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FMS – SMF Forum Médical Suisse – Forum Medico Svizzero – Forum Medical Svizzer – Schweizerisches Medizin-Forum jo u r n al Swiss Peer re d vie we Medical Forum 75 S. Haller, C. R. Kahlert, 82 L. Bally, T. Zueger, 89 N. C. Keller, K. Aurbach, C. Strahm, W. C. Albrich M. Laimer, C. Stettler S. Schmid, e t al. Rhumatisme articulaire aigu Closing the loop: où en Iatrogene Ureterläsion sommes-nous aujourd’hui avec le pancréas artificiel? 4 24. 1. 2018 With extended abstracts from “Swiss Medical Weekly” 73 R. Krapf Sans détour Offizielles Fortbildungsorgan der FMH Organe officiel de la FMH pour la formation continue Bollettino ufficiale per la formazione della FMH Organ da perfecziunament uffizial da la FMH www.medicalforum.ch Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
SOMMAIRE 71 Rédaction Rédacteurs conseil Prof. Nicolas Rodondi, Berne (Rédacteur en chef); Prof. Stefano Bassetti, Dr Pierre Périat, Bâle; Prof. Rolf A. Streuli, Langenthal Bâle; Dr Ana M. Cettuzzi-Grozaj, Bâle (Managing editor); Membres-adjoints à la rédaction Prof. Reto Krapf, Lucerne; Prof. Martin Krause, Münsterlingen; PD Dr Daniel Franzen, Zurich; Jérôme Gauthey, médecin diplômé, Prof. Klaus Neftel, Berne; Prof. Gérard Waeber, Lausanne; Bienne; Dr Francine Glassey Perrenoud, La Chaux-de-Fonds; PD Dr Maria Monika Wertli, Berne Dr Markus Gnädinger, Steinach; Dr Matteo Monti, Lausanne; Dr Daniel Portmann, Winterthour; Dr Sven Streit, Berne Sans détour R. Krapf 73 «I’m so lonely, I could cry!» Article de revue MIG S. Haller, C. R. Kahlert, C. Strahm, W. C. Albrich a r tic le 75 R humatisme articulaire aigu Peer re v ie we Le rhumatisme articulaire aigu est un syndrome clinique dont les principales manifestations sont la cardite et d l’arthrite. Sa pertinence réside dans la prédisposition pour une cardiopathie rhumatismale chronique s’accompagnant d’une morbidité et d’une mortalité considérables. Pratiquement disparu en Europe et en Amérique du Nord, il demeure une cause importante de maladies cardiaques dans les régions économiquement moins privilégiées. Article de revue L. Bally, T. Zueger, M. Laimer, C. Stettler a r tic le 82 Closing the loop: où en sommes-nous aujourd’hui avec le pancréas artificiel? Peer re v ie we d Au cours des dernières décennies, les possibilités thérapeutiques pour la prise en charge du diabète de type 1 ont radicalement changé. De nouvelles modalités thérapeutiques permettent au patient de gagner en autonomie et flexibilité. Casuistique N. C. Keller, K. Aurbach, S. Schmid, F. von Toggenburg, B. Hämmerle a r tic le 89 Iatrogene Ureterläsion Peer re v ie we d Eine 52-jährige Patientin tritt wegen therapierefraktärer Hypermenorrhoe nach wiederholter Endometriumablation zur elektiven laparoskopischen Hysterektomie mit Salpingektomie beidseits ein. Coup d’œil T. Benoit, M. Köhler, M. Krause a r tic le 93 Acne aestivalis Peer re v ie we d Eine 20-jährige Studentin stellte sich Ende Juni mit einem vor drei Tagen neu aufgetretenen, juckenden Hautausschlag auf der Notfallstation vor. Avec le Bulletin des médecins suisses, vous trouvez rapidement * WA N T E D * le poste de vos rêves ou le candidat idéal pour votre offre d’emploi. Chaque semaine, la plate-forme centrale d’offres d’emploi du Bulletin des médecins suisses publie les postes vacants actuels en Suisse, MÉDECIN ( HOMME/FEMME ) POUR en version imprimée et en ligne sur le site www.bullmed.ch. Contact: EMH Editions médicales suisses PRISE DE FONCTION IMMINENTE. Matteo Domeniconi Farnsburgerstrasse 8, CH-4123 Muttenz Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse Tél. 061 467without 86 08,permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html e-mail stellenmarkt@emh.ch, www.bullmed.ch
SOMMAIRE 72 Swiss Medical Weekly Editorial Board: Prof. Adriano Aguzzi, Zurich (ed. in chief); Prof. Manuel Battegay, Basel; Dr. Katharina Blatter, Basel (Managing editor); Prof. Jean-Michel Dayer, Geneva; Prof. Douglas Hanahan, Lausanne; Dr. Natalie Marty, Basel (Managing editor); Prof. André P. Perruchoud, Basel (senior editor); Prof. Christian Seiler, Berne; Prof. Peter Suter, Geneva (senior editor) The “Swiss Medical Weekly“ is the official scientific publication of the Swiss Society of Internal Medicine, Swiss Society of Infectiology, Swiss Society of Rheumatology and Swiss Society of Pulmonary Hypertension. The journal is supported by the Swiss Academy of Medical Sciences (SAM) and the Swiss Medical Association (FMH). Abstracts of new articles from www.smw.ch are presented at the end of this issue. The Works of Henri Matisse through the Lens of his Illnesses With hitherto unpublished documents about his intestinal operations Ernst Gemsenjäger-Mercier Illnesses played a pivotal role in the life of Henri Matisse. Die Krankheiten und Operationen von Henri Matisse / Henri Matisse – In order to rectify prior mistakes and misunderstandings, ses maladies, ses opérations / Matisse’s medical history requires clarification. Ernst Gemsenjäger has provided such Henri Matisse’s medical biography clearing up using his profound medical knowledge taken into account all previously With a preface by Daniel Oertli and Felix Harder. unpublished documents from the “Archives Matisse”. The book is a thrilling and educa- 2017. 84 pages, trilingual, 11 figs., tional medical case study and a treatise on medical and art history. partially in colour, paperback. sFr. 24.50 / € 24.50 ISBN 978-3-03754-098-5 EMH Schweizerischer Ärzteverlag Order: T +41 (0)61 467 85 55, F +41 (0)61 467 85 56, auslieferung@emh.ch, You will find further information at www.emh.ch www.emh.ch, EMH Schweizerischer Ärzteverlag AG, Farnsburgerstrasse 8, in the «Books» section. CH-4132 Muttenz Impressum Swiss Medical Forum – Marketing EMH / annonces: (abonnements de courte durée voir obtention explicite de l’autorisation de Forum Médical Suisse Dr Karin Würz, Responsable www.medicalforum.ch) EMH et sur la base d’un accord écrit. Organe officiel de formation continue communication et marketing, de la Fédération des médecins suisses tél. +41 (0)61 467 85 49, fax +41 ISSN: version imprimée: 1424-3784 / Note: Toutes les données publiées dans FMH et de la Société Suisse de Méde- (0)61 467 85 56, kwuerz@emh.ch version en ligne: 1424-4020 ce journal ont été vérifiées avec le plus cine Interne Paraît le mercredi grand soin. Les publications signées Abonnements membres FMH: du nom des auteurs reflètent tout Adresse de la rédaction: Eveline Maegli, FMH Fédération des médecins suisses, © EMH Editions Médicales Suisses SA l’opinion de ces derniers, pas forcé- Assistante de la rédaction FMS, Elfenstrasse 18, 3000 Berne 15, (EMH), 2018. Le Forum Médical Suisse ment celle de la rédaction du FMS. EMH Editions Médicales Suisses SA, tél. +41 (0)31 359 11 11, est une publication «open-acess» Les doses, indications et formes Farnsburgerstrasse 8, 4132 Muttenz, fax +41 (0)31 359 11 12, dlm@fmh.ch de EMH. Sur la base de la licence d’application mentionnées doivent en tél. +41 (0)61 467 85 55, Creative Commons «Attribution – Pas tous les cas être comparées aux fax +41 (0)61 467 85 56, Autres abonnements: EMH Editions d’Utilisation Commerciale – Pas de notices des médicaments utilisés, office@medicalforum.ch, Médicales Suisses SA, abonnements, Modification 4.0 International», EMH en particulier pour les médicaments www.medicalforum.ch Farnsburgerstrasse 8, 4132 Muttenz, accorde à tous les utilisateurs le droit, récemment autorisés. tél. +41 (0)61 467 85 75, illimité dans le temps, de reproduire, Production: Schwabe AG, Muttenz, Soumission en ligne des manuscrits: fax +41 (0)61 467 85 76, abo@emh.ch distribuer et communiquer cette créa- www.schwabe.ch http://www.edmgr.com/smf tion au public, selon les conditions Prix d‘abonnement: avec Bulletin des suivantes: (1) Citer le nom de l’auteur; Editions: EMH Editions Médicales médecins suisses 1 an CHF 395.– / (2) ne pas utiliser cette création à des Suisses SA, Farnsburgerstrasse 8, étudiants CHF 198.– plus frais fins commerciales; (3) ne pas modifier, 4132 Muttenz, tél. +41 (0)61 467 85 55, de port; sans Bulletin des médecins transformer ou adapter cette création. Photo de couverture: fax +41 (0)61 467 85 56, www.emh.ch suisses 1 an CHF 175.– / étudiants L’utilisation à des fins commerciales De: Salvato S, Ritschard T. Forum Med CHF 88.– plus frais de port peut être possible uniquement après Suisse. 2011;11(22):394–5. Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
SANS DÉTOUR 73 Sans détour Prof. Dr méd. Reto Krapf Il franchit la barrière hémato-encéphalique et et que les douleurs des patients soient bien Pertinent pour la pratique peut (études chez l’animal) favoriser la re contrôlées. C’est ce qu’a confirmé une étude myélinisation non pas par modulation du sys randomisée multicentrique, qui a comparé le «I’m so lonely, I could cry!» tème immunitaire, mais par stimulation de drainage continu par cathéter pleural et la (Hank Williams) la production de myéline via l’induction de la pleurodèse au talc. La durée d’hospitalisation Sur le plan psychopathologique, la solitude différenciation des oligodendrocytes imma s’élevait à 12 jours pour la pleurodèse au talc et est définie comme la disparité génératrice de tures. à 10 jours pour le cathéter pleural. Il n’y avait stress entre les contacts sociaux désirés par Dans une étude randomisée en double aveugle, toutefois pas de différence entre les deux un individu et les contacts sociaux qu’il a vé le fumarate de clémastine (2× 5,6 mg/jour par groupes en ce qui concerne la qualité de vie et ritablement. Dépression, troubles anxieux et voie orale durant 150 jours) a entraîné une la réduction de la dyspnée. Dans le groupe suicide en sont les conséquences. Un stigmate amélioration impressionnante de la conduc traité par cathéter pleural, il y avait davantage dangereux de la solitude est également la tion nerveuse dans le nerf optique (interpré d’effets indésirables (douleurs lors de la mise perception (par l’individu lui-même et par tée comme un signe de remyélinisation) chez en place, augmentation de la dyspnée, pleuré l’entourage) d’une non-attractivité sociale. Il des patients atteints de névrite du nerf optique sie, cellulite). En conclusion, les deux tech existe une immense base de données, qui et de sclérose en plaques. Ses effets indési niques semblent constituer des options accep montre que la solitude est associée à une rables: hormis la fatigue, aucun. tables (fig. 2). mortalité globale accrue. Lancet. 2017;390(10111):2481–9. JAMA. 2017;318(19):1903–12. Là aussi, l’écoute est essentielle (attention à la doi.org/10.1016/S0140-6736(17)32346-2. doi: 10.1001/jama.2017.17426. clause des 20 minutes prévue dans le Tarmed Rédigé le 08.12.2017. Rédigé le 08.12.2017. à compter du 01.01.2018). Comment se développe ce sentiment? Quelles idées et quels types de comportement pour Toujours digne d’être lu raient contribuer à ce sentiment? La Zoom sur … la rougeole solitude peut-elle aussi être normale? Le cancer médullaire Qu’est-ce qui était différent lorsque je – Infection via le tractus respiratoire par un paramyxovirus à de la thyroïde produit ne me sentais pas seul(e)? Les informa ARN de la famille des morbillivirus. de la (thyro-)calcitonine tions ainsi obtenues permettent d’éla – Période d’incubation de 12,5 jours; au maximum 23 jours. Au moyen de méthodes histochimiques borer un plan d’aide avec des effets in – Une personne infectée contamine en moyenne 9–18 autres couplées à la microscopie électronique téressants, y compris sur les troubles personnes. et du dosage de la calcitonine dans le somatiques (étude LISTEN). – La persistance de l’ARN viral durant 3 mois après l’infection milieu de culture cellulaire primaire, Int J Nurs Sci. 2016;3(3):242–51. explique probablement l’immunité à vie. des chercheurs sont parvenus à iden doi.org/10.1016/j.ijnss.2016.08.004. – A l’échelle mondiale, les décès liés à la rougeole ont diminué tifier les cellules parafolliculaires de la de 80% entre 2000 et 2015 (mais ils n’ont malheureusement Rédigé le 08.12.2017. thyroïde (aujourd’hui appelées «cel pas disparu …). lules C») en tant que cellules néopla – Des épidémies de rougeole (par ex. en Suisse) se produisent siques dans le cancer médullaire de la dans des populations où la couverture vaccinale est bonne en Nouveautés dans le domaine thyroïde. En conséquence, la calcito cas de «lacunes immunitaires», telles que des groupes non de la biologie nine sérique est devenue un biomar vaccinés (cf. fig. 1). queur essentiel dans le diagnostic et le – L’incidence de la panencéphalite sclérosante subaiguë est Un résultat surprenant: suivi post opératoire (au plus tôt 3 plus élevée que ce qui avait été présumé jusqu’à présent, remyélinisation en cas mois après l’opération) du cancer mé avant tout chez les enfants en bas âge (
SANS DÉTOUR 74 sité) et de la migraine chronique (≥15 crises de céphalées) sont restées largement vaines. Le «calcitonin gene related product» (CGRP) semble jouer un rôle essentiel dans le déclen chement de la douleur dans la région trigémi no-vasculaire. Des anticorps monoclonaux dirigés soit directement contre le peptide soit contre son récepteur ont été développés, et les résultats portant sur deux de ces molécules ont désormais été publiés. Administrées par voie sous-cutanées une fois par mois durant 3 mois pour l’une et durant 6 mois pour l’autre, les deux molécules étaient efficaces pour la migraine chronique ou épisodique, et elles n’étaient pas associées à davantage d’ef fets indésirables ou à des effets indésirables plus sévères que le placebo. Dans les deux études, le nombre de jours durant lesquels les patients souffraient de céphalées a diminué d’env. 3–5 jours. Il reste donc malgré tout en Figure 1: Rougeole: Maladies infectieuses à déclaration obligatoire Suisse et Principauté du core beaucoup de jours avec céphalées. L’effet Liechtenstein; déclarations de cas hebdomadaires de l’année précédente et de l’année actuelle placebo pertinent (d’env. 50%!) mérite lui aussi jusqu’à la semaine 1/2018 (état au 09.01.2018). La date de réception de la déclaration est déterminante d’être signalé. Voilà des résultats prometteurs, pour l’axe temporel. Source: Office fédéral de la santé publique, reproduction avec l’aimable autorisa- mais qui doivent encore être confirmés. Il s’agit tion. tout du moins d’une «preuve de principe» po sitive. N Engl J Med. 2017;377(22):2113–22. doi: 10.1056/NEJMoa1709038. N Engl J Med 2017;377:2123–32. doi: 10.1056/NEJMoa1705848. Rédigé le 07.12.2017. Cela nous a moins réjouis Les contraceptifs modernes associés à un risque accru de cancer du sein Dans une étude de cohorte prospective ayant porté sur toutes les femmes (âgées de 15–49 ans) résidant au Danemark et n’ayant pas d’antécé dents de cancer ni d’affections thromboembo liques, un risque accru et dose-dépendant de développer un cancer du sein a été identifié. Après une période de prise de 10 ans, le risque relatif était plus élevé de 38%. En chiffres abso lus: l’augmentation s’élevait à un cas de maladie pour 7690 femmes pour une exposition à n’im porte quel contraceptif hormonal (y compris progestatifs intra-utérins) durant 1 an. Figure 2: Epanchement pleural gauche (de: Salvato S, Ritschard T. Forum Med Suisse. N Engl J Med 2017;377:2228–39. 2011;11(22):394–5). doi: 10.1056/NEJMoa1700732. Rédigé le 07.12.2017. d’excellentes publications (voir par ex. la réfé fibrillation auriculaire était positivement cor rence [1] en tant que «pars pro toto»). Après rélée à la concentration de T4 libre [2]. Il pour Plume suisse l’identification de l’association entre l’hyper rait s’agir d’une information essentielle pour thyroïdie subclinique et la fibrillation auricu la définition de la concentration cible (sûre) Hypothyroïdie: subclinique, latente et laire, des chercheurs de l’hôpital universitaire dans le traitement de substitution de l’hypo malgré tout symptomatique? de Berne (sous la direction de notre rédacteur thyroïdie. L’équipe de recherche du Professeur J. J. Staub, en chef, le Professeur N. Rodondi; analyse des 1 J Clin Endocrinol Metab. 2001;86(10):4860–6. endocrinologue bâlois émérite, s’est consacrée données de 11 études de cohorte avec >30 000 doi.org/10.1210/jcem.86.10.7973. durant de nombreuses années à l’étude scien patients) ont à présent découvert que chez les 2 Circulation. 2017;136(22):2100–16. tifique des signes cliniques et symptômes de patients avec euthyroïdie et hypothyroïdie doi: 10.1161/CIRCULATIONAHA.117.02875. l’hypothyroïdie dite «subclinique» et a produit subclinique, la probabilité de survenue d’une Rédigé le 08.12.2017. SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2018;18(4):73–74 Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
Article DE ARTICLE de REVUE revue MIG 75 Bientôt à nouveau à l’ordre du jour dans notre pays? Rhumatisme articulaire aigu Dr méd. Sabine Haller a , Dr méd. Christian R. Kahlert a,b , Dr méd. Carol Strahm a , PD Dr méd. Werner C. Albrich a a Klinik für Infektiologie/Spitalhygiene, Kantonsspital St. Gallen; b Ostschweizer Kinderspital, St. Gallen Le rhumatisme articulaire aigu est un syndrome clinique dont les principales ma- a r tic le nifestations sont la cardite et l’arthrite. Sa pertinence réside dans la prédisposition Peer pour une cardiopathie rhumatismale chronique s’accompagnant d’une morbidité re v ie we et d’une mortalité considérables. Pratiquement disparu en Europe et en Amérique d du Nord, il demeure une cause importante de maladies cardiaques dans les régions économiquement moins privilégiées. En raison de l’augmentation de la mobilité et de la migration de personnes issues de populations à haut risque, il pourrait égale- ment regagner en pertinence dans notre pays. Introduction résidentielle accrue, périodes de guerre et de crise et environnement rural) ainsi qu’une prise en charge mé- Le rhumatisme articulaire aigu (RAA) est une maladie dicale de mauvaise qualité qui entrent en jeu [2]. Le inflammatoire faisant suite à une pharyngite à Strepto- RAA touche principalement les enfants et les adoles- coccus pyogenes (streptocoque du groupe A [SGA]). Les cents entre 5 et 15 ans et est extrêmement rare pendant manifestations de la maladie sont très variables. Les les trois premières années de vie. Dans les zones tem- plus fréquentes sont la cardite et l’arthrite, tandis que pérées, il survient typiquement durant la saison froide. des manifestations au niveau de la peau et du système Le RAA se retrouve souvent dans certaines familles et nerveux central (SNC) surviennent plus rarement. Il certains groupes ethniques, en particulier chez les po- s’agit généralement d’une maladie fébrile aiguë et lar- pulations indigènes d’Amérique du Nord et d’Océanie gement auto-limitante. Une atteinte cardiaque peut [3]. Les raisons de cette prédisposition accrue ne sont toutefois déboucher sur une valvulopathie chronique jusqu’à présent pas suffisamment comprises. et progressive ainsi qu’une sévère insuffisance car- La distinction est faite entre les populations à faible diaque. Deux aspects sont donc essentiels en cas de risque de RAA et celles dont le risque est moyen à élevé. RAA: le tableau clinique aigu ainsi que le développe- Les populations à faible risque présentent une inci- ment d’une cardiopathie rhumatismale chronique par dence annuelle de RAA ≤2/100 000 enfants (5–14 ans) la suite. ou une prévalence globale de cardiopathie rhumatis- En raison de sa fréquence et de ses signes cliniques male au sein de la population ≤1/1000 [4]. La Suisse fait dramatiques, le RAA a significativement marqué la partie de cette catégorie. Entre 2000 et 2010, la «Swiss rhumatologie. En 1815, le chirurgien Sir David Dundas a Paediatric Surveillance Unit» (SPSU) n’a documenté en attiré l’attention sur une cardiopathie spécifique pour Suisse que 24 cas confirmés de RAA [5]. En Europe et en laquelle il avait reconnu un rapport avec le RAA, au- Amérique du Nord, l’incidence du RAA a nettement quel il a probablement donné son nom [1]. En 1880, les baissé au cours des dernières décennies. Cette observa- pédiatres anglais Alfred Baring Garrod et James Fowler tion pourrait aussi bien être due à la vaste prophylaxie ont fourni la preuve que le RAA pouvait être déclenché qu’à l’épidémiologie changeante avec divers génotypes. par une amygdalite ultérieure. Peu après, les strepto- Dans les pays à revenu faible et intermédiaire, les taux coques β-hémolysants ont été identifiés comme en d’incidence continuent d’atteindre une ampleur épidé- étant l’agent causal. mique. Dans le monde entier, il survient chaque année près d’un demi-million de nouveaux cas de RAA et plus d’un quart de million de décès associés [2, 6]. Près de Epidémiologie 33 millions d’individus souffrent d’une cardiopathie Divers facteurs prédisposent à la survenue d’un RAA. rhumatismale chronique [2]. La prévalence la plus éle- Ce sont surtout l’âge jeune, l’ethnie, la situation socio- vée se retrouve en Afrique subsaharienne, au Proche et Sabine Haller économique (mauvaise hygiène, pauvreté, densité Moyen-Orient, en Asie du Sud et en Asie centrale ainsi SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2018;18(4):75–80 Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
Article de revue MIG 76 qu’au sein des populations indigènes d’Océanie, d’Aus- Même non traitée, l’arthrite présente généralement tralie et de Nouvelle-Zélande, où des incidences de RAA une évolution auto-limitante sur environ 4 semaines, s’élevant à 150–380/100 000 ont été décrites [3, 7]. sans laisser de lésions articulaires persistantes. En termes de diagnostic différentiel, il convient de faire la distinction avec une arthrite réactionnelle post-strep- Etiologie et pathogenèse tococcique (ARPS), qui est considérée par la plupart des Le RAA est une séquelle inflammatoire d’origine im- auteurs comme une entité à part entière. L’ARPS sur- munologique et non suppurée d’une pharyngite à SGA. vient dans un délai de 4–12 jours après une angine à Seuls certains types de SGA sont associés à un RAA. La streptocoque, sans autre symptôme classique d’un RAA. classification était en règle générale effectuée par un Son évolution peut être persistante ou récidivante, typage de la protéine M, le génotypage du gène de la mais typiquement non migratrice; cette arthrite ne protéine M (gène emm) est entre-temps devenu stan- présente pas de réponse thérapeutique aussi rapide dard [8]. Des facteurs génétiques de prédisposition du aux salicylates [13–15]. Il convient d’observer que les RAA semblent également entrer en jeu et sont pro symptômes du RAA et de l’ARPS se recouvrent en grande bablement héréditaires [2]. partie; un RAA doit toujours être recherché. La préven- Le mécanisme pathologique exact du déclenchement tion secondaire après une ARPS est contestée. d’un RAA est inconnu. Des réactions croisées entre des Près de 50–65% des patients développent une cardite antigènes streptococciques (par ex. protéines M) et des manifeste sur le plan clinique [16]. Cette cardite survient antigènes tissulaires humains (myosine) qui, selon un au début de l’évolution de la maladie, normalement mimétisme moléculaire, déclenchent des phénomènes dans les 3 premières semaines. Elle est classiquement auto-immuns sont considérées comme la cause la plus considérée comme une pancardite et peut toucher le probable [9, 10]. péricarde, le myocarde et l’endocarde. La valvulite est Le RAA est initialement caractérisé par des lésions la manifestation cardiaque de loin la plus fréquente; inflammatoires des tissus conjonctifs, qui touchent elle touche généralement la valve mitrale, plus rare- surtout le cœur, les articulations, l’hypoderme et les ment la valve aortique, et entraîne une insuffisance ganglions de la base. L’atteinte cardiaque précoce en- valvulaire [17]. Une péricardite ou une myocardite iso- traîne généralement un épaississement valvulaire lées sont très rarement associées à un RAA. Dans une avec incapacité de fermeture des valvules cardiaques méta-analyse de 23 études, la prévalence de cardite et dilatation valvulaire. L’endocardite verruqueuse et subclinique en cas de RAA, détectée par échocardiogra- les nodules d’Aschoff suivis d’une cicatrisation consti- phie Doppler, était de 18%; la moitié de ces patients pré- tuent des stades ultérieurs de la maladie, susceptibles sentant une cardite persistante ou progressive dans un de déboucher sur une anomalie cardiaque avec insuffi- délai de deux ans [18]. Les modifications inflammatoires sance et sténose combinées. aiguës régressent lentement en quelques semaines à quelques mois. Le pronostic définitif dépend de la sévé- rité de la manifestation initiale et du nombre de réci- Signes cliniques dives. La cardite est la seule manifestation d’un RAA Le RAA peut présenter une multitude de manifes susceptible d’entraîner des séquelles graves et à long tations cliniques susceptibles d’être présentes indivi- terme. Il existe un rapport inverse entre la sévérité de duellement ou de manière combinée. Les symptômes l’atteinte articulaire et le risque d’une cardite [19]. surviennent en règle générale 10–35 jours (en moyenne La chorée de Sydenham (danse de Saint-Guy) touche 19 jours) après une amygdalite à streptocoque. Le RAA 10–30% des patients atteints de RAA. Il s’agit d’un tableau débute généralement par une fièvre (>90%) et une clinique neurologique caractérisé par des hyperkinésies arthrite (75%) [2]. Il s’agit typiquement d’une polyarthrite sous forme de mouvements brusques, involontaires, migratrice des grandes articulations, telles que le ge- non coordonnés et irréguliers (choréiformes), prin nou, le coude, le poignet et la cheville. Chez les popu cipalement au niveau des extrémités distales ou du lations présentant une incidence élevée de RAA, des visage. A cela s’ajoutent une faiblesse musculaire, un monoarthrites aseptiques ou uniquement des polyar- manque d’assurance à la marche et une fragilité émo- thralgies peuvent également se manifester [11, 12]. L’ar- tionnelle. La chorée survient souvent après une longue thrite en cas de RAA répond généralement très bien et période de latence (jusqu’à 6 mois) et peut persister en quelques jours aux salicylates et aux anti-inflam- pendant plusieurs mois. Elle peut être temporellement matoires non stéroïdiens (AINS). Si cela n’est pas le cas, associée à d’autres symptômes du RAA ou apparaître de le diagnostic doit être reconsidéré. Il faut noter que les manière isolée. Les symptômes diminuent souvent pen- AINS peuvent masquer la manifestation classique. dant le sommeil. La chorée est associée au développe- SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2018;18(4):75–80 Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. 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Article de revue MIG 77 ment d’une cardiopathie rhumatismale (dans jusqu’à mineurs. Par ailleurs, la mise en évidence au laboratoire 60% des cas) [16]. d’une pharyngite à SGA antérieure doit être apportée. A Deux formes de manifestations rares mais très spéci- cette fin, la sérologie streptococcique (antistreptoly- fiques peuvent être observées au niveau de la peau. Les sine O, anti-DNAse B) s’avère utile puisque le RAA sur- nodules sous-cutanés (
Article de revue MIG 78 Dans la publication des critères de Jones révisés, l’«Ame- laire à la prise en charge d’une pharyngite à strepto- rican Heart Association» a compilé des diagrammes coque (voir prévention primaire), indépendamment de utiles présentant des stratégies diagnostiques en cas de la présence d’une pharyngite [22]. Cette stratégie sert à RAA (voir figure p. 1815 dans [4]). éradiquer une colonisation par SGA éventuellement en- core présente au niveau du nasopharynx. Le traitement Examens sérologiques classique du RAA est constitué d’acide acétylsalicylique Le taux d’anticorps antistreptolysines O (ASLO) aug- (AAS) qui entraîne une résolution rapide de la fièvre, mente approximativement une semaine après une in- des arthralgies et de l’arthrite. Toutefois, des études fection à SGA aiguë et atteint son maximum au bout contrôlées randomisées actuelles relatives à l’AAS ainsi d’environ 3–5 semaines. Il commence à diminuer à par- qu’aux alternatives telles que les AINS ou les corticosté- tir de la semaine 8 et retourne à sa valeur initiale après roïdes font défaut. Chez les enfants fébriles, les salicy- environ 8 mois [8]. Près de 20% des patients atteints lates sont généralement contre-indiqués en raison du d’une pharyngite à SGA ne produisent aucun titre risque d’un syndrome de Reye. Une petite étude a mon- d’ASLO pouvant être mis en évidence. En cas de résultat tré que le naproxène constitue, par rapport à l’AAS, une négatif au test d’anticorps ASLO, le titre des anti- alternative de même valeur pour le traitement de DNAse-B (ADB) est normalement déterminé dans une l’arthrite et provoque plus rarement une élévation des prochaine étape. Ce titre augmente 1–2 semaines après valeurs hépatiques [23]. D’autres AINS, tels que l’ibu l’infection, atteint son maximum au bout de 6–8 se- profène, ont probablement un effet comparable et éga- maines et commence à baisser après 12 semaines, pour lement l’avantage d’un profil d’effets indésirables plus retourner à sa valeur initiale au bout de 12 mois. Pour favorable, il n’existe toutefois guère de données à ce su- ces deux tests, les titres peuvent toutefois rester accrus jet. Le pronostic de l’épisode aigu dépend de la sévérité pendant plus d’un an. Une première sérologie doit être de l’atteinte cardiaque. Chez les patients présentant une effectuée en présence d’une suspicion de RAA, et une cardite et une insuffisance cardiaque graves, le traite- deuxième 2 à 4 semaines plus tard. La multiplication par ment conventionnel de l’insuffisance cardiaque est mis quatre du titre d’ASLO est généralement considérée en œuvre. Par ailleurs, des corticostéroïdes qui, de ma- comme une forte indication d’une infection à strepto- nière comparable aux salicylates, entraînent une amé- coque récente, il n’existe pas de données comparables lioration rapide de la fièvre et de l’inflammation sont concernant l’ADB. Sur le plan diagnostique, il est crucial souvent utilisés. Aucun net avantage du traitement de documenter une augmentation du titre et de ne pas anti-inflammatoire pour le résultat cardiaque n’est fonder le diagnostic sur l’«upper limit of normal» (ULN) scientifiquement prouvé. [21]. D’une part, le titre croissant peut déjà atteindre son Le traitement des chorées, généralement auto-limi- maximum en dessous de l’ULN et, d’autre part, les titres tantes, est symptomatique. De petites séries de cas ont peuvent demeurer stables pendant plusieurs mois sans montré que le valproate et la carbamazépine pouvaient mise en évidence d’une infection, par exemple en cas de exercer une influence positive sur les mouvements in- colonisation du pharynx par SGA. Toutefois, il existe volontaires [2]. En raison d’effets indésirables extrapy- également des situations où le titre d’ASLO a déjà, en rai- ramidaux potentiels, l’halopéridol et les autres neuro- son de la cinétique, atteint son maximum lors de la ma- leptiques doivent plutôt être évités. nifestation initiale du RAA et où le titre n’augmente plus Aucun des traitements n’influence la progression d’une en cours d’évolution. Afin de ne pas faussement inter- lésion des valves cardiaques dans le cadre d’un RAA. Tou- préter de tels résultats comme une sérologie négative, tefois, une évolution à long terme positive est fréquente. une ULN généralement définie au 80e percentile s’avère Le pronostic est nettement amélioré lorsqu’une préven- utile. Il faut noter que la valeur absolue de l’ULN varie tion secondaire peut permettre d’éviter des récidives de avec l’âge et qu’elle est la plus élevée durant l’enfance, ce RAA. Ainsi, le risque de valvulites répétées avec fibrose que reflète le taux d’incidence de la pharyngite à SGA. croissante des valves est minimisé. Il a par exemple pu être montré que, sous traitement à base de pénicilline destiné à la prévention secondaire, 40–70% des insuffi- Traitement sances valvulaires rhumatismales régressaient au bout La prise en charge du RAA inclut l’éradication des SGA de 10 ans, toutefois uniquement environ 30% en pré- au niveau du pharynx, le traitement symptomatique sence d’une insuffisance cardiaque initiale manifeste [24, de l’arthrite ainsi que le traitement de la cardite et de 25]. Dans une autre étude, des patients atteints d’une car- l’insuffisance cardiaque. dite due à un RAA ont présenté au bout d’un an une gué Au stade initial, tous les patients atteints d’un RAA rison clinique complète dans 50% des cas ainsi qu’une reçoivent un traitement antibiotique de manière simi- guérison échocardiographique dans 27% des cas [26]. SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2018;18(4):75–80 Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. 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Article de revue MIG 79 Identifier correctement un RAA s’avère essentielle et Au cours des dernières décennies, le RAA est devenu une ce, non seulement pour le traitement aigu mais aussi rareté en Europe, ce qui se reflète également en partie pour la mise en œuvre d’une prophylaxie secondaire dans les recommandations. Il n’existe actuellement au moyen d’antibiotiques. aucun avis unanime concernant l’indication thérapeu- tique en présence d’une pharyngite à SGA. Les recom- Prophylaxie primaire mandations provenant de France [30], Finlande [31] et La prophylaxie primaire chez les personnes ne présen- de l’«Infectious Diseases Society of America» (IDSA) [10] tant aucun antécédent de RAA consiste en un diagnos- adhèrent à un traitement antibiotique. En revanche, tic prompt et correct ainsi qu’en un traitement antibio- certains pays européens, comme par exemple l’Angle- tique des amygdalopharyngites à SGA. L’initiation du terre [32], l’Écosse [33], la Belgique [34] et les Pays-Bas [35], traitement dans un délai de 9 jours après survenue de ne préconisent aucune administration systématique l’amygdalopharyngite à SGA empêche un épisode pri- d’antibiotiques en cas de pharyngites à SGA en raison maire de RAA [22]. Retarder le début du traitement de 24 du risque minimal de développer un RAA. De même, la à 48 heures pour attendre le diagnostic des SGA n’im- «European Society of Clinical Microbiology and Infec- plique donc aucun risque accru d’un RAA [22]. Le traite- tious Diseases» (ESCMID) ne recommande pas le traite- ment antibiotique recommandé est composé de péni- ment antibiotique des pharyngites à SGA pour les pa- cilline ou d’amoxicilline pendant 10 jours (tab. 2). Selon tients sans antécédents de RAA [36]. des études plus anciennes, un traitement à l’amoxicil- Les recommandations divergentes reflètent l’état ac- line d’une durée de 6 jours est probablement tout aussi tuellement incertain des données dans le cas de cette efficace qu’un traitement à la pénicilline sur 10 jours [27, maladie secondaire entre-temps rare, mais qui reste 28]. Il convient d’ajouter qu’au moins un tiers des cas de toujours potentiellement grave. Les bénéfices et risques RAA surviennent suite à des infections streptococciques (coûts, effets indésirables, résistances aux antibiotiques oligosymptomatiques ou asymptomatiques qui n’abou- et influence sur le microbiome) d’une administration tissent jamais à une consultation médicale. préventive d’antibiotiques doivent être évalués compa- Les recommandations ci-dessus se fondent sur d’an- rativement. La procédure proposée s’oriente sur les ciens travaux ayant pas montré une réduction des cas recommandations actuelles (2010) du Groupe d’infec- de RAA par le traitement antibiotique de pharyngites tiologie pédiatrique suisse (PIGS) [37]. (à SGA) [29]. Cet effet n’a toutefois pas pu être mis en évidence que dans des études datant des années 1950 Prophylaxie secondaire et 1960, alors que l’incidence du RAA était beaucoup La prophylaxie secondaire sert à éviter les récidives de plus élevée qu’aujourd’hui. RAA. Cette prophylaxie suit le traitement d’éradication des SGA et empêche de nouvelles infections (égale- ment subcliniques) à SGA, qui accélèrent la progression Tableau 2: Prophylaxie primaire du rhumatisme articulaire aigu (correspond au de la cardiopathie. Les contacts ménagers présentant traitement des amygdalopharyngites à streptocoque du groupe A) [10, 27, 41]. des cultures du pharynx positives aux SGA doivent Médicament (oral) Dosage Durée également recevoir un traitement antibiotique d’éradi- Pénicilline V Enfants
Article de revue MIG 80 diminue avec l’âge du patient ainsi que la durée depuis Perspectives Correspondance: Dr méd. Sabine Haller le dernier épisode de RAA. Les récidives de RAA sont Le diagnostic d’un RAA présente diverses conséquences Klinik für Infektiologie/ extrêmement rares à partir de l’âge de 21 ans ou 10 ans Spitalhygiene pour les personnes concernées. Seul le diagnostic cor- Kantonsspital St. Gallen après l’épisode initial [22]. En cas de RAA sans cardite, rect de la pharyngite à SGA déclenchante ainsi que de Rorschacher Strasse 95 une prophylaxie secondaire est préconisée jusqu’à CH-9007 St. Gallen l’épisode de RAA peut permettre d’initier un traite- 5 ans après le dernier épisode de RAA ou jusqu’à l’âge sabine.haller[at]kssg.ch ment ciblé et une prophylaxie secondaire subséquente. de 21 ans, la période la plus longue étant applicable. En En même temps, il convient également d’éviter le sur- présence d’une cardite sans cardiopathie résiduelle diagnostic et de minimiser les conséquences théra (valvulopathie clinique ou échocardiographique), la peutiques. prophylaxie secondaire est effectuée pendant 10 ans Une publication récemment parue a examiné la préva- ou jusqu’à l’âge de 21 ans. En cas de RAA avec cardite et lence globale des cardiopathies rhumatismales au cours cardiopathie résiduelle (valvulopathie persistante), la des 25 dernières années et révélé une baisse signifi durée de la prophylaxie secondaire est de 10 ans ou cative de leur prévalence ainsi que de la mortalité asso- jusqu’à l’âge de 40 ans. A la fin, le degré de sévérité de la ciée. Toutefois, la maladie persiste dans certaines valvulopathie et le risque de l’exposition aux SGA régions du monde les plus pauvres. Selon des estima- doivent être réévalués. Le risque de récidive est accru tions, près de 10 personnes pour 1000 habitants en en présence d’une lésion des valves cardiaques sévère Asie du Sud et en Afrique centrale et 15 personnes pour et chez les patients ayant connu plusieurs récidives. 1000 habitants en Océanie vivaient avec une cardiopa- Une poursuite de la prophylaxie (éventuellement à vie) thie rhumatismale en 2015 [39]. doit être envisagée pour les patients à haut risque. Du fait de la migration de personnes issues des régions L’«American Heart Association» a résumé les recom- présentant une incidence élevée de RAA, la prise de mandations concernant la réalisation et la durée de la conscience du RAA et de ses séquelles doit aussi être prophylaxie secondaire dans sa publication relative à renforcée dans les pays européens à risque faible. la prévention du rhumatisme articulaire aigu (tab. 3 et 4 Ainsi, une étude italienne a découvert chez 41% des pa- dans [22]). tients en chirurgie cardiaque immigrés d’Europe de l’Est, d’Afrique subsaharienne et d’Amérique latine une L’essentiel pour la pratique genèse rhumatismale à l’origine de leur cardiopathie [40]. • Le rhumatisme articulaire aigu est une maladie inflammatoire faisant Des études génomiques à grande échelle visant à exa- suite à une pharyngite à streptocoque du groupe A. miner une prédisposition génétique pour le RAA sont • Les enfants en âge scolaire et adolescents issus de régions hautement en cours. Les connaissances relatives aux marqueurs endémiques d’Afrique subsaharienne, d’Asie du Sud, d’Asie centrale, génétiques pourraient révéler de nouvelles options d’Australie et d’Océanie sont les principaux concernés. diagnostiques. Il existe en outre un espoir que de nou- • Le diagnostic est établi sur la base des critères de Jones. Les manifes- velles techniques de recherche permettent de mieux tations les plus fréquentes sont l’arthrite et la cardite, suivies des cho- comprendre le développement et la progression des rées, des nodules sous-cutanés et de l’érythème marginé. cardiopathies rhumatismales. La meilleure compré- • Les personnes ayant manifesté un premier épisode de rhumatisme arti- hension des processus physiopathologiques pourrait culaire aigu (RAA) ont une prédilection accrue pour les récidives de RAA contribuer à identifier des points d’attaque pour de après de nouvelles infections à streptocoque du groupe A. f utures interventions thérapeutiques. Des efforts sont • La cardite, qui survient le plus souvent sous forme d’une inflammation fournis pour développer un vaccin sûr et efficace contre de la valve mitrale et peut entraîner une insuffisance valvulaire, est dé- les souches rhumatogènes de SGA. terminante pour le pronostic. Remerciements • Les récidives présentent un risque élevé de lésions progressives au ni- Nous remercions le Docteur Andreas Vögele (cabinet médical de veau des valves cardiaques et ainsi d’une insuffisance cardiaque associée. médecine interne, Zurich) pour l’examen critique du manuscrit. • La prophylaxie primaire consiste en un diagnostic précoce et correct Disclosure statement ainsi qu’en un traitement des amygdalopharyngites à streptocoque du Les auteurs n’ont pas déclaré des obligtions financières ou groupe A. La prophylaxie secondaire a pour objectif d’empêcher les ré- personnelles en rapport avec l’article soumis. infections streptococciques et de ce fait les récidives du RAA. Références • Un diagnostic exact est essentiel afin d’éviter un surdiagnostic, vu que La liste complète des références se trouve dans la version en ligne chaque diagnostic d’un RAA entraîne un traitement antibiotique prophy- de l’article sur www.medicalforum.ch. lactique pendant de longues années. SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2018;18(4):75–80 Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
ARTICLE DE REVUE 82 Administration d’insuline individualisée et adaptée aux besoins Closing the loop: où en sommes- nous aujourd’hui avec le pancréas artificiel? Dr méd. et phil. Lia Bally a,b , Dr méd. Thomas Zueger a , PD Dr méd. Markus Laimer a , Prof. Dr méd. C hristoph Stettler a a Universitätsklinik für Diabetologie, Endokrinologie, Ernährungsmedizin und Metabolismus, Inselspital, Universitätsspital und Universität Bern, Bern; b Universitätsklinik für Allgemeine Innere Medizin, Inselspital, Universitätsspital und Universität Bern, Bern Au cours des dernières décennies, les possibilités thérapeutiques pour la prise en charge du diabète de type 1 ont radicalement changé. De nouvelles modalités théra a r tic le peutiques permettent au patient de gagner en autonomie et flexibilité. Parmi les Peer re principales avancées figurent l’introduction du traitement par pompe à insuline, la v ie we d surveillance continue du glucose et finalement, le couplage des deux systèmes par le biais d’algorithmes mathématiques de contrôle. L’objectif est d’imiter la boucle de régulation du pancréas intact, ce qui est appelé «boucle fermée» («closed loop») ou «pancréas artificiel» dans le jargon spécialisé. Introduction Les avancées technologiques accomplies au cours des dernières décennies ont considérablement amélioré Le diabète sucré est de plus en plus fréquent. En Suisse, les possibilités thérapeutiques du diabète sucré. Ceci le diabète touche env. 500 000 personnes, parmi les vaut tout particulièrement pour le diabète de type 1, quelles env. 30 000 sont atteintes de diabète de type 1. La avec une nette optimisation de l’autonomie et de la fréquence du diabète de type 1 est également en aug flexibilité des patients qui en sont atteints. Ces progrès mentation, mais les causes et mécanismes responsables sont principalement attribuables à l’introduction du restent indéterminés. Les personnes qui développent traitement par pompe à insuline (perfusion sous-cuta un diabète de type 1 sont dépendantes des apports en née continue d’insuline) et à la surveillance continue insuline à vie, car il n’existe pas encore de possibilités du glucose. L’étape suivante, à savoir le couplage de ces de guérison. De nombreux patients atteints de diabète deux systèmes par le biais d’algorithmes mathéma de type 2 nécessitent eux aussi une insulinothérapie, tiques de contrôle, permet globalement de délivrer une soit temporairement soit sur le long terme. quantité d’insuline adaptée en fonction de la glycémie, L’objectif de tout traitement du diabète est d’obtenir un s’approchant ainsi de la boucle de régulation fermée du contrôle de la glycémie dans les valeurs cibles indivi pancréas intact. Ce couplage des deux systèmes est duelles, tout en évitant les épisodes d’hyperglycémie et appelé «boucle fermée» ou «pancréas artificiel». Cette d’hypoglycémie, afin de prévenir les complications nouvelle technologie thérapeutique vise à optimiser aiguës et chroniques associées au diabète [1]. Le prin le contrôle du diabète tout en évitant les épisodes cipal problème est qu’un contrôle trop strict du dia d’hypoglycémie et d’hyperglycémie (optimisation de bète est associé à un risque accru d’hypoglycémies. La la stabilité glycémique). Cette technologie a ainsi le forte variabilité des besoins en insuline (en fonction de potentiel d’améliorer considérablement le pronostic à l’alimentation, du niveau d’activité physique, de l’état long terme des patients diabétiques. En outre, l’auto de santé et des traitements concomitants), nécessitant gestion quotidienne s’en trouve fortement simplifiée des ajustements fréquents du traitement, représente pour les patients. Malgré tout l’enthousiasme suscité une difficulté supplémentaire dans le traitement par le progrès et l’innovation, il convient néanmoins Lia Bally conventionnel du diabète. de ne pas perdre de vue les limites des nouvelles possi SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2018;18(4):82–88 Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
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