La géométrie : d'Euclide au GPS - Stéphane Vinatier Lycée Limosin, Limoges - 26 mars 2013

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La géométrie : d'Euclide au GPS - Stéphane Vinatier Lycée Limosin, Limoges - 26 mars 2013
La géométrie : d’Euclide au GPS

                     Stéphane Vinatier

Université de Limoges - Faculté des Sciences et Techniques - IREM

       Lycée Limosin, Limoges - 26 mars 2013
La géométrie : d'Euclide au GPS - Stéphane Vinatier Lycée Limosin, Limoges - 26 mars 2013
Euclide
Euclide aurait vécu et écrit vers 300 avant notre ère, sans doute
à Alexandrie où il aurait été à la tête d’une « école », entouré de
disciples.
La géométrie : d'Euclide au GPS - Stéphane Vinatier Lycée Limosin, Limoges - 26 mars 2013
Euclide et son œuvre
Son ouvrage majeur, les Éléments (sans doute au moins en partie
collectif), est resté un livre de référence pendant plus de 2000
ans, pour la recherche et pour l’enseignement.
La géométrie : d'Euclide au GPS - Stéphane Vinatier Lycée Limosin, Limoges - 26 mars 2013
Les Éléments d’Euclide

 Sont constitués de 13 livres :
  1-6 Géométrie plane (dont le théorème de Pythagore)
  7-9 Arithmétique (dont l’algorithme d’Euclide)
                            √
   10 Nombres irrationnels ( 2...)
11-13 Géométrie dans l’espace (construction des 5 solides réguliers)
La géométrie : d'Euclide au GPS - Stéphane Vinatier Lycée Limosin, Limoges - 26 mars 2013
Les Éléments d’Euclide

 Sont constitués de 13 livres :
  1-6 Géométrie plane (dont le théorème de Pythagore)
  7-9 Arithmétique (dont l’algorithme d’Euclide)
                            √
   10 Nombres irrationnels ( 2...)
11-13 Géométrie dans l’espace (construction des 5 solides réguliers)
Les Éléments d’Euclide

 Sont constitués de 13 livres :
  1-6 Géométrie plane (dont le théorème de Pythagore)
  7-9 Arithmétique (dont l’algorithme d’Euclide)
                            √
   10 Nombres irrationnels ( 2...)
11-13 Géométrie dans l’espace (construction des 5 solides réguliers)

 L’ouvrage rassemble une grande partie des connaissances
 mathématiques de l’époque. Il tente de les présenter de façon
 rigoureuse, en donnant des définitions des objets et en déduisant
 les propositions à partir de postulats (propriétés admises).
Quelques définitions

  o Le point est ce qui n’a aucune partie.
  o Une ligne est une longueur sans largeur.
  o Une ligne droite est une ligne également placée entre ses
    points,
c’est-à-dire c’est le plus court chemin pour aller d’un point à un
autre.
Quelques définitions

  o Le point est ce qui n’a aucune partie.
  o Une ligne est une longueur sans largeur.
  o Une ligne droite est une ligne également placée entre ses
    points,
c’est-à-dire c’est le plus court chemin pour aller d’un point à un
autre.
Ajoutons la définition suivante.
  o Deux lignes droites sont parallèles si elles n’ont pas de point
    commun.
Les 5 postulats d’Euclide

1. Un segment de droite peut être tracé en joignant deux points
   quelconques.
Les 5 postulats d’Euclide

1. Un segment de droite peut être tracé en joignant deux points
   quelconques.
2. Un segment de droite peut être prolongé indéfiniment en une
   ligne droite.
Les 5 postulats d’Euclide

1. Un segment de droite peut être tracé en joignant deux points
   quelconques.
2. Un segment de droite peut être prolongé indéfiniment en une
   ligne droite.
3. Étant donné un segment de droite quelconque, un cercle peut
   être tracé en prenant ce segment comme rayon et l’une de ses
   extrémités comme centre.
Les 5 postulats d’Euclide

1. Un segment de droite peut être tracé en joignant deux points
   quelconques.
2. Un segment de droite peut être prolongé indéfiniment en une
   ligne droite.
3. Étant donné un segment de droite quelconque, un cercle peut
   être tracé en prenant ce segment comme rayon et l’une de ses
   extrémités comme centre.
4. Tous les angles droits sont congruents.
Les 5 postulats d’Euclide

1. Un segment de droite peut être tracé en joignant deux points
   quelconques.
2. Un segment de droite peut être prolongé indéfiniment en une
   ligne droite.
3. Étant donné un segment de droite quelconque, un cercle peut
   être tracé en prenant ce segment comme rayon et l’une de ses
   extrémités comme centre.
4. Tous les angles droits sont congruents.
5. Si deux lignes sont sécantes avec une troisième de telle façon
   que la somme des angles intérieurs d’un côté est inférieure à
   deux angles droits, alors ces deux lignes sont forcément sécantes
   de ce côté.
Formalisation des mathématiques

À partir de ces définitions et postulats, Euclide démontre
« rigoureusement » toutes les propositions de la géométrie plane de
l’époque.

  Il s’agit de la première formalisation connue de la géométrie,
       discipline déjà plus que millénaire à l’époque d’Euclide.

Elle sera revisité, bien plus tard, par d’autres grands
mathématiciens. Hilbert, en 1899, montrera que la géométrie
d’Euclide nécessite en fait 20 postulats pour être parfaitement
fondée.

                          Entre temps...
Le 5e postulat d’Euclide...
5. Si deux lignes sont sécantes avec une troisième de telle façon
   que la somme des angles intérieurs d’un côté est inférieure à
   deux angles droits, alors ces deux lignes sont forcément sécantes
   de ce côté.
...pose question

Le 5e postulat n’a pas la même apparence que les précédents, il
ressemble plutôt à une Proposition.
Euclide prend d’ailleurs soin de démontrer ses 28 premières
Propositions sans l’utiliser.
Tous les grands mathématiciens qui suivent Euclide tentent de le
déduire des 4 premiers postulats, ou de le remplacer par un
postulat plus simple :

   Archimède (IIIe s. avant notre ère) ... Ptolémée (IIe s.) ...
   Proclus (Ve s.) ... Khayyam (XIe s.) ... Wallis et Saccheri
           (XVIIe s.) ... Legendre (XVIII-XIXe s.) ...
...pose question

Le 5e postulat n’a pas la même apparence que les précédents, il
ressemble plutôt à une Proposition.
Euclide prend d’ailleurs soin de démontrer ses 28 premières
Propositions sans l’utiliser.
Tous les grands mathématiciens qui suivent Euclide tentent de le
déduire des 4 premiers postulats, ou de le remplacer par un
postulat plus simple :

   Archimède (IIIe s. avant notre ère) ... Ptolémée (IIe s.) ...
   Proclus (Ve s.) ... Khayyam (XIe s.) ... Wallis et Saccheri
           (XVIIe s.) ... Legendre (XVIII-XIXe s.) ...
                          sans succès ! !
Le 5e postulat version Proclus

Depuis Proclus on sait que le 5e postulat d’Euclide :

5. Si deux lignes sont sécantes avec une troisième de telle façon
   que la somme des angles intérieurs d’un côté est inférieure à
   deux angles droits, alors ces deux lignes sont forcément sécantes
   de ce côté.

est essentiellement équivalent à la forme plus connue :

5A. Par un point donné hors d’une droite, on peut mener une et
    une seule parallèle à cette droite.
D’autres progrès
Khayyam étudie le lien entre le 5e postulat et la somme des angles
d’un triangle :

 le 5e postulat est équivalent à ce que la somme des angles d’un
                     triangle soit égale à 180o

Saccheri tente de démontrer le 5e postulat par l’absurde, mais
n’aboutit à aucune contradiction. Bien au contraire, partant de
l’hypothèse de l’angle aigu (somme des angles d’un triangle
inférieure à 180o ), il obtient de nouveaux théorèmes ...
D’autres progrès
Khayyam étudie le lien entre le 5e postulat et la somme des angles
d’un triangle :

 le 5e postulat est équivalent à ce que la somme des angles d’un
                     triangle soit égale à 180o

Saccheri tente de démontrer le 5e postulat par l’absurde, mais
n’aboutit à aucune contradiction. Bien au contraire, partant de
l’hypothèse de l’angle aigu (somme des angles d’un triangle
inférieure à 180o ), il obtient de nouveaux théorèmes ... qu’il
rejette :

   « L’hypothèse de l’angle aigu est absolument fausse car cela
            répugne à la nature de la ligne droite. »
Le 5e postulat remis en cause
Gauss, « le prince des mathématiciens », reprenant les travaux de
Saccheri et de son successeur Lambert, se convainc de l’existence
de géométries « non euclidiennes », c’est-à-dire dans lesquelles le 5e
postulat n’est pas vrai.

Il ne publie pas ses travaux sur la question, laissant à d’autres la
tâche de faire connaître ces nouvelles géométries : Bolyai,
Lobatchevski puis Riemann. Sans l’autorité de Gauss, ce n’est
pas chose aisée !
Les géométries non euclidiennes

À la moitié du XIXe s. (ou fin XIXe pour les plus incrédules...), on
sait qu’il existe deux nouvelles géométries en plus de la
géométrie euclidienne. Elles ont en commun les 4 premiers
postulats d’Euclide, tandis que le 5e prend l’une des formes
suivantes :
5A. Par un point donné hors d’une droite, on peut mener une et
    une seule parallèle à cette droite.
5B. Par un point donné hors d’une droite, on ne peut mener
    aucune parallèle à cette droite.
5C. Par un point donné hors d’une droite, on peut mener une
    infinité de parallèles à cette droite.
La géométrie euclidienne

C’est lorsque le 5e postulat d’Euclide est utilisé :
5A. Par un point donné, on peut mener une et une seule
    parallèle à une droite donnée.
Ceci entraîne que la somme des angles d’un triangle vaut 180o .

C’est la géométrie la plus intuitive, celle qui semble correspondre le
mieux à notre expérience de l’espace qui nous entoure, du moins à
                         l’échelle humaine...
La géométrie sphérique (ou elliptique)

Le 5e postulat d’Euclide est remplacé par :
5B. Par un point donné, on ne peut mener aucune parallèle à une
    droite donnée.
Ceci entraîne que la somme des angles d’un triangle est
supérieure à 180o .

 C’est la géométrie de la sphère (donc à peu de choses près de
notre Terre) : les droites (ou plus courts chemins d’un point à un
autre) sont les grands cercles, c’est-à-dire les cercles tracés sur la
           sphère qui ont le même centre que celle-ci.
Les grands cercles d’une sphère...

         ... se coupent tous !
Les grands cercles d’une sphère...

                        ... se coupent tous !

Autrement dit, il n’existe pas de droites parallèles non confondues.
Les grands cercles d’une sphère...

... et la somme des angles des triangles est supérieure à 180o .
La géométrie hyperbolique
Le   5e   postulat d’Euclide est remplacé par :
5C. Par un point donné, on peut mener une infinité de parallèles
    à une droite donnée.
Ceci entraîne que la somme des angles d’un triangle est
inférieure à 180o .

     C’est la moins intuitive des géométries. Poincaré en a donné
         plusieurs modèles, dont le disque qui porte son nom.
Le disque de Poincaré...
... décrit par Poincaré :
« Supposons un monde renfermé dans un grand disque et soumis à
la loi suivante : la température n’est pas uniforme ; elle est maxima
au centre, et elle diminue à mesure qu’on s’en éloigne, pour se
réduire au zéro absolu quand on atteint le bord du disque. Si ce
monde est limité au point de vue de notre géométrie habituelle, il
paraîtra infini à ses habitants. Quand ceux-ci, en effet, veulent se
rapprocher de la sphère limite, ils se refroidissent et deviennent de
plus en plus petits. Les pas qu’ils font sont de plus en plus petits,
de sorte qu’ils ne peuvent jamais atteindre le disque limite. »
Un monde étrange

 Dans ce monde, les droites sont les arcs de cercles qui coupent
la frontière du disque à angle droit et les diamètres du disque.
Des géométries non euclidiennes au GPS

À la grande surprise de Poincaré lui-même, les géométries non
euclidiennes se sont révélées essentielles pour la construction par
Einstein en 1905 de la théorie de la relativité restreinte, puis plus
encore ensuite pour la théorie de la relativité générale.
Celle-ci prévoit que la gravitation doit modifier les fréquences et les
longueurs d’onde des rayonnements reçus et émis à distance. En
conséquence, les horloges atomiques des satellites du système de
positionnement GPS (Global Positioning System) nécessitent une
correction pour compenser l’effet dû à la gravité terrestre, du moins
si l’on souhaite atteindre la meilleure précision de mesure possible.
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