Le déjeuner et la rencontre avec un journaliste - Jeanne Bordeau
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Jeanne Bordeau Le déjeuner et la rencontre avec un journaliste © Groupe Eyrolles, 2008 ISBN : 978-2-212-54071-0
Pourquoi le déjeuner de presse ? Le déjeuner de presse est l’un des moments majeurs de la relation avec le journaliste. Il peut s’agir d’une première rencontre, d’un déjeuner qui nourrit une relation ou d’un déjeuner de travail au cours duquel a lieu une interview. Le déjeuner de presse est toujours un moment déli- cat, à la fois moment d’échanges chaleureux et moment de détente, mais, en même temps, il est tou- jours balisé par des codes induits qui sont subtils. Nous allons essayer, dans les pages qui suivent, de les définir. Rien ne peut être plus difficile, car si lois, rites et codes existent, ce moment d’échanges réfléchis doit pourtant rester naturel. Prenez donc ces conseils au sérieux, mais restez à chaque fois inspiré pour sentir ce qu’il est juste de faire. Chaque déjeuner est un moment unique. © Groupe Eyrolles 1
Une rencontre, ça se prépare ! La première étape d’une rencontre avec un journa- liste se passe d’abord… avant la rencontre. Même un déjeuner informel, qui n’a pour objectif que de nouer un premier contact et n’a pas pour vocation immédiate la parution d’un article, nécessite une préparation sérieuse. Pas question d’y aller « la fleur au crayon » : avec le journaliste, l’attaché de presse a devant lui un autre relais d’information, un prescripteur qui exerce une influence sur tous les publics. Cultiver le relationnel est un travail stratégique de longue haleine et de tous les instants. Objectif écoute Première question que l’on peut se poser : mais à quoi, diable, sert une rencontre qui ne produit pas de résultat directement tangible sous forme d’articles ? Pour avoir la chance, à terme, d’obtenir des articles régulièrement, pour collecter des infor- mations précieuses, pour s’assurer du soutien © Groupe Eyrolles d’« alliés » dans des situations sensibles ou en crise, 5
Le déjeuner et la rencontre avec un journaliste il faut créer une relation forte, régulière et stable avec un réseau de journalistes. Or cette relation ne peut pas se construire exclusive- ment sur l’actualité de l’entreprise ou de l’institution. Les moments pertinents de communication ne sont en général pas suffisamment nombreux pour per- mettre l’entretien régulier qu’une relation construite exige. Il faut bien garder en tête que lorsque le jour- naliste veut absolument une information, il prend le prétexte d’un autre cadre pour obtenir son rensei- gnement. Lorsque vous prenez l’initiative, c’est une démarche différente. Le journaliste acceptera le déjeuner pour en appren- dre davantage sur vous, votre entreprise ou vos clients, car le journalisme est un métier d’ouverture d’esprit, de curiosité et d’investigation. Mais dans ce cas, il ne cherche rien de particulier : c’est là un moment propice pour nouer des liens, car le dialo- gue ne sera pas biaisé par un sujet ou une informa- tion qui obsède votre interlocuteur. C’est un moment privilégié pour découvrir le journaliste. Quel est alors l’objectif de la rencontre, si ce n’est pas un article ? La réponse est on ne peut plus simple : pour écouter le journaliste. Lui qui, d’habi- tude, parle beaucoup des autres et aux autres de ce © Groupe Eyrolles qu’ils sont et ce qu’ils font, parle rarement de lui, de ce qui le motive, de la façon dont il travaille et de ce qu’il pense de l’époque. 6
Une rencontre, ça se prépare ! Il est essentiel pour l’attaché de presse de découvrir le journaliste à travers ses mots à lui : il faut le faire parler de son journal, de son métier, de ses centres d’intérêt, de ses réseaux… C’est le seul moyen de comprendre ce que sont ses besoins, ses goûts, ses contraintes, ses quêtes secrètes. Il veut avant tout une information pertinente, car il n’a ni temps, ni espace rédactionnel à perdre. D’après le Baromètre de la communication des entreprises de l’agence Zap !1, 41 % des journalistes ayant participé à l’enquête indiquent en effet que les entreprises ne comprennent pas bien leurs préoccupations ni les contraintes de leurs médias. Vous œuvrez dans l’intérêt de votre entreprise ou de votre client : tous les journalistes ne sont pas concer- nés ou intéressés par votre activité. Les relations presse sont aujourd’hui entrées dans une ère de saturation de la communication, où tout le monde communique et veut communiquer davantage, alors que l’espace médiatique, même s’il s’est ouvert sur l’horizon d’Internet, ne s’est pas dilaté dans les mêmes proportions. Communiquer juste, ce n’est pas communiquer trop, mais de façon pertinente, en direction des bons interlocuteurs. © Groupe Eyrolles 1. En juin 2006, l’agence de relations publiques Zap ! a lancé, en partenariat avec l’institut TNS Sofres, une enquête auprès de 151 journalistes de presse écrite et audiovisuelle, spécialistes de mode-beauté, agroalimen- taire, distribution, nouvelles technologies et chimie-énergie-environne- ment. 7
Le déjeuner et la rencontre avec un journaliste Mener sa petite enquête Dans cette optique de relations presse « sur mesure », l’important est de cibler les journalistes que vous devez connaître mieux. Pour les sélectionner, il est indispensable de repérer les catégories de médias que vos thèmes de communication préoccupent : • TV, radio, presse, Web ou agence de presse ; • Presse professionnelle ou presse grand public ; • Presse d’informations générales ou presse spécia- lisée (thématique) ; • Presse nationale ou presse régionale ; • Presse quotidienne ou presse magazine. À l’étape suivante, il s’agit de choisir les supports qui peuvent développer votre information et sous quel angle ils sont susceptibles de le faire. Le 13 heures de TF1, une chronique du Nouvel Observateur, une tribune dans Le Monde, l’émission de Michel Cymès, Comment ça va bien… merci, sur Europe 1, une enquête dans Top Santé, une interview dans La Voix du Nord… Tous ces journaux ne traiteront pas de la même manière le Téléthon qui a lieu tous les ans en © Groupe Eyrolles décembre. 8
Une rencontre, ça se prépare ! Reste enfin à savoir quelle est, au sein de la rédac- tion, la personne qui s’occupe des sujets que vous proposez : tel journaliste écrit sur le cinéma au service Culture du Figaro, tel pigiste traite les sujets Qualité dans l’agroalimentaire pour Les Échos, LSA et Rayon Boisson… Attention aux méprises : quand la rédaction manque de personnel, il arrive qu’une autre personne que le journaliste habituel fasse un papier inattendu sur un sujet qui concerne l’entreprise. On peut penser que c’est un thème qu’il suit régulièrement, ce qui n’est pas le cas. La relation est aussi complexe avec cer- tains pigistes de la presse grand public dont on a du mal à identifier la spécialité : en renfort des journa- listes, ils sont amenés à traiter au pied levé les sujets les plus divers (et variés). Afin de savoir à qui vous avez affaire et comment s’y prendre pour le rencontrer, il est essentiel de vous renseigner au préalable sur le parcours du journaliste, ses fonctions actuelles au sein de la rédaction pour laquelle il travaille. Il est indispensable de le lire régu- lièrement. Cela vous permet d’identifier les secteurs que le journaliste connaît, les sujets qu’il traite ou qu’il a pu traiter. Il faut aussi avoir lu ses derniers papiers, s’être plus particulièrement documenté sur ses sujets récents et comprendre comment il les a conçus. © Groupe Eyrolles Il est également fondamental de se faire un point sur le média que le journaliste représente : quel est 9
Le déjeuner et la rencontre avec un journaliste le groupe de presse auquel il appartient ? Quelle est l’histoire du journal ? Quelle en est la ligne éditoriale ? Comment est présentée la rubrique à laquelle est rattachée la personne que vous allez rencontrer ? Quels sont les sujets récurrents de cette rubrique ? Quels sont les tout derniers changements qui ont eu lieu dans cette rédaction… ? Choisir le bon sujet… dans le bon cadre Le journaliste ne se déplacera que pour ce qu’il estime important. Il a besoin d’informations pour tra- vailler, et la technique du déjeuner comme moyen de « copiner » est désormais bannie. Rencontrer un journaliste est une affaire réfléchie, construite et strictement professionnelle. Certains accepteront de vous voir parce que votre entreprise est un nouvel acteur économique, d’autres parce que votre institution maîtrise un sujet très technique qu’il aimerait mieux comprendre, d’autres encore parce qu’ils jouent le jeu de la découverte. Enfin, le journaliste est lié à l’actualité : il vous rencontrera plus facilement si votre entre- prise a des informations nouvelles à communiquer. Même si vous ne l’annoncez pas d’emblée dans votre proposition, vous devez savoir exactement ce © Groupe Eyrolles que vous souhaitez présenter de votre entreprise ou de votre client, de son activité, de son secteur. Par ailleurs, lors de votre appel téléphonique, le 10
Une rencontre, ça se prépare ! journaliste aura besoin d’avoir une idée des sujets dont vous voulez lui parler. C’est une condition sine qua non pour qu’il accepte votre invitation. Choisir le bon cadre a l’air anodin, mais demeure crucial pour que le déjeuner se déroule dans de bon- nes conditions : éviter les lieux trop bruyants, les cadres luxueux où l’addition est exorbitante, les res- taurants où l’attente est interminable, où vous croi- sez votre réseau de relations ou vos compagnons de travail… Il faut essayer parfois d’être à mi-chemin entre l’entreprise et la rédaction et veiller à ce que le trajet du journaliste soit direct. Les journalistes n’ont certes pas les mêmes exigences ou habitudes ; leur spécialité guide souvent les choix. Avec Citizen K, très grand magazine de mode, on sera plus sensible au côté design et « nouvelle tendance » d’un lieu que pour une rencontre avec La France Agricole, où le journaliste, très chargé, demandera que le rendez-vous se déroule près de la rédaction. Quant au choix de la date, il y a des moments plus judicieux que d’autres. Il faut savoir que, comme pour la mort du Pape ou la venue de Khadafi en France, les journalistes sont « aimantés » par des évé- nements d’actualité majeure. Pour un « déjeuner © Groupe Eyrolles découverte » sans urgence, mieux vaut alors attendre. 11
Le déjeuner et la rencontre avec un journaliste Lors du 11 septembre 2001, l’attachée de presse chargée de lancer un ouvrage sur la Sécurité sociale a eu quelques difficultés à entrer en relation avec ses interlocuteurs habituels. Pendant huit semaines, même les journalistes littéraires, pourtant éloignés des sujets sur le terrorisme, n’ont pas été en mesure de penser ou de se consacrer à autre chose qu’à la disparition des Twin Towers. Toute la singularité du monde de l’information est là. Témoignage d’Agnès Renard-Viard, directrice de la communication de Lilly France Comment préparer un déjeuner de presse avec votre dirigeant : • Vous procurer la biographie de votre interlocuteur, voire la liste de ses alliés et son courant de pensée. • Analyser les articles déjà parus dans le support pour fournir au président un bilan à propos de l’opinion perçue par votre interlocuteur/secteur et une cartographie des messages : bien acceptés, des étapes à franchir et des idées fausses à creuser et/ou à corriger. • Proposer un plan de bataille au président avec un fil rouge à suivre au travers de trois ou quatre actions annuelles. • Décliner en éléments de langage les messages qui seront à porter par votre président lors dudit rendez- © Groupe Eyrolles vous, préparer les éventuelles objections afférentes. • Surveiller à J – 7 les articles d’actualité et préparer les positions adéquates pour votre président au cas où. 12
Une rencontre, ça se prépare ! • Vous entendre à l’avance sur les invitations potentielles à proposer au cours de l’entretien : visite d’usine, voyage de presse, portrait, etc. Votre rôle auprès de votre président : • Le mettre continuellement en confiance, car s’adresser à la presse comporte toujours un risque qu’il convient de savoir partager. • Détendre l’atmosphère des premiers instants. • Faire le time keeper et être le garant du déroulé décidé et établi en amont. • Être capable d’apporter un éclairage technique ou une précision, des chiffres, dates, etc. • Vous tenir prêt à relancer pour recentrer si besoin la conversation selon votre fil rouge. • Savoir faire diversion avec un sujet de transition culturel ou sportif… • Mettre en valeur vos interlocuteurs. • Prendre en compte ses besoins et ses habitudes pour assurer vous-même un suivi de la relation établie. Vous devez vous méfier : • De sortir du cadre et de faire du vrai « off » improvisé. • D’une ambiance qui devient faussement amicale. • Du journaliste qui arrive en retard, ce qui met en colère votre président – préparez à l’avance des © Groupe Eyrolles sujets de conversation pour faire passer le temps. • D’un serveur maladroit qui modifie l’ambiance de votre déjeuner. 13
Le déjeuner et la rencontre avec un journaliste • D’un faux pas de dernière minute qui remet tout en cause – une question posée sur le trottoir. • D’une confidence personnelle qui en dit plus long sur vos valeurs ou sur l’image de votre entreprise. Une anecdote négative Un début de déjeuner à trois avec un grand journaliste santé qui s’est assis en me tournant le dos, n’acceptant aucun de nos arguments et nous annonçant un article très virulent pour le lendemain, en présence d’un président très coléreux. Affreux souvenir professionnel, j’ai eu toute la peine du monde à participer aux objections du journaliste tout en maintenant le calme de mon président. © Groupe Eyrolles 14
Lettre d’invitation à déjeuner rédigée par la directrice de l’agence Babou Communication Paris le 4 avril 2007 Cher Monsieur, Le secteur des ressources humaines, de la transition de carrière et du conseil en management s’affirme chaque jour davantage comme un point de rencontre entre de grands enjeux de société : emploi, mobilité, performance, talent, épanouisse- ment… Actuellement en charge de la communication du groupe inter- national Brain Management Consultants, leader mondial de la transition de carrière et du conseil en management, et d’autres dossiers dans ce domaine, j’aurais aimé vous rencontrer pour un premier déjeuner. Fondé en 1980, Brain Management Consultants, dont le siège est à Philadelphie, Pennsylvanie, USA, est représenté par 300 bureaux dans 35 pays. Brain offre une gamme complète de services en transition de carrière et accompagne ses clients afin de les aider à concevoir des solutions personnalisées pour améliorer leur performance en organisation, le développement du leadership et la gestion des talents. En France, Brain Management Consultants est représenté par Brain Garonne pour la transition de carrière et par Brain Seine pour le conseil en management. © Groupe Eyrolles ••• 15
••• Leurs bureaux sont implantés dans les grandes villes de France : Paris, Saint-Quentin-en-Yvelines, Lyon, Toulouse, Bor- deaux, Nantes, Grenoble, Lille, Nice, Rennes, Aix-en-Provence, Annecy, Angers, Nancy, Strasbourg, Pau, Cholet, Clermont- Ferrand. Le président Conseil Monde et le président Conseil Europe seront présents en France le 20 et le 22 avril 2007. Seriez-vous libre pour un petit-déjeuner près de vos bureaux à l’une de ces dates ? Je serais ravie de vous rencontrer pour vous présenter leur groupe, ses objectifs, ses résultats. J’en profiterai également pour vous commenter les autres dossiers que nous possédons sur le même thème. Je me permettrai de vous joindre prochainement. Veuillez croire, Monsieur, en mon attentive considération. Jeanne Vouvray © Groupe Eyrolles 16
Lettre d’invitation pour une rencontre rédigée par la directrice de l’agence Babou Communication Paris, le 12 décembre 2007 Monsieur, Depuis vingt ans, le groupe Loupblanc développe des activités industrielles business to business. Mettre à la disposition d’entreprises de taille moyenne la puissance financière, les savoir-faire et les compétences humaines d’un grand groupe : tel est le modèle d’entreprise singulier et créateur de performance que propose Loupblanc. Son objectif : donner naissance à des leaders mondiaux fortement internationalisés. Le Groupe, qui emploie quelque 8 000 salariés au sein de ses cinq divisions, est d’ailleurs reconnu tant pour la qualité de son management que pour sa volonté de conjuguer qualité économique et progrès humain. En 2007, poursuivant son projet de devenir une référence européenne parmi les entreprises industrielles diversifiées, Loupblanc a enregistré une opération d’envergure : l’acquisi- tion de Patix, lui donnant ainsi les moyens de son ambition. Afin de vous présenter les axes stratégiques du développe- ment du Groupe et de ses divisions, Roger Lallier, Directeur Général de Loupblanc, serait heureux de vous rencontrer. Dans cette perspective, vous trouverez le dossier de presse de Loupblanc joint au présent courrier. © Groupe Eyrolles ••• 17
••• Nous nous permettrons de vous joindre dans les prochains jours et vous prions d’agréer, Monsieur, l’expression de notre sincère considération. Jeanne Vouvray © Groupe Eyrolles 18
Vous pouvez aussi lire