LA NUMÉRISATION, PASSAGE OBLIGÉ - DOSSIER - BDO
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AVEC LA COLLABORATION DE : www.trends.be — P915914 — décembre 2019 — N° 54 — Publication mensuelle DOSSIER LA NUMÉRISATION, PASSAGE OBLIGÉ
SOMMAIRE LA NUMÉRISATION, PASSAGE OBLIGÉ 02x POUR LES ENTREPRISES FAMILIALES DOSSIER DOSSIER URGENCE DIGITALE URGENCE DIGITALE 08x PORTRAIT FAMILLE BOREUX L’empire de Rochehaut Au-delà de la vente en ligne, la numérisation est le passage obligé 10x des entreprises vers l’automatisation accrue de la plupart de leurs PORTRAIT processus. Investir dans le numérique n’est plus seulement une MELI question de croissance mais aussi et surtout, de compétitivité. Quand la famille CÉDRIC BOITTE bourdonne toujours 12x as le temps ? Alors, il du pays ne pèse que 10% de la valeur ajoutée P est grand temps de du secteur en Belgique. « PAROLE D’EXPERT DIGITALISATION passer au digital. » La Digital Wallonia note aussi que l’usage de Fini, le travail de robot campagne récente du technologies de pointe ou émergentes SPF Economie a eu le (Internet des objets, imprimantes 3D, mérite de recontextua- drones, robots de production, robots de liser le défi de la numé- service, etc.) reste anecdotique. risation. Il ne s’agit plus uniquement de se faire connaître ou de vendre en ligne. Des LE POLITIQUE EN CAUSE tâches comme la gestion de rendez-vous, « Ce retard d’adoption des technologies GETTY IMAGES les (premiers) devis ou l’administration émergentes s’explique sans doute par le fait peuvent désormais être numérisées, ou que, pour ce type d’investissement, les plutôt automatisées. La frontière entre entreprises doivent à la fois comprendre numérisation et automatisation s’estompe l’apport de la technologie par rapport à leur en effet à vitesse grand V. Une aubaine pour métier de base et bénéficier d’une conjonc- PHOTO DE COUVERTURE : GETTY IMAGES les entreprises qui parviennent à prendre le ture économique favorable à l’investisse- train en marche et ainsi gagner du temps ment en capital technologique », note dans leurs processus. Pour les autres, Digital Wallonia. Pour Jean-Yves Huwart, le l’heure n’est plus à la tergiversation et le monde politique est aussi en faute. Il épingle défi est colossal. ainsi le retard de la Wallonie dans la digitali- Société éditrice : sation des services publics ou des écoles. Le ROULARTA MEDIA GROUP Siège social : Meiboomlaan 33, LA WALLONIE EN RETARD Plan Marshall, de 1 à 4.0, en est largement 8800 Roeselare Président : Rik De Nolf Malheureusement, « la Wallonie n’a pas resté au stade des bonnes intentions sans Administrateur délégué : Xavier Bouckaert Editeur responsable : Sophie Van Iseghem accroché le wagon de la digitalisation réelle vision structurée, ni stratégie adaptée Meiboomlaan 33, 8800 Roeselare Directeur magazines : Jos Grobben de façon efficace en comparaison des aux défis du 21e siècle. Directeur magazines francophones : Amid Faljaoui Régions limitrophes », constate Jean-Yves Cela commence dès l’école. « Le taux d’équi- Rédacteur en chef : Amid Faljaoui Coordinateur : Damien Bodart Huwart, CEO de l’agence de coworking pement moyen des écoles wallonnes est près Rédaction finale : Anne-Sophie Chevalier, Damien Bodart, François Hubert, Joëlle Simon. SocialWorkplaces.com et auteur de Pour- de deux fois inférieur à la moyenne euro- Maquette et graphisme : Marc Deby, Pascale Lintermans, Hans Robberechts. quoi la Wallonie ne se redresse pas ? (édi- péenne ! Pour chaque tranche de 100 élèves Ont collaboré à ce numéro : Cédric Boitte, Emilien Hofman, Sven Vonck tions EG). dans l’enseignement secondaire, les écoles Régie publicitaire nationale Roularta Media, Z.1 Researchpark, 120 Le constat n’est guère réjouissant. Le baro- wallonnes disposent en moyenne de 11,2 1731 Zellik (Bruxelles) - 02 467 56 11 www.roulartamedia.be mètre 2018 Digital Wallonia note ainsi que ordinateurs ou tablettes ». C’est quatre fois General Manager : Philippe Belpaire philippe.belpaire@roularta.be seules 11% des entreprises wallonnes font moins qu’en Communauté germanophone Abonnement annuel (10 n°) 125,00 € TTC Service Abonnements de l’e-commerce. Parmi celles qui ont et cinq fois moins qu’en Flandre. De plus, B.P.700 Bruxelles 14 - 1140 Bruxelles Tél : 078 35 33 03 - Fax : 078 35 33 04 franchi le pas, beaucoup se sont contentées l’enseignement se concentre toujours sur les tfb@abonnements.be-www.abonnements.be Cette lettre d’information est protégée du minimum, sans numériser l’ensemble logiciels de présentation et de traitement de par le droit d’auteur. Reproduction, scan ou stockage électronique interdits. de leur processus de vente. Selon le Conseil texte, bien loin des outils et possibilités du Des questions ? Contactez Ann Van De Walle : 051 26 63 78. wallon du numérique, le numérique au sud 21e siècle. ©2019. 2 Trends Family Business › décembre 2019 ‹ N° 54 www.trends.be/family-business
IMPACT CONCRET inspecteurs pour 5.000 restaurants dignes POUR LES ENTREPRISES de figurer dans le guide, selon Philippe Cette piètre culture numérique se traduit Limbourg. concrètement dans la vie des entreprises. Est-ce qu’une mention dans le guide est indis- Commentant le faible nombre de restaurants pensable pour un restaurant ? Certainement étoilés en Wallonie au micro de nos confrères pas. Ce genre d’enseigne peut évidemment de la Première, Philippe Limbourg, ancien très bien se contenter du bouche à oreille directeur du Gault&Millau, local et/ou de sa réputation relève que davantage de sur un site comme TripAd- chefs investissent sur visor pour la clientèle de LE CONSTAT N’EST Internet et en communica- passage. Il est toutefois GUÈRE RÉJOUISSANT. tion en Flandre. René évident que le guide D’APRÈS LE BAROMÈTRE Sépul, journaliste gastro- Michelin demeure une nomique, constate qu’il est DIGITAL WALLONIA référence qui renforce l’at- régulièrement contacté ou 2018, SEULES 11% trait et génère de la crois- invité par des chefs fla- DES ENTREPRISES sance. Un bib gourmand mands via Instagram ou WALLONNES FONT ou une étoile constituent Facebook, alors que du DE L’E-COMMERCE. un gage de qualité qui ren- côté francophone, certains forcent le restaurant, n’ont même pas de site notamment en période internet. Ces instruments permettent aux creuse ou face à de fausses rumeurs véhicu- chefs flamands de se faire connaître, ce qui lées justement, par exemple, via TripAdvisor. est crucial pour être reconnu. Même par le Une communication numérique est même guide Michelin qui n’emploie que trois indispensable pour attirer les nouvelles m www.trends.be/family-business N° 54 › décembre 2019 ‹ Trends Family Business 3
DOSSIER GETY IMAGES générations. Les milléniaux représenteront pour ainsi dire aucun impact. La présence sur 75% de la population active dans le monde la toile doit être réfléchie à long terme et d’ici 2025 et seront donc aussi les principaux ciblée vers vos prospects. Contrairement aux consommateurs. Or, ils sont bien plus sen- médias classiques destinés à une communi- sibles à de belles photos sur Instagram qu’à cation de masse, les outils numériques per- une mention dans le toutes-boîtes local. mettent à toute entreprise de cibler ses pros- pects, qu’elle soit active en B to C (vente aux MANQUE D’AMBITION consommateurs) ou en B to B (vente aux L’exemple des restaurants est assez sympto- entreprises). matique du tissu des entreprises wallonnes. Elles capitalisent sur leurs clients existants STRATÉGIE NUMÉRIQUE ADAPTÉE mais manquent d’ambition. Elles ne voient « Les priorités dépendent fortement du sec- pas venir les menaces de nouveaux acteurs teur dans lequel l’entreprise opère, précise (belges ou étrangers) qui exploitent toutes Jean-Yves Huwart. Une entreprise active les possibilités de la numérisation. Soutenues dans le B to C doit beaucoup plus investir par leur marketing digital, les entreprises de dans sa marque et sa présence en ligne. Une pays limitrophes accaparent pourtant déjà la entreprise davantage présente dans le B to B majorité du chiffre d’affaires en ligne en doit définir une stratégie numérique adaptée Belgique. à la réalité et à la durée des cycles de vente Faut-il pour autant se résigner ? Sûrement de son secteur. » pas. Mais il est grand temps de se hâter len- « On ne vend pas des scanners médicaux BESOIN DE CONSEILS tement. La numérisation ne peut pas attendre comme on vend de l’outillage pour le POUR VOTRE mais il ne faut surtout pas se précipiter aveu- jardinage ou des abonnements pour des ser- ENTREPRISE FAMILIALE ? glément. Inutile, par exemple, de disposer vices mobiles, rappelle le CEO de d’un site en trois langues pour vendre en SocialWorkplaces.com. Dans le premier cas, Flandre, aux Pays-Bas ou en Allemagne si la présence en ligne sera moins axée sur de aucun commercial dans l’entreprise ne peut la vente en ligne directe et davantage sur la prendre le relais du site. Une campagne construction d’une réputation en ligne, avec improvisée sur les réseaux sociaux n’aura un gros travail de positionnement sur les BB$QQ7UHQGV)DPLO\%XVLQHVVIULQGG 4 Trends Family Business › décembre 2019 ‹ N° 54 www.trends.be/family-business
contenus et l’expertise. La «LES PRIORITÉS humaines, la comptabilité, création de liens person- DÉPENDENT etc. Beaucoup de PME uti- nels et l’engagement en FORTEMENT lisent, par exemple, encore ligne de pair à pair (de per- des applications séparées, DU SECTEUR sonne à personne) est éga- ce qui provoque énormé- DANS LEQUEL lement très important. ment de pertes de temps L’ENTREPRISE OPÈRE.» Dans le second cas, la par- (réencodage, etc.). tie e-commerce devra être JEAN-YVES HUWART Autrefois réservés aux très performante, rapide, (SOCIALWORKPLACES.COM) grandes structures, les logi- et les funnels (parcours ciels de gestion ERP (enter- numérique du prospect, Ndlr) de conversion prise resource planning) sont désormais aussi extrêmement bien étudiés. Dans les deux adaptés pour les PME au travers de solutions cas, néanmoins, une chose est certaine : il SaaS (software as a service), c’est-à-dire sous faut être consistant et sincère en ligne, car la la forme d’un abonnement dont le coût est comparaison avec la concurrence est immé- proportionnel à l’utilisation et ne nécessitant diate, et ce n’est souvent pas seulement sur pas d’infrastructures spécifiques, voire via les qualités techniques et pratiques d’un pro- des solutions en open source, c’est-à-dire en duit ou d’un service que la confiance des logiciel libre, mais dont les options et person- clients se gagne. » nalisations sont bel et bien payantes. Prenons un exemple. Imaginons qu’un com- NUMÉRISATION COHÉRENTE mercial entre une vente sur son terminal (qui La stratégie doit être adaptée et cohérente. peut être mobile), l’ERP impute immédiate- Vis-à-vis des clients (potentiels) mais aussi ment cette vente sur le stock, le journal des en interne. La numérisation ne se limite en ventes, le grand livre et le compte de résultat. effet pas à la vente et la communication mais Le tout, en temps réel. Idem si un de vos col- concerne tous les processus de l’entreprise : laborateurs travaille deux heures sur le dos- achats, stocks, gestion des ressources sier d’un de vos clients. Vous pouvez m « LA NUMÉRISATION EST DÉTERMINANTE POUR MAINTENIR LA COMPÉTITIVITÉ DE L’OUTIL » Spécialisée dans la distribution d’articles de pour la création du bon de commande, la va- plomberie et de chauffage, la société Moulan lidation et la mise en production. A l’avenir, s’est fermement engagée dans la voie de la tout sera automatiquement transféré dans numérisation sous la houlette de Raphaël notre ERP et le commercial n’aura plus qu’à Degey, administrateur délégué et cinquième contrôler la commande, soit un gain de temps génération à la tête de cette entreprise cente- de 5 à 10 minutes par commande. naire logée à Herve. Comment déterminez-vous votre straté- Qu’est-ce qui vous a poussé à investir gie numérique ? dans le numérique ? Nous nous focalisons avant tout sur l’automa- RAPHAËL DEGEY. Dans notre secteur, nous tisation des tâches répétitives et offrant peu de sommes confrontés à de nouveaux concur- valeur ajoutée. L’objectif est de récupérer ce rents nationaux et internationaux actifs sur temps perdu pour l’employer à des tâches plus Internet. La numérisation est donc détermi- productives. Notre commercial pourra par nante pour maintenir la compétitivité de l’ou- exemple aider ou contacter un client plutôt PG til. Si on projette à un horizon de 5 à 10 ans, elle que passer son temps à de l’encodage. sera même sans doute devenue indispensable. RAPHAËL DEGEY (MOULAN) Quel bilan tirez-vous jusqu’à présent ? Par ailleurs, on voulait aussi s’engager dans la Nous n’avons pas assez de recul pour tirer un numérisation pour automatiser certaines «Notre personnel bilan complet mais cette année est plutôt tâches, moderniser l’entreprise. Quels processus avez-vous entrepris ? apprécie d’être bonne pour la société et le trafic sur notre ca- talogue en ligne augmente. Les clients sont Nous travaillons sur plusieurs niveaux, tant sur débarrassé de certaines contents de ces nouveaux services comme la les aspects liés aux ventes (catalogue, com- mandes en ligne, etc.) que les processus in- tâches rébarbatives.» facture digitale. Et même s’il y a parfois cer- taines réticences, notre personnel apprécie ternes comme la facturation, la consolidation exemple, en train d’automatiser les com- d’être débarrassé de certaines tâches rébarba- des bons des livraisons, la gestion des stocks, mandes sur le catalogue. Aujourd’hui encore, tives, d’évoluer dans un environnement plus etc. Tous ces éléments sont liés. On est, par un commercial doit réintroduire les données moderne. www.trends.be/family-business N° 54 › décembre 2019 ‹ Trends Family Business 5
DOSSIER ainsi suivre à tout moment LA NUMÉRISATION matisation robotique des et sans administration NE SE LIMITE PAS processus (robotic process encombrante l’évolution de À LA VENTE ET automation ou RPA) qui chaque dossier, en visuali- LA COMMUNICATION permet à une entreprise de ser la rentabilité. passer de la numérisation à MAIS CONCERNE TOUS La numérisation facilite l’automatisation pour bien LES PROCESSUS aussi la gestion du télétra- des tâches manuelles et vail qui constitue un argu- DE L’ENTREPRISE : répétitives. Des tâches ment tant en matière de ACHATS, STOCKS, ingrates pour les collabora- gestion des ressources GESTION DES RESSOURCES teurs et coûteuses pour humaines que de maîtrise HUMAINES, l’entreprise. Le livre blanc des coûts, voire d’image COMPTABILITÉ, ETC. mentionne ainsi l’exemple vis-à-vis du monde exté- des formalités TVA. Un col- rieur (bien-être des laborateur expérimenté de employés, impact environnemental, etc.). BDO prend entre 90 et 120 minutes. Avec un logiciel servant d’assistant intelligent, la VERS L’AUTOMATISATION durée tombe à entre 24 et 30 minutes. L’es- Au-delà de l’ERP, le cabinet de conseil BDO sentiel du temps gagné tient au réencodage a récemment rédigé un livre blanc sur l’auto- de données, à la réalisation même des décla- « ON NE PEUT QUE CONSEILLER AUX ENTREPRISES DE SE FAIRE ACCOMPAGNER » Simon-Pierre Breuls a fondé l’agence de mar- francophones alors que les consomma- keting digital Universem avec ses deux asso- teurs belges font historiquement partie ciés, Hubert de Cartier et Sébastien François, des plus connectés ? en 2007. Pas une entreprise vraiment familiale, Un ensemble de raisons expliquent ce déca- donc... Mais vu la nature de leur activité, le trio lage. Le changement fait peur et beaucoup est évidemment bien plus au fait des enjeux d’entreprises ont préféré se réfugier derrière le numériques que la moyenne des sociétés «on a toujours fait comme ça», d’autant plus belges. qu’elles ne voyaient pas d’urgence écono- Au-delà de votre secteur d’activité, mique à se transformer. C’est aussi une ques- comment avez-vous relevé les défis tion de mentalité. En Belgique, les PME franco- du numérique, notamment dans phones n’ont pas forcément l’ambition de vos processus internes ? vouloir grandir. Elles ont ainsi pris tardivement SIMON-PIERRE BREULS. Dès le départ, nous conscience des enjeux du numérique. La prise avons décidé d’utiliser les outils et solutions de conscience a désormais globalement eu lieu PG permettant de faciliter notre travail et d’auto- mais le passage à l’acte reste timoré. Dans le B matiser certaines tâches. Notre ambition est de SIMON-PIERRE to C, les moyennes et grandes entreprises ont disposer des outils nous permettant de piloter BREULS (UNIVERSEM) mis en place une stratégie digitale mais l’entreprise de la façon la plus efficace et tan- gible possible. Nous avons ainsi acquis un logi- «Les médias numériques accusent globalement encore un retard de deux-trois ans par rapport aux pays voisins. ciel ERP il y a près de 10 ans, ce qui était très ont radicalement changé Dans le B to B, énormément d’entreprises n’ont rare pour une PME de quatre personnes à l’époque. Désormais, ce type de solution se le marketing.» pas encore mis en place d’actions de marketing digital. démocratise grâce à des solutions comme çant des publicités de masse. Désormais, Quelle stratégie conseillez-vous pour Yadera (TeamLeader), Odoo ou Efficy entre chaque entreprise peut s’adresser à sa clientèle une entreprise qui veut se lancer dans autres. Cela nous permet de disposer de don- (potentielle), particuliers ou professionnels, via le marketing digital ? nées chiffrées, concrètes et en temps réel pour des annonces ciblées. Une possibilité dont pro- Il n’y a pas de solution miracle applicable à mesurer l’évolution des activités, analyser la fitent encore assez peu de PME belges franco- toutes les entreprises. Il n’est pas nécessaire de rentabilité des projets ou suivre tout le proces- phones. Seules 14% ont une stratégie de mar- directement investir lourdement. Il y a moyen sus de gestion des ressources humaines. keting digital. Celles qui n’en ont pas n’ont de commencer progressivement par des for- Dans votre métier, avez-vous observé souvent tout simplement pas de stratégie mar- mations. Mais il est évidemment qu’il faut accé- une évolution ces 10 dernières années ? keting. Si elles ne s’engagent pas dans la numé- lérer à un moment donné les investissements Les médias numériques ont radicalement risation, elles risquent de voir leur compétitivité pour rattraper le retard. On ne peut aussi que changé le marketing. Auparavant, il était surtout se dégrader. conseiller aux entreprises de se faire accom- réservé aux grandes entreprises en B to C pla- Comment expliquer le retard des PME pagner par un expert. 6 Trends Family Business › décembre 2019 ‹ N° 54 www.trends.be/family-business
rations et listings ainsi qu’aux contrôles de PETER VAN LAER (BDO) routine (doublons, etc.). «NOUS « Le transfert de données entre des systèmes non reliés, le dépôt de déclarations TVA dans RECOMMANDONS les systèmes des autorités, l’introduction de DE COMMENCER jours de congé ou de maladie dans le système PAR RENFORCER d’un secrétariat social et le transfert de don- nées tarifaires d’un site internet à un système LES ORGANES de planification interne ne sont que quelques CONSULTATIFS exemples concrets. » PAR LA PRÉSENCE ESSAIS-ERREURS DE MILLÉNIAUX, De but en blanc, la tâche peut apparaître tita- QUI JETTERONT nesque : communication et vente en ligne, UN AUTRE REGARD organisation de l’entreprise, logiciels, auto- SUR LES CHOSES.» PG matisation, etc. Cela réclame évidemment une réelle volonté de la part de l’entreprise. « Il y a beaucoup de tutoriels et de cours en milléniaux, qui jetteront un autre regard sur ligne, souligne ainsi Jean-Yves Huwart. Il faut les choses. Intégrez des natifs numériques, pratiquer et faire ses essais et erreurs soi- capables de s’adapter bien plus vite que vous même, en se faisant accompagner par des aux changements de paradigmes qu’en- experts qui peuvent montrer des références gendre la numérisation. » concrètes. De plus en plus d’agences L’exemple de BDO montre d’ailleurs les dif- existent. Mais il est très important de prévoir férenTes influences du numérique. Le déve- une part de paiement au résultat, pour éviter loppement dans les conseils en transforma- de se faire vendre n’importe quoi. » tion digitale constitue une opportunité. Mais Disposer en interne de jeunes digital natives BDO doit aussi se réinventer comme l’expli- (natifs numériques) constitue une précieuse quait Hans Wilmots, l’ancien CEO de l’an- aide, expliquait déjà l’an dernier dans ces tenne belge. L’activité traditionnelle d’ac- colonnes Peter van Laer, alors managing counting ralentit sur fond de numérisation director chez BDO Crossroad, et désormais des processus comptables, mais cette perte nouveau CEO de BDO Belgium. « Nous est compensée par le développement de l’ac- recommandons de commencer par renforcer compagnement : interprétation des chiffres les organes consultatifs par la présence de et décisions qui en découlent. GETTY IMAGES www.trends.be/family-business N° 54 › décembre 2019 ‹ Trends Family Business 7
PORTRAIT Michel, Patricia et leurs trois enfants : Eloïse, Arnaud, Jordan. Ceux-ci devraient prendre chacun la tête d’une des sociétés familiales.. FAMILLE BOREUX L’EMPIRE DE ROCHEHAUT Certains évoquent iscrètes mais lumineuses, l’aube des années 1990. Cinq ans plus tard, il D un empire, d’autres un les décorations de Noël fusionnait sa société avec celle de sa femme, patrimoine. Peu importe en côtoient d’autres, davan- propriétaire de l’enseigne Auberg’Inn, riche de tage inamovibles, évoquant 15 chambres. Depuis, il ne se passe pas une les termes, Patricia et l’Ardenne locale : figurines année sans que le couple n’investisse pour amé- Michel Boreux gèrent de vaches colorées, feu liorer son patrimoine. Et les concepts créés un impressionnant ouvert, ou cette belle machine à couper le jambon fonctionnent : les formules de tourisme d’af- package d’établissements dont se saisit un jeune serveur, histoire de faires convainquent des hordes de séminaristes touristiques à Rochehaut rompre avec les trop classiques cacahuètes en semaine là où les jacuzzis privés séduisent (Bouillon). Aujourd’hui, apéritives. Dans son dos, Patricia Boreux vogue les couples le week-end. «On essaie de multi- ils préparent leur sereinement de table en table pour saluer les plier les check-in et check-out, précise Patricia succession comme clients de l’Auberge de Rochehaut et discuter Boreux. Quand un client de l’hôtel passe par ils ont bâti leur carrière : avec les habitués... Le lendemain, dans la salle du notre boutique du terroir, son panier sera pro- en investissant de petit-déjeuner, l’impressionnante stature de son portionnellement plus élevé s’il reste un jour manière hyperactive. mari, Michel, accueille les plus matinaux avec plutôt que trois.» EMILIEN HOFMAN vitalité. Un petit mot pour chacun, ni intrusif ni Pour réussir dans une commune que le couple banal. «On aurait pu se mettre de côté, se dire Boreux ne considère pas comme très fertile qu’on avait assez. Mais on aime ce qu’on fait, économiquement, celui-ci redouble de straté- donc on est là tous les jours», confie Patricia gies créatives pour offrir à ce «cul-de-sac» un Boreux. Ne jamais s’arrêter, tel est le leitmotiv du peu de lumière. Notamment la construction couple. d’une quinzaine d’appartements pour accueil- lir des membres du personnel – constitué DE 6 À 70 CHAMBRES d’une cinquantaine de personnes – au sein Installée au centre de Rochehaut, surplombant même du village. «Nos clients sont pour moi- la magnifique vallée de la Semois et le village de tié flamands, pour moitié francophones, Frahan, la famille Boreux gère un véritable ajoute Michel Boreux. Pourtant, à Rochehaut, empire touristique, dont quatre hôtels (70 la proportion est plutôt de 80‑20 parce que nos chambres), 10 gîtes, quatre restaurants, des concurrents sont majoritairement néerlando- vignes, un agri-musée, un parc animalier et une phones. Mais nous avons toujours beaucoup microbrasserie, générant un chiffre d’affaires axé notre communication sur la Wallonie et, avoisinant les 10 millions d’euros. A des plus récemment, sur les réseaux sociaux pour années-lumière de la petite auberge de six attirer les jeunes. Nous n’avons pas une clien- chambres avec salle de bains commune que tèle poussiéreuse.» Elle ne survivrait de toute Michel Boreux avait reprise à ses parents, à façon pas aux investissements constants... 8 Trends Family Business › décembre 2019 ‹ N° 54 www.trends.be/family-business
FAMILLE BOREUX CHACUN SA VOIE doute raison : ses parents pensent à la suite. Ils Les Boreux ont trois enfants. La photo de la suivent notamment chaque année des forma- fratrie accrochée aux murs de l’Auberge de tions en matière de succession familiale. Rochehaut remonte déjà à quelques années, mais Eloïse a gardé cette détermination dans le SUCCESSION EN DOUCEUR PHOTOS PG regard. Bien huilé, son discours est sans équi- «On n’a pas poussé nos enfants à faire le même voque quand elle conseille ce couple de clients métier que nous, assure pourtant Patricia qui opte pour la formule gastronomique. «Tous Boreux. Ils font fait leur choix par eux-mêmes nos souvenirs d’enfance viennent de l’Auberge : mais, par bonheur, ceux-ci sont liés.» Eloïse, mes deux frères dans la cuisine avec papa et moi Arnaud et Jordan devraient prendre chacun la à l’accueil avec maman», sourit l’aînée (26 ans), tête d’une des sociétés du groupe d’ici deux ou active tant à la réception de l’Auberge que dans trois ans. La SPRL La Cense (un gîte et le res- la gestion des gîtes depuis octobre 2016. C’est à taurant Point de vue) pour Eloïse, la SA son initiative qu’a été créée la marque Les Gîtes Auberge de la Ferme (l’Auberge de Roche- de Rochehaut qui diversifie l’offre familiale. haut, quatre gîtes, un restaurant, la boutique) De deux ans son cadet, le plus discret Arnaud a pour Jordan et la SA Rochehaut Attraction longtemps cru orienter son futur vers la cuisine (microbrasserie, agri-musée et parc animalier) avant de s’en détourner : trop monotone à son pour Arnaud, dont il possède déjà des parts. «Si goût. Il gère aujourd’hui le parc animalier et la on met tout sur une balance, il y a certainement toute récente microbrasserie. De quoi libérer les un déséquilibre entre les activités, reconnaît fourneaux de l’Auberge pour son plus expressif ce dernier. Mais il n’y a aucune jalousie entre frangin Jordan (23 ans), récompensé d’une nous : nous nous épanouissons et nous com- Médaille d’excellence au championnat européen plétons chacun dans nos activités.» PATRICIA BOREUX des métiers en 2018. Ceci étant, face aux impératifs juridiques qu’en- «ON AURAIT PU A bord de leur jeep, Patricia et Michel Boreux traîne la succession, les Boreux ne veulent pas se multiplient régulièrement les détours dans le presser : Patricia et Michel sont encore plein SE METTRE DE CÔTÉ, village pour s’assurer que tout se passe pour le d’énergie et leurs héritiers toujours en besoin SE DIRE QU’ON mieux au sein de leur galaxie. Pourtant en d’expérience et d’accompagnement. «On veut AVAIT ASSEZ. MAIS heure de pause, Patricia s’avance pour accueil- faire le moins de bêtises possible pour que nos ON AIME CE QU’ON lir des clients qu’elle estime pris en charge trop enfants se sentent bien», conclut leur maman. A FAIT, DONC ON EST tardivement par le personnel. De son côté, Rochehaut, le second empire est en gestation... LÀ TOUS LES JOURS.» Michel téléphone à Jordan, qu’il juge trop lent à déployer la ter- rasse alors que le soleil pointe. «Mon père peut être très dur et PROJECTION 2021 exigeant avec nous et le person- A Rochehaut, la source à projets séminaire et une deuxième salle le Point de vue avec son futur nel, avoue le cadet. On est par- des Boreux ne se tarit pas. D’ici de petit déjeuner pour complé- mari, Arnaud va s’attaquer à la fois un peu perdu, mais je pense 2021 verront ainsi le jour un par- ter l’actuelle, qui accueille commercialisation de ses bières qu’il fait ça pour nous aider à king sous-terrain, 10 nouvelles jusqu’à 120‑130 personnes pour alors que Jordan planifie la créa- comprendre les choses par chambres, une piscine, un chaque repas de la journée. tion d’un jardin de produits nous-mêmes.» Jordan a sans centre bien-être, une salle de Eloïse ambitionne de reprendre écoresponsables. www.trends.be/family-business N° 54 › décembre 2019 ‹ Trends Family Business 9
PORTRAIT MELI QUAND LA FAMILLE BOURDONNE TOUJOURS Propriétaire de l’entreprise de fabrication de miel Meli, UNE CRISE PROFONDE la famille Florizoone n’y exerce plus de fonction La famille Florizoone est aujourd’hui encore opérationnelle depuis près de 27 ans. Néanmoins, l’unique actionnaire de la société. Elle s’est onze de ses membres suivent toujours de près les heurs et toutefois rendu compte au décès d’Albéric malheurs d’une entreprise qui figure parmi les plus connues Florizoone, en 1992, que, sur le plan opération- de notre pays. «Nous nous sommes adaptés au rôle nel, il était préférable de passer la main. d’administrateur.» SVEN VONCK A 85 ans, le fondateur de l’entreprise familiale en était toujours le directeur général mais comme haque année, des apiculteurs aucun de ses enfants – Roland, Robert, Guy et C des quatre coins du monde Nicole – ne souhaitait reprendre le flambeau, envoient leur production à l’entreprise a plongé dans une crise d’autant plus l’usine Meli de Furnes où sont profonde qu’elle connaissait des problèmes traités quelque 11 millions de financiers. Car outre la fabrication du miel, ses kilos de miel générant un chiffre activités s’étendaient également au célèbre Meli d’affaires avoisinant 50 millions d’euros. « Ces Parc d’Adinkerke (La Panne) qui accumulait les dernières années, nous avons fortement investi pertes. Il a donc été fait appel à un gestionnaire dans l’automatisation et la numérisation. Nous de crise et les membres de la famille se sont reti- sommes devenus une entreprise moderne qui rés du pôle opérationnel de l’entreprise. emploie 55 salariés et affiche un excellent Au bout d’un an, celle-ci s’est mise en quête bilan », se réjouit Koen Steurbaut. Le Gantois d’un nouveau CEO et son choix s’est porté sur a succédé en 2017 à Philip Cammaert qui a Philip Cammaert. « Il accepté mais à une condi- dirigé l’entreprise pendant plus de 20 ans et tion : que la famille n’intervienne pas dans n’est que le second CEO de Meli à ne pas la gestion quotidienne », rapporte Guy appartenir à la famille Florizoone. « Laisser la Florizoone. Délocalisées en 1954 à Bruxelles, gestion quotidienne à un CEO ‘étranger’ n’a les activités ont repris le chemin de Furnes car, pas été facile, reconnaît Guy Florizoone. Tout comme le souligne Roland Florizoone, « le clas- est une question de confiance. » sement de notre bâtiment Art Déco à Bruxelles DANS L’OMBRE DU PATRIARCHE L’histoire de Meli débute dotée d’une cafétéria. Le Albéric Florizoone a trois fils et la fille Nicole la politique locale et en 1925 quand Albéric succès fut tel que, après la conservé le contrôle total avaient donc une activité provinciale. Florizoone a commencé Seconde Guerre mon- de sa société. Ses quatre professionnelle annexe. Malgré des moments de à vendre le miel qu’il diale, il a fallu agrandir les enfants y étaient actifs «C’était la soupape dont frustration, aucun des récoltait au fond du jardin lieux. Rebaptisé Meli Parc, mais avec un pouvoir de nous avions besoin pour enfants n’a rompu avec de la maison parentale à le Palais imaginé par décision très limité. pouvoir nous exprimer», l’entreprise familiale. la famille, aux voisins et Albéric Florizoone devint «Mon père avait une per- explique Robert Florizoone. «Il y avait un lien émotion- aux amis. Il s’est ensuite l’une des principales sonnalité dominante. Il ne Robert se consacrait à nel très fort avec le parc mis à fournir quelques attractions touristiques cédait sur rien, il avait tou- l’achat et à la vente d’at- d’attractions, se souvient magasins locaux. En 1934, de la côte belge. Un jours le dernier mot sur tractions, Guy vendait des Roland Florizoone. On n’y il se lança dans la second parc a vu le jour tout», soupire Guy machines à sous dans vendait pas de produits du construction du Palais à Bruxelles, sur le plateau Florizoone. En plus de l’horeca, Nicole avait groupe mais uniquement des Abeilles, à Adinkerke, du Heysel. Jusqu’à sa leurs responsabilités dans ouvert son propre hôtel et du plaisir. Cette satisfac- un espace d’exposition mort à l’âge de 85 ans, l’entreprise familiale, les Roland s’était lancé dans tion compensait le reste. » 10 Trends Family Business › décembre 2019 ‹ N° 54 www.trends.be/family-business
MELI EMY ELLEBOOG ne nous offrait aucune possibilité d’extension. téressent beaucoup à l’écologie, au marketing GUY, ROBERT, En revanche, la nouvelle usine de Furnes nous et aux médias sociaux.» Outre Koen Steurbaut, ROLAND FLORIZOONE mettait à nouveau à la pointe du progrès tech- le conseil d’administration compte encore ET KOEN STEURBAUT nique ». Tandis que la production de miel trois membres qui n’appartiennent pas à la «La famille ne s’est encore reprenait des couleurs, le parc d’attractions famille : le président Dirk Van Den Broeck jamais opposée à un restait le talon d’Achille du groupe. Il a finale- (Patrimmonia Real Estate), Luc Sillis (un investissement majeur ment été vendu en 1999 à Studio 100 qui l’a ancien du fabricant de chips Croky) et Philip proposé par la direction.» rebaptisé Plopsaland. « Ça n’a pas été facile Cammaert, l’ancien CEO de Meli. émotionnellement parlant, mais les considéra- Koen Steurbaut attache une grande impor- tions commerciales l’ont emporté », se rappelle tance au contact avec la famille. « L’idée est que Guy Florizoone. nous constituions la base, de manière à ce que tout le monde soit d’accord sur la stratégie. LA TROISIÈME GÉNÉRATION Il doit évidemment y avoir de la place pour le Marthe Van Doren, la veuve d’Albéric Flori- débat mais il est capital que la direction et les zoone, 97 ans aujourd’hui, a suivi de près la trans- propriétaires soient sur la même longueur formation de l’entreprise. « Elle nous a toujours d’onde. » Pour Koen Steurbaut, les choses soutenus », explique Robert Florizoone. Elle ne fonctionnement plutôt bien : « La famille ne mettait qu’une seule condition : que les quatre s’est encore jamais opposée à un investissement enfants donnent leur consentement à chaque majeur proposé par la direction ». La présence décision. « Vous imaginez bien que cela n’a pas de la famille est un gage de stabilité. toujours été évident et qu’il a souvent fallu cher- cher un consensus », ajoute Guy. FONDATION PRIVÉE Les quatre enfants d’Albéric Florizoone sont Pour bien fixer les choses, les actions de l’entre- toujours membres du conseil d’administration. prise familiale ont été logées dans une fondation La troisième génération compte sept descen- privée. Aucun des actionnaires ne peut donner dants dont trois siègent, eux aussi, au conseil ses actions en nantissement et si l’un veut LE CEO EXTÉRIEUR d’administration. Les quatre autres sont infor- vendre, il doit d’abord proposer ses actions aux N’A ACCEPTÉ més des tenants et aboutissants de toutes les autres membres de la famille. Les actionnaires LA DIRECTION décisions via un comité consultatif. « La géné- perçoivent des dividendes annuels. Pour l’exer- DE L’ENTREPRISE ration qui monte doit s’intéresser à l’entre- cice 2018, ils s’élevaient à 1,3 million d’euros. QU’À LA CONDITION prise, estime Roland Florizoone. Tant au La totalité du bénéfice net n’est en effet pas EXPRESSE QUE conseil d’administration qu’au comité consul- distribuée, de sorte de constituer une réserve tatif, les petits-enfants ne sont pas là pour faire financière dans un bilan très sain. « Cela nous LA FAMILLE NE de la figuration. Ils participent au débat et leurs permet de construire sur le long terme et d’as- SE MÊLE PAS propositions sont prises en considération. Ils seoir la stabilité de l’entreprise », conclut Koen DE LA GESTION ont parfois des idées très surprenantes et s’in- Steurbaut. QUOTIDIENNE. www.trends.be/family-business N° 54 › décembre 2019 ‹ Trends Family Business 11
PAROLE D’EXPERT Envoyez vos questions à experts@tendances.be DIGITALISATION FINI, LE TRAVAIL DE ROBOT Les entreprises gèrent une multitude de don- ENERGISTREMENT DES ACTIONS nées qui sont utilisées ou partagées de manière Les entreprises familiales sont équipées de confuse, insuffisante ou peu fiable, voire qui nelogiciels de bureautique et d’administration sont pas utilisées ou partagées du tout. L’infor-financière ainsi que de logiciels spécifiques mation incomplète, mais aussi son traitement pour la production, les stocks et les clients. fastidieux, rendent les processus inefficaces, Toutefois, l’intégration entre ces logiciels fait complexes, archaïques et chronophages. La encore souvent défaut. L’interaction avec les numérisation et l’automatisation ont énormé- fournisseurs, les clients ou les banques néces- ment évolué ces dernières années et ont égale- site donc de nombreuses actions manuelles. ment apporté de nouvelles solutions aux entre- De nouvelles techniques spécialisées de prises familiales dans les domaines de la produc-mesure et de scanning basées sur l’intelligence tion, de la prestation de services ou de l’adminis- artificielle font leur apparition. En l’absence tration. Cependant, la charge administrative d’intégration, on est contraint de retaper les reste importante dans de nombreuses entre- données en interne et en externe d’une appli- prises familiales et la marge de croissance de lacation à l’autre : il s’agit de tâches dites robotisation pour les tâches administratives est « manuelles », tant pour le gérant d’entreprise WALTER VANHERLE donc élevée. C’est essentiellement le partage que pour ses collaborateurs. La robotisation de Chef de service BDO Digital des données qui peut être grandement amélioré. ces tâches grâce à un logiciel RPA constitue walter.vanherle@bdo.be une solution nouvelle pour toutes les organisa- GAIN DE TEMPS tions. La technique est basée sur l’enregistre- Nous imaginons sans peine que l’automatisation ment des actions que les personnes effectuent. des processus robotisés (ou Robotic Process Après une réflexion quant aux enregistrements Automation, RPA) puisse s’appliquer aux pro- à convertir en scripts, ces scripts peuvent être cessus de production, par exemple, mais nous exécutés par le robot logiciel plus rapidement, sous-estimons l’incidence qu’elle peut avoir sur de jour comme de nuit et sans erreurs. l’allègement des tâches administratives. Des Si l’on parle souvent d’automatisation « rési- études montrent que la RPA peut potentielle- duelle », cela ne signifie pas pour autant ment automatiser environ 40% de toutes nos qu’il s’agit d’interventions que l’on peut repor- tâches manuelles. Voilà un gain de temps pré- ter à plus tard. Nous observons même un « sen- cieux pour les entrepreneurs familiaux, qui leur timent d’urgence » en la matière. Les entre- permettrait de se concentrer sur prises familiales sont désireuses des défis plus stratégiques. Sont de mieux maîtriser le temps concernées un large éventail de DES ÉTUDES « perdu ». Au-delà d’un coût tâches, allant de l’automatisation MONTRENT QUE raisonnable, les gérants d’entre- de la gestion d’une boîte mail au LA «ROBOTIC prise veulent avoir plus de marge fait de ne pas avoir à retaper des pour faire tourner leur entre- PROCESS données pour pouvoir les utiliser prise. L’acceptation par les AUTOMATION» dans un système donné. Don- employés se fait aisément parce nons l’exemple très concret du PEUT qu’ils reçoivent l’appui de robot collaboratif Elly qui POTENTIELLEMENT nouveaux collègues, si ce n’est reprend les opérations manuelles AUTOMATISER qu’il s’agit de collègues virtuels. répétitives de Kelly, une spécia- ENVIRON 40% Le fait est qu’en libérant son liste humaine de la TVA. Grâce DE TOUTES NOS personnel du poids des tâches au travail d’Elly, Kelly est désor- TÂCHES MANUELLES. répétitives susceptibles d’être mais disponible pour se pencher robotisées, les entreprises fami- sur les subtilités de la législation liales peuvent en finir avec le sur la TVA et conseiller les clients. Elle en a travail de robot et offrir à leurs employés maintenant le temps car Elly et Kelly mettent davantage d’opportunités de mettre en œuvre ensemble 30 minutes pour gérer le dossier, et de développer les atouts de l’être humain, contre 120 minutes auparavant. Il s’agit d’un telles que la pensée créative et l’action gain de temps considérable, n’est-ce pas ? efficace. 12 Trends Family Business › décembre 2019 ‹ N° 54 www.tendances.be/familybusiness
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