Le programme la musique nous rapproche - Jeudi 14 février Théâtre des Champs-Élysées - Orchestre de chambre de Paris
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la musique nous rapproche le programme Jeudi 14 février Théâtre des Champs-Élysées Mark Padmore — © Marco Borggreve orchestredechambredeparis.com
le concert Nuit d’hiver avec Schubert SCHUBERT Symphonie n o 8 en si mineur « Inachevée » — Entracte — ZENDER Schuberts Winterreise – Voyage d’hiver, une interprétation composée pour ténor et petit orchestre Douglas Boyd direction Mark Padmore ténor Durée du concert : environ 2h10, entracte compris Bonus numériques sur orchestredechambredeparis.com 2
les œuvres QUOI ? Symphonie n o 8 en si mineur « Inachevée », D 759 QUI ? Franz Schubert (1797-1828) QUAND ET OÙ ? Création : le 17 décembre 1865, à Vienne COMMENT ? I. Allegro moderato, II. Andante con moto QUELLE DURÉE ? 25 minutes C « onnaissez-vous une musique heureuse ? », demandait Schubert à ses amis. Et la réponse tombait : « Moi, pas. » Ceci est vrai dès ses premières œuvres, et même quand la musique paraît radieuse, ou légère, et peut-être même insouciante. La célèbre Truite, que tout le monde chantonne sans en connaître les paroles, n’est-elle pas une tragédie miniature ? Il y a toujours dans l’âme schubertienne un fond de souffrance, parfois inexprimée, quand il ne sourit pas à travers les larmes. Ainsi cette symphonie, dont il n’acheva que deux mouvements, Dieu sait pourquoi. Ne s’ouvre-t-elle pas sur un poignant murmure venu des profondeurs ? Puis ce premier thème, qui lentement se déroule, navré, avant qu’un nouveau motif, en majeur celui-là, merveilleux d’apparente sérénité, ne s’élève sur des palpitations que viennent briser de grands accords tragiques… Le second mouvement, à son tour, oppose de multiples affects, détentes et violences, tendresse à peine avouée et climats mystérieux, qui semblent ne jamais devoir se dissiper. Quelle vie d’émotion chez ce jeune homme de vingt-cinq ans ! Ruptures, changements d’éclairages, incoercible tristesse, solitude et errance traduites en lignes vocales dans ces arcs-en-ciel de l’âme… Il faut avoir vu, à Vienne, l’autographe original de la partition de Schubert : très belle écriture, fine, élégante, parfaitement lisible. Et puis tout s’arrête après l’Andante. Il reste des notes jetées, des esquisses, des bribes, deux pages orchestrées. On ne peut rien en faire (même s’il en a existé quelques tentatives). Un début… puis rien. Grande émotion. ■ Cette année-là… Schubert note un rêve. Texte bouleversant : « Si je voulais chanter l'amour, il se muait en douleur, et si je voulais à nouveau ne chanter que la douleur, elle se transformait pour moi en amour. » Et puis, entendant une « musique ravissante » : « J'éprouvai la béatitude éternelle comme ramassée en un instant. » 3
Schuberts Winterreise, QUOI ? une interprétation composée pour ténor et petit orchestre © Breitkopf & Härtel, Wiesbaden QUI ? Hans Zender (1936), d’après Franz Schubert (1797-1828) Création de la version originale de Schubert : 1827, à Vienne QUAND ET OÙ ? Création de la version revisitée par Hans Zender : 1993, à Francfort I. Gute Nacht, II. Die Wetterfahne, III. Gefrorne Tränen, IV. Erstarrung, V. Der Lindenbaum, VI. Wasserflut, VII. Auf dem Flusse, VIII. Rückblick, IX. Irrlicht, X. Rast, XI. Frühlingstraum, XII. Einsamkeit, XIII. Die Post, COMMENT ? XIV. Der greise Kopf, XV. Die Krähe, XVI. Letzte Hoffnung, XVII. Im Dorfe, XVIII. Der stürmische Morgen, XIX. Täuschung, XX. Der Wegweiser, XXI. Das Wirtshaus, XXII. Mut, XXIII. Die Nebensonnen, XXIV. Der Leiermann Textes de Wilhelm Müller QUELLE DURÉE ? 85 minutes A vec Voyage d’hiver, Schubert pousse plus loin l’expression de la douleur et du désespoir. Quatre ans plus tôt, il a eu la révélation de la terrible et impitoyable maladie qui le condamnait à brève échéance, destin tragique qu’il partage avec tant de grands romantiques, de Hoffmann à Hugo Wolf. Au début de l’année 1827, celle de ses trente ans, il traverse une profonde vague dépressive. Il travaille en secret. À bout de forces. Un jour, il déclare à ses amis : « Je vais vous chanter un cycle de lieder sinistres. Ils m'ont beaucoup plus touché que d'autres. » Ce sont les premiers de ce qui constituera Voyage d’hiver. Survient, à l’orée du printemps, la mort de Beethoven, qui le bouleverse. En compagnie de ses amis, revenant de l’enterrement du maître, n’a-t-il pas porté un toast au prochain qui le suivrait dans la tombe, vœu prémonitoire ? Il faut attendre l'automne pour le voir capable de se remettre au travail. Et c’est alors une intense fièvre créatrice qui s’empare de lui, comme pour conjurer les assauts dépressifs qui le tenaillent. Il accumule chef-d’œuvre sur chef-d’œuvre, Trios, Impromptus, Fantaisie à quatre mains, dernières sonates pour piano, grande Messe en mi bémol, Quintette à deux violoncelles, tout cela en à peine une année. Et d’abord ce cycle de vingt-quatre lieder pour ténor et piano, aux paysages intérieurs désolés. Ce voyageur solitaire, dans les frimas et une nature glacée comme l’est son cœur, c’est lui-même, bien sûr, errant parmi ses souvenirs, dont la nature reflète l’âme. Après avoir « revisité » Haydn puis Debussy, le compositeur allemand Hans Zender a abordé ce Voyage d’hiver pour l’interpréter, le commenter, le « revisiter » à son tour. Lui-même parle d’une « interprétation composée ». La voix est celle du ténor, la voix même de Schubert dans la version originale de l’œuvre. Or ce n’est plus le 4
piano qui l’escorte, mais le « petit orchestre » d’un ensemble instrumental de vingt- cinq musiciens extrêmement diversifié, chacun jouant de plusieurs instruments, dont trois percussionnistes, un accordéon, un harmonica, une guitare, une harpe, un saxophone, jusqu’à une machine à vent dans la percussion. La ligne vocale, les paroles de Wilhelm Müller, rien n’est changé, ou presque, des vingt-quatre lieder, si ce n’est que les silences sont « habités » de mouvements de marche obsessionnels, de sifflements d’un vent glaçant, de silences affolants. Hiver terrible. Hans Zender parle très clairement de son travail. Il se fonde sur le constat de la liberté inhérente à toute interprétation. Chanteurs et pianistes ne s’expriment jamais en respectant le texte de façon rigoureuse et métronomique, mais s’autorisent, fort heureusement, la liberté de varier les nuances, les couleurs, les accents pour mieux dégager la puissance expressive des textes. Mais sa démarche le mène plus loin. « S’y ajoutent les différentes possibilités de “lire” la musique : sauter dans le texte, répéter certaines lignes à plusieurs reprises, interrompre la continuité, comparer différents modes de lecture d’une même partie. Une autre possibilité extrême, dont je me suis servi dans mon interprétation, est le déplacement des sons dans l’espace. » Émiettement du dispositif instrumental, mélodies de timbres, passages parlés plongent l’auditeur dans le monde de l’expressionnisme allemand du début du siècle dernier. Et voici que, familier de Pierrot lunaire, Zender fait du voyageur de Schubert un frère de Schönberg. Surprenante de prime abord, cette lecture revisitée devient vite envoûtante. ■ Cette année-là… Contemporain de Schubert, le génial peintre Caspar David Friedrich figure la solitude de l’homme dans l’univers, au milieu de paysages désolés et glacés : Corbeaux sur un arbre, Paysage d’hiver avec église, Cimetière sous la neige… Textes : Gilles Cantagrel 5
les textes Hans ZENDER Schuberts Winterreise Voyage d’hiver de Schubert Textes de Wilhelm Müller I. Gute Nacht I. Bonne nuit Fremd bin ich eingezogen, Étranger je suis arrivé, Fremd zieh ich wieder aus. Étranger m’en vais aujourd’hui. Der Mai war mir gewogen Le joli mai m’avait souri Mit manchem Blumenstrauß. De ses mille gerbes de fleurs. Das Mädchen sprach von Liebe, La belle me parlait d’amour Die Mutter gar von Eh – Et la mère de mariage ; Nun ist die Welt so trübe, À présent, le monde est si sombre, Der Weg gehüllt in Schnee. Le chemin sous la neige enfoui. Ich kann zu meiner Reisen Et je ne puis, pour mon départ, Nicht wählen mit der Zeit: Désormais décider de l’heure : Muß selbst den Weg mir weisen C’est à moi de trouver ma route In dieser Dunkelheit. Dans cette nuit qui m’environne. Es zieht ein Mondenschatten L’ombre blafarde de la lune Als mein Gefährte mit, Accompagne seule mes pas, Und auf den weißen Matten Et sur les étendues livides, Such ich des Wildes Tritt. Je cherche trace du gibier. Was soll ich länger weilen, Pourquoi donc plus longtemps attendre Bis man mich trieb’ hinaus? Que l’on me chasse de ces lieux ? Laß irre Hunde heulen Que les chiens fous hurlent, s’ils veulent, Vor ihres Herren Haus! Aux portes des logis bien clos ! Die Liebe liebt das Wandern, L’amour a l’âme vagabonde, Gott hat sie so gemacht – C’est Dieu qui l’a créé ainsi ; Von einem zu dem andern – Un jour ici, un jour ailleurs, Fein Liebchen, gute Nacht! Ô ma mignonne, bonne nuit. Will dich im Traum nicht stören, Je ne veux point troubler ton rêve, Wär schad um deine Ruh, Ton repos en souffrirait trop, Sollst meinen Tritt nicht hören – Tu ne m’entendras pas partir, Sacht, sacht die Türe zu! Doucement je ferme la porte ! Schreib’ im Vorübergehen Et sur le porche, à mon passage, Ans Tor dir gute Nacht, Je grave ces mots : Bonne nuit, Damit du mögest sehen, Afin qu’ainsi tu te souviennes An dich hab ich gedacht. Qu’en partant j’ai pensé à toi. II. Die Wetterfahne II. La girouette Der Wind spielt mit der Wetterfahne Le vent joue avec la girouette Auf meines schönen Liebchens Haus. Sur le toit de ma bien-aimée. Da dacht ich schon in meinem Wahne, Et moi je crois, dans ma folie, Sie pfiff’ den armen Flüchtling aus. Qu’elle se rit du fugitif. 6
Er hätt es eh’r bemerken sollen, Que ne l’a-t-il compris plus tôt, Des Hauses aufgestecktes Schild, Ce signe au front de sa demeure : So hätt er nimmer suchen wollen Jamais il n’eût cherché ici Im Haus ein treues Frauenbild. Une fille qui fût fidèle. Der Wind spielt drinnen mit den Herzen Le vent se joue avec les cœurs Wie auf dem Dach, nur nicht so laut. Comme sur les toits, mais sans bruit. Was fragen sie nach meinen Schmerzen? Et que leur importe ma peine ? Ihr Kind ist eine reiche Braut. Leur fille est un riche parti. III. Gefrorne Tränen III. Larmes de gel Gefrorne Tropfen fallen Des larmes de gel Von meinen Wangen ab: Tombent de mes joues : Ob mir es denn entgangen, Ah, sans le savoir Daß ich geweinet hab? Aurais-je pleuré ? Ei Tränen, meine Tränen, Ô larmes, mes larmes, Und seid ihr gar so lau, Étiez-vous si tièdes Daß ihr erstarrt zu Eise Que le gel vous fige Wie kühler Morgentau? Comme fraîche rosée ? Und dringt doch aus der Quelle Pourtant de mon cœur Der Brust so glühend heiß, Vous jaillissez brûlantes, Als wolltet ihr zerschmelzen Comme si vous vouliez faire fondre Des ganzen Winters Eis. Toute la glace de l’hiver ! IV. Erstarrung IV. L’image figée Ich such im Schnee vergebens En vain je cherche dans la neige Nach ihrer Tritte Spur, La trace de ses pas, Wo sie an meinem Arme Là où, prenant mon bras, Durchstrich die grüne Flur. Elle allait par les prés fleuris. Ich will den Boden küssen, Je veux baiser le sol, Durchdringen Eis und Schnee Transpercer glace et neige Mit meinen heißen Tränen, De mes larmes brûlantes, Bis ich die Erde seh. Jusqu’à ce que la terre à mes yeux apparaisse. Wo find ich eine Blüte, Où trouver une fleur ? Wo find ich grünes Gras? Un seul brin d’herbe verte ? Die Blumen sind erstorben, Les fleurs ici sont mortes Der Rasen sieht so blaß. Et le gazon jauni. Soll denn kein Angedenken D’ici n’emporterai-je Ich nehmen mit von hier? Le moindre souvenir ? Wenn meine Schmerzen schweigen, Quand se taira ma peine, Wer sagt mir dann von ihr? Qui me parlera d’elle ? Mein Herz ist wie erstorben, Et dans mon cœur glacé Kalt start ihr Bild darin: Sa froide image est prise : Schmilzt je das Herz mir wieder, Que mon cœur se réchauffe Fließt auch ihr Bild dahin. Et ses traits se perdront. 7
V. Der Lindenbaum V. Le tilleul Am Brunnen vor dem Tore Devant le porche, à la fontaine, Da steht ein Lindenbaum: Est planté un tilleul ; Ich träumt’ in seinem Schatten J’ai rêvé dans son ombre So manchen süßen Traum. Tant de rêves charmants, Ich schnitt in seine Rinde Gravé dans son écorce So manches liebe Wort; Tant de mots amoureux ; Es zog in Freud und Leide Dans la joie, dans la peine, Zu ihm mich immerfort. Toujours vers lui j’allais. Ich mußt’ auch heute wandern Longtemps j’ai dû marcher Vorbei in tiefer Nacht, Dans la profonde nuit, Da hab ich noch im Dunkel Et j’ai, dans les ténèbres, Die Augen zugemacht. Encore fermé les yeux. Und seine Zweige rauschten, Et ses rameaux bruissaient, Als riefen sie mir zu: Comme s’ils me disaient : Komm her zu mir, Geselle, Ami, reviens à moi, Hier findst du deine Ruh! Ici est ton repos ! Die kalten Winde bliesen Les vents glacés sifflaient Mir grad ins Angesicht, Et fouettaient mon visage, Der Hut flog mir vom Kopfe, Mon chapeau s’envola, Ich wendete mich nicht. Mais je ne me retournai pas. Nun bin ich manche Stunde De ce lieu bien des heures Entfernt von jenem Ort, À présent me séparent, Und immer hör ich’s rauschen: Et toujours j’entends murmurer : Du fändest Ruhe dort! Ici est ton repos ! VI. Wasserflut VI. Torrent Manche Trän’ aus meinen Augen Tant de larmes de mes yeux Ist gefallen in den Schnee; Sont tombées dans la neige ; Seine kalten Flocken saugen Ses flocons glacés ont soif Durstig ein das heiße Weh. De ma peine brûlante. Wenn die Gräser sprossen wollen, Quand l’herbe sera près d’éclore, Weht daher ein lauer Wind, Soufflera un vent plus doux, Und das Eis zerspringt in Schollen, Et la glace éclatera, Und der weiche Schnee zerrinnt. Et la molle neige fondra. Schnee, du weißt von meinem Sehnen: Neige, tu sais mon désir ; Sag mir, wohin geht dein Lauf? Oh, dis-moi, où va ton cours ? Folge nach nur meinen Tränen, Tu n’as qu’à suivre mes larmes, Nimmt dich bald das Bächlein auf. Le ruisseau t’accueillera. Wirst mit ihm die Stadt durchziehen, Avec lui va par la ville, Muntre Strassen ein und aus: À travers les rues joyeuses ; Fühlst du meine Tränen glühen, Sens-tu comme mes larmes brûlent ? Da ist meiner Liebsten Haus. C’est la maison de mon aimée. 8
VII. Auf dem Flusse VII. Sur le fleuve Der du so lustig rauschtest, Toi qui murmurais si gaiement, Du heller, wilder Fluß, Fleuve limpide, fleuve ardent, Wie still bist du geworden, Comme te voilà silencieux, Gibst keinen Scheidegruß. Sans même un seul signe d’adieu. Mit harter, starrer Rinde D’une écorce rude, inflexible, Hast du dich überdeckt, Voilà que tu t’es recouvert, Liegst kalt und unbeweglich Et tu gis, glacé, immobile, Im Sande ausgestreckt. Dans ton lit de sable étendu. In deine Decke grab ich Sur ton froid manteau j’ai gravé, Mit einem spitzen Stein Avec le tranchant d’une pierre, Den Namen meiner Liebsten Le nom de celle que j’aimais, Und Stund und Tag hinein: Et sous ce nom le jour et l’heure : Den Tag des ersten Grußes, Le jour de nos premiers regards, Den Tag, an dem ich ging; Le jour aussi de mon départ ; Um Nam’ und Zahlen windet Autour du nom, autour des dates, Sich ein zerbrochner Ring. J’ai tracé un anneau brisé. Mein Herz, in diesem Bache Mon cœur, en cette onde immobile, Erkennst du nun dein Bild? Reconnais-tu ta propre image ? Ob’s unter seiner Rinde Et sous son écorce sans vie Wohl auch so reißend schwillt? Bouillonne-t-elle aussi ardente ? VIII. Rückblick VIII. Regard en arrière Es brennt mir unter beiden Sohlen, Quelle brûlure sous mes pieds, Tret ich auch schon auf Eis und Schnee. Bien que je foule glace et neige ; Ich möcht nicht wieder Atem holen, Je ne veux plus reprendre haleine Bis ich nicht mehr die Türme seh. Tant que les tours seront en vue. Hab mich an jedem Stein gestoßen, J’ai trébuché à chaque pierre So eilt’ ich zu der Stadt hinaus; Tant j’ai couru pour fuir la ville ; Die Krähen warfen Bäll’ und Schloßen Les corbeaux criblaient de grêlons Auf meinen Hut von jedem Haus. Mon chapeau, du toit des maisons. Wie anders hast du mich empfangen, Ton accueil, pourtant, fut tout autre, Du Stadt der Unbeständigkeit! Ô toi, ville de l’inconstance ! An deinen blanken Fenstern sangen À perdre haleine, à tes claires fenêtres, Die Lerch’ und Nachtigall im Streit. Le rossignol, l’alouette chantaient. Die runden Lindenbäume blühten, Les tilleuls ronds étaient en fleurs, Die klaren Rinnen rauschten hell, Et les clairs ruisseaux babillaient, Und ach, zwei Mädchenaugen glühten! – Et deux beaux yeux, hélas, brillaient ! Da war’s geschehn um dich, Gesell! L’ami, c’en était fait de toi ! Kommt mir der Tag in die Gedanken, Ah, quand ce jour revient à ma mémoire, Möcht ich noch einmal rückwärts sehn, Que je voudrais pouvoir regarder en arrière, Möcht ich zurücke wieder wanken, M’en retourner, tout chancelant, Vor ihrem Hause stille stehn. Et rester immobile et muet à sa porte. 9
IX. Irrlicht IX. Feu follet In die tiefsten Felsengründe Dans les entrailles de ces gorges, Lockte mich ein Irrlicht hin: Un feu follet m’a attiré : Wie ich einen Ausgang finde, Savoir comment j’en sortirai, Liegt nicht schwer mir in dem Sinn. Voilà qui ne m’inquiète guère. Bin gewohnt das Irregehen, L’errance est mon lot familier, ’s führt ja jeder Weg zum Ziel: Tous les chemins vont à leur terme : Unsre Freuden, unsre Leiden, Nos joies aussi bien que nos peines, Alles eines Irrlichts Spiel! Tout n’est que jeu d’un feu follet ! Durch des Bergstroms trockne Rinnen Par le lit à sec du torrent Wind’ ich ruhig mich hinab – Jusqu’en bas me glisse sans crainte ; Jeder Strom wird’s Meer gewinnen, Tous les fleuves vont à la mer, Jedes Leiden auch sein Grab. Toutes nos peines à la tombe. X. Rast X. Halte Nun merk ich erst, wie müd ich bin, Ce n’est qu’en m’allongeant pour trouver le repos Da ich zur Ruh mich lege; Que je sens combien je suis las ; Das Wandern hielt mich munter hin L’errance jusqu’alors me maintenait alerte, Auf unwirtbarem Wege. Sur d’hostiles chemins. Die Füße frugen nicht nach Rast, Mes pieds jamais ne réclamaient de halte, Es war zu kalt zum Stehen, Pour s’arrêter il faisait bien trop froid ; Der Rücken fühlte keine Last, Mon dos ne sentait point la charge, Der Sturm half fort mich wehen. La tempête toujours me poussait en avant. In eines Köhlers engem Haus D’un charbonnier la hutte étroite Hab Obdach ich gefunden; Me sert pour un moment d’abri ; Doch meine Glieder ruhn nicht aus, Mais mes membres, hélas, ne trouvent nul repos, So brennen ihre Wunden. Tant leurs blessures sont ardentes. Auch du, mein Herz, im Kampf und Sturm Et toi, mon cœur, dans la lutte et l’orage, So wild und so verwegen, Toujours indomptable et hardi, Fühlst in der Still erst deinen Wurm Ce n’est qu’en reposant que tu sens la morsure Mit heißem Stich sich regen! Du ver qui te dévore avec son dard de feu. XI. Frühlingstraum XI. Rêve de printemps Ich traümte von bunten Blumen, Je rêvais de bouquets aux couleurs chatoyantes, So wie sie wohl blühen im Mai, Comme on en voit en mai fleurir, Ich träumte von grünen Wiesen, Je rêvais de prairies à l’herbe verdoyante, Von lustigem Vogelgeschrei. Et du chant joyeux des oiseaux. Und als die Hähne krähten, Quand les coqs ont poussé leur cri, Da ward mein Auge wach; Alors mes yeux se sont ouverts ; Da war es kalt und finster, Il faisait froid, il faisait sombre, Es schrien die Raben vom Dach. Les corbeaux hurlaient sur le toit. Doch an den Fensterscheiben Pourtant, sur le carreau des vitres, Wer malte die Blätter da? Qui a dessiné ces feuillages ? Ihr lacht wohl über den Träumer, Ah ! vous vous moquez du rêveur Der Blumen im Winter sah? Qui voyait des fleurs en hiver ? 10
Ich träumte von Lieb um Liebe, Je rêvais d’amours infinies, Von einer schönen Maid, Et la fille était si jolie, Von Herzen und von Küssen, De caresses et de baisers, Von Wonne und Seligkeit. De bonheur et de voluptés. Und als die Hähne krähten, Quand les coqs ont poussé leur cri, Da ward mein Herze wach; Alors mon cœur s’est réveillé ; Nun sitz ich hier alleine Et je suis seul, bien seul ici, Und denke dem Traume nach. Songeant à mon rêve envolé. Die Augen schließ ich wieder, Alors je referme les yeux, Noch schlägt das Herz so warm. Mon cœur bat encore si fort. Wann grünt ihr Blätter am Fenster? Quand reverdiras-tu, feuillage, à la fenêtre, Wann halt ich mein Liebchen im Arm? Quand tiendrai-je en mes bras celle que j’aime tant ? XII. Einsamkeit XII. Solitude Wie eine trübe Wolke Comme un nuage sombre Durch heitre Lüfte geht, Passe dans l’air serein, Wenn in der Tanne Wipfel Aux cimes des sapins Ein mattes Lüftchen weht: Quand souffle un vent léger, So zieh ich meine Straße Ainsi je suis ma route Dahin mit trägem Fuß, Et vais, traînant le pas, Durch helles, frohes Leben, Traversant cette vie si joyeuse et si claire, Einsam und ohne Gruß. Moi qui suis solitaire et qu’on ne salue pas. Ach, daß die Luft so ruhig! Ah, que l’air est tranquille ! Ach, daß die Welt so licht! Ah, que le monde est beau ! Als noch die Stürme tobten, Quand les tempêtes faisaient rage, War ich so elend nicht. Hélas, j’étais moins malheureux. XIII. Die Post XIII. La poste Von der Straße her ein Posthorn klingt. Le cor du postillon résonne dans la rue. Was hat es, daß es so hoch aufspringt, Qu’as-tu donc à bondir ainsi, Mein Herz? Mon cœur ? Die Post bringt keinen Brief für dich: Non, la poste pour toi n’apporte nulle lettre. Was drängst du denn so wunderlich, Pourquoi cette inquiétude étrange, Mein Herz? Mon cœur ? Nun ja, die Post kommt aus der Stadt, Vois, la poste vient de la ville Wo ich ein liebes Liebchen hatt’, Où j’avais une tendre amie, Mein Herz! Mon cœur ! Willst wohl einmal hinübersehn Veux-tu y aller voir toi-même et demander Und fragen, wie es dort mag gehn, Comment on se porte là-bas, Mein Herz? Mon cœur ? 11
XIV. Der greise Kopf XIV. La tête blanche Der Reif hat einen weißen Schein D’un voile blanc le givre Mir übers Haar gestreuet. A poudré mes cheveux. Da glaubt’ ich schon ein Greis zu sein, Je me suis cru alors devenu un vieillard, Und hab’ mich sehr gefreuet. Et m’en suis réjoui. Doch bald ist er hinweggetaut, Mais comme une rosée bientôt tout disparut, Hab wieder schwarze Haare, Et mes cheveux sont toujours noirs. Daß mir’s vor meiner Jugend graut – Ah, comme je hais ma jeunesse, Wie weit noch bis zur Bahre! Qu’il est long le chemin qui conduit au tombeau ! Vom Abendrot zum Morgenlicht Du crépuscule au petit jour, Ward mancher Kopf zum Greise. Plus d’une tête devient blanche. Wer glaubt’s? Und meiner ward es nicht Mais la mienne, qui le croirait ? Auf dieser ganzen Reise! N’a point changé de tout ce long voyage. XV. Die Krähe XV. La corneille Eine Krähe war mit mir Une corneille m’a suivi Aus der Stadt gezogen, Depuis les portes de la ville, Ist bis heute für und für Aujourd’hui encore elle est là, Um mein Haupt geflogen. Volant au-dessus de ma tête. Krähe, wunderliches Tier, Corneille, étrange créature, Willst mich nicht verlassen? Ne me quitteras-tu jamais ? Meinst wohl bald als Beute hier Penses-tu, comme d’une proie, Meinen Leib zu fassen? De mon corps faire ta pâture ? Nun, es wird nicht weit mehr gehn Va, mon bâton de pèlerin An dem Wanderstabe. Ne me mènera plus très loin. Krähe, laß mich endlich sehn Qu’au moins je trouve en toi, corneille, Treue bis zum Grabe! Fidélité jusqu’au tombeau ! XVI. Letzte Hoffnung XVI. Dernier espoir Hie und da ist an den Bäumen Çà et là, aux branches des arbres, Manches bunte Blatt zu sehn, Quelques feuilles encore ont laissé leurs couleurs ; Und ich bleibe vor den Bäumen Au pied des arbres, immobile, Oftmals in Gedanken stehn. Je demeure souvent perdu dans mes pensées. Schaue nach dem einen Blatte, Alors je contemple une feuille, Hänge meine Hoffnung dran; Et je suspends à elle mon espoir ; Spielt der Wind mit meinem Blatte, Que le vent joue avec ma feuille, Zittr’ ich, was ich zittern kann. Et je tremble de tout mon corps. Ach, und fällt das Blatt zu Boden, Ah ! si la feuille tombe à terre, Fällt mit ihm die Hoffnung ab, Tous mes espoirs avec elle s’effondrent, Fall ich selber mit zu Boden, Et je n’ai plus moi-même qu’à tomber, Wein’ auf meiner Hoffnung Grab. Pleurant sur le tombeau de mon espoir défunt. 12
XVII. Im Dorfe XVII. Au village Es bellen die Hunde, es rasseln die Ketten, Les chiens aboient, les chaînes grincent, Es schlafen die Menschen in ihren Betten, Les humains dorment sur leur couche, Träumen sich manches, was sie nicht haben, Rêvant de tout ce qu’ils n’ont pas, Tun sich im Guten und Argen erlaben: Dans le bien et le mal trouvant leur réconfort. Und morgen früh ist alles zerflossen – Au matin tout s’est envolé. Je nun, sie haben ihr Teil genossen Leur part, pourtant, ils l’ont goûtée, Und hoffen, was sie noch übrig liessen, Et ce qu’ils ont laissé ils espèrent encore Doch wieder zu finden auf ihren Kissen. Le retrouver sur l’oreiller. Bellt mich nur fort, ihr wachen Hunde, Aboyez, chassez-moi, chiens qui montez la garde, Laßt mich nicht ruhn in der Schlummerstunde! À l’heure du sommeil empêchez mon repos ! Ich bin zu Ende mit allen Träumen – C’en est fini de tous mes rêves, Was will ich unter den Schläfern säumen? Ah, parmi les dormeurs pourquoi donc m’attarder ? XVIII. Der stürmische Morgen XVIII. Matin d’orage Wie hat der Sturm zerrissen Comme l’orage a déchiré Des Himmels graues Kleid! Le manteau gris du ciel ! Die Wolkenfetzen flattern Des lambeaux de nuages flottent Umher in mattem Streit. Çà et là, dans un vain combat. Und rote Feuerflammen Et de rouges éclairs de feu Ziehn zwischen ihnen hin. Parmi eux se fraient un passage : Das nenn ich einen Morgen Allons ! voilà ce que j’appelle So recht nach meinem Sinn! Un matin qui comble mes vœux ! Mein Herz sieht an dem Himmel Mon cœur contemple dans le ciel Gemalt sein eignes Bild – Sa propre image peinte ; Es ist nichts als der Winter, Il n’y a rien, rien que l’hiver, Der Winter kalt und wild! L’hiver froid et cruel ! XIX. Täuschung XIX. Mirage Ein Licht tanzt freundlich vor mir her, Une lueur amie danse devant mes yeux, Ich folg ihm nach die Kreuz und Quer, Je la suis dans sa course folle ; Ich folg ihm gern, und seh’s ihm an Je me plais à la suivre, et je vois bien, pourtant, Daß es verlockt den Wandersmann. Qu’elle égare le voyageur. Ach, wer wie ich so elend ist, Ah ! celui dont la peine à ma peine est pareille, Gibt gern sich hin der bunten List, Se livre volontiers à ce piège charmant, Die hinter Eis und Nacht und Graus Qui au bout de la nuit, du gel et de l’effroi Ihm weist ein helles, warmes Haus, Lui fait voir la clarté et la chaleur d’un toit Und eine liebe Seele drin – Où l’attend une âme bien chère. Nur Täuschung ist für mich Gewinn! Mais je n’emporte qu’un mirage ! XX. Der Wegweiser XX. Le poteau indicateur Was vermeid ich denn die Wege, Pourquoi éviter les chemins Wo die andern Menschen gehn, Où vont les autres voyageurs, Suche mir versteckte Stege Rechercher les sentes cachées Durch verschneite Felsenhöhn? Parmi les rocs couverts de neige ? 13
Habe ja doch nichts begangen, Je n’ai pourtant rien fait de mal Daß ich Menschen sollte scheun – Pour fuir la vue de mes semblables ; Welch ein törichtes Verlangen Quel est ce désir insensé Treibt mich in die Wüstenein? Qui m’entraîne vers les déserts ? Weiser stehen auf den Wegen, Des poteaux bordent les chemins, Weisen auf die Städte zu, Des villes indiquant la route, Und ich wandre sonder Maßen, Et moi, je marche et marche encore, Ohne Ruh, und suche Ruh. Et sans repos, je cherche le repos. Einen Weiser seh ich stehen Un poteau se dresse soudain, Unverrückt vor meinem Blick; Implacable, devant mes yeux ; Eine Straße muß ich gehen, Il me faut suivre cette route Die noch keiner ging zurück. D’où nul jamais n’est revenu. XXI. Das Wirtshaus XXI. L’auberge Auf einen Totenacker À la porte d’un cimetière Hat mich mein Weg gebracht. Ma route aujourd’hui m’a mené. Allhier will ich einkehren: Ici, je trouverai le gîte, Hab ich bei mir gedacht. Ai-je en moi-même aussitôt dit. Ihr grünen Totenkränze Ô vertes couronnes des morts, Könnt wohl die Zeichen sein, Vous êtes peut-être l’enseigne Die müde Wandrer laden Conviant le marcheur harassé Ins kühle Wirtshaus ein. À entrer dans la fraîche auberge. Sind denn in diesem Hause Les chambres, dans cette demeure, Die Kammern all besetzt? Sont-elles toutes occupées ? Bin matt zum Niedersinken, Je suis las jusqu’à m’effondrer, Bin tödlich schwer verletzt. Je suis blessé d’un coup mortel. O unbarmherzge Schenke, Hélas, auberge sans pitié, Doch weisest du mich ab? Ainsi tu me fermes ta porte ? Nun weiter denn, nur weiter, Allons, plus loin, plus loin encore, Mein treuer Wanderstab! Marchons, mon fidèle bâton ! XXII. Mut XXII. Courage ! Fliegt der Schnee mir ins Gesicht, Si la neige cingle ma face, Schüttl’ ich ihn herunter. Je l’écarte et la fais tomber ; Wenn mein Herz im Busen spricht, Si mon cœur en mon sein murmure, Sing ich hell und munter. Clair et haut me mets à chanter. Höre nicht, was es mir sagt, Je n’entends pas ce qu’il me dit, Habe keine Ohren; Car pour lui je n’ai point d’oreilles, Fühle nicht, was es mir klagt, Et je ne sais rien de sa plainte, Klagen ist für Toren. Car se plaindre est bon pour les fous. Lustig in die Welt hinein Allons gaiement de par le monde, Gegen Wind und Wetter! Contre le vent et les orages ! Will kein Gott auf Erden sein, S’il n’est sur terre point de Dieu, Sind wir selber Götter. Alors nous sommes dieux nous-mêmes ! 14
XXIII. Die Nebensonnen XXIII. Les trois soleils Drei Sonnen sah ich am Himmel stehn, Trois soleils aux cieux m’apparurent, Hab lang und fest sie angesehn, Longuement je les contemplai ; Und sie auch standen da so stier, On eut dit, à leur regard fixe, Als wollten sie nicht weg von mir. Qu’ils ne voulaient pas me quitter. Ach, meine Sonnen seid ihr nicht! Ah ! vous n’êtes point mes soleils ! Schaut andren doch ins Angesicht! Que vos regards fixent un autre ! Ja, neulich hatt’ ich auch wohl drei: Oui, j’avais trois soleils, naguère, Nun sind hinab die besten zwei. Les deux meilleurs ont disparu. Ging nur die dritt erst hinterdrein! Puisse le troisième les suivre ! Im Dunkeln wird mir wohler sein. Dans la nuit je serai bien mieux. XXIV. Der Leiermann XXIV. Le veilleur Drüben hinterm Dorfe Là-bas, tout au bout du village, Steht ein Leiermann, Un homme sur sa vielle joue ; Und mit starren Fingern De ses doigts raidis par la bise, Dreht er, was er kann. Il tourne comme il peut sa roue. Barfuß auf dem Eise Les pieds nus, il va sur la glace, Wankt er hin und her, Çà et là, d’un pas chancelant ; Und sein kleiner Teller Mais jamais sa pauvre sébile Bleibt ihm immer leer. De quelques sous ne se remplit. Keiner mag ihn hören, Personne ne daigne l’entendre, Keiner sieht ihn an, Personne jamais ne le voit ; Und die Hunde knurren Seuls les chiens accourent et grognent Um den alten Mann. Autour du vieillard malheureux. Und er läßt es gehen, Et lui laisse aller toutes choses Alles, wie es will, Ainsi qu’il leur convient d’aller, Dreht, und seine Leier Il tourne la roue, et sa vielle Steht ihm nimmer still. Jamais ne cesse de chanter. Wunderlicher Alter, Ô vieillard étrange et fantasque, Soll ich mit dir gehn? Faut-il que je suive tes pas ? Willst zu meinen Liedern Veux-tu faire tourner ta vielle Deine Leier drehn? Pour accompagner mes chansons ? Traduction : Michel Chasteau, avec l’aimable autorisation d’Harmonia Mundi. 15
la direction d’orchestre Douglas BOYD chef d’orchestre Douglas Boyd est directeur musical de l’Orchestre de chambre de Paris depuis septembre 2015. ©Jean-Baptiste Millot P récédemment, il occupe les postes de directeur musical de la Manchester Camerata, de chef principal invité de l’Orchestre symphonique du Colorado et du City of London Sinfonia, de partenaire artistique du Saint Paul Chamber Orchestra et de chef principal du Musikkollegium Winterthur. Douglas Boyd est également directeur artistique du Garsington Opera. Récemment, son parcours l’amène à diriger les plus grands orchestres de Grande- Bretagne, dont l’Orchestre national royal d’Écosse, les orchestres de la BBC, les orchestres symphoniques de Birmingham et de Bournemouth, l’Orchestre de chambre d’Écosse, les London Mozart Players et le Royal Northern Sinfonia. En Europe, il collabore notamment avec l’Orchestre du Gürzenich de Cologne, l’Orchestre national de Lyon, l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich, l’Orchestre de chambre de Suède, l’Orchestre du Festival de Budapest et l’Orchestre du Mozarteum de Salzbourg. Chef d’orchestre reconnu à l’étranger, il dirige l’Orchestre philharmonique de Nagoya au Japon et connaît un franc succès en Australie avec les orchestres symphoniques de Sydney et de Melbourne. Par ailleurs, il est régulièrement invité à diriger aux États-Unis et au Canada. À l’opéra, il dirige La Flûte enchantée au Festival de Glyndebourne, Les Noces de Figaro, Don Giovanni, La Clémence de Titus de Mozart pour l’Opera North et La grotta di Trofonio de Salieri à l’Opéra de Zurich, Fidelio, Eugène Onéguine, Così fan tutte ainsi que la création de Roxanna Panufnik Silver Birch pour le Garsington Opera. Douglas Boyd enregistre les concertos de Bach pour Deutsche Grammophon, son premier enregistrement en tant que chef d’orchestre et soliste, et peut se prévaloir aujourd’hui d’une vaste discographie. Actuellement, en parallèle à ses concerts avec l’Orchestre de chambre de Paris, il se produit en Australie, et, entre autres, avec l’Orchestre de chambre de Los Angeles, le Musikkollegium Winterthur, l’Orchestre philharmonique de la BBC, la Kammerakademie Potsdam, l’Orchestre du Mozarteum de Salzbourg et les orchestres symphoniques d’Anvers et du Minnesota. ■ 16
le soliste Mark PADMORE ténor Né à Londres, Mark Padmore étudie à la Kent Junior Music School et joue de la clarinette au Kent Youth Orchestra. Il obtient ensuite une bourse pour intégrer © Marco Borggreve la section musique du King’s College de Cambridge, et en sort diplômé en 1982. Il mène depuis une carrière internationale à l’opéra, en concert et en récital. À l’opéra, il travaille avec des chefs tels que Peter Brook, Katie Mitchell, Mark Morris et Deborah Warner. Dernièrement, il a chanté le rôle principal de The Corridor et The Cure de Harrison Birtwistle au Festival d’Aldeburgh et au Linbury Studio Theatre de Londres, les rôles de Captain Vere dans Billy Budd de Britten et de l’Évangéliste dans une mise en scène de la Passion selon saint Matthieu pour le Festival de Glyndebourne. Mark Padmore collabore avec des orchestres internationaux de premier plan. Durant la saison 2016-2017, il est en résidence avec l’Orchestre symphonique de la radio bavaroise, puis à l’Orchestre philharmonique de Berlin en 2017-2018. En parallèle, il se produit en récital dans le monde entier, notamment pour des cycles de lieder de Schubert à Amsterdam, Barcelone, Birmingham, Londres, Liverpool, Paris, Tokyo, Vienne et New York. Il compte parmi ses partenaires Kristian Bezuidenhout, Jonathan Biss, Imogen Cooper, Julius Drake, Till Fellner et Simon Lepper. Des compositeurs tels que Sally Beamish, Harrison Birtwistle, Jonathan Dove, Thomas Larcher, Nico Muhly, Alec Roth ou encore Mark-Anthony Turnage ont déjà écrit spécialement pour lui. Des enregistrements récents s’ajoutent à sa discographie déjà bien fournie : la Missa solemnis de Beethoven et La Création de Haydn avec Bernard Haitink et l’Orchestre symphonique de la radio bavaroise (BR Klassik), ainsi que des lieder de Beethoven, Haydn et Mozart avec Kristian Bezuidenhout (Harmonia Mundi). En 2016, le magazine Musical America l’a élu Chanteur de l’année, et l’Université du Kent lui a décerné un doctorat honoris causa en 2014. Il est directeur artistique du St Endellion Summer Music Festival en Cornouailles. ■ 17
trois questions à… Mark PADMORE Pouvez-vous nous présenter le Voyage d’hiver que vous chantez ce soir ? © Marco Borggreve Mark Padmore Le Winterreise est une œuvre pour voix et piano composée par Schubert en 1826. C’est une œuvre extraordinaire sur « l’étranger », celui qui est en marge de la société. C’est une œuvre fondamentale dans le répertoire du lied, que j’adore chanter. Ce soir, avec l’Orchestre de chambre de Paris, nous allons en donner la version orchestrée, revisitée, en quelque sorte, par Hans Zender. C’est donc légèrement différent de la version originelle : la composition de l’orchestre n’est pas classique, les timbres sont particuliers – et cela ajoute beaucoup à cette notion « d’étrangeté ». C’est une version très puissante. Que ressentez-vous lorsque vous chantez la musique de Schubert ? Mark Padmore Schubert est comme un ami, proche de chacun. Il est plutôt naïf et se laisse voir, dans sa musique, à cœur ouvert. Il est mort très jeune, à trente et un ans, après avoir vécu toutes les passions de la vie. Il a composé plus de six cents lieder et est vraiment le maître de ce répertoire intime. Certains passages du Voyage d’hiver sont très célèbres, comme par exemple Le Tilleul mais aussi, à la toute fin, Le Veilleur, dans lequel la musique est réduite à presque rien – un accord sans tierce, quelque chose de vraiment étrange. Cela m’évoque le monde de Samuel Beckett. Comment abordez-vous cette version de Hans Zender ? Mark Padmore Ce Schuberts Winterreise proposé par Hans Zender est très intéressant pour l’orchestre car il lui donne une vraie place. D’ordinaire, l’orchestre ne joue pas – ou peu – de lieder, qui sont accompagnés par le piano. Le texte est très important et doit être parfaitement lisible pour chacun. Il faut faire attention au texte : c’est lui que l’on joue, que je chante. Avec l’Orchestre de chambre de Paris, cela va être magnifique ! ■ 18
les musiciens VIOLONS CONTREBASSES TIMBALES Deborah Nemtanu Eckhard Rudolph Nathalie Gantiez solo super soliste solo solo Philip Bride Caroline Peach premier solo co-solo PERCUSSIONS Franck Della Valle Tanguy Menez Ionela Christu solo Rémi Bernard FLÛTES Jean-François Durez Olivia Hughes solo Marina Chamot-Leguay solo HARPE Suzanne Durand-Rivière Valeria Kafelnikov Sarah Van Der Vlist co-solo Nicolas Alvarez HAUTBOIS ACCORDÉON Jean-Claude Bouveresse Ilyes Boufadden-Adloff Anthony Millet Nathalie Crambes solo Marc Duprez GUITARE Guillaume Pierlot Jean-Marc Zvellenreuther Hélène Lequeux-Duchesne Gérard Maître CLARINETTES Florian Maviel L’Orchestre de chambre de Paris Florent Pujuila utilise également des cors Mirana Tutuianu solo et des trompettes naturels Pauline Vernet Kevin Galy ainsi que des timbales d’époque, Hanna Zribi des instruments adaptés Shir Hayat* BASSONS pour chaque répertoire. Fany Maselli ALTOS solo Jossalyn Jensen * L’Orchestre de chambre de Paris, Henri Roman en partenariat avec l’Université de solo Tel Aviv, accueille pour ce concert Sabine Bouthinon CORS trois étudiants musiciens de la Aurélie Deschamps Nicolas Ramez Buchmann-Metha School of Music. Claire Parruitte solo Cette collaboration est née de la Sarah Chenaf Gilles Bertocchi volonté de l’orchestre de s’investir Julien Lo Pinto dans la formation des futurs artistes Simon Lemberski* TROMPETTES musiciens tout en favorisant leur Jean Bollinger insertion professionnelle. Après avoir VIOLONCELLES solo invité été auditionnés et sélectionnés, Benoît Grenet ces élèves ont été accompagnés Jean-Michel Ricquebourg solo par les chefs de pupitre de l’orchestre solo honoraire et accueillis en renfort des musiciens Étienne Cardoze pour jouer la Symphonie « Inachevée » Livia Stanese TROMBONES de Schubert. Nous remercions Sarah Veilhan Robinson Khoury l’association des Amis français Sébastien Renaud Nicolas Vazquez de Tel Aviv, sans qui cette opération Ori Ron* Patrick Sabaton n’aurait pu avoir lieu. Mme Brigitte Lefèvre M. Nicolas Droin présidente du conseil d’administration directeur général Conseil d’administration, équipe administrative et technique sur orchestredechambredeparis.com 19
Orchestre de chambre de Paris Créé en 1978, l’Orchestre de chambre de Paris, l’un des orchestres de chambre de référence en Europe, franchit cette saison quarante ans d’existence. 20
A vec son directeur musical Douglas Boyd, il recherche l’excellence artistique et porte une nouvelle vision de la musique et de son rôle dans la cité. Communauté de quarante-trois artistes engagés à Paris, l’orchestre donne vie à quatre siècles de musique et s’attache à renouveler la relation entre un orchestre et sa ville. Depuis quarante années, l’Orchestre de chambre de Paris collabore avec les plus grands chefs et solistes, avec lesquels il poursuit la mise en valeur d’un vaste répertoire allant de la période baroque jusqu’à la création contemporaine, et défend une lecture chambriste originale. Innovant dans son rapport au public, il propose des expériences musicales participatives et immersives, et développe de nouveaux contenus digitaux. Sa démarche citoyenne revendique une volonté de partage et l’ambition de nouer des liens entre tous. Associé à la Philharmonie de Paris, l’Orchestre de chambre de Paris se produit également au Théâtre des Champs-Élysées et propose des concerts au Centquatre-Paris, à la cathédrale Notre-Dame, au Théâtre 13 et à la Salle Cortot. Les artistes associés à la saison 2018-2019 partagent la démarche artistique de l’Orchestre de chambre de Paris : Fabio Biondi, premier chef invité, accompagné du pianiste François-Frédéric Guy, du ténor Mark Padmore et du compositeur Arthur Lavandier. Au fil des concerts, l’orchestre s’entoure de chefs et de solistes renommés comme Sascha Goetzel, François Leleux, Emmanuel Pahud, Speranza Scappucci, Christian Tetzlaff, Lars Vogt, Alisa Weilerstein, et, plus que jamais, de grandes voix comme Stéphanie d’Oustrac et Sonya Yoncheva. Il est présent dans des productions lyriques à l’Opéra-Comique et au Théâtre des Champs-Élysées. À la Philharmonie de Paris, il célèbre les cent cinquante ans de la mort d’Hector Berlioz avec L’Enfance du Christ et propose une orchestration inédite de ses mélodies irlandaises, un « Gala bel canto » qui réunit les étoiles montantes du chant, un Stabat Mater de Rossini mais aussi un week-end autour de la Syrie. Tourné vers l’international, l’Orchestre de chambre de Paris donne cette saison une importante série de concerts en Allemagne et en Espagne. ■ © Pierre Morales L’Orchestre de chambre de Paris, labellisé Orchestre national en région, remercie de leur soutien la Ville de Paris, le ministère de la Culture (Drac Île-de-France), les entreprises partenaires, accompagnato, cercle des donateurs de l’Orchestre de chambre de Paris, ainsi que la Sacem, qui contribue aux résidences de compositeurs. 21
L’ORCHESTRE DE CHAMBRE DE PARIS DÉVELOPPE DEPUIS 2012 UN PROGRAMME D’ACTIONS ÉDUCATIVES ET DE FORMATION EN ISRAËL, EN PARTENARIAT AVEC LES AMIS FRANÇAIS DE L’UNIVERSITÉ DE TEL AVIV ET L’ÉCOLE DE MUSIQUE BUCHMANN-MEHTA DE L’UNIVERSITÉ DE TEL AVIV. CE PROGRAMME BÉNÉFICIE DU SOUTIEN DE LA VILLE DE PARIS ET DE L’AIDE DE L’INSTITUT FRANÇAIS. Au cours de l’année 2018, ce programme de formation professionnelle et de coaching d’orchestre a été intensifié en vue d’associer les meilleurs instrumentistes de l’École de musique Buchmann-Mehta à une partie d’un programme de la saison de concerts parisiens de l’Orchestre de chambre de Paris. Plusieurs solistes de l’Orchestre de chambre de Paris autour de Deborah Nemtanu ont assuré des séances de formation ou des master classes auprès de jeunes étudiants de l’École de musique Buchmann-Mehta. À cette occasion, trois musiciens de l’école, Shir Hayat, violoniste, Simon Lemberski, altiste, et Ori Ron, violoncelliste, ont été sélectionnés pour participer à l’une des œuvres du concert de ce soir. Ils seront associés aux musiciens de l’Orchestre de chambre de Paris dans la Symphonie « Inachevée » de Schubert. L’Association française de l’Université de Tel Aviv Fondée en 1970, l’Association française de l’Université de Tel Aviv est une structure à but non lucratif. Sa mission principale est d’agir en faveur de la prestigieuse Université de Tel Aviv, qu’elle assiste dans ses plans de développement à long terme. Elle travaille aussi au renforcement des relations entre l’université et l’ensemble de la communauté française par le biais de programmes d’échanges avec les principales institutions d’enseignement supérieur françaises (Collège de France, Sciences Po, la Sorbonne Paris IV). L’adhésion à l’association est ouverte à toute personne souhaitant aider l’université à atteindre ses objectifs de développement. L’Université de Tel Aviv Avec plus de 30 000 étudiants, 1 100 enseignants titularisés, 9 facultés, 126 départements et 133 centres de recherche, l’Université de Tel Aviv est l’université de recherche la plus grande, la plus diversifiée d’Israël. Elle est aussi à la huitième place dans le monde pour le nombre de diplômés ayant créé des start-up (licornes) les plus rentables dans le monde. L’École de musique Buchmann-Mehta L’École de musique Buchmann-Mehta est la plus grande école de musique d’Israël. Sa renommée dépasse les limites du pays grâce aux brillantes réalisations et aux succès de ses professeurs et de ses étudiants. L’école forme l’élite des jeunes musiciens d’Israël et les prépare à des carrières professionnelles dans la musique. Elle produit ainsi la future génération de musiciens de l’Orchestre philharmonique d’Israël.
Venez échanger autour du concert ! Pour en savoir plus sur le programme du concert, des médiateurs issus du Conservatoire supérieur de musique et de danse de Paris vous livrent quelques clés d’écoute et vous invitent à des moments d’échange autour des œuvres. L’Orchestre de dechambre chambrede deParis Parisvous vouspropose proposedede toutes toutes nouvelles nouvelles rencontres rencontres autour autour de de la musique. la musique. LorsLors des concerts des concerts des 14des et14 et 21 février 21 février au Théâtre au Théâtre des Champs- des Champs-Élysées, Élysées, venez avec venez échanger échanger avec des médiateurs des médiateurs issus du Conservatoire issus du Conservatoire national national supérieur de supérieur musique etdedemusique danse deetParis de danse sur lesdeœuvres Paris sur aules œuvres auSous programme. programme. forme deSous forme courtes de prises courtes prises de parole de parole devant devant des petits des petits groupes, groupes, ils vous ils vousun apportent apportent éclairageunsur éclairage sur le le contexte, contexte, le style etle l’esthétique style et l’esthétique des œuvres des œuvres pourpour mieuxmieux vousvous immerger immerger danslalamusique. dans musique. Une occasion d’apprendre et de dialoguer autour du programme du concert pour enrichir votre expérience musicale. QUAND ? À 19 h 30 et à l’entracte OÙ ? À la corbeille et au 1er balcon du théâtre, emplacements signalés par des panneaux QUELLE DURÉE ? environ 15 minutes L’Orchestre de chambre de Paris mène une démarche citoyenne et agit pour l’insertion professionnelle de jeunes artistes musiciens, en partenariat avec le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. Il permet ainsi à des musicologues issus du Conservatoire qui ont suivi une formation à la médiation pendant leur cursus de se perfectionner et de se familiariser avec des interventions autour de présentations de concert. Ces rencontres s’inscrivent dans le cadre de ce partenariat.
les prochains concerts Jeudi 21 février – 20 h Théâtre des Champs-Élysées FABIO BIONDI À LA FRANÇAISE ! BODIN DE BOISMORTIER Don Quichotte chez la duchesse, suite d’orchestre LECLAIR Concerto pour violon en ut majeur, op. 7/3 RAMEAU Les Boréades, suite d’orchestre Fabio Biondi direction et violon Mardi 5 et mercredi 6 mars – 15 h Cité de la musique LE PETIT PRINCE création Texte d’après ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY Dessins originaux de JOANN SFAR et projections animées Musique de MARC-OLIVIER DUPIN Marzena Diakun direction Licence entrepreneur de spectacle : 2-1070176 Benoît Marchand récitant En famille, à partir de 6 ans Coproduction Orchestre de chambre de Paris, Philharmonie de Paris #OCP1819 orchestredechambredeparis.com
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