Le CGFL, actuellement en travaux, poursuit sa modernisation et fait de Dijon une ville qui compte dans la lutte contre le cancer. Photos LBP/Emma ...
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Mercredi 22 décembre 2021 - Supplément - Côte-d'Or Le CGFL, actuellement en travaux, poursuit sa modernisation et fait de Dijon une ville qui compte dans la lutte contre le cancer. Photos LBP/Emma BUONCRISTIANI
2 SUPPLÉMENT NUMÉRIQUE Mercredi 22 décembre 2021 Centre Georges-François-Leclerc Voici le centre anti-cancer Georges-François-Leclerc en 2025 900 En 10 ans, le CGFL est passé de 450 employés à 900. Il accueille actuellement 23 000 patients qui viennent de toute la région. En 2025, voici ce à quoi le centre de lutte contre le cancer Georges-François-Leclerc (CGFL) devrait ressembler avec 13 000 m² en plus. Visuel fourni par le CGFL Quatre ans de travaux à venir « Il nous fallait des locaux aussi héberger nos activités pour un investissement de plus de 45 millions d’euros. plus adaptés à l’évolution de nos activités. Nous man- nouvelles. Notre projet s’inscrit dans la vision de ce } Notre projet s’inscrit Le centre Georges-François- quons de place, que ce soit que sera la prise en charge dans la vision de ce que Leclerc ajoute 13 000 m² à en laboratoire, en pharma- du cancer en 2030, avec au cie, même dans les vestiai- cœur de tout ceci, les pa- sera la prise en charge ses locaux pour faire face à une augmentation de son res et locaux de stockage. tients. Un parcours émi- du cancer en 2030, activité depuis dix ans. Passé En dix ans, nous sommes nemment technique et per- avec au cœur de tout passés de 450 à 900 sala- sonnalisé, avec une vision de 450 employés à 900 et de riés. » globale du parcours et un ceci, les patients. ~ 48 à 118 millions d’euros de accès fluide aux soins de budget, il dessine aujour- Création support ». Professeur Charles Coutant, d’hui la prise en charge du d’une cafétéria, Concrètement, l’extension directeur du CGFL cancer de demain. d’un accueil de 13 000 m² « dans un es- ambulatoire, pace contraint », comme le d’une salle de sport… souligne le directeur général prunt, pour l’autre sur fonds plateau d’accueil ambula- U ne extension du centre Georges-François-Le- clerc (CGFL) pourquoi ? Autre raison : « Simplifier le parcours patient ». Et adjoint Alain Lalié, a néces- sité de ruser. À venir, la créa- tion d’un cinquième étage propres du centre. Enfin, un bloc nouveau sortira de ter- re, composé de trois étages toire avec la consultation externe, « un moyen de fa- voriser la communication C’est le directeur, le profes- troisième motif : « Il y a une sur le bâtiment existant qui et d’un parking en sous-sol entre les praticiens et de seur Charles Coutant, qui insuffisance au niveau de la coûtera 7,5 millions d’euros offrant 81 places. fluidifier le parcours de nos nous parle de la genèse du capacité d’hébergement en dont 7 millions fournis par Dans ces nouveaux lo- malades », souligne le Pr chantier débuté il y a quel- hospitalisation complète ou la région, grâce à des fonds caux, il y aura une cafétéria, Coutant. ques mois et qui faisait par- ambulatoire. On a aujour- européens. Il y aura une ex- jusque-là inexistante, tou- Dans cet ensemble, on tie de son projet de mandat d’hui 36 chambres doubles tension de la façade sud jours pour plus de confort trouvera également une sal- lors de sa prise de poste à la que nous souhaitons trans- pour 37,5 millions d’euros, pour les patients, leurs visi- le de repos « digne de ce tête du centre anti-cancer. former en simples. Il fallait pour moitié assurée par em- teurs et le personnel. Et un nom pour le personnel » et une salle de sport, « d’abord pour les pour les patients Quelques changements sont déjà visibles car il est scientifiquement établi que le sport favorise Comme l’explique Alain Lalié, direc- coup à la confidentialité des échanges la guérison en cas de cancer. teur général adjoint, « les locaux exis- et avons donc privilégié des box pour C’est primordial durant les tants ne seront pas impactés dans leur les enregistrements. » À part ce lieu soins, mais aussi après. Des fonctionnement. La grosse difficulté, déplacé, rien ne change pour les 23 000 créneaux seront aussi réser- c’est de se garer. Un parking provisoire patients qui viennent de toute la ré- vés aux salariés, pour amé- a été créé, grâce au CHU qui nous a gion. liorer leur qualité de vie au prêté une bande de terrain. Il est à travail ». destination des ambulances et taxis, Le CGFL évolue sans impact Le chantier est parfaite- avec un dépose-minute pour les pa- sur la prise en charge ment ancré dans le territoi- tients. Et l’entrée a été déplacée provi- Le centre Georges-François-Leclerc re, puisque c’est l’ architecte soirement ». (CGFL) évolue, la prise en charge con- dijonnais Hervé Madiot qui Quand on visite les lieux, on peine à tinue. « De plus, en parallèle des fonds est à la maîtrise d’œuvre. De reconnaître ce qui était, il y a peu alloués à ces travaux nous poursui- plus, 15 des 18 entreprises encore, une petite route dédiée aux vrons les investissements avec 30 mil- qui s’attaquent à l’extension ambulances. Le nouvel accueil privilé- lions d’euros sur cinq ans dans nos de la façade sud sont côte- gie le confort, avec de nombreux sièges installations et sur notre plateau tech- d’oriennes. L’appel d’offres Alain Lalié, directeur général adjoint du CGFL. évitant l’effet « hall de gare », explique nique. La vie continue et ne s’arrête pas pour la création du cinquiè- Photo LBP/A.R. le Pr Coutant. « Nous tenions beau- avec les travaux. » me étage est en cours. Amandine ROBERT W2102 - V0
Mercredi 22 décembre 2021 SUPPLÉMENT NUMÉRIQUE 3 centre georges-François-Leclerc Le centre anti-cancer tient le cap et lance un appel aux dons Alors que s’achève une année de plus nous faisant des dons ou des legs. placée sous le signe des projets, mais Car il est impensable pour nous aussi de la crise sanitaire, le centre Georges-François-Leclerc espère plus de laisser un reste à charge aux malades. » } Nous avons le que jamais que la générosité de ses devoir, la nécessité, de donateurs ne fera pas défaut. La crise a porté un coup continuer à soigner les rude aux dons patients qui affluent T hérapies innovantes, présen- tations lors du congrès mon- dial de cancérologie, traitements La recherche est également un axe majeur pour le centre anti- toujours plus nombreux de pointes proposés à peine mis cancer dijonnais au rayonnement entre nos murs. ~ sur le marché, innovations théra- régional, avec près de 12 millions Pr Charles Coutant, peutiques et toujours plus d’essais engagés chaque année et 120 sala- directeur général du CGFL cliniques “maison” permettant riés exclusivement réservés à cet- d’offrir aux patients des traite- te activité, supportée par une pla- ments d’avant-garde : le centre te-forme dédiée. Les études et Georges-François-Leclerc essais cliniques « sont bien sou- 355 000 €. Mais nous sommes (CGFL) a vécu une année intense vent d’envergure internationale. fiers, malgré la pandémie, d’être et poursuit ses efforts pour des Mais là encore, une partie de plus que jamais tournés vers l’ave- soins toujours plus personnalisés l’activité de recherche est finan- nir. Fort des travaux en cours, fort et une prise en charge fluide. cée sur nos fonds propres ». Don- de son expérience qui s’accroît Pourtant, comme tous les établis- ner au CGFL, c’est décider soi- chaque jour, fort des données et sements de santé, le centre anti- même à quoi sera allouée des résultats des nombreuses étu- cancer a dû composer, et compo- l’enveloppe offerte, quel que soit des que nous menons, le CGFL se toujours, avec un contexte son montant. À la recherche et au tient le cap. Il continue d’offrir à sanitaire marqué par la pandémie Le Pr Charles Coutant devant l’accueil développement de nouvelles thé- nos patients le meilleur des soins, de Covid, comme le déplore le de l’établissement déplacé le temps des rapeutiques ou pour le quotidien sur l’ensemble du territoire régio- directeur général, le Pr Charles travaux. Un chantier affiché comme l’un et le bien-être des usagers grâce à nal ». Coutant. des projets phares du directeur général l’achat de matériel et le finance- Amandine ROBERT « Cela fait deux ans que le mon- dès sa prise de poste à la tête du ment d’activités de support. de de la santé connaît une terrible centre, qui draine 23 000 visiteurs à Plus que jamais, l’engagement Chiffres clés crise, mais malgré ce que l’on peut l’année. Photo LBP/Amandine ROBERT du public est nécessaire : « Nous vivre et les nécessaires adapta- tenons à remercier nos donateurs Le CGFL compte 1 525 donateurs tions et précautions au quotidien, supports, absolument essentiels fidèles qui, malgré la crise, malgré actifs en 2021 (ayant fait un don en le cancer ne s’est pas confiné, ni au patient dans sa prise en charge. les aléas des différentes vagues et 2021). Le montant de dons enregis- arrêté. Nous avons le devoir, la Je pense à un suivi psychologique, les annulations d’événements, ont tré au 15 décembre pour l’année nécessité, de continuer à soigner de l’onco-coiffure et onco-esthéti- tenu bon. Ils sont 1 500 à nous 2021 est de près de 355 000 €. Il était les patients qui affluent toujours que, de la gym douce ou adap- suivre régulièrement dans les de 620 000 en 2019 et de 475 600 € plus nombreux entre nos murs, tée, etc. Toutes ces actions, abso- épreuves et à donner pour l’amé- en 2020. Une diminution conséquen- surtout, avec le retard pris au lument nécessaires pour le bien- lioration des chances face au can- te liée au Covid et aux annulations niveau des diagnostics que nous être et l’amélioration de l’état des cer. Toutefois, nous avons accusé d’événements caritatifs grand public. éclusons encore à ce jour, avec usagers du CGFL, ne sont pas ou des pertes importantes. En 2019, Nombre de salariés : 900 dont 120 des cas de cancer plus avancés à très mal financées. Nous offrons nous avions récolté 620 000 € sur chercheurs. Chaque année, ce sont cause d’un dépistage retardé par donc ces soins de support en l’année, en 2020 nous tombions à 12 M€ qui sont consacrés à la recher- le Covid. Pour autant, nous conti- puisant sur nos fonds propres, 475 000 € pour aujourd’hui, au che, soit 10 % du budget annuel. nuons à proposer des soins de grâce à la générosité du public 15 décembre 2021, nous affichons Les travaux au Centre Georges-François-Leclerc à Dijon ont commencé cet automne et sont en cours. Ils dureront quatre ans. Photo LBP/Emma BUONCRISTIANI W2103 - V0
4 SUPPLÉMENT NUMÉRIQUE Mercredi 22 décembre 2021 Centre Georges-François-Leclerc Maladie professionnelle : le long parcours vers la reconnaissance Travailler avec rigueur toute sa vie et en tomber malade. Faire reconnaître sa tumeur comme maladie profession- nelle est un véritable par- cours du combattant. C’est pourquoi le centre Georges- François-Leclerc (CGFL) a créé une consultation spé- cialisée pour détecter et accompagner les patients. P hilippe a 66 ans et vit à Dijon. Il témoigne aujour- d’hui dans l’anonymat, car « beaucoup de mes proches ignorent mon état de santé. Je ne le crie pas sur tous les toits, un peu par crainte du regard des autres ». Cet ancien travailleur du BTP s’est mis à son compte comme désamianteur à la grande époque des décontami- nations. Les risques, il les con- naissait par cœur et maîtrisait sur le bout des doigts le proto- cole sanitaire, qu’il appliquait scrupuleusement, pour s’éviter les soucis de santé « et préser- ver [s] es employés ». Mener à bien traitements et administratif Avec l’aide du centre Georges-François-Leclerc (CGFL), Philippe, 66 ans, est parvenu à faire reconnaître son cancer des poumons C’était sans compter les ex- comme maladie professionnelle, depuis le mois de juillet. « J’avais les connaissances et pourtant l’amiante m’a attrapé. Lui qui m’avait positions qu’il ignorait, au gré permis de vivre est en train de me tuer. » Photo d’illustration Philippe de sa carrière dans le bâtiment, lorsque l’amiante était partout voulais prévenir ma femme… spécialisée en maladie profes- chose à penser (j’étais hospita- « dans les joints, les enduits, la colle des carrelages et il n’y J’avais des métastases, des tâ- ches aux poumons, au cer- sionnelle du centre anti-can- cer. En place depuis un an, la lisé à ce moment-là). Et quand on a de gros problèmes de san- } Quand on a avait alors aucun équipement veau. Bref, avant même d’ima- cellule prend déjà en charge té, l’argent n’est pas le nerf de de gros problèmes de protection individuelle, pas giner un traitement, j’ai plus de 50 dossiers et vise à la guerre. On revoit ses priori- de masques, juste un foulard contacté mon notaire pour faire reconnaître certains can- tés. Tout le reste passe après. de santé, l’argent autour du nez ». C’était avant mettre mes affaires en ordre », cers comme maladies reliées Et puis, il y avait un aspect n’est pas le nerf 1997 et la grande révélation des dangers encourus. se remémore-t-il, amer. Une fois l’annonce digérée, il insis- au travail. psychologique aussi, un senti- ment presque de honte. Cette de la guerre. ~ Alors quand à peine un an te pour être transféré au centre « Au début, j’étais très maladie m’a donné la sensa- Philippe, 65 ans après avoir pris sa retraite et Georges-François-Leclerc réticent à faire valoir tion d’être un “looser”. Je cédé son entreprise, il est tom- (CGFL), « ici on ne m’a jamais mes droits » n’avais pas été capable de l’évi- bé malade, le choc a été double parlé de la fin, toujours de mes ter alors que j’avais les con- tre, qui s’est chargé de tout, je et extrêmement violent. options ». Le Dr Bernard Cazier, con- naissances et pourtant ne l’aurais probablement pas Philippe est d’abord hospita- Cancer des poumons + tra- sultant en la matière pour le l’amiante m’a attrapé. Lui qui fait. » lisé à Valmy puis à la clinique vail dans le BTP et amiante, CGFL, passe au crible sa vie m’avait permis de vivre est en Aujourd’hui, Philippe ne re- Benigne-Joly après une double Philippe cochait les cases pour professionnelle et confirme le train de me tuer. » grette pas sa décision. Il tou- embolie pulmonaire à 65 ans : relier sa pathologie à son an- lien, mais encore faut-il accep- Très vite, Philippe réalise la che une rente mensuelle indi- « On m’a annoncé brutale- cienne activité. Il est très rapi- ter de faire valoir ses droits. complexité du montage admi- vidualisée de la caisse primaire ment que je n’allais pas m’en dement orienté par son onco- « Au début, j’étais très réticent. nistratif (lire par ailleurs). d’assurance maladie (CPAM). sortir et on m’a demandé si je logue sur la consultation Déjà parce que j’avais autre « Sans le service social du cen- En général, cette réparation double les revenus des retrai- tés et sa femme et ses ayants Des cancers professionnels largement « sous-déclarés » droit (enfants et petits-enfants) pourront en bénéficier après Une série d’obstacles expliquent que ailleurs) : « J’ai hésité car je ne voulais son départ. « les cancers professionnels sont sous- pas que le repreneur de ma société soit déclarés », déplore le Dr Aurélie La- dans l’embarras, alors qu’il n’y était pour « Cet argent ne rachètera grange, oncologue médical. En effet, ils rien ». pas ma santé » ne représenteraient en France que 1 800 L’autre raison, selon le Dr Lagrange, cas par an, « alors qu’on estime leur « c’est que nous, médecins, n’établis- « Ce n’est pas négligeable. nombre réel à six fois plus… D’abord sons pas toujours le lien entre les can- J’ai encore des enfants à char- parce que les patients ignorent souvent cers et le travail. Notre premier constat ge, dont une fille en étude. Je leurs droits. Ensuite, certains sont aussi à l’ouverture de cette consultation spé- ne le vois pas comme une vic- réticents à mettre dans l’embarras leurs cialisée, c’est qu’il y avait “des trous dans toire pour autant. Cet argent employeurs, qui les ont fait vivre des la raquette’’. Et pour éviter qu’un malade ne rachètera pas ma santé. » années ». Pourtant, s’il est vrai que les passe à travers les mailles du filet, nous En parallèle, ses soins sont grosses entreprises ont à charge la répa- avons établi un questionnaire systémati- pris en charge à 100 % et le ration d’un salarié malade, ce n’est pas que au moindre doute ». fonds d’indemnisation des vic- le cas des petites structures, qui voient Enfin, l’ultime barrière, c’est la lourdeur times versera à Philippe et sa simplement leurs taxes augmenter. Une administrative : « Quand il n’y a pas un famille un capital compensa- tendance que confirme Philippe, dont le service social, comme au CGFL, pour toire dont il préfère taire le cancer des poumons a été reconnu com- aider les prétendants, on hésite parfois à montant « car ce n’est pas là me maladie professionnelle suite à une Dr Aurélie Lagrange, oncologue soumettre nos patients déjà épuisés à ce l’essentiel ». exposition à l’amiante (lire par médical. Photo DR/CGFL parcours supplémentaire ». Dossier réalisé par Amandine ROBERT W2104 - V0
Mercredi 22 décembre 2021 SUPPLÉMENT NUMÉRIQUE 5 Centre Georges-François-Leclerc Maladie professionnelle : le parcours vers la reconnaissance (suite) « Accompagner de A à Z les patients » ■ C’est quoi un cancer pour faire reconnaître une professionnel ? maladie professionnelle. Un cancer est dit profes- Et surtout de les accompa- sionnel lorsqu’il est la con- gner tout au long de ce séquence de l’exposition parcours administratif qui d’un travailleur à un fac- est, pour beaucoup, très teur cancérigène sur son compliqué à mettre en pla- lieu de travail ou encore ce ». lorsqu’il est possible d’éta- blir un rapport direct et es- ■ Le service maladies sentiel entre la maladie du professionnelles patient et son travail habi- en chiffres tuel à une époque donnée. Depuis la création du ser- Il s’agit d’une procédure vice fin décembre 2019, et déclarative relevant du pa- ce malgré la survenue de la tient lui-même. Il existe pandémie, une consulta- vingt tableaux cliniques tion se tient deux fois par très précis, et donc forcé- mois au centre, mais l’épi- ment restrictifs, décrivant démie du Covid a sérieuse- ce qu’est un cancer profes- ment entaché l’activité. sionnel. En 2020, la consultation a concerné 59 patients, soit 6 ■ Une consultation en femmes et 53 hommes, place depuis un an âgés de 36 à 85 ans. La En décembre 2019, sur la majorité souffre de cancer constatation de nombre de des bronches (37). Sur l’en- cancers ayant le travail semble de ces consulta- pour origine, la direction tions, 55 expositions pro- du Centre-Georges-Fran- fessionnelles ont pu être çois-Leclerc (CGFL) con- établies, mais quatre pa- fiait au Dr Aurélie Lagran- tients n’ont pas souhaité ge, oncologue médical, la donner suite à une deman- mise en place d’une consul- Des consultations spécialisées ont été mises en place au CGFL afin d’aider les patients à faire valoir de de reconnaissance de tation de maladies profes- leurs droits. Photo LBP/Amandine ROBERT maladie professionnelle. sionnelles. À ses côtés, le Sur les 51 demandes dépo- Dr Bernard Cazier, méde- fessionnels, aider les pa- fonds d’indemnisation des qui suit « de A à Z les pa- sées, 17 ont eu un accord cin consultant en maladies tients dans leur déclaration victimes de l’amiante. Cet- tients, dès lors que l’onco- notifié (après enquête) par professionnelles, et les as- aux organismes de Sécurité te consultation est pluridis- logie les adresse à la con- la CPAM, 22 sont en cours sistantes sociales du servi- sociale, assurer le suivi du ciplinaire, « un vrai travail sultation maladies d’étude, 4 sont en cours ce social. dossier, la gestion des pro- d’équipe », détaille Évely- professionnelles. Le but de d’étude en seconde instan- cédures, ainsi que l’établis- ne Billot, ingénieure socia- cette cellule est de mieux ce, après un premier refus. ■ Les missions ? sement des demandes d’in- le. Elle est responsable du repérer les patients concer- Huit ont échoué à convain- Identifier les risques pro- demnis ation auprès du service social du CGFL, nés dans leurs démarches cre lors de cet appel. éclairage niveau de la prévention des risques. (amiante, pesticide) ou là, c’est sous matière et nous n’avons encore pas Il y a aussi une notion socio-écono- forme de capital que la réparation est mobilisé le fonds d’indemnisation mique importante : que le payeur faite. Mais en cas de refus, il y a des victimes de pesticides. C’est pro- soit le responsable du préjudice. possibilité d’appel auprès du comité bablement parce que les pathologies C’est primordial de comprendre que régional de recours des maladies pro- consécutives sont des cancers du si la caisse maladies est déficitaire en fessionnelles. En général, le refus est sang en majorité, pris en charge France, celle des accidents du travail maintenu. » ailleurs que chez nous. Ce que je et maladies professionnelles (AT/ souhaite, dans l’intérêt des patients, MP), alimentée par les employeurs, “Nous souhaitons c’est que nous devenions un centre est largement excédentaire. Or, lors- de référence sur lequel orienter tous qu’un patient à une pathologie pro- devenir un centre les malades pouvant souffrir de ma- fessionnelle avérée, c’est bien sur cet- de référence pour les ladies professionnelles. D’autant que te ligne financièrement viable que cancers professionnels” nous participons déjà à une réunion sera prélevée sa rente mensuelle in- de concertation pluridisciplinaire dividualisée. Chaque année en Fran- Dr Bernard Cazier, nationale, chaque mois. » ce, faute d’usage, cette caisse AT/ consultant en maladies Évelyne Billot. MP, reverse 1 milliard à la caisse professionnelles au CGFL Photo DR/CGFL maladies pour combler le fameux « Un de nos objectifs depuis un an, “trou’’. Il serait profitable à tout le c’est justement de monter en puis- “La caisse accidents monde que les malades ne passent sance sur cette consultation. Pour le plus à travers les mailles du filet et moment, les patients qui viennent du travail et maladies qu’une fois leur cancer reconnu com- nous voir sont ceux soignés au professionnelles est me lié au travail, la réparation se CGFL. On est donc sur des cancers largement excédentaire” fasse via la bonne voie. Quant à ima- du poumon, du rein, liés essentielle- giner que certains en profitent, cela ment à des produits chimiques, à la Évelyne Billot, cadre du service est peu probable vu la complexité sciure de bois ou à l’amiante. Toute- social en faveur des patients, des dossiers à monter. Un premier fois, notre terre viticole est source de ingénieure sociale doit être envoyé à la CPAM pour une maladies pour les viticulteurs et tra- « Il y a des enjeux importants derriè- reconnaissance de maladie profes- vailleurs de la vigne. On le sait, ces re la meilleure déclaration des can- sionnelle. Si l’organisme donne son professions sont les plus touchées cers comme maladies professionnel- accord, le malade et ses ayants droit dans le monde agricole à cause de les. C’est un plus pour la société, car touchent une rente mensuelle indivi- l’usage de pesticides. Mais on a très cela permet de sacraliser certains dualisée. Un second dossier part au peu de demandes de reconnaissance Dr Bernard Cazier. dangers et de mettre les moyens au fonds d’indemnisation des victimes de maladies professionnelles en la Photo DR/CGFL W2105 - V0
6 SUPPLÉMENT NUMÉRIQUE Mercredi 22 décembre 2021 Centre Georges-François-Leclerc Cancer du sein : un traitement efficace mais presque inaccessible En mars 2021, Laetitia Pin- mises en échec par le cancer guet-Joblon, 38 ans, de Se- du sein triple négatif. longey, luttait contre un can- Après être passée dans le cer du sein triple négatif cabinet de son médecin, elle métastatique. Elle avait pu en était ressortie avec un bénéficier d’un traitement plan de traitement sur trois rare, venu des États-Unis, le mois, renouvelable. À rai- Trodelvy. En France, très peu son d’un rendez-vous par se- de femmes ont obtenu l’auto- maine, durant deux semai- nes, suivi d’une pause de risation temporaire d’utilisa- sept jours avant reprise du tion (ATU) nominative du rythme. Après que les soi- produit, bloqué quelques gnantes l’eurent installée semaines après l’ouverture dans son box, un pharma- sur le marché national. cien lui expliquait : « C’est ce que l’on fait pour chaque N ous l’avions retrouvée dans la salle d’attente du centre Georges-Fran- nouvelle thérapie. On re- parle des effets, des contre- indications, des choses à at- çois-Leclerc (CGFL), où el- tendre et de celles à le était suivie depuis le dé- surveiller. Au début, vous but de son cancer du sein serez peut-être plus fati- triple négatif, en 2018. guée, mais plus on avancera Après quatre lignes théra- dans le traitement, plus la peutiques différentes, Laeti- fatigue baissera. L’avantage, tia Pinguet-Joblon était la c’est qu’il y a rarement des première patiente du centre nausées ou des vomisse- à bénéficier d’une nouvelle ments. Je vous conseille de molécule aux effets prou- rester prudente, mais vés : le Trodelvy. Venu d’un d’avoir une vie la plus nor- laboratoire américain, le male possible ». traitement, qui a bénéficié Amandine ROBERT en France d’une autorisa- Laetitia Pinguet-Joblon, 38 ans, a pu bénéficier jeudi d’un traitement rare, venu des États-Unis, le tion temporaire d’utilisa- Trodelvy. Elle a été la première patiente du CGFL à y avoir eu accès. Photo LBP/Cesar VARGAS * Une ATU nominative per- tion (ATU)* nominative (au met l’utilisation exception- cas par cas), est déjà épuisé L’habitante de Selongey, que ça. Il était presque plus Cette méthode d’une chi- nelle de spécialités pharma- avant même d’avoir pu se âgée de 38 ans, n’en revenait enthousiaste que moi (ri- miothérapie embarquée sur ceutiques ne bénéficiant pas généraliser (lire par pas : « Il y a encore deux res). Vu la situation du Tro- un anticorps (lire par d’une autorisation de mise ailleurs). semaines, je n’y croyais delvy en France, je voulais ailleurs), ciblant directe- sur le marché (AMM) et ne plus. Quand l’oncologue attendre d’avoir une date et ment les cellules cancéreu- faisant pas l’objet d’un essai Moins toxique m’a dit que la liste d’attente une heure de rendez-vous, ses, est moins toxique et net- clinique. L’ATU nominative et plus efficace avait bougé, que c’était mon une certitude quoi, avant de tement plus efficace que les s’adresse à un seul patient que les chimios tour, je n’ai pas plus réagi me réjouir ! ». chimios standards, souvent nommément désigné. DIJON Course Odysséa : 6 300 participants et 42 000 € pour le centre Georges-François-Leclerc Photo DR/CGFL Fidèle et précieux soutien du centre Georges-François-Leclerc et de ses recherches sur le cancer du sein notamment, l’association Odysséa a pu organiser la course en présentiel le 10 octobre dernier, réunissant 6 300 participants au parc de la Colombière. L’événement a permis de collecter 51 000 € dont 42 000 € reversés au CGFL. La remise de chèque officielle, initialement prévue le 9 décembre au CGFL, a dû être reportée par souci de précautions sanitaires à la suite des annonces gouvernementales. W2106 - V0
Mercredi 22 décembre 2021 SUPPLÉMENT NUMÉRIQUE 7 Centre Georges-François-Leclerc Cancer du sein : un traitement efficace, presque inaccessible (suite) Trodelvy : pourquoi ça coince ? Le Trodelvy, c’est quoi ? Techni- « Le Trodelvy n’est pas un trai- quement parlant, c’est une chi- miothérapie conjuguée à l’anti- tement miracle, mais il a claire- ment une efficacité et il améliore } Le Trodelvy n’est corps. En clair, sur l’anticorps, surtout la qualité de vie des pa- pas un traitement qui sert de “vaisseau’’, on embar- tientes. Il faut absolument que que la chimiothérapie. Pourquoi nous l’ayons à disposition », lâ- miracle, mais il a un anticorps ? Parce qu’il est che le Dr Courèche Kaderbhaï, clairement une capable de reconnaître une proté- ine spécifique qui est à la surface l’oncologue de Laetitia. C’est lui qui, dès l’ouverture des ATU no- efficacité et il améliore de la cellule cancéreuse. Il va minatives en France, a déposé surtout la qualité de vie donc se “poser’’ à la surface de la une demande pour elle. Trois des patientes. ~ cellule malade de façon plus spé- autres femmes suivies au CGFL cifique. Une fois le vaisseau ont pu en bénéficier aussi. Toutes Dr Courèche Kaderbhaï, amarré à son objectif, il libère la ont été inscrites sur la liste d’at- oncologue au CGFL chimiothérapie au sein même de tente. la cellule atteinte. Contrairement « Cette molécule a obtenu une à une chimio classique, qui se ATU nominative qui permet un en cancérologie se sont rués sur répand dans tout l’organisme et accès en attente de son rembour- les demandes d’ATU nominatives. dont la toxicité agit sur les orga- sement officiel, donc avant qu’el- « Le souci, c’est que le laboratoi- nes sains, le Trodelvy est intro- le puisse être utilisée couram- re américain à l’origine du Tro- duit très majoritairement dans les Dr Courèche Kaderbhaï. ment en thérapie. De telles ATU, delvy est aussi le seul à le fabri- cellules touchées. La thérapie est Photo LBP/A.R. on en a plein sur le territoire, quer et il ne peut pas suivre le donc plus ciblée – donc plus c’est un bon compromis. » La rythme de la demande mondiale. efficace – et surtout moins toxi- poraire d’utilisation (ATU) nomi- procédure est très simple pour Que ce soit au niveau de la que et moins éprouvante pour les native, les vannes se sont brutale- obtenir le sésame, à partir du production ou de la distribu- patientes. C’est un véritable che- ment refermées, brisant les es- moment où les patientes entrent tion. » Face à un embouteillage val de Troie qui offre aux femmes poirs de centaine de patientes. dans les critères. « Les valida- monstre, le fabricant fait machi- un meilleur pronostic (avec un Seules une poignée d’élues a pu tions tombent très vite générale- ne arrière et ferme la porte aux bénéfice d’environ quatre mois obtenir une place sur la liste ment. Il y a une liste constituée et nouvelles demandes dès la fin en survie s ans progression). d’attente, dont Laetitia Pinguet- le traitement est ensuite déli- janvier, soit un petit mois à peine L’atout majeur du traitement, Joblon (lire par ailleurs) et trois vré. » après le top départ tant attendu… c’est qu’il améliore drastique- autres patientes prises en charge « Heureusement, le laboratoire ment la qualité de vie des mala- au CGFL. Mais depuis janvier, « Le laboratoire américain a dit qu’il honorerait les deman- des. rien n’avait bougé et Laetitia se ne peut pas suivre le des déjà validées. C’est pourquoi désespérait. Le 25 mars, elle a été rythme de la demande Laetitia a pu avoir accès au traite- Pour qui ? la première patiente du CGFL à mondiale » ment jeudi. Mais nous n’avons Seules les femmes porteuses bénéficier de cette nouvelle ligne toujours pas de visibilité sur la d’un cancer du sein triple négatif thérapeutique. Mais depuis jan- « Ce n’est absolument pas lié à liste d’attente actuelle et encore métastatique ayant eu au moins vier, pour toutes les autres qui un problème français, adminis- moins sur la date de reprise des deux protocoles de chimiothéra- n’ont pas pu avoir une ATU nomi- tratif ou autre », précise le Dr demandes d’ATU nominatives. » pie au préalable peuvent deman- native, c’est l’angoisse : en effet, Kaderbhaï, le Trodelvy a tout Ce qui laisse des centaines de der à être traitées avec le Trodel- aucune autre demande d’ATU no- simplement été victime de son femmes porteuses d’un cancer du v y du laboratoire américain minative n’a pu être déposée. succès. Quand en décem- sein triple négatif avec métasta- Gilead. Enfin, pouvaient deman- bre 2020, la molécule est arrivée ses dans une attente insupporta- der. Car après quelques semaines « Il faut absolument que sur le marché français, avec une ble, alors même que le temps est à peine d’ouverture sur le marché nous l’ayons à disposition » grosse médiatisation, toutes les un luxe qu’elles n’ont malheureu- français via une autorisation tem- malades concernées et les acteurs sement pas. Repère Cancer du sein triple négatif : l’ennemi redouté ■ La recherche pour une Pour bien comprendre l’importan- tes, comme peut l’être le Trodel- thérapie du futur ce de molécules comme le Trodel- vy ». Au CGFL, c’est en moyen- vy, il faut remonter à la racine du Les acteurs de la lutte contre le ne un patient sur cinq qui mal, le cancer du sein triple négatif cancer attendent beaucoup de la est inclus dans un essai cli- métastatique. Si chaque année les molécule américaine, qui a pu être nique. S’il n’y a pas encore cancers représentent 55 000 nou- administrée à de rares élues, faute de chiffres définitifs pour veaux cas, la majorité se décline en de produit disponible sur le marché 2020, on sait qu’en 2019, le plusieurs catégories basées sur (lire par ailleurs). « Ce n’est pas taux d’inclusion était de l’identification de trois marqueurs, simple d’expliquer aux patientes 20,4 %. Cela classe le pour lesquelles des thérapies spéci- qui, en plus, sont très informées CGFL à la 4e place parmi fiques existent. Toutefois, 10 à 15 % qu’une solution existe, mais qu’elle l’ensemble des centres de des cancers n’expriment aucun de n’est pour l’instant pas accessible. lutte contre le cancer en ces marqueurs. Ils sont donc consi- Surtout quand le temps est comp- matière de taux d’inclusion dérés, par défaut, comme triples té. » Heureusement, les “Triplette- des patients dans des étu- négatifs. C’est là que les choses se s’’, comme elles se nomment, ont des cliniques. compliquent, comme l’explique le formé un collectif et se soutien- Dr Jean-David Fumet, oncologue nent, s’informent et boostent à leur au CGFL : « On fait face à plu- manière la liste d’attente nationale, sieurs difficultés. D’abord, une ab- en médiatisant leur combat. Et sence de traitement spécifique, puis, comme le souligne le Dr Fu- donc peu d’options thérapeutiques, Le Dr Jean-David Fumet, oncologue met, elles ne sont pas laissées sans alors on donne de la chimiothéra- au CGFL. Photo LBP/A.R. solution : « Le CGFL favorise la pie standard, pas ciblée. L’autre recherche, en incluant chaque an- souci est que les triples négatifs mois d’espérance de vie lorsque les née un patient sur cinq dans un sont plus agressifs, avec une évolu- premières métastases sont déce- essai thérapeutique, qui produira tion rapide, rendant le pronostic lées, ndlr). Il y a donc urgence à peut-être plus tard le traitement du Le CGFL. Photo LBP/C. VARGAS plus défavorable (douze à quinze développer des thérapies innovan- futur ». W2107 - V0
8 SUPPLÉMENT NUMÉRIQUE Mercredi 22 décembre 2021 Centre Georges-François-Leclerc Cancer du sein : un nouvel appareil précieux pour le CGFL Grâce à un soutien finan- cier de 58 500 euros attri- Une aide rendue bué par le Rotary, le centre possible grâce dijonnais de lutte contre le à l’opération cancer a pu s’équiper d’un Femto Pulse. Une machine « Jetons cancer » qui va permettre aux cher- cheurs d’étudier l’évolu- Depuis 2015, les bénévoles tion de la pathologie can- du Rotary réalisent, chaque premier samedi de février céreuse mammaire à (en écho à la Journée mon- travers l’ADN. Explications. diale contre le cancer), une C omment évolue la structure de l’ADN aux différentes phases de développement d’un collecte de fonds à l’entrée des grands magasins en don- nant un jeton de caddie con- cancer du sein ? Et ces évolu- tre un euro. Avec l’argent tions peuvent-elles permettre récolté, le club finance di- un diagnostic précoce de la ma- vers projets qui ont pour but ladie ? Telles sont les deux ques- de lutter contre la maladie. tions auxquelles vont tenter de répondre les équipes impli- quées dans un nouveau projet Romain Boidot, biologiste moléculaire du Centre Georges-François Leclerc, sera chargé de En effet, aucune étude n’a en- de recherche au Centre Geor- l’interprétation des données obtenues avec ce nouvel appareil. Photo DR core comparé les variations ges-François Leclerc de Dijon. structurales de l’ADN entre les Un outil, rare en France, ‘’in- Un projet élargi ticien, pour les analyses bio-in- différents stades de développe- Une machine dispensable pour utiliser les sé- à d’autres types de cancer ? formatiques des données et Ro- ment d’un cancer du sein. Il est qu’on trouve peu en France quenceurs de 3ème génération Pour le moment, trois person- main Boidot, biologiste molécu- donc possible que les variations Un projet rendu possible grâce et permetre la quantification et nes sont impliquées dans ce laire, chargé de l’interprétation structurales de l’ADN arrivent au coup de pouce apporté par le la qualification de l’ADN et de projet : « Sandy Chevrier, assis- des données ». très rapidement, voire avant Rotary qui a récemment attri- l’ARN ». Le tout avec une « sen- tante ingénieur, en charge de la Dans un premier temps, ce l’apparition de la majorité des bué une dotation de 58 500 eu- sibilité 10 fois plus élevée pour partie technique du projet avec projet se focalisera sur le cancer mutations. Tout comme, il se ros à l’établissement dijonnais les frottis et jusqu’à 100 fois la préparation et la qualification du sein, mais dans le futur, d’au- pourrait que cette technique afin d’acquérir un appareil in- pour les fragments » que les ap- des échantillons ainsi que la gé- tres types de cancers pourront n’aide pas à un dépistage préco- dispensable à ces travaux. Son pareils auparavant présents à nération des données brutes ; être analysés si les premiers tra- ce… nom ? Le Femto Pulse. Dijon. Corentin Richard, bio-informa- vaux s’avèrent concluants. A.Ma. Centre Georges-François-Leclerc À Dijon, un protocole pour mieux accompagner les jeunes patients Au centre régional de pédiatrie où, entourés d’en- lutte contre le cancer (le fants, il n’y a pas davantage CGFL), un protocole d’espace pour eux. » « AJA » (pour adolescents À travers le protocole AJA, et jeunes adultes de 15 à outre l’amélioration du bien- 30 ans) a été mis en place être des patients, l’enjeu est de afin d’accompagner au réduire les conduites à risque. mieux ces jeunes pa- La tentation est grande, chez tients. Tour d’horizon. les jeunes, de ne pas prendre leur traitement, voire d’aban- C haque année, en France, 2 500 enfants apprennent qu’ils sont porteurs d’un can- donner les soins, notamment s’il y a rechute. cer. Au centre régional de lutte « Offrir, en tout lieu contre le cancer (le CGFL), un du territoire, protocole « AJA » (pour ado- le même accès lescents et jeunes adultes de 15 aux soins médicaux à 30 ans) a été mis en place, qui et soins de support » permet de « mieux accompa- gner les patients et les soi- E n B o u r g o g n e - F r a n ch e - gnants, eux-mêmes déstabili- Comté, un réseau AJA s’est sés », explique Rachel constitué au sein du réseau Dameron, psychologue au OncoBFC, annonce Rachel CGFL. Les psychologues ren- Dameron. « Les recrutements contrent désormais tous les sont en cours de finalisation jeunes patients, « dans l’idéal À travers le protocole AJA, outre l’amélioration du bien-être des patients, l’enjeu est de réduire les pour offrir, en tout lieu du terri- dès l’annonce du diagnostic » conduites à risque. Photo AdobeStock toire, le même accès aux soins – ou, à défaut, en cours de médicaux et soins de support. traitement. adulte, des bouleversements par exemple à leur capacité à « 67 % des AJA sont hospitali- L’équipe se composera de deux De fait, le cancer, à cet âge-là, physiques », dit Rachel Dame- avoir un jour des enfants. sés dans des services auprès infirmiers de coordination, est difficile à vivre, physique- ron. Les jeunes se retrouvent Les adolescents et les jeunes d’adultes, où ils ne se sentent d’un psychologue (0,5 ETP), ment et émotionnellement. « Il également confrontés à des adultes sont d’autant plus per- pas à leur place ; ils y sont d’un assistant social (0,5 ETP) crée des bouleversements sur questions qui se posent à des dus que, quel que soit le lieu de entourés de personnes souvent et d’un animateur en activité un corps qui connaît déjà, avec adultes, rarement à des pa- prise en charge, ils sont décon- âgées, constate Rachel Dame- physique adaptée (0,5 ETP). » la puberté et le passage à l’âge tients de cet âge – qui touchent nectés des autres patients. ron. 33 % sont hospitalisés en Alexandra CACCIVIO W2108 - V0
Mercredi 22 décembre 2021 SUPPLÉMENT NUMÉRIQUE 9 Centre Georges-François-Leclerc Primée pour ses recherches visant à détecter plus tôt les cancers du sein Carmen Garrido est directrice de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale. Photo DR Carmen Garrido, directri- de recherche contre le can- drid. Lors de sa thèse, qui équipe multidisciplinaire ce de recherches à l’Ins- 55 cer du sein. Ce prix est la portait sur la génétique de cinquante-cinq person- titut national de la santé plus haute distinction dé- moléculaire, elle jongle en- nes travaillent depuis plus et de la recherche médi- cernée chaque année par tre l’Espagne et les États- de vingt ans sur des protéi- cale, a reçu le grand prix l’association (lire par Unis, notamment Los An- nes appelées « protéines Ruban rose grâce à ses ailleurs). geles et Boston. de choc thermique » ou, « C’est une fierté pour « Je suis ensuite arrivée à plus généralement, nom- C’est le nombre de per- avancées scientifiques sonnes qui composent qui pourraient permettre moi d’avoir obtenu ce prix l’institut Pasteur de Lille, mées protéines de stress. de détecter de façon dans une petite ville, c’est j’y ai rencontré mon mari l’équipe multidisciplinaire précoce les cancers du une reconnaissance pour qui est agriculteur et j’ai « Cette technique qui travaille, avec Carmen sein. Dijon. » découvert la campagne de pourrait Garrido, depuis plus de l’Yonne. Je suis une habi- également vingt ans sur des protéi- A près avoir décroché le premier prix “Avenir” décerné par l’association L’étude des protéines de choc thermique dans le cancer tuée des grandes villes et je n’avais jamais vu une va- che de près », s’amuse-t-el- être utilisée pour d’autres cancers » nes appelées « protéines de choc thermique ». Ruban rose en 2017, la le a raconté avec un accent Ces protéines sont nom- docteure Carmen Garrido, Arrivée en France il y a hispanique plein d’énergie. breuses dans les cellules directrice de recherche à vingt-sept ans, Carmen « Je suis donc restée en sanguines de patients at- technique est très promet- l’Inserm (Institut national Garrido, 62 ans, a focalisé France, j’ai rejoint l’In- teints de cancers. Via un teuse et pourrait égale- de la santé et de la recher- son travail sur l’étude des serm de Dijon en tant que prélèvement sanguin et ment être utilisée pour che médicale), vient d’ob- protéines de choc thermi- chercheuse en 1995 et j’y d’autres procédés plus d’autres cancers. Le futur tenir le grand prix Ruban que dans le cancer. Née à suis devenue directrice de compliqués réalisés par des cancers, c’est la méde- rose ainsi qu’un chèque de Séville, en Espagne, elle a recherche en 2002. » des physiciens, il serait cine personnalisée », con- 200 000 € pour son projet réalisé ses études à Ma- Carmen Garrido et son possible, en quantifiant fie la chercheuse. ces protéines, de détecter Les 200 000 € qui accom- le cancer du sein plus pré- pagnent le grand prix Ru- Grand prix de la recherche Ruban rose cocement et d’adapter les traitements. Une étude – ban rose seront utilisés pour lancer une plus gran- Les prix Ruban rose pour la recherche, Le plus prestigieux, le grand prix Ruban qui a été publiée cette an- de étude et améliorer la créés par l’association Ruban rose en rose, salue les travaux reconnus interna- née – a été réalisée sur des technique de prélèvement 2003, sont destinés à soutenir la recher- tionalement de médecins, chercheurs ou patientes ayant déjà décla- et de recherche de ces pro- che. Leur dotation, en 2021, est de 850 équipes. Cette distinction soutient un ré un cancer du sein et qui téines de stress. Dans 000 €, soit 280 000 € de plus que 2020. travail de recherche fondamental ou de sont suivies au centre l’avenir, il sera peut-être Ils ont été alloués à ce domaine au tra- recherche clinique d’intérêt majeur dans Georges-François-Leclerc. possible de détecter n’im- vers de six récompenses : un grand prix le domaine du cancer du sein ou du « Nous avons ensuite com- porte quel cancer, de fa- Ruban rose ; trois prix Ruban rose “Ave- cancer en général, à condition que les paré nos résultats avec çon précoce, grâce à un nir” ; deux prix Ruban rose “Qualité de recherches intéressent directement le ceux des cliniciens qui simple prélèvement san- vie”. cancer du sein. s’occupaient de ces fem- guin. mes et ça collait. Cette Alicia WARCHOLINSKI (CLP) W2109 - V0
10 SUPPLÉMENT NUMÉRIQUE Mercredi 22 décembre 2021 Centre Georges-François-Leclerc Que retenir du congrès mondial de cancérologie ? Chaque année, le congrès mondial de cancérologie est un moment important pour le centre de lutte contre le cancer Georges-François-Leclerc (CGFL). L’occasion de faire le point sur les diverses études menées à l’international et de parler des changements thérapeutiques qui en dé- coulent et toucheront forcément l’établissement bourguignon. Pour la seconde année consécutive, le congrès de l’American society of clinical oncology (Asco de son petit nom) était dématérialisé, et c’est à distance que les participants du CGFL ont suivi les conférences et ont même eu l’honneur de présenter leurs travaux. Et cette année, il y a du neuf ! Dossier réalisé par Amandine ROBERT Cancer du rein. Vers une nouvelle thérapie Cancers digestifs. Le centre et déjà un essai ouvert au CGFL a un cran d’avance « Les cancers digestifs sont les parents pauvres de l’immunothérapie (IT), qui fonctionne peu sur eux », déplore le Dr Jean-David Fumet. L’an dernier, le CGFL avait présenté une combinai- son positive d’IT et de chimio pour les cancers du côlon. Cette année, toujours à l’Asco, d’au- tres résultats de cette combinaison ont été pré- sentés mais pour le can- cer de l’œsophage. Ils sont, là aussi, très bons, avec un bénéfice en sur- vie. « Au final, cette combi- naison chimio et immu- no va devenir le nou- veau standard de traitement dans le can- cer de l’estomac. Nous L’immunothérapie, voilà des années qu’elle est décrite comme une piste d’avenir en matière de cancérologie. Au CGFL, la recherche ne savons pas quand n’est pas nouvelle. Photo d’illsutration LBP/Philippe BRUCHOT l’autorisation de mise sur le marché et le rem- Dans le cancer du rein localisé, depuis une baisse de 10 %, donc significative, mine donc vers un changement de prati- boursement tomberont toujours les patients sont opérés, puis on de rechute. De plus, il y a une bonne que, mais l’accès à l’immunothérapie ne en France. Dans l’atten- met en place une surveillance. Or, dans tolérance de ce traitement, sans trop se fera pas tout de suite. » te, pour permettre à nos ce cas, le risque de développer des mé- d’effets secondaires », détaille le Pr Syl- Pour ne pas rater le coche, le CGFL patients d’avoir accès à tastases est loin d’être négligeable, cela vain Ladoire, oncologue médical au participera à une étude internationale cette avancée, plusieurs arrive dans 30 % à 40 % des cas. « Ce qui CGFL. comme centre investigateur. Elle inclura essais thérapeutiques a été présenté en séance plénière à l’As- De plus, on commence à voir, mais au total 1 700 patients et permettra d’of- sont ouverts au CGFL, co, ce sont les premiers résultats de c’est à confirmer, sur le long terme, qu’il frir aux malades l’accès à l’immunothé- avec cette stratégie thé- l’usage d’immunothérapie en adjuvant y aurait un bon signal sur la survie globa- rapie « avec un protocole différent, mais rapeutique. (post-opératoire, ndlr). Résultat : il y a le au bout d’un an d’étude. « On s’ache- des molécules voisines ». Cancer du sein triple négatif. Une petite révolution en marche Pour les patientes porteuses des cible : des malades atteintes d’un fameux gènes BRCA1 et BRCA2, cancer du sein triple négatif. les prédisposant à développer un « L’étude montre une baisse du cancer du sein ou des ovaires, il y risque de rechute de 7 à 8 %, ce a du neuf. « On a repéré le talon qui est beaucoup et il y a un signal d’Achille de la tumeur. En effet, précoce de bénéfice en survie glo- ces mutations réparent moins bale. Il y aurait une baisse du bien certains dégâts causés dans risque de développer des métas- l’ADN tumoral. Les cellules can- tases et pas de surtoxicité », s’en- céreuses meurent donc plus faci- thousiasme le Pr Sylvain Ladoire. lement du fait de leur anomalie. En résumé : on apporterait beau- On sait que l’usage de la thérapie coup de bénéfices, sans léser la ciblée que sont les inhibiteurs de qualité de vie en activant le levier PARP a de bons résultats en la “inhibiteurs de PARP’’ très vite matière. Il y a un intérêt en phase dans la prise en charge. métastatique et même plus préco- « Au CGFL, tous les acteurs cement », explique le Pr Sylvain s’organisent pour proposer dès Ladoire. Restait à trouver le bon maintenant des tests génétiques timing. afin de déterminer si les patientes À travers l’étude internationale avec un triple négatif sont porteu- Olympia, à laquelle le CGFL a ses de cette mutation génétique. » participé, on a cherché à savoir si Cela impacte essentiellement les l’usage, très tôt des inhibiteurs de services de biologie moléculaire PARP, juste après la chirurgie, Le séquenceur 3e génération, acquis par le CGFL, est pour l’instant un outil de recherche, mais pourra et d’oncogénétique. D’ailleurs, un avec la radiothérapie et la chimio- bientôt faire avancer la lutte contre le cancer. En parallèle, des séquenceurs plus classiques sont sixième séquenceur ADN est en thérapie, W2110 - V0 apportait un plus. La quotidiennement mobilisés pour le diagnostic précoce des mutations génétiques. Photo LBP/Amandine ROBERT cours d’acquisition.
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