Le grand paradoxe Baromètre de l'attractivité industrielle de la France - Novembre 2018 - EY
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Baromètre EY de l’attractivité Baromètre industrielle EY de del’attractivité la France : industrielle de la France : le grand paradoxe le grand paradoxe AVANT-PROPOS Jean-Pierre Letartre Président d’EY France, CEO d’EY France, Luxembourg et Maghreb Nombreux et riches sont les commentaires, Selon le Baromètre EY, la France est la les études, les statistiques sur l’industrie première destination européenne des française. Nombreuses sont les crises, mais investissements étrangers dans l’industrie aussi les réussites industrielles qui continuent depuis plusieurs années. Ce n’est pas un de marquer nos territoires. Dans cette somme hasard. Si leurs maisons-mères ont choisi notre d’informations, difficile d’avoir un point de vue pays pour accélérer leur développement, faire objectif sur sa situation réelle. de la recherche, c’est au fil de choix complexes, objectifs, factuels. Pour les plus pessimistes, l’industrie française, c’est un déficit commercial qui perdure depuis Notre observation est que ces choix reposent 2003, une fuite des emplois vers les services sur un ensemble de paradoxes. Au cours de ou le chômage, des délocalisations d’outils nos échanges avec ces industriels, nous en industriels, un avenir incertain, compte tenu avons relevé trois principaux. Ils expliquent de la mondialisation et de la robotisation le décalage entre la perception que l’on a de désormais largement engagée… notre pays et de son industrie et sa capacité à attirer les capitaux et les cerveaux du monde Ce constat brutal est à la fois juste et entier. Ils nous donnent de nouvelles clés de réducteur. Surtout, il ne dit pas quelle est la compréhension de son fonctionnement et plus place réelle de notre industrie dans l’économie, globalement de celui de l’économie française. les territoires et la société française. Ils cassent certaines idées reçues, et apportent un éclairage nouveau sur les ressorts de nos Certes, la France n’a plus la position dominante industries. qu’elle eut naguère sur l’industrie. Qui se rappelle qu’elle comptait 185 constructeurs Vous l’aurez compris, ce Baromètre EY de automobiles en 1914 et que de leurs usines l’attractivité industrielle n’est pas un portrait sortait la moitié de la production mondiale ? angélique du Made in France, même si les Qui se souvient que la France était le premier innovations présentées ce mois-ci au Grand constructeur d’avions et de moteurs d’avions Palais lors de “L’Usine Extraordinaire” invitent avant la Grande Guerre ? Que sa chimie, sa à l’enthousiasme. Ce Baromètre n’est pas non pharmacie, son agroalimentaire s’imposaient plus une photographie à 360° de l’industrie aux quatre coins du monde ? tricolore, mais le reflet tout en contrastes Que Alcatel était il y a peu le numéro un du regard des investisseurs étrangers, qui mondial des équipementiers télécom ? témoigne de leur confiance mais aussi de leur retenue, parfois, vis-à-vis de la France. Certes, l’industrie reste fragile en France. En 2017, pour la première fois depuis 2000, Et qui explique pourquoi, à leurs yeux, elle créait des emplois : 5 400 au total. elle reste encore, finalement, un pays extraordinaire. Si eux y croient, pourquoi pas Mais la flamme n’est pas éteinte, loin de là. nous ? En dépit de ces difficultés, de ces fragilités, d’autres chiffres existent, plus encourageants, qui témoignent avec force du pouvoir d’attraction de notre industrie auprès des dirigeants étrangers. 2
Baromètre EY de l’attractivité industrielle de la France : le grand paradoxe La France est leader en Europe, 38 % des répondants du avec 323 projets industriels menés Baromètre EY de l’attractivité par des investisseurs étrangers, 2018 souhaitent une baisse du contre 216 au Royaume-Uni coût du travail en France. et 163 en Allemagne. L’industrie capte le tiers des projets 41 % des répondants du d’investissement étranger en France. Baromètre EY de l’attractivité À titre de comparaison, ce ratio ne 2018 souhaitent plus de s’élève qu’à 20 % au Royaume-Uni et simplification administrative. en Allemagne. Seuls 32 emplois sont créés par IDE* industriel, contre 50 au 77 % des décideurs internationaux Royaume-Uni et 60 en Allemagne. ont confiance en l’avenir de l’industrie en France. Entre 2014 et 2016, seules 51 % des entreprises de 10 salariés 73 % des consommateurs sont prêts ou plus ont innové. à payer plus pour des produits garantis Made in France. * IDE : investissements directs à l’étranger Sources : Baromètre EY de l’attractivité de la France (2018), INSEE (2018), Enquête LSA (février 2018) Sommaire e constat L Certes, l’industrie en France est au milieu du gué, mais elle se révèle attractive aradoxe 1 P La France a un coût élevé, mais elle est plus compétitive qu’on ne le croit Paradoxe 2 La France a su développer de grands champions, mais nos PME et nos ETI industrielles doivent développer leur rayonnement mondial aradoxe 3 P Bien que complexe et centralisée, la France industrielle parvient à irriguer tous les territoires L’industrie française face aux défis de son attractivité 3
Baromètre EY de l’attractivité industrielle de la France : le grand paradoxe Le constat Certes, l’industrie en France est au milieu du gué, mais elle se révèle attractive L’Europe - et la France en particulier - continuent d’attirer les investissements industriels étrangers Depuis la fin de la crise financière, les Notons que l’Europe de l’Ouest et l’Europe de investissements étrangers dans l’industrie l’Est se « partagent » de manière quasi égale sont repartis à la hausse en Europe, avec ces investissements (51 % vs. 49 %), même un taux de croissance annuel moyen de près si les implantations dans les pays d’Europe de 20 % ces cinq dernières années, exprimé centrale et orientale (PECO) sont évidemment en nombre de projets d’implantation ou plus intensives en emplois (60 % vs. 40 % selon d’extension portés par les investissements le Baromètre de l’attractivité de la France directs étrangers (IDE). 2018). II Nombre de projets industriels portés par des investisseurs étrangers en Europe +27 % 1 982 +7 % 1 562 1 455 1 237 1 018 Taux de croissance annuel moyen 2013-2017 +19 % 2013 2014 2015 2016 2017 Source : Baromètre EY de l’attractivité de la France 2018 (données IBM 2017) 4
Baromètre EY de l’attractivité industrielle de la France : le grand paradoxe Un marché européen de 500 millions C’est notamment le cas de 1 de consommateurs, la puissance salarié sur 5 dans l’industrie mondiale de grands donneurs manufacturière. d’ordre dans certaines industries Dans ce contexte de résilience clés (automobile, aéronautique, européenne et d’attractivité plus santé...), la compacité de ses chaînes soutenue, la France accueillait 16 % logistiques, la variété des structures des projets européens en 2017. de coûts et des mécanismes fiscaux Contre toute attente, compte incitatifs... Les raisons de cette tenu des difficultés de certaines progression des IDE sont multiples filières, la France est le pays qui et évidemment très spécifiques à accueille le plus d’investissements chaque filière. industriels étrangers en Europe. Plus de 22 000 entreprises à Cette situation n’est pas nouvelle. capitaux étrangers sont implantées Elle dure depuis 2000, année de en France, et près de 1 salarié sur 9 publication du premier Baromètre travaille dans une filiale de groupe EY de l’attractivité. Mieux, la France étranger. creuse l’écart avec le Royaume-Uni et l’Allemagne entre 2016 et 2017. II Implantations et extensions d’usines réalisées en 2016 et 2017 par des investisseurs étrangers en Europe (nombre de projets) Rang Pays Projets Projets Évolution Pourcentage 2016 2017 2016/2017 total 2017 1 France 212 323 52 % 16 % 2 Royaume-Uni 184 216 17 % 11 % 3 Turquie 98 201 105 % 10 % 4 Russie 136 178 31 % 9% 5 Allemagne 129 163 26 % 8% 6 Serbie 34 88 159 % 4% 7 République Tchèque 74 83 12 % 4% 8 Hongrie 58 81 40 % 4% 9 Pologne 119 71 -40 % 4% 10 Belgique 52 67 29 % 3% 11 Espagne 59 61 3% 3% 12 Roumanie 56 47 -16 % 2% 13 Portugal 35 46 31 % 2% 14 Bosnie Herzégovine 28 46 64 % 2% 15 Slovaquie 42 33 -21 % 2% Autres 246 278 13 % 14 % Total 1 582 1 982 27 % 100 % Source : Baromètre EY de l’attractivité de la France 2018 5
Baromètre EY de l’attractivité industrielle de la France : le grand paradoxe Parmi ces observations factuelles et positives, notons Lourd bémol, ces projets industriels sont moins que le solde de créations (ouverture de nouvelles usines créateurs d’emplois en France que chez la plupart - fermetures d’usines existantes) est redevenu positif de ses concurrents. Deux explications peuvent être au troisième trimestre 2016, l’Observatoire Trendeo de avancées. D’une part, l’essentiel des projets sont des l’emploi et de l’investissement recensant alors près de 40 extensions de sites déjà existants, qui représentent ouvertures contre 38 fermetures. 86 % des projets en France, contre seulement 75 % au Royaume-Uni et 62 % en Allemagne. Ce même observatoire relève que le mouvement de relocalisations industrielles s’est affirmé au cours des D’autre part, on ne peut occulter le fait que les douze derniers mois avec 18 relocalisations contre 20 investisseurs sont – ou ont été – très prudents face au délocalisations. Ce phénomène est encourageant, mais il coût du travail, à la législation sociale, à l’image que faudrait qu’il s’intensifie vivement pour effacer les traces reflète – ou reflétait – notre pays. Notons toutefois des délocalisations massives qui ont frappé nos bassins que le nombre total d’emplois créés par les IDE dans industriels et leurs emplois dans les années 1990 et l’industrie en France est assez proche de ceux observés 2000. au Royaume-Uni et en Allemagne. II Évolution 2013-2017 des investissements industriels en France, en Allemagne et au Royaume-Uni (nombre de projets) 323 +52 % 231 213 212 216 + 17 % 183 184 166 165 163 + 26 % 142 142 131 124 129 France Royaume-Uni Allemagne 2013 2014 2015 2016 2017 Source : Baromètre EY de l’attractivité de la France 2018 (données IBM 2017) 6
Baromètre EY de l’attractivité industrielle de la France : le grand paradoxe II Top 10 européen en nombre d’emplois créés par des projets industriels Rang Pays Projets 2017 Emplois 2017 Emploi/projet 2017 1 Russie 178 23 450 132 2 Serbie 88 15 757 179 3 Hongrie 81 12 183 150 4 Royaume-Uni 216 10 825 50 5 France 323 10 211 32 6 Pologne 71 9 886 139 7 République Tchèque 83 9 834 118 8 Allemagne 163 9 737 60 9 Turquie 201 9 286 46 10 Bosnie Herzégovine 46 7 674 167 Autres 368 25 392 69 Total 1 982 173 958 88 Source : Baromètre EY de l’attractivité de la France 2018 7
Baromètre EY de l’attractivité industrielle de la France : le grand paradoxe L’industrie est au centre de l’attractivité tricolore En dépit de ces handicaps structurels, l’industrie Plus éclairant, sur la même année, ces investissements représentait en 2017 le tiers des projets comptent pour 40 % des emplois créés par les IDE, d’investissement étranger en France. À titre de contre 22 % au Royaume-Uni et 31 % en Allemagne. comparaison, ce ratio ne s’élève À noter, enfin, que 61 % des projets de Recherche & qu’à 20 % au Royaume-Uni et en Allemagne. Développement sont réalisés dans l’industrie. II Poids des activités industrielles dans le flux d’investissement étranger 216 22 %* 50 Projets Emplois 60 %* par projet 163 323 40 %* 31 Projets Emplois par projet 32 Projets Emplois par projet * % des emplois crées par les investissements industriels étrangers par rapport au nombre total d’emplois créés par les IDE Source : Baromètre EY de l’attractivité de la France 2018 (données EY 2016, IBM 2017) Selon le Baromètre EY 2018, Avez-vous confiance en l’avenir de l’industrie en France ? l’attractivité de la France s’améliore considérablement. Et cette tendance devrait se prolonger puisque 80 % des investisseurs étrangers trouvent 13 % 18 % désormais le site France attractif ou très attractif. La proportion 77 % 52 % de dirigeants envisageant son 59 % amélioration à trois ans a même Oui Oui doublé entre 2017 et 2018. 65 % 77 % Oui Quand on les interroge sur le sujet, 77 % des décideurs internationaux ont confiance en l’avenir de l’industrie en France. 29 % Oui, tout à fait Non 22 % Oui, plutôt 35 % Non Non, plutôt pas 23 % 6% 1% Non, pas du tout 2017 2018 Source : Baromètre EY de l’attractivité de la France 2018 (enquête janvier 2018, 144 répondants, entreprises implantées en France uniquement) 8
Baromètre EY de l’attractivité industrielle de la France : le grand paradoxe Le portrait de notre attractivité industrielle est fait d’ombres et de lumières Nombreux sont les sujets de réjouissances ou Mais en attendant que ces événements se produisent d’inquiétudes qui pourraient fragiliser ou accélérer le ou non, une question demeure : comment expliquer renouvellement de l’industrie. D’un côté, le rythme des le pouvoir de séduction de l’industrie française sur les réformes, les marges de manœuvre fiscales offertes investisseurs étrangers ? par la réduction de la dépense publique, la relative robustesse de la demande en France et en Europe, et les Ne compte-t-elle que des atouts ? Bien sûr que non. opportunités de relocalisation liées au Brexit permettent La France industrielle cumule les paradoxes. Nous en d’envisager avec plus de confiance les prochaines avons identifié trois, majeurs, qui résument ses forces et années. De l’autre, les tensions commerciales entre les ses handicaps. grandes régions du monde, la compétition fiscale au sein de l’Europe mais aussi avec les États-Unis incitent à la Ils nous permettent de dresser son portrait qui, à travers prudence. le regard des investisseurs étrangers, témoignent de la renaissance du Made in France ou, à tout le moins, de sa résilience. 9
Baromètre EY de l’attractivité industrielle de la France : le grand paradoxe Paradoxe n° 1 La France a un coût élevé, mais elle est plus compétitive qu’on ne le croit Le facteur RH est à la fois un fort handicap… mais aussi la 1re satisfaction des investisseurs étrangers Selon le Baromètre EY de l’attractivité de dirigeants internationaux, le seul qui inquiète la France, le coût du travail reste un des toujours davantage. En revanche, la fiscalité, grands obstacles à une nouvelle amélioration l’environnement administratif et la législation de notre attractivité. C’est en tout cas, sociale recueillent nettement moins de parmi les grands enjeux relevés par 208 reproches en 2018 qu’en 2017. II Les réformes qui pourraient jouer en faveur de l’attractivité de la France selon les décideurs (résultats et évolution 2017 et 2018) 2017 2018 Améliorer la compétitivité 43 % fiscale de la France 55 % -12 pts Intensifier l’action de simplification 41 % administrative pour les entreprises 46 % -5 pts Poursuivre l’action de réduction 38 % du coût du travail 31 % +7 pts Aller plus loin dans la réforme du droit 34 % du travail vers une plus grande flexibilité 39 % -5 pts Source : Baromètre EY de l’attractivité de la France 2018 (enquête janvier 2018, 144 répondants, entreprises implantées en France uniquement) 10
Baromètre EY de l’attractivité industrielle de la France : le grand paradoxe Comment envisager l’avenir ? Depuis 2012, La transformation du crédit d’impôt pour la progression du coût horaire du travail la compétitivité et l’emploi (CICE) en dans le secteur marchand – qui intègre allégements de charges en 2019 pourrait l’industrie – a été plus modérée en France réduire le coût du travail en France dans qu’en zone euro (+5,4 % contre +7,1 % certains secteurs. en zone euro). L’écart est encore plus prononcé entre la France et l’Allemagne Tentant d’alléger cette pression des coûts, (+11,4 %). Si l’on observe le coût salarial notamment en direction des entreprises à unitaire, qui tient compte de la productivité, capitaux étrangers, l’exécutif a une nouvelle l’amélioration est également très nette. fois retouché le régime fiscal des impatriés. Réformé en 2017, il sera encore plus Conséquence des réformes fiscales et favorable grâce aux dispositions contenues des allégements de charges décidés ces dans la loi Pacte qui sera votée par le dernières années par l’exécutif, le coût de Parlement d’ici la fin de l’année. la main d’œuvre dans l’industrie était plus faible qu’en Allemagne en 2017 (38,8 € contre 40,2 €). II Niveau du coût de l’heure de travail (en €) Enquête Enquête Enquête 2000 2008 2018 Zone euro* 21,93 27,02 33,83 Allemagne 28,48 33,37 41,04 Royaume-Uni 23,50 23,49 25,80 Espagne 15,12 20,28 23,07 France 24,01 33,16 39,60 Italie 18,28 24,02 28,03 Pologne - 6,85 8,98 * zone euro à 11 en 2000, à 19 depuis 2004 Source : Eurostat - Calcul Rexecode II Comparaison des montants d’impôts à acquitter selon les régimes d’impatriation (en €) Impôt sur le revenu Impôt sur le revenu Durée sans régime avec régime du régime favorable impatrié Royaume-Uni 15 813 11 007 7 ans France 23 335 5 155 8 ans Pays-Bas 35 341 19 466 5 ans Source : IGF - Attractivité du territoire pour les talents internationaux, avril 2016, ministère de l’Économie Note : les calculs ont été réalisés sur les bases suivantes : une rémunération nette totale de 100 k€, une prime d’impatriation de 50 k€, 20 % de jours à l’étranger, profil célibataire. 11
Baromètre EY de l’attractivité industrielle de la France : le grand paradoxe Certes, faire le choix de la France a un coût, mais celui-ci Selon Eurostat, le prix du kWh au tarif réglementé pour est en partie compensé par nos arguments en termes les entreprises était de 0,089 € en 2016 en France de productivité et de compétences. Depuis le début des contre 0,149 € en Allemagne et 0,114 € en moyenne années 2000, les gains de productivité du travail ont dans la zone euro. été plus soutenus et les coûts salariaux unitaires plus Enfin, et les industriels étrangers le relèvent très modérés dans l’industrie manufacturière en France que fréquemment, nos compétences en matière industrielle dans la moyenne de la zone euro (et en particulier en sont jugées parmi les plus élevées au monde. Dans Allemagne, en Espagne et en Italie). l’enquête IMD World Competitiveness Yearbook 2018, Parmi tous les autres facteurs de compétitivité-coût, dont la main d’œuvre tricolore se classe au 6e rang pour sa cette étude n’a pas vocation à faire la liste, notons par compétence et au 12e pour la productivité horaire. exemple le champ de l’énergie. La fiscalité pesant sur l’industrie reste élevée, mais évolue dans le bon sens Selon Rexecode, les prélèvements obligatoires pesant Toutefois, cet écart doit être relativisé car son calcul sur l’industrie manufacturière atteignaient 27,9 % de repose sur les taux nominaux des prélèvements la valeur ajoutée en France en 2016, comparé à 17,2 % obligatoires et n’intègre pas les nombreux crédits en Allemagne, en grande partie en raison du poids d’impôts dont peuvent bénéficier les entreprises des impôts de production qui frappent les entreprises françaises. Néanmoins, les investisseurs étrangers industrielles, parmi lesquels on trouve notamment la interrogés dans le cadre du Baromètre EY de l’attractivité Cotisation sur la valeur ajoutée (CVAE), la Contribution 2018 réclament toujours un allègement de la fiscalité sociale de solidarité des sociétés (C3S), la Cotisation tricolore. foncière des entreprises (CFE) qui a remplacé la Taxe La perception de la pression fiscale pourrait changer. professionnelle en 2010. À ces impôts s’ajoutent des Une baisse progressive de l’impôt sur les sociétés taxes spécifiquement sectorielles. Concrètement, cet (IS) au niveau de la moyenne européenne (25 %) est écart se traduit par un différentiel de 13,5 milliards programmée jusqu’en 2022. d’euros au détriment des industriels français. II Poids des prélèvements obligatoires II Évolution du taux nominal d’impôt sur les qui pèsent sur les entreprises sociétés manufacturières en % de la valeur ajoutée Jusqu’à 500 000 € de bénéfices : 28 % Plus de 500 000 € de bénéfices France Allemagne Cotisations sociales effectives 14 % 9,4 % 33,3 % 33,3 % à la charge des employeurs 31 % 28 % 28 % 28 % Impôts de production 9,7 % 4% 26,5 % 25 % Impôts sur les salaires 1,5 % 0% Autres impôts sur la production 3,2 % 0,5 % Impôts sur les produits requalifiés 4,1 % 2,6 % en impôts de production Taxes de prestations reclassées en 0,9 % 0,9 % Ancien 2018 2019 2020 2021 2022 impôts de production taux Impôts sur les sociétés 4,2 % 3,8 % Source : Business France (2018) Total des prélévements 27,9 % 17.2 % obligatoires sur la production Source : Rexecode, 2016 12
Baromètre EY de l’attractivité industrielle de la France : le grand paradoxe TÉMOIGNAGE Benoit d’Iribarne Délégué général Europe Centrale et responsable Programmes d’Excellence Industrielle chez Saint-Gobain En dépit de certaines faiblesses, notamment dans le domaine de la compétitivité-coût, pourquoi la France industrielle est-elle si attractive ? Il est délicat d’avoir un avis tranché. Pour créer de nouveaux sites industriels, la France est attractive. Avec le crédit impôt recherche Pour créer de (CIR), une main-d’œuvre qualifiée et abondante - à la différence de l’Allemagne -, les perspectives de relocalisation liées au Brexit, la taille nouveaux sites du marché français et sa position géographique, notre pays dispose de nombreux atouts en Europe de l’Ouest. Toutefois, la France est une industriels, destination « coûteuse » qui souffre de la concurrence des pays de l’Est. la France est L’équation est différente pour la rénovation d’usine existante. La complexité administrative, la difficulté à établir un dialogue social attractive. serein peuvent, entre autres, être des freins à la modernisation de nos « vieilles » usines. Comment votre entreprise se transforme-t-elle ? Je dirais qu’il y a deux axes, selon la nature des produits. Il y a les produits de base ou commodités, pour lesquels le coût minimum est la clé de la compétitivité et qui demandent des performances industrielles et une productivité maximum. L’autre axe concerne les produits pour lesquels une personnalisation est possible. Notre enjeu est de réaliser cette personnalisation de manière très réactive, en liaison étroite avec le client à des coûts abordables. 13
Baromètre EY de l’attractivité industrielle de la France : le grand paradoxe TÉMOIGNAGE Guillaume Alvarez Senior vice-président Europe, Middle-East and Africa chez Steelcase Quels sont les atouts de la France industrielle ? La France profite d’une réelle qualité d’infrastructure. C’est le cas du maillage de province à province qui est nettement plus complet qu’il ne l’était il y a 20 ans, même si les opérations de blocages sur les routes ou dans les ports ont parfois paralysé la circulation des biens dans nos La France chaînes de valeur interconnectées. La France retrouve aussi le goût de l’industrie. On le sent dans les retrouve le goût discours des pouvoirs publics et dans les écoles, les universités. La performance industrielle ? Elle est bonne parce que nous avons en de l’industrie. France, des équipes souvent dédiées, passionnées, efficaces et parce que nos usines sont productives (coût, qualité, conformité, respect des délais…). Cependant, nous rencontrons des difficultés de recrutement et nous sommes toujours en quête d’une certaine stabilité dans nos effectifs, notamment dans nos rôles clefs. Nos métiers sont fondés sur des savoir-faire très riches et en évolution rapide. Former un employé pendant un an ou deux puis le voir partir vers des métiers plus valorisés socialement est une perte importante. Apaisées par rapport aux années passées, les relations sociales pourraient cependant être davantage axées sur le développement et la transformation de l’entreprise. Enfin, si la France dispose d’experts dans l’AI ou la robotique, ceux-ci semblent plus attirés par les grandes entreprises, perçues comme prestigieuses ou moins risquées, ou les secteurs de pointes comme l’aéronautique. Nos talents nationaux doivent aider notre tissu industriel, en particulier en province, à aborder en tête le virage de la digitalisation, de la robotisation et de l’augmentation du potentiel humain par l’AI. Quels sont les axes de transformation de votre entreprise ? Nous avons trois sujets de transformation. Le premier porte sur la performance industrielle et logistique, et notamment la réduction constante des délais, c’est à dire le just-on- time, tout en augmentant notre capacité de personnalisation des commandes, dont les demandes sont de plus en plus fréquentes. Le deuxième a trait à l’arrivée de nouveaux matériaux intelligents, comme les tissus composites ou anti-germes. De plus en plus variés, ils mobilisent davantage de compétences et d’investissements que les matériaux classiques. Ils satisfont de nouveaux besoins et ceci nous permet de conserver un leadership international. Notre troisième défi est humain. En favorisant la visibilité de nos clients dans nos usines, nous apportons plus de sens au travail, davantage d’ouverture sur l’extérieur et nous conjuguons travail bien fait, clients satisfaits et atteinte de nos objectifs de croissance et de transformation. 14
Baromètre EY de l’attractivité industrielle de la France : le grand paradoxe Paradoxe n° 2 La France a su développer de grands champions, mais nos PME et nos ETI industrielles doivent développer leur rayonnement mondial La France est forte de ses leaders mondiaux industriels Quel pays n’envie pas notre CAC 40 et notre armada Airbus Group (aéronautique) Saint Gobain et Vinci de grands groupes ? Leaders mondiaux ou, à défaut, (BTP), Sanofi (pharmacie), CMA-CGM (transport européens, ces fleurons sont autant de moteurs de maritime), LafargeHolcim et Vicat (ciment,) l’alliance leurs écosystèmes sectoriels : Danone et Limagrain Renault-Nissan-Mitsubishi (automobile), Air France KLM (agroalimentaire), Pernod-Ricard (boissons), Danone (compagnie aérienne)... Tous ont fait du globe leur terrain et Lactalis (produits laitiers), Carrefour (grande de jeu. Tirée par ces leaders, la France excelle dans distribution), Adéo (bricolage), Vivendi (divertissement), certains secteurs industriels. Dans son argumentaire sur EDF et Engie (électricité), Total (industrie pétrolière), l’attractivité de la France, Business France dresse la liste AXA (assurance), L’Oréal (cosmétique), LVMH et Kering du classement international de certains secteurs : (luxe), Schneider Electric (équipement électrique), Aéronautique Chimie Agroalimentaire Luxe Nucléaire 1er en Europe 2e en Europe 2e en Europe 1er dans le monde 1er en Europe 2e exportateur mondial 7e dans le monde 4e exportateur mondial 15
Baromètre EY de l’attractivité industrielle de la France : le grand paradoxe Ces grands champions réalisent aujourd’hui Certes, ce pourcentage recule légèrement. plus de la moitié de leur chiffre d’affaires Mais après trois années de baisse consécutives, à l’international (54 % selon l’Insee), ce qui la détention des non résidents dans les sociétés témoigne de notre savoir-faire et de notre françaises cotées hors CAC 40 a augmenté capacité à le vendre à travers le monde. en 2017 de 0,6 point pour s’élever à 28 %. Par ailleurs, les investisseurs étrangers L’économie française est clairement une détenaient 42,7 % du CAC 40 en 2017. économie ouverte. Le principal handicap français est la faiblesse de son « Mittelstand » Cependant, à cause de la faiblesse de notre de la France était de 3 % en 2017 contre 5,1 % Mittelstand, c’est à dire nos PMI et nos ETI, en 2000. La part de marché de la France en notre puissance industrielle patine, notamment Europe s’élevait à 12,9 % en 2017 contre 17 % à l’international. Notre tissu d’entreprises en 2000. exportatrices est en effet très limité. Bon an mal an, la France ne compte que 120 000 Cette faible densité de notre tissu productif entreprises exportatrices quand l’Allemagne ne laisse pas les investisseurs étrangers en recense plus de 300 000... insensibles. C’est un regret souvent exprimé par les entreprises internationales, qui Résultat, le secteur manufacturier affiche un cherchent en France des partenaires industriels solde commercial négatif depuis 2003 et les (fournisseurs, sous ou co-traitants, clients…) parts de marché à l’international de la France d’envergure au moins européenne et pas s’érodent. Ainsi, la part de marché mondiale uniquement cantonnés au marché domestique. II Solde commercial de l’Allemagne, de l’Italie et de la France (en Md €) 248 252 249 216 194 192 199 178 160 157 156 154 139 52 48 42 42 29 10 -9 -14 -9 -6 -13 -20 -30 -26 -45 -45 -48 -50 -43 -52 -56 Allemagne -62 -59 -62 -68 -75 Italie 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 France Source : Douanes françaises, Eurostat 16
Baromètre EY de l’attractivité industrielle de la France : le grand paradoxe En tête des atouts de la France, l’innovation et la recherche Sa capacité d’innovation et de recherche reste l’atout d’autres critères (l’Europe, les secteurs, les talents, le majeur de l’attractivité de la France pour 38 % des rayonnement). dirigeants étrangers interrogés, même si le Baromètre Les industriels considèrent que cette inventivité EY 2018 voit cet avantage concurrencé par compense toujours certains des handicaps du site France. Quels sont les atouts qui permettront à la France de renforcer son rôle dans l’économie mondiale ? Sa capacité d’innovation et de recherche 43 % Son rayonnement touristique 33 % Son rôle dans le projet européen 26 % Ses spécificités sectorielles fortes 25 % Sa capacité à former et attirer Moyenne des 25 % des talents citations 2017-2018 Source : Baromètre EY de l’attractivité de la France 2018 (enquête janvier 2018, 208 répondants, 2 réponses possibles) La nature de leurs projets en témoigne : avec 78 grands groupes. Tour à tour, Facebook, Microsoft, nouveaux centres de R&D en 2017 (+53 % contre Google, Fujitsu ou encore Samsung ont décidé d’ouvrir +31 % au Royaume-Uni et +23 % en Allemagne), la en France des laboratoires de recherche spécialisés France s’affirme comme un pays compétitif en matière dans ce domaine. À la suite du rapport Villani dévoilé en d’innovation. Selon le Baromètre EY de l’attractivité mars 2018, l’exécutif français a par ailleurs anoncé un 2018, 35 % des dirigeants interrogés citent les capacités programme d’investissement d’1,5 milliard d’euros dédiés de la France dans ce domaine. à l’intelligence artificielle d’ici 2022. Deux secteurs sont La France attire notamment l’attention en affichant ses particulièrement ciblés : les transports, avec le véhicule ambitions de leader européen sur des sujets d’avenir autonome, et la santé, via la création d’un centre de comme l’intelligence artificielle (IA). Le début de l’année données de santé exploitables par des programmes 2017 a en effet été marqué par les annonces de plusieurs d’intelligence artificielle. 17
Baromètre EY de l’attractivité industrielle de la France : le grand paradoxe TÉMOIGNAGE Yann Vincent Directeur industriel de Groupe PSA En dépit de certaines faiblesses, notamment dans le domaine de la compétitivité-coût, pourquoi la France industrielle est-elle si attractive ? On a toujours intérêt à produire à proximité de son point de consommation. Or, la France reste un marché La France est très significatif en Europe, dynamique, ce qui explique l’attractivité française, indépendamment de toute mieux placée que difficulté ou facilité industrielle à s’y développer. Ensuite, il n’y a pas de fatalité quant à notre capacité à produire l’Allemagne. de manière efficiente en France, même si un certain nombre d’obstacles doivent être surmontés. Il y a de la place pour une production industrielle de très bon niveau en France. Ceci étant dit, si l’on se base sur les principaux paramètres d’une performance industrielle (coût du travail, performance qualité…), l’Espagne est plus attractive que la France aujourd’hui. Mais la France est mieux placée que l’Allemagne. Sur le terrain, nous constatons des disparités entre les régions dans lesquelles nous opérons, une agilité différente dans le soutien qu’elles apportent à leur industrie. Par exemple, en Espagne, à Vigo, nous observons une collaboration très étroite entre les autorités publiques locales, les entreprises, les centres d’innovation ou la R&D. En France, nous avons encore des marges de progrès pour créer cette alchimie. Comment votre entreprise se transforme-t-elle ? Le Groupe PSA se transforme autour de trois axes : le premier est structurant pour notre industrie puisqu’il concerne les motorisations hybrides ou électriques ; le second consiste à saisir toutes les opportunités des nouvelles technologies pour améliorer nos performances et notre compétitivité dans un environnement extrêmement concurrentiel ; le troisième consiste à améliorer notre couverture mondiale de production et donc à cibler les marchés émergents. 18
Baromètre EY de l’attractivité industrielle de la France : le grand paradoxe Paradoxe n° 3 Bien que complexe et centralisée, la France industrielle parvient à irriguer tous les territoires L’industrie a besoin d’un pays à la fois moins centralisé et moins émietté... Régulièrement, au fil des enquêtes menées auprès d’eux, L’écosystème dédié à l’innovation industrielle reste les dirigeants d’entreprises appellent de leurs vœux particulièrement émietté. Renforcer les synergies entre un État plus agile et un environnement administratif les nombreux acteurs (pôles de compétitivité, clusters, « simplifié ». C’est le cas de 41 % des répondants du Instituts Carnot, French Tech, French Fab, les Territoires Baromètre EY de l’attractivité 2018. Ils pointent en d’innovation de grande ambition [TIGA] du Programme particulier le nombre de normes et règlements, mais des investissements d’avenir [PIA]…) mais également aussi leur réversibilité, problème dont l’exécutif semble inciter les territoires à se différencier semblent une désormais avoir pris conscience. évidence. Parfois, le poids et la stratégie de l’État actionnaire sont La France tire profit de sa diversité économique. également critiqués. C’est notamment le cas des décrets La très grande variété de ses savoir-faire sectoriels réglementant l’investissement étranger en France. Que se traduit en effet par des investissements étrangers disent-ils ? En résumé, tout groupe étranger souhaitant dans tous les pans de l’économie française : industries prendre le contrôle d’une entreprise française dans les traditionnelles et de pointe, services aux entreprises et secteurs de l’énergie, des télécoms, des transports, aux consommateurs, transport et logistique… de l’eau ou de la santé doit obtenir préalablement Ainsi, les cinq premiers secteurs d’activité en matière l’autorisation de l’État. Notons que la France ne fait que d’IDE ne représentent qu’un peu plus de la moitié du total dupliquer des principes de défense existants chez ses des projets accueillis en 2017 en France, contre 58 % en concurrents… Allemagne et 60 % au Royaume-Uni. Le fonctionnement de l’économie française se caractérise à la fois par une hyper-concentration des centres de décision à Paris (État et administrations, finance, médias, influenceurs…) et par une grande diversité – pour ne pas dire dispersion – des acteurs et responsables publics (régions, départements, intercommunalités, réseaux consulaires…) quand bien même certains d’entre eux disparaissent progressivement du champ de l’action industrielle. 19
Baromètre EY de l’attractivité industrielle de la France : le grand paradoxe ... pour soutenir les dynamiques territoriales, en particulier dans les villes moyennes La France est riche de ses territoires. Loin des drames indique que 65 % des investissements se réalisent dans industriels dans des zones en souffrance qui rythment des villes moyennes, territoires ruraux ou péri-urbains. parfois l’actualité, le Baromètre attractivité EY 2018 II Répartition des projets d’investissement étranger par activité et type de territoire Centres de décision Centres R&D Fonctions tertiaires Activités industrielles et commerciales 8% 3% 8% 9% 28 % 8% 17 % 84 % 75 % 88 % 42 % 30 % Très grande ville et métropole Moyenne et grande ville Zone rurale et petite ville > 200 000 habitants De 20 000 à 200 000 habitants Moins de 20 000 habitants Source : Baromètre EY de l’attractivité de la France 2018 (données IBM 2017) Signée Trendeo, une autre étude témoigne du Les industriels étrangers investissent les écosystèmes, dynamisme industriel d’un certain nombre de villes tels que la FrenchTech, la FrenchFab ou les pôles moyennes. Ainsi, dans la zone de Vitré, en Ille-et-Vilaine, de compétitivité. À titre d’exemple, le nombre l’emploi industriel est 7,4 fois plus concentré que dans le d’interventions d’investisseurs étrangers dans des reste de la France. levées de fonds de start-up françaises a bondi de 62 % Parmi les régions françaises, les Hauts-de-France, entre 2016 et 2017. Les collaborateurs internationaux Auvergne-Rhône-Alpes et Grand Est sont en tête des soulignent pour leur part la qualité de vie et la culture classements pour la création ou l’extension de sites locale (pour 90 % des répondants), l’accès aux services industriels portés par des investisseurs étrangers. de santé (pour 85 % des répondants), la qualité des Ainsi, 138 des 323 projets recensés en 2017 y sont infrastructures de transport et de télécommunications localisés, dans des secteurs aussi divers que l’automobile (pour 75 %), ainsi que la garde et la scolarité des enfants et l’aéronautique, la chimie et la plasturgie ou encore (67 %). l’agroalimentaire. II Les villes moyennes les plus dynamiques pour l’emploi industriel en France (2017) Rang Ville Nombre % de la population % des emplois Sur- d’emplois employée en France industriels en France représentation 1 Vitré 22 667 0,1 % 0,74 % 773,7 % 2 Cherbourg - Octeville 75 963 0,3 % 2,24 % 692,2 % 3 Saint-Nazaire 106 392 0,4 % 3,09 % 681,7 % 4 Flers 38 888 0,1 % 0,91 % 32,2 % 5 Sarreguemines 35 455 0,1 % 0,79 % 501,5 % 6 Le Creusot-Montceau 36 075 0,1 % 0,69 % 412,4 % 7 Belfort - Montbéliard - Héricourt 139 777 0,5 % 2,59 % 398,0 % 8 Coutances 20 703 0,1 % 0,38 % 392,9 % 9 Fougères 25 614 0,1 % 0,47 % 389,7 % 10 Valenciennes 128 025 0,5 % 2,25 % 371,8 % Source : Trendeo 20
Baromètre EY de l’attractivité industrielle de la France : le grand paradoxe TÉMOIGNAGE Thierry Herning Président de BASF France Pour quelles raisons la France est-elle encore un pays qui compte dans le domaine industriel ? La France est un pays majeur de la chimie mondiale. C’est le 2e pays en Europe après l’Allemagne, le 7e dans le monde. Un large spectre d’industries clientes y sont présentes : plastique, construction, Il faut aller pharmacie, aéronautique, santé, agriculture… C’est donc un marché incontournable pour BASF. plus loin dans les La France a des atouts aussi remarquables que singuliers : une ouverture à l’innovation, une fiscalité favorable – notamment grâce réformes. au crédit d’impôt recherche – et un vivier d’ingénieurs d’une grande richesse. C’est en raison de cet environnement que nous avons décidé d’y implanter deux nouveaux centres de recherche ces dernières années. En contrepartie, nos sièges sont parfois surpris par la réglementation française. Il est déroutant de constater à la fois le plaidoyer pro-européen de la France et la facilité avec laquelle son cadre réglementaire va au-delà des textes européens, en surtransposition, créant un handicap pour l’attractivité industrielle. Comment envisagez-vous la suite ? Les récentes réformes vont dans le bon sens : charges salariales, code du travail. Nous suivons avec intérêt la mise en place de ces dispositions. Il faut aller plus loin. Par exemple, la baisse programmée de l’IS à 25 % est positive, mais une réforme d’impôts de production est nécessaire. Là encore, ils singularisent la France en Europe. 21
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Baromètre EY de l’attractivité industrielle de la France : le grand paradoxe Perspective L’industrie française face aux défis de son attractivité Aimer l’industrie Poursuivre la ne suffira pas transformation de notre attractivité À cause ou en dépit de ces paradoxes, 75 % des investisseurs étrangers croient en notre industrie selon le Baromètre EY de l’attractivité. Ils auraient tort de Les dirigeants le disent, la priorité des priorités est de bouder leur plaisir puisque leur choix s’avère payant. retrouver des marges de manœuvre financière et de la En effet, les filiales de groupes étrangers sont plus compétitivité-coût. De ce point de vue, la transformation performantes que les entreprises franco-françaises. en 2019 du CICE en baisse de charges et la réduction Selon une étude du Conseil d’analyse économique (CAE), programmée d’ici 2022 du taux de l’IS à 25 % - c’est-à- les filiales de groupes étrangers sont 18 % plus grandes et dire au niveau de la moyenne européenne - vont dans le emploient 10 % de plus de personnes que les entreprises bon sens. Mais le sujet des impôts de production reste domestiques, toutes choses égales par ailleurs. Quant sur la table. aux différences de productivité, elles sont également avérées, mais plus modérées puisqu’elles n’atteignent Bien sûr, il faut inciter à l’innovation, pour qu’elle jamais plus de 4 % en moyenne entre les filiales devienne une priorité pour les entreprises. Ce n’est pas étrangères et les firmes domestiques. encore le cas. Entre 2014 et 2016, seules 51 % des sociétés de 10 salariés ou plus ont innové. L’État ne fait Les chefs d’entreprises ne sont pas les seuls à être guère mieux. Il ne représente qu’un tiers de la dépense convaincus du potentiel industriel tricolore. Les Français intérieure de Recherche & Développement (DIRD) de la y croient également et ils y sont très attachés : 73 % des France. Soutenir la robotisation et miser sur l’industrie du consommateurs sont prêts à payer plus pour des produits futur, et en particulier sur l’intelligence artificielle, sont garantis Made in France. C’est ce qui ressort d’une des évidences. enquête publiée par le magazine LSA en février 2018. Il est également impératif de trouver et de former de Bien entendu, l’industrie française ne peut rester statique nouvelles compétences puisque si les prévisions du si elle veut rester compétitive, se montrer encore plus Conseil d’orientation pour l’emploi (COE) s’avèrent justes, innovante et renforcer sa capacité d’exportation. 80 000 emplois dans le numérique pourraient naître d’ici Et continuer à séduire les investisseurs étrangers 2020. qui représentent justement 35 % de nos exportations industrielles. À l’évidence, il faut partir à la chasse de nouvelles ressources financières, puisque si le nombre des levées de fonds dans le capital-risque et le capital développement progressent vite, les montants restent encore faibles par rapport à ceux levés au Royaume-Uni, aux États-Unis et en Chine. 23
Baromètre EY de l’attractivité industrielle de la France : le grand paradoxe Faire confiance aux industriels n’est pas un pari insensé Ce sont eux qui ont lancé les pôles de compétitivité en Par leur savoir-faire, par leur esprit d’initiative, leur 2004 avec l’idée de faire jouer les synergies entre les esprit de conquête, ce sont eux qui, in fine, ont permis acteurs d’un même secteur. à la France de rester à la pointe de l’innovation, de la créativité et de l’excellence dans de nombreux secteurs. Dans la vallée de la chimie, dans le sillon rhodanien, ce Sans nul doute, c’est en leur donnant les moyens d’être sont eux qui se sont mobilisés pour prendre en main leur encore plus forts que la France pourra rester attractive. avenir à travers l’Appel des 30. En effet, que nous disent les dirigeants étrangers que Ce sont eux qui, lors de la crise de 2008 dans la vallée de nous rencontrons tous les jours ? Pour que l’industrie l’Arve, ont fait jouer les solidarités pour sauver l’industrie retrouve son lustre d’antan et joue à nouveau pleinement de la plasturgie alors que plus aucun client ou fournisseur son rôle d’aiguillon de l’économie française, leur idée ne pouvait payer ses factures. est simple : qu’on leur fasse confiance, toujours, qu’on soutienne leurs projets, parfois, et qu’on aligne les Ce sont eux qui, à Toulouse, ont créé des écoles de normes avec la moyenne européenne afin de leur peinture industrielle dans le secteur aéronautique pour permettre d’agir, de se transformer mieux et plus lutter contre la pénurie de compétences. rapidement, de réagir plus vite aux opportunités qui se présentent à elles, et aux ruptures qui s’imposent à elles. Ce sont eux qui, pour compenser le niveau du coût du travail en France, ont permis à l’économie française d’être À ce prix, la France industrielle révèlera encore davantage si productive, dans une adaptation si darwinienne… son extraordinaire potentiel. 24
Baromètre EY de l’attractivité industrielle de la France : le grand paradoxe Contacts Aymeric de La Morandière Marc Lhermitte Olivier Lluansi Associé Associé Associé Responsable de l’animation du secteur Responsable du Secteur Public en Manufacturing Industrie pour EY en France France, en charge des baromètres Ernst & Young Advisory Ernst & Young et Associés de l’attractivité 01 46 93 84 25 01 46 93 72 64 Ernst & Young Advisory olivier.lluansi@fr.ey.com aymeric.de.la.morandiere@fr.ey.com 01 46 93 72 76 marc.lhermitte@fr.ey.com Publications EY Baromètre EY de la croissance 2018 France Croire en Baromètre EY Retour l’Industrie du de l’investissement dans les entreprises gagnant ? Baromètre EY de l’attractivité Game futur et au futur de l’industrie innovantes en France Quelle stratégie de développement dans France 2018 changers 1er semestre 2018 un monde qui change ? EY’s Attractiveness Survey Comment les PME et ETI françaises Europe prennent leur avenir en main June 2018 The better the question. The better the answer. The better the world works. Baromètre de l’attractivité de la France - Juin 2018 1 Retour gagnant Game changers Croire en l’industrie Baromètre EY de Baromètre EY de la Baromètre Baromètre du futur et au futur l’investissement dans croissance des PME de l’attractivité de l’attractivité de l’industrie les entreprises et ETI en France de la France 2018 de l’Europe 2018 2017 innovantes en France 2018 1er semestre 2018 25
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