La construction, carrefour des politiques sociale, économique et environnementale - MÉMORANDUM - Confédération Construction
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Mémorandum de la Confédération Construction aux partis politiques Elections régionales, législatives et européennes 2019 Editeur responsable: Robert de Mûelenare, Rue du Lombard 34-42 • 1000 Bruxelles Dépôt: D/2018/0570/10 Copyrights: Tous droits réservés. Aucun extrait de cette publication ne peut être reproduit, introduit dans un système de récupération ou transféré électroniquement, mécaniquement, au moyen de copies ou sous toute autre forme, sans autorisation préalable écrite de la Confédération Construction. Contact: communication@confédérationconstruction.be Auteur: David Lanove
Table des matières Introduction 4 LA PLACE DE LA CONSTRUCTION ET DE SES ENTREPRISES DANS L’ÉCONOMIE NATIONALE Les priorités et points d’attention 7 UN SOUTIEN POUR LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE 7 LA RELANCE DES INVESTISSEMENTS PUBLICS 9 LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE 12 LE BON FONCTIONNEMENT DES ENTREPRISES 12 DOTER LES ENTREPRISES D’UN CADRE JURIDIQUE PERFORMANT 16 PROMOUVOIR LA QUALITÉ DU TRAVAIL DES ENTREPRISES 19 RÉTABLIR ET SAUVEGARDER LA COMPÉTITIVITÉ 22 L’ACCOMPAGNEMENT DES ÉVOLUTIONS 22 LES CHANGEMENTS SUR LE MARCHÉ DU LOGEMENT 24 LA TRANSITION NUMÉRIQUE DU SECTEUR 25 LA RECHERCHE ET L’INNOVATION 26 LES CARENCES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL 27 LA PRÉVENTION DES ACCIDENTS DE TRAVAIL 28 LA CONFÉDÉRATION ET SES MEMBRES 3
Introduction LA PLACE DE LA CONSTRUCTION ET DE SES ENTREPRISES DANS L’ÉCONOMIE NATIONALE UN ACTEUR ÉCONOMIQUE MAJEUR Le secteur de la construction est un opérateur Après avoir enregistré d’importantes pertes économique de premier plan en Belgique. Il occupe d’emploi au cours de la période 2012-2015, en rai directement près de 280.000 travailleurs et il g énère son notamment de la croissance exponentielle du quasiment autant d’emplois dans les secteurs en nombre d’entreprises étrangères en détachement, la amont. Au total, c’est plus de 17% de l’emploi du construction a renoué avec une légère croissance de secteur privé qui dépend de l’activité de construc l’emploi en 2016, qui s’est confirmée au cours des tion et davantage encore si l’on considère l’emploi années suivantes, avec une progression de 1.800 tra dans les secteurs connexes comme les services im vailleurs salariés en 2017 (par rapport à 2016). mobiliers, l’environnement, l’énergie, etc. La main-d’œuvre européenne détachée, toujours La valeur ajoutée du secteur de la construction à un haut niveau, est cependant en diminution de au sens strict, de près de 21 milliards €, représente puis le dernier trimestre de 2017, sous l’effet proba 5,2% du PIB et son chiffre d’affaires annuel est de ble de diverses causes, dont l’annonce d’importantes l’ordre de 68 milliards €. réductions de charges dans le secteur. La croissance économique de la construction at La formation professionnelle reste au cœur des tendue pour 2018 est de l’ordre de 2,3%, soit une préoccupations d’un secteur qui est aujourd’hui croissance largement supérieure à la croissance es confronté, comme beaucoup d’autres, à de grandes comptée pour l’économie belge dans son ensemble difficultés de recrutement, quelque 16.500 offres (1,5%). La croissance devrait ralentir en 2019 pour de travail étant demeurées vacantes au troisième se situer aux environs de 1,8%. trimestre de 2018. Part de la La construction dans l'économie belge Total Construction construction La construction et l'emploi a) Les salariés dans le secteur privé (2017 T2, ONSS) 2.893.963 200.122 6,9% b) Indépendants et aidants (secteur privé) (2016, INASTI) 1.047.119 75.891 7,2% c) Population active totale dans le secteur privé (Estimation: c=a+b) 3.941.082 276.013 7,0% La construction et les entreprises a) Employeurs du secteur privé (2017 T2, ONSS) 223.899 27.652 12,4% b) Entreprises privées sans personnel (Estimation: b=c-a) 398.584 80.905 20,3% c) Nombre total d'entreprises privées (2017 T2, SPF Economie) 622.483 108.557 17,4% La construction dans l'économie (milliards d'euros, en prix réels) a) Valeur ajoutée (PIB hors impôts) (2017, ICN) 392 21 5,2% b) Chiffre d'affaires selon déclaration (2017, SPF Economie) 1.276 68 5,3% Faillites (2017, SPF Economie) 9.968 1.752 17,6% 4
LA CONSTRUCTION : UN L’ACTE DE CONSTRUIRE EST MONDE DE PME ET DE TPME AU CŒUR DE LA SOCIÉTÉ Répartition des employeurs de la construction en La construction est l’outil par excellence de fonction du nombre de personnes occupées (2017) nombreuses politiques mises au service du déve Nombre de personnes Nombre loppement économique du pays et du bien-être de occupées d’employeurs la collectivité, qu’il s’agisse de logement, de mobili 1à4 19.465 té, d’enseignement, de culture, d’énergie,… 5à9 4.145 10 à 19 2.302 Le secteur contribue ainsi à la fois à la réali 20 à 49 1.208 sation d’une politique sociale forte, par la mise à 50 à 99 314 disposition de logements et par l’accès des familles à 100 à 499 203 la propriété, à la croissance économique générale et 500 et + 15 au PIB du pays, aux solutions environnementales, Total 27.652 tout particulièrement dans le domaine de la lutte Source: ONSS contre le changement climatique, et à la mobilité intermodale de demain. Les petites et moyennes entreprises (PME) et les très petites entreprises (TPME) constituent le tissu économique de la construction, de manière plus marquée encore que dans les autres secteurs de l’économie nationale. Ces entreprises sont dans une situation particulière en ce qu’elles disposent de très peu de ressources, notamment humaines, pour évo luer dans un environnement économique, juridique, social et technique qui ne cesse de se complexifier. Ces circonstances, qui seront rappelées à divers endroits de ce mémorandum, doivent être prises en considération par les décideurs politiques lorsqu’ils prennent des initiatives qui ont une incidence sur le monde des entreprises, et en particulier celles de la construction, notamment au niveau de la gestion administrative ou de la trésorerie. Au-delà, ce sont toutes les entreprises du secteur, les petites comme les grandes, qui devront relever de nouveaux défis. Elles attendent des partis politiques et des élus de demain qu’ils s’investissent dans une politique de soutien de l’entrepreneuriat et dans la création de conditions propices à l’investissement et au développement des activités des entrepreneurs. 5
Les priorités et points d’attention du secteur au niveau fédéral « L’investissement public sert la croissance à court et à long termes. » Jan SMETS, Gouverneur de la BNB 6
LE SOUTIEN DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE LA RELANCE DES INVESTISSEMENTS PUBLICS Tous les experts reconnaissent le rôle majeur de l’investissement public comme moteur de la croissance économique générale. Tous dénoncent également la faiblesse structurelle de l’investissement dans notre pays depuis plus de trois décennies et la nécessité de relancer les investissements publics en particulier dans des projets créateurs de croissance économique. La Belgique consacre 2,2 % du PIB aux investissements publics, contre 3,4 % en France et aux Pays-Bas et 2,7 % pour la moyenne des Etats membres de l’Union. Les conséquences du sous-investissement sont visibles aujourd’hui : l’entretien des infrastructures est à peine assuré et l’économie du pays est freinée par les difficultés croissantes de mobilité et de transport. 7
METTRE EN ŒUVRE LE PACTE ETABLIR UNE NORME NATIONAL D’INVESTISSEMENT Le pacte national pour les investissements straté Le principe de l’instauration, en collaboration giques est un outil de premier ordre pour développer avec les différents niveaux de pouvoir, d’une nor les investissements publics dans le pays. Il importe me d’investissement est globalement soutenu par de prendre rapidement les décisions concrètes préco les experts. L’objectif de la norme est de garantir la nisées par le rapport du Comité stratégique pour réalisation d’un niveau minimum d’investissements l’exécution du pacte national de septembre 2018 et annuels en vue de répondre aux besoins. Elle per de mener à tous les niveaux de pouvoir, en concer mettra d’opérer les rattrapages nécessaires et de faire tation étroite avec les gouvernements régionaux, une évoluer les infrastructures au même rythme que politique dynamique d’investissement en privilégiant celles des pays voisins. la mobilité, la rénovation énergétique, la gestion des eaux et d’autres projets créateurs de croissance. Une norme en fonction du PIB du pays : Les mémorandums régionaux de la Confédération la norme d’investissement peut être déterminée en reviennent sur les projets jugés prioritaires dans les fonction d’un pourcentage du PIB ou en référant différentes régions du pays. à une croissance annuelle minimale du stock de capital public net, comme le suggère par exemple Développer le cadre « mobilité » : la Commission Construction du Conseil central de le pacte national d’investissement ne met pas l’Economie. Cette question sera utilement débattue suffisamment l’accent sur les projets de mobilité. en concertation avec les pouvoirs régionaux. Il importe, en concertation avec les pouvoirs régionaux, de proposer un véritable programme d’investissement dans les infrastructures de CRÉER LE FINANCEMENT transport, non seulement dans le cadre des nécessaires travaux d’entretien mais aussi pour Relancer les investissements publics pour répon rencontrer les besoins croissants de mobilité et dre aux nombreux besoins identifiés suppose de dé d’intermodalité dans le transport de personnes et gager les moyens de financement nécessaires tout en de marchandises.. respectant les règles budgétaires européennes, lesquel les n’empêchent pas par ailleurs les pouvoirs p ublics Etablir un calendrier pour la réalisation des d’investir davantage. La réflexion sur la m anière de projets : financer au mieux les investissements publics doit dès le rapport du comité stratégique du Pacte lors être poursuivie au plan politique. Plusieurs pistes national d’investissements doit être transposé en complémentaires peuvent être explorées. décisions politiques et actions concrètes selon un calendrier à établir dans les meilleurs délais, tout Réaliser un « spending shift » : particulièrement pour ce qui est des projets de une redistribution des dépenses publiques rénovation énergétique des bâtiments publics et s’impose en vue d’accroître la part des ressources des projets visant à accroître la mobilité. consacrées aux investissements publics dans des projets créateurs de croissance économique. Développer l’approche « PPP » : le recours aux modes de financement alternatif, dont les PPP, doit être davantage développé en Belgique dans une optique d’efficacité économique. Il doit s’agir de véritables modes alternatifs dans lesquels le secteur privé contribue dans une logique de retour sur investissements. Les pouvoirs régionaux ont, en cette matière, un rôle important à jouer. Initier une révision des règles budgétaires européennes : le monde politique belge doit initier une réflexion au plan européen sur le traitement des investissements publics dans les règles budgétaires afin que celles-ci cessent de constituer un frein pour les investissements et qu’elles deviennent au contraire un stimulant pour la réalisation d’investissements dans une perspective d’orthodoxie budgétaire de long terme. 8
LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE La transition énergétique est l’un des défis sociétaux majeurs des prochaines décennies. Les effets du réchauffement climatique, induit par les émissions de gaz à effet de serre, sont aujourd’hui perceptibles et l’évolution est malheureusement prévisible à politique inchangée. Les efforts entrepris jusqu’à présent pour limiter les émissions de gaz à effet de serre sont insuffisants. Il y a clairement une urgence à agir : les objectifs définis dans le cadre de l’accord sur le climat de Paris ne seront en effet pas atteints à politique inchangée… et l’on sait déjà par ailleurs que ces objectifs ne suffiront pas ! LA RÉNOVATION ÉNERGÉTIQUE transition énergétique des bâtiments. La plupart DU BÂTI des exigences dans le domaine de la performance énergétique des bâtiments portent actuellement Le bâti reste l’un des gros contributeurs en sur la construction neuve. Elles concernent 40 à atière d’émissions de gaz à effet de serre. Il faut m 50.000 logements par an, ce qui reste marginal par donc drastiquement réduire les émissions en prove rapport à un parc de plus de 5 millions de loge nance du bâti si l’on veut atteindre les objectifs de ments. Il est indispensable, dans ce contexte, de réduction de CO2. On estime en effet qu’un tiers mener une politique forte de rénovation énergéti des réductions à réaliser d’ici 2030 seront liées à la que du bâti existant. 9
UN SOUTIEN FISCAL INDISPENSABLE À LA RÉNOVATION ÉNERGÉTIQUE DES LOGEMENTS Le parc de logements existant en Belgique est majoritairement composé d’immeubles de plus de trente ans qui ne répondent à aucun critère de performance énergétique, ni d’ailleurs à aucun des autres standards actuels. La rénovation énergétique des logements, qui doit donc être la cible des efforts à mener au cours des prochaines années, ne sera possible que si elle s’accompagne de mesures fiscales suffisamment incitatives. La généralisation du taux réduit de TVA (6%) pour la démolition-reconstruction: la nécessité s’impose, d’une part, de généraliser LA RÉNOVATION DES BÂTIMENTS à l’ensemble du territoire (au lieu des 32 zones PUBLICS actuelles) l’application du taux réduit de TVA (6%) pour les opérations de démolition de bâtiments Le rapport du Comité stratégique pour et de reconstruction de logements et, d’autre part, l’exécution du Pacte national pour les investisse d’étendre cette mesure à la vente de logements ments stratégiques souligne à juste titre la nécessi construits à la suite d’une démolition. té de m ener sans tarder un programme ambitieux Cette mesure est indispensable pour permettre de rénovation énergétique des bâtiments pu le renouvellement d’une partie du parc actuel blics. Il prévoit à cet effet un investissement de de logements, pour laquelle une rénovation 17 milliards € jusqu’en 2030. énergétique n’est ni techniquement ni Ce rapport ouvre la voie aux décisions en faveur économiquement pensable. La Confédération d’un vaste plan de rénovation énergétique, qui doit tient à la disposition du monde politique une note englober l’ensemble des logements sociaux publics. technique proposant des pistes de réflexion pour l’extension du taux réduit, notamment sous l’angle L’adoption urgente d’un plan d’action : de la mise en œuvre d’une politique sociale exigée le monde politique doit faire siennes les conclusions par le droit européen. du Comité stratégique et reprendre à son compte . les propositions du rapport. Les pouvoirs publics L’application d’une fiscalité doivent, à cet effet, adopter rapidement un véritable environnementale sur le bâti : plan d’action, avec une programmation et un les avantages fiscaux en soutien de travaux calendrier des travaux de rénovation des bâtiments économiseurs d’énergie ou favorables à publics. l’environnement ont un impact sur la décision d’investir dans les travaux. Il appartient avant tout Déterminer les modes de financement : aux pouvoirs régionaux d’adopter des mesures en une partie, parfois substantielle, des investissements ce sens, en se référant utilement aux propositions peut être réalisée par un mécanisme de tiers formulées par la Confédération dans ses investisseur. Les économies réalisées sur la facture mémorandums régionaux. énergétique ou d’autres sources de revenus dégagées par la rénovation servent alors à rembourser l’investissement. Regrouper les projets pour atteindre une masse critique de financement : qu’il s’agisse de projets « tiers investisseurs » ou de PPP, ceux-ci doivent idéalement dépasser une taille critique minimale pour limiter le coût du « montage projet » et intéresser les opérateurs financiers. Il importe dès lors de mener un travail de réflexion, au sein d’une cellule ad hoc à créer, sur le regroupement de projets pour atteindre la taille critique souhaitée. 10
L’AMÉLIORATION DES PERFORMANCES ÉNERGÉTIQUES LA PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE DANS LE NON RÉSIDENTIEL DES BÂTIMENTS À l’heure actuelle, aucune politique n’a été conçue Une méthode de calcul de la PEB unique pour les pour promouvoir ou soutenir la rénovation énergéti régions a pu être atteinte grâce au travail du con que des bâtiments dans le non résidentiel privé. sortium d’experts en performance énergétique des bâtiments (« Consortium PEB ») créé en 2014. Cet Concevoir, aux différents niveaux de te approche unifiée pour le calcul de la PEB, au suivi pouvoir, un plan d’action pour la rénovation de laquelle les administrations régionales sont étroi énergétique du non résidentiel : tement associées, répond au souhait unanime des une étude approfondie de la situation acteurs de la construction (promoteurs, architectes, « énergétique » de ces bâtiments sur le marché ingénieurs, entrepreneurs). permettrait de conduire à un ensemble de propositions d’actions en vue d’améliorer les Maintenir une méthode de calcul unique de performances du bâti. On se référera également la PEB pour les trois régions : pour cette question aux mémorandums régionaux une méthode de calcul unique est essentielle de la Confédération. pour permettre aux entrepreneurs et aux autres acteurs de la construction, qui travaillent, dans leur grande majorité, au-delà des limites de leur région respective, de maîtriser l’application de la législation PEB là où ils interviennent. . Poursuivre le processus d’amélioration de la réglementation PEB : le secteur est favorable au lancement d’une réflexion sur l’adoption d’une « PEB 2.0 » permettant notamment de simplifier les procédures et de tenir compte des dernières innovations et de leur apport dans le calcul de la PEB, sur une base commune pour l’ensemble du pays. 11
LE BON FONCTIONNEMENT DES ENTREPRISES DOTER LES ENTREPRISES D’UN CADRE JURIDIQUE PERFORMANT Les entreprises ont besoin de sécurité juridique et d’un cadre réglementaire performant pour pouvoir se développer dans les meilleures conditions. Le cadre belge étant généralement trop complexe et peu équilibré, nombreux sont les domaines dans lesquels les choses peuvent et doivent encore être améliorées. Les principaux domaines sont listés dans ce mémorandum, avec pour chacun d’eux, les propositions à suivre pour arriver à un résultat utile. 12
LA PROFESSIONNALISATION DES LES RELATIONS CONTRACTUELLES RELATIONS ENTRE PARTENAIRES À L’ACTE DE CONSTRUIRE ET LEUR LA QUESTION DES CLAUSES RESPONSABILISATION ABUSIVES : UNE ATTENTION PARTICULIÈRE POUR LES CONTRATS Le monde de la construction évolue dans de ENTRE ENTREPRISES nombreux domaines, y compris dans la manière dont les entreprises du secteur interviennent dans En matière contractuelle, il y a lieu de bien dis la gestion de projets de construction généralement tinguer les contrats entre entreprises de ceux conclus complexes, comme le sont les projets « Design and entre une entreprise et un consommateur. Certaines Build » ou plus encore les projets « Design, Build, clauses peuvent être considérées comme abusives Finance and Maintenance ». Cette évolution, qui se dans les relations avec les consommateurs sans l’être traduit par une plus grande maîtrise de l’entreprise pour autant dans les relations entre entreprises, où sur le projet, influe nécessairement sur le rôle des au la réalité économique est plus complexe et la liberté tres intervenants dans l’acte de construire ainsi que contractuelle plus forte. sur la répartition des tâches entre les divers acteurs et Certaines initiatives prises récemment ne font sur la définition de leurs responsabilités respectives. pas cette distinction, faisant ainsi courir aux entre Les pouvoirs publics ont un rôle à jouer dans la prises le risque d’une rupture des équilibres dans cer mise en œuvre d’un nouveau cadre de relations entre taines clauses contractuelles. Ces initiatives doivent partenaires à l’acte de construire, au moins sous les être abandonnées et remplacées par une nouvelle deux aspects suivants : approche. Aider à l’établissement d’un nouveau cadre Une approche globale, cohérente et contractuel : concertée : il s’agit d’aboutir à un cadre contractuel équilibré toute initiative ou discussion sur la question entre donneurs d’ordres et entreprises, qui repose des clauses abusives doit se faire par priorité en sur la collaboration entre partenaires et sur le concertation avec le secteur privé lui-même et doit principe de proportionnalité quant au transfert être élargie à un examen de la réglementation des risques. applicable entre les entreprises et les pouvoirs adjudicateurs. Soutenir le principe de répartition claire des tâches et des responsabilités : LA QUESTION DES ACOMPTES les pouvoirs publics sont invités à soutenir et à faire connaître, notamment vers les maîtres d’ouvrage Les acomptes à verser pour l’exécution des publics, un cadre référentiel sur l’organisation travaux relèvent d’une nécessité économique : ils et le partage des tâches et des responsabilités servent à consolider l’accord du client sur l’offre entre les partenaires à l’acte de construire, qui est de l’entreprise, à débuter les travaux, par l’instal actuellement en phase finale d’élaboration par les lation du chantier, et à commander les matériaux représentants des entreprises, des architectes et et produits. des bureaux d’études. Les cas de pratiques frauduleuses qui sont par fois dénoncés (paiement d’acomptes non suivis de l’exécution de travaux) sont très souvent le fait d’escrocs ou parfois de personnes non habilitées à exécuter des travaux de construction. Ces pratiques, qu’il importe de dénoncer et de combattre, ne peuvent cependant pas conduire à une remise en cause du régime des acomptes. Une communication adaptée sur le régime des acomptes : les consommateurs doivent être correctement informés des règles et usages en matière d’acompte, à savoir qu’ils doivent être expressément prévus dans le contrat avec l’entrepreneur, qu’ils doivent toujours faire l’objet d’une facture et que leur montant doit être adapté à l’importance des travaux et au coût des matériaux. 13
LA GESTION DES D’IMPORTANTS AMÉNAGEMENTS CAUTIONNEMENTS DES DANS LA RÉGLEMENTATION ENTREPRISES SUR LES MARCHÉS PUBLICS Le régime des cautions, notamment celles Certaines carences ou difficultés d’application déposées par les entreprises dans le cadre de l’ap sont constatées dans les règles en matière de mar plication de la loi Breyne, peut poser deux types de chés publics. C’est le cas dans les procédures de véri problème : d’une part, les formalités à accomplir fication des offres des entreprises, dans un contexte pour débloquer la caution sont devenues obsolètes, concurrentiel fort où le prix est encore très souvent d’autre part, la caution reste parfois bloquée du fait le critère décisif pour l’attribution du marché. C’est de la négligence du donneur d’ordres. aussi le cas dans d’autres domaines, comme celui de la détermination de critères de sélection, qui sont Suppression de l’obligation de légalisation parfois exagérés dans les cahiers de charges, ou de des signatures : la fixation des délais de garantie, qui sont portés cette obligation, toujours imposée aujourd’hui bien au-delà des délais habituellement appliqués, ou par la Caisse des dépôts et consignations pour la encore des charges déséquilibrées qui peuvent peser libération des cautions, est totalement obsolète et sur les soumissionnaires dans le cadre de certaines doit être supprimée. procédures. Détermination d’un délai maximum pour la Un examen approfondi et une approche libération de la caution : plus stricte des offres sous l’angle des prix le blocage des cautions (parfois pendant de anormalement bas : nombreuses années) du fait de circonstances l’examen de la régularité de l’offre doit être diverses auprès du donneur d’ordres, qui sont complet et porter sur tous les éléments de étrangères à l’achèvement des travaux, peut poser vérification permettant d’attester qu’elle n’est pas de graves problèmes de trésorerie aux entreprises anormalement basse. Dans ce contexte, le pouvoir qui en sont victimes. Une disposition légale doit adjudicateur doit estimer correctement la valeur être adoptée pour imposer la libération de la de son marché, comme la loi l’impose. En outre, caution au plus tard dans les deux ans suivant la une offre inférieure de 15% à la moyenne des prix réception provisoire de l’ouvrage, sauf opposition des offres introduites doit automatiquement être explicite et motivée du donneur d’ordres. considérée comme une offre anormalement basse et être rejetée en conséquence. Enfin, l’attribution d’un marché à une entreprise qui a introduit une offre anormalement basse, parce qu’elle ne respecte pas ses obligations sociales et fiscales, doit être sanctionnée pénalement, ce qui suppose l’introduction de cette infraction dans le code de droit économique (Livre IV). La communication des montants totaux des offres des soumissionnaires : les entreprises doivent à nouveau être informées, après l’ouverture des offres, des montants remis par les différents soumissionnaires, plus particulièrement dans les marchés où le prix constitue le seul critère. Il n’y a aucune raison d’avoir supprimé cette communication, qui a toujours été appliquée sans difficulté jusqu’à présent et qui présente un intérêt pour les entreprises participantes. La détermination de commun accord de la date de début des travaux : la pratique de la fixation unilatérale par le pouvoir adjudicateur de la date de début des travaux doit être remplacée par le principe de la détermination de commun accord de cette date, qui est davantage respectueux des plannings de travail des entreprises. 14
La fixation de critères de sélection agents commerciaux formés aux aspects techniques objectivement justifiés : de ces ventes et intégrés dans le réseau commercial la pratique qui consiste, dans les cahiers des de ses entreprises. charges, à imposer, au-delà de l’agréation, des C’est en raison de ces compétences particuliè critères de sélection présentant un caractère res des agents commerciaux et du cadre spécifique déraisonnable doit être fermement dénoncée. de leurs interventions qu’un statut particulier s’im La loi exige en effet que les conditions imposées pose. L’IPI estime cependant que ces agents com soient proportionnelles et en rapport avec l’objet merciaux doivent être soumis à la loi du 11 février du marché. Cette pratique a en outre pour effet 2013 portant organisation de la profession d’agent de réduire la concurrence en excluant de facto de immobilier et qu’ils doivent répondre aux mêmes nombreuses entreprises du marché. conditions légales d’agrément que les agents immo biliers. Le secteur de la construction conteste cet Le respect des dispositions en matière de te attitude depuis de nombreuses années et plaide garantie : pour une modification de la législation en vigueur. l’entreprise est légalement tenue d’intervenir pour mettre les travaux en conformité avec le Adoption de dispositions légales cahier des charges pendant une période de un an spécifiques pour la vente de biens neufs par suivant l’entrée dans les lieux et la mise en service le secteur de la construction : de l’ouvrage. La tendance qui consiste à allonger les entreprises de construction doivent pouvoir les délais de garantie (en les portant à 2 ou 3 ans, légalement faire appel à des agents commerciaux voire davantage) par le biais du cahier des charges qui ne sont pas des agents immobiliers pour la n’est pas acceptable car elle revient à reporter sur vente de leurs biens sur plans, en construction l’entreprise qui a réalisé l’ouvrage une charge qui ou neufs. La loi du 11 février 2013 doit être relève en réalité de l’entretien de l’ouvrage. adaptée, soit pour exclure expressément les agents commerciaux de l’application de la loi, Le renforcement de la protection des soit pour déterminer des conditions spécifiques soumissionnaires dans les procédures d’agrément de ces agents qui soient distinctes de négociées : celles des agents immobiliers et mieux adaptées le recours plus fréquent à la procédure négociée aux particularités de la vente des biens par les amène les entreprises à devoir s’investir entreprises elles-mêmes. Une telle adaptation ne davantage dans la préparation de leurs offres. porte en aucun cas préjudice à la protection des La réglementation actuelle n’encadre pas consommateurs. suffisamment le déroulement de cette procédure, qui manque de transparence et qui coûte cher aux entreprises en frais d’études. Des règles UN MEILLEUR SUIVI DES doivent être établies pour permettre à la fois plus PRATIQUES FRAUDULEUSES À de transparence dans la procédure, davantage L’ENCONTRE DES ENTREPRISES d’informations sur la décision d’attribution en dehors de tout recours et, selon des conditions à Le développement des moyens de communica définir, l’octroi d’une indemnité dédommageant tion électronique et de l’internet a généré de nou les entreprises écartées pour leurs frais d’études. velles formes de fraude ou d’arnaques dont sont notamment victimes les entreprises. Il peut s’agir de propositions commerciales abusives, d’abonnements L’ADOPTION D’UN STATUT à de faux annuaires publicitaires, de détournement DISTINCT POUR LES AGENTS de factures ou, dans des cas plus graves encore, de COMMERCIAUX OPÉRANT véritable piratage de systèmes informatiques. POUR LES ENTREPRISES Des réponses appropriées aux différentes formes DE CONSTRUCTION de fraudes doivent être apportées aux entreprises qui en sont victimes. L’Institut professionnel des agents immobiliers (IPI) impose le recours obligatoire à des agents im Développer la capacité d’action des services mobiliers agréés pour toutes les opérations d’achat de l’Etat : et de vente de biens immobiliers, y compris celles les moyens des services de l’inspection du SPF qui sont menées directement par des entreprises de Economie doivent être accrus de manière construction, plus particulièrement les entreprises substantielle pour leur permettre de prendre actives dans le domaine de la construction et de la en charge l’examen des affaires de fraude et la vente de logements neufs. poursuite de leurs auteurs devant les parquets. Les particularités de la vente de logements neufs par les entreprises de construction (ventes sur plan ou en cours de construction) sont à ce point spécifiques que le secteur fait souvent appel à des 15
PROMOUVOIR LA QUALITÉ DU TRAVAIL DES ENTREPRISES Les entreprises sont responsables de la bonne exécution des travaux qu’elles réalisent et elles s’efforcent dans ce contexte de développer leur système de gestion et de contrôle de qualité de leurs prestations. Les pouvoirs publics ont également un rôle important à jouer dans la reconnaissance et la promotion de la qualité des prestations des entreprises, notamment dans le cadre de la protection des consommateurs. LA VALORISATION DU RÉGIME DE L’AGRÉATION Maintien et modernisation de la DES ENTREPRENEURS réglementation sur l’agréation : le maintien du régime de l’agréation s’impose L’agréation des entrepreneurs, dont le régime pour de nombreuses raisons (simplification des actuel a été introduit dans le droit belge en 1991, procédures, garantie de qualité, concurrence est un système de pré-sélection dans les marchés correcte, …) et sa remise en cause ne repose publics, qui simplifie les formalités à accomplir par sur aucun argument probant. Il est par contre les entreprises et qui garantit au maître d’ouvrage nécessaire, plus de 25 ans après l’entrée en la sélection d’entreprises qualifiées pour l’exécution vigueur de la loi, de revoir et d’actualiser certaines du marché. modalités d’application, notamment en indexant Certains responsables politiques semblent, les montants financiers mentionnés dans la sans raison fondée, vouloir remettre en question le réglementation et en revoyant certaines modalités régime d’agréation, ce qui ne peut être admis par d’application en matière de catégories et de le monde de la construction. classes d’agréation ». 16
LA RELANCE DE LA SIMPLIFICATION ADMINISTRATIVE Le processus de simplification administrative amorcé par les gouvernements précédents s’est for tement ralenti au cours des dernières années, au point que la charge administrative des entreprises a à nouveau augmenté. On note par ailleurs, étu des à l’appui, que la charge administrative est plus lourde pour la construction que pour les services et l’industrie et qu’elle pénalise proportionnellement davantage les PME. Il convient dès lors de relancer le processus et de dynamiser dans le même temps le travail de l’Agence pour la simplification administrative en LA RECONNAISSANCE l’invitant à mener de nouveaux projets ou à accé DE LA QUALIFICATION lérer les développements en cours, tout particuliè DES OPÉRATEURS rement dans plusieurs domaines importants pour la construction. La réglementation sur l’accès à la profession joue un rôle important dans la reconnaissance de Promouvoir davantage la facturation la qualification des petites et moyennes entrepri électronique : ses et elle constitue un outil pour la protection des plusieurs années se sont écoulées depuis la consommateurs. Cette matière étant aujourd’hui signature d’une charte gouvernementale sur la régionalisée, on se référera, pour plus de détails facturation électronique sans que les résultats sur le sujet, aux mémorandums régionaux de la atteints à ce jour répondent aux attentes. Les Confédération. entreprises ont besoin de systèmes simples adaptés aux souhaits des clients quant au type ou mode de facturation (facture électronique pure, LA CONFORMITÉ DES TRAVAUX email, format papier). Les informations relatives aux souhaits des entreprises en la matière devraient L’entreprise individuelle choisit elle-même le être mentionnées dans un registre central. type d’organisation qu’elle met en place pour assu rer une prestation de qualité. C’est à elle de décider Optimiser la déclaration de travaux et librement des procédures à activer, sans qu’il soit l’enregistrement des présences : nécessaire de lui imposer des schémas d’évaluation l’ONSS qui gère les banques de données de la ou de certification. déclaration des travaux et de l’enregistrement des L’entreprise doit donc toujours avoir le choix présences doit être tenu dorénavant d’informer des outils qu’elle utilise pour garantir la qualité de les entreprises d’une non-conformité dans les ses prestations, en fonction des caractéristiques du données afin de leur permettre de rectifier marché où elle intervient. Le véritable critère déter la situation rapidement et d’éviter que ces minant en termes de qualité étant finalement la anomalies, résultant pour la plupart d’erreurs conformité du travail presté au cahier des charges. matérielles ou d’oublis, soient systématiquement sanctionnées par de lourdes amendes comme L’établissement d’un document de c’est le cas aujourd’hui. conformité des travaux : l’idée de la tenue d’un dossier tout au long des Organiser une procédure électronique de phases de conception et de réalisation d’un libération des cautionnements : ouvrage de construction pourrait être approfondie. outre l’abandon d’une exigence relative au Ce dossier, à conserver par le maître d’ouvrage, caractère légalisé des signatures, déjà évoqué dans aurait une double fonction : d’une part, il suivrait ce mémorandum, l’organisation d’une procédure la vie du bâtiment, en intégrant notamment des électronique contribuerait également à alléger données, dont la communication est imposée les formalités à accomplir pour la libération de la aujourd’hui dans des documents épars (par caution. L’ASA devrait être chargée d’entamer sans exemple le DIU) ; d’autre part, il permettrait de délai l’examen de ce projet en concertation avec la vérifier que la construction de l’ouvrage répond Caisse des dépôts et consignations et le cabinet du aux prescriptions du cahier des charges (photos, ministre des finances dont elle dépend. DOP, bordereaux de livraison, …). Le BIM pourra ici jouer un rôle déterminant, surtout pour les immeubles non résidentiels et les ensembles de logements. 17
Alléger et rationaliser la tenue de Revoir les formalités dans le cadre de documents sur chantiers : l’application des taux réduits de TVA : l’ASA doit être chargée de concrétiser rapidement la collecte des attestations certifiant que le le projet qu’elle a entamé de longue date et qui logement ou le bâtiment répond aux conditions consiste à aider les entreprises à identifier les de facturation des travaux avec un taux de documents qu’elles doivent tenir sur les chantiers TVA réduit représente une importante charge en fonction de divers paramètres, comme la administrative pour les entreprises. L’ASA doit être nature ou la localisation des travaux, et à donner invitée à finaliser rapidement la réflexion qu’elle suite à ces obligations, le cas échéant sous forme mène à ce sujet et à proposer une alternative à ces dématérialisée. Au-delà, l’ASA doit être chargée attestations. d’un nouveau projet consistant à identifier les informations disponibles dans des banques Etendre le formulaire C3 électronique aux de données, dont la consultation permettra de chômeurs temporaires : conduire à la suppression de l’obligation de tenue le plan d’action contre le dumping social dans des documents sur chantiers en application du la construction prévoit le passage au format principe « Only Once ». électronique de la carte de contrôle pour le chômage temporaire, tant pour des raisons d’optimisation du contrôle que de réduction de la charge administrative. Cette mesure, approuvée par le gouvernement en 2015, n’a toujours pas été mise en œuvre aujourd’hui. L’administration doit être invitée à numériser sans retard le formulaire C3. 18
RÉTABLIR ET SAUVEGARDER LA COMPÉTITIVITÉ Le fonctionnement du marché de la construction est perturbé par des conditions de concurrence déloyales qui affectent de nombreuses entreprises, en particulier du fait de l’intervention d’entreprises étrangères qui détachent du personnel sur les chantiers en Belgique. Dans le même temps, les entreprises belges doivent faire face à des coûts, notamment salariaux, parmi les plus élevés d’Europe et à des réglementations particulièrement strictes dans divers domaines, y compris dans le cadre de l’organisation du travail. LA RESTAURATION DE CONDITIONS CORRECTES DE CONCURRENCE Il n’est pas acceptable que des opérateurs actifs sur prouve qu’elle est soumise à un régime équivalent un même marché puissent être soumis à des conditi dans son pays d’origine. La procédure de contrôle ons de travail différentes. C’est pourtant ce qui se pas du respect de cette obligation, par le biais de liens se aujourd’hui dans la construction, non seulement entre les données du régime timbres et le régime dans le cadre du détachement européen, mais aussi de l’article 30bis, actuellement en discussion, doit du fait de la montée en puissance de nouvelles formes pouvoir être rapidement finalisée et mise en œuvre. de concurrence pour les plus petites entreprises, qui émanent de circuits « alternatifs » de t ravail. L’application des règles en matière de précompte professionnel : UN MEILLEUR ENCADREMENT DU l’administration fiscale ne semble pas s’investir RÉGIME DU DÉTACHEMENT dans le contrôle du respect de la réglementation belge qui impose aux entreprises étrangères Les pouvoirs publics ont un rôle important à d’appliquer les règles en matière de retenue et de jouer dans la mise en œuvre et le contrôle des règles versement du précompte professionnel pour le en matière de détachement de travailleurs par des personnel détaché en Belgique pour une durée entreprises étrangères. Ce rôle n’est pas pleinement d’au moins 183 jours. Il est essentiel que ces règles exercé aujourd’hui, ce qui contribue à accroître les soient effectivement respectées à l’avenir par les distorsions de concurrence sur le marché. Au-delà, entreprises concernées. le prochain gouvernement devra davantage s’investir dans le débat européen en remettant en cause cer Le respect des règles en matière de TVA : tains principes qui sont à l’origine de la concurrence les obligations fiscales des prestataires de services déloyale. étrangers doivent être davantage surveillées, notamment en matière de TVA dans les relations Le contrôle de la réalité des situations de entre les sous-traitants. détachement : l’entreprise étrangère doit pouvoir établir qu’elle La transposition immédiate des nouvelles est une véritable entreprise de construction active règles en matière de salaires : dans le pays où elle est établie et qu’elle détache l’adaptation récente de la directive détachement, du personnel sur un chantier en Belgique pour y portant sur le remplacement de la notion de exécuter des travaux dans le cadre d’un contrat « salaire minimum » par la notion de « salaire d’entreprise conclu avec un donneur d’ordre, qu’il normal » doit être transposée sans délai en droit s’agisse d’un maître d’ouvrage privé ou public ou belge et rendue applicable immédiatement. d’une autre entreprise. Le contrôle de la réalité des situations de détachement doit permettre aux Un réexamen de certains principes pouvoirs publics de détecter et de mettre fin aux fondateurs de la liberté de prestation de faux détachements, notamment ceux portant sur services : la mise à disposition de main-d’œuvre. le principe du maintien des charges sociales du pays d’origine durant la période de détachement Le suivi de l’obligation de cotiser au régime des travailleurs dans le pays d’accueil génère une du timbre fidélité : différence de coûts entre entreprises qui peut être l’entreprise étrangère ne peut être dispensée de très importante. Le débat sur cette question doit l’obligation de financer le timbre fidélité au profit pouvoir être posé au plan européen à la demande de ses travailleurs détachés en Belgique que si elle du prochain gouvernement belge. 19
UNE ÉVALUATION DE L’ÉCONOMIE COLLABORATIVE ET DES SERVICES LA MAÎTRISE DES COÛTS AUX PARTICULIERS DES ENTREPRISES L’économie collaborative axée sur le troc ou Les coûts, en particulier les coûts salariaux, sur l’échange de services entre particuliers ne nuit é levés des entreprises belges par rapport à la moyen évidemment pas aux indépendants et aux petites ne européenne constituent de longue date un point entreprises du secteur de la construction. Il en va d’attention majeur pour la sauvegarde de la compé cependant différemment lorsque l’économie colla titivité de notre économie. L’entrée en vigueur du borative s’ouvre, par le biais de sites internet, à un régime de la norme salariale il y a plus de 20 ans grand nombre d’opérateurs, dont certains peuvent a été le résultat de la préoccupation des pouvoirs être des professionnels. Le risque de concurrence publics et des partenaires sociaux de garantir aux déloyale s’accroît encore du fait de la liaison entre entreprises une plus grande maîtrise dans l’évolu l’économie collaborative et la défiscalisation de tion des coûts salariaux. 6.000 € de revenus annuels tirés d’une activité dans D’autres évolutions sont intervenues entre ce type d’économie. temps qui justifient le maintien d’une grande vigi lance en matière de coûts et la poursuite d’actions Une analyse approfondie des effets de dans les différents domaines où la compétitivité des l’économie collaborative en termes de entreprises pourrait être mise à mal. concurrence à l’égard des indépendants et des PME : Consolider la réduction du coût salarial : l’évaluation de l’économie collaborative et du l’introduction progressive de la dispense de régime de la défiscalisation d’une partie des revenus versement du précompte professionnel pour les doit être au programme du prochain gouvernement travaux immobiliers en équipe, au cours des années afin d’en mesurer l’impact sur la concurrence à 2018-2020, doit être intégralement respectée par le l’égard du secteur de la construction. Une solution prochain gouvernement. Il conviendra par ailleurs alternative, plus immédiate et plus définitive, serait que le prochain gouvernement se prononce en de supprimer les travaux aux logements de la liste temps voulu sur la poursuite de la mise en œuvre des travaux autorisés dans le cadre de l’économie du plan de relance de la construction, tel qu’il a été collaborative et des services aux particuliers. Cette soumis par les partenaires sociaux du secteur au alternative se justifie d’autant plus qu’elle permet gouvernement en place en mai 2015 (réduction du d’éviter le risque majeur de malfaçons dans les coût salarial à raison de 6€/heure). travaux réalisés dans ce contexte. La suppression des discriminations dans un contexte de maintien des statuts de l’ouvrier et de l’employé : l’expérience a montré que l’harmonisation des statuts dans le dossier du droit de licenciement s’est faite au détriment des secteurs ouvriers et s’est traduite par un accroissement des coûts à charge des entreprises. Les pouvoirs publics doivent s’abstenir de toute initiative en vue de créer un statut unique mais ils doivent, en concertation avec les partenaires sociaux, supprimer les discriminations juridiques qui existent encore entre les deux statuts. La maîtrise des coûts de la construction : les autorités publiques aux différents niveaux de pouvoir doivent tout mettre en œuvre pour éviter d’augmenter les coûts de la construction, qu’il s’agisse des coûts directs (charges impôts, énergie, …) ou des coûts indirects (formalités, certification, nouvelles exigences, …). 20
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