Giessbach, comme un chateau de conte de fee - Fondation Franz Weber

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Giessbach, comme un chateau de conte de fee - Fondation Franz Weber
Janvier | février | mars 2011 | No 95 | Fr. 5.– | AZB/P.P. Journal 1820 Montreux 1 | Postcode 1

   Giessbach, comme un
   chateau de conte de fee
    Animaux de zoo                                 Corrida                                        La petite chronique que
    et de cirque                                   Le tournant viendra-t-il d’Equateur ?          personne ne lit:
    Jeux au bord de l’abîme                                                                       Production de courant électrique
                                                                                                  par le sport
                                       7                                                   19                                 26

   www.ffw.ch
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Fondation Franz Weber: la griffe d’une protection animale efficace

En faveur
des animaux et
de la nature
Notre travail
est au service de la collectivité
Les actions de la Fondation sont motivées par la con-
viction que les animaux dans leur ensemble en tant
que partie intégrante de la création, ont droit à l'exis-
tence et à l'épanouissement dans un habitat conven-
able, et que l'animal individuel en tant qu'être sensi-
ble a une valeur et une dignité que l'homme n'a pas
le droit de mépriser.

Aussi bien dans ses campagnes de protection et de
sauvetage de paysages, que dans celles d'animaux per-
sécutés et torturés, la Fondation s'efforce inlassable-
ment d'éveiller en l'homme sa responsabilité vis-à-vis
de la nature et d'obtenir pour les peuples d'animaux
un statut juridique parmi les institutions humaines                                       Quand tout semble vain, quand tous les
leur garantissant protection, droits et survie.
                                                                                             espoirs s’en vont, quand on est saisi
La FFW, reconnue d'utilité publique, est exonérée                                         d’accablement face à la destruction de la
d'impôts. Pour pouvoir continuer à remplir ses gran-
des tâches au service de la nature et du monde ani-                                    nature et à la misère des animaux persécutés
mal, la Fondation devra toujours faire appel à la gé-                                  et torturés…on peut encore se tourner vers la
nérosité du public. Politiquement indépendante,
subventionnée ni par l'économie, ni par les pouvoirs                                              Fondation Franz Weber .
publics, elle dépend entièrement des seuls dons, do-
nations, legs, etc...

               Aidez-nous ! Chaque don, aussi modeste soit-il, est important et reçu avec gratitude.
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Giessbach, comme un chateau de conte de fee - Fondation Franz Weber
No 95 janvier | février | mars 2011
                                                                                                                                                       JFW | Editorial                         3

                                                           Editorial                                 Animaux

                                          Franz Weber, rédacteur en chef                Communication avec les animaux Une nouvelle discipline vétérinaire                                     >>4
                                                                                        Zoos et parcs animaliers La grande faune sauvage n’y a plus sa place                                   >>7
                                                                                        Corrida Le tournant viendra-t-il d’Equateur ?                                                         >>15
Chères lectrices, chers lecteurs
                                                                                        Australie Le sauvetage des chevaux du Lake Gregory                                                    >>17
Comme d’autres pays, le nôtre aussi recense de nombreux moutons noirs.A                 Oiseaux migrateurs Escrinet col libre pour les pigeons ramier                                         >>22
savoir, les hordes de spéculateurs qui se sont mis en tête de transformer le Pla-
teau suisse en un désert de béton, qui ravagent nos vallées alpestres par la spé-
culation immobilière et le cimentage, et qui s’apprêtent maintenant à sacrifier
nos derniers paysages intacts, et même nos forêts, à l’industrialisation par l’éo-                   Suisse
lien, autrement dit à la consommation d’énergie sans limites et au gaspillage
effréné de courant.A savoir aussi la violence grandissante de nombreux jeunes,
                                                                                        Eoliennes Une technologie hautement nuisible à l’environnement                                          >>9
leur alcoolisme, leur toxicomanie. Mais cela n’est pas vraiment la Suisse, bien
que cela en fasse partie.
Non, ce qui distingue la Suisse est ce qui est durable. Et ce qui est durable, ce                    Nature
n’est pas seulement le Cervin, le plus beau sommet au monde, pas seulement la
magnifique Jungfrau, la chaîne alpestre et ses névés scintillants. C’est aussi et       Paysage et rêve L’influence de la nature sur notre sommeil                                            >>24
surtout nos institutions dont nous pouvons être fiers. C’est notre démocratie
directe. C’est notre histoire, riche de 720 ans d’existence.
Quel pays peut-il s’enorgueillir d’une telle histoire? Nous avons plein de raisons
                                                                                                     Société
d’aimer notre pays, en dépit de carences – presque, devrais-je dire – forcées.
Nous devons être fiers de ce que la Suisse a réalisé au cours de ses 720 ans            A Paris il y a 50 ans Bruno Coquatrix, le roi du Music-Hall                                           >>27
d’existence. Dans cette abondance, un seul exemple : la Suisse a donné au mon-
de la Croix-Rouge, pour l’heure, la plus remarquable conquête de l’humanité.
La voix de la Suisse a un retentissement certain dans le monde. Dans chaque
                                                                                                     JFW plus
domaine, que ce soit les arts, la musique, la poésie, la philosophie ou la théolo-
gie, que ce soit la technique, et même les sports, le cinéma, la Suisse a ses héros     La petite chronique que personne ne lit                                                               >>26
et ses héroïnes. En rapport à sa population, la Suisse possède le plus grand nom-       Courrier des lecteurs                                                                                 >>32
bre de Prix Nobel au monde!                                                             Une autre face de Lavaux – un nouveau livre                                                           >>34
Nous pourrions nous glorifier de centaines, voire de milliers d’exemples si nous        La palette végétarienne                                                                               >>36
dressions ici la liste des Suisses célèbres. Il ne s’agit pas de se vanter mais bien    Programme de la saison à Giessbach:                                                                   >>39
d’être fier pour une fois de la polyvalence, de la diversité, de l’hétérogénéité de
notre population, fier de nos quatre langues nationales, fier de nos 23 cantons,                                                 Impressum
fier de la beauté de notre nature et de nos paysages, fier du cœur de l’Europe
que nous sommes. La Suisse n’est pas seulement le cœur géographique de                   Editeur: Franz Weber pour la Fondation Franz Weber et Helvetia Nostra
l’Europe ; elle est aussi le cœur de la liberté en Europe.                               Rédacteur en chef: Franz Weber
                                                                                         Rédaction: Judith Weber, Walter Fürsprech,Vera Weber, Alika Lindbergh
Au-delà de ces avantages, il apparaît en toute clarté que nous ne pouvons nous           Mise en page: Vera Weber
satisfaire de cette seule fierté mais que nous devons nous battre encore et enco-        Impression: Ringier Print Adligenswil AG
re pour notre pays, pour notre chère nature encore inviolée. Si nous ne crions pas       Rédaction, Administration: Journal Franz Weber, case postale, CH-1820 Montreux (Suisse),
halte maintenant et ne répandons pas ce «halte» à l’ensemble du pays, il en est          tél 021 964 24 24 ou 964 37 37. Fax: 021 964 57 36. E-mail: ffw@ffw.ch – Site internet: http://www.ffw.ch
fait de la réputation mondiale de la beauté paysagère unique de la Suisse, car           Abonnements: Journal Franz Weber, abonnements, case postale, 1820 Montreux,
                                                                                         Tél. 021 964 24 24 ou 964 37 37
nous menace demain déjà ou après-demain non seulement la désertification de              Tous droits réservés. Reproduction de textes, de photographies ou d’illustrations avec la permission de la
nos vallées et de nos montagnes, mais encore l’image grimaçante d’un seul                rédaction seulement. Toute responsabilité pour des manuscrits, des livres ou autres documents (photos, etc)
espace urbain entre Genève et Romanshorn.                                                non commandés est déclinée. CCP: Si vous désirez soutenir le journal ou l’œuvre de Franz Weber par un
                                                                                         don, veuillez l’adresser au CCP 18-6117-3, Fondation Franz Weber, 1820 Montreux.
 Une fois de plus, c’est par la vertu de nos institutions très enviées qu’il nous est
permis, à nous, citoyens et citoyennes, d’intervenir dans un processus pernicieux,
dans le cas présent grâce à l’initiative fédérale aboutie, dénommée « Initiative        Communiquez-nous votre changement d’adresse!
pour le paysage » et celle, également aboutie, intitulée « Pour en finir avec les
constructions envahissantes de résidences secondaires ». La votation sur ces            La poste ne communique plus les changements d’adres-
deux initiatives approche à grand pas.                                                  se des abonnés aux maisons d’éditions. Si vous déména-
                                                                                        gez, n’oubliez donc pas de nous communiquer à temps
 Chères lectrices et chers lecteurs, à vous va ma prière de promouvoir dès main-
                                                                                        votre nouvelle adresse par mail, ffw@ffw.ch, par télé-
tenant auprès de vos parents, amis et connaissances, un double OUI massif à ces
                                                                                        phone, 021 964 37 37 ou par fax, 021 964 57 36 afin que
deux initiatives. Notre combat commun est une bataille pour nous-mêmes et
                                                                                        nous puissions garantir la distribution régulière de no-
pour l’avenir de nos enfants!
                                                                                        tre journal. Merci!
                                                                      Franz Weber
Giessbach, comme un chateau de conte de fee - Fondation Franz Weber
4   JFW | Animaux                                                                                                              No 95 janvier | février | mars 2011

Télépathie
avec les animaux
■   Alika Lindbergh

Une fabuleuse discipline vé-      rellement pour dialoguer                      tunité unique de connaître                    phie ou l’abandon de tous les
térinaire nouvelle est créée :    avec elle, la communauté                      par elle ce qu’est l’esprit d’un              autres), outre que le menson-
communication avec les ani-       scientifique fut contrainte                   gorille, ses pensées, son âme,                ge lui devint facile, il s’est sin-
maux                              d’admettre que les animaux                    enfin.                                        gulièrement isolé des autres
                                  ont une pensée, et même des                                                                 espèces vivantes, ne dialogu-
La légende veut que le roi Sa-    états d’âme. Les amis des bê-                 Il est évident dés qu’on les ob-              ant plus qu’avec ceux de sa
lomon « … parlait aux mam-        tes le savaient depuis long-                  serve, que non seulement les                  propre espèce baragouineu-
mifères, aux oiseaux, et aux      temps, bien sûr, mais quelle                  animaux pensent, mais qu’ils                  se. Ce ne fut pas un progrès,
poissons.» Qui de nous, amis      satisfaction ce fut de clouer le              réfléchissent, et que l’esprit                mais, au contraire, une perte
des bêtes, n’a rêvé de pouvoir    bec aux incrédules bornés en                  qui anime leur grande ou mi-                  inestimable, que nous ressen-
en faire autant ?                 leur opposant des arguments                   nuscule carcasse est bel et                   tons douloureusement lors-
                                  « scientifiquement démon-                     bien l’essentiel d’eux-mêmes,                 que notre animal familier
Leur parler vraiment, mais        trés ! »                                      tout comme il l’est pour l’ho-                est malade et que nous vou-
surtout comprendre les ré-                                                      mo sapiens.                                   drions tant l’interroger sur
ponses qu’ils tentent de nous     Il n’en reste pas moins que,                                                                ce qu’il ressent. Quel bon vé-
faire entendre, et avant tout,    pour être fascinante, cette ex-               Lorsque l’homme a dévelop-                    térinaire n’a rêvé de pouvoir
découvrir enfin ce qu’ils pen-    périence s’est étrangement li-                pé un langage articulé qui al-                interroger son patient, plu-
sent… Connaître les pensées       mitée à poser à Koko des                      lait devenir son moyen de                     tôt que le propriétaire, affolé
qui dorment ou s’agitent dans     questions simplettes, plutôt                  communication      privilégié                 et démuni de toute donnée
l’esprit de notre chat, du ca-    que de profiter d’une oppor-                  (au point d’entraîner l’atro-                 valable ?
nari, ou de cet âne qui nous
regarde de ses grands yeux
magnifiques, avec tant d’élo-
quente douceur !...

Qui de nous n’a envié ceux
qui murmurent à l’oreille des
chevaux ? et qui de nous n’a
dit à un animal qui le fixait
gravement, jusqu’au fond de
l’âme : « Qu’essayes-tu de me
dire ? »
Et comme il est frustrant,
dans ces moments là, quelle
que soit la confiance que
nous ayons dans les capacités
de l’amour, de ne pouvoir en
fait que supposer une répon-
se, ou, pire, l’inventer ?

Une opportunité
unique ratée
Lorsque l’éthologue Penny
Patterson eut apprit le langa-
ge des sourd-muets à la fe-
melle Gorille Koko, et que
celle-ci s’en servit tout natu-   Les animaux ne parlent pas avec des mots et n’écrivent pas de lettres. Mais ils lisent dans nos pensées.
Giessbach, comme un chateau de conte de fee - Fondation Franz Weber
No 95 janvier | février | mars 2011
                                                                                                             JFW | Animaux           5

Cette crainte cartésienne             dire ». Lorsqu’un chien plon-     parlé. C’est la télépathie qui,    ce que personne ne s’avisait
J’ai toujours pensé que nos           ge son bon regard dans le nô-     tel un téléphone naturel, ap-      d’utiliser la télépathie pour
frères inférieurs - comme on          tre, et qu’il est évident qu’il   prend à notre petit compa-         les perspectives qu’elle nous
les nomme - nous sont très            cherche à nous dire quelque       gnon que nous venons de            ouvrirait dans nos recher-
supérieurs, en fait, à de nom-        chose, directement d’esprit à     prendre la route pour reve-        ches sur les animaux, et nos
breux égards (mais, bien sûr,         esprit, nous craignons trop       nir à la maison, et il est aussi   rapports avec eux.
cette conviction n’engage             souvent de rêver le message,      sûr du message que nous
que moi).                             d’affabuler, et cette crainte     d’un appel téléphonique : il       Oh ! miracle ! – ENFIN cela
                                      cartésienne augmente notre        s’installe donc devant la por-     change ! ENFIN un vrai pro-
En tout cas, on ne peut nier          incapacité para-psychique.        te pour nous attendre et ces-      grès !
que ceux qui vivent au con-                                             se de s’inquiéter. C’est la té-
tact des animaux et les ob-           Enkysté,                          lépathie qui l’avertit que         Aujourd’hui, voici que se dé-
servent sans préjugés, avec           notre sixième sens ?              nous dissimulons un chagrin        veloppe timidement mais
amour et respect, acquièrent          Sans doute, l’animal se rend-     et, alors qu’aucun de nos          sûrement, une discipline pa-
très tôt la certitude que les         il compte que notre esprit,       proches n’a rien ressenti, lui     ra-vétérinaire nouvelle : le
animaux, eux, nous comp-              contrairement au sien, est        vient se coller à nous pour        métier de communicateur
rennent fort bien, parfois            atteint d’une surdité plus ou     nous dire « Je suis là ! »…        avec les animaux.
même d’une manière stupé-             moins grave, et cela l’attris-    C’est elle, cette merveilleuse
fiante – soit par le truche-          te-t-il tout comme nous.          faculté, qui lui permet de li-     Il y a quelques années à pei-
ment des mots (que rapide-            Mais pour peu que de temps        re dans les tréfonds secrets       ne, des reportages télévisés
ment ils identifient et dont          en temps nous saisissons ce       d’un visiteur, et de savoir s’il   nous ont montré les pre-
ils connaissent le sens) soit         qu’il veut nous dire, il          est bienveillant ou dange-         miers balbutiements d’une
par la perception extra-sen-          n’abandonnera jamais, et re-      reux quoi qu’il prétende…          pratique vétérinaire ponctu-
sorielle qu’ils ont de la signi-      commencera encore et enco-                                           elle qu’en Belgique notam-
fication de notre discours.           re à émettre dans le langage      Tout ami des animaux a eu          ment, vient au secours du
                                      de l’âme : il sait bien, lui,     quelquefois ou très souvent        praticien aux prises avec des
Il est clair que les animaux          que nous pourrions nous «         l’occasion de vérifier cette       difficultés de diagnostic
peuvent lire dans nos pen-            parler » par ce canal extra-      extra-lucidité chez ses ani-       dans certaines pathologies
sées. Nous, en revanche,              sensoriel que parfois nous        maux de compagnie et il est        animales d’autant plus com-
nous n’y arrivons guère.              appelons notre intuition ;        intéressant d‘y adjoindre les      plexes parfois, que, tout
Alors, comme nous, nous le            pour lui, le sixième sens est     plantes, dont les recherches       comme chez l’homme elles
ferions en face d’un humain           naturel, et il le serait pour     de pointe ont prouvé qu’el-        peuvent      dépendre      de
« dur de la feuille », les ani-       nous si notre évolution si        les perçoivent parfaitement        facteurs psycho-somatiques.
maux qui essayent de dialo-           particulière ne l’avait enkys-    les intentions des humains
guer avec nous compensent             té en nous, nous laissant         qui les approchent, que ce         La communication télépa-
notre infirmité en adoptant           bien seuls sur cette terre !...   soit pour les soigner ou les       thique avec les animaux évi-
des mimiques, des attitudes,                                            détruire.                          te bien des tâtonnement qui
des gestes et toute sortes de         Enkysté, notre sixième sens.                                         souvent retardent ou com-
grognements et gémisse-               Voire… car il nous reste une      Bien étudiée, en particulier       promettent la guérison. Cer-
ment expressifs. Parfois, et          voie de communication à re-       par le célèbre Rhine et ses        tains vétérinaires, comme
surtout en nous regardant,            trouver, à ranimer en nous, à     disciples, la télépathie est la    Anne Evans, par exemple,
sachant comme les plus sen-           rééduquer, comme on le fe-        seule faculté extra-sensoriel-     en Belgique, soit se serrent
sibles d’entre nous que les           rait d’un membre traumatisé       le qui ne soit pas rejetée ni      eux-mêmes de la télépathie
yeux sont les fenêtres de             et momentanément paraly-          niée par la Science officielle,    (s’ils sont doués pour cela et
l’âme.                                sé : c’est la télépathie, ce      et cela au point d’être très       l’ont développée) soit font
Ma foi, dans un bon couple            moyen d’expression venu du        sérieusement étudiée par les       appel à un médium pour in-
humain/animal          comme          fond des âges, et dont beau-      laboratoires des armées            terroger l’animal malade.
dans ces très vieux couples           coup d’entre nous, cons-          (dans le but douteux de ser-
humains qui, comme le                 ciemment ou non, gardent          vir, bien entendu, au cours        Et les résultats sont stupéfi-
chantait Jacques Brel, se             encore quelques capacité          d’horribles guerres, en parti-     ants, car ils démontrent non
parlent « du bout des yeux ».         tout au fond d’eux-mêmes.         culier aux services d’espion-      seulement et une fois de
Cela marche plutôt bien.                                                nage…)                             plus que la communication
Hélas, même avec un être ai-          Tel un téléphone naturel                                             sans langage fonctionne,
mé aussi proche de nous que           La télépathie est communé-        Des possibilités                   mais que les réponses appor-
notre chien, nous ne som-             ment utilisée par tous les        extraordinaires                    tées par les animaux témoi-
mes jamais sûrs à cent pour           animaux, comme elle le fut        En revanche, nous sommes           gnent d’un bon sens et d’une
cent d’avoir bien saisi son           sans doute par nos lointains      quelques uns à nous être           intelligence souvent bluf-
message « sans mots pour le           ancêtres d’avant le langage       ponctuellement indignés de         fants.
Giessbach, comme un chateau de conte de fee - Fondation Franz Weber
6     JFW | Animaux                                                                                        No 95 janvier | février | mars 2011

Bien entendu, il va falloir         ont tendance à tâter leurs vi-    sion est d’étendre la compas-       tion sera certainement beau-
rester prudent et bien s’in-        siteurs ou à les regarder au      sion à tous les êtres vivants,      coup plus discuté et mis en
former avant de faire confi-        fond des yeux pour capter ce      Kim Sheridan avec son               doute que lors de son utilisa-
ance à un communicateur :           qu’ils pensent, et, donc,         époux dirige un refuge pour         tion vétérinaire. Mais pour
ses dons peuvent être trop          leurs intentions réelles.         les rats (apprivoisés) aban-        les esprits ouverts, elle ap-
peu développés et il peut           Quant à mon propre petit          donnés ou maltraités, ainsi         porte un extraordinaire apai-
mal traduire ce qui lui est         chien Elfie, traumatisé par       qu’un service de garde et de        sement, car si l’on en croit
communiqué mais, surtout, il        les conditions que lui avait      promenade pour les chiens.          les témoignages boulever-
ne faut pas perdre de vue que       imposées le trafic de chiens      Très connue aux U.S.A., cet-        sants rapportés par Kim She-
tout ce qui relève de la médi-      venus d’Europe centrale, il       te très jolie blonde au visage      ridan, nos animaux défunts
umnité est encombré de to-          était, quand je l’ai vu pour la   serein est devenue peu à peu        sont pleins de gratitude et
qués, de charlatans et de my-       première fois, abattu et ex-      une experte en communica-           d’amour envers ceux qui les
thomanes, comme, hélas,             trêmement méfiant à l’égard       tion avec les animaux et prô-       ont soignés et aidés, et apai-
tous les domaines para-psy-         des humains. mais, à peine        ne le développement d’une           sent invariablement les re-
chologiques, y compris et           arrivé chez moi, il est venu      véritable formation professi-       proches que nous nous fai-
surtout les plus probants.          me regarder de tout près,         onnelle en la matière.              sons parfois de n’avoir pas
                                    truffe contre nez, et les yeux                                        été toujours à la hauteur
Je me contenterai de rappe-         dans les yeux (c’est un com-      Mais son livre : «Les ani-          dans nos rapports avec eux
ler que ce n’est pas parce          portement fréquent chez les       maux et l’au-delà» va beau-         ou nos décisions.
qu’un témoin à la vue basse         grands singes, mais que je        coup plus loin. Ayant elle-
décrit de travers ce qu’il a        n’avais jamais rencontré          même horriblement souffert          Leurs réponses aux doutes
vu, que ce qu’il a vu n’existe      chez un chien). Il est resté      des premiers décès d’ani-           exprimés sont invariable-
pas, ou parce que la traducti-      comme cela près d’une mi-         maux qu’elle a endurés, elle        ment compréhensives et
on d’un livre est détestable        nute, me reniflant et le re-      s’intéresse à développer les        empreintes d’une simplicité
qu’il n’est pas un chef             gard plongé dans le mien. A       connaissances issues d’expé-        et d’une douceur merveil-
d’œuvre dans sa langue              partir de cet instant, il         riences dites «de mort appro-       leuses.
d’origine. Pouvant, certes          savait, et sa confiance exclu-    chée» propres à assurer aux
étés mal utilisé, le langage        sive en moi est totale. Il ré-    gens en deuil d’un animal fa-       Nous consacrerons d’ailleurs
sans mots de la télépathie          pète souvent ce comporte-         milier, un réconfort valable.       un article à la mort de nos
n’en est pas moins valable          ment depuis, renouvelant                                              animaux familiers et à tout
lorsqu’un bon communica-            cette lecture des tréfonds de     Réponses de «l’autre côté» ?        ce que les expériences et les
teur s’en sert, tout comme          mon esprit, et, lorsqu’il re-     Je n’hésite pas à écrire qu’à       preuves testimoniales récen-
on ne peut juger de la valeur       part, il est comme un ami         cet égard, son livre (hélas ! si    tes nous apprennent sur leur
de la médecine à travers les        qui a obtenu la réponse à des     mal traduit en français !) est      vie après la vie, mais, en at-
erreurs d’un mauvais méde-          questions essentielles…           aussi important que le très         tendant, comment ne pas se
cin (et Dieu sait qu’il y en a !)                                     célèbre «La vie après la vie»       réjouir d’apprendre qu’il est
                                    Vers une vraie communi-           du Dr. Moody, prisonnier de         possible de mieux compren-
En tout cas, cette réserve fai-     cation avec les animaux           la recherche sur les expéri-        dre et mieux soigner nos
te et la prudence étant de          Avec un peu de bonne volon-       ences humaines de mort ap-          compagnons ou les animaux
mise, l’idée est enthousias-        té, le dialogue est donc possi-   prochée. Ce livre qui ras-          que nous secourons soit en
mante et ouvre d’extraordi-         ble, par cette voie. J’en ai eu   semble une multitude de             développant nos capacités
naires possibilités.                une nouvelle confirmation à       preuves testimoniales de la         télépathiques si par chance
                                    la lecture d’un ouvrage éton-     survivance de l’âme des ani-        nous en avons en nous, soit
Les yeux dans les yeux              nant traduit (très mal) de        maux souligne une évidence          en consultant ces vétérinai-
En fait, en télépathie chacun       l’américain, et dont l’auteur,    capitale : la télépathie, qui       res de pointe qui s’adjoi-
traduit en mots ce qui est          Kim Sheridan, semble une          permet à ceux qui la prati-         gnent un ou des «communi-
signification à l’état pur.         personnalité hors du com-         quent de dialoguer avec les         cateurs»?
(Cette    particularité     des     mun à la fois pour sa com-        animaux (par exemple, de
échanges télépathiques est          préhension et son amour           leur demander ce qu’ils res-        Espérons que cette discipli-
d’ailleurs exploitée abon-          sans réserve pour les ani-        sentent) étant un échange           ne va se développer et aider
damment dans les œuvres             maux et pour les possibilités     d’esprit à esprit, reste utilisa-   à la compréhension de ceux
de science-fiction ou E. T. et      qu’elle ouvre à une meilleu-      ble après que l’esprit ait quit-    qu’une humanité arrogante
autres petits hommes verts          re communication avec eux,        té son enveloppe corporelle         a traité jusqu’ici comme des
traduisent en n’importe quel        à la fois par ses écrits et par   – par conséquent, un bon            objets.
dialecte les pensées humai-         ses conférences qui, aux          communicateur peut obte-
nes et extra-terrestres !) Plus     U.S.A. suscitent un grand in-     nir des réponses d’un animal
près de nous, les Indiens           térêt. Fondatrice du Com-         parti « de l’autre côté ».
d’Amazonie, par exemple,            passion Cèrcle, dont la mis-      Cet aspect de la communica-                                             ■
Giessbach, comme un chateau de conte de fee - Fondation Franz Weber
No 95 janvier | février | mars 2011
                                                                                                                              JFW | Animaux            7

Animaux de zoo et de cirque                                                                                                en une sorte de prison… Petit
                                                                                                                           à petit les conflits se feront

Ils jouent au bord de l’abîme
                                                                                                                           plus fréquents et problémati-
                                                                                                                           ques. Les parents rejetteront
                                                                                                                           leurs jeunes, l’espace vital in-
                                                                                                                           dividuel se réduisant comme
■   Pierre Demeure                                                                                                         peau de chagrin conduira à des
                                                                                                                           comportements stéréotypés et
Ils jouent, insouciants, sous                 plus grande satisfaction aussi           bien aménagé soit-il, ne sera       ce que les visiteurs non avertis
l’oeil attentif de leur mère. Ils             des autorités qui donnent ainsi          jamais un territoire à ours dans    prendront pour des promena-
ne savent pas qu’ils sont dans                spectacle aux visiteurs au nom           lequel vivre tout simple-           des ne sera en fait que le té-
le couloir de la mort, condam-                du blason de la ville.                   ment… une existence d’ours !        moignage pitoyable d’un im-
nés en quelque sorte par les ri-                                                                                           mense ennui chez l’animal qui
res des enfants et les regards                Hélas, il leur faut prévoir les          Ennui mortel                        répètera à l’infini les mêmes
amusés des grands…Ils, ce                     mois à venir. Car des oursons,           Les responsables ont bien           gestes, parcourra les mêmes
sont les deux oursons de la                   çà grandit vite… Les boules de           conscience que dans peu de          dizaines de mètres d’une piste
Fosse aux Ours, à Berne, Urs et               poils deviennent chaque jour             temps la situation deviendra        tracée par les va-et-vient inces-
Berna, (ou plutôt Ursa et Berna               plus imposantes. Les jeux                difficile. Dans la nature, les      sants, toujours les mêmes, jus-
puisqu’ils se sont avérés être                tournent au défi, la mère a de           oursons quitteraient leur mère      qu’à l’usure du sol…
deux femelles). Deux petites                  plus en plus de mal à surveiller         vers deux ans pour vivre leur
boules de poils toutes atten-                 les jeunes qui grimpent aux ar-          vie d’adultes dans un espace        Seuls les moments de nourris-
drissantes. La foule se presse                bres, cassent les branches,              éloigné de celui de leurs géni-     sage viendront rompre la mo-
pour les contempler, pour rire                creusent le sol et cherchent à           teurs. En parc, cette prise d’au-   notonie des heures, triste sort
de leurs facéties et s’émouvoir               s’échapper en passant sous les           tonomie n’est pas possible et la    pour ces rois des forêts et des
à l’heure de la tétée. Pour la                clôtures… Car un parc, aussi             cellule familiale de transforme     grands espaces.

Les jeux tournent au défi, la mère a de plus en plus de mal à surveiller les jeunes…
Giessbach, comme un chateau de conte de fee - Fondation Franz Weber
8       JFW | Animaux                                                                                                                    No 95 janvier | février | mars 2011

                                                                                          environnement correct ou se-                 blic qui a maintenant toutes
                                                                                          ront-ils condamnés à tourner                 les possibilités d’admirer la vie
                                                                                          en rond sur un sol de ciment ?               sauvage grâce aux nombreux
                                                                                          Qui assurera la charge finan-                films et documentaires.
                                                                                          cière de leur entretien ? Se-
                                                                                          ront-ils dépendants de la chari-             Des pas vers une réparation
                                                                                          té de Fondations dévouées à la               Il existe aussi suffisamment de
                                                                                          protection animale ? Ne vont-                lieux d’accueil pour les ours en
                                                                                          ils pas servir à donner le jour à            Europe pour que chacun puis-
                                                                                          de nouveaux jeunes pour atti-                se voir ces animaux dans un
                                                                                          rer le public ?                              environnement adapté. Il
                                                                                                                                       s’agit pour la plupart d’ani-
                                                                                          Que dire aussi d’une forme de                maux sauvés de mauvaises
                                                                                          chantage affectif consistant à               conditions de détention dans
                                                                                          brandir la menace d’euthana-                 des cirques, des zoos et même
Où sont les forêts et les grands espaces ? L’ourson les cherche obstinément en essayant   sie si aucune place n’est trou-              chez des particuliers. Grâce
de passer sous les clôtures.                                                              vée pour les jeunes devenus                  aux organisations, associations
                                                                                          trop encombrants ? Véritable                 et fondations qui financent ces
La prison à vie ou l’injecti-                quelques mois plus tard, pour                appel au secours pour une si-                sanctuaires, les plantigrades
on létale                                    le plus grand amusement                      tuation imprévue ou tactique                 reprennent goût à la vie et vi-
Pour éviter ce lamentable                    d’une nouvelle génération de                 délibérée pour de débarrasser                vent en harmonie avec leurs
spectacle, seules deux soluti-               bambins et de leurs parents…                 des animaux à problèmes ? Et                 congénères.
ons sont possibles : trouver un                                                           lorsqu’une solution convenab-
nouveau lieu d’accueil pour                  Que penser de ces solutions et               le sur tous les plans est propo-             Il n’est certes pas évident de
les oursons ou les euthanasier.              des options retenues par les re-             sée, a-t-on le droit à ce mo-                faire de longs voyages pour ad-
La relocalisation en pleine na-              sponsables des parcs et zoos ?               ment de se montrer très exige-               mirer les animaux en liberté.
ture est impossible : c’est dans             S’ils font le choix de l’euthana-            ant et de temporiser les choix ?             Mais si notre société acceptait
les premiers mois de sa vie que              sie, pourquoi ne pas avoir au                                                             la véritable biodiversité, celle
l’ourson apprend de sa mère                  préalable choisi l’alternative               Intolérable                                  qui laisse un peu d’espace au-
les comportements qui lui per-               de la stérilisation qui eut évité            Il serait plus que temps de por-             thentique à la faune sauvage, y
mettront de grandir dans la na-              les naissances ? L’argument se-              ter un nouveau regard sur la                 compris à des prédateurs qui
ture et de faire sa vie d’ours…              lon lequel il est bon de laisser             condition des animaux dans                   parfois prélèvent un mouton,
Le lieu d’accueil ne pourra                  la femelle avoir des jeunes                  les parcs et espaces de présen-              c’est à portée de nos yeux que
donc être qu’un zoo ou un                    sous prétexte que cela la rend               tation au public. Les représen-              nous pourrions observer «en
sanctuaire spécialisé dans l’ac-             heureuse est-il valable ? Même               tants de la grande faune sauva-              vrai» ce que les photographes
cueil de ces animaux. En espé-               si dans la nature un pourcenta-              ge n’ont plus leur place dans                et cinéastes animaliers nous
rant qu’ils aient à leur offrir au-          ge non négligeable de jeunes                 des lieux inadaptés aux ca-                  invitent à découvrir au travers
tre chose que quelques mètres                meurent d’une mort « na-                     ractéristiques de leur espèce.               de leurs magnifiques images.
carrés de béton déguisés en ro-              turelle » inhérente à leur espè-             Il n’est plus tolérable de se ser-
chers et dépourvus de toutes                 ce (conditions climatiques, ac-              vir d’eux pour amuser un pu-                                                       ■
ces plantes et ces fleurs qui                cidents, attaque par le mâle
font la joie d’un ours libre…                avide d’une nouvelle repro-
                                             duction,…), a-t-on le droit de
La seconde solution est hélas                sacrifier sans remords tous les
plus rapide et définitive. Un                deux ans une génération
jour, loin des regards, dans                 d’oursons ? Ne faut-il pas plu-
l’obscurité de la cage de nuit,              tôt voir dans cette pratique
une injection létale évitera les             une volonté délibérée de re-
problèmes à venir.                           nouveler périodiquement des
                                             objets d’amusement destinés à
De l’équivoque et                            attirer de nouveaux visiteurs ?
de l’inavoué
Une fois les oursons indésirab-              Appel au secours ou chan-
les disparus, le cycle infernal              tage aux sentiments ?
retrouvera son cours… L’ours                 Si la relocalisation est retenue,
et l’ourse séparés depuis long-              quelles seront les conditions
temps se retrouveront et de                  d’hébergement des exilés ?                   L’ennui mortel et la solitude désespérante du mâle dont tous les instincts le poussent
nouveaux oursons naîtront                    Pourront-ils bénéficier d’un                 vers la compagne tenue éloignée de lui…
Giessbach, comme un chateau de conte de fee - Fondation Franz Weber
No 95 janvier | février | mars 2011
                                                                                                                                              JFW | Suisse         9

Les sommets du Jura
                                                                                                                                       Et si une turbine d’éolienne
                                                                                                                                       s’effondrait lors d’une tempê-
                                                                                                                                       te? Le fait que ce scénario ne

s’industrialisent pour
                                                                                                                                       puisse être exclu a été déjà
                                                                                                                                       évoqué à maintes reprises.
                                                                                                                                       Rappel : les plus hautes turbi-

l’énergie « verte »                                                                                                                    nes éoliennes culminent à
                                                                                                                                       plus de 180 mètres ! Au bruit
                                                                                                                                       audible, par l’oreille humaine,
                                                                                                                                       des éoliennes s’ajoutent en ou-
■   Fabian Dreher                                                                                                                      tre les basses fréquences inau-
                                                                                                                                       dibles, qui elles aussi s’avèrent
                                                                                                                                       nocives pour la santé. Des étu-
                                                                                                                                       des spécialisées rapportent la
                                                                                                                                       prévalence de symptômes tels
                                                                                                                                       que maux de tête, équilibre in-
                                                                                                                                       stable, nausées, troubles du
                                                                                                                                       sommeil, irritabilité, dépressi-
                                                                                                                                       on, problèmes de concentrati-
                                                                                                                                       on et de mémoire à une dis-
                                                                                                                                       tance jusqu’à trois kilomètres
                                                                                                                                       des installations.

                                                                                                                                       À quelques pas, derrière le
                                                                                                                                       nouveau centre électrique,
                                                                                                                                       on aperçoit les premières
                                                                                                                                       éoliennes. Imposantes, elles
                                                                                                                                       jurent dans le paysage ambi-
                                                                                                                                       ant comme un cheveu sur la
                                                                                                                                       soupe.

Le courant des grands parcs éoliens ne peut pas être diffusé directement dans le réseau. Il est nécessaire de construire un bâtiment   Des zones naturelles
uniquement pour remplir cette fonction. Ci-dessus, la construction du Mont-Crosin a été implantée directement dans la nature sensi-    converties en
ble des Crêtes jurassiennes.                                                                                                           zones industrielles
                                                                                                                                       Les installations du Mont-Cro-
Le Vallon de St-Imier est enco-              dessus des crêtes. Le bruit pro-             dustrie, la construction et les              sin ont été saluées comme pi-
re plongé dans le brouillard                 duit par les éoliennes s’appa-               arts et métiers »), le bruit audi-           onnières. Pourtant, sur le plan
quand, tôt en ce matin d’au-                 rente à une sorte de gratte-                 ble au niveau du moyeu s’élè-                écologique, elles sont le signe
tomne, je démarre l’ascension                ment sourd et s’accroît à mesu-              ve à 107 décibels (dB), mais                 avant-coureur d’un scénario
du Mont-Crosin. Au bout d’une                re que je me rapproche. Au                   augmente avec la distance de                 catastrophe qui menace toutes
heure de marche environ à tra-               pied des installations, il est               façon exponentielle. (100 déci-              les montagnes et les collines
vers les sous-bois humides,                  omniprésent et strident. Mais                bels correspondent à la valeur               de Suisse. Depuis l’aménage-
j’arrive à la ferme « Le Sergent             pas fort ; une conversation est              moyenne du bruit enregistré                  ment au printemps et à l’été
», à hauteur des collines qui,               tout à fait possible à proximité.            lors de concerts et dans les dis-            2010, seize éoliennes ont été
outre le Mont-Crosin, comp-                  Sur la durée en revanche, le                 cothèques.) Selon une étude                  construites sur le Mont-Soleil
rennent également plus au                    bruit vous pénètre jusqu’aux                 de l’EMPA réalisée en janvier                et Mont-Crosin. Les premiè-
nord le Mont-Soleil. Les éoli-               os et empêche presque toute                  2010, des dépassements des                   res, installées entre 1996 et
ennes du Mont-Crosin sont en-                pensée claire et sensée.                     valeurs seuils sont enregistrés              2004, avaient une hauteur
core cachées par la gigantes-                                                             à moins de 450 mètres dans les               comprise entre 60 et 80 mè-
que forêt de sapins, et le guide             Une pollution sonore                         zones agricoles. Dans de nom-                tres. Elles étaient relativement
fait état d’une vingtaine de mi-             inouïe, en pleine nature !                   breux pays européens, la dis-                petites, comparé aux huit der-
nutes de marche restantes                    À ce jour, il n’existe que peu               tance minimale entre les                     nières qui culminent à une
pour atteindre le site. Mais mê-             d’études sur les risques pour la             éoliennes et les immeubles                   hauteur comprise entre 120 et
me ici, on les entend déjà de                santé des émissions sonores                  d’habitation est passée de                   150 mètres dans le paysage ju-
façon distincte. Non que cette               des éoliennes. Selon une étude               300 mètres à 600, voire 900                  rassien.
journée soit particulièrement                de EMPA (« Laboratoire fédéral               mètres. Mais pas en Suisse.
venteuse. Non, les nuages bas                pour l’essai des matériaux et                Dans notre pays, elle est en-                Les douces collines du Jura
se déplacent lentement au-                   institut de recherche pour l’in-             core fixée à 300 mètres.                     ont vu leur paysage modifié
Giessbach, comme un chateau de conte de fee - Fondation Franz Weber
10        JFW | Suisse                                                                                                                          No 95 janvier | février | mars 2011

par les éoliennes et leurs tours              pair avec un grave empiète-                    Mont-Soleil. Des souvenirs                    propices à la construction
s’élevant du sol. Pendant des                 ment sur l’environnement.                      d’enfance ressurgissent. Ma fa-               d’éoliennes en Suisse.
siècles, l’homme ne laissait                  Non seulement elles imprèg-                    mille, en effet, a effectué de
son empreinte sur la nature                   nent le paysage, mais elles né-                très nombreux séjours dans                    L’autre facette de la RPC
que pour cultiver la terre et as-             cessitent aussi une infra-                     cette région, en quête de cal-                Il y a encore une dizaine d’an-
surer sa survie alimentaire.                  structure massive qui doit être                me et de nature. Mais le paysa-               nées, l’énergie éolienne en
Des pâturages luxuriants et                   construite en plein cœur de la                 ge autour de moi a totalement                 Suisse n’était guère à l’ordre du
des forêts couvraient les colli-              nature. Toute éolienne re-                     perdu son innocence. Alors                    jour. Toutes les enquêtes, en
nes et offraient à l’homme et à               quiert une tour sur laquelle re-               qu’il est encore officiellement               effet, avaient conclu à des con-
la nature asile et repos, loin de             pose son installation, ainsi                   considéré comme une zone                      ditions trop peu favorables :
l’agitation des villes.                       qu’une voie d’accès pour sa                    agricole, son industrialisation,              vent insuffisant et instable.
                                              maintenance ; des kilomètres                   qui a démarré avec la con-                    Vis-à-vis de la campagne de
Là où, jadis, les vaches                      de câbles doivent être posés                   struction des éoliennes, est dé-              peur orchestrée par les gran-
paissaient, paisibles…                        afin d’acheminer dans le ré-                   sormais presque inévitable.                   des entreprises qui fournissent
De par la construction d’éoli-                seau électrique l’électricité                  Certes, la société d’exploitati-              l’électricité et leurs lobbyistes
ennes et leur regroupement                    produite. En outre, des li-                    on Juvent SA, filiale de la BKW               quant à une menace de pénu-
en « parcs éoliens », le paysage              gnes électriques doivent être                  FMB AG (Bernische Kraftwer-                   rie d’électricité, les politiciens,
est rattrapé à vitesse grand V                construites ou étendues,                       ke AG), ne prévoit pas à l’heu-               après de longues négociations,
par l’industrialisation. Là où,               auxquelles s’ajoutent égale-                   re actuelle de construction de                ont réagi par la création de la
hier, les vaches paissaient, pai-             ment, hormis le parc éolien,                   nouvelles éoliennes sur le                    rétribution de l’injection à prix
sibles, s’élèvent de gigantes-                un centre de distribution                      Mont-Crosin. Mais le répit se-                coûtant (RPC).
ques tours en béton, des voies                supplémentaire.                                ra de courte durée, jusqu’à ce
d’accès sont créées et des rése-                                                             que la ruée vers l’or ne susci-               Cette mesure gouvernementa-
aux de câbles installés. Les                  Je poursuis mon périple sur le                 te de nouvelles convoitises                   le bien intentionnée (c’est-à-
éoliennes, en effet, vont de                  Mont-Crosin en direction du                    vis-à-vis des rares endroits                  dire financée par les contribu-

A l’occasion de l’implantation d’une éolienne, l’étendue de la destruction de la nature et du paysage est bien visible sur les Crêtes jurassiennes.
No 95 janvier | février | mars 2011
                                                                                                                                     JFW | Suisse          11

ables et les consommateurs                   en Suisse restent mauvaises                  struites durant l’été 2010,         nature. Il faut une bonne dose
d’électricité), destinée à pro-              pour la production d’électrici-              avant d’être mises en service       de cynisme et de mépris du vi-
mouvoir les énergies renou-                  té. Cependant, grâce à la RPC,               en novembre de la même an-          vant pour donner des appa-
velables, s’apparente de plus                elles permettront néanmoins                  née. Là encore, les éoliennes       rences écologiques à cette de-
en plus à un cheval de Troie                 aux promoteurs et aux entre-                 ont été implantées dans un          struction organisée de la na-
pour les promoteurs et les                   prises d’électricité de réaliser             paysage naturel idyllique. Prés     ture et de l’environnement,
grandes entreprises d’énergie.               des affaires juteuses. Une au-               et champs ont été détruits          comme le fait à l’heure actuel-
Les mesures relatives à la pro-              baine pour une minorité à                    pour aménager des voies d’ac-       le l’industrie de l’électricité. Et
tection du paysage et de l’envi-             gros moyens, mais sur le dos                 cès, des fondations en béton        les villes se rendent complices
ronnement sont systématique-                 d’un paysage et d’une nature                 ont été ouvertes dans le sol et     de cette exploitation insensée.
ment amendées et levées en                   exploités.                                   des tranchées ont été creusées      Pour la population locale et ru-
faveur de la production de cet-                                                           pour les câbles. Un morceau         rale, il ne reste rien, à part des
te prétendue « énergie verte ».              800 éoliennes en Suisse ?                    de Suisse, que depuis des siè-      paysages dévastés.
Même des zones cantonales et                 Je parviens au Mont-Soleil, où               cles l’homme a utilisé en har-
nationales protégées ne sont                 le reste des seize installations             monie avec la nature, a été dé-     La résistance s’organise
pas à l’abri de cette tendance,              est implanté, par un agréable                truit pour toujours pour des        Mais tout espoir n’est pas per-
comme le prouvent les projets                sentier menant de Cerneux-                   profits à court terme. Et ce qui,   du. Bien qu’à l’heure actuelle,
de planification du canton de                Veusil à Le Peuchapatte (JU).                au Mont-Crosin, à Le Peucha-        la supériorité du lobby de
Neuchâtel. Et ce, en dépit du                Les trois plus récentes éoli-                patte et à St-Brais, est déjà une   l’électricité et des promoteurs
fait que les conditions de vent              ennes de Suisse y ont été con-               réalité, menace nombre de           semble massive, des initiatives
                                                                                          paysages, de montagnes et de        locales mobilisent de plus en
                                                                                          collines en Suisse. Suisse Eole,    plus la population contre les
                                                                                          le lobby de l’industrie électri-    éoliennes. Le consensus selon
                                                                                          que, fait état de 108 installati-   lequel l’énergie éolienne était
                                                                                          ons planifiées dans dix-neuf        bonne en soi, qui prévalait il y
                                                                                          emplacements jusqu’à 2015.          a quelques années encore, a
                                                                                          D’ici 2030, jusqu’à 800 éoli-       du plomb dans l’aile. Au
                                                                                          ennes sont envisagées en Suis-      Schwyberg (FR) et à Heiters-
                                                                                          se, la plupart implantées dans      berg (AG), la population con-
                                                                                          des régions agricoles précieu-      cernée lutte contre la de-
                                                                                          ses et des espaces naturels sen-    struction de la nature et du
                                                                                          sibles.                             paysage. Dans le canton de
                                                                                                                              Neuchâtel, un comité d’initia-
                                                                                          Une destruction de la na-           tive fortement soutenu par la
                                                                                          ture et de l’environnement          Fondation Franz Weber a pré-
                                                                                          déguisée en vert                    senté une initiative grâce à la-
                                                                                          Tout cela, pour combler les be-     quelle la population aura son
                                                                                          soins énergétiques sans cesse       mot à dire dans la construction
                                                                                          croissants des villes et des ag-    d’éoliennes. Comme il devrait
                                                                                          glomérations. Car cette pro-        aller de soi dans une démocra-
                                                                                          duction « verte et locale »         tie directe...
                                                                                          d’électricité par les éoliennes
                                                                                          n’alimente pas, bien que tout       Grâce au concours de la Fon-
                                                                                          soit mis en place pour donner       dation Franz Weber, la popula-
                                                                                          l’impression contraire, les «       tion peut désormais se mobili-
                                                                                          foyers de la région », mais bien    ser pour la protection des colli-
                                                                                          le réseau public général, où el-    nes du Jura et renvoyer dans
                                                                                          le est vendue au prix fort du-      leurs cordes les promoteurs et
                                                                                          rant les heures de pic de con-      les grandes entreprises d’éner-
                                                                                          sommation.                          gie. Partout en Suisse, où les in-
                                                                                                                              térêts privés et l’enrichisse-
                                                                                          La destruction du paysage est       ment personnel menacent no-
                                                                                          tacitement acceptée, voire dé-      tre paysage naturel, notre voix
                                                                                          libérément encouragée, par          se fait entendre.
                                                                                          les grandes entreprises pro-
                                                                                          ductrices d’électricité et les
Construction, activité et entretien des éoliennes nécessitent des accès qui portent at-   technocrates qui n’entretien-
teinte à ce paysage sensible.                                                             nent plus aucun lien avec la                                         ■
12    JFW | Animaux                                                                                             No 95 janvier | février | mars 2011

Chasse aux sangliers
dans les réserves naturelles
■   Anne Bachmann

Au printemps 2010, la Fon-       rise l’aération du sol, le                  ment une excellente mé-          Malheureusement, le san-
dation Franz Weber s’est         drainage de l’eau, le mélan-                moire, qui hiérarchise no-       glier devra apprendre que
battue avec succès pour          ge de l’humus, le rajeunis-                 tamment la harde. La fe-         l’homme n’a aucun scrupu-
sauver d’une destruction         sement naturel de la forêt,                 melle dont l’âge est le plus     le à l’abattre dans ces lieux
massive la couvaison annu-       la germination et la dissé-                 élevé et l’expérience la plus    de refuge et qu’il n’existe
elle des cormorans au sein       mination de diverses se-                    grande prend la fonction de      bientôt plus aucun havre de
de la réserve naturelle du       mences. (Entre le prin-                     meneuse. Cette faculté et        paix, où la faune peut se re-
Fanel, sur les bords du lac      temps et l’automne, il peut                 cette structure sociale, asso-   poser en totale insouciance.
de Neuchâtel. Ces oiseaux        remuer chaque jour env.                     ciées à l’instinct de survie
migrateurs ne sont pas la        120 m2 de sol, soit 4 ter-                  propre à toute espèce, con-      Outrages à la fonction
seule espèce sur laquelle les    rains de football par année                 stituent un système de dé-       des réserves naturelles !
autorités exercent une pres-     !). En tant qu’espèce omni-                 fense important face aux re-     Au mois de décembre, le
sion de plus en plus forte.      vore, le sanglier se nourrit                doutables fusils des chasse-     Service vaudois de la faune
En effet, le sanglier est tra-   autant de végétaux (plan-                   urs.       Constatant       et   a organisé une battue aux
qué depuis plusieurs an-         tes, champignons, racines,                  mémorisant qu’il était chas-     sangliers dans la réserve na-
nées dans les réserves natu-     graines, châtaignes, etc.)                  sable sur de vastes surfaces,    turelle d’importance natio-
relles des bords du lac de       que d’animaux vivants ou                    le sanglier des régions du       nale et internationale de
Neuchâtel, à travers des bat-    morts (insectes et leurs lar-               Plateau se réfugie fréquem-      Cheyres-Yvonand.       Ayant
tues organisées par l’Etat et    ves, vers, rongeurs).                       ment dans les réserves na-       obtenu confirmation de cet-
depuis des tours d’affût (mi-    Cette espèce possède égale-                 turelles.                        te information, la Fondation
radors) installées par les
chasseurs au bord de certai-
nes réserves. Bien que con-
sidéré par de nombreuses
personnes comme nuisible,
le sanglier est un acteur
écologique à part entière et
rien ne devrait justifier la
traque de la faune jusqu’aux
rares lieux de refuge qui lui
sont encore dévolus.

Le sanglier : un animal
fascinant
Outre son ouïe fine, le san-
glier est doté d’un odorat
très développé et d’organes
tactiles très sensibles au ni-
veau du groin. Grâce à ses
facultés sensorielles, il dé-
tecte la nourriture enfouie
sous terre ou sous une cou-
che de neige de 30 cm
d’épaisseur. En labourant le
sol à l’aide de son groin, il
contribue à l’équilibre éco-
logique des forêts. Cette re-
cherche de nourriture favo-      La présence de sangliers est bénéfique pour l’écosystème des forêts.                Photo : Olivier Jean-Petit-Matile
No 95 janvier | février | mars 2011
                                                                                                                               JFW | Animaux         13

                                                                                            réserves naturelles et sort      naturellement attiré par
                                                                                            de ces zones la nuit pour se     l’intéressante et riche sour-
                                                                                            nourrir du maïs présent en       ce de nourriture implantée
                                                                                            grande quantité sur le pla-      à proximité de son habitat
                                                                                            teau suisse. Face à ce con-      naturel, la forêt. L’abondan-
                                                                                            stat, les autorités, les chas-   ce du maïs crée automati-
                                                                                            seurs et les agriculteurs es-    quement des conditions fa-
                                                                                            timent      que       l’unique   vorables à la reproduction
                                                                                            problème est le sanglier et      de l’espèce, dont la consé-
                                                                                            que la solution est l’ouver-     quence est l’expansion
                                                                                            ture des réserves naturelles     anormale observée depuis
                                                                                            aux chasseurs : on traite le     quelques années.
                                                                                            symptôme, mais pas la cau-
                                                                                            se ! Cette vision réductrice     La chasse n’arrange rien
                                                                                            omet      totalement       que   Un autre facteur contribue
                                                                                            l’homme est responsable          également au taux élevé de
                                                                                            de cette situation conflictu-    reproduction : la chasse. A
Les sangliers sont traqués à la lisière des réserves naturelles depuis des tours d’affûts   elle avec le sanglier : l’ex-    l’instar de nombreuses
dont le nombre et la proximité sont effroyables !                   Photo : Pascal Rapin    pansion de l’espèce et le        espèces, le sanglier répond
                                                                                            déplacement des populati-        aux tirs de ses congénères
Franz Weber a contacté le                     sière des forêts jouxtant les                 ons de sangliers sont étroi-     par une reproduction plus
chef de service, afin de con-                 réserves. Cette méthode                       tement liées au développe-       fréquente. L’instinct de sur-
damner cette opération qui                    est tellement populaire,                      ment des activités humai-        vie de l’espèce l’incite à
constitue une grave attein-                   qu’il n’est pas rare d’obser-                 nes.                             remplacer rapidement les
te au rôle fondamental de                     ver une série de miradors                                                      pertes subies suite aux tirs
ces rares espaces protégés:                   distants de quelques mè-                      Problèmes                        des chasseurs par une mul-
un lieu de paix, de repos et                  tres seulement les uns des                    Premièrement, l’urbanisa-        tiplication des naissances.
de refuge pour l’ensemble                     autres ! L’impact de telles                   tion croissante des surfaces     De ce fait, la chasse ne ré-
de la faune. Il est important                 nuisances est évidemment                      a réduit de manière drasti-      sout absolument pas le pro-
d’ajouter qu’une battue oc-                   considérable sur les oise-                    que l’espace vital de la fau-    blème de la gestion des
casionne des dommages                         aux migrateurs, dont la                       ne, dont le sanglier. L’in-      sangliers, au contraire ! Il
collatéraux sur la faune en-                  tranquillité est profondé-                    dustrialisation de l’agricul-    est nécessaire de voir plus
vironnante, en raison du                      ment perturbée.                               ture a également modifié         loin que le bout de son nez
nombre de personnes mo-                                                                     l’habitat naturel et le com-     et traiter cette question
bilisées. Particulièrement                    Entre les battues et la chas-                 portement du sanglier. Afin      complexe dans sa globalité.
vulnérables en pleine péri-                   se à l’affût, les outrages aux                d’obtenir davantage de ren-      L’homme doit stopper l’ex-
ode hivernale, les oiseaux                    zones protégées se multi-                     dement des vaches laitiè-        tension effrénée des surfa-
en particulier subissent                      plient de manière alarman-                    res, les agriculteurs ont        ces construites et revenir à
inévitablement ce type                        te. Comment expliquer un                      remplacé l’herbe par le          une agriculture raisonna-
d’intervention.                               tel acharnement et quels                      maïs. Ce changement aber-        ble, afin de parvenir à une
                                              sont les paradoxes de la                      rant et totalement inadapté      cohabitation harmonieuse
Outre les battues organi-                     gestion actuelle des san-                     du mode d’élevage a provo-       avec la faune, dont le san-
sées par les services de                      gliers ?                                      qué une explosion de la de-      glier.
l’Etat directement au sein                                                                  mande en maïs et, de ce
des réserves, une autre mé-                   Le conflit                                    fait, augmenté excessive-        Pistes de réflexion
thode tout aussi contestab-                   sanglier/homme                                ment la taille et le nombre      Sans pour autant traiter le
le est à disposition des                      Cette pression accrue sur                     des surfaces utilisées pour      fond du problème, deux au-
chasseurs pour tirer les                      les sangliers est officielle-                 la culture de cette plante       tres mesures existent pour
sangliers dans certaines ré-                  ment justifiée par les dom-                   (Suisse : 1960 = 3600 hecta-     gérer les dégâts du sanglier
serves naturelles : la chasse                 mages causés aux cultures,                    res ; 2009 = 46'000 hecta-       aux cultures : prévention et
à l’affût.                                    principalement de maïs, et                    res!).                           indemnisation. Cependant,
                                              par l’expansion de l’espèce                                                    l’homme prouve une fois
Après avoir copieusement                      depuis une vingtaine d’an-                    Désormais, il n’est pas rare     encore sa mauvaise volon-
répandu du maïs dans la ré-                   nées en Suisse. Cet animal                    de voir des champs de maïs       té dans la réalisation de ces
serve pour attirer les san-                   étant extrêmement intelli-                    en lisière de forêt. Cette si-   mesures.
gliers, les chasseurs atten-                  gent, il fuit les balles des                  tuation créé un conflit iné-
dent l’animal sur des tours                   chasseurs pendant la jour-                    vitable entre l’homme et le      La pose de clôtures électri-
d’affût positionnées à la li-                 née en se réfugiant dans les                  sanglier, car ce dernier est     ques autour des cultures
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