qui lui sont encore dévolus. Le sanglier : un animal fascinant Outre son ouïe fine, le san- glier est doté d’un odorat très développé et d’organes tactiles très sensibles au ni- veau du groin. Grâce à ses facultés sensorielles, il dé- tecte la nourriture enfouie sous terre ou sous une cou- che de neige de 30 cm d’épaisseur. En labourant le sol à l’aide de son groin, il contribue à l’équilibre éco- logique des forêts. Cette re- cherche de nourriture favo- La présence de sangliers est bénéfique pour l’écosystème des forêts. Photo : Olivier Jean-Petit-Matile
No 95 janvier | février | mars 2011 JFW | Animaux 13 réserves naturelles et sort naturellement attiré par de ces zones la nuit pour se l’intéressante et riche sour- nourrir du maïs présent en ce de nourriture implantée grande quantité sur le pla- à proximité de son habitat teau suisse. Face à ce con- naturel, la forêt. L’abondan- stat, les autorités, les chas- ce du maïs crée automati- seurs et les agriculteurs es- quement des conditions fa- timent que l’unique vorables à la reproduction problème est le sanglier et de l’espèce, dont la consé- que la solution est l’ouver- quence est l’expansion ture des réserves naturelles anormale observée depuis aux chasseurs : on traite le quelques années. symptôme, mais pas la cau- se ! Cette vision réductrice La chasse n’arrange rien omet totalement que Un autre facteur contribue l’homme est responsable également au taux élevé de de cette situation conflictu- reproduction : la chasse. A Les sangliers sont traqués à la lisière des réserves naturelles depuis des tours d’affûts elle avec le sanglier : l’ex- l’instar de nombreuses dont le nombre et la proximité sont effroyables ! Photo : Pascal Rapin pansion de l’espèce et le espèces, le sanglier répond déplacement des populati- aux tirs de ses congénères Franz Weber a contacté le sière des forêts jouxtant les ons de sangliers sont étroi- par une reproduction plus chef de service, afin de con- réserves. Cette méthode tement liées au développe- fréquente. L’instinct de sur- damner cette opération qui est tellement populaire, ment des activités humai- vie de l’espèce l’incite à constitue une grave attein- qu’il n’est pas rare d’obser- nes. remplacer rapidement les te au rôle fondamental de ver une série de miradors pertes subies suite aux tirs ces rares espaces protégés: distants de quelques mè- Problèmes des chasseurs par une mul- un lieu de paix, de repos et tres seulement les uns des Premièrement, l’urbanisa- tiplication des naissances. de refuge pour l’ensemble autres ! L’impact de telles tion croissante des surfaces De ce fait, la chasse ne ré- de la faune. Il est important nuisances est évidemment a réduit de manière drasti- sout absolument pas le pro- d’ajouter qu’une battue oc- considérable sur les oise- que l’espace vital de la fau- blème de la gestion des casionne des dommages aux migrateurs, dont la ne, dont le sanglier. L’in- sangliers, au contraire ! Il collatéraux sur la faune en- tranquillité est profondé- dustrialisation de l’agricul- est nécessaire de voir plus vironnante, en raison du ment perturbée. ture a également modifié loin que le bout de son nez nombre de personnes mo- l’habitat naturel et le com- et traiter cette question bilisées. Particulièrement Entre les battues et la chas- portement du sanglier. Afin complexe dans sa globalité. vulnérables en pleine péri- se à l’affût, les outrages aux d’obtenir davantage de ren- L’homme doit stopper l’ex- ode hivernale, les oiseaux zones protégées se multi- dement des vaches laitiè- tension effrénée des surfa- en particulier subissent plient de manière alarman- res, les agriculteurs ont ces construites et revenir à inévitablement ce type te. Comment expliquer un remplacé l’herbe par le une agriculture raisonna- d’intervention. tel acharnement et quels maïs. Ce changement aber- ble, afin de parvenir à une sont les paradoxes de la rant et totalement inadapté cohabitation harmonieuse Outre les battues organi- gestion actuelle des san- du mode d’élevage a provo- avec la faune, dont le san- sées par les services de gliers ? qué une explosion de la de- glier. l’Etat directement au sein mande en maïs et, de ce des réserves, une autre mé- Le conflit fait, augmenté excessive- Pistes de réflexion thode tout aussi contestab- sanglier/homme ment la taille et le nombre Sans pour autant traiter le le est à disposition des Cette pression accrue sur des surfaces utilisées pour fond du problème, deux au- chasseurs pour tirer les les sangliers est officielle- la culture de cette plante tres mesures existent pour sangliers dans certaines ré- ment justifiée par les dom- (Suisse : 1960 = 3600 hecta- gérer les dégâts du sanglier serves naturelles : la chasse mages causés aux cultures, res ; 2009 = 46'000 hecta- aux cultures : prévention et à l’affût. principalement de maïs, et res!). indemnisation. Cependant, par l’expansion de l’espèce l’homme prouve une fois Après avoir copieusement depuis une vingtaine d’an- Désormais, il n’est pas rare encore sa mauvaise volon- répandu du maïs dans la ré- nées en Suisse. Cet animal de voir des champs de maïs té dans la réalisation de ces serve pour attirer les san- étant extrêmement intelli- en lisière de forêt. Cette si- mesures. gliers, les chasseurs atten- gent, il fuit les balles des tuation créé un conflit iné- dent l’animal sur des tours chasseurs pendant la jour- vitable entre l’homme et le La pose de clôtures électri- d’affût positionnées à la li- née en se réfugiant dans les sanglier, car ce dernier est ques autour des cultures
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