Le cancer, une maladie des gènes ? - 17ème journée annuelle d'oncologie thoracique Institut Jules Bordet, 23 avril 2016 - PneumoCancero.com
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Le cancer, une maladie des gènes ? 17ème journée annuelle d’oncologie thoracique Institut Jules Bordet, 23 avril 2016
Une approche « réductionniste » du cancer 1953, Carl Nordling , ”A new theory on cancer-inducing mechanism », Br J Cancer 1971, Alfred Knudson, “Mutation and Cancer: Statistical Study of Retinoblastoma”, PNAS 1971, Peter Nowell, “Genetic changes in cancer, cause or effect?”, Human Pathol Le cancer est une maladie de la cellule induite par des altérations de l’ADN Nowell, P. C. The clonal evolution of tumor cell populations. Science 1976. « Cancer as a complex, Darwinian, adaptive system driven by stepwise, somatic-cell mutations with sequential, subclonal selection »
1975, identification d’un premier oncogène Stehelin D, Varmus HE, Bishop JM. Detection of nucleotide sequences associated with transformation by avian sarcoma viruses. Bibl Haematol. 1975; 43:539-41. 1989 Nobel Prize in Physiology or Medicine 1987, identification d’un premier suppresseur de tumeur Godbout R, Dryja TP, Squire J, Gallie BL, Phillips RA. Somatic inactivation of genes on chromosome 13 is a common event in retinoblastoma. Nature. 1983;304:451-3. Lee WH, Bookstein R, Hong F, Young LJ, Shew JY, Lee EY. Human retinoblastoma susceptibility gene: cloning, identification, and sequence. Science. 1987;235:1394-9.
Le nombre de variants somatiques dans les tumeurs humaines est très hétérogène 7,042 cancers primitifs de 30 types différents - Prévalence très variable - Le moins: tumeurs pédiatriques - Le plus: tumeurs induites par une exposition toxique - Hématologie: Myélome > LA LB Alexandrov et al. Nature (2013)
La nature des variations peut être analysée comme une “signature mutationnelle” Mutation des pyrimidines + bases immédiatement en 5’ et 3’ = 96 combinaisons LB Alexandrov et al. (2013)
Chaque signature mutationnelle suggère les mécanismes vraissemblablement en cause dans la transformation - Vieillissement - Exposition au tabac - Exposition aux UV - AID - APOBEC - Prédisposition génétique etc…. LB Alexandrov et al. Nature Com.. 2013
Chaque tumeur devient une combinaison unique de diverses signatures mutationnelles LB Alexandrov et al. Nature (2013)
Exemple, Leucémie myélomonocytaire chronique Les signatures identifiées suggèrent une maladie du vieillissement Merlevede J, Droin N et al, Nature Commun 2016
Dans quelle cellule ?
L’organisation hiérarchisée des tissus sélectionnée pour protéger de l’évolution somatique Plus sensible à l’évolution somatique Pepper JW, Sprouffske K, Maley CC, PLoS Comput Biol 2007
Le nombre de division des cellules souches au cours de la vie est corrélé au risque de cancer au cours de la vie? Tomasetti C, Vogelstein B, Science 2015;347:78-81
Estimation of the proportion of lifetime cancer risk that is not due entirely to ‘bad luck’ Wu S, Powers S, Zhu W, Hannun YA. Nature 2016;529:43-7
La cellule d’origine dans la leucémie lymphoide chronique? Damm et al. Cancer Discovery 2014
60% CLL15 CLL - Situation # 1 50% 40% Mutations in CD19+ only 30% 3/24 LLC (13%) 20% 10% 0% 0 CD3 0,2 0,4CD14 0,6 CD34 0,8 CD19 1 1,2 CD19+/CD5+ CD34+/CD19- CD14+ CD3+
60% CLL09 CLL - Situation # 2 50% 40% Mutations CD34+, CD14+, CD19+ 30% 14/24 CLL (58%) 20% 10% 0% 0 CD31 CD14 2 CD34 3 CD19 4 5 CD19+/CD5+ CD34+/CD19- CD14+ CD3+
70% CLL10 CLL - Situation # 3 60% 50% Mutations in CD34+ and CD19+ 40% 7/24 CLL(29%) 30% 20% 10% 0% 0 CD31 CD14 2 CD34 3 CD19 4 5 CD19+/CD5+ CD34+/CD19- CD14+ CD3+
Les effets d’une mutation donnée diffèrent d’une cellule à une autre, d’un cancer à un autre Same mutations in different cells-of-origin => different cancers Alcantara Llaguno SR et al, Cancer Cell, 2015 Koren S et al, Nature 2015, 525: 114-118 Filbi MG, Stiles CD, Cancer Cell 2015 Van Keymeulen A et al, Nature 2015, 525:
Du génotype au phénotype
Les effets d’une variation génétique peuvent être • Bénéfiques • Neutres • Délétères En fonction de Contexte génétique (épistasie par ex.) Environnement (densité cellulaire par ex.) Interactions entre les deux
Le lien génotype / phénotype est rarement bijectif TET2 Leucémie myélomonocytaire chronique JAK2 Polyglobulie de Vaquez SF3B1 Anémie réfractaire sidéroblastique FLT3-ITD Leucémie aiguë myéloïde
L’ordre des mutations affecte le phénotype L’exemple des syndromes myéloprolifératifs Ortmann CA et al. N Engl J Med 2015.
Mutation = tumeur? le réductionnisme revisité
Clones « pré-leucémiques » versus « leucémiques » TET2 CTCF FLT3-ITD NPM1 (Adapted from Jan M et al, Science Transl Med, 2012) See also Busque L et al, Nature Genet 2012 Shlush LI et al, Nature 2014 Andersson R, et al. Nature.2014 Jaiswal S, et al. N Engl J Med 2014 Genovese G, et al N Engl J Med 2014 Xie M, et al. Nat Med 2014 Shlush LI, et al. Nature 2014 Potter NE, Greaves M.. Nature 2014
ARCH: Age-related clonal hematopoiesis CHIP: Clonal Hematopoiesis of Indetermined Potential
Les étapes de génération d’une hémopathie myéloïde s AML NPM1 AML PML-RAR MPN JAK2 AML FLT-3 ITD / NPM1 DNMT3A SF3B1 MDS BCR-ABL IDH1 s AML CML s AML/ALL
Mastocytose Les mutations affectant les gènes de l’épigénétique (TET2) de l’épissage (SF3B1) HSC préparent elles le terrain de l’évolution clonale? LMMC cKIT HSC TET2 SRSF2 MF PV JAK2 HSC HSC JAK2 HSC HSC ASXL1 CTCF Healthy Neutre? Contexte épigénétique favorable? HSC LAM FLT3 HSC
Le spectre des mutations identifiées dans la peau saine
Le spectre des mutations identifiées dans la peau normale Martincorena I, et al. Science 2015:348:880–886 Simons BD Proc Natl Acad Sci USA, 2016:113128–133
Si ce n’est génétique, c’est donc épigénétique?
CMML Serial whole exome sequencing - 1 – untreated patients
Serial WES HMA-treated patients, Stable disease (= Non responders)
CMML, serial WES HMA-treated patients Responders
100 80 Variant frequency (%) Dynamic of molecular alterations 60 1 – Before therapy 40 20 0
100 80 Variant frequency (%) 60 2 - After one month of decitabine 40 20 0
100 80 Variant frequency (%) 3 - After 10 cycles 60 of decitabine (clinical response) 40 20 0
100 80 Variant frequency (%) 60 4 - AML transformation 40 (month 23) 20 0
Genetic alterations persist in an exceptional responder to HMA Serial analysis of an exceptionnal responders Eric Padron
Dans cette hémopathie, les médicaments hypométhylants Ne réduisent pas la charge allélique des mutations Ne préviennent pas l’évolution génétique du clone leucémique
LMMC, réponse versus échec des déméthylants Sorted monocyte RNA Sequencing Gene expression analysis Change > 2 Up Down Total Untreated 0 0 0 Treated, non-responders 12 51 63 Treated, responders 380 179 559
LMMC, réponse versus échec des déméthylants Sorted monocyte DNA methylation eRRBS
LMMC, réponse versus échec des déméthylants (2)
Réponse aux agents déméthylants Dissociation entre Amélioration du phénotype (DNA démethylation, changements de l’expression des gènes) & Persistence des mutations, voire nouvelles mutations
mtTET2 early clonal dominace TIF1g promoter méthylation CD90+ HSC CD45RA- CD90- CD90- CD45RA- MPP CLP CD45RA+ Hyper signal CD10+ (RAS) CD123+ CMP CD45RA- CD123+ MEP CD123- GMP CD45RA+ B/NK CD45RA- (CD110+) MK E G M DC B NK T
mtTET2 early clonal dominance CD90+ HSC CD45RA- Responders to HMA CD90- CD90- CD45RA- MPP CLP CD45RA+ CD10+ RAS CD123+ CMP CD45RA- CD123+ MEP CD123- GMP CD45RA+ B/NK CD45RA- (CD110+) MK E G M DC B NK T
L’hétérogénéité de la méthylation de l’ADN est de mauvais pronostic dans la leucémie lymphoïde chronique Oakes CC et al. Cancer Discovery, 2014
L’hétérogénéité de la méthylation de l’ADN est de mauvais pronostic dans la leucémie lymphoïde chronique VMR: Variably methylated regions LRES: Long range epigenetic silencing LREA: Long range epigenetic activation CR: Concordant reads DR: Discordant reads « Proportion of Discordant Reads » corrélée à la survie Swanton C, Beck S, Cancer Cell 2014
L’hétérogénéité de la méthylation de l’ADN favorise l’hétérogénéité clonale dans la LLC Un contexte épigénétique localement désordonné serait un terrain favorable au développement de nouveaux sous-clones Landau DA et al, Cancer Cell 2014
Des altérations génétiques à la tumeur Un environnement permissif?
Le clone tumoral ne peut se développer que dans un environnement permissif Gompertzian growth Compétition pour la place les ressources « Trial and error » process Recherche d’une solution pour s’adapter à l’environnement
Mathematical analyses of tumour-DNA sequence in pancreatic tumors > 10 years from the initiation to the birth of the parental clone + 5–6 years : subclones with the ability to spread to other tissues. + 3 years : metastases E. Georg Leubeck, Nature, 2010 Campbell et al, Nature 2010 Yachida et al, Nature 2010
Les exosomes issus des cellules tumorales modulent le microenvironnement Paggetti J et al, Blood 2015
Lung Adenocarcinoma Distally Rewires Hepatic Circadian Homeostasis Masri S et al, Cell, 2016, in press
Des cytokines régulent le développement du clone et l’hématopoïèse normale résiduelle Inhiber l’IL-6 pour prévenir le développement d’une leucémie myéloide chronique Une stratégie de contournement de la résistance aux inhibiteurs de tyrosine kinase? Raynaud D et al, Cancer Cell 2011;20661-73. Welner RS et al, Cancer Cell, 2015;27:671-81
Les facteurs de promotion des cancers créent un environnement permissif
La niche hématopoïétique peut promouvoir le développement tumoral SMD / AML induites par des altérations des cellules stromales en particulier des ostéoblastes (RARg, DICER, béta-caténine) Walkley CR et al, Cell 2007 Raaijmakers MH et al, Nature 2010 Kode A et al, Nature 2014
Le traitement d’une tumeur qui favorise l’émergence d’une autre tumeur
Analyser la résistance au traitement avec une perspective Darwinienne Wong TN et al, Nature 2015, 518:552-5
Analyser la résistance au traitement avec une perspective Darwinienne Ex: Imatinib dans la LMC BCR-ABL T315I ou E255K avant de commencer le traitement
D’autres modes de résistance Résistance cellulaire indépendante des mutations Quiescence, Défaut d’addiction oncogénique Epigénétique Microenvironnement et résistance Cytokines Contacts cellulaires Vascularisation / hypoxie
Conclusion Modèles simples, vision réductionniste acceptable Certaines hémopathies Accessibles aux thérapeutiques ciblées Modèles complexes, vision holistique indispensable Progression par étapes de durée mal connue Boucles d’amplification, vers plus d’hétérogénéité Thérapeutique ciblant le clone et son environnement
Le cancer, une maladie des gènes ? 17ème journée annuelle d’oncologie thoracique Institut Jules Bordet, 23 avril 2016
Vous pouvez aussi lire